Psychosomatique Les “troubles psychosomatiques” : un conflit d’intérêt entre médecin et psychologue ? Antoine Bioy* L orsque les douleurs présentées par un patient semblent relever davantage de la psychologie que de la médecine, on parle de “psychosomatique”. Pourtant, ce diagnostic aux effets iatrogènes est souvent mal utilisé. Quelques repères permettent de mieux appréhender la façon dont il peut se comprendre en clinique. Cela nécessite toutefois une parfaite connaissance du travail du médecin, bien sûr, mais aussi du rôle des psychologues dans la prise en charge des patients, rôle souvent mal compris ou perçu. Mots-clés : Iatrogénie - Psychosomatique - Diagnostic - Psychologue - Médecin. Pour les soignants, le terme de “iatrogénie” renvoie le plus souvent aux possibles effets néfastes de leur pratique. Or, ce terme signifie littéralement “produit par la médecine” (ou “produit par un médecin”) et regroupe, en fait, l’ensemble des conséquences d’un acte médical, que celles-ci possèdent une valence positive ou négative. Si certaines hypothèses permettent d’expliquer les motifs de cette restriction du sens du terme “iatrogène” (1), on peut en tout cas retenir que, pour beaucoup, celui-ci opère un glissement habile qui permet de donner un nom, et donc une justification, à ce qui semblerait, sans cela, échapper à la pratique médicale. Surtout, dire qu’un fait est “iatrogène” permet de ne plus voir telle douleur provoquée par un soin comme une transgression du primum non nocere, mais bien comme un fait à part, qui échappe au bon vouloir du praticien, et donc à sa responsabilité. Ainsi, on explique avec force détails qu’il est inévitable que telle réfection de panse* Maître de conférence à l’université de Bourgogne, psychologue clinicien et hypnothérapeute au CHU du Kremlin-Bicêtre. ment provoque de la douleur et qu’il faut “serrer les dents”, ou que des douleurs du membre fantôme sont non seulement inéluctables, mais attendues. Le terme “iatrogénie”, lorsqu’il est employé pour désigner uniquement un effet néfaste du soin, masque donc une pratique à laquelle on voudrait donner une unique justification : celle de l’inévitable du soin, mais prodigué malgré tout pour le bien des patients. Cette assertion peut paraître péremptoire, mais elle s’appuie sur l’observation que, lorsqu’une douleur devient jugulable par des voies médicales, curieusement le terme qui la désignait (“iatrogène”) disparaît du discours et devient une banale pratique. Ainsi, la douleur des prélèvements n’est plus qualifée de “iatrogène” dès lors qu’elle est précédée de l’application d’une pommade anesthésiante. On est donc bien là face à l’utilisation d’un terme commode pour masquer ce qui échappe encore à la technique médicale, amené à disparaître à terme, mais auquel on voudrait quand même donner une justification jusque-là, même si celle-ci s’enracine dans quelque chose de l’ordre de la fatalité. Il apparaît donc comme nécessaire de redonner au terme “iatrogénie” son vrai sens, “produit par la médecine”, pour, d’une part, effacer l’usage fallacieux qui en est fait, et, d’autre part, mieux penser les soins prodigués, de façon plus globale. Entre autres, nous pourrions dans ce cadre penser un fait médical à part entière qui, justement, peut avoir une valence positive ou négative selon son contexte d’apparition : il s’agit de l’effet produit par la parole médicale sur un patient. Spécifiquement, une parole nous intéresse ici, celle qui énonce au patient que ses troubles sont “psychosomatiques”. Le choix de cette thématique pourrait paraître arbitraire. Il n’en est rien car on observe que, à bien des égards, ce terme a connu le même destin que celui de “iatrogène”. En effet, de l’intuition globale d’un lien existant intriquant soma et psyché (2), il a été fait un diagnostic à part entière, totalement réducteur, qui est censé désigner des troubles dont la nature serait somatiquement inconnue ou improbable (3). Autrement dit, on est passé d’un terme, “psychosomatique”, désignant la façon de penser l’unité corps-psyché, à une façon de scinder ces deux notions et de désigner le mouvement qui unirait le premier (la psyché) au second (le soma) par un lien de causalité (un trouble psychique entraînerait des dérèglements organiques de façon unilatérale), car c’est bien dans ce sens que les choses sont souvent envisagées. Et le fait que, parfois, le terme “psychosomatique” se mue en une autre terminologie (“douleur