RÉUNIONS
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 8 - octobre 1998
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CONTRÔLE DE LA RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES
PAR DES CONTRÔLES DE LA PRESCRIPTION (K.S. Thomson)
Si les bactéries s’adaptent aux antibiotiques et deviennent résis-
tantes à cause de la pression de sélection que ceux-ci exercent,
les politiques de lutte contre l’infection nosocomiale (infection
control) peuvent entraîner une réversibilité de la résistance
aux antibiotiques. L’auteur a présenté une illustration du lien
entre les habitudes de prescription et le type de résistance
(tableau I).
Il cite ensuite une publication espagnole (Pena et coll., Anti-
microb Agents Chemother 1998 ; 42 : 53-8). L’auteur y a rap-
porté une épidémie survenue à Barcelone, à l’issue de laquelle
la diminution de l’utilisation de la ceftazidime et de la cef-
triaxone a entraîné une diminution des résistances des entéro-
bactéries responsables (K. pneumoniae, E. coli).
Une autre étude a ensuite été citée (Urban et coll., Antimicrob
Agents Chemother), rapportant l’utilisation intensive de cefta-
zidime à New York sur 432 souches de Klebsiella cefta-R. L’au-
teur a conclu que quelques-uns des isolats ont perdu plusieurs
de leurs bêtalactamases quand elles ont été stockées en l’ab-
sence de ceftazidime, résultant en la diminution du nombre de
K. pneumoniae résistantes.
Dans une étude finlandaise (N Engl J Med 1997 ; 337 : 441-6)
dans laquelle ont été examinées les doses journalières d’éry-
thromycine prescrite sur du streptocoque A, la diminution de
la prescription de 2,40 à 1,38 (en dose/1 000 habitants/j) de
1992 à 1996 a entraîné une décroissance régulière de la résis-
tance de ce pathogène de 16,5 % en 1992 à 8,6 % en 1996.
Enfin, K.S. Thomson illustre la politique de contrôle de la pres-
cription des antibiotiques par le schéma suivant (figure 1) et
conclut à l’importance de politiques antibiotiques spécifiques.
À qui reprocher les résistances bactériennes : les bactéries ne
sont pas stupides, les hommes si !
(H. Richet)
H. Richet a souligné que le contrôle de l’utilisation des anti-
biotiques pourrait ne pas être le meilleur moyen de diminuer
les résistances bactériennes. Pour lui, d’autres facteurs, sous-
estimés, influencent l’augmentation des résistances bacté-
riennes, comme :
Les facteurs liés à l’hôte. À Nantes, sur une étude ayant
inclus 507 patients, il retrouve comme facteur de risque de la
résistance aux antibiotiques les thérapeutiques immunosup-
pressives ou l’antibiothérapie administrées antérieurement au
patient (avec pour chacun de ces facteurs de risque un odds-
ratio significatif à 1,6). Ces deux facteurs sont compilés en index
1 (aucun des deux), index 2 (un des deux) et index 3 (deux fac-
teurs), et leur relation avec le pourcentage d’infections est indi-
quée dans la figure 2 ( page 400).
Les caractéristiques de la population. On a, par exemple,
montré l’effet de l’âge ou du lieu d’hébergement sur la résis-
tance aux antibiotiques de coliformes fécaux chez des cochons
non exposés aux antibiotiques.
Le fonctionnement de l’établissement de soins. Dans une
étude cas témoins réalisée à Nantes sur 94 605 patients, il a été
montré que les 426 patients infectés par du SAMR avaient beau-
coup plus “circulé” dans et en dehors de l’hôpital que les autres,
comme le montre la figure 3 (page 400).
5eCongrès international sur la prophylaxie des infections
(CIPI)*
* Nice, 6-7 mai 1998
Tableau I. Antibiotiques prescrits et type de résistance.
