Syndromes de résistance aux hormones stéroïdes Syndromes de résistance aux minéralocorticoïdes Mineralocorticoid resistance M.-C. Zennaro* points FORTS ▲ L’aldostérone est la principale hormone minéralocorticoïde chez l’homme. Elle joue un rôle majeur dans la régulation de la balance hydro-électrolytique et de la pression artérielle. Les altérations de cet axe hormonal sont à l’origine d’hypertension artérielle ou de syndromes de perte de sel. ▲ Le PHA1 est une forme rare de résistance aux minéralocorticoïdes qui se manifeste en période néonatale. Elle est caractérisée par un syndrome de perte de sel et un retard de croissance. Le diagnostic est posé en présence d’une hyponatrémie, d’une hyperkaliémie et d’une acidose métabolique associées à des taux extrêmement élevés d’aldostérone et de rénine plasmatique. ▲ Il existe deux formes de PHA1. Elles se distinguent par la gravité du tableau clinique et par leur transmission. Dans les formes à transmission dominante et dans les cas sporadiques, la résistance aux minéralocorticoïdes est limitée au rein. Il s’agit d’une forme bénigne avec une évolution favorable. La forme autosomique récessive de PHA1 est une forme sévère avec une atteinte au niveau de multiples organes. ▲ Les deux formes cliniques sont dues à des anomalies génétiques différentes. Des mutations des gènes codant pour les sous-unités du canal à sodium ENaC sont responsables de la forme récessive du PHA1, alors que la forme dominante et les cas sporadiques sont dus à des mutations du gène codant pour le récepteur minéralocorticoïde. ▲ De nombreux cas ne présentent cependant pas de mutation. L’objectif principal des investigations futures sera l’identification d’autres gènes impliqués dans la maladie. Mots-clés : Aldostérone – Pseudo-hypoaldostéronisme de type 1 – Résistance hormonale – Récepteurs nucléaires – Stéroïdes – Canal épithélial à sodium – Perte de sel. Keywords: Aldosterone – Pseudo-hypoaldosteronism type 1 – Hormone resistance – Nuclear receptors – Steroids – Epithelial sodium channel – Salt loss. L’ aldostérone joue un rôle majeur dans le contrôle de la balance électrolytique, la volémie et la pression artérielle par la régulation du transport transépithélial de sodium. Les principaux * Inserm U772, Collège de France, Chaire de médecine expérimentale, Paris. 108 acteurs impliqués dans la réponse à l’hormone sont le récepteur minéralocorticoïde (MR, mineralocorticoid receptor) et le canal épithélial à sodium sensible à l’amiloride (ENaC, epithelial sodium channel). L’inactivation ou la modification de cette cascade de signalisation aboutit à une forme rare de résis- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 tance aux minéralocorticoïdes, le pseudo-hypoaldostéronisme de type 1 (PHA1), ou à des formes monogéniques d’hypertension artérielle. L’identification des anomalies génétiques sous-jacentes au PHA1 ces dernières années a permis une meilleure compréhension des mécanismes pathogéniques de la maladie, ainsi que l’amélioration de nos connaissances sur les étapes moléculaires impliquées dans la réabsorption du sodium. Des études de corrélation entre le génotype et le phénotype commencent également à apparaître. Dans cette revue, nous allons faire le point sur ces avancées récentes, discuter de l’absence de mutations dans certaines familles et de l’importance d’une évaluation clinique précise pour l’identification de nouveaux gènes impliqués dans la pathologie. Effets rénaux et extrarénaux de l’aldostérone Les cibles classiques de l’aldostérone sont les tissus épithéliaux polarisés, tels que les parties distales du néphron, le côlon distal, les glandes salivaires et sudoripares. Ici, l’hormone régule la réabsorption de sodium et l’excrétion de potassium et d’ions H+. Les deux étapes majeures du transfert de sodium dans le rein sont constituées d’un transport facilité