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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006
aux hormones stéroïdes
Syndromes de résistance
Syndromes de résistance aux minéralocorticoïdes
Mineralocorticoid resistance
M.-C. Zennaro*
L
aldostérone joue un rôle
majeur dans le contrôle de
la balance électrolytique, la
volémie et la pression artérielle par
la régulation du transport transépi-
thélial de sodium. Les principaux
acteurs impliqués dans la réponse
à l’hormone sont le récepteur miné-
ralocorticoïde (MR, mineralocorti-
coid receptor) et le canal épithélial
à sodium sensible à l’amiloride
(ENaC, epithelial sodium channel).
L’inactivation ou la modification
de cette cascade de signalisation
aboutit à une forme rare de résis-
tance aux minéralocorticdes, le
pseudo-hypoaldostéronisme de
type 1 (PHA1), ou à des formes
monogéniques d’hypertension
artérielle. L’identification des ano-
malies génétiques sous-jacentes au
PHA1 ces dernières années a per-
mis une meilleure compréhension
des mécanismes pathogéniques de
la maladie, ainsi que l’amélioration
de nos connaissances sur les étapes
moléculaires impliquées dans la
réabsorption du sodium. Des études
de corrélation entre le génotype et le
phénotype commencent également
à apparaître. Dans cette revue, nous
allons faire le point sur ces avan-
cées récentes, discuter de l’absence
de mutations dans certaines familles
et de l’importance d’une évaluation
clinique précise pour l’identifica-
tion de nouveaux gènes impliqués
dans la pathologie.
Effets rénaux
et extranaux
de l’aldosrone
Les cibles classiques de l’aldostérone
sont les tissus épithéliaux polarisés,
tels que les parties distales du néph-
ron, le côlon distal, les glandes sali-
vaires et sudoripares. Ici, l’hormone
régule la réabsorption de sodium et
l’excrétion de potassium et d’ions
H+. Les deux étapes majeures du
transfert de sodium dans le rein sont
constituées d’un transport facilité à la
membrane apicale, du pôle urinaire
vers la cellule, et d’un transport actif
au niveau de la membrane basolaté-
rale, de la cellule vers l’interstitium.
L’entrée de sodium au niveau de la
* Inserm U772, Collège de France, Chaire de
médecine expérimentale, Paris.
L’aldostérone est la principale hormone minéralocorticoïde chez
l’homme. Elle joue un rôle majeur dans la régulation de la balance
hydro-électrolytique et de la pression artérielle. Les altérations de cet
axe hormonal sont à l’origine d’hypertension artérielle ou de syndromes
de perte de sel.
Le PHA1 est une forme rare de résistance aux minéralocorticoïdes
qui se manifeste en période néonatale. Elle est caractérisée par un syn-
drome de perte de sel et un retard de croissance. Le diagnostic est posé
en présence d’une hyponatrémie, d’une hyperkaliémie et d’une acidose
métabolique associées à des taux extrêmement élevés d’aldostérone et
de rénine plasmatique.
Il existe deux formes de PHA1. Elles se distinguent par la gravité du
tableau clinique et par leur transmission. Dans les formes à transmis-
sion dominante et dans les cas sporadiques, la résistance aux minéra-
locorticoïdes est limitée au rein. Il s’agit d’une forme bénigne avec une
évolution favorable. La forme autosomique récessive de PHA1 est une
forme sévère avec une atteinte au niveau de multiples organes.
Les deux formes cliniques sont dues à des anomalies génétiques dif-
férentes. Des mutations des gènes codant pour les sous-unités du canal
à sodium ENaC sont responsables de la forme récessive du PHA1, alors
que la forme dominante et les cas sporadiques sont dus à des mutations
du gène codant pour le récepteur minéralocorticoïde.
De nombreux cas ne présentent cependant pas de mutation. L’objec-
tif principal des investigations futures sera l’identification d’autres gènes
impliqués dans la maladie.
Mots-clés : Aldostérone – Pseudo-hypoaldostéronisme de type 1
Résistance hormonale – Récepteurs nucléaires – Stéroïdes – Canal
épithélial à sodium – Perte de sel.
