A Valeur pronostique du doppler dans l’insuffisance cardiaque

ABSTRACTS
22
L’évaluation pronostique des insuffisants cardiaques repose
sur des critères cliniques et biologiques, et sur l’estimation
de la fraction d’éjection. Depuis plusieurs années, la place de la
VO2est devenue capitale, avec un rôle prépondérant, notamment,
dans le bilan prétransplantation.
But. Déterminer la valeur additionnelle du flux mitral par rap-
port à l’épreuve d’effort avec mesure des échanges gazeux chez
les insuffisants cardiaques avec dysfonction systolique (< 40 %).
Méthode et patients. Les auteurs ont étudié 331 insuffisants car-
diaques consécutifs adressés pour évaluation avant transplanta-
tion cardiaque. Les caractéristiques des patients sont indiquées
dans le tableau. La majorité des patients avaient une cardio-
myopathie dilatée (n = 223). Les patients qui avaient une fuite
mitrale importante ont été exclus de l’analyse.
Résultats. Le suivi moyen a été de 513 ± 314 jours ; 21 % des
patients sont décédés pendant cette période. Par une analyse mul-
tivariée, les facteurs prédictifs indépendants de mortalité car-
diaque ont été les suivants : profil mitral restrictif, un pic de
VO214 ml/kg/mn, un DTDVG > 65 mm. Le profil mitral
restrictif a été un facteur prédictif, quelle que soit la valeur du
pic de VO2.
Conclusion. Cette étude retrouve les paramètres pronostiques
“classiques” : classe NYHA, dilatation ventriculaire gauche, frac-
tion d’éjection... (tableau).
Il est dommage que les auteurs n’aient pas rapporté le pic de VO2
aux valeurs théoriques données, par exemple, par les abaques de
Weissermann. En effet, pour une même valeur de pic de VO2,
l’interprétation est très différente selon qu’il s’agit d’un homme
de 35 ans pesant 90 kg pour 185 cm ou d’un sujet de 65 ans pesant
70 kg pour 170 cm.
Même si la valeur de la VO2reste indiscutée, le doppler mitral
antérograde apporte une information pronostique importante.
D’autres études ont montré que la persistance d’un profil restrictif
avec un traitement pharmacologique adéquat était de mauvais
pronostic. L’avantage de ce paramètre est qu’il est simple et acces-
sible à tous les échocardiographistes.
Les auteurs ont développé un modèle comprenant les trois fac-
teurs de risque trouvés par l’analyse multivariée, mais ce modèle
ne peut être extrapolé à l’ensemble des insuffisants cardiaques.
Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris
La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002
Valeur pronostique du doppler dans l’insuffisance cardiaque
Prognostic value of doppler echocardiographic mitral inflow
patterns : implications for risk stratification in patients with
chronic congestive heart failure.
Hansen A, Haas M, Zugck C, Kruegger C, Unnebrink K,
Zimmermann R, Kuebler W, Kuecherer H
J Am Coll Cardiol
2001 ; 37 : 1049-55.
Tableau. Principales caractéristiques des patients à l’état basal chez
les survivants et les décédés.
Survivants Décédés p
(n = 246) (n = 65)
Âge (ans) 54 ± 10 56 ± 10 0,0317
Classe NYHA 2,4 ± 0,7 2,3 ± 0,7 0,0093
Pic de VO2(ml/kg/mn) 15,4 ± 5,7 12,0 ± 3,7 < 0,0001
Pression artérielle
moyenne (mmHg) 24 ± 10 29 ± 10 0,0011
Fraction d’éjection (%) 24 ± 10 17 ± 8 < 0,0001
Échocardiographie
DTDVG (mm) 66 ± 10 74 ± 10 < 0,0001
FE (%) 25 ± 13 19 ± 10 0,0061
Rapport E/A 1,7 ± 1,5 2,7 ± 2,1 < 0,0001
DT-E (ms) 180 ± 66 137 ± 65 < 0,0001
Profil restrictif (%) 43 75 < 0,0001
FE : fraction d’éjection du ventricule gauche ; DT-E : temps de décélération de l’onde E ;
E/A : rapport des ondes E et A mitrales ; le profil restrictif a été défini par un rapport
E/A > 2 ou entre 1 et 2, mais avec un DT-E 140 ms.
