A B S T R A C T S Valeur pronostique du doppler dans l’insuffisance cardiaque L’évaluation pronostique des insuffisants cardiaques repose sur des critères cliniques et biologiques, et sur l’estimation de la fraction d’éjection. Depuis plusieurs années, la place de la VO2 est devenue capitale, avec un rôle prépondérant, notamment, dans le bilan prétransplantation. But. Déterminer la valeur additionnelle du flux mitral par rapport à l’épreuve d’effort avec mesure des échanges gazeux chez les insuffisants cardiaques avec dysfonction systolique (< 40 %). Méthode et patients. Les auteurs ont étudié 331 insuffisants cardiaques consécutifs adressés pour évaluation avant transplantation cardiaque. Les caractéristiques des patients sont indiquées dans le tableau. La majorité des patients avaient une cardiomyopathie dilatée (n = 223). Les patients qui avaient une fuite mitrale importante ont été exclus de l’analyse. Tableau. Principales caractéristiques des patients à l’état basal chez les survivants et les décédés. Âge (ans) Classe NYHA Pic de VO2 (ml/kg/mn) Pression artérielle moyenne (mmHg) Fraction d’éjection (%) Échocardiographie DTDVG (mm) FE (%) Rapport E/A DT-E (ms) Profil restrictif (%) Survivants (n = 246) Décédés (n = 65) p 54 ± 10 2,4 ± 0,7 15,4 ± 5,7 56 ± 10 2,3 ± 0,7 12,0 ± 3,7 0,0317 0,0093 < 0,0001 24 ± 10 24 ± 10 29 ± 10 17 ± 8 0,0011 < 0,0001 66 ± 10 25 ± 13 1,7 ± 1,5 180 ± 66 43 74 ± 10 19 ± 10 2,7 ± 2,1 137 ± 65 75 < 0,0001 0,0061 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 FE : fraction d’éjection du ventricule gauche ; DT-E : temps de décélération de l’onde E ; E/A : rapport des ondes E et A mitrales ; le profil restrictif a été défini par un rapport E/A > 2 ou entre 1 et 2, mais avec un DT-E 140 ms. Résultats. Le suivi moyen a été de 513 ± 314 jours ; 21 % des patients sont décédés pendant cette période. Par une analyse multivariée, les facteurs prédictifs indépendants de mortalité cardiaque ont été les suivants : profil mitral restrictif, un pic de VO2 14 ml/kg/mn, un DTDVG > 65 mm. Le profil mitral restrictif a été un facteur prédictif, quelle que soit la valeur du pic de VO2. Conclusion. Cette étude retrouve les paramètres pronostiques “classiques” : classe NYHA, dilatation ventriculaire gauche, fraction d’éjection... (tableau). Il est dommage que les auteurs n’aient pas rapporté le pic de VO2 aux valeurs théoriques données, par exemple, par les abaques de Weissermann. En effet, pour une même valeur de pic de VO2, l’interprétation est très différente selon qu’il s’agit d’un homme de 35 ans pesant 90 kg pour 185 cm ou d’un sujet de 65 ans pesant 70 kg pour 170 cm. Même si la valeur de la VO2 reste indiscutée, le doppler mitral antérograde apporte une information pronostique importante. D’autres études ont montré que la persistance d’un profil restrictif avec un traitement pharmacologique adéquat était de mauvais pronostic. L’avantage de ce paramètre est qu’il est simple et accessible à tous les échocardiographistes. Les auteurs ont développé un modèle comprenant les trois facteurs de risque trouvés par l’analyse multivariée, mais ce modèle ne peut être extrapolé à l’ensemble des insuffisants cardiaques. Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris Prognostic value of doppler echocardiographic mitral inflow patterns : implications for risk stratification in patients with chronic congestive heart failure. Hansen A, Haas M, Zugck C, Kruegger C, Unnebrink K, Zimmermann R, Kuebler W, Kuecherer H ● J Am Coll Cardiol 2001 ; 37 : 1049-55. Utilisation du métoprolol dans l’insuffisance cardiaque sévère L’utilisation des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque (IC) est recommandée depuis la publication des études de mortalité. Les bêtabloquants qui ont vu leur efficacité démontrée (carvédilol, métoprolol et bisoprolol) restent néanmoins sous-utilisés. Les raisons sont multiples : crainte d’une aggravation des patients, règles de prescription strictes, nécessité d’un traitement adéquat avant l’instauration d’un traitement bêtabloquant... But. Étudier le sous-groupe des insuffisants cardiaques sévères de l’étude MERIT-HF, qui étaient en classe III-IV de la NYHA avec une fraction d’éjection < 25 %. Méthode et patients. L’étude MERIT-HF avait été arrêtée en raison d’un bénéfice net avec le métoprolol sur la morbi-mortalité. 