le National Centre for Hospital Hygiene à Copenhague (Sta-
tens Serum Institut) et financé par la Commission européenne.
Il a débuté en septembre 1996, durera trois ans, et inclut cinq
pays européens (Belgique, Danemark, Allemagne, Espagne,
Suède) et un pays invité, la Lituanie. Les objectifs du projet
sont d’examiner les pratiques en termes d’antibioprophylaxie
chirurgicale, l’antibioprophylaxie et l’antibiothérapie probabi-
liste en unité de soins intensifs, d’établir des références pour
l’antibioprophylaxie à partir de revues de la littérature, et
d’identifier des indicateurs de “bonne” ou “mauvaise” antibio-
prophylaxie en milieu chirurgical et en soins intensifs.
Des données étaient réunies sur les chirurgies suivantes : côlon
ou rectum, cholécystectomie, cure de hernie inguinale ou pro-
thèse totale de hanche. Par ailleurs, des informations étaient
recueillies sur les procédures et recommandations disponibles,
ainsi que sur les formations offertes aux médecins responsables
de l’antibioprophylaxie. Les données présentées sont celles
recueillies jusqu’au mois de mars 1998 à propos de l’antibio-
prophylaxie de 1 178 patients chirurgicaux de 17 unités, et à
propos de l’antibiothérapie probabiliste chez 492 patients dans
9 unités de soins intensifs.
Pour la chirurgie du côlon/rectum, 90 à 100 % des patients ont
reçu une antibioprophylaxie systémique. En revanche, les varia-
tions entre unités sont beaucoup plus importantes pour la cure
de hernie inguinale, l’antibioprophylaxie parentérale concer-
nant de 0 à 83,3 % des patients. En examinant les protocoles
en place dans ces services, les enquêteurs ont noté que l’anti-
bioprophylaxie était préconisée pour tous les patients, et par-
fois uniquement pour ceux pour lesquels du matériel prothé-
tique devait être utilisé. Cette observation a conduit les auteurs
à examiner la littérature sur ce sujet. Leur conclusion est qu’il
n’y a aucune preuve qu’il faille utiliser une antibioprophylaxie
systémique pour les cures de hernie inguinale.
Les auteurs ont montré ensuite des résultats préliminaires sur
le moment d’administration de l’antibioprophylaxie. Sur les
dix-sept services de chirurgie qui participent à l’étude, 0 à
100 % en fonction de l’unité prescrivent une antibioprophy-
laxie dans les deux heures précédant l’intervention. Les deux
unités dans lesquelles moins de 30 % des patients recevaient
une antibioprophylaxie n’avaient pas de protocole écrit la concer-
nant. Par ailleurs, dans les unités restantes, toutes sauf deux avaient
des protocoles écrits, mentionnant en particulier les horaires cor-
rects d’administration, et pourtant, le pourcentage de patients rece-
vant l’antibioprophylaxie au bon moment variait de 54 à 100 %.
En unités de soins intensifs, 339/492 patients (68,9 %) ont reçu
une antibiothérapie prophylactique ou empirique, ce qui repré-
sentait 612 prescriptions, pour décontamination digestive sélec-
tive (7,7 %), prophylaxie systémique (45,4 %) et antibiothéra-
pie probabiliste (46,9 %).
En conclusion, les auteurs de cette étude ont constaté de larges
variations dans la pratique de l’antibioprophylaxie en milieu
chirurgical et en soins intensifs. Ils souhaitent pouvoir identi-
fier et tester des indicateurs de bon et mauvais choix dans l’an-
tibioprophylaxie.
ÉTUDE SUR LA CONTAMINATION (ENDOGÈNE OU
EXOGÈNE) PAR PSEUDOMONAS AERUGINOSA (PA),
BURKHOLDERIA CEPACIA (CEP)
ET STENOTROPHOMONAS MALTOPHILIA (MAL)
DES PATIENTS VENTILÉS
(Ph. Berthelot et coll., Saint-Étienne, France)
Les auteurs ont étudié l’origine de la contamination et le mode
de transmission en déterminant la chronologie de la colonisa-
tion et de l’infection, et en pratiquant un typage moléculaire
pour mieux caractériser les souches. Par ailleurs, ils ont décidé
d’estimer la prévalence de la colonisation et de l’infection par
ces germes dans l’unité de soins intensifs du CHU de Saint-
Étienne (dix lits).
L’étude était prospective et a duré six mois. Ont été inclus les
patients de plus de 18 ans pour lesquels une ventilation supé-
rieure à 4 jours était prévisible. Des prélèvements systématiques
ont été effectués chez les patients à l’admission, au cours de
l’extubation ou lors du décès éventuel (selles, estomac, gorge,
crachat), et au niveau de l’environnement (respirateur, lavabos).
Les résultats sont les suivants : 38 patients ont été inclus (âge
moyen 64,5 ans, SAPS 2 moyen = 41,9 ± 11,6). La durée
moyenne de ventilation était de 22,8 ± 23,5 jours. Le nombre
de décès a été de 12 (31,6 %). Les patients colonisés ou infec-
tés étaient au nombre de 15, ainsi répartis : PA : quatre pneu-
monies, huit colonisations ; CEP : une colonisation ;
MAL : quatre colonisations.
Les typages réalisés ont mis en évidence 9 sérotypes différents
de PA et 12 profils moléculaires différents (électrophorèse en
champ pulsé, AP-PCR). Les patients n’avaient pas été hospi-
talisés à la même période. Pendant l’épidémie, la souche de PA
étudiée était de sérotype O11 imip-R cipro-S, profil molécu-
laire 4, et a été retrouvée dans les lavabos des chambres de
12 patients. En revanche, cette souche n’a été retrouvée dans
aucun prélèvement clinique des patients. Dans l’analyse uni-
variée, le seul facteur de risque significativement associé à l’ac-
quisition de PA était la durée de séjour. Au cours de la discus-
sion, Ph. Berthelot a fait remarquer que l’origine de PA a été
principalement endogène (4 pneumonies : 3 d’origine endo-
gène ; 8 colonisations : 6 d’origine endogène). Par ailleurs, les
auteurs ont des arguments en faveur de la transmission d’une
souche épidémique de PA initialement isolée dans le lavabo du
patient. L’étude confirme donc l’origine le plus souvent endo-
gène de PA chez les patients ventilés de soins intensifs. Par
ailleurs, des lavabos contaminés peuvent être un réservoir de
PA et la nécessité d’assurer un contrôle strict de l’environne-
ment hydrique des hôpitaux, déjà démontrée dans la littérature
(Cobben et coll., J Hosp Infect 1996), est remise en exergue
dans cette étude.
INFECTIONS EN MILIEU HOSPITALIER PSYCHIATRIQUE
J. Kohler-Boudet a présenté les résultats d’une étude sur la
prévalence des infections nosocomiales dans les hôpitaux
psychiatriques de Picardie réalisée en mai et juin 1996. Cette
étude a concerné 903 patients en Picardie (sur 18 255 patients
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 8 - octobre 1998
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