L’utilisation des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque
(IC) est recommandée depuis la publication des études de
mortalité. Les bêtabloquants qui ont vu leur efficacité démontrée
(carvédilol, métoprolol et bisoprolol) restent néanmoins sous-uti-
lisés. Les raisons sont multiples : crainte d’une aggravation des
patients, règles de prescription strictes, nécessité d’un traitement
adéquat avant l’instauration d’un traitement bêtabloquant...
But. Étudier le sous-groupe des insuffisants cardiaques sévères
de l’étude MERIT-HF, qui étaient en classe III-IV de la NYHA
avec une fraction d’éjection < 25 %.
Méthode et patients. L’étude MERIT-HF avait été arrêtée en rai-
son d’un bénéfice net avec le métoprolol sur la morbi-mortalité.
Sur les 3 991 patients de l’étude MERIT-HF, 795 patients cor-
respondaient aux critères d’insuffisance cardiaque sévère.
Résultats. Le métoprolol a diminué la mortalité toutes causes
confondues de 39 %, les morts subites de 45 % et la mortalité par
IC de 55 %. La mortalité et les hospitalisations toutes causes
confondues ont été diminuées de 29 % (figure). La mortalité et
les hospitalisations en rapport avec l’IC ont été diminuées de
44 %. L’amélioration de la classe NYHA a été significativement
plus importante dans le groupe métoprolol (p = 0,0031). Les
aggravations d’IC ont été moins fréquentes dans le groupe méto-
prolol par rapport au groupe placebo (p = 0,012).
Utilisation du métoprolol dans l’insuffisance cardiaque sévère
La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002
23
Conclusion. Les résultats positifs de l’étude MERIT-HF ont été
également retrouvés dans le sous-groupe des IC sévères, dans des
proportions similaires. Lorsque l’on compare les résultats de cette
étude avec ceux de l’étude COPERNICUS ou avec des patients
similaires de CIBIS II, un semblable bénéfice est observé.
Cette analyse de sous-groupe est un élément supplémentaire en
faveur, à la fois, du bénéfice et de la bonne tolérance de l’utilisa-
tion des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque, même sévère.
Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris
ABSTRACTS
Metoprolol controlled release/extended release in patients
with severe heart failure.
Goldtein S, Fagerberg B, Hjalmarson H, Kjekshus J,Waagstein
F, W edel H, Wikstrand J
J Am Coll Cardiol 2001 ; 38 : 932-8.
Figure. Mortalité ou hospitalisation toutes causes confondues.
L’un des principaux problèmes auxquels est confronté le
cardiologue est celui de la réhospitalisation des insuffisants
cardiaques. Dans l’insuffisance cardiaque (IC) légère à modérée,
les hospitalisations sont peu nombreuses, mais dès que l’état du
patient s’aggrave, elles augmentent en fréquence et en durée. Pour
les patients en classe IV de la NYHA, il est courant d’observer
plusieurs hospitalisations dans l’année. Les coûts liés à l’IC repré-
sentent environ 1 % des dépenses de santé et le premier secteur
de dépenses réside dans l’IC sévère.
Plusieurs études ont montré qu’une approche globale, concertée
des acteurs médicaux, et notamment l’aide des infirmières, per-
mettait de réduire la fréquence des hospitalisations, leur durée et
les coûts des soins.
Méthode. Les auteurs ont inclus les patients admis aux urgences
pour insuffisance cardiaque par dysfonction systolique. Les
patients ont donné leur accord pour participer à cette étude, qui
avait une durée de suivi de 12 mois. Ils ont été randomisés entre
un groupe suivi habituel et un groupe avec un suivi infirmier. Ce
suivi comprenait essentiellement des visites à domicile, des
contacts téléphoniques et il avait pour but d’éduquer les patients
(traitement, diététique, exercice physique régulier à pratiquer,
autosurveillance) ainsi que de fournir un support psychologique.
L’objectif principal de l’étude a été de diminuer les décès toutes
causes confondues et les hospitalisations pour IC.
Résultats. Cent soixante-cinq patients ont été randomisés. Leurs
principales caractéristiques sont présentées dans le tableau. La
durée des hospitalisations a été moins longue dans le groupe suivi
infirmier (médiane à 8,0 versus 9,0 jours). La mortalité a été simi-
laire dans les deux groupes. L’objectif principal a été statistique-
ment réduit de 39 % dans le groupe suivi infirmier (ratio de 0,61,
avec un intervalle de confiance à 95 % de 0,38-0,96).