Keywords: Aldosterone – Pseudo-hypoaldosteronism type 1 – Hor-
mone resistance – Nuclear receptors – Steroids – Epithelial sodium
channel – Salt loss.
points FORTS
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Syndromes de résistance
aux hormones stéroïdes
A
P
Ub
Apical Basolatéral
MR
Na+Na+
Na+
CoA
ATP
GTF
GRE
NDRG2
GILZ CHIF
ki-RasA
Na,K-ATPase
ENaC
Jonctions serrées
(occl8, CLDN4, etc.)
AQP2/3
sgk1inactif
sgk1actif
Modulation
MAPK
Nedd4-2 Nedd4-2
H2O
K+
Figure 1. Mécanisme d’action de l’aldostérone dans une cellule épithéliale polarisée.
L’aldostérone entre dans la cellule par simple diffusion et se lie au récepteur minéralocorti-
coïde. Le complexe hormone-récepteur subit un changement conformationnel et est transféré
dans le noyau. Ici, il se fixe à des éléments spécifiques, les éléments de réponse aux gluco-
corticoïdes, localisés dans les régions gulatrices de gènes cibles. Ainsi, le MR régule la
transcription de gènes impliqués dans les différentes étapes de la réponse à l’aldostérone,
qui aboutissent à la réabsorption transépithéliale de sodium. La protéine sgk1 est activée par
la kinase PDK1 ; Nedd4-2, qui régule l’expression à la surface d’ENaC par un processuss
d’ubiquitination, est phosphorylé par sgk1. Cela entraîne la dissociation de Nedd4-2 du
canal ENaC, suivie par l’activation du canal. L’effet de l’aldostérone sur les protéines des
jonctions serrées n’est pas complètement élucidé, mais passerait en partie par des effets non
transcriptionnels (64).
MR, récepteur minéralocorticoïde ; GRE, éléments de réponse aux glucocorticoïdes ; CoA,
coactivateurs transcriptionnels ; GTF, facteurs de transcription généraux ; NDRG2, N-myc
downregulated gene 2 ; ki-RasA, Kirsten Ras ; sgk1, serum and glucocorticoid regulated ki-
nase 1 ; ENaC, epithelial sodium channel ; Nedd4-2, neuronal developmentally downregulated
gene 4, isoform 2 ; GILZ, glucocorticoid induced leucine zipper ; CHIF, channel inducing
factor ; AQP2/3, aquaporines 2 et 3 ; Na,K-ATPase, pompe sodium potassium ATPase ; occl8,
occludine 8 ; CLDN4, claudine 4.
membrane apicale est facilitée par
un gradient électrochimique et se
fait à travers le canal ENaC ; elle est
l’étape limitante du transport ionique
gupar l’aldostérone. Le transport
actif à travers la membrane basola-
térale est catalysé par la pompe à
sodium Na,K-ATPase (1).
L’aldostérone exerce ses effets en se
liant à son cepteur intracellulaire, le
MR (figure 1). En l’absence d’hor-
mone, le MR est localisé de façon
majoritaire dans le cytoplasme (2). Il
est associé à un complexe multipro-
ique composé de protéines de choc
thermique, comme la hsp90 et la
hsp70, et d’immunophylines, notam-
ment FKBP52, FKBP54 et CYP40
(revue dans [3]). Après liaison de
l’hormone, le MR subit une série de
modifications conformationnelles,
un changement de son état de phos-
phorylation, une dissociation des
protéines associées, une dimérisation
et un transfert vers le noyau. Ici, le
MR interagit avec des éléments de
réponse hormonale appelés GRE
(glucocorticoid response element),
situés dans les régions régulatrices
des gènes cibles, dont il module la
transcription. La gulation transcrip-
tionnelle se fait grâce à l’interaction
directe avec des facteurs de trans-
cription généraux et au recrutement
de corégulateurs (4). Ces complexes
sont impliqués dans le remodelage de
la chromatine, l’atylation des histo-
nes et le recrutement de la machinerie
transcriptionnelle basale.
