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Les pharmaciens sont à lorigine de la
création du réseau, qui leur a permis de
se former mutuellement dès 1994-1996
à la délivrance des traitements de maintien
de l’abstinence aux opiacés. Ils restent tou-
jours très investis dans la prise en charge des
patients. Ils sont des partenaires exemplaires
souvent à l’origine des sollicitations du réseau
lors des difficultés de prise en charge. Sans leur
participation indéfectible, ce travail d’évalua-
tion ne serait pas possible.
Matériels et méthodes
Lenquête transversale sur la délivrance des
traitements méthadone et buprénorphine
dans les 142 pharmacies du territoire de re-
cours de Bayonne portait sur le mois d’octobre
2008. Elle consistait à envoyer en janvier 2009
aux 142 pharmacies deux types de question-
naires standardisés et complets. Chaque phar-
macie devait compléter un questionnaire Votre
pharmacie et un ou plusieurs questionnaires
Patient en fonction du nombre de patients en
octobre 2008 (voir encadré).
Lanalyse statistique des données a été réalisée
à l’aide du logiciel Sphinx
®
. Le seuil de signifi-
cativité pour tous les tests était fixé à 0,05.
1 Centre de soins d’accompagnement et de prévention en
addictologie (CSAPA) Bizia, Bayonne.
2. Réseau sud-aquitain des professionnels de soins en
addictologie (RESAPSAD), Bayonne.
3 Laboratoire de psychiatrie, JE2358, Inserm IFR99,
université Victor-Segalen Bordeaux 2.
livrance de la méthadone
et de la buprénorphine :
les pharmaciens du Pays Basque
et du sud des Landes mènent lenqte
Cécilia Maitre1, Eliane Herran1, 2, Jessica Renaudin1, Isabelle Becker1,
Virginie Beltran2, 3, Marc Auriacombe3, Jean-Pierre Daulouède1, 2, 3
Résultats,
côté pharmaciens
Les informations générales recueillies (voir
encadré, questionnaire "Votre pharmacie") :
Taux de réponses : le territoire regroupait
153 communes reparties sur 2 départements:
les Pyrénées-Atlantiques et les Landes. Les
142 pharmacies avaient été sollicitées. Neuf
avaient refusé de participer à l’enquête et 4
navaient toujours pas répondu au moment de
la clôture de l’enquête (au 30 septembre 2009),
faute de temps et de disponibilité. Sur les 142
pharmacies sollicitées, 129 avaient répondu
(91 %). Ainsi, 91 % des pharmaciens (129 phar-
macies) avaient participé à l’enquête.
Nombre de pharmaciens délivrant des
traitements de maintien de l’abstinence
aux opiacés : 82 pharmacies avaient délivré
un traitement méthadone ou buprénorphine
à au moins un patient en octobre 2009 (64 %).
Cinquante et une (62 %) délivraient de la mé-
thadone, 72 (88 %) de la buprénorphine et 41
(50 %) les deux traitements.
Nombre de patients pris en charge : sur
les 470 déclarés, 135 étaient traités par tha-
done (29 %) et 335 par buprénorphine (71 %).
Expérience : 55 pharmaciens (44 %) consi-
déraient avoir une bonne, voire une très bonne
expérience en matière de traitements métha-
done ou buprénorphine.
Relations pharmaciens/patients : la majo-
rité des pharmaciens trouvait peu de difficulté
technique (accueil [67 %], modalités de déli-
vrance [66 %], temps passé [64 %]) à la prise en
charge des patients traités par méthadone ou
buprénorphine. Sur les 106 pharmaciens ayant
Depuis sa création en 1996, le Réseau sud aquitain des professionnels de soins en ad-
dictologie (RESAPSAD) alise régulièrement (1996, 1998, 1999, 2002, 2006) une en-
quête quasi exhaustive sur la livrance des traitements par buprénorphine et métha-
done auprès des pharmacies du territoire de recours de Bayonne (Pays Basque et sud des
Landes). Elle permet d’obtenir des dones épimiologiques locales sur la pendance
aux opiacés, de les comparer aux données nationales, de crire les pratiques profes-
sionnelles et d’évaluer l’impact du seau sur ces pratiques.
Résultats, pharmaciens et patients...
renseigné la question, 83 (78 %) estimaient
avoir des relations plutôt bonnes avec ces pa-
tients.
Politique de réduction des risques : par-
mi les 114 pharmacies répondantes, 91 (80 %)
avaient délivré au moins un Stéribox
®
en oc-
tobre 2008. 23 % des 115 pharmaciens ayant
renseigné l’item connaissaient les lieux de
remise et d’échange de Stéribox
®
hors phar-
macies.