Pays DCI Principale BLSE
France C3G Tem-3
États-Unis Ceftazidime Tem-10, Tem-26
Céfépime
± aminoglycoside
Carbapénème
±
aminoglycosides
Anti-Pseudomonas
pénicilline
± inhibiteur
de bêtalactamase
± aminoglycosides
Figure 1. Exemple de cycle d’antibiothérapie empirique pour réduire les
résistances de bactéries nosocomiales.
H. Richet a conclu que l’utilisation judicieuse des antibio-
tiques, si elle est réalisable, ne résoudra pas per se l’augmen-
tation des résistances, et qu’un effort doit être fait pour identi-
fier la situation clinique et le cheminement des patients. Par
ailleurs, il a présenté le programme sur lequel il travaille actuel-
lement au CDC : INSPEAR (International Nosocomial Sur-
veillance Program for Emerging Antimicrobial Resistance).
UNITÉS DE SOINS INTENSIFS
Pneumonies nosocomiales en unités de soins intensifs : résul-
tats du réseau de surveillance belge (1996-1997)
(C. Suetens)
Le système belge de surveillance des infections nosocomiales
en soins intensifs repose sur une participation volontaire des
unités pendant une période d’au moins trois mois. Les défini-
tions d’infection nosocomiale utilisées sont celles du CDC. Sur
une année de surveillance, les taux de pneumonies sur ventila-
teur (VAP) sont de 3,2 %, et le taux d’incidence est de
17,2 pneumonies/1 000 jours de respirateurs. Les germes le
plus souvent responsables de ces pneumopathies sont P. aeru-
ginosa et S. aureus. Les résultats retrouvés pendant cette année
de surveillance sont très comparables à ceux publiés par le sys-
tème NNI (CDC). La comparabilité des taux étant une ques-
tion importante, ces derniers doivent être si possible ajustés sur
des facteurs de risque d’acquisition de ces pneumopathies. Dans
une analyse multivariée, l’auteur retrouve comme facteur de
risque significativement associé aux VAP, le SAPS II (score de
sévérité), le type d’admission (le plus fort taux pour les admis-
sions urgentes) et la nutrition parentérale. Ces résultats suggè-
rent que les facteurs de risque extrinsèque (ventilation artifi-
cielle) doivent être pris en compte si l’on veut comparer des
taux de pneumonie, ainsi que d’autres facteurs de risque (intrin-
sèques), c’est-à-dire plus étroitement liés au patient.
O. Keita-Perse, Nice
ATELIER SUR LES INFECTIONS NOSOCOMIALES :
VERS UNE MAÎTRISE DE L’INFECTION
J. Carlet (Paris, France) a rapporté les résultats de l’enquête
de prévalence des infections nosocomiales réalisée en France
en juin 1996. Huit cent trente hôpitaux (soit 77 % des hôpitaux
français) ont participé à ce travail multicentrique ; sur les
283 000 patients hospitalisés le jour de l’enquête, 6,7 % avaient
une infection nosocomiale. À travers ces résultats et ceux obte-
nus dans l’étude EPIC, il montre combien il est actuellement
difficile de comparer les chiffres mis à notre disposition, que
ce soit entre différents services de réanimation ou entre les dif-
férents hôpitaux français. Seule la combinaison de plusieurs
indicateurs permettrait d’obtenir une idée pertinente du phé-
nomène.
L’observance des pratiques d’isolement d’un patient porteur
d’une bactérie multirésistante a été mesurée dans quarante-
sept services volontaires de vingt hôpitaux français au cours de
l’enquête Hôpital Propre II (M.F. Dumay, Paris, France). Le
lavage des mains était respecté dans 72 % des 2 462 observa-
tions malgré l’existence de points d’eau correctement équipés
dans 96 % des cas et le volontariat des unités participant à l’au-
dit. Cependant, la durée d’une minute préconisée pour un lavage
antiseptique n’était observée que très rarement (3 à 16 %). Les
principaux obstacles exprimés lors d’entretiens collectifs avec
les équipes participantes étaient la charge en soins, les
contraintes budgétaires, la notion d’urgence et un management
défaillant.