22 Sur les 3 991 patients de l’étude MERIT-HF, 795 patients correspondaient aux critères d’insuffisance cardiaque sévère. Résultats. Le métoprolol a diminué la mortalité toutes causes confondues de 39 %, les morts subites de 45 % et la mortalité par IC de 55 %. La mortalité et les hospitalisations toutes causes confondues ont été diminuées de 29 % (figure). La mortalité et les hospitalisations en rapport avec l’IC ont été diminuées de 44 %. L’amélioration de la classe NYHA a été significativement plus importante dans le groupe métoprolol (p = 0,0031). Les aggravations d’IC ont été moins fréquentes dans le groupe métoprolol par rapport au groupe placebo (p = 0,012). La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002 A B S T R A C T S Conclusion. Les résultats positifs de l’étude MERIT-HF ont été également retrouvés dans le sous-groupe des IC sévères, dans des proportions similaires. Lorsque l’on compare les résultats de cette étude avec ceux de l’étude COPERNICUS ou avec des patients similaires de CIBIS II, un semblable bénéfice est observé. Cette analyse de sous-groupe est un élément supplémentaire en faveur, à la fois, du bénéfice et de la bonne tolérance de l’utilisation des bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque, même sévère. Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris Metoprolol controlled release/extended release in patients with severe heart failure. Goldtein S, Fagerberg B, Hjalmarson H, Kjekshus J, Waagstein F, Wedel H, Wikstrand J ● J Am Coll Cardiol 2001 ; 38 : 932-8. Figure. Mortalité ou hospitalisation toutes causes confondues. Place des infirmières spécialisées pour la rééducation de la morbidité dans l’insuffisance cardiaque L’un des principaux problèmes auxquels est confronté le cardiologue est celui de la réhospitalisation des insuffisants cardiaques. Dans l’insuffisance cardiaque (IC) légère à modérée, les hospitalisations sont peu nombreuses, mais dès que l’état du patient s’aggrave, elles augmentent en fréquence et en durée. Pour les patients en classe IV de la NYHA, il est courant d’observer plusieurs hospitalisations dans l’année. Les coûts liés à l’IC représentent environ 1 % des dépenses de santé et le premier secteur de dépenses réside dans l’IC sévère. Plusieurs études ont montré qu’une approche globale, concertée des acteurs médicaux, et notamment l’aide des infirmières, permettait de réduire la fréquence des hospitalisations, leur durée et les coûts des soins. Méthode. Les auteurs ont inclus les patients admis aux urgences pour insuffisance cardiaque par dysfonction systolique. Les patients ont donné leur accord pour participer à cette étude, qui avait une durée de suivi de 12 mois. Ils ont été randomisés entre un groupe suivi habituel et un groupe avec un suivi infirmier. Ce suivi comprenait essentiellement des visites à domicile, des contacts téléphoniques et il avait pour but d’éduquer les patients (traitement, diététique, exercice physique régulier à pratiquer, autosurveillance) ainsi que de fournir un support psychologique. L’objectif principal de l’étude a été de diminuer les décès toutes causes confondues et les hospitalisations pour IC. Résultats. Cent soixante-cinq patients ont été randomisés. Leurs principales caractéristiques sont présentées dans le tableau. La durée des hospitalisations a été moins longue dans le groupe suivi infirmier (médiane à 8,0 versus 9,0 jours). La mortalité a été