Dans les cellules tubulaires distales
du rein, l’aldostérone stimule l’acti-
vité de nombreuses protéines impli-
quées dans le transport transépithélial
de sodium, comme la Na,K ATPase
ou le canal ENaC (revue dans [5,
6]). L’hormone induit très précoce-
ment l’expression d’une protéine de
type sérine-thréonine kinase, sgk, qui
stimule directement l’activité ENaC
(7, 8). Elle active aussi la transcrip-
tion des proto-oncogènes Ki-rasA,
P21-ras et fra 2 (9), de CHIF (chan-
nel inducing factor) (10), des aqua-
porines AQP2 et AQP3 (11, 12) et de
la protéine GILZ (13). Enfin, notre
laboratoire a démontré que NDRG2
(N-myc downregulated gene 2) était
précocement induit par l’aldosté-
rone. Bien que la fonction exacte de
NDRG2 ne soit pas encore identife,
ces données suggèrent une implica-
tion de la voie ras dans la signalisa-
tion minéralocorticoïde (14).
Au-delà de ses effets dans les tissus
épithéliaux polarisés, l’aldostérone
exerce également des effets impor-
tants au sein du système nerveux
central et dans le système cardio-
vasculaire. Les hormones cortico-
stéroïdes modifient des fonctions de
réseau dans l’hippocampe et contri-
buent ainsi à l’adaptation comporte-
mentale en réponse au stress (15).
Dans un contexte de statut sodé
inapproprié, l’aldostérone est capa-
ble d’induire une augmentation de
la pression artérielle par l’activation
de MR circumventriculaires dans
le système nerveux central (16), et
d’activer une cascade d’événements
au niveau cardiaque conduisant à
une hypertrophie cardiaque indé-
pendante de la pression artérielle
(17). De façon plus importante
encore, des données récentes ont
montré le bénéfice clinique majeur
de l’utilisation d’antagonistes miné-
ralocorticoïdes dans le traitement de
l’insuffisance cardiaque en associa-
tion avec un traitement médical opti-
misé. Deux études randomisées ont
montré que la spironolactone ainsi
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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006
aux hormones stéroïdes
Syndromes de résistance
Tableau I. Caractéristiques cliniques et biochimiques du pseudo-hypoaldostéronisme de type 1.
que l’éplérénone, deux antagonistes
du MR, réduisent de façon signifi-
cative (environ 30 %) la mortalité
et la morbidité de patients ayant
une insuffisance cardiaque sévère
ou une dysfonction ventriculaire
gauche post-infarctus aigu du myo-
carde (18, 19). Enfin, des données
très récentes montrent que le tissu
adipeux exprime des MR. L’aldos-
térone est capable d’induire la diffé-
renciation adipocytaire et de réguler
des processus de thermogenèse, ce
qui suggère un rôle encore méconnu
de l’hormone dans la régulation de
la balance énergétique (20-22).
Le pseudo-
hypoaldosronisme
de type 1
Phénotype clinique
Le PHA1 est une forme rare de
résistance aux minéralocorticoïdes
qui se présente chez le nourrisson
par un retard de croissance avec
vomissements, perte de sel et déshy-
dratation (23) (tableau I). Au niveau
biochimique, on constate une hypo-
natrémie, une hyperkaliémie et une
acidose métabolique en présence de
taux extrêmement élevés d’aldosté-
rone et d’activité rénine plasmati-
que. L’insensibilité à l’aldostérone
peut être limitée aux parties distales
du rein ou être généralisée. Dans ce
dernier cas, la perte de sel se fait
dans de multiples organes, notam-
ment le rein, le côlon, les glandes
salivaires et sudoripares. Plusieurs
modes de transmission du PHA1
ont été observés. Ils sont corrélés à
la gravité de la maladie.
La forme autosomique dominante
de PHA1 est une forme légère avec
atteinte exclusivement rénale. Le
traitement consiste en une sup-
plémentation sodée et l’emploi, si
nécessaire, de résines échangeuses
d’ions. La maladie évolue de façon
très favorable, et le traitement peut
être arrêté après une période allant
de quelques mois à deux ans. Les
mécanismes sous-jacents à cette
amélioration sont hypothétiques ; la
maturation rénale, la compensation
des pertes sodées dans les parties
distales du rein par une réabsorption
proximale accrue et une up-regula-
tion du système rénine-angioten-
sine-aldostérone qui persiste jus-
qu’à l’âge adulte sont certainement
des éléments importants.