M.N. Constantin et S. Thouveneau (Genève,Suisse)ont pré-
senté une analyse des facteurs de mauvaise observance du
lavage des mains et les mesures mises en place afin de l’amé-
liorer. Ces facteurs sont l’insuffisance de formation du person-
nel qui sous-estime le risque pour le patient, le manque de temps
(estimation de 17 opportunités de lavage des mains par heure
de travail et par patient en réanimation), l’éloignement du point
RÉUNIONS
400
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 8 - octobre 1998
Figure 3. Relation entre SAMR et circuit du patient à l’hôpital.
Autre hôpital
Service d’hospitalisation
(mortalité 19 %,
durée d’hospitalisation
22 %) Autre service
Domicile
(28 % d’hospitalisations
récentes)
19 % 30 %
11 % 16 %
51 % 32 %
Figure 2. Relations entre administration préalable d’antibiotiques et/ou
de thérapeutiques immunosuppressives et résistance.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
% d’infections
37,5
55
87
1Index
23
d’eau et la résistance au changement. Un programme institu-
tionnel prenant en compte ces différents paramètres avec for-
mation et sensibilisation du personnel, campagnes d’affichage,
observations et la mise à disposition d’une solution hydroal-
coolique pour la désinfection des mains, a permis d’améliorer
l’observance du lavage des mains, qui est passée de 48 % à 68 %
en trois ans.
F. Rost (Belgique) a montré comment une démarche éducative
multidisciplinaire avec élaboration d’un protocole de soin et
formation du personnel pour la prévention des infections sur
cathéters a fait baisser le nombre de septicémies sur cathéter
de 29 à 16 pour 14 330 admissions.
Il ressort de cet atelier que pour une meilleure maîtrise de l’in-
fection nosocomiale, au-delà de l’amélioration de la qualité de
chaque soin et de l’évaluation des pratiques, l’accent devra être
mis sur les aspects organisationnels et sur la formation des per-
sonnels hospitaliers.
Staphylococcus epidermidis
Plusieurs communications étaient consacrées aux staphylo-
coques à coagulase négative (SCN). D. Pittet (Genève, Suisse)
a présenté l’analyse de 45 études retenues dans la littérature
entre 1972 et 1993. SCN est le plus fréquent des agents souillant
les hémocultures (80 % aux États-Unis, 58 % en Europe). Il
existe cependant une réelle augmentation des bactériémies à
SCN aussi bien aux États-Unis qu’en Europe (17 études), avec
une incidence plus élevée dans les hôpitaux universitaires (0,52-
4,5 épisodes pour 1 000 admissions aux États-Unis, 0,31-
1,16 épisodes pour 1 000 admissions en Europe). Plusieurs
hypothèses peuvent se discuter : augmentation de la recon-
naissance du phénomène et des travaux sur le sujet, évolution
de la définition de deux hémocultures obligatoires vers une
seule hémoculture associée à des signes compatibles avec une
infection, une modification des pratiques et des techniques d’hé-
moculture, une augmentation du nombre d’hémocultures réa-
lisées, la prise en charge de pathologies de plus en plus lourdes,
l’augmentation de la mise en place des dispositifs vasculaires.
A.M. Rogues, Bordeaux
PRÉVENTION DE LA TRANSMISSION DES INFECTIONS
ENTRE PATIENTS ET SOIGNANTS
Infections nosocomiales cachées : la partie invisible de l’ice-
berg
(P. Francioli, Lausanne, Suisse)
L’auteur a d’abord présenté un tableau dans lequel il exposait
les causes possibles d’infection nosocomiale cachée et des
exemples (tableau II).
Il a présenté ensuite deux tableaux dans lesquels il résumait les
risques de transmission des virus des hépatites B et C des pro-
fessionnels de santé aux patients (tableaux III et IV).