Conclusion. Cette étude démontre que le seul suivi infirmier
rigoureux permet de diminuer de manière significative les hos-
pitalisations. Depuis les premiers travaux de M.W. Rich, on sait
qu’une approche qui repose sur l’ensemble des partenaires de
santé (kinésithérapeutes, assistantes sociales, infirmières, spé-
cialistes et non-spécialistes...) permet une amélioration impor-
tante de la morbidité. Cette étude met l’accent sur les infirmières.
Il est dommage qu’en France, le statut d’infirmier spécialisé en
insuffisance cardiaque n’existe pas. Mais celui-ci poserait des
problèmes juridiques et de relation entre professionnels de santé
qui sont loin d’être résolus, voire même abordés.
Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris
Place des infirmières spécialisées pour la rééducation de la morbidité dans
l’insuffisance cardiaque
Randomized controlled trial of specialist nurse intervention in
heart failure.
Blue L, Lang E, McMurray JJV, Davie AP, McDonagh TA,
Murdoch DR, Petrie MC, Connolly E, Norrie J, Round CE, Ford I,
Morrison CE
Br Med J 2001 ; 323 : 715-8.
Tableau. Principales caractéristiques des patients.
Suivi usuel Suivi infirmier spécialisé
(n = 81) (n = 84)
Âge moyen (années, é-t) 75,6 (7,9) 74,4 (8,6)
Hommes (%) 51 64
Classe NYHA II/III/IV (%) 20/42/38 23/34/43
Hospitalisations antérieures pour IC
44 32
é-t : écart-type
La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002
24
ABSTRACTS
Le pontage aorto-coronaire constitue le traitement de réfé-
rence des sténoses du tronc commun coronaire gauche. La
place de l’angioplastie coronaire reste à définir pour cette indi-
cation particulière.
De juillet 1993 à juillet 1998, 279 patients consécutifs ayant une
sténose du tronc commun coronaire gauche non protégé ont eu
une angioplastie coronaire in situ dans un des 25 centres partici-
pant au registre ULTIMA. Dans 46 % des cas, il s’agissait de
patients inopérables ou à haut risque chirurgical.
Trente-huit patients (13,7 %) sont décédés pendant leur hospita-
lisation. Le suivi des autres patients (mené à bien pour 97,1 %
d’entre eux) a été de 19 mois en moyenne.
À un an, l’incidence de la mortalité de toutes causes a été de
24,2 %, celle de la mortalité cardiaque, de 20,2 %, celle des
infarctus du myocarde, de 9,8 %, celle des pontages aorto-
coronaires, de 9,4 %.
Sont corrélés à la mortalité globale les facteurs suivants : frac-
tion d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) 30 %, insuffi-
sance mitrale de grade 3 ou 4, présentation initiale avec infarc-
tus du myocarde et état de choc, créatininémie 2 mg/dl,
lésion coronaire sévèrement calcifiée (tableau).
Pour 89 patients (32 %) considérés à faible risque (âge < 65 ans,
FEVG > 30 % et absence d’état de choc initial), la mortalité à un
an est de 3,4 % et le taux d’infarctus du myocarde est de 2,3 %.
Pour l’ensemble de 240 patients survivant à l’hospitalisation ini-
tiale, les taux de décès, d’infarctus du myocarde, de pontage aorto-
coronaire à un an ont été respectivement de 12,2 %, 8,7 % et
8,7 %. L’excès de mortalité est observé essentiellement pour les
sujets considérés initialement comme inopérables.
Commentaires. Les résultats de cette étude internationale doi-
vent être interprétés en fonction des patients inclus, en majorité
à risque élevé, car considérés comme inopérables ou à haut risque
chirurgical dans près de la moitié des cas. Pour ce groupe hété-
rogène de patients, la mortalité hospitalière est de 14 % et la
mortalité à un an de 20 %.
Si l’attention se porte sur un sous-groupe à faible risque
(âge < 65 ans, FEVG > 30 % et absence de choc cardiogénique
initial), la mortalité à un an chute à 3,4 % et, à ce terme, 9 patients
sur 10 ont ainsi bénéficié d’une revascularisation myocardique
sans recours au pontage aorto-coronaire.
