103
Le Courrier de l’algologie (4), n°3, juillet/août/septembre 2005
Mise au point
Mise au point
le biseau de l’aiguille longitudinale-
ment pour réduire au maximum les
lésions des fibres élastiques longitu-
dinales de la dure-mère (5). Les
aiguilles à bout conique sont égale-
ment à privilégier car moins trauma-
tiques ; elles écartent les fibres de la
dure-mère et sont associées à un
risque plus faible de céphalées.
Ces céphalées apparaissent dans les
heures, voire les jours qui suivent la
ponction. Typiquement postérieures,
elles peuvent s’étendre en avant jus-
qu’à la région frontale, voire les
épaules. Des nausées ou des vomis-
sements les accompagnent, surtout
si elles sont intenses. Elles persistent
de 24 heures à 7 jours. Le traitement
repose sur l’hydratation, le repos au
lit et les analgésiques classiques.
Cependant, si elles persistent, un
blood-patch épidural peut être pro-
posé (7). Lors de céphalées intenses,
certains auteurs utilisent la caféine
orale ou intraveineuse (5).
Biopsie transthoracique
La biopsie transthoracique d’une
masse intrathoracique réalisée avec
une aiguille fine est en général un
acte peu douloureux. Cependant, en
cas de tumeur neurogénique, des
douleurs intenses peuvent être asso-
ciées (8).
Biopsie prostatique transrectale
Dans une étude prospective, 16 % des
patients présentaient une douleur
modérée ou sévère, et 19 % refu-
saient cette procédure sans anesthé-
sie (9). Le blocage des nerfs prosta-
tiques par voie transrectale guidé par
échographie est efficace pour limiter
la douleur (10).
Mammographies
La compression des seins lors d’une
mammographie est associée à des
douleurs modérées rarement sévères
(11).
Douleurs aiguës associées
aux actes thérapeutiques
Douleurs postopératoires
Des recommandations pour la prise
en charge de la douleur postopéra-
toire permettent d’optimiser l’anal-
gésie après une intervention chirur-
gicale et de limiter sinon d’éviter la
chronicisation de cette douleur aiguë
(12).
Douleurs associées
à la cryochirurgie
La cryochirurgie du col de l’utérus
peut entraîner des douleurs à type de
crampe et de contraction utérine
(13).
Douleurs lors d’actes de radiologie
interventionnelle
La radiologie interventionnelle est
l’une des voies possibles de la prise
en charge antalgique. Lorsque le site
ou le point de départ douloureux a
été individualisé, elle permet d’abor-
der l’organe en cause par des appro-
ches variées : vasculaire, ponction
directe. Le guidage et le repérage
utilisent les différents appareillages
radiologiques : radiologie numéri-
sée avec scopie, scanner, échogra-
phie. En cancérologie, elle est deve-
nue une véritable alternative
thérapeutique pour des patients dou-
loureux, souvent affaiblis, en raison
de sa faible morbidité et de son effi-
cacité. Les gestes sont en effet peu
invasifs et rapides. Ses principales
méthodes sont l’embolisation arté-
rielle, l’infiltration de structures neu-
rologiques (racines, plexus) et les
injections directes intratumorales
(alcool, ciment). Cependant, ces
actes nécessitent souvent, pendant
leur déroulement, une analgésie pro-
fonde et un suivi postinterventionnel
attentif, leur objectif étant le soula-
gement de la douleur initiale en évi-
tant toute iatrogénicité péjorative
(14). Lors d’une embolisation tumo-
rale, des douleurs peuvent apparaître
(15).
Douleurs associées aux actes
thérapeutiques analgésiques
Infiltration d’anesthésiques locaux
L’infiltration sous-cutanée et intra-
dermique d’un anesthésique local de
type lidocaïne entraîne une sensation
brève et intense de brûlure avant
l’installation de l’anesthésie. Des
moyens prophylactiques simples ne
doivent pas être oubliés en pratique
quotidienne, comme l’application du
patch Emla®(16) ou, chez l’enfant,
l’inhalation du mélange équimolaire
oxygène-protoxyde d’azote (Kali-
nox®) (17).
Infiltration d’opioïdes
Les injections sous-cutanées de mor-
phine, très utilisées en routine, sont
douloureuses. Les injections intra-
musculaires le sont encore plus et
cette voie ne doit plus être utilisée.
La douleur dépend du volume injecté
et des caractéristiques chimiques du
morphinique utilisé. Des réactions
inflammatoires peuvent être asso-
ciées et majorer la douleur, notam-
ment avec des morphiniques comme
la méthadone cependant non utilisés
par cette voie d’administration en
France. L’association de corticoïdes
lors de l’injection pourrait limiter ces
réactions locales (18).
Les injections répétées lors de dou-
leurs incidentes doivent faire changer
la voie d’administration (orale ou
intraveineuse).
Céphalées des opioïdes
Les patients développent parfois des
céphalées diffuses après la prise du
traitement morphinique. Celles-ci
seraient dues à une libération d’his-
tamine induite par les opioïdes.
Syndrome d’hyperalgésie induit
par les opioïdes par voie spinale
L’injection intrathécale ou épidurale
de fortes doses d’opioïdes peut par-
fois entraîner des douleurs du péri-
née, de la ceinture pelvienne et des
membres inférieurs, plus rarement
des myoclonies ou un priapisme
(19).
Douleurs des injections épidurales
Des douleurs dorsales, pelviennes ou
des membres inférieurs peuvent être
majorées ou déclenchées par une
injection ou une perfusion intrathé-
cale. L’incidence de cette douleur est
d’environ 20 % (20).
.../...