Le travail en réseau addiction déclaré :
Quarante neuf pharmacies (39 %) se décla-
raient adhérentes au réseau addiction RESAP-
SAD. Parmi les 124 pharmacies répondantes,
31 (25 %) avaient suivi une formation en ad-
dictologie au cours des deux dernières années.
Les intervisions (réunions de synthèse cli-
nique avec tous les professionnels intervenant
dans la prise en charge d’un patient) étaient
considérées comme pertinentes par la majo-
rité des pharmaciens (69 %) et 80 % d’entre eux
se déclaraient prêts à solliciter le réseau pour
en organiser en cas de prise en charge problé-
matique d’un patient. 55 % des pharmaciens
avaient travaillé en collaboration avec des pro-
fessionnels et/ou des structures de santé du
réseau.
Parmi les 119 pharmaciens répondant, 32
(27 %) avaient é confrontés à des usagers
problématiques d’opiacés non traités dica-
lement. Les deux tiers de ces pharmaciens (20)
avaient su orienter ces patients. Les 10 phar-
maciens qui n’avaient pas orienté ces patients
évoquaient principalement le contexte défa-
vorable au sein de l’officine (manque de temps,
présence d’autres clients…). Aucun névoquait
la connaissance des filières de soins locales.
Les contacts decins/pharmaciens prédo-
minaient à l’instauration du traitement : 56
pharmaciens (54 %) indiquaient être contac-
tés souvent ou systématiquement lors d’une
instauration et 54 (53 %) affirmaient contacter
eux-mêmes le decin souvent ou systémati-
quement.
Résultats, côté patients
La description des patients (voir encadré :
questionnaire "Patient") :
Traitement par méthadone et bupré-
norphine confondus. Parmi les 400 patients
recensés, 70 % étaient des hommes et l’âge
moyen était de 39,8 ans (ET = 4,9 ans). 165
patients (45,2 %) avaient un médecin pres-
cripteur de ville adhérent à RESAPSAD et 77
(21,1 %) étaient suivis dans un centre de soins
d’accompagnement et de prévention en ad-
dictologie (CSAPA). Cent vingt-sept patients
(32 %) étaient traités par méthadone et 271
(68 %) par buprénorphine. La durée moyenne
de prise en charge était de 51 mois (ET = 32):
10 % (39) étaient pris en charge depuis moins
de 12 mois, 40 % (122) depuis 5 ans ou plus et
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11 % (34) depuis 10 ans ou plus. La prise en
charge avait débuté par un appel du decin
prescripteur pour 137 patients (40 % des cas),
le nom de la pharmacie apparaissait sur l’or-
donnance de 250 patients (70 %) et 88 (22 %)
avaient bénéficié d’une délivrance quotidienne
(traitement sur place pour 4% d’entre eux).
Traitement par méthadone : 127 patients
étaient traités par méthadone en octobre
2008 (32 %), 68 % étaient des hommes et l’âge
moyen était de 40,2 ans (ET= 6,9). Cinquante-
huit (50 %) avaient un médecin prescripteur
de ville adhérent à RESAPSAD et 37 (33 %)
un médecin de CSAPA. La prise en charge
avait débuté par un appel du decin pres-
cripteur pour 50 patients (47 %), le nom de la
pharmacie apparaissait sur l’ordonnance de 85
patients (73 %) et 19 (22 %) avaient bénéficié
d’une délivrance quotidienne (traitement sur
place pour 5 % d’entre eux). La posologie quo-
tidienne moyenne prescrite en octobre 2008
était 55,9 mg (ET= 27), avec un minimum de
4 mg et un maximum de 160 mg. Un tiers des
patients avaient une posologie quotidienne in-
férieure à 40 mg et 12 % supérieure à 100 mg
par jour. La quasi-totalité des patients (94 %)
bénéficiait d’une prescription d’une durée de
14 jours. Le traitement était délivré quotidien-
nement pour 4 patients (4 %), à un rythme
hebdomadaire pour 57 patients (45 %), bimen-
suel pour 61 (47 %) et mensuel pour 4 (4 %).