Force est de constater que les bons candidats au pontage
aorto-coronaire sont aussi les bons candidats à l’angioplastie
coronaire. Le pontage aorto-coronaire demeure le traitement
de référence, et l’angioplastie coronaire, une option alterna-
tive pour des circonstances sélectionnées.
Par ailleurs, les auteurs insistent sur le contrôle angiographique
systématique des angioplasties du tronc commun à 2 et 4 mois,
en raison d’un taux de décès de 2 % par mois lors des 6 premiers
mois de suivi, sans doute expliqué en partie par les resténoses.
C. Adams, service cardiologie, CH Argenteuil
Angioplastie coronaire sur tronc commun non protégé
Long-term clinical outcomes after unprotected left main trunk
percutaneous revascularization in 279 patients.
Tan WA, Tamai H, Park SJ et al., for the ULTIMA investigators
Circulation 2001 ; 104 : 1609-14.
Tableau. Variables corrélées à la mortalité globale hospitalière et à
long terme.
Complications Population (%) Hazard ratio p
FEVG 30 % 14,3 4,21 0,001
IM grade 3 ou 4 4,1 3,66 0,001
Choc cardiogénique 13,7 3,56 0,001
Créatinine 2 mg/dl 5,8 3,10 0,011
Lésion très calcifiée 8,9 2,32 0,022
FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche, IM : insuffisance mitrale.
L’épreuve d’effort avec mesure des échanges gazeux est
devenue un examen de routine pour l’évaluation du pro-
nostic des insuffisants cardiaques. Les patients qui ont des
échanges gazeux normaux, notamment un pic de VO2normal,
ont un bon pronostic. Certains peuvent néanmoins avoir des com-
plications cardiovasculaires, la VO2n’ayant pas permis une stra-
tification pronostique correcte.
But. Déterminer si chez des patients insuffisants cardiaques qui
ont une adaptation cardiovasculaire à l’effort conservée, une
réponse ventilatoire anormale à l’effort est un facteur de mauvais
pronostic.
Méthode et patients. Les patients inclus avaient une insuffisance
cardiaque (IC) depuis plus de six mois, stable depuis plus d’un
mois, avec un pic de VO2> 18 ml/kg/mn.
La pente de VE/VCO2a été calculée comme la droite de régres-
sion reliant VE et VCO2pendant l’exercice (VE : ventilation
minute ; VCO2:production de CO2). Une pente VE/VCO2anor-
male a été définie par une valeur au-dessus de deux écarts-types
de la moyenne chez des sujets normaux, soit 34,0.
Résultats. Les caractéristiques des patients sont indiquées dans
le tableau et correspondent à 123 patients inclus. La majorité des
patients avaient une IC modérée (89 % en classe II de la NYHA
Épreuve d’effort avec VO2: valeur pronostique du rapport VE/VCO2
La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002
25
et 11 % en classe III). Au pic de l’effort, tous les patients avaient
un VCO2/VO2> 1, ce qui reflète un niveau d’exercice adéquat.
Chez 33 % des patients, un niveau anormalement élevé de réponse
ventilatoire a été noté (VE/VCO2>34) avec un pic de VO2
moindre (p = 0,01) et une FE plus basse (p = 0,04) par rapport à
ceux ayant une réponse ventilatoire normale.
Au cours du suivi, qui a été en moyenne de 49 ± 22 mois, 28 %
des patients sont décédés. Aucune différence entre les vivants et
les décédés n’a été notée pour le traitement, l’âge, l’étiologie, la
classe NYHA et le pic de VO2. La différence entre ces deux
groupes a été la FE (24 ± 11 % versus 30 ± 11 %, p = 0,015) et
un rapport VE/VCO2plus élevé (36,9 ± 9,8 versus 29,3 ± 6,9,
p<0,0001). Par une analyse multivariée, seul le rapport
VE/VCO2est un facteur pronostique (RR = 2,8, IC95 :1,2-6,3).
Conclusion. L’anomalie de ventilation notée par l’augmentation
du rapport VE/VCO2est le reflet d’une augmentation de la ven-
tilation en raison d’un espace mort important ou d’une augmen-
tation de la ventilation d’origine centrale conduisant à une dimi-
nution de la PaCO2. L’augmentation du rapport VE/VCO2est
liée à une altération des chémorécepteurs et à celles du réflexe
de contrôle cardiaque et de la circulation.