psychogène”, “troubles somatoformes”…) ne change rien à l’affaire. On est bien devant une pensée qui réduit son objet en instaurant un lien arbitraire, causal et partiel, en lieu et place d’une autre pensée, elle, beaucoup plus globale et unifiante (4). Le Courrier de l’algologie (5), n° 2-3, avril-septembre 2006 Mise au point Mise au point 45 Mise au point Mise au point 46 Il en va donc de même de la psychosomatique comme de la iatrogénie : un glissement de sens qui réduit une pensée holistique à sa portion congrue, permettant ainsi de mettre des mots sur ce que l’on ne contrôle pas, voire sur ce que l’on ne comprend pas, et ce en dépit des études démontrant que cette réduction conduit à des contresens théoriques (5), mais aussi à des absurdités cliniques (6). Il résulte de cette réduction de sens que lorsque la parole médicale désigne un trouble comme étant psychosomatique, cette parole prononcée a des répercussions sur le patient et son entourage (les parents lorsqu’il s’agit d’un enfant ou d’un adolescent). La iatrogénie qui en résulte (l’effet produit) peut être de nature variable, allant d’un soulagement (“On a enfin trouvé !”) à l’agression du personnel (“Ils pensent que mon enfant n’a rien alors qu’il souffre...”) ou encore à la suspicion concernant l’enfant (“Pourquoi fait-il semblant d’avoir mal ?”) quand ce n’est pas une réelle stigmatisation. Ainsi, la parole médicale utilisant le terme “psychosomatique” dans un contexte diagnostique et non pour ce qu’il est réellement, une façon de penser le psychisme d’un individu, a des répercussions importantes sur la dynamique psychologique et comportementale de celui qu’elle désigne de la sorte, et sur celle de ses proches. En effet, d’apparence banale, l’annonce d’un tel diagnostic se produit en fait dans le cadre d’une rencontre entre une personne en souffrance pour soi ou pour un proche, et d’un savoir établi ou perçu comme tel par celui qui souffre et qui demande éclaircissement et aide sur la situation de soin et sur ses raisons. Cette relation connue pour son inégalité depuis fort longtemps (7) augmente en substance le pouvoir de suggestion du médecin vis-à-vis de son ou ses interlocuteurs. Ce qui est suggéré ici, c’est que le trouble échappe à la médecine somaticienne, traditionnelle mais, et là est le hiatus, il prend toutes les formes d’un diagnostic “qui sait”, qui nomme malgré tout dans le champ de la médecine, puisque c’est ce médecin, ce “sachant”, qui l’énonce. Et pourtant, derrière le “savoir” ou ce qui est perçu comme tel, se cache une ignorance fondamentale :celle qui mènerait à comprendre le trouble au sein de la construction soma et psyché non démantelés, mais bien unifiés et interagissant constamment (8). La seule personne pouvant penser ce fonctionnement est le psychologue, du fait de sa formation, dans un contexte de lien étroit avec ses collègues somaticiens, avec lesquels les échanges sont impératifs, ne serait-ce que pour mieux cerner les mouvements psychiques croisés en jeu. Or, encore trop souvent, comme le montre une récente étude (6), le psychologue n’intervient que lorsque le soi-disant diagnostic de trouble psychosomatique est porté. C’est là que le piège se referme : appelé pour gérer un conflit psychique désigné comme relevant de cette seule instance, il ne pourra y parvenir puisque, précisément, la psychosomatique n’est pas la réduction qui en a été faite, et que seule la confluence des deux spécialités (somaticienne et psychologique) peut parvenir à approcher cette notion, dans un contexte non seulement de confiance réciproque, mais aussi de dialogue constant et dynamique, comme l’est l’objet de l’étude : les liens entre soma et psyché qui interagissent sans que l’on puisse, à l’heure actuelle, les scinder arbitrairement. Bien sûr, ce dialogue salutaire pour le patient et son évolution, tant physique que psychique a lieu dans certaines équipes de soins. Mais force est de constater qu’il n’a pas lieu dans la majorité d’entre elles. Ce que l’on observe le plus souvent prend la forme d’un non-dit : l’existence supposée au moins chez le médecin (mais parfois aussi chez certains psychologues) d’un conflit d’intérêts portant sur le symptôme présenté. Ainsi, dans l’imaginaire (ou le fantasme) des personnes hésitant à mener honnêtement et sincèrement cette double réflexion médicale et psychologique, on trouve bien souvent la pensée qu’un symptôme est soit majoritairement physique, soit