Le Courrier des addictions (12) – n ° 4 – octobre-novembre-décembre 2010
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11 % (34) depuis 10 ans ou plus. La prise en
charge avait débuté par un appel du médecin
prescripteur pour 137 patients (40 % des cas),
le nom de la pharmacie apparaissait sur l’or-
donnance de 250 patients (70 %) et 88 (22 %)
avaient bénéficié d’une délivrance quotidienne
(traitement sur place pour 4% d’entre eux).
Traitement par méthadone : 127 patients
étaient traités par méthadone en octobre
2008 (32 %), 68 % étaient des hommes et l’âge
moyen était de 40,2 ans (ET= 6,9). Cinquante-
huit (50 %) avaient un médecin prescripteur
de ville adhérent à RESAPSAD et 37 (33 %)
un médecin de CSAPA. La prise en charge
avait débuté par un appel du médecin pres-
cripteur pour 50 patients (47 %), le nom de la
pharmacie apparaissait sur l’ordonnance de 85
patients (73 %) et 19 (22 %) avaient bénéficié
d’une délivrance quotidienne (traitement sur
place pour 5 % d’entre eux). La posologie quo-
tidienne moyenne prescrite en octobre 2008
était 55,9 mg (ET= 27), avec un minimum de
4 mg et un maximum de 160 mg. Un tiers des
patients avaient une posologie quotidienne in-
férieure à 40 mg et 12 % supérieure à 100 mg
par jour. La quasi-totalité des patients (94 %)
bénéficiait d’une prescription d’une durée de
14 jours. Le traitement était délivré quotidien-
nement pour 4 patients (4 %), à un rythme
hebdomadaire pour 57 patients (45 %), bimen-
suel pour 61 (47 %) et mensuel pour 4 (4 %).
Traitement par buprénorphine : Deux
cent soixante treize patients (68 %) étaient
traités par buprénorphine en octobre 2008,
71 % étaient des hommes et l’âge moyen était
de 39,7 ans (ET = 7,7). Cent sept patients
(42 %) avaient un médecin prescripteur de
ville adhérent à RESAPSAD et 38 (15 %) par
un médecin de CSAPA. La prise en charge
avait débuté par un appel du médecin pres-
cripteur pour 87 patients (38 %), le nom de la
pharmacie apparaissait sur l’ordonnance de
166 patients (68 %) et 49 (24 %) avaient béné-
ficié d’une délivrance quotidienne (traitement
sur place pour 4% d’entre eux). La posologie
quotidienne moyenne prescrite en octobre
2008 était de 9,9 mg (ET= 5,6), avec un mi-
nimum de 0,4 mg et un maximum de 32 mg.
Les deux tiers des patients avaient une posolo-
gie quotidienne inférieure à 16 mg et 5 % des
patients avaient une posologie supérieure à 24
mg. Une grande majorité de patients (226 pa-
tients soit 85 %) bénéficiait d’une prescription
d’une durée de 28 jours (figure 3). Le traite-
ment était délivré quotidiennement pour 8 pa-
tients (3 %), à un rythme hebdomadaire pour
4 patients (1 %), bimensuel pour 92 (36 %) et
mensuel pour 116 (45 %).
Délivrance de traitements associés dans
l’officine : 163 patients (44%) bénéficiaient en
octobre 2008 d’une prescription annexe pour
au moins un médicament psychotrope, avec
délivrance dans la même pharmacie : ben-
zodiazépines (bromazépam le plus souvent)
pour 92 patients (25 %), anxiolytique non ben-
zodiazépine pour 74 (21 %), antidépresseur
pour 60 (17 %) et neuroleptique pour 30 (9 %).
Les prises en charges problématiques :
sur 374 questionnaires renseignés, la prise en
charge était considérée problématique pour
71 (19 %) patients. Plusieurs raisons étaient
invoquées par les pharmaciens : modalités de
traitement pour 27 patients (38 %), usage inap-
proprié du traitement pour 21 patients (30 %)
[usage par voie intraveineuse pour 16 patients
et prises multiples pour 5 patients], difficultés
sociales pour 19 patients (27 %), revente du
traitement suspectée pour 14 patients (20 %),
consommation d’autres substances psycho-
tropes comme l’alcool pour 15 patients (22 %),
suivi de traitement insuffisant pour 12 pa-
tients (17 %), suivi psychologique insuffisant
pour 11 patients (15 %). Une intervision était
jugée opportune pour 30 patients, soit 42 %
des patients problématiques et 9 % de la tota-
lité des patients.
L’impact du réseau sur les pratiques : les
pharmaciens adhérents au réseau étaient si-
gnificativement plus nombreux à considérer
avoir une bonne voire très bonne expérience
en matière de traitement méthadone ou bu-
prénorphine (p = 0,01) et à suivre des forma-
tions spécialisées en addictologie (p = 0,01).
Les pharmaciens adhérents à RESAPSAD
déclarant avoir de bonnes voire très bonnes
relations avec ces patients étaient significati-
vement plus nombreux que les non adhérents
(p = 0,12). Enfin, les pharmaciens adhérents
à RESAPSAD avaient des contacts plus fré-
quents avec les médecins prescripteurs à l’ins-
tauration des traitements (p= 0,01).
Discussion
Une enquête quasi exhaustive : 91 % des
pharmaciens ont participé, ne serait-ce qu’à
minima, en indiquant le nombre de patients
pris en charge dans leur officine. Cette excel-
lente participation est certes le résultat de re-
lances répétées mais aussi le reflet du lien créé
entre le réseau et les pharmaciens au cours
des enquêtes successives. Les pharmaciens
connaissent l’intérêt de ce travail d’évalua-
tion des files actives et des pratiques profes-
sionnelles et s’y impliquent fortement, ce qui
facilite l’accueil et le travail des enquêteurs.
Ainsi la participation des pharmaciens reste
exceptionnelle enquête après enquête : 100 %
en 1996, 98,3 % en 1999, 89,3 % en 2002, 95 %
en 2006 et 91 % en 2008. Cette quasi-exhausti-
vité permet d’avoir des résultats représentatifs
de la zone étudiée et des données épidémiolo-
giques fiables.
Une implication indéfectible des pharma-
ciens auprès des patients dépendants aux
opiacés : 64 % prenaient en charge au moins
un patient en traitement de maintien de l’abs-
tinence aux opiacés en octobre 2008, pourcen-
tage stable, même en légère augmentation, en
comparaison des précédentes enquêtes : 56 %
en 1996, 59 % en 1999, 61 % en 2002 et 62 % en
2006. La moitié des pharmaciens se sentaient
compétents et suffisamment formés et expéri-
mentés pour prendre en charge ces patients.
Les relations avec les patients sont bonnes. La
prise en charge des patients dépendants aux
opiacés ne souffre plus de l’image stigmati-
sante qui fut la sienne il y a quelques années.
Les relations sont plus sereines dans un climat
de confiance mutuelle.
Une forte prévalence du traitement mé-
thadone: au cours des enquêtes successives
menées par RESAPSAD depuis 1996 se
dégage une tendance spécifique au territoire
de recours de Bayonne en comparaison aux
données nationales. Selon les sources GERS/
SIAMOIS/InVS 2007, les patients méthadone
représentaient environ 26 % de la totalité des
patients en traitement de maintien de l’absti-
nence, alors que notre enquête en recensait
32 %, en délivrance en pharmacie auxquels
Le RESAPSAD, un réseau exemplaire
Le Réseau sud aquitain des professionnels de soins en addictologie (RESAPSAD), fondé en
1996, est un réseau de coordination de soin.
Il regroupe le centre hospitalier de Bayonne, deux centres de soins, d’accompagnement et
de prévention en addictologie, CSAPA (Addiction Côte Basque, Bizia-Médecins du monde)
et leurs Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de dro-
gues, CAARUD, le CSAPA résidentiel Suerte, les appartements à coordination thérapeutique
de l’Association réinsertion sociale en Aquitaine (ARSA), et plus de 149 adhérents libéraux
(médecins généralistes, psychiatres, hépatologues, neurologues, gynécologues, pharmaciens,
psychologues, psychomotriciens...) tous impliqués dans la prise en charge des patients souf-
frant de conduites addictives.
Il a pour missions d’améliorer : la connaissance de la filière de soins en addictologie, tout
en favorisant sa diversification par de nouveaux partenariats comme depuis quatre à cinq ans
avec les services d’hépatologie ou de périnatalité ; la qualité des pratiques professionnelles
des acteurs de santé; la coordination médicale autour des patients par la mise en lien des
partenaires médicaux, et psychosociaux des structures de soins, et des professionnels de ville.
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