similaire dans les deux groupes. L’objectif principal a été statistiquement réduit de 39 % dans le groupe suivi infirmier (ratio de 0,61, avec un intervalle de confiance à 95 % de 0,38-0,96). La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002 Tableau. Principales caractéristiques des patients. Suivi usuel Suivi infirmier spécialisé (n = 81) (n = 84) Âge moyen (années, é-t) Hommes (%) Classe NYHA II/III/IV (%) Hospitalisations antérieures pour IC 75,6 (7,9) 74,4 (8,6) 51 64 20/42/38 23/34/43 44 32 é-t : écart-type Conclusion. Cette étude démontre que le seul suivi infirmier rigoureux permet de diminuer de manière significative les hospitalisations. Depuis les premiers travaux de M.W. Rich, on sait qu’une approche qui repose sur l’ensemble des partenaires de santé (kinésithérapeutes, assistantes sociales, infirmières, spécialistes et non-spécialistes...) permet une amélioration importante de la morbidité. Cette étude met l’accent sur les infirmières. Il est dommage qu’en France, le statut d’infirmier spécialisé en insuffisance cardiaque n’existe pas. Mais celui-ci poserait des problèmes juridiques et de relation entre professionnels de santé qui sont loin d’être résolus, voire même abordés. Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris Randomized controlled trial of specialist nurse intervention in heart failure. Blue L, Lang E, McMurray JJV, Davie AP, McDonagh TA, Murdoch DR, Petrie MC, Connolly E, Norrie J, Round CE, Ford I, Morrison CE ● Br Med J 2001 ; 323 : 715-8. 23 A B S T R A C T S Angioplastie coronaire sur tronc commun non protégé Le pontage aorto-coronaire constitue le traitement de référence des sténoses du tronc commun coronaire gauche. La place de l’angioplastie coronaire reste à définir pour cette indication particulière. De juillet 1993 à juillet 1998, 279 patients consécutifs ayant une sténose du tronc commun coronaire gauche non protégé ont eu une angioplastie coronaire in situ dans un des 25 centres participant au registre ULTIMA. Dans 46 % des cas, il s’agissait de patients inopérables ou à haut risque chirurgical. Trente-huit patients (13,7 %) sont décédés pendant leur hospitalisation. Le suivi des autres patients (mené à bien pour 97,1 % d’entre eux) a été de 19 mois en moyenne. À un an, l’incidence de la mortalité de toutes causes a été de 24,2 %, celle de la mortalité cardiaque, de 20,2 %, celle des infarctus du myocarde, de 9,8 %, celle des pontages aortocoronaires, de 9,4 %. Sont corrélés à la mortalité globale les facteurs suivants : fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) 30 %, insuffisance mitrale de grade 3 ou 4, présentation initiale avec infarctus du myocarde et état de choc, créatininémie 2 mg/dl, lésion coronaire sévèrement calcifiée (tableau). Pour 89 patients (32 %) considérés à faible risque (âge < 65 ans, FEVG > 30 % et absence d’état de choc initial), la mortalité à un an est de 3,4 % et le taux d’infarctus du myocarde est de 2,3 %. Tableau. Variables corrélées à la mortalité globale hospitalière et à long terme. Complications FEVG 30 % IM grade 3 ou 4 Choc cardiogénique Créatinine 2 mg/dl Lésion très calcifiée Population (%) Hazard ratio p 14,3 4,1 13,7 5,8 8,9 4,21 3,66 3,56 3,10 2,32 0,001 0,001 0,001 0,011 0,022 Pour l’ensemble de 240 patients survivant à l’hospitalisation initiale, les taux de décès, d’infarctus du myocarde, de pontage aortocoronaire à un an ont été respectivement de 12,2 %, 8,7 % et 8,7 %. L’excès de mortalité est observé essentiellement pour les sujets considérés initialement comme inopérables. Commentaires. Les résultats de cette étude internationale doivent être interprétés en fonction des patients inclus, en majorité à risque élevé, car considérés comme inopérables ou à haut risque chirurgical dans près de la moitié des cas. Pour ce groupe hétérogène de patients, la mortalité hospitalière est de 14 % et la mortalité à un an