À l’inverse, la forme récessive est
une forme généralisée d’expression
clinique plus sévère. En plus du phé-
notype rénal, ces patients présentent
fréquemment des infections respi-
ratoires liées à l’augmentation du
volume de liquide à la surface des
voies respiratoires (24). Cette forme
de PHA1 requiert des doses très éle-
vées de sodium pour compenser la
perte en sel, qui est souvent fatale.
Le pronostic est mauvais, puisque
aucune amélioration ne survient et
que les patients subissent des crises
currentes de déshydratation sévère.
Enfin, les cas sporadiques présen-
tent un tableau clinique modéré qui
ressemble au PHA1 dominant. Une
forme transitoire de PHA1 a été
observée chez des enfants ayant une
uropathie obstructive, des infections
urinaires, ou à la suite d’une résec-
tion de l’intestin grêle ou d’une
transplantation rénale (25, 26). Chez
ces patients, le traitement médical
ou chirurgical de la pathologie sous-
jacente rétablit une réponse normale
à l’aldostérone.
Mécanisme pathogénique
Depuis la première description du
PHA1, un défaut de la réponse tubu-
laire à l’aldostérone a été évoqué
comme étant la cause sous-jacente
de la maladie. Armanini et al. ont
confirmé cette hypothèse après
avoir mis en évidence des sites de
liaison de l’aldostérone dans les
lymphocytes mononucléés (27). Les
auteurs ont par la suite démontré
que la liaison de l’aldostérone tritiée
était absente ou fortement réduite
dans des lymphocytes provenant de
patients atteints de PHA1 (28). Dans
une étude plus large portant sur huit
familles, une corrélation a été retrou-
Transmission Autosomique dominante / Sporadique Autosomique récessive
Présentation clinique Retard de croissance, vomissements
Perte de sel variable Perte de sel importante
Déshydratation Déshydratation sévère
Infections respiratoires
Paramètres biologiques Hyponatrémie, hyperkaliémie, acidose métabolique, aldostérone et rénine plasmatique élevés
Traitement Supplémentation sodée
Mécanisme pathogénique Résistance rénale aux minéralocorticoïdes Résistance généralisée au minéralocorticoïdes
Anomalie génétique Mutations du gène hMR Mutations desnes codant pour les sous-unités d’ENaC
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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006
Syndromes de résistance
aux hormones stéroïdes
Tableau II. Mutations d’ENaC identifiées dans le PHA1.
vée entre le type de transmission et
les anomalies de liaison : dans les cas
à transmission autosomique réces-
sive, les deux parents avaient tou-
jours des taux plasmatiques normaux
d’aldostérone et un nombre normal
de récepteurs. À l’inverse, dans les
formes à transmission autosomi-
que dominante, une diminution du
nombre de récepteurs était toujours
retrouvée chez l’un des deux parents,
ainsi qu’une élévation des taux plas-
matiques d’aldostérone (29).
Anomalies génétiques dans le
PHA1
Durant les dix dernières années, de
nombreux laboratoires ont exploré
les mécanismes moléculaires sous-
jacents au PHA1. Les toutes prem-
res études n’ont pas mis en évidence
de mutation ou de délétion du MR
chez les patients atteints des formes
autosomiques cessive ou dominante
de PHA1 (30-32) ou dans les quel-
ques cas sporadiques examis (33).
Le canal épithélial à sodium
Les premières informations sur les
gènes associés au PHA1 provinrent
du travail de Strautnieks et al. (34).
En utilisant une approche de cri-
blage du génome par cartographie
d’homozygotie dans onze familles
consanguines, deux locus de la
maladie furent identifiés. L’un, en
16p12.2-13.11, contient les gènes
codant pour les sous-unités β et γ
d’ENaC ; l’autre, situé sur le chro-
mosome 12p13.1-pter, porte le gène
codant pour la sous-unité α. Par la
suite, Chang et al. ont identifié des
mutations des sous-unités d’ENaC
dans 5 familles consanguines sur 7
analysées ([35] tableau II).
Le canal épithélial à sodium ENaC
est une protéine hétéromultiméri-
que composée de trois sous-uni-
tés, α, β et γ, qui forment le canal
exprimé à la surface de la cellule
(revue dans [36]). Les sous-unités
d’ENaC sont des protéines formées
de 650 à 700 acides aminés, qui
présentent environ 35 % d’identité
de séquence. Ces protéines possè-
dent deux domaines transmembra-
naires (M1 et M2). Les extrémités
C- et N-terminales sont intracellu-
laires et un grand ectodomaine est
exposé à l’extérieur de la cellule.