Par ailleurs, l’auteur a rappelé l’estimation du nombre de
piqûres accidentelles par infirmière et par an : de 0,09 (enquête
AJIC 1992 ; 20 : 53-7) à 2,50 (enquête de prévalence).
Le risque de transmission du personnel de soins au patient après
une exposition sanguine accidentelle nécessite que le profes-
sionnel de santé soit infecté, et qu’un objet piquant ait été en
contact avec le sang de ce professionnel puis en contact avec
le patient.
Cela concerne avant tout les procédures chirurgicales et odon-
tologiques, et varie en fonction de :
Prévalence de l’infection chez les chirurgiens
Le VHB a diminué en raison de la vaccination, et 1 % des chi-
rurgiens américains sont porteurs chroniques de l’Ag HBs
(CDC, Harpaz, 1996).
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 8 - octobre 1998
401
Tableau II. Causes d’infections nosocomiales.
Cause Exemple
Maladies asymptomatiques CMV, VHB, VHC
Incubation longue VIH, VHB, VHC, mycobactéries, prions
Diagnostic impossible Champignons, certains virus, Legionella
ou difficile
Durée d’hospitalisation courte Infections du site opératoire
Transmission nosocomiale Pneumocystis carinii
possible
Difficultés pour différencier Influenza, Rotavirus
forme nosocomiale
et communautaire
Colonisation Micro-organismes multirésistants
Tableau III. Transmission du VHB aux soignants.
Domaine d’activité Source Nombre de Lieu et année
patients infectés de l’étude
Odontologie Dentiste 1/1 640 (0,06 %) États-Unis 1991
Chirurgie cardiaque 1 chirurgien 19/144 (13 %) États-Unis 1992
(N Engl J Med
1996)
Obstétrique 4 chirurgiens 5/216 (2,3 %) Grande-
Bretagne 1997
(N Engl J Med
1997)
Chirurgie ? 330/ ? CDC
odontologique
Domaine d’activité
Nombre de Lieu et année
patients infectés de l’étude
Chirurgie cardiaque 5/222 Espagne 1997
Transfusion sanguine 37/114 France
Hémodialyse 6 Grèce
Tableau IV. Transmission du VHC aux soignants.
Le VHCa la même prévalence chez les professionnels de santé
que dans la population générale dans les mêmes tranches
d’âge : estimée à 1 % des professionnels de santé par Alter
(1995) ou à 0,3 % des professionnels de santé avec exposition
au sang accidentelle par Domart (1995).
Le VIH a une prévalence de 0,006 à 0,5 % des professionnels
de santé américains (Philips, 1994) ou de 0,1 % des chirurgiens
de réserve de l’armée américaine.
La blessure. Dentistes : 3,5 blessures percutanées /den-
tiste/an ; chirurgiens : 0,4-10 blessures percutanées/chirur-
gien/an.
Les blessures sont plus fréquentes en cas d’opération d’une
durée supérieure à 3 heures, de pertes sanguines > 300 ml, de
palpation des aiguilles “à l’aveugle”, d’utilisation d’aiguilles
et de doigts dans un site mal visualisé (gynécologie, chirurgie
vasculaire et cardiaque).
Re-contact avec l’aiguille.Les blessures percutanées concer-
nent en moyenne 6 % des procédures (1,3 % Gerberding-15 %
Tokars CDC).
Re-contact avec le corps du patient : 24-32 %.
Compte tenu de toutes ces données et du risque moyen d’in-
fectiosité du virus (0,3 % pour le VIH, 3 % pour le VHC, 30 %
pour le VHB), le risque de contaminer un patient est estimé,
pour un chirurgien infecté par le VIH, à 1/42 000 à 1/420 000
opérations. Dans une étude faite par le CDC en 1995 sur
22 171 patients ayant été soignés par 51 professionnels de santé
infectés par le VIH, 113 patients étaient infectés par le VIH,
parmi lesquels, après enquête, 85 ne l’étaient pas auparavant.
Un dentiste au stade sida a transmis le virus à 6 patients (CDC
1990), et un chirurgien à un patient sur 1 332 opérés.
