La Lettre du Cardiologue - n° 353 - mars 2002
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ABSTRACTS
Le pontage aorto-coronaire constitue le traitement de réfé-
rence des sténoses du tronc commun coronaire gauche. La
place de l’angioplastie coronaire reste à définir pour cette indi-
cation particulière.
De juillet 1993 à juillet 1998, 279 patients consécutifs ayant une
sténose du tronc commun coronaire gauche non protégé ont eu
une angioplastie coronaire in situ dans un des 25 centres partici-
pant au registre ULTIMA. Dans 46 % des cas, il s’agissait de
patients inopérables ou à haut risque chirurgical.
Trente-huit patients (13,7 %) sont décédés pendant leur hospita-
lisation. Le suivi des autres patients (mené à bien pour 97,1 %
d’entre eux) a été de 19 mois en moyenne.
À un an, l’incidence de la mortalité de toutes causes a été de
24,2 %, celle de la mortalité cardiaque, de 20,2 %, celle des
infarctus du myocarde, de 9,8 %, celle des pontages aorto-
coronaires, de 9,4 %.
Sont corrélés à la mortalité globale les facteurs suivants : frac-
tion d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) 30 %, insuffi-
sance mitrale de grade 3 ou 4, présentation initiale avec infarc-
tus du myocarde et état de choc, créatininémie 2 mg/dl,
lésion coronaire sévèrement calcifiée (tableau).
Pour 89 patients (32 %) considérés à faible risque (âge < 65 ans,
FEVG > 30 % et absence d’état de choc initial), la mortalité à un
an est de 3,4 % et le taux d’infarctus du myocarde est de 2,3 %.
Pour l’ensemble de 240 patients survivant à l’hospitalisation ini-
tiale, les taux de décès, d’infarctus du myocarde, de pontage aorto-
coronaire à un an ont été respectivement de 12,2 %, 8,7 % et
8,7 %. L’excès de mortalité est observé essentiellement pour les
sujets considérés initialement comme inopérables.
Commentaires. Les résultats de cette étude internationale doi-
vent être interprétés en fonction des patients inclus, en majorité
à risque élevé, car considérés comme inopérables ou à haut risque
chirurgical dans près de la moitié des cas. Pour ce groupe hété-
rogène de patients, la mortalité hospitalière est de 14 % et la
mortalité à un an de 20 %.
Si l’attention se porte sur un sous-groupe à faible risque
(âge < 65 ans, FEVG > 30 % et absence de choc cardiogénique
initial), la mortalité à un an chute à 3,4 % et, à ce terme, 9 patients
sur 10 ont ainsi bénéficié d’une revascularisation myocardique
sans recours au pontage aorto-coronaire.
Force est de constater que les bons candidats au pontage
aorto-coronaire sont aussi les bons candidats à l’angioplastie
coronaire. Le pontage aorto-coronaire demeure le traitement
de référence, et l’angioplastie coronaire, une option alterna-
tive pour des circonstances sélectionnées.
Par ailleurs, les auteurs insistent sur le contrôle angiographique
systématique des angioplasties du tronc commun à 2 et 4 mois,
en raison d’un taux de décès de 2 % par mois lors des 6 premiers
mois de suivi, sans doute expliqué en partie par les resténoses.
C. Adams, service cardiologie, CH Argenteuil
Angioplastie coronaire sur tronc commun non protégé
Long-term clinical outcomes after unprotected left main trunk
percutaneous revascularization in 279 patients.
Tan WA, Tamai H, Park SJ et al., for the ULTIMA investigators
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Circulation 2001 ; 104 : 1609-14.
Tableau. Variables corrélées à la mortalité globale hospitalière et à
long terme.
Complications Population (%) Hazard ratio p
FEVG 30 % 14,3 4,21 0,001
IM grade 3 ou 4 4,1 3,66 0,001
Choc cardiogénique 13,7 3,56 0,001
Créatinine 2 mg/dl 5,8 3,10 0,011
Lésion très calcifiée 8,9 2,32 0,022
FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche, IM : insuffisance mitrale.
L’épreuve d’effort avec mesure des échanges gazeux est
devenue un examen de routine pour l’évaluation du pro-
nostic des insuffisants cardiaques. Les patients qui ont des
échanges gazeux normaux, notamment un pic de VO2normal,
ont un bon pronostic. Certains peuvent néanmoins avoir des com-
plications cardiovasculaires, la VO2n’ayant pas permis une stra-
tification pronostique correcte.
But. Déterminer si chez des patients insuffisants cardiaques qui
ont une adaptation cardiovasculaire à l’effort conservée, une
réponse ventilatoire anormale à l’effort est un facteur de mauvais
pronostic.
Méthode et patients. Les patients inclus avaient une insuffisance
cardiaque (IC) depuis plus de six mois, stable depuis plus d’un
mois, avec un pic de VO2> 18 ml/kg/mn.
La pente de VE/VCO2a été calculée comme la droite de régres-
sion reliant VE et VCO2pendant l’exercice (VE : ventilation
minute ; VCO2:production de CO2). Une pente VE/VCO2anor-
male a été définie par une valeur au-dessus de deux écarts-types
de la moyenne chez des sujets normaux, soit 34,0.
Résultats. Les caractéristiques des patients sont indiquées dans
le tableau et correspondent à 123 patients inclus. La majorité des
patients avaient une IC modérée (89 % en classe II de la NYHA
Épreuve d’effort avec VO2: valeur pronostique du rapport VE/VCO2