Établir et respecter les protocoles
C
ette protocolisation semble
avoir fait ses preuves au CHU
Dr Viel. Après l’écoute, ou pa-
rallèlement, vient l’observation.
Observer, c’est savoir détecter
chez l’enfant, par exemple, une
position de repli sur lui-même,
signe de souffrance. La recherche
s’exerce par l’interrogatoire, l’exa-
men clinique de tout signe d’al-
gie direct ou indirect, comme une
accélération du pouls du rythme
respiratoire. Une fois diagnosti-
quée, encore faut-il évaluer la
douleur. Le meilleur outil d’éva-
luation est alors la règle analo-
gique que le patient manipule
lui-même après que l’on s’est as-
suré qu’il en a bien compris le
fonctionnement ; les résultats nu-
mériques doivent alors être notés
sur le dossier médical, au même
titre que les pouls, la pression
artérielle ou la température. La
transmission de ces données est
essentielle à la qualité du suivi
du malade. « Un service rarement
rendu au point que, dans le cadre de
la chirurgie ambulatoire, les per-
sonnels de santé amenés à prendre
le relais thérapeutique, s’ils connais-
sent le type d’intervention subie par
le patient, sont rarement tenus au
courant de l’anesthésie et des médi-
cations appliquées alors », déplore
le Dr Viel. Dans ces conditions, il
devient difficile d’assurer une liai-
son correcte avec une efficacité
maximale. Par ailleurs, de retour
à la maison, les familles ne sui-
vent pas toujours correctement
les prescriptions d’antalgiques et
ne comprennent pas forcément
l’importance de la régularité dans
la prise des médicaments. C’est
tout l’intérêt des démarches qua-
lité destinées à mettre le doigt sur
les insuffisances d’un système res-
ponsables d’une mauvaise prise
en charge de la douleur.
La douleur de l’enfant
La douleur de l’enfant, peut-être
encore plus que chez l’adulte, est
inégalement prise en compte.
D’autant que certaines idées ont
la vie dure !
Chez l’enfant, la douleur ne se ré-
sume pas à un simple problème
physiologique ou psychologique
à traiter avec un outil d’évaluation
et une prise de médicaments. La
solution n’est pas unique mais
multiple, et souvent complexe.
D’où la nécessité de se former**
afin de comprendre les différentes
notions nécessaires à la bonne
prise en charge. Pour soulager la
douleur de l’enfant, il faut assi-
miler des connaissances très tech-
niques. C’est d’abord reconnaître
à l’enfant le droit d’avoir mal, lui
dire la vérité, ensuite l’informer
et le rassurer en tenant compte de
ses angoisses spécifiques. Prendre
en charge un enfant douloureux
n’est jamais simple
;
c’est parfois
long et le succès n’est jamais as-
suré. Il faut savoir revenir en ar-
rière. Le traitement n’est pas ré-
servé aux seuls services de prise
en charge de la douleur ; il doit
être une préoccupation constante
de tout soignant dans toutes les oc-
casions de soin. Tous les profes-
sionnels qui interviennent auprès
d’un enfant sont concernés. Et
tous les moyens, médicamenteux
ou non, sont complémentaires. Il
faut savoir que la non-prise en
charge des gestes douloureux dans
la petite enfance risque de provo-
quer un comportement phobique
à l’égard des soins, des soignants
et du monde hospitalier, et de
devenir un frein à la prise en
charge de la maladie elle-même.
A.-L.P./J.B.
* Medec, mars 2003.
** L’association Sparadrap met à la dis-
position des soignants un livret et un
film : Pour en savoir plus sur la douleur
de l’enfant. Cf. www.sparadrap.org ou
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Prise en charge de la douleur
Si tout le monde sait ce qu’est la douleur, tout se complique quand
il s’agit de la définir ou de la prendre en charge. La protocolisation
de la prise en charge est-elle une solution pour une meilleure
qualité de soins ?
Professions Santé Infirmier Infirmière - No45 - avril 2003
Gaston-Doumergue, à Nîmes. Le
Dr Éric Viel*, anesthésiste, té-
moigne : « Cette démarche prend
en compte la douleur suivant sept
étapes : entendre, observer, recher-
cher, évaluer, transmettre, traiter
et réévaluer le traitement. » Au
CHU de Nîmes, tous les types de
douleurs sont traités : douleur
postopératoire, douleur rhuma-
tologique, douleur cancéreuse,
douleur de l’enfant...
Introduire
la démarche qualité
Les spécialistes sont formels et les
patients encore plus : il reste en-
core des progrès à accomplir dans
le traitement de la douleur.
Ainsi, dans le cadre de la chi-
rurgie ambulatoire, il semblerait
plus aisé de contrôler la prise
en charge de la douleur. Or,
le constat n’est guère brillant
puisque plus de 50 % des pa-
tients expriment des plaintes al-
giques ; seuls 11 % profitent de
traitements antalgiques. L’avan-
tage d’une protocolisation est de
permettre d’atteindre la qualité
grâce à la traçabilité des médica-
ments mais aussi de bénéficier de
protocoles établis pour soulager
les douleurs.
La douleur est une sensation per-
sonnelle exprimée par chaque in-
dividu selon son mode propre, en
rapport avec son vécu. Entendre,
pour le soignant, c’est d’abord ap-
prendre à écouter la plainte du
patient. « Savoir écouter doit éviter
à autant de patients de sortir de
chirurgie ambulatoire sans ordon-
nance (plus de 1 personne sur 2),
sans médicaments pour le soir (plus
de 4 personnes sur 5) », précise le