La transmission du VHB pendant les procédures invasives se
fait généralement par groupes, en cas de non-respect des règles
de prévention universelles, et concerne les types de chirurgie
suivants : stomatologie, cardiothoracique, colorectale, gyné-
cologique.
Pour un chirurgien porteur de l’Ag Hbe, le risque est estimé à
1/420 à 1/4 200 opérations (ce qui est d’ailleurs peu, comparé
au risque de complication mortelle encouru lors d’une inter-
vention chirurgicale, estimé à 1/750 !). Pour le VHB, les infec-
tions documentées rapportées concernent quarante-deux chi-
rurgiens, qui ont transmis le VHB à 375 patients (Bell, 1995).
La transmission de VHB sans blessure percutanée a été décrite
pour un chirurgien à 19 de ses 170 patients : elle serait due à la
lacération de la pulpe du doigt par le fil de suture.
Pour le VHC, il est rapporté le cas d’un chirurgien cardiotho-
racique ayant transmis le virus à un de ses 300 patients,
et un autre à 5 de ses 84 patients, sans notion de blessure
transcutanée.
E. Bouvet (Paris, France) a rapporté ensuite le cas d’un chi-
rurgien français qui a transmis le VIH à un de ses patients. En
mai 1983, il a subi des accidents d’exposition au sang avec deux
patients polytransfusés. Un mois plus tard, ce chirurgien pré-
sentait un syndrome d’allure virale, sévère, étiqueté “mononu-
cléose”. Il a continué d’opérer jusqu’à ce qu’il tombe malade
en octobre 1993 (3 865 interventions). En mars 1994, une toxo-
plasmose cérébrale faisait découvrir sa séropositivité pour le
VIH. Une sérologie a pu être réalisée sur 968 patients parmi
les 3 004 patients opérés. Un patient avait été infecté (séroné-
gatif avant l’intervention de juin 1992). Il avait subi trois inter-
ventions orthopédiques sur la hanche, dont l’une était la mise
en place d’une prothèse qui avait duré plus de dix heures. La
souche VIH du patient était très proche de celle du chirurgien
(identification Pasteur).
Y. Yazdanpanah (Paris,France)a présenté une estimation du
risque de transmission du VHC à un chirurgien par un patient
infecté. Tenant compte du nombre d’actes réalisés par le chi-
rurgien, de la probabilité de blessure pendant l’acte et du risque
de transmission du VHC en cas d’effraction cutanée, cette pro-
babilité a été calculée de 4,2 x 10-5 à 4,2 x 10-4 par acte, suivant
la prévalence du VHC dans la population considérée. Ce cal-
cul aboutit à un risque professionnel de transmission du VHC
pour 1/1 000 à 1/10 000 chirurgiens chaque année, représen-
tant un total cumulé d’infection chez 0,3 % à 3,1 % des chi-
rurgiens après trente ans d’exercice. Malgré l’efficacité confé-
rée par le port de gants, deux à vingt chirurgiens pourraient être
chaque année nouvellement contaminés par le VHC en France
au cours de l’exercice de leur profession.
E. Bouvet a commenté une revue des risques de transmission
d’agents infectieux sanguins du personnel soignant vers le
patient. Le risque de transmission du VHB diminue avec la vac-
cination du personnel soignant. Des cas isolés de transmission
de dentistes ou de chirurgiens à leurs patients ont été docu-
mentés avec le VHB, le VHC et le VIH. Le risque, inférieur à
celui existant dans le sens patient à personnel soignant, est dif-
ficilement évalué. Ce risque, plus important avec les virus VHB
et VHC, varie en fonction de la prévalence de l’infection consi-
dérée chez les soignants, la fréquence de survenue d’une effrac-
tion cutanée, le type de blessure, la fréquence de re-contact avec
les tissus du patient, et la charge virale du soignant au moment
de l’acte.
