Mise au point
Mise au point
Image 1.
Positionnement
des trocarts.
La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 3 - mars 2007
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Le chirurgien a donc le choix entre un abord postéro-latéral,
latéral ou antérieur.
Quelles que soient les voies d’abord le taux de mortalité est
très faible (5).
Le risque d’aggravation neurologique postopératoire est de 13 %
pour les voies postéro-latérales, de 20 % pour les voies latérales
et de 7 % pour les voies antérieures transthoraciques à ciel ouvert
(6). Dans sa série opérée par thoracoscopie, Dickmann évalue
ce risque d’aggravation neurologique à 2 % (7).
Une enquête récente de la Société française de neurochirurgie
(SFNC) a, quant à elle, évalué ce risque d’aggravation neurolo-
gique postopératoire en France à 11,6 %.
Toutefois, cette même enquête de la SFNC a révélé que la plupart
des neurochirurgiens pratiquaient des voies postéro-latérales
ou latérales, que seuls 11 % d’entre eux pratiquaient des voies
antérieures et qu’ils étaient très peu nombreux à réaliser des
thoracoscopies.
Alors que pour les compressions médullaires cervicales la
quasi-totalité des neurochirurgiens est d’accord pour réaliser
des abords antérieurs permettant de lever le facteur compressif
sans mobiliser la moelle, on peut se demander pourquoi il n’en
va pas de même pour le rachis thoracique. L’explication tient
surtout au fait que l’abord antérieur du rachis cervical est aisé
et bien connu des neurochirurgiens, ce qui n’est pas le cas du
rachis thoracique.
La limitation des abords antérieurs transthoraciques tenait
aussi au fait que ceux-ci avaient une morbidité pulmonaire
non nulle. L’endoscopie a permis de réduire considérable-
ment cette morbidité tout en gardant les avantages de la voie
antérieure (8, 9).
Technique chirurgicale
Les patients sont opérés sous anesthésie générale et installés en
décubitus latéral strict. L’abord du rachis nécessite une exclusion
pulmonaire afi n d’éviter une contusion pulmonaire peropéra-
toire. Le choix du côté de l’abord est fonction du caractère latéral
ou non de la lésion à aborder, du niveau vertébral opéré et de la
localisation de l’artère d’Adamkiewicz. En cas de lésion médiane,
on choisit plus volontiers d’aborder le rachis thoracique inférieur
par voie gauche en raison d’une coupole diaphragmatique plus
facile à abaisser de ce côté, et le rachis thoracique supérieur
par voie droite en raison de la position de l’aorte. Toutefois, on
évite de passer au même niveau et du même côté que l’artère
d’Adamkiewicz, dans la mesure où l’abord du rachis nécessite
le sacrifi ce d’au moins un pédicule vasculaire.
Le repérage du niveau est très important afi n d’éviter une erreur
d’étage. Dans le cas de tumeur ou de fracture, le repérage endosco-
pique est facilité par l’aspect anormal de la vertèbre. En revanche,
dans les cas de HDD, le mur latéral des vertèbres étant normal,
le repérage est plus compliqué et nécessite, d’une part, d’explorer
toute la cavité thoracique pour compter les têtes de côte et d’uti-
liser, d’autre part, un contrôle radioscopique peropératoire. Dans
notre expérience, nous recourons en outre à un repérage préopé-
ratoire au scanner avec la mise en place d’un harpon transcutané
en regard de la tête de côte de la vertèbre inférieure.
On utilise trois ou quatre trocarts en fonction de la qualité de
l’exclusion pulmonaire. Un des trocarts est utilisé pour l’en-
doscope, deux autres pour les instruments de travail, et un
quatrième lorsqu’il est nécessaire de mettre un écarteur pulmo-
naire. Le choix de l’emplacement des trocarts est important. Ils
sont répartis sur les lignes axillaires postérieures, moyennes
et antérieures en fonction du niveau à atteindre et en fonction
du geste prévu ; leur disposition peut être en T, en L ou en
quadrilatère (image 1).
La plèvre est incisée au bistouri électrique le long de la tête de
côte et le long de l’axe du rachis. Il est le plus souvent nécessaire
de sacrifi er un pédicule vasculaire intercostal sur la face latérale
du corps vertébral. La tête de côte est réséquée, ce qui permet
un accès au disque.
On réalise alors un fraisage conique de part et d’autre du
plan discal jusqu’à aborder la hernie discale, cela permettant
de réaliser son exérèse sans aucune mobilisation du cordon
médullaire (image 2, p. 76).
Les deux principaux problèmes de cette technique restent le
repérage fi able du niveau à opérer et le saignement épidural
peropératoire. En ce qui concerne le repérage, nous avons, au
cours de notre expérience, affi né la technique de harponage
préopératoire sous scanner. Et pour diminuer le saignement
épidural peropératoire, nous avons également au fi l du temps
modifi é la technique initiale décrite par Rosenthal et al. (10),
en réalisant un fraisage plus antérieur respectant le pédicule.
Cela permet d’aborder l’espace épidural en dernier et donc de
limiter le saignement épidural (image 3, p. 76).
Indications et contre-indications
Lorsque la HDD est latérale, la réalisation d’une voie d’abord
postéro-latérale ou latérale reste possible. En revanche, lorsque
la HDD est médiane, seule une voie d’abord antérieure permet