à la membrane apicale, du pôle urinaire vers la cellule, et d’un transport actif au niveau de la membrane basolatérale, de la cellule vers l’interstitium. L’entrée de sodium au niveau de la A Apical Basolatéral MR CoA GTF Modulation MAPK NDRG2 GRE AQP2/3 ki-RasA H2O ENaC Na+ Ub sgk1inactif sgk1actif Nedd4-2 P Nedd4-2 GILZ CHIF K+ Na,K-ATPase ATP Na+ Na+ Jonctions serrées (occl8, CLDN4, etc.) Figure 1. Mécanisme d’action de l’aldostérone dans une cellule épithéliale polarisée. L’aldostérone entre dans la cellule par simple diffusion et se lie au récepteur minéralocorticoïde. Le complexe hormone-récepteur subit un changement conformationnel et est transféré dans le noyau. Ici, il se fixe à des éléments spécifiques, les éléments de réponse aux glucocorticoïdes, localisés dans les régions régulatrices de gènes cibles. Ainsi, le MR régule la transcription de gènes impliqués dans les différentes étapes de la réponse à l’aldostérone, qui aboutissent à la réabsorption transépithéliale de sodium. La protéine sgk1 est activée par la kinase PDK1 ; Nedd4-2, qui régule l’expression à la surface d’ENaC par un processuss d’ubiquitination, est phosphorylé par sgk1. Cela entraîne la dissociation de Nedd4-2 du canal ENaC, suivie par l’activation du canal. L’effet de l’aldostérone sur les protéines des jonctions serrées n’est pas complètement élucidé, mais passerait en partie par des effets non transcriptionnels (64). MR, récepteur minéralocorticoïde ; GRE, éléments de réponse aux glucocorticoïdes ; CoA, coactivateurs transcriptionnels ; GTF, facteurs de transcription généraux ; NDRG2, N-myc downregulated gene 2 ; ki-RasA, Kirsten Ras ; sgk1, serum and glucocorticoid regulated kinase 1 ; ENaC, epithelial sodium channel ; Nedd4-2, neuronal developmentally downregulated gene 4, isoform 2 ; Gilz, glucocorticoid induced leucine zipper ; CHIF, channel inducing factor ; AQP2/3, aquaporines 2 et 3 ; Na,K-ATPase, pompe sodium potassium ATPase ; occl8, occludine 8 ; CLDN4, claudine 4. membrane apicale est facilitée par un gradient électrochimique et se fait à travers le canal ENaC ; elle est l’étape limitante du transport ionique régulé par l’aldostérone. Le transport actif à travers la membrane basolatérale est catalysé par la pompe à sodium Na,K-ATPase (1). L’aldostérone exerce ses effets en se liant à son récepteur intracellulaire, le MR (figure 1). En l’absence d’hormone, le MR est localisé de façon majoritaire dans le cytoplasme (2). Il est associé à un complexe multiprotéique composé de protéines de choc thermique, comme la hsp90 et la hsp70, et d’immunophylines, notamment FKBP52, FKBP54 et CYP40 (revue dans [3]). Après liaison de l’hormone, le MR subit une série de modifications conformationnelles, un changement de son état de phosphorylation, une dissociation des protéines associées, une dimérisation et un transfert vers le noyau. Ici, le MR interagit avec des éléments de réponse hormonale appelés GRE (glucocorticoid response element), situés dans les régions régulatrices des gènes cibles, dont il module la transcription. La régulation transcriptionnelle se fait grâce à l’interaction directe avec des facteurs de transcription généraux et au recrutement de corégulateurs (4). Ces complexes sont impliqués dans le remodelage de la chromatine, l’acétylation des histones et le recrutement de la machinerie transcriptionnelle basale. Dans les cellules tubulaires distales du rein, l’aldostérone stimule l’activité de nombreuses protéines impliquées dans le transport transépithélial de sodium, comme la Na,K ATPase ou le canal ENaC (revue dans [5, 6]). L’hormone induit très précocement l’expression d’une protéine de type sérine-thréonine kinase, sgk, qui stimule directement l’activité ENaC (7, 8). Elle active aussi la transcription des proto-oncogènes Ki-rasA, P21-ras et fra 2 (9), de CHIF (channel inducing factor) (10), des