Maculopathie solaire et imagerie OCT

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Cas clinique
Rétine
Maculopathie solaire et imagerie OCT
Solar maculopathy and optical coherence
tomography findings
A. Couzinet, V. Pagot-Mathis, S. Auriol
(Centre de la rétine, hôpital Paule-de-Viguier, centre hospitalier universitaire de Toulouse)
Maculopathie solaire • Tomog ra p h i e p a r co h é re n ce
optique • OCT-3 • OCT-4.
Solar retinopathy • Optical
coherence tomography • OCT3
• OCT4.
U
n jeune homme, âgé de 17 ans, consulte en urgence après avoir fixé le soleil
de façon prolongée sans protection, il y a 7 jours. Un traitement par corticothérapie per os a été institué à la dose d’1 mg/kg/jour.
Examen
L’acuité visuelle est à 10/10 P3 avec correction. Aucun scotome n’est retrouvé à la
grille d’Amsler.
L’examen maculaire est sans particularité. Sur l’œil droit, avec des images obtenues
en tomographie à cohérence optique (OCT-3), on note une hyperréflectivité rétrofovéolaire à convexité interne localisée à la jonction article externe-interne des photorécepteurs, n’atteignant pas l’ensemble des couches rétiniennes. Sur l’œil gauche, l’aspect
est quasi identique, avec une hyperréflectivité moins étendue. La ligne de l’épithélium
pigmentaire semble respectée aux 2 yeux (figure 1).
Quinze jours plus tard, l’acuité visuelle est remontée à P2. Le bombement interne
hyperréflectif rétrofovéal de la ligne de jonction des photorécepteurs surmonte une
zone d’hyporéflectivité du complexe épithélium pigmentaire/membrane de Bruch, bien
visible sur des images OCT de dernière génération (figure 2).
Trois mois après l’incident initial, le patient est asymptomatique. L’épithélium pigmentaire a un aspect strictement normal (figure 3).
Discussion
Les phototraumatismes maculaires peuvent survenir dans plusieurs circonstances :
exposition chirurgicale, observation d’éclipse solaire sans protection, prise de stupéfiants… L’atteinte est dans la plupart des cas bilatérale, asymétrique, souvent
réversible avec une récupération de l’acuité visuelle entre 3 et 6 mois. Un scotome
paracentral peut persister.
Les brûlures induites par les radiations solaires produisent une destruction des photorécepteurs par un effet à la fois thermique et photochimique, lié aux radiations UVB.
Sur le plan histologique, l’altération initiale des cellules de l’épithélium pigmentaire
et du segment externe des photorécepteurs conduit sur le long terme à une atrophie
rétinienne et à une dégénérescence de l’épithélium pigmentaire dans les cas les plus
sévères (1).
L’imagerie OCT, soulignée par M. Bechmann et al. en 2000 (2) et plus précise encore
aujourd’hui grâce à la résolution des OCT de dernières générations, révèle dans les
semaines suivant le phototraumatisme, une zone d’hyperréflectivité au niveau du
segment externe des photorécepteurs, sans œdème rétinien, avec une ligne de l’épithélium pigmentaire plus ou moins atteinte fonction de l’intensité du phototraumatisme.
Le traitement de la rétinopathie solaire reste empirique (3), le plus souvent basé sur
une corticothérapie per os. Dans notre cas, le patient a eu une évolution favorable en
l’espace de 1 mois.
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Légendes
Figure 1. Zone hyperréflective de la ligne de
jonction segment externe-segment interne
des photorécepteurs (image en OCT-3).
Figure 2. Bombement interne rétrofovéal
au niveau de la ligne de jonction segment
interne-segment externe des photorécepteurs, 3 semaines après l’exposition solaire
(image en OCT-4).
Figure 3. Retour à la normale 3 mois après
l’accident initial. La ligne de l’épithélium pigmentaire paraît intacte.
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L’OCT permet lors de phototraumatismes maculaires de préciser l’atteinte des cellules
rétiniennes et de l’épithélium pigmentaire, étayant ainsi certains diagnostics tardifs.
L’évolution est en général de bon pronostic. Le traitement par corticothérapie per
os est empirique. Il est important d’insister sur les mesures préventives qui restent
les plus efficaces.
II
Références bibliographiques
1. Tso MO, La Piana FG. The human fovea after sungazing. Trans Sect Ophthalmol Am Acad
Ophthalmol Otolaryngol 1975;79(6):788-95.
2. Bechmann M, Ehrt O, Thiel MJ, Kristin N, Ulbig MW, Kampik A et al. Optical coherence tomography
findings in early solar retinopathy. Br J Ophthalmol 2000;84(5):547-8.
3. Ferenc Kuhn. Solar retinopathy. In : Ocular Traumatology. 2nd edition Springer New York;2008:503-4.
Nouvelles de l’industrie pharmaceutique
Communiqués publicitaires des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique
Lucentis® : nouvelle indication
dans l’Union européenne
pour la perte de vision
due à un œdème maculaire
diabétique
La Commission européenne vient d’accorder
à Novartis une nouvelle indication pour ranibizumab (Lucentis®) dans le traitement de la
baisse visuelle due à un œdème maculaire
diabétique (OMD).