En conclusion, des mesures de prévention sont recommandées
(CDC MMWR 91, RR8 : 1-9) :
vaccination contre l’hépatite B ;
prévention contre les accidents d’exposition au sang : pro-
tection personnelle (deux paires de gants, sarrau), détection des
micro-trous dans les gants, utilisation des matériels de sécurité,
éviter la palpation directe ;
connaissance du statut sérologique du patient vis-à-vis du
VHB, du VIH et duVHC ;
traitement d’une infection connue ;
adaptation de la pratique à l’infection connue du patient ;
expertise de tout cas décrit.
ANTIBIOPROPHYLAXIE
D. Monnet a présenté une étude pilote européenne sur l’anti-
bioprophylaxie chirurgicale. Il s’agit d’un projet coordonné par
RÉUNIONS
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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 8 - octobre 1998
.../...
le National Centre for Hospital Hygiene à Copenhague (Sta-
tens Serum Institut) et financé par la Commission européenne.
Il a débuté en septembre 1996, durera trois ans, et inclut cinq
pays européens (Belgique, Danemark, Allemagne, Espagne,
Suède) et un pays invité, la Lituanie. Les objectifs du projet
sont d’examiner les pratiques en termes d’antibioprophylaxie
chirurgicale, l’antibioprophylaxie et l’antibiothérapie probabi-
liste en unité de soins intensifs, d’établir des références pour
l’antibioprophylaxie à partir de revues de la littérature, et
d’identifier des indicateurs de “bonne” ou “mauvaise” antibio-
prophylaxie en milieu chirurgical et en soins intensifs.
Des données étaient réunies sur les chirurgies suivantes : côlon
ou rectum, cholécystectomie, cure de hernie inguinale ou pro-
thèse totale de hanche. Par ailleurs, des informations étaient
recueillies sur les procédures et recommandations disponibles,
ainsi que sur les formations offertes aux médecins responsables
de l’antibioprophylaxie. Les données présentées sont celles
recueillies jusqu’au mois de mars 1998 à propos de l’antibio-
prophylaxie de 1 178 patients chirurgicaux de 17 unités, et à
propos de l’antibiothérapie probabiliste chez 492 patients dans
9 unités de soins intensifs.
Pour la chirurgie du côlon/rectum, 90 à 100 % des patients ont
reçu une antibioprophylaxie systémique. En revanche, les varia-
tions entre unités sont beaucoup plus importantes pour la cure
de hernie inguinale, l’antibioprophylaxie parentérale concer-
nant de 0 à 83,3 % des patients. En examinant les protocoles
en place dans ces services, les enquêteurs ont noté que l’anti-
bioprophylaxie était préconisée pour tous les patients, et par-
fois uniquement pour ceux pour lesquels du matériel prothé-
tique devait être utilisé. Cette observation a conduit les auteurs
à examiner la littérature sur ce sujet. Leur conclusion est qu’il
n’y a aucune preuve qu’il faille utiliser une antibioprophylaxie
systémique pour les cures de hernie inguinale.
Les auteurs ont montré ensuite des résultats préliminaires sur
le moment d’administration de l’antibioprophylaxie. Sur les
dix-sept services de chirurgie qui participent à l’étude, 0 à
100 % en fonction de l’unité prescrivent une antibioprophy-
laxie dans les deux heures précédant l’intervention. Les deux
unités dans lesquelles moins de 30 % des patients recevaient
une antibioprophylaxie n’avaient pas de protocole écrit la concer-
nant. Par ailleurs, dans les unités restantes, toutes sauf deux avaient
des protocoles écrits, mentionnant en particulier les horaires cor-
rects d’administration, et pourtant, le pourcentage de patients rece-
vant l’antibioprophylaxie au bon moment variait de 54 à 100 %.
En unités de soins intensifs, 339/492 patients (68,9 %) ont reçu
une antibiothérapie prophylactique ou empirique, ce qui repré-
sentait 612 prescriptions, pour décontamination digestive sélec-
tive (7,7 %), prophylaxie systémique (45,4 %) et antibiothéra-
pie probabiliste (46,9 %).
