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Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 8/9, octobre/novembre 2001
Guy Amah (hôpital Lariboisière, Paris), Xavier Girerd (hôpital Broussais, Paris)
Revue de presse
Les conséquences de l’hyper-
tension systolique ou systolo-
diastolique sur le ventricule
gauche sont comparables
L’ h ypertension artérielle systolique iso-
lée (HSI) est une entité maintenant reconnue
dont la prise en charge thérapeutique doit être
aussi rigoureuse que celle de l’hypertension
artérielle systolo-diastolique. L’impact de
l’HSI en matière de morbidité cardiovascu-
laire a surtout été démontré pour les accidents
vasculaires cérébraux. Qu’en est-il des autres
organes cibles, et en particulier le cœur ?
Les investigateurs de l’étude LIFE (Losartan
intervention for endpoint reduction in hyper-
tension) ont à ce propos comparé les examens
échocardiographiques de 143 patients ayant
une HSI à ceux de 808 patients ayant une
hypertension artérielle systolo-diastolique. Il
apparaît, d’après les résultats de cette compa-
raison, que les patients ayant une HSI avaient
les mêmes niveaux d’hypertrophie ventricu-
laire gauche, les mêmes anomalies de la géo-
métrie ventriculaire gauche et les mêmes
troubles de fonctions ventriculaires gauches
systolique et diastolique que les patients
ayant une hypertension artérielle systolo-
diastolique. Par ailleurs, l’âge, la taille,
l’indice de masse corporelle, la fraction de
raccourcissement, le volume d’éjection systo-
lique, le sexe masculin, la pression artérielle
systolique et la pression artérielle moyenne,
et non pas l’HSI, ont été identifiés comme
des facteurs indépendamment corrélés à la
masse ventriculaire gauche en analyse de
régression multiple.
Commentaire : Ces résultats démontrent
que la pression artérielle systolique est un
déterminant plus puissant que la pression
artérielle diastolique de l’atteinte du cœur
en tant qu’organe cible dans l’hyperten-
sion artérielle. Les patients ayant une HSI
ont une pression pulsée élevée et donc une
compliance artérielle altérée en raison
d’une augmentation de la rigidité artérielle.
Ces anomalies artérielles vont contribuer,
avec l’augmentation des résistances péri-
phériques, à l’augmentation de la masse
ventriculaire gauche. L’HSI ne devrait
donc pas être considérée comme moins
préoccupante que l’hypertension artérielle
systolo-diastolique.
– Papademetriou V et al. Similar effects of isola-
ted systolic and combined hypertension on left
ventricular geometry and function : the LIFE
study. Am J Hypertens 2001 :1 4 ; 768-74.
G.A.
Évaluation de l’entraîne-
ment physique aérobie sur
la compliance artérielle
Parmi les recommandations que l’on
donne en matière de modification du mode
vie aux patients ayant une hypertension arté-
rielle, figure l’entraînement physique. Il doit
avoir de préférence un caractère d’endurance
avec un travail en aérobiose, conditions
requises pour un effet bénéfique sur le
plan cardiovasculaire. Ce type d’entraîne-
ment physique semble contribuer au déve-
loppement d’une circulation collatérale,
notamment coronaire. Au niveau des artères
de gros calibre, l’impact de l’entraînement
physique en aérobiose sur la compliance des
artères de gros calibre, chez les patients
ayant une HTA systolique avec une pression
pulsée augmentée, n’était pas connu. Des
Australiens ont étudié chez 20 sujets (10
hommes et 10 femmes) porteurs d’une HTA
systolique isolée stade I (PAS de 140 à
159 mmHg et PAD < 90 mmHg), appariés
pour le sexe et l’âge à 20 sujets contrôles,
l’effet d’un entraînement physique d’une
intensité modérée à bicyclette. Les patients
ont été randomisés dans une étude croisée
afin de comparer 8 semaines d’entraînement
physique à 8 semaines de sédentarité. Les
propriétés mécaniques artérielles ont été
mesurées de manière non invasive. Les
résultats font apparaître que la rigidité des
artères de gros calibre chez les patients
ayant une HTA systolique isolée n’est pas
modifiée par un exercice physique aérobie
effectué sur cette période de 8 semaines.
Commentaire : L’absence de bénéfice de
l’exercice physique sur les grosses artères
indique que ce moyen ne présente pas selon
ces modalités d’intérêt thérapeutique. Une
étude négative pose toujours plus de ques-
tions qu’une étude positive n’apporte de
réponses. Les méthodes de mesures sont-
elles adaptées ? Les moyens thérapeutiques
sont-ils appropriés ?