Traitement par buprénorphine : Deux
cent soixante treize patients (68 %) étaient
traités par buprénorphine en octobre 2008,
71 % étaient des hommes et l’âge moyen était
de 39,7 ans (ET = 7,7). Cent sept patients
(42 %) avaient un médecin prescripteur de
ville adhérent à RESAPSAD et 38 (15 %) par
un médecin de CSAPA. La prise en charge
avait débuté par un appel du decin pres-
cripteur pour 87 patients (38 %), le nom de la
pharmacie apparaissait sur l’ordonnance de
166 patients (68 %) et 49 (24 %) avaient béné-
ficié d’une délivrance quotidienne (traitement
sur place pour 4% d’entre eux). La posologie
quotidienne moyenne prescrite en octobre
2008 était de 9,9 mg (ET= 5,6), avec un mi-
nimum de 0,4 mg et un maximum de 32 mg.
Les deux tiers des patients avaient une posolo-
gie quotidienne inférieure à 16 mg et 5 % des
patients avaient une posologie supérieure à 24
mg. Une grande majorité de patients (226 pa-
tients soit 85 %) bénéficiait d’une prescription
d’une durée de 28 jours (figure 3). Le traite-
ment était délivquotidiennement pour 8 pa-
tients (3 %), à un rythme hebdomadaire pour
4 patients (1 %), bimensuel pour 92 (36 %) et
mensuel pour 116 (45 %).
Délivrance de traitements associés dans
l’officine : 163 patients (44%) bénéficiaient en
octobre 2008 d’une prescription annexe pour
au moins un médicament psychotrope, avec
délivrance dans la même pharmacie : ben-
zodiazépines (bromazépam le plus souvent)
pour 92 patients (25 %), anxiolytique non ben-
zodiazépine pour 74 (21 %), antidépresseur
pour 60 (17 %) et neuroleptique pour 30 (9 %).
Les prises en charges problématiques :
sur 374 questionnaires renseignés, la prise en
charge était considérée problématique pour
71 (19 %) patients. Plusieurs raisons étaient
invoquées par les pharmaciens : modalités de
traitement pour 27 patients (38 %), usage inap-
proprié du traitement pour 21 patients (30 %)
[usage par voie intraveineuse pour 16 patients
et prises multiples pour 5 patients], difficultés
sociales pour 19 patients (27 %), revente du
traitement suspectée pour 14 patients (20 %),
consommation d’autres substances psycho-
tropes comme l’alcool pour 15 patients (22 %),
suivi de traitement insuffisant pour 12 pa-
tients (17 %), suivi psychologique insuffisant
pour 11 patients (15 %). Une intervision était
jugée opportune pour 30 patients, soit 42 %
des patients problématiques et 9 % de la tota-
lité des patients.
L’impact du réseau sur les pratiques : les
pharmaciens adhérents au réseau étaient si-
gnificativement plus nombreux à considérer
avoir une bonne voire très bonne expérience
en matière de traitement thadone ou bu-
prénorphine (p = 0,01) et à suivre des forma-
tions spécialisées en addictologie (p = 0,01).
Les pharmaciens adhérents à RESAPSAD
déclarant avoir de bonnes voire très bonnes
relations avec ces patients étaient significati-
vement plus nombreux que les non adhérents
(p = 0,12). Enfin, les pharmaciens adhérents
à RESAPSAD avaient des contacts plus fré-
quents avec les médecins prescripteurs à l’ins-
tauration des traitements (p= 0,01).
Discussion
Une enquête quasi exhaustive : 91 % des
pharmaciens ont participé, ne serait-ce qu’à
minima, en indiquant le nombre de patients
pris en charge dans leur officine. Cette excel-
lente participation est certes le résultat de re-
lances répétées mais aussi le reflet du lien créé
entre le réseau et les pharmaciens au cours
des enquêtes successives. Les pharmaciens
connaissent l’intérêt de ce travail d’évalua-
tion des files actives et des pratiques profes-
sionnelles et s’y impliquent fortement, ce qui
facilite l’accueil et le travail des enquêteurs.
Ainsi la participation des pharmaciens reste
exceptionnelle enquête après enquête : 100 %
en 1996, 98,3 % en 1999, 89,3 % en 2002, 95 %
en 2006 et 91 % en 2008. Cette quasi-exhausti-
vité permet d’avoir des résultats représentatifs
de la zone étudiée et des données épidémiolo-
giques fiables.
Une implication indéfectible des pharma-
ciens auprès des patients dépendants aux
opiacés : 64 % prenaient en charge au moins
un patient en traitement de maintien de l’abs-
tinence aux opiacés en octobre 2008, pourcen-
tage stable, même en légère augmentation, en
comparaison des précédentes enquêtes : 56 %
en 1996, 59 % en 1999, 61 % en 2002 et 62 % en
2006. La moitié des pharmaciens se sentaient
compétents et suffisamment formés et expéri-
mentés pour prendre en charge ces patients.