Une augmentation de la réponse ventilatoire à l’effort est un fac-
teur de mauvais pronostic chez des insuffisants cardiaques ayant
un pic de VO2normal.
Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris
ABSTRACTS
Enhanced ventilatory response to exercise in patients with
chronic heart failure and preserved exercise tolerance.
Ponikowski P, Francis DP, Piepoli MF, Davies LC, Chua TP, Davos CH,
Florea V, Banasiak W, Poole-Wilson PA, Coats AJ, Anker SD
Circulation 2001 ; 103 : 967-72.
Tableau. Caractéristiques des patients.
Pente VE/VCO2Pente VE/VCO2p
normale élevée
(n = 83) (n = 40)
Âge (ans) 55 ± 10 57 ± 8 NS
FE (%) 33 ± 11 25 ± 11 0,04
Pic de VO2
(ml/kg/mn) 24,2 ± 3,8 21,8 ± 3,2 0,01
Pente VE/VCO226,5 ± 3,8 41,4 ± 6,4 < 0,0001
NS : non significatif.
L’insuffisance cardiaque (IC) à fonction systolique conser-
vée était classiquement considérée comme de meilleur pro-
nostic que celle à fonction systolique altérée. Plusieurs études ont
remis en question cette différence, mais la plupart d’entre elles
posaient des problèmes méthodologiques : définitions incertaines
de l’IC, données échographiques non disponibles pour une par-
tie des patients, etc.
But. Déterminer la mortalité et le taux de réhospitalisation des
patients insuffisants cardiaques selon la fraction d’éjection.
Méthode et patients. Les patients étudiés provenaient de cinq
hôpitaux (un hôpital universitaire et quatre hôpitaux généraux
proches). Le diagnostic positif d’IC était fondé sur les critères de
Framingham. L’échographie cardiaque a été réalisée chez 96 %
des patients avec une mesure de la fraction d’éjection (FE), le
plus souvent par deux méthodes (TM et Simpson). Les patients IC
ont été répartis en trois classes selon la FE : normale (> 50 %),
intermédiaire (40-50 %) et basse (< 40 %). Ceux qui avaient une
valvulopathie mitrale ou aortique ont été exclus. Le suivi moyen
a été de 2,4 ans et les informations ont été obtenues chez 100 %
des patients.
Résultats. Sur les 3 654 patients hospitalisés, 263 ont eu l’IC
comme diagnostic principal. De cette cohorte, 91 ont été exclus,
principalement en raison d’une étiologie valvulaire. Les caracté-
ristiques des patients sont présentées dans le tableau.Les patients
avaient une moyenne d’âge comparable entre les trois groupes
mais avec une tendance non significative à une population plus
âgée dans le groupe avec FE normale par rapport au groupe avec
FE basse (28 % versus 14 % de sujets de plus de 80 ans). Le ven-
tricule gauche est d’autant plus dilaté que la fonction systolique
est altérée. La survie des trois groupes de patients a été compa-
rable. Les réhospitalisations ont été également comparables entre
les trois groupes.
Pronostic de l’insuffisance cardiaque diastolique
Tableau. Caractéristiques des patients.
FE > 50 % 40 % < FE < 50 % FE < 40 %
n = 61 n = 38 n = 73
Âge (ans, é-t) 69 ± 16 69 ± 9 67 ± 14
Hommes (%) 49 61 71*
Étiologie ischémique 43 42 45
Fibrillation auriculaire 30 26 26
DTDVG (mm) 49 ± 9 54 ± 7 µ 63 ± 11µ §
DTSVG (mm) 32 ± 10 42 ± 7 µ 54 ± 11µ §
é-t : écart-type ; * p < 0,05 versus fonction systolique conservée ; µ : p < 0,01 versus fonc-
tion systolique conservée ; § : p < 0,01 versus FE intermédiaire
La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002
26
Conclusion. Le point faible de cette étude est son petit effectif.
Mais les caractéristiques des patients (âge, proportion d’hommes,
proportion d’IC à fonction systolique conservée...) sont compa-
rables aux données épidémiologiques sur les insuffisants car-
diaques. De plus, le recrutement assez large a permis d’en mini-
miser les biais et le suivi a été prolongé. Ces éléments sont en faveur
de résultats valides sur les insuffisants cardiaques. Cette étude, avec
d’autres, montre que, contrairement à ce qui était communément
admis, les IC à fonction systolique conservée ont une morbi-mor-
talité qui est comparable aux IC à fonction systolique altérée.