aquaporines AQP2 et AQP3 (11, 12) et de la protéine GILZ (13). Enfin, notre laboratoire a démontré que NDRG2 (N-myc downregulated gene 2) était précocement induit par l’aldostérone. Bien que la fonction exacte de NDRG2 ne soit pas encore identifiée, ces données suggèrent une implication de la voie ras dans la signalisation minéralocorticoïde (14). Au-delà de ses effets dans les tissus épithéliaux polarisés, l’aldostérone exerce également des effets importants au sein du système nerveux central et dans le système cardiovasculaire. Les hormones corticostéroïdes modifient des fonctions de réseau dans l’hippocampe et contribuent ainsi à l’adaptation comportementale en réponse au stress (15). Dans un contexte de statut sodé inapproprié, l’aldostérone est capable d’induire une augmentation de la pression artérielle par l’activation de MR circumventriculaires dans le système nerveux central (16), et d’activer une cascade d’événements au niveau cardiaque conduisant à une hypertrophie cardiaque indépendante de la pression artérielle (17). De façon plus importante encore, des données récentes ont montré le bénéfice clinique majeur de l’utilisation d’antagonistes minéralocorticoïdes dans le traitement de l’insuffisance cardiaque en association avec un traitement médical optimisé. Deux études randomisées ont montré que la spironolactone ainsi Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 aux hormones stéroïdes Syndromes de résistance 109 Syndromes de résistance aux hormones stéroïdes que l’éplérénone, deux antagonistes du MR, réduisent de façon significative (environ 30 %) la mortalité et la morbidité de patients ayant une insuffisance cardiaque sévère ou une dysfonction ventriculaire gauche post-infarctus aigu du myocarde (18, 19). Enfin, des données très récentes montrent que le tissu adipeux exprime des MR. L’aldostérone est capable d’induire la différenciation adipocytaire et de réguler des processus de thermogenèse, ce qui suggère un rôle encore méconnu de l’hormone dans la régulation de la balance énergétique (20-22). Le pseudo­ hypoaldostéronisme de type 1 Phénotype clinique Le PHA1 est une forme rare de résistance aux minéralocorticoïdes qui se présente chez le nourrisson par un retard de croissance avec vomissements, perte de sel et déshydratation (23) (tableau I). Au niveau biochimique, on constate une hyponatrémie, une hyperkaliémie et une acidose métabolique en présence de taux extrêmement élevés d’aldostérone et d’activité rénine plasmatique. L’insensibilité à l’aldostérone peut être limitée aux parties distales du rein ou être généralisée. Dans ce dernier cas, la perte de sel se fait dans de multiples organes, notamment le rein, le côlon, les glandes salivaires et sudoripares. Plusieurs modes de transmission du PHA1 ont été observés. Ils sont corrélés à la gravité de la maladie. La forme autosomique dominante de PHA1 est une forme légère avec atteinte exclusivement rénale. Le traitement consiste en une supplémentation sodée et l’emploi, si nécessaire, de résines échangeuses d’ions. La maladie évolue de façon très favorable, et le traitement peut être arrêté après une période allant de quelques mois à deux ans. Les mécanismes sous-jacents à cette amélioration sont hypothétiques ; la maturation rénale, la compensation des pertes sodées dans les parties distales du rein par une réabsorption proximale accrue et une up-regulation du système rénine-angiotensine-aldostérone qui persiste jusqu’à l’âge adulte sont certainement des éléments importants. À l’inverse, la forme récessive est une forme généralisée d’expression clinique plus sévère. En plus du phénotype rénal, ces patients présentent fréquemment des infections respiratoires liées à l’augmentation du volume de liquide à la surface des voies respiratoires (24). Cette forme de PHA1 requiert des doses très élevées de sodium pour