L’OMD est une cause majeure de cécité dans la
population d’âge actif dans les pays développés.
C’est une conséquence de la rétinopathie diabétique, complication oculaire la plus fréquente
du diabète. Quelque 1 à 3 % des patients diabétiques présentent une baisse visuelle due à
l’OMD, pathologie caractérisée par une anomalie des vaisseaux sanguins de la rétine avec
des fuites se produisant dans la macula.
Le traitement de référence actuel (photocoagulation par laser) ne permet qu’une
stabilisation de la vision.
Cette nouvelle indication pour le ranibizumab
repose sur les données des études pivots,
RESTORE et RESOLVE, qui ont montré sa supériorité pour induire un gain d’acuité visuelle
rapide et maintenu dans le temps par rapport
au traitement factice (injections simulées) ou
à la photocoagulation par laser.
L’étude RESTORE a montré un gain d’acuité
visuelle à 12 mois de respectivement 6,8 et
6,4 lettres (échelle ETDRS [Early Treatment
Diabetic Retinopathy Study] standard) en
moyenne chez les patients sous ranibizumab
en mono­thérapie ou sous ranibizumab + photo­
coagulation par laser alors que les patients
n’ayant bénéficié que de la photocoagulation
par laser n’avaient obtenu qu’un gain de
0,9 lettre en moyenne.
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L’étude RESOLVE a montré que les patients
traités par ranibizumab avaient gagné en
moyenne 10,3 lettres d’acuité visuelle à 12 mois
par rapport au début de l’étude, tandis que les
patients recevant les injections simulées, avec
pour certains une photocoagulation par laser,
avaient perdu en moyenne 1,4 lettre.
Le début de l’amélioration de la vision a été
obtenu seulement en 8 jours en moyenne
après la première injection de ranibizumab
et, pour un grand nombre de patients, cette
amélioration a été cliniquement significative, leur permettant de retrouver l’aptitude
à effectuer les tâches quotidiennes (par
exemple, conduire un véhicule).
Les données de ces 2 études pivots ont été
étayées par les résultats d’une étude américaine indépendante menée par le Diabetic
Retino­pathy Clinical Research Network,
évaluant le ranibizumab dans le traitement de l’OMD par rapport au traitement
de référence. Un gain de 9 lettres d’acuité
visuelle en moyenne à 12 mois a été observé
chez les patients traités par ranibizumab
+ photocoagulation par laser tandis que
ceux traités par photocoagulation par laser
seule n’avaient gagné que 3 ou 4 lettres en
moyenne. Les gains d’acuité visuelle ont
été supérieurs chez les patients traités par
ranibizumab sur une durée allant jusqu’à
2 ans, avec diminution du nombre d’injections nécessaires la deuxième année (2 à 3
versus 8 à 9, la première année).
Le ranibizumab constitue une approche
pharmacologique complètement nouvelle du
traitement de la baisse de l’acuité visuelle
due à l’OMD par comparaison avec le traitement de référence actuel utilisant des
impacts de laser pour arrêter la fuite capillaire et réduire l’œdème. Le ranibizumab est
un fragment d’anticorps qui est injecté dans
l’œil pour neutraliser le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (Vascular
Growth Endothelial Factor [VGEF]), protéine
augmentant la perméabilité vasculaire.
Dans les études cliniques, la tolérance du
ranibizumab a été bonne lorsqu’il était utilisé
seul ou en association avec la photocoagulation par laser. L’incidence des événements
thromboemboliques observés avec le produit
dans les études de l’OMD est identique à celle
observée dans les études faites dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA),
sans différence entre les différents groupes
(Lucentis®, traitement simulé, photocoagulation par laser). Dans les études pivots
combinées, l’incidence d’endophtalmie sous
ranibizumab est de 1,4 % aussi bien dans la
DMLA néo-vasculaire que dans l’OMD.
Le ranibizumab est à ce jour autorisé dans
plus de 85 pays dans le traitement de la DMLA
néo-vasculaire. Il fait l’objet d’une surveillance
continue de sa sécurité d’emploi avec une
pharmacovigilance systématique. L’expo­sition
au ranibizumab représente aujourd’hui plus
de 750 000 années-patients de traitement.
Lucentis® a été codéveloppé par Novartis et
Genentech. Deux études de phase III, RISE
et RIDE, chez des patients ayant un OMD
sont actuellement menées par Genentech.
Les résultats sont attendus courant 2011.
Novartis, qui détient les droits de commercialisation du produit dans tous les pays du
monde – sauf aux États-Unis – a déposé, en
outre, une demande d’autorisation de mise
sur le marché auprès de l’Union européenne
dans le traitement de la baisse visuelle due
à un œdème maculaire secondaire à une
occlusion veineuse rétinienne.
MP
Images en Ophtalmologie • Vol. V • n° 3 • juillet-août-septembre 2011
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