majoritairement psychique et relèverait donc soit d’un médecin, soit d’un psychologue. Le Courrier de l’algologie (5), n° 2-3, avril-septembre 2006 Or, cette pensée méconnaît les réelles prérogatives d’un psychologue, et particulièrement d’un psychologue clinicien. Un flou, d’ailleurs parfois entretenu par certains psychologues eux-mêmes, tellement fascinés par la méthodologie médicale et son pouvoir notamment guérisseur qu’ils en viennent à entrevoir leur fonction comme relevant également de ladite méthodologie médicale. On observe alors une psychologie qui s’écarte de ses prérogatives pour établir des systèmes d’évaluation donnant naissance à des diagnostics médicaux (notamment relevant de la psychiatrie) sans avoir les compétences d’un médecin, ou encore approchant le patient par son symptôme et se fixant comme objectif son éradication, sans considération globale de celui qui en est porteur. Bien sûr, rien n’interdit à un psychologue de mettre en place un mode de prise en charge psychothérapeutique dont l’objectif suivrait la demande et donc le désir du patient : le soulagement. Mais alors ce mode ne peut exclure une pensée et une appréhension “méta” du problème présenté, à distance de la parole telle que prononcée, pour en saisir les déterminants inconscients (que l’on donne à ce terme un sens psychanalytique ou cognitif, selon l’école de pensée à laquelle le psychologue adhère préférentiellement). Car le fondement même du travail du psychologue, et notamment du psychologue clinicien, est de ne pas “se saisir” du symptôme du patient comme le ferait, dans ce cas à bon escient, un médecin. Son intérêt se porte avant tout sur la façon dont le patient appréhende son symptôme au regard de sa réalité psychique, autrement dit dans sa subjectivité la plus pure et totale. Aider le patient à mieux comprendre et assumer ce que ce symptôme modifie dans sa vie psychique, ses relations à son entourage et notamment familial et amical, là est le vrai travail du psychologue clinicien. Cela distingue radicalement cette approche de celle, médicale, y compris psychiatrique, qui vise l’objectivation des troubles souvent (mais pas uniquement) à visée de prescription. Les deux approches sont néanmoins complémentaires puisque psychologue clinicien et médecin vont partager en partie, mais de façon différente, les mêmes objets d’attention. Il en est ainsi du corps du patient. Dans l’approche médicale, il est le lieu du symptôme et le ressenti corporel va aider, via l’examen clinique et une mise en mots par le patient de son mal, à optimiser la prise en charge, les traitements et, au-delà, à améliorer le devenir du patient. C’est à ce même corps que le psychologue va prêter une oreille attentive puisque ce corps, partenaire du patient depuis sa naissance, est aussi le lieu d’expression de la subjectivité de l’individu, le lieu d’enracinement de ses pulsions, et le substrat de sa vie affective et émotionnelle en lien avec les troubles présentés et auquel ils vont donner une connotation particulière, au moins pour ledit patient. La façon dont ce dernier vit son corps va avoir des répercussions bien au-delà du seul temps du soin. Cette écoute complémentaire du corps, puisque c’est l’exemple que nous avons choisi, participera à une éventuelle restauration psychique (particulièrement narcissique) du patient, mais elle peut également concourir à son avenir somatique, notamment lorsque cette écoute éloigne les risques de chronicisation des troubles, risques liés aux résistances psychiques à son soulagement et qui ne relève que peu des traitements médicaux en cours. Ainsi donc, et bien au-delà de la question du corps que nous avons esquissée pour illustrer notre propos, le travail du psychologue et celui du médecin sont clairement différents, tout en restant parfaitement complémentaires (9). L’un (le psychologue) travaille avec la subjectivité du patient et reste totalement incompétent pour le reste alors que l’autre (le médecin) travaille à rendre objectif ce qui peut l’être pour trouver des traitements adéquats, tout en restant ignorant des processus inconscients qui viennent relativiser cette recherche d’objectivité. Mais chacun peut, d’une part, être sensible au travail de l’autre et, d’autre part, apprendre de son collègue au sein d’échanges croisés, car tous deux, à leur manière, s’inscrivent dans une relation d’aide auprès du même être humain, le patient. Seule cette absence de dichotomie peut