Cela doit nous amener à proposer un suivi plus rigoureux chez
les patients avec une IC à fonction systolique conservée. Les
études thérapeutiques sont malheureusement rares. ATLAS sera
la première étude disposant d’un effectif important, qui portera
sur l’effet d’un antagoniste de l’angiotensine II chez ces patients.
Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris
ABSTRACTS
Mortality and readmission of hospitalised patients with
congestive heart failure and preserved versus depressed sys-
tolic function.
Tsutsui H,Tsuchihashi M,Takeshita A
Am J Cardiol 2001 ; 88 :
530-3.
Après infarctus du myocarde, on observe une augmenta-
tion du collagène de la matrice extracellulaire. Les inhibi-
teurs de l’enzyme de conversion permettent de diminuer la syn-
thèse de collagène, notamment par l’action de l’angiotensine II.
Il a été montré expérimentalement que par les inhibiteurs de l’al-
dostérone, on obtenait une diminution de la fibrose myocardique,
mais peu de travaux ont été réalisés chez l’homme.
But. Déterminer si un inhibiteur de l’aldostérone permet une
diminution de la synthèse de collagène en post-infarctus du myo-
carde chez l’homme.
Méthode et patients. Les auteurs ont étudié 46 patients consé-
cutifs avec un infarctus du myocarde antérieur. Les patients ont
reçu un traitement optimal (aspirine, bêtabloquant, thromboly-
tique...). Ils ont été randomisés entre canrénoate et placebo. Le
canrénoate est un inhibiteur des récepteurs de l’aldostérone. Les
auteurs ont dosé le propeptide N-terminal de type III du procol-
lagène (PNP III), qui est un excellent reflet de la synthèse du col-
lagène.
Résultats. Les caractéristiques de base des patients sont présen-
tées dans le tableau I. Aucune différence significative n’a été
notée entre les deux groupes. Tous les patients ont été traités par
un inhibiteur de l’enzyme de conversion. Des taux plus bas de
PNP III sont observés pendant la durée de l’étude dans le groupe
inhibiteur de l’aldostérone de manière significative par rapport
au groupe placebo (tableau II). À 6 et 12 mois, les ventricules
sont moins dilatés dans le groupe inhibiteur de l’aldostérone.
Conclusion. La synthèse de collagène qui survient dans les suites
d’un infarctus du myocarde et le remodelage ventriculaire conco-
mitant sont diminués avec les IEC. Cette étude démontre qu’un
inhibiteur de l’aldostérone permet une réduction encore plus
importante de ces deux éléments. Ces résultats sont à mettre en
perspective avec ceux de l’étude RALES, qui avait montré la
réduction de la mortalité par spironolactone chez les insuffisants
cardiaques sévères avec dysfonction systolique.
Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris
Effet anticollagène et diminution du remodelage ventriculaire chez l’homme par
inhibition de l’aldostérone
Aldosterone inhibition limits collagen synthesis and progres-
sive left ventricular enlargement after anterior myocardial
infarction.
Modena MG, Aveta P, Menozzi A, Rossi R
Am Heart J 2001 ;
141 : 41-6.
Tableau I. Caractéristiques de base des patients (aucune différence
significative entre les deux groupes).
Inhibiteur de l’aldostérone Placebo
(n = 24) (n = 24)
Âge (ans) 59 ± 10 62 ± 13
Hommes 17 17
VTDVG (ml/m2)53,1 ± 10 53,7 ± 9
Fraction d’éjection (%) 47 ± 6
Traitement (%)
IEC 100 100
antiagrégant plaquettaire 91,6 95,4
bêtabloquant 41,6 50
nitrés 50 54,5
VTDVG : volume télédiastolique du ventricule gauche indexé à la surface corporelle,
IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion.
Tableau II. Taux sériques du propeptide N-terminal de type III du procollagène
(PNP III) pendant l’étude.
Sortie de l’hôpital 3 mois 6 mois 12 mois
Inhibiteur de l’aldostérone 0,93 ± 0,16 0,65 ± 0,14 0,60 ± 0,17 0,45 ± 0,15
Placebo 0,94 ± 0,20 0,74 ± 0,15 0,72 ± 0,20 0,64 ± 0,14
pNS< 0,05 < 0,05 < 0,01
NS : non significatif.
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