de 20 %. Si l’attention se porte sur un sous-groupe à faible risque (âge < 65 ans, FEVG > 30 % et absence de choc cardiogénique initial), la mortalité à un an chute à 3,4 % et, à ce terme, 9 patients sur 10 ont ainsi bénéficié d’une revascularisation myocardique sans recours au pontage aorto-coronaire. Force est de constater que les bons candidats au pontage aorto-coronaire sont aussi les bons candidats à l’angioplastie coronaire. Le pontage aorto-coronaire demeure le traitement de référence, et l’angioplastie coronaire, une option alternative pour des circonstances sélectionnées. Par ailleurs, les auteurs insistent sur le contrôle angiographique systématique des angioplasties du tronc commun à 2 et 4 mois, en raison d’un taux de décès de 2 % par mois lors des 6 premiers mois de suivi, sans doute expliqué en partie par les resténoses. C. Adams, service cardiologie, CH Argenteuil Long-term clinical outcomes after unprotected left main trunk percutaneous revascularization in 279 patients. Tan WA,Tamai H, Park SJ et al., for the ULTIMA investigators ● Circulation 2001 ; 104 : 1609-14. FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche, IM : insuffisance mitrale. Épreuve d’effort avec VO2 : valeur pronostique du rapport VE/VCO2 L’épreuve d’effort avec mesure des échanges gazeux est devenue un examen de routine pour l’évaluation du pronostic des insuffisants cardiaques. Les patients qui ont des échanges gazeux normaux, notamment un pic de VO2 normal, ont un bon pronostic. Certains peuvent néanmoins avoir des complications cardiovasculaires, la VO2 n’ayant pas permis une stratification pronostique correcte. But. Déterminer si chez des patients insuffisants cardiaques qui ont une adaptation cardiovasculaire à l’effort conservée, une réponse ventilatoire anormale à l’effort est un facteur de mauvais pronostic. 24 Méthode et patients. Les patients inclus avaient une insuffisance cardiaque (IC) depuis plus de six mois, stable depuis plus d’un mois, avec un pic de VO2 > 18 ml/kg/mn. La pente de VE/VCO2 a été calculée comme la droite de régression reliant VE et VCO2 pendant l’exercice (VE : ventilation minute ; VCO2 : production de CO2). Une pente VE/VCO2 anormale a été définie par une valeur au-dessus de deux écarts-types de la moyenne chez des sujets normaux, soit 34,0. Résultats. Les caractéristiques des patients sont indiquées dans le tableau et correspondent à 123 patients inclus. La majorité des patients avaient une IC modérée (89 % en classe II de la NYHA La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002 A et 11 % en classe III). Au pic de l’effort, tous les patients avaient un VCO2/VO2 > 1, ce qui reflète un niveau d’exercice adéquat. Chez 33 % des patients, un niveau anormalement élevé de réponse ventilatoire a été noté (VE/VCO2 > 34) avec un pic de VO2 moindre (p = 0,01) et une FE plus basse (p = 0,04) par rapport à ceux ayant une réponse ventilatoire normale. Tableau. Caractéristiques des patients. Pente VE/VCO2 Pente VE/VCO2 normale élevée (n = 83) (n = 40) Âge (ans) FE (%) Pic de VO2 (ml/kg/mn) Pente VE/VCO2 p 55 ± 10 33 ± 11 57 ± 8 25 ± 11 NS 0,04 24,2 ± 3,8 26,5 ± 3,8 21,8 ± 3,2 41,4 ± 6,4 0,01 < 0,0001 B S T R A C T S un rapport VE/VCO2 plus élevé (36,9 ± 9,8 versus 29,3 ± 6,9, p < 0,0001). Par une analyse multivariée, seul le rapport VE/VCO2 est un facteur pronostique (RR = 2,8, IC95 : 1,2-6,3). Conclusion. L’anomalie de ventilation notée par l’augmentation du rapport VE/VCO2 est le reflet d’une augmentation de la ventilation en raison d’un espace mort important ou d’une augmentation de la ventilation d’origine centrale conduisant à une diminution de la PaCO2. L’augmentation du rapport VE/VCO2 est liée à une altération des chémorécepteurs et à celles du réflexe de contrôle cardiaque et de la circulation. Une augmentation de la réponse ventilatoire à l’effort est un facteur de mauvais pronostic chez des insuffisants cardiaques ayant un pic de VO2 normal. Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris NS : non significatif. Au cours du suivi, qui a été en moyenne de 49 ± 22 mois, 28 % des patients sont décédés. Aucune différence entre les vivants et les décédés n’a été notée pour le traitement, l’âge, l’étiologie, la classe NYHA et le pic de VO2. La différence entre ces deux groupes a été la FE (24 ± 11 % versus 30 ± 11 %, p = 0,015) et Enhanced ventilatory response to exercise in patients with chronic heart failure and preserved exercise tolerance. Ponikowski P, Francis DP, Piepoli MF, Davies LC, Chua TP, Davos CH, Florea V, Banasiak W, Poole-Wilson PA, Coats AJ, Anker SD ● Circulation 2001 ; 103 : 967-72. Pronostic de l’insuffisance cardiaque diastolique L’insuffisance cardiaque (IC) à fonction systolique conservée était classiquement considérée comme de meilleur pronostic que celle à fonction systolique altérée. Plusieurs études ont remis en question cette différence, mais la plupart d’entre elles posaient des problèmes méthodologiques : définitions incertaines de l’IC, données échographiques non disponibles pour une partie des patients, etc. But. Déterminer la mortalité et le taux de réhospitalisation des patients insuffisants cardiaques selon la fraction d’éjection. Méthode et patients. Les patients étudiés provenaient de cinq hôpitaux (un hôpital universitaire et quatre hôpitaux généraux proches). Le diagnostic positif d’IC était fondé sur les critères de Framingham. L’échographie cardiaque a été réalisée chez 96 % des patients avec une mesure de la fraction d’éjection (FE), le plus souvent par deux méthodes (TM et Simpson). Les patients IC ont été répartis en trois classes selon la FE : normale (> 50 %), intermédiaire (40-50 %) et basse (< 40 %). Ceux qui avaient une valvulopathie mitrale ou aortique ont été exclus. Le suivi moyen a été de 2,4 ans et les informations ont été obtenues chez 100 % des patients. Résultats. Sur les 3 654 patients hospitalisés, 263 ont eu l’IC comme diagnostic principal. De cette cohorte, 91 ont été exclus, principalement en raison d’une étiologie valvulaire. Les caractéLa Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002 ristiques des patients sont présentées dans le tableau. Les patients avaient une moyenne d’âge comparable entre les trois groupes mais avec une tendance non significative à une population plus âgée dans le groupe avec FE normale par rapport au groupe avec FE basse (28 % versus 14 % de sujets de plus de 80 ans). Le ventricule gauche est d’autant plus dilaté que la fonction systolique est altérée. La survie des trois groupes de patients a été comparable. Les réhospitalisations ont été également comparables entre les trois groupes. Tableau. Caractéristiques des patients. FE > 50 % 40 % < FE < 50 % n = 61 n = 38 Âge (ans, é-t) Hommes (%) Étiologie ischémique Fibrillation auriculaire DTDVG (mm) DTSVG (mm) 69 ± 16 49 43 30 49 ± 9 32 ± 10 69 ± 9 61 42 26 54 ± 7 µ 42 ± 7 µ FE < 40 % n = 73 67 ± 14 71* 45 26 63 ± 11µ § 54 ± 11µ § é-t : écart-type ; * p < 0,05 versus fonction systolique conservée ; µ : p < 0,01 versus fonction systolique conservée ; § : p < 0,01 versus FE intermédiaire 25 A B S T R A C T S Conclusion. Le point faible de cette étude est son petit effectif. Mais les caractéristiques des patients (âge, proportion d’hommes, proportion d’IC à fonction systolique conservée...) sont comparables aux données épidémiologiques sur les insuffisants cardiaques. De plus, le recrutement assez large a permis d’en minimiser les biais et le suivi a été prolongé. Ces éléments sont en faveur de résultats valides sur les insuffisants cardiaques. Cette étude, avec d’autres, montre que, contrairement à ce qui était communément admis, les IC à fonction systolique conservée ont une morbi-mortalité qui est comparable aux IC à fonction systolique altérée. Cela doit nous amener à proposer un suivi plus rigoureux chez les patients avec une IC à fonction systolique conservée. Les études thérapeutiques sont malheureusement rares. ATLAS sera la première étude disposant d’un effectif important, qui portera sur l’effet d’un antagoniste de l’angiotensine II chez ces patients. Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris Mortality and readmission of hospitalised patients with congestive heart failure and preserved versus depressed systolic function. Tsutsui H,Tsuchihashi M,Takeshita A ● Am J Cardiol 2001 ; 88 : 530-3. Effet anticollagène et diminution du remodelage ventriculaire chez l’homme par inhibition de l’aldostérone Après infarctus du myocarde, on observe une augmentation du collagène de la matrice extracellulaire. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion permettent de diminuer la synthèse de collagène, notamment par l’action de l’angiotensine II. Il a été montré expérimentalement que par les inhibiteurs de l’aldostérone, on obtenait une diminution de la fibrose myocardique, mais peu de travaux ont été réalisés chez l’homme. But. Déterminer si un inhibiteur de l’aldostérone permet une diminution de la synthèse de collagène en post-infarctus du myocarde chez l’homme. Méthode et patients. Les auteurs ont étudié 46 patients consécutifs avec un infarctus du myocarde antérieur. Les patients ont reçu un traitement optimal (aspirine, bêtabloquant, thrombolytique...). Ils ont été randomisés entre canrénoate et placebo. Le canrénoate est un inhibiteur des récepteurs de l’aldostérone. Les auteurs ont dosé le propeptide N-terminal de type III du procollagène (PNP III), qui est un excellent reflet de la synthèse du collagène. Résultats. Les caractéristiques de base des patients sont présentées dans le tableau I. Aucune différence significative n’a été notée entre les deux groupes. Tous les patients ont été traités par un inhibiteur de l’enzyme de conversion. Des taux plus bas de PNP III sont observés pendant la durée de l’étude dans le groupe inhibiteur de l’aldostérone de manière significative par rapport au groupe placebo (tableau II). À 6 et 12 mois, les ventricules sont moins dilatés dans le groupe inhibiteur de l’aldostérone. Tableau I. Caractéristiques de base des patients (aucune différence significative entre les deux groupes). Inhibiteur de l’aldostérone (n = 24) Âge (ans) Hommes VTDVG (ml/m2) Fraction d’éjection (%) Traitement (%) ❏ IEC ❏ antiagrégant plaquettaire ❏ bêtabloquant ❏ nitrés 59 ± 10 17 53,1 ± 10 47 ± 6 100 91,6 41,6 50 Placebo (n = 24) 62 ± 13 17 53,7 ± 9 100 95,4 50 54,5 VTDVG : volume télédiastolique du ventricule gauche indexé à la surface corporelle, IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion. Tableau II. Taux sériques du propeptide N-terminal de type III du procollagène (PNP III) pendant l’étude. Sortie de l’hôpital Inhibiteur de l’aldostérone Placebo p 0,93 ± 0,16 0,94 ± 0,20 NS 3 mois 6 mois 0,65 ± 0,14 0,60 ± 0,17 0,45 ± 0,15 0,74 ± 0,15 0,72 ± 0,20 0,64 ± 0,14 < 0,05 < 0,05 < 0,01 NS : non significatif. Conclusion. La synthèse de collagène qui survient dans les suites d’un infarctus du myocarde et le remodelage ventriculaire concomitant sont diminués avec les IEC. Cette étude démontre qu’un inhibiteur de l’aldostérone permet une réduction encore plus importante de ces deux éléments. Ces résultats sont à mettre en perspective avec ceux de l’étude RALES, qui avait montré la réduction de la mortalité par spironolactone chez les insuffisants cardiaques sévères avec dysfonction systolique. 26 12 mois Ph. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris Aldosterone inhibition limits collagen synthesis and progressive left ventricular enlargement after anterior myocardial infarction. Modena MG, Aveta P, Menozzi A, Rossi R ● Am Heart J 2001 ; 141 : 41-6. La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002