De nombreux motifs structuraux
ont été identifiés. Ils représentent
des éléments importants de la fonc-
tion du canal. Ainsi, un motif histi-
dine-glycine (HG) conservé présent
dans lextrémité N-terminale est
important pour l’ouverture et la fer-
meture du canal (36). Une séquence
d’acides aminés qui précède le
deuxième segment transmembra-
naire de chacune des trois sous-uni-
tés contribue à la formation du pore.
Ces résidus sont également les sites
principaux de liaison de l’amiloride
(37). La boucle extracellulaire est le
plus grand domaine dENaC. Elle
est largement glycosylée (38, 39).
Deux domaines riches en cystéine
sont impliqués dans la formation de
ponts disulfides qui maintiennent
la structure tridimensionnelle de
la boucle. Fait important, les sous-
Position
Nucléotide Codon Transmission Référence
αC256T/αdelex3-4 αR53stop/abnormal protein Hétérozygote composite (24)
α302delTC αI68,F Homozygote 3 familles (35)
N.C. αC133Y N.C. (65)
α604delAC/α1404delC αT169,F/αF435,F Hétérozygote composite (24)
α828delA/α1449delC αS243,F/αH450,F Hétérozygote composite (66)
αinsT1439 αY447,F Homozygote (41)
α1449delC αH450,F Homozygote (66)
αC1473T αR492stop Homozygote (67)
αC1621T αR508stop Homozygote 3 familles (24, 35, 41)
αC1784T/α1449delC αS562L/αH450,F Hétérozygote composite (66)
βdel5’ Homozygote (44)
βG236A βG37S Homozygote (35)
β647insA/β915delC βL174,F/βS263,F Hétérozygote composite (24)
β1669+1G >A Abnormal splicing Homozygote (41)
γ318-1G >A Abnormal splicing Homozygote 3 familles (43)
γ1627delG/γ1570-1G >A γV543,F/abnormal splicing Hétérozygote composite (68)
N.C. : non connu.
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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006
aux hormones stéroïdes
Syndromes de résistance
unités d’ENaC contiennent des
régions conservées riches en proli-
nes (motifs PY) à leurs extrémités
C-terminales, qui sont propres à
ces canaux. Ces motifs sont impli-
qués dans des interactions protéine-
protéine et sont importants pour le
trafic intracellulaire des récepteurs
et leur dégradation (40). Il est inté-
ressant de noter que la mutation ou
la délétion de ces séquences est à
l’origine du syndrome de Liddle,
une forme monogénique d’hyper-
tension artérielle s’exprimant par un
tableau clinique en miroir du PHA1.
En effet, c’est via ces domaines PY
que les sous-unités d’ENaC inter-
agissent avec l’ubiquitine-ligase
Nedd4 (figure 1). Nedd4 régule le
nombre de canaux ENaC à la sur-
face cellulaire par un mécanisme
d’ubiquitination, d’endocytose et
de dégradation, ce processus étant
réduit dans le syndrome de Liddle.
Mutations des sous-unités
du canal épithélial à sodium
Une des mutations identifiées par
Chang et al. dans le PHA1 autoso-
mal récessif, αI68,F, a été retrou-
vée dans trois fratries d’origine
saoudienne (35). La délétion de
deux nucléotides introduit un déca-
lage du cadre de lecture à partir du
codon 67. La protéine ENaC codée
par le gène muté diffère complète-
ment de la protéine normale entre
les acides aminés 68 à 144, la
traduction est arrêtée par un codon
stop prématuré. Une autre mutation
homozygote faux-sens change l’ar-
ginine R508 de αENaC en codon
stop. Fait intéressant, cette mutation
a été retrouvée dans trois fratries
d’origines différentes (24, 35, 41).
Le résidu muté est localisé dans la
partie extracellulaire de la protéine.