éloigner l’aberration de diagnostics tels que “trouble psychosomatique”, qui sclérose la pensée plus qu’elle ne l’épanouit lorsqu’elle est enfermée comme une sentence différenciant soma et psyché. Car alors cette sentence engage vers une prise en charge qui, également, continue à scinder deux spécialités, la médecine et la psychologie, pourtant partenaires et amies lorsque chacune reste dans son domaine de compétences et n’interprète pas ce qui est présenté par le patient (un symptôme, une parole) autrement qu’en fonction de ses prérogatives propres. Un effort dans ce sens doit sans doute être fait de part et d’autre, pour le bien de nos patients communs. Cela prend notamment la forme d’une implication du psychologue le plus tôt possible dans la prise en charge et non celle d’une décharge future d’un accompagnement lorsque l’on estime que le cas ne relève plus de la médecine somaticienne. Du côté des psychologues, cet effort passe également par une implication pleine et entière au sein d’une équipe, avec une préférence pour la notion de secret partagé plutôt que pour celle de secret professionnel et individuel, tout en respectant la confiance du patient et le cadre des échanges intersubjectifs avec lui. Des propositions souvent bien connues intellectuellement, mais qui restent dans une large part à appliquer réellement sur le terrain pour donner un véritable sens au terme de “prise en charge pluridisciplinaire”, désignant celle-ci désignant encore trop fréquemment la présence conjointe de diverses spécialités dans un lieu de consultation, sans échanges véritables. Peut-être sommes-nous en train de formuler une évidence ? Et pourtant, c’est ce chemin qui “clive” le travail du psychologue et celui du somaticien que prend encore, actuellement au moins, la compréhension des actuelles recommandations du plan cancer. Alors même que les effets iatrogènes de l’annonce du diagnostic sur les patients et leur entourage semblent dans la plupart des cas éminemment traumatiques (10), le travail du psychologue n’est pas pensé conjointement à celui du médecin, mais en aval. Une fois cette expérience potentiellement traumatique faite, le psychologue clinicien n’a plus qu’à recoller les morceaux ! Personne ne sort gagnant de cette situation : ni les soignants, que la douleur morale et la souffrance psychique du patient vont désorganiser et mettre en difficulté, ni le psychologue, qui travaille “à l’aveugle” et se trouve bien en mal de dénouer les nœuds qui se sont tissés en son absence, au moment crucial de l’annonce du cancer, ni bien sûr le patient et son entourage, que l’angoisse dévore et qui “éclatent” bien souvent psychiquement (11). De même, et toujours dans le cadre du cancer, on observe en France le développement des soins de support. Ils viennent de façon théorique pallier notamment les difficultés liées à la prise en charge psychologique des patients et de leur entourage (12). Mais là également, les choses sont “clivées” : séparation entre équipes de soins en salle et équipes de soins de support, séparation du travail des médecins et de celui des psychologues (qui, encore une fois, interviennent en aval, bien après la première consultation médicale) comme le montre le programme des 2es Journées nationales de soins de support en oncologie (Paris, mai 2005). Le programme y fut organisé en deux journées pour les médecins, suivies d’une journée pour les aspects psychologiques, bien distincte, et d’ailleurs en partie animée par des médecins ! Nous ne remettons pas en cause ici les bonnes volontés qui participent à la mise en place de ces projets, mais l’on ne peut que constater que ce qui résonne intellectuellement comme une évidence, l’intrication entre psyché et soma, ne donne pas lieu sur le terrain à des politiques de développement qui y répondent. On suit toujours un modèle de pratique qui cloisonne les deux approches, au-delà des appels au changement de nombreux médecins et psychologues et du simple bon sens que vient nourrir l’expérience clinique. Notamment la douleur, qui est un symptôme répondant à la définition globale de “psychosomatique” telle que nous l’avons envisagée (une façon de penser, Le Courrier de l’algologie (5), n° 2-3, avril-septembre 2006 Mise au point Mise au point 47 Mise au point Mise au point non un diagnostic), trouve un écho totalement inadapté sur un plan clinique, dans tous les domaines que nous avons cités. L’on pourrait alors se demander “à