En conclusion, les auteurs de cette étude ont constaté de larges
variations dans la pratique de l’antibioprophylaxie en milieu
chirurgical et en soins intensifs. Ils souhaitent pouvoir identi-
fier et tester des indicateurs de bon et mauvais choix dans l’an-
tibioprophylaxie.
ÉTUDE SUR LA CONTAMINATION (ENDOGÈNE OU
EXOGÈNE) PAR PSEUDOMONAS AERUGINOSA (PA),
BURKHOLDERIA CEPACIA (CEP)
ET STENOTROPHOMONAS MALTOPHILIA (MAL)
DES PATIENTS VENTILÉS
(Ph. Berthelot et coll., Saint-Étienne, France)
Les auteurs ont étudié l’origine de la contamination et le mode
de transmission en déterminant la chronologie de la colonisa-
tion et de l’infection, et en pratiquant un typage moléculaire
pour mieux caractériser les souches. Par ailleurs, ils ont décidé
d’estimer la prévalence de la colonisation et de l’infection par
ces germes dans l’unité de soins intensifs du CHU de Saint-
Étienne (dix lits).
L’étude était prospective et a duré six mois. Ont été inclus les
patients de plus de 18 ans pour lesquels une ventilation supé-
rieure à 4 jours était prévisible. Des prélèvements systématiques
ont été effectués chez les patients à l’admission, au cours de
l’extubation ou lors du décès éventuel (selles, estomac, gorge,
crachat), et au niveau de l’environnement (respirateur, lavabos).
Les résultats sont les suivants : 38 patients ont été inclus (âge
moyen 64,5 ans, SAPS 2 moyen = 41,9 ± 11,6). La durée
moyenne de ventilation était de 22,8 ± 23,5 jours. Le nombre
de décès a été de 12 (31,6 %). Les patients colonisés ou infec-
tés étaient au nombre de 15, ainsi répartis : PA : quatre pneu-
monies, huit colonisations ; CEP : une colonisation ;
MAL : quatre colonisations.
Les typages réalisés ont mis en évidence 9 sérotypes différents
de PA et 12 profils moléculaires différents (électrophorèse en
champ pulsé, AP-PCR). Les patients n’avaient pas été hospi-
talisés à la même période. Pendant l’épidémie, la souche de PA
étudiée était de sérotype O11 imip-R cipro-S, profil molécu-
laire 4, et a été retrouvée dans les lavabos des chambres de
12 patients. En revanche, cette souche n’a été retrouvée dans
aucun prélèvement clinique des patients. Dans l’analyse uni-
variée, le seul facteur de risque significativement associé à l’ac-
quisition de PA était la durée de séjour. Au cours de la discus-
sion, Ph. Berthelot a fait remarquer que l’origine de PA a été
principalement endogène (4 pneumonies : 3 d’origine endo-
gène ; 8 colonisations : 6 d’origine endogène). Par ailleurs, les
auteurs ont des arguments en faveur de la transmission d’une
souche épidémique de PA initialement isolée dans le lavabo du
patient. L’étude confirme donc l’origine le plus souvent endo-
gène de PA chez les patients ventilés de soins intensifs. Par
ailleurs, des lavabos contaminés peuvent être un réservoir de
PA et la nécessité d’assurer un contrôle strict de l’environne-
ment hydrique des hôpitaux, déjà démontrée dans la littérature
(Cobben et coll., J Hosp Infect 1996), est remise en exergue
dans cette étude.
INFECTIONS EN MILIEU HOSPITALIER PSYCHIATRIQUE
J. Kohler-Boudet a présenté les résultats d’une étude sur la
prévalence des infections nosocomiales dans les hôpitaux
psychiatriques de Picardie réalisée en mai et juin 1996. Cette
étude a concerné 903 patients en Picardie (sur 18 255 patients
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