Effet de l`état nutritif de l`arbre sur l`aptitude à l`enracinement des

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Revue Ezzaitouna 1 (1), 1994, 2-13
EFFET DE L'ETAT NUTRITIF DE L'ARBRE SUR L'APTITUDE A
L'ENRACINEMENT DES BOUTURES SEMI-LIGNEUSES DE LA
VARIETE D'OLIVIER A HUILE "CHEMLALI DE SFAX"
W. KHABOU 1., A. TRIGUI 1 et T. BEN AMOR
Résumé
La multiplication de la "Chemlali de Sfax" (variété tunisienne d'olivier
à huile), difficile à réaliser par bouturage semi-ligneux, a fait l'objet de la
présente étude en vue de son amélioration.
Bien que l'application de deux doses d'auxine: AIB (Dl: 2000 ppm et
D2 : 4000 ppm) comparées à un témoin (0 AIB), sur des boutures semi-
ligneuses, prélevées à trois dates différentes (Décembre, Février et Avril)
ait amélioré le nombre et la qualité des racines par bouture, l'aptitude à
l'enracinement de celle-ci diminue en se rapprochant du stade de la pleine
floraison (PF) en dépit de l'utilisation de la dose élevée (4000 ppm).
Le recours à l'analyse de la composition minérale et organique des
feuilles et du bois des boutures prélevées à différents stades phénologiques
vise la recherche de la nature de l'évolution de celle-ci et de ses effets
probables sur la rhizogénèse.
L'analyse chimique de l'état nutritif de l'arbre (matières organiques et
minérales en réserves) a montré que la richesse en amidon, en azote, en
phosphore et en calcium dans les boutures (bois et feuilles) diminue de
Décembre à Avril (floraison).
Les résultats montrent que cette diminution des réserves minérales et
organiques coincide avec la période au cours de
laquelle le pourcentage d'enracinement des boutures tend vers la baisse, ce
qui semble confirmer l'hypothèse de l'effet des réserves minérales et
organiques des boutures sur leur pouvoir d'enracinement.
L'avancement des dates de prélèvement permet d'améliorer nettement
la rhizogénèse des boutures semi-ligneuses.
Mots clés: Oleae Europaea L., rhizogénèse, réserves, prélèvement.
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1- Institut de l'Olivier
2 - Institut National Agronomique de Tunis
* Avec la collaboration technique de Mr A. SAHNOUN
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"EFFECT OF THE TREE NUTRITIVE ST A TE ON THE EMITTING ROOT
AGE APTITUDE OF SEMI-HARDWOOD CUTTINGS OF THE "CHEMLALI
DE SFAX" OIL OLIVE TREE",
Summary:
The "Chemlali de Sfax" tunisian oil olive tree variety is difficult to propagate
by semi-hardwood cuttings.
Although, the application of two doses of IBA (Dl = 2000 ppm, D2 = 4000
ppm) on semi-hardwood cuttings of Chemlali de Sfax olive tree variety, drawn at
three different dates (December, February and April), has improved the number
and the quality of the roots by cutting.
The emitting rootage aptitude of those ones decreases as being doser to the
full bloom (FP) state, in spite of the utilization of the high dose (4000 ppm). The
recourse to the analysis of the minerai and the organic compositions of cuttings
wood and leaves drawn at different phenological states aims the research of the
nature of the evolution of this one and the probable effects on the rhizogenesis.
The chernical analysis of the tree nutritive state (organic and minerai
material in reserves) has shown that the richness in starch, in nitrogen, in
phosphorus and in calcium in cuttings wood and leaves decreases from December
to April (flowering).
The results show that the decrease in mineral and organic reserves coicides
with the period during which the cuttings emitting rootage rate directed towards
the decrease, result which seems to confirm the hypothesis of the effect of the
cuttings mineral and organic reserves on the emitting rootage ability ,
The date advancing of drawing permits to improve clearly the rhizogenesis
of olive trees semi-hardwood cuttings.
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1 - Introduction:
L'aptitude à l'enracinement des boutures est attribuée dans la plupart
des cas à quelques facteurs endogènes d'ordre hormonal ou nutritionnel
(Hartman et Loretti, 1965 ; Bini, 1981 ; DeI Rio et al, 1986). Par ailleurs,
les teneurs en éléments minéraux et organiques varient ainsi que les taux
d'enracinement de quelques variétés (Hartman, 1954 ; Bartolini et al, 1979 ;
DeI Rio et al, 1991) en fonction du stade phénologique de l'olivier.
L'évolution en fonction du temps aussi bien du bilan nutritif des
oliviers à différents stades phénologiques que de la rhizogénèse des
boutures semi-ligneuses de la variété "Chemlali de Sfax" a fait l'objet de la
présente étude.
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II - Matériels et méthodes:
1 - Prélèvement et enracinement des boutures.
Sur des oliviers de la variété Chemlali de Sfax, âgés de plus de 80 ans
(domaine du Chaal), des boutures semi-ligneuses ont été prélevées à trois
dates différentes: Décembre (Pl), Février (P2) et Avril (P3), précédant
respectivement la pleine floraison (PF prise comme date repère) de
138 jours (Pl = PF - 138 j), 77 jours (P2 = PF - 77 j) et 18 jours (P3 = PF -
18 j).
Les boutures ont été récoltées dans des proportions égales des quatres
points cardinaux sur la partie extérieure de la frondaison de deux oliviers et
conservées au cours de leur préparation dans un endroit humide et obscur
pour sauvegarder leurs turgescences.
Après trempage de leurs bases dans une solution d'éthanol à 50 %
contenant la dose d'AIB désirée: Dl = 2000 ppm; D2 = 4000 ppm,
(comparées à un témoin = 0 AIB), les boutures de 15 cm de longueur et
portant 5 à 6 feuilles à leurs parties apicales sont repiquées dans de la
perlite humide d'un bac de multiplication placé dans une serre vitrée dont
le chauffage basal est assuré avec une résistance électrique (19-20 °C).
Les boutures, traitées préalablement avec une solution fongique, sont
placées et conservées pendant 80 jours environ, période nécessaire pour
l'émission de cals et de racines (Chaari et al, 1992) dans une atmosphère
dont l'Humidité Relative est de 80 à 90%.
Le nombre et la longueur des racines par bouture ainsi que le
pourcentage d'enracinement par traitement sont notés à chaque
transplantation.
Le dispositif expérimental utilisé est le bloc aléatoire complet avec 3
blocs et 3 répétitions pour chaque traitement (Dl, D2).
2 - Détermination des teneurs en éléments minéraux et organiques:
A chaque prélèvement, une partie des échantillons fait l'objet d'une
analyse chimique. Les feuilles et le bois des boutures sont séparés et lavés
minutieusement avec de l'eau distillée puis mis en dessiccation à 80 ° C
pendant 48 heures.
Après la pesée de leurs masses sèches, les échantillons numérotés sont
finement broyés (Cyc1otec Mill.) et conservés à l'obscurité dans un
dessicateur.
Le dosage des éléments N, P, K, Ca et Na ainsi que de l'amidon dans
les feuilles et le bois des boutures est réalisé.
Les cations sont dosés par photométrie à flamme, l'azote par la
méthode Kjeldahl et l'amidon par une méthode enzymatique (alpha-amylase
et amyloglucosidase : AMG) basée sur la transformation de l'amidon en
glucose.
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III - Résultats et discussions:
1 - Taux d'enracinement des boutures
La première réaction des boutures mises dans les conditions
Précitées est l'émission de cals et de racines. L'évolution en fonction du
temps des taux de cals et de racines émis par les boutures traitées et témoin
est consignée dans la figure (1).
Figure 1 : Evolution comparée des taux des cals (C) et des racines (R) en
fonction de la dose d'AIB appliquée (Dl: 2000 ppm et D2 : 4000 ppm, T :
témoin) et de la date de prélèvement des boutures (Pl: Déc., P2 : Fév. et P3
: Avril).
Elle montre que le pourcentage de cals (30 % en Pl, 24 % en P2 et 8 %
en P3) et de racines (36 %, 16 % et 4 %), toutes doses confondues, diminue
de décembre (Pl) à avril (P3).
L'analyse statistique fait ressortir une différence hautement significative au
seuil de 1 % entre les dates de prélèvement pour le taux de cals et de
racines.
Les résultats font apparaître l'importance de l'interaction dose d'AIB-
date de prélèvement, et montrent que parmi les 6 combinaisons (PIT, PIDl,
PID2, P2Dl, P2D2 et P2T), celles de PIDI et PID2 ont donné les taux les
plus élevés de racines (48 % et 45 %) et ce, en comparaison avec le témoin
PIT (16 %).
En réalité, une partie des boutures ayant formé des cals sont capables
de s'enraciner. Les taux des boutures callosées ont été de 74 % pour PIDl,
69 % pour P2D2 et 40 % pour le témoin.
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L'analyse statistique fait apparaître une différence non significative
entre P1D1 et P1D2, et significative entre P1D1, P2D2 et les autres
combinaisons.
Il est à noter aussi que le traitement P2D1 a engendré un pourcentage
élevé d'enracinement (27 %) et que ceux de P3 ont donné des taux très
faibles de cals et de racines, ce qui confirme la relation entre la date de
prélèvement et l'importance des cals et racines émis.
b - Longueur et nombre de racines par boutures.
Les données consignées dans la figure (2) montrent que la longueur
des racines par bouture traitée (Dl et D2) s'est nettement améliorée et que
cette longueur n'est pas la même pour les deux doses d'auxine. L'analyse
statistique a montré que la différence entre les longueurs des racines de Pl
(128 mm) et de P2 (148 mm) est significative au seuil 5 %.
Figure 2: Effet de la date de prélèvement et de la dose d'AIB sur la
longueur des racines par bouture (en mm) : comparaison entre témoin (T) et
traités (Dl = 2000 et D2 = 4000 ppm).
De même, l'allongement des racines varie remarquablement en fonction des
dates de prélèvement: les boutures prélevées en décembre ont des racines
plus longues (135 mm) que celles prélevées en février (101 mm) et en avril
(51 mm).
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