Cas clinique Rétine Épithéliopathie en plaques : une évolution clinique atypique Acute Posterior Multifocal Placoid Pigment Epitheliopathy (APMPPE): an atypical clinical evolution Épithéliopathie en plaques • Maladie de Harada • Angiographie • OCT • Corticoïdes. APMPPE • Harada disease • Angiography • OCT • Corticosteroids. J. Perol, S. Michée, T. Grenet, S. Buffet, F. Fajnkuchen, G. Chaine (Service d’ophtalmologie, hôpital Avicenne, Bobigny) U ne patiente de 50 ans, asthmatique, est adressée dans notre service pour une baisse d’acuité visuelle bilatérale depuis quelques jours, prédominante à gauche, accompagnée de céphalées très invalidantes. Examen L’acuité visuelle est de 6/10 P3 à l’œil droit et de 1/10 P10 à l’œil gauche. Le segment antérieur et le vitré sont calmes. Les clichés couleurs (figures 1 et 2) et monochromatiques du fond d’œil retrouvent des tâches jaunâtres, polycycliques, sous-rétiniennes au pôle postérieur. Une discrète hyperhémie papillaire ainsi qu’une anastomose artério-veineuse rétino-rétinienne juxtapapillaire peuvent être notées à l’œil gauche. Lors de l’angiographie à la fluorescéine (figures 3 à 6), les tâches hypofluorescentes aux temps précoces deviennent iso- puis hyperfluorescentes aux temps tardifs, et l’on observe également une hyperfluorescence papillaire gauche. Sur l’angiographie au vert d’indocyanine (figures 7 et 8), ces tâches restent hypofluorescentes tout au long de la séquence. La tomographie par cohérence optique (OCT) réalisée retrouve, à l’œil gauche, de multiples décollements séreux rétiniens (DSR) cloisonnés, ainsi qu’une volumineuse logette kystique maculaire au contenu hétérogène (figure 9). Discussion et évolution La patiente est hospitalisée en médecine interne pour la réalisation d’un bilan étiologique comprenant un bilan inflammatoire, infectieux et auto-immun, ainsi qu’une ponction lombaire afin d’éliminer une maladie de Harada. L’ensemble de ce bilan s’avère négatif. Devant ce cas d’épithéliopathie en plaques, la baisse d’acuité visuelle sévère associée à des céphalées et une papillite nous pousse à traiter la patiente par 3 bolus de méthylprednisolone avec un relais per os pour 1 mois. Le traitement permet la résolution rapide des céphalées et des DSR (figure 10) ainsi qu’une remontée rapide de l’acuité visuelle. La patiente se présente 1 mois plus tard, 48 heures après l’arrêt des corticoïdes, pour récidive des céphalées et baisse d’acuité visuelle de l’œil droit à 2/10 P8. L’examen OCT réalisé retrouve une lame de DSR ainsi qu’un œdème rétinien en interpapillomaculaire (figure 11). La reprise de la corticothérapie permet la résolution de l’épisode. 100 Légendes Figures 1 et 2. Tâches jaunâtres sousrétiniennes, disséminées au pôle postérieur Figures 3 à 6. Séquence angiographique typique d’une épithéliopathie en plaques avec des tâches hypofluorescentes aux temps précoces qui deviennent iso- puis hyperfluorescentes aux temps tardifs en fluorescéine. Figures 7 et 8. Angiographie au vert d’indocyanine (ICG) aux temps tardifs : les tâches restent hypofluorescentes tout au long de la séquence. Images en Ophtalmologie • Vol. V • n° 3 • juillet-août-septembre 2011 IO-V3-NN-0911.indd 100 06/09/11 17:42 Cas clinique Rétine 1 2 3 4 5 6 7 8 Images en Ophtalmologie • Vol. V • n° 3 • juillet-août-septembre 2011 IO-V3-NN-0911.indd 101 101 06/09/11 17:42 Cas clinique Rétine Ce cas illustre bien l’existence de formes frontières entre l’épithéliopathie en plaques et la maladie de Harada (1). En effet, si l’aspect angiographique est typique et si l’existence de DSR se retrouve dans l’épithéliopathie en plaques (2), ce phénomène de “corticosensibilité” avec rechute à l’arrêt du traitement nous paraît tout à fait atypique (3). II Références bibliographiques 1. Wright BE, Bird AC, Hamilton AM. Placoid pigment epitheliopathy and Harada’s disease. Br J Ophthalmol 1978;62(9):609-21. 2. Bird AC, Hamilton AM. Placoid pigment epitheliopathy. Presenting with bilateral serous retinal detachment. Br J Ophthalmol 1972;56(1):881-6. 3. Vedantham V, Ramasamy K. Atypical manifestations of acute posterior multifocal placoid pigment epitheliopathy. Indian J Ophthalmol 2006;54(1):49-52. Légendes Figure 9. Décollements séreux rétiniens multiples et logette maculaire kystique à la tomographie par cohérence optique de l’œil gauche. Figure 10. Normalisation de la tomographie par cohérence optique de l’œil gauche à 1 mois. Figure 11. Réapparition de décollements séreux rétiniens 1 mois plus tard à l’œil droit. Nouvelles de l’industrie pharmaceutique Communiqués publicitaires des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique Le VGEF Trap-Eye : excellents résultats de 2 études de phase III dans le traitement de la DMLA Dans les 2 études VIEW 1 