Les relations avec les patients sont bonnes. La
prise en charge des patients pendants aux
opiacés ne souffre plus de l’image stigmati-
sante qui fut la sienne il y a quelques années.
Les relations sont plus sereines dans un climat
de confiance mutuelle.
Une forte prévalence du traitement mé-
thadone: au cours des enquêtes successives
menées par RESAPSAD depuis 1996 se
dégage une tendance spécifique au territoire
de recours de Bayonne en comparaison aux
données nationales. Selon les sources GERS/
SIAMOIS/InVS 2007, les patients méthadone
représentaient environ 26 % de la totalité des
patients en traitement de maintien de l’absti-
nence, alors que notre enquête en recensait
32 %, en délivrance en pharmacie auxquels
Le RESAPSAD, un réseau exemplaire
Le Réseau sud aquitain des professionnels de soins en addictologie (RESAPSAD), fondé en
1996, est un réseau de coordination de soin.
Il regroupe le centre hospitalier de Bayonne, deux centres de soins, d’accompagnement et
de prévention en addictologie, CSAPA (Addiction Côte Basque, Bizia-Médecins du monde)
et leurs Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de dro-
gues, CAARUD, le CSAPA résidentiel Suerte, les appartements à coordination thérapeutique
de l’Association réinsertion sociale en Aquitaine (ARSA), et plus de 149 adhérents libéraux
(médecins généralistes, psychiatres, hépatologues, neurologues, gynécologues, pharmaciens,
psychologues, psychomotriciens...) tous impliqués dans la prise en charge des patients souf-
frant de conduites addictives.
Il a pour missions d’améliorer : la connaissance de la filière de soins en addictologie, tout
en favorisant sa diversification par de nouveaux partenariats comme depuis quatre à cinq ans
avec les services d’hépatologie ou de périnatalité ; la qualité des pratiques professionnelles
des acteurs de santé; la coordination dicale autour des patients par la mise en lien des
partenaires médicaux, et psychosociaux des structures de soins, et des professionnels de ville.
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s’ajoutaient les 87 patients de l’unique centre
méthadone du territoire (CSAPA BIZIA), soit
43 %. Cette tendance est renforcée et confir-
mée au cours des années puisque le ratio
méthadone/buprénorphine passe de 18 % en
1999, à 25 % en 2002, 30 % en 2006 et enfin,
32 % en 2008. Cette forte répartition des trai-
tements thadone en pharmacie de ville est
un autre indicateur des bénéfices du travail
en réseau addiction. Les pharmaciens pren-
nent en charge ces patients, se sentant en
confiance, sachant qu’ils pourront, en cas de
difficultés, faire appel aux structures d’addic-
tologie locales et au réseau.
Du matériel de duction des risques (Sté-
ribox®) largement distribué par les pharma-
cies : atteste de l’implication des pharmaciens
dans la duction des risques. Bien qu’approu-
vant la démarche de réduction des risques,
certains pharmaciens exprimaient toutefois
leur malaise face aux demandes de Stéribox
®
importantes de certains patients, principa-
lement dans les officines proches d’endroits
"stratégiques" telles que gare ou frontière, im-
portants lieux de "deals".
Une culture du travail en réseau : les phar-
maciens connaissent bien le dispositif de soins,
près de la moitié d’entre eux avait travaillé en
2008 en collaboration avec des professionnels
ou structures spécialisées dans les addictions
(45 % versus 34 % en 2006). Aucun pharmacien
névoquait une méconnaissance des filières de
soins en addictologie lors de confrontation à
des usagers non suivis. Les contacts médecin
prescripteur/pharmacien sont fréquents, té-
moignant d’un partenariat actif.
Des recommandations respectées : la quasi-
totalité des prescriptions de thadone avaient
une durée de 14 jours, avec une délivrance heb-
domadaire le plus souvent, le nom de la phar-
macie est ci sur l’ordonnance. La livrance
quotidienne était assez peu utilisée pour la
thadone (4 % des patients), les traitements
thadone étant initialisés en CSAPA. En re-
vanche, il est étonnant de constater que cette dé-
livrance quotidienne est aussi peu utilisée pour
les traitements par bupnorphine initialisés par
des médecins de ville alors que les pharmaciens
sont tout à fait disposés à accompagner ces pa-
tients dans les débuts de leur prise en charge
(observance, monoprise, tolérance…).