compenser la perte en sel, qui est souvent fatale. Le pronostic est mauvais, puisque aucune amélioration ne survient et que les patients subissent des crises récurrentes de déshydratation sévère. Enfin, les cas sporadiques présentent un tableau clinique modéré qui ressemble au PHA1 dominant. Une forme transitoire de PHA1 a été observée chez des enfants ayant une uropathie obstructive, des infections urinaires, ou à la suite d’une résection de l’intestin grêle ou d’une transplantation rénale (25, 26). Chez ces patients, le traitement médical ou chirurgical de la pathologie sousjacente rétablit une réponse normale à l’aldostérone. Mécanisme pathogénique Depuis la première description du PHA1, un défaut de la réponse tubulaire à l’aldostérone a été évoqué comme étant la cause sous-jacente de la maladie. Armanini et al. ont confirmé cette hypothèse après avoir mis en évidence des sites de liaison de l’aldostérone dans les lymphocytes mononucléés (27). Les auteurs ont par la suite démontré que la liaison de l’aldostérone tritiée était absente ou fortement réduite dans des lymphocytes provenant de patients atteints de PHA1 (28). Dans une étude plus large portant sur huit familles, une corrélation a été retrou- Tableau I. Caractéristiques cliniques et biochimiques du pseudo-hypoaldostéronisme de type 1. Transmission Autosomique dominante / Sporadique Autosomique récessive Retard de croissance, vomissements Présentation clinique Perte de sel variable Perte de sel importante Déshydratation Déshydratation sévère Infections respiratoires Paramètres biologiques Hyponatrémie, hyperkaliémie, acidose métabolique, aldostérone et rénine plasmatique élevés Supplémentation sodée Traitement Mécanisme pathogénique Anomalie génétique 110 Résistance rénale aux minéralocorticoïdes Résistance généralisée au minéralocorticoïdes Mutations du gène hMR Mutations des gènes codant pour les sous-unités d’ENaC Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 vée entre le type de transmission et les anomalies de liaison : dans les cas à transmission autosomique récessive, les deux parents avaient toujours des taux plasmatiques normaux d’aldostérone et un nombre normal de récepteurs. À l’inverse, dans les formes à transmission autosomique dominante, une diminution du nombre de récepteurs était toujours retrouvée chez l’un des deux parents, ainsi qu’une élévation des taux plasmatiques d’aldostérone (29). Anomalies génétiques dans le PHA1 Durant les dix dernières années, de nombreux laboratoires ont exploré les mécanismes moléculaires sousjacents au PHA1. Les toutes premières études n’ont pas mis en évidence de mutation ou de délétion du MR chez les patients atteints des formes autosomiques récessive ou dominante de PHA1 (30-32) ou dans les quelques cas sporadiques examinés (33). Le canal épithélial à sodium Les premières informations sur les gènes associés au PHA1 provinrent du travail de Strautnieks et al. (34). En utilisant une approche de criblage du génome par cartographie d’homozygotie dans onze familles consanguines, deux locus de la maladie furent identifiés. L’un, en 16p12.2-13.11, contient les gènes codant pour les sous-unités β et γ d’ENaC ; l’autre, situé sur le chromosome 12p13.1-pter, porte le gène codant pour la sous-unité α. Par la suite, Chang et al. ont identifié des mutations des sous-unités d’ENaC dans 5 familles consanguines sur 7 analysées ([35] tableau II). Le canal épithélial à sodium ENaC est une protéine hétéromultimérique composée de trois sous-unités, α, β et γ, qui forment le canal exprimé à la surface de la cellule (revue dans [36]). Les sous-unités d’ENaC sont des protéines formées de 650 à 700 acides aminés, qui présentent environ 35 % d’identité de séquence. Ces protéines possèdent deux domaines transmembranaires (M1 et M2). Les extrémités C- et N-terminales sont intracellulaires et un grand