qui profite le crime” ? Le plus triste est peut-être là : à personne… En conclusion, l’on pourrait dire que le terme “psychosomatique”, lorsqu’il est prononcé par un médecin, et ses conséquences iatrogènes (positives ou négatives) est souvent mal utilisé et mène à des approches du patient dans lesquelles vie psychique et vie physique sont séparées et ce même s’il est rare actuellement de croiser un soignant ou un psychologue qui nie ne pas connaître l’importance d’une prise en charge globale. Cependant, entre les déclarations rassurantes et la réalité effective sur le terrain, un fossé s’observe dans bien des unités de soins. Il ne tient qu’à la volonté de chacun de changer les choses, et de se prouver ainsi combien l’intrication soma-psyché prend un autre sens, plus fécond cliniquement, lorsque dans l’organisation même d’un service, elle trouve une réponse (13). Souhaitons que quelques bonnes volontés, intelligemment sensibles à la souffrance globale du patient, y pourvoiront. ■ 4. Contant M, Calza A. Le symptôme psychosomatique. Paris : Ellipses, 2002. 5. Keller PH. La médecine psychosomatique en question. Paris : Odile Jacob, 1997. 6. Konijnenberg AY, De Graeff-Meeder ER, Kimpen JLL, Van der Hoeven J, Buitelaar JK, Uiterwaal CSP. Group children with unexplained chronic pain: do pediatricians agree regarding the diagnostic approach and presumed primary cause? Pediatrics 2004;114:1220-6. 7. Jeammet P, Reynaud M, Consoli SM. (1979) Psychologie médicale. Paris : Masson Abrégés, 1996. 8. Ferragut E (coord.). Dimension de la souffrance en psychosomatique. Paris : Masson, 2000. Références bibliographiques 1. Keller PH, 2004, Iatrogénie de la parole. Le Concours médical 2004;14:780-3. 2. Ferragut E (coord.). Le corps dans la prise en charge psychosomatique. Paris : Masson, 2003. 3. Bioy A, Fouques D. Manuel de psychologie du soin. Rosny-sous-Bois : Bréal, 2001. 48 Le Courrier de l’algologie (5), n° 2-3, avril-septembre 2006 9. Keller PH. Cohabitation entre médecine et psychologie : les exigences du soin et de la parole. Annales médico-psychologiques 2003; 161:152-8. 10. Brocq H. Collomp R. Bioy A. Ferragut E, Raucoules M. Compte rendu de la commission Informations/Douleur morale du CLUD du CHU de Nice. Douleurs 2005;6(4);197-224. 11. Bioy A. Aspects psychologiques de l’événement “cancer”. Pratique soignante 2005;6:87-96. 12. Fondras JC. Soins palliatifs et soins de support en oncologie. Définitions, présupposés et enjeux. Médecine palliative 2003;2:159-67. 13. Brocq H. Douleur chronique : plaidoyer pour une prise en charge pluridisciplinaire. Objectif soins 2000;84:IV-VIII. Résumé/Summary Les “troubles psychosomatiques” : un conflit d’intérêt entre médecin et psychologue ? Le terme de iatrogénie possède en médecine un sens restreint, celui de ne désigner que l’élément fâcheux mais supposé inévitable du soin (comme une douleur produite par un soin). Pourtant, son sens étymologique est plus complet et complexe, désignant tout ce qui est produit par la médecine (ou par le médecin). Ainsi, l’annonce d’un diagnostic va avoir des répercussions iatrogènes sur le patient et son entourage, c’est-à-dire une répercussion particulière notamment psychique. Nous étudions ici ces notions au regard de ce que l’on nomme les “troubles psychosomatiques”, un diagnostic particulier qui, parfois, cache un pseudo-conflit d’intérêt entre médecin et psychologue, tous deux semblant se battre pour défendre la paternité de l’origine du trouble présenté. Et si les choses étaient plus simples à concevoir ? Psychosomatic disorders: a conflict of interests between the physician and the psychologist? Iatrogenic, in medecine, has a restricted signification, that of designing the unfortunate and inevitable aspect of care like the pain secondary to care). And yet, it’s etymological meaning is more complete and complex, designing all that is produced by medicine (or by the physician). Thus, announcing a diagnosis will have iatrogenic repercussions on the patient and his family circle, a particular repercussion which is psychological. These aspects are developed here from the point of view of what is called “psychosomatic disorders”, a particular diagnosis hiding a pseudo conflict of interests between the physician and the psychologist, both wanting to defend the paternity of the origin of the complaint. And if things were more simple? Keywords: Iatrogenic - Psychosomatic - Diagnosis - Psychologist - Physician.