et VIEW 2, le VGEF Trap-Eye s’est montré non inférieur au ranibizumab dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge avec néo-vascularisation (DMLA humide), et ce dans tous les schémas, y compris avec une injection tous les 2 mois, en atteignant le critère d’évaluation principal par rapport au traitement standard (ranibizumab administré tous les mois). Les études de non-infériorité évaluaient la proportion de patients dans les 2 groupes ayant maintenu ou amélioré leur acuité visuelle au cours des 52 semaines d’étude. Dans l’étude VIEW 1, menée par Regeneron en Amérique du Nord auprès de 1 217 patients, l’acuité visuelle n’a pas diminué chez 96 % des patients recevant 0,5 mg de VGEF Trap-Eye 1 fois par mois, 95 % de ceux en recevant 2 mg, 1 fois par mois ou tous les 2 mois, comparativement à 94 % de ceux traités par 0,5 mg de ranibizumab 1 fois par mois. Dans l’étude internationale VIEW 2, menée par Bayer HealthCare et incluant 1 240 patients, l’acuité visuelle n’a pas diminuée chez 96 % des patients recevant 0,5 mg ou 2 mg de VGEF Trap-Eye 1 fois par mois ou 2 mg tous les 2 mois, comparativement à 94 % de ceux traités par 0,5 mg de ranibizumab 1 fois par mois. Le maintien de l’acuité visuelle a été défini comme la perte de moins de 3 lignes (équivalentes à 15 lettres) sur l’échelle de référence ETDRS (Early Treatment Diabetic Retinopathy Study). 102 Sur la base de ces résultats, Bayer HealthCare et Regeneron prévoient de soumettre des demandes d’autorisation de mise sur le marché en Europe et aux États-Unis pour le VGEF Trap-Eye. Le VGEF Trap-Eye est une protéine de fusion totalement humaine composée des récepteurs solubles de type 1 et 2 du VGEF qui se lie à toutes les formes de VGEF-A ainsi qu’au facteur de croissance placentaire qui lui est apparenté. C’est un inhibiteur spécifique et très puissant de ces facteurs de croissance. Il est spécifiquement purifié et contient des concentrations iso-osmotiques d’un tampon, ce qui permet son injection dans l’œil. Les résultats des études VIEW montrent que le VGEF Trap-Eye peut permettre de changer la prise en charge thérapeutique de la DMLA humide avec une administration tous les 2 mois sans la nécessité de visites de surveillance ou pour adapter le traitement dans l’intervalle. MP Première étude comparative dans l’occlusion de branche veineuse rétinienne lancée en Europe et en Israël Allergan France vient d’annoncer le lancement de l’étude COMO (Comparison of Intravitreal Dexamethasone Implant and Ranibizumab for Macular Œdema), première étude comparative menée dans l’occlusion de branche veineuse rétinienne (OBVR). L’OBVR touche, chaque année, en Europe, 300 000 personnes. C’est une cause fréquente de perte de vision. L’objectif de l’étude COMO est d’évaluer l’efficacité de 2 traitements dans cette pathologie : Ozurdex ® (implant intravitréen de dexaméthasone 0,7 mg) versus ranibizumab. Cette étude d’une durée de 12 mois va inclure, à partir de l’été 2011, dans 36 centres en Europe et en Israël, environ 400 patients souffrant d’OBVR depuis moins de 90 jours. Les patients seront randomisés en 2 bras : un groupe dexaméthasone 0,7 mg avec une injection intravitréenne au premier jour renouvelée 5 mois plus tard et au 10e ou 11e mois si nécessaire ; un groupe ranibizumab avec une injection intravitréenne chaque mois durant 6 mois, renouvelée chaque mois si besoin entre le 6e et le 11e mois. Le critère d’évaluation principal sera l’amélioration de la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) au 12e mois. Ozurdex® est le premier implant intravitréen biodégradable contenant de la dexaméthasone administrée grâce à un applicateur à usage unique spécialement conçu à cet effet. La dexaméthasone est lentement libérée sur une période de plusieurs mois au niveau du corps vitré et agit sur cette durée pour contrôler l’œdème et réduire l’inflammation causée par l’occlusion. Ozurdex® a été lancé, en France à la mi-février, dans le traitement de l’œdème maculaire lié à une occlusion veineuse rétinienne. Il a également reçu l’avis favorable du CHMP (Committee for Medicinal Products for Human Use) en avril dans le traitement des uvéites non infectieuses. Il est distribué en pharmacie et est administré par les ophtalmologues. Les injections de ranibizumab sont en général mensuelles afin de réduire l’œdème maculaire. L’étude BRAVO a montré que ce produit était efficace dans l’amélioration de l’acuité visuelle chez les patients atteints d’œdème maculaire récent dû à une OBVR. MP Images en Ophtalmologie • Vol. V • n° 3 • juillet-août-septembre 2011 IO-V3-NN-0911.indd 102 06/09/11 17:42 Cas clinique Rétine 9 10 11 Images en Ophtalmologie • Vol. V • n° 3 • juillet-août-septembre 2011 IO-V3-NN-0911.indd 103 103 06/09/11 17:43