– Ferrier KE et al. Aerobic exercise training
does not modify large-artery compliance in
isolated systolic hypertension. Hypertension
2001 ; 38 : 222.
G.A.
Pression artérielle et mar-
queurs de l’inflammation chez
des sujets en bonne santé
Le développement de l’athérosclérose
est favorisé par les facteurs de risque cardio-
vasculaire tels que le tabagisme, l’hypercho-
lestérolémie, le diabète, l’hypertension arté-
rielle (HTA). Il est par ailleurs admis que
l’inflammation joue un rôle important dans
le développement de l’athérosclérose. Dès
lors, existe-t-il un lien entre les facteurs de
risque cardiovasculaire classiques et l’in-
flammation ? Autrement dit, ces facteurs de
risque sont-il à l’origine du déclenchement
du processus inflammatoire conduisant au
développement de l’athérosclérose ?
Cette hypothèse a été examinée pour l’HTA
par une équipe de Boston dans une étude
regroupant 508 sujets de sexe masculin en
bonne santé apparente et qui avait pour
objectif de rechercher l’association entre le
niveau de la pression artérielle et les concen-
trations plasmatiques de deux marqueurs de
l’inflammation, la molécule d’adhésion
intercellulaire-1 (sICAM-1) et l’interleu-
kine 6 (IL-6). Dans leur analyse, les auteurs
ont indiqué qu’une élévation des pressions
artérielles systolique (PAS), pulsée (PP) et
moyenne (PAM) était significativement
associée aux concentrations plasmatiques
élevées de sICAM-1. De même, l’élévation
de la PAS, de la PP, de la PAM, ainsi que
celle de la pression artérielle diastolique
(PAD) étaient significativement associées à
des taux élevés d’IL-6.
Commentaire : Une pression artérielle éle-
vée pourrait donc constituer un stimulus
pour le déclenchement du processus inflam-
matoire, chez des hommes en bonne santé
apparente, avec comme conséquence, le
développement de l’athérosclérose. Ce tra-
vail ouvre des perspectives de recherche par-
ticulièrement intéressantes qui devront éga-
lement être orientées vers les autres facteurs
de risque cardiovasculaire.
– Chae CU et al. Blood pressure and inflam-
mation in apparently healthy men. Hyperten-
sion 2001 ; 38 : 399.
G.A
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Dépistage de l’hypertension
artérielle en médecine du tra-
vail : l’expérience française
La mesure de la pression artérielle
par le médecin du travail est une circons-
tance habituelle de découverte de l’hyper-
tension artérielle. Si la mesure tensionnelle
est réalisée par des médecins utilisant une
méthode standardisée, un appareil électro-
nique validé (OMRON 705CP), et qu’une
deuxième mesure est effectuée après un
mois de surveillance chez les sujets dont la
première mesure était élevée, il est possible
de connaître la prévalence de l’hypertension
artérielle et de son traitement dans une
population de sujets jeunes (60 % des sujets
sont âgés de 30 à 50 ans), qui ont un travail
et qui se rendent à la médecine du travail.
C’est tout l’intérêt de la grande étude réali-
sée par un groupe de travail de la Société
française d’hypertension artérielle au cours
de l’année 1998 (étude IHPAF).
Les principaux résultats sont qu’une seule
mesure de la pression artérielle conduit à
augmenter faussement la prévalence de
l’hypertension artérielle et à diminuer injus-
tement la qualité du contrôle de l’hyperten-
sion artérielle dans une population. Au
terme de la deuxième visite, il est obser
dans cette population de sujets jeunes une
prévalence de l’hypertension artérielle
(> 140/90 mmHg) de 16,2 % chez les
hommes et de 9,4 % chez les femmes. Ces
chiffres varient avec l’âge de la population,
car la prévalence est chez les hommes de
4,9 % avant 30 ans et de 36,8 % après 50 ans,
alors que chez la femme, on note pour les
mêmes âges 1,4 % et 28,6 %. La prescrip-
tion d’un traitement antihypertenseur est
très fréquente chez les sujets qui se connais-
sent comme hypertendus, car on note une
prescription chez 74,3 % des hommes et de
87 % des femmes. Chez ces hypertendus
traités, le nombre de sujets dont la
PAS/PAD est inférieure à 140/90 mmHg est
de 34 % chez les hommes et de 52,2 % chez
les femmes, mais ces résultats sont d’autant
meilleurs que le sujet est jeune (47 % chez
les hommes avant 30 ans et 28 % après
50 ans). Enfin, la connaissance par le patient
de la présence d’une hypertension artérielle
(PAS/PAD > 140/90 mmHg à la deuxième
visite) est de 49,4 % chez les hommes et de
73,1 % chez les femmes et cette connais-
sance est à mettre en relation avec l’âge du
sujet. En effet, si seulement 27 % des
hommes âgés de moins de 30 ans connaissent
leur hypertension, 60 % des hommes de plus
de 50 ans sont au courant de leur hypertension
artérielle.