ectodomaine est exposé à l’extérieur de la cellule. De nombreux motifs structuraux ont été identifiés. Ils représentent des éléments importants de la fonction du canal. Ainsi, un motif histidine-glycine (HG) conservé présent dans l’extrémité N-terminale est important pour l’ouverture et la fermeture du canal (36). Une séquence d’acides aminés qui précède le deuxième segment transmembranaire de chacune des trois sous-unités contribue à la formation du pore. Ces résidus sont également les sites principaux de liaison de l’amiloride (37). La boucle extracellulaire est le plus grand domaine d’ENaC. Elle est largement glycosylée (38, 39). Deux domaines riches en cystéine sont impliqués dans la formation de ponts disulfides qui maintiennent la structure tridimensionnelle de la boucle. Fait important, les sous- aux hormones stéroïdes Syndromes de résistance Tableau II. Mutations d’ENaC identifiées dans le PHA1. Position Nucléotide Codon Transmission Référence αC256T/αdelex3-4 αR53stop/abnormal protein Hétérozygote composite (24) α302delTC αI68,F Homozygote 3 familles (35) N.C. αC133Y N.C. (65) α604delAC/α1404delC αT169,F/αF435,F Hétérozygote composite (24) α828delA/α1449delC αS243,F/αH450,F Hétérozygote composite (66) αinsT1439 αY447,F Homozygote (41) α1449delC αH450,F Homozygote (66) αC1473T αR492stop Homozygote (67) αC1621T αR508stop Homozygote 3 familles (24, 35, 41) αC1784T/α1449delC αS562L/αH450,F Hétérozygote composite (66) βdel5’ Homozygote (44) βG236A βG37S Homozygote (35) β647insA/β915delC βL174,F/βS263,F Hétérozygote composite (24) β1669+1G >A Abnormal splicing Homozygote (41) γ318-1G >A Abnormal splicing Homozygote 3 familles (43) γ1627delG/γ1570-1G >A γV543,F/abnormal splicing Hétérozygote composite (68) N.C. : non connu. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 111 Syndromes de résistance aux hormones stéroïdes unités d’ENaC contiennent des régions conservées riches en prolines (motifs PY) à leurs extrémités C-terminales, qui sont propres à ces canaux. Ces motifs sont impliqués dans des interactions protéineprotéine et sont importants pour le trafic intracellulaire des récepteurs et leur dégradation (40). Il est intéressant de noter que la mutation ou la délétion de ces séquences est à l’origine du syndrome de Liddle, une forme monogénique d’hypertension artérielle s’exprimant par un tableau clinique en miroir du PHA1. En effet, c’est via ces domaines PY que les sous-unités d’ENaC interagissent avec l’ubiquitine-ligase Nedd4 (figure 1). Nedd4 régule le nombre de canaux ENaC à la surface cellulaire par un mécanisme d’ubiquitination, d’endocytose et de dégradation, ce processus étant réduit dans le syndrome de Liddle. Mutations des sous-unités du canal épithélial à sodium Une des mutations identifiées par Chang et al. dans le PHA1 autosomal récessif, αI68,F, a été retrouvée dans trois fratries d’origine saoudienne (35). La délétion de deux nucléotides introduit un décalage du cadre de lecture à partir du codon 67. La protéine ENaC codée par le gène muté diffère complètement de la protéine normale entre les acides aminés 68 à 144, où la traduction est arrêtée par un codon stop prématuré. Une autre mutation homozygote faux-sens change l’arginine R508 de αENaC en codon stop. Fait intéressant, cette mutation a été retrouvée dans trois fratries d’origines différentes (24, 35, 41). Le résidu muté est localisé dans la partie extracellulaire de la protéine. La sous-unité α tronquée contient le premier domaine transmembranaire et une partie du domaine extracellulaire, mais a perdu le deuxième domaine transmembranaire et l’extrémité C-terminale intracellulaire, régions qui sont impliquées dans la 112 fonction du pore. L’analyse fonctionnelle de cette protéine mutée a permis de mettre en évidence de nouvelles fonctions de la sousunité α du canal. Des études réalisées ex vivo ont montré