La sous-unité α tronquée contient le
premier domaine transmembranaire
et une partie du domaine extracel-
lulaire, mais a perdu le deuxième
domaine transmembranaire et l’ex-
trémité C-terminale intracellulaire,
régions qui sont impliquées dans la
fonction du pore. Lanalyse fonc-
tionnelle de cette protéine mutée
a permis de mettre en évidence
de nouvelles fonctions de la sous-
unité α du canal. Des études réali-
sées ex vivo ont montré que la coex-
pression de la protéine α tronquée
avec les sous-unités β et γ dans les
oocytes de Xenopus laevis générait
un courant Na+ mesurable (42). La
sous-unité mutée était assemblée
avec les deux autres sous-unités à
la surface des cellules, bien qu’à
une densité moindre, ce qui était
en accord avec la réduction du cou-
rant Na+ observée dans les oocytes.
Ainsi, cette analyse a démontré le
rôle de la sous-unité α dans l’assem-
blage et l’adressage d’un canal actif
à la surface cellulaire. Ces résultats
ont également indiqué que des pores
constitués uniquement de sous-uni-
tés β et γ possédaient une activité
résiduelle significative, suffisant à
expliquer l’absence de phénotype
pulmonaire sévère chez les patients
porteurs de la mutation. Dans une
autre famille, une mutation perte-
de-fonction a été identifiée dans la
sous-unité β. Les canaux compo-
sés de sous-unités α et γ associées
à la protéine β contenant la muta-
tion G37S, qui est localisée dans le
motif HG, possèdent une activité
ENaC fortement réduite (35). Dans
trois familles originaires du sous-
continent indien, une mutation alté-
rant un site d’épissage accepteur a
été identifiée dans la sous-unité γ
(318-1G/A) (43). Cette mutation
modifie l’épissage du pré-ARNm.
Deux ARNm sont générés : l’un est
le résultat de l’activation d’un site
d’épissage cryptique et code pour
une protéine mutée dans laquelle
les résidus KYS106-108 sont rem-
placés par une asparagine. L’autre
ARNm est généré par l’exclusion de
l’exon suivant la mutation ; il code
pour une protéine γENaC tronquée.
Après ces premières descrip-
tions, de nombreuses autres muta-
tions dENaC ont été décrites
(tableau II). Il s’agit de mutations
faux-sens et non-sens, de délétions,
d’insertions et de mutations sur
des sites d’épissage aux jonctions
intron-exon. Récemment, une large
délétion localisée dans la région
promotrice de βENaC a été décrite
(44). Elle est responsable d’une
expression réduite de la sous-unité.
Bien que des anomalies moléculai-
res aient été retrouvées dans toutes
les sous-unités du canal à sodium,
elles sont plus fréquentes dans la
sous-unité α, ce qui est en accord
avec son rôle déterminant dans la
fonction du canal. Aucune mutation
n’a été retrouvée dans l’extrémité
C-terminale cytoplasmique, qui est
altérée dans le syndrome de Lid-
dle. Les mutations des sous-unités
d’ENaC sont retrouvées à l’état
homozygote ou hétérozygote com-
posite, mais, dans tous les cas, les
deux allèles sont mutés. Dans une
série de cinq cas sporadiques de
PHA1, il a été suggéré que l’associa-
tion entre certains polymorphismes
particuliers des sous-unités ENaC
et des polymorphismes du MR ou
d’autres protéines impliquées dans
la réabsorption de sodium pourrait
avoir une influence négative sur la
balance sodée (45). Enfin, différents
animaux transgéniques reproduisant
le phénotype clinique et biologique
du PHA1 généralisé ont été créés. Il
s’agit de modèles d’une très grande
utilité pour étudier les effets à long
terme d’une perte de sel sévère et
d’une élévation chronique des taux
plasmatiques d’aldostérone (46).
Le récepteur
minéralocorticoïde
À la différence du PHA1 autoso-
mique récessif, les formes à trans-
mission dominante et certains cas
sporadiques sont dus à des muta-
tions inactivatrices du gène hMR
(tableau III). Le MR fait partie de la
superfamille des récepteurs nucléai-
res, qui inclut également d’autres
récepteurs stéroïdiens (aux gluco-
corticoïdes, à la progestérone, aux
androgènes et aux estrogènes), ainsi
que les récepteurs thyroïdiens, à la
vitamine D et à l’acide rétinoïque.
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