REVUE DE PRESSE dirigée par le Pr T. Moreau
138 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 4 - avril 2014
non du syndrome d’augmentation. Il s’agit d’une étude randomisée en double aveugle,
sur 52semaines, ayant inclus 719patients présentant un SJSR modéré à sévère, et
randomisés pour recevoir pendant 12semaines soit 0,25mg/j de pramipexole, soit
0,5mg/j de pramipexole, soit 300mg/j de prégabaline, soit un placebo. Au terme de
ces 12semaines, les patients sous placebo étaient randomisés dans l’un des 3bras de
traitements actifs pour les 40semaines restantes. Après la période de 12semaines et
par rapport au placebo, les patients sous prégabaline et pramipexole 0,5mg/j avaient
une réduction significative de la sévérité du SJSR. Dans une évaluation de non-infériorité,
une amélioration plus importante a été observée sous prégabaline que sous prami-
pexole 0,25mg/j et 0,5mg/j, à 12 et à 52semaines de suivi. Sur la période de 40 ou
52semaines de traitement, le syndrome d’augmentation a été significativement moins
fréquent sous prégabaline que sous pramipexole à la dose de 0,5mg/j(2,1 % versus
7,7 % [p=0,001]), mais pas à la dose de 0,25mg/j(2,1 % versus 5,3 % [p=0,08]).
Ainsi, plus la durée d’exposition au traitement dopaminergique est prolongée, plus la
fréquence du syndrome d’augmentation augmente. Les effets indésirables sont pour la
plupart légers à modérés : sous prégabaline, vertiges, somnolence, fatigue, céphalées ;
sous pramipexole, nausées, céphalées et fatigue. Onze cas d’idées suicidaires ont été
rapportés : 6 sous prégabaline, 3 sous pramipexole 0,25mg et 2 sous pramipexole
0,5mg.
I. Benatru, Poitiers
Commentaire
Cette étude montre que le syndrome d’augmenta-
tion semble plutôt d’origine iatrogénique, s’aggra-
vant avec les traitements dopaminergiques (une
aggravation liée à l’évolution naturelle du SJSR
devrait survenir à la même fréquence dans tous
les groupes de traitement, ce qui n’est pas le cas
dans cette étude). D’autre part, plus le traitement
dopaminergique est prolongé et à forte dose,
plus la fréquence du syndrome d’augmentation
augmente. La prégabaline semble être une alter-
native thérapeutique effi cace, mais il faut rester
prudent vis-à-vis de ses effets indésirables éven-
tuels, en particulier le risque suicidaire. Enfi n, l’effi -
cacité de la prégabaline laisse suggérer que des
mécanismes autres que dopaminergiques semblent
impliqués dans la physiopathologie du SJSR.
Référence bibliographique
Allen RP, Chen C, Garcia-Borreguero D et al. Comparison
of pregabalin with pramipexole for restless legs syndrome.
N Engl J Med 2014;370(7):621-31.
Risque familial de SEP à partir des registres suédois
Cette étude a été menée à partir de plusieurs registres suédois : le registre multigénération
comprenant les parents biologiques et adoptifs de toute personne née en Suède depuis
1932 et résidant en Suède depuis 1961 ; le registre des jumeaux suédois ; le registre des
SEP suédoises(11 949SEP) ; le registre national des hospitalisations(27 078SEP). Afi n de
calculer des risques relatifs (RR), chaque patient atteint de SEP a été apparié à 10sujets
témoins sur l’âge et le sexe. Les apparentés des sujets témoins étaient appariés sur ceux
du patient atteint de SEP selon l’âge et le sexe et, si possible, selon la relation maternelle/
paternelle avec le sujet index. Le RR de SEP était estimé par un modèle de Cox. Le risque
de SEP ajusté sur l’âge le plus important était pour les sœurs de frères atteints de SEP.
Pour les demi-frères et sœurs, les demi-sœurs maternelles avaient le risque de SEP le plus
élevé. Parmi les apparentés de second degré et cousins, le risque était inférieur à 1 %, à
l’exception des tantes maternelles. Par rapport à des sujets témoins appariés pour lesquels
la prévalence de la SEP est plus faible chez les hommes, des estimations similaires de risque
entre les apparentés femmes et hommes du sujet index ont été trouvées. Parmi les enfants
de patients malades, les fi lles avaient un risque légèrement plus faible que les fi ls ; pour les
pères, les risques des fi lles et des fi ls étaient différents avec un risque plus important pour
ces derniers. Le risque global plus élevé était pour les paires frère/frère sans chevauche-
ment avec les paires mère/fi lle ou père/fi lle qui avaient toutes 2 un risque plus faible. Parmi
les cousins, la seule relation signifi cative était avec les cousines du côté paternel. Parmi
les enfants adoptés, le faible effectif(2SEP parmi les 497enfants adoptés et 1jumeau
atteint de SEP parmi les 65jumeaux adoptés) conduisait à des résultats non signifi catifs
par manque de puissance. L’héritabilité de la SEP était estimée en utilisant 74 757paires
de jumeaux dont la zygotie était connue, dont 315paires affectées par la SEP. L’héritabilité
estimée était de 0,64 (IC95 :0,36-0,76) et le composant environnemental commun estimé
était de 0,01 (IC95 : 0,00-0,18).
A. Fromont, Dijon
Commentaire
Cette étude trouve un risque de récurrence fami-
liale de SEP plus faible qu’habituellement rapporté
dans la littérature. La mise en évidence d’une
transmission père/fi ls plus forte que celle mère/
fi ls suggère une plus forte transmission du sexe
le moins prévalent à sa descendance. Un effet
“Carter” − selon lequel le sexe le moins prévalent a
besoin d’un plus grand nombre de gènes de prédis-
position pour développer la maladie − est évoqué.
Référence bibliographique
Westerlind H, Ramanujam R, Uvehag D et al. Modest fami-
lial risks for multiple sclerosis: a registry-based study of the
population of Sweden. Brain 2014;137(Pt 3):770-8.