Commentaire : Cette étude indique que le
système de soin français dépiste insuffi-
samment l’hypertension artérielle des sujets
jeunes mais n’hésite pas à traiter cette
hypertension artérielle lorsqu’elle est dépis-
tée. Ce sont les sujets les plus âgés qui sont
le plus souvent pris en charge mais para-
doxalement, ce sont ces sujets qui attei-
gnent le plus difficilement l’objectif d’une
PAS/PAD < 140/90 mmHg. Si les détails ne
sont pas donnés dans cette publication, c’est
très probablement la difficulté à traiter la
PAS qui est la cause de cet échec relatif.
L’objectif du contrôle de la PAS doit deve-
nir l’enjeu majeur dans la lutte contre
l’hypertension artérielle.
– Lang T et al. Prevalence and therapeutic
control of hypertension in 30 000 subjects in the
workplace. Hypertension 2001 ; 38 : 449-54.
X.G.
Nouveau score pour estimer
le risque cardiovasculaire chez
l’hypertendu fondé sur les
résultats des essais
thérapeutiques
Si le concept de la prise en compte
du risque cardiovasculaire d’un sujet pour
fonder sa décision thérapeutique est
aujourd’hui passé dans toutes les recom-
mandations de bonne pratique clinique,
force est de constater que l’outil donné par
l’équation de risque de Framingham reste
très inadapté, car il est d’une très grande
imprécision. Proposer une quantification
plus précise du risque pour les sujets
hypertendus vivant en Europe et traités
selon les normes récentes serait d’une très
grande utilité. La recherche élaborée par
le groupe INDANA va dans le bon sens
avec la publication d’un nouveau calcul
du risque s’appuyant sur les données de
morbi-mortalité cardiovasculaires obser-
vées chez les 47 008 participants des
grands essais thérapeutiques entrepris
dans l’hypertension artérielle entre 1970
et 1995 (par comparaison, rappelons que
la formule de Framingham est fondée sur
une cohorte de 5 000 individus suivis
entre les années 1950 et 1970). Il apparaît
que le risque de voir survenir dans les 5
années une maladie cardiovasculaire peut
être estimé précisément en tenant compte
des onze facteurs suivants : âge, tabagisme
de cigarette, PAS, cholestérol total, pré-
sence d’un diabète, présence d’une HVG,
valeur de la créatininémie, valeur de la
taille du sujet (plus il est petit, plus il est à
risque), antécédent d’infarctus du myocarde,
antécédent d’accident vasculaire cérébral,
prescription d’un médicament antihyper-
tenseur.
À partir de la valeur du score (de 0 à 70)
est déduite la probabilité de mortalité par
maladie cardiovasculaire dans les 5 ans
(de 0 à 37 %). Chez un homme hyperten-
du de 50 ans, la valeur du score médian est
de 38 avec un risque de mortalité par
maladie cardiovasculaire à 5 ans de 2 %.
Le calcul de ce score et du risque est dis-
ponible sur le site www.riskscore.org.uk,
qui permet de connaître la valeur de ce
risque par comparaison à un individu de
même âge et de même sexe.
Commentaire : Ce score de risque est le
premier à prendre en compte les effets du
traitement antihypertenseur. Les utilisa-
teurs de cette information constateront le
rôle modeste du traitement antihyperten-
seur sur la prévention du risque, car 2
points sont retirés au score total alors que
par comparaison 6 points sont ajoutés
lorsque la taille est inférieure à 1m 60. Si
c’est à l’usage que ce score de risque
gagnera ses lettres de noblesse, il est cer-
tain que l’amélioration de la précision de
l’évaluation du risque cardiovasculaire est
une étape qui devra précéder l’appropria-
tion par les médecins et leurs patients de
ce nouvel outil de la décision thérapeu-
tique.
– Pocock SJ et al. A score for predicting risk of
death from cardiovascular disease in adults
with raised blood pressure, based on indivi-
dual patient data from randomised controlled
trials. BMJ 2001 ; 323 : 75-81.
X.G.
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