Un faible nomadisme médical estimé : après
recoupage des données initiales et âge des
400 questionnaires patients, 14 patients sem-
blaient "suspects" (même initiales et approxi-
mativement le même âge) soit 3 %.
Un faible taux de susage perçu par les
pharmaciens : seuls 21 patients (0,3 %) étaient
suspectés de suser leur traitement, princi-
palement par voie intraveineuse. Les consom-
mations par sniff ne sont pas repérées par le
pharmacien. Ces sultats semblent très infé-
rieurs à ceux obtenus lors de l’enquête Suba-
zur, menée dans le sud est de la France, la
moitié des 111 patients en traitement bupré-
norphine reconnaissaient avoir eu recours à
l’utilisation détournée de leur traitement (2).
L’impact favorable du réseau sur les pratiques
professionnelles ressort de manière signi-
ficative dans les résultats de cette enquête,
comme lors des études précédentes : le niveau
de formation, l’expérience des pharmaciens, la
qualité des relations avec les patients, la fré-
quence des contacts entre professionnels sont
meilleurs chez les adhérents du réseau.
Cette enquête quasi exhaustive nous permet
de recueillir des données épidémiologiques
essentielles ables pouvant être comparées
aux données nationales et d’analyser la qualité
des pratiques professionnelles sur le territoire
du Pays Basque (excepté la Soule) et du Sud
des Landes. Elle met en évidence la grande
qualité d’accès aux soins locale avec une diver-
sité des traitements proposés, une implication
forte des pharmaciens et un travail en réseau
intégré de longue date dans les pratiques pro-
fessionnelles.
Les résultats de ces évaluations régulières sont
partagés avec les différents acteurs locaux afin
de faire évoluer les pratiques professionnelles
et d’améliorer la prise en charge des patients
souffrant de conduites addictives. Cette dyna-
mique locale enrichit le partenariat entre les
différents professionnels et favorise la conti-
nuité du soin. Ce travail d’évaluation fait l’ob-
jet de publications ou d’élaboration de recom-
mandations de bonnes pratiques adaptées à la
situation locale (plaquette, lettres du réseau,
soirées thématiques…).
v
Références bibliographiques
1. Canarelli T, Coquelin A. Données récentes rela-
tives aux traitements de substitution aux opiacés.
Tendances, OFDT, mai 2009.
2. Roux P, Villes P, Bry D et al. Buprenorphine
sniffing as a response to inadequate care in subs-
tituted patients: results from the Subazur sur-
vey in south-eastern France. Addiction Behaviors
2008;33(12):1625-9.
Apéros géants et soirées-ivresse :
informer plutôt que stigmatiser
vLorganisation des "apéros géants" via Facebook a interpellé les
pouvoirs publics au printemps 2010 et a conduit le ministre
de la Jeunesse et des Solidarités actives à mettre en place le 26
mai 2010 trois groupes de travail composés d’associations de jeunes,
d’associations de prévention, d’associations de secourisme, de repré-
sentants de l’État afin de réfléchir sur les actions à mener.
Le groupe de travail consacré à l’accompagnement des "événements
festifs organisés par les jeunes" a remis récemment son rapport et ses
cinq recommandations (rédigé par Jean-Claude Richez pour l’Insti-
tut national de la jeunesse et de l’éducation populaire [INJEP]) :
entrer dans une logique de confiance ciproque entre la société et
les jeunes ;
définir un cadre, rappeler la règle de façon systématique et placer les
jeunes en face de leurs responsabilités ;
encourager les propositions alternatives de rassemblements et de
moments festifs pour les jeunes ;
– mener des actions de prévention en s’appuyant sur les pairs ;
et élaborer une méthodologie partagée sur la gestion des rassem-
blements festifs.
Augmenter le prix de l’alcool, ça le fait
vUne augmentation de prix a bien plus d’impact que n’importe
quelle campagne de prévention. Des chercheurs américains de
l’universide Floride ont conclu, à l’issue d’une méta-analyse
reprenant des données récoltées sur un demi-siècle, que les mesures
publiques pour accroître le prix des boissons alcoolisées (par l’aug-
mentation des taxes, par exemple) permettent non seulement de faire
baisser la consommation mais encore d’avoir une influence certaine sur
toutes les conséquences négatives de sa consommation. Ainsi, doubler
les taxes sur l’alcool réduirait en moyenne de 35 % la mortalité due à la
consommation d’alcool, de 11 % celle due aux accidents de la route, et
ferait baisser de 6 % le pourcentage de transmission de maladies sexuel-
lement transmissibles, de 2 % l’incidence des actes violents et de 1,4 %
celle du crime.
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