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non. Cela ne signifie pas que le vaccin constitue en lui-même un risque de foyers de
fièvre aphteuse, mais que les animaux vaccinés dans une zone infectée peuvent
devenir des porteurs latents de virus : ils peuvent avoir un niveau d'immunité suffi-
sant pour les protéger contre la maladie elle-même, mais non pas pour empêcher la
survie et la résurgence locale du virus, par exemple dans le pharynx.
L'interdiction d'importation imposée par les pays réputés indemnes de fièvre
aphteuse ne vise pas seulement ceux où la maladie est présente, mais aussi ceux qui
pratiquent la vaccination annuelle de leur cheptel bovin, soit pour éradiquer la
maladie, soit pour se protéger contre son introduction.
Jusqu'en 1938, année de fabrication du premier vaccin anti-aphteux, la méthode
usuelle de lutte contre la maladie au Danemark consistait à abattre et à enfouir
immédiatement les troupeaux atteints; mais, si une épizootie prenait de l'extension,
on abandonnait cette méthode et on se contentait d'isoler les troupeaux atteints
pour tenter d'empêcher la dissémination de l'infection. Parfois, les troupeaux voi-
sins recevaient un traitement préventif à base de sérum d'animaux convalescents.
Avant 1938, l'application de cette méthode a rarement donné des résultats satis-
faisants et l'extension des épizooties était fréquente. C'est ainsi qu'en 1926,
97.434 troupeaux de bovins danois avaient contracté la fièvre aphteuse; en 1938, il
y en eut 98.307.
Après 1938, on a appliqué la vaccination en cas de foyers aphteux, mais ce n'est
qu'à partir de 1960 — avec la loi autorisant le Ministère de l'Agriculture à prescrire
une vaccination systématique dans une zone menacée — qu'une véritable stratégie
de vaccination a été mise en oeuvre. Cette stratégie a été appliquée de 1960 à 1970
sous la forme d'une vaccination périfocale dans un périmètre de 2 à 10 km de
rayon.
Pendant les années cinquante, beaucoup de cheptels bovins européens ont
encore connu des vagues annuelles de fièvre aphteuse. Pour stopper cette évolution,
les Pays-Bas ont décidé les premiers, en 1953, de procéder à la vaccination annuelle
obligatoire de tous les bovins de plus de 4 mois. Cette vaccination préventive
annuelle a été ensuite introduite en République Fédérale d'Allemagne, en Républi-
que Démocratique Allemande, en Belgique, au Luxembourg, en France et en Italie.
Nous venons de voir qu'il existe plusieurs façons de prévenir et de combattre la
fièvre aphteuse :
A. Non-vaccination avec abattage et enfouissement de tous les animaux conta-
minés dans les exploitations atteintes.
B.
Vaccination en anneau dans la zone qui entoure le foyer, associée à l'abat-
tage et l'enfouissement des troupeaux infectés.
C. Vaccination préventive annuelle de l'ensemble du cheptel bovin.
Lorsque, le 18 mars 1982, la fièvre aphteuse est réapparue au Danemark pour la
première fois depuis 1970, les impératifs d'exportation ont imposé de combattre la
maladie sans utiliser de vaccins.
Il existe évidemment une différence entre la situation en 1982 et celle qui préva-
lait avant 1938, époque où on avait recours à l'abattage des troupeaux infectés en
début d'épizootie. Aujourd'hui, en effet, on dispose de matériel et d'engins qui per-
mettent de réaliser beaucoup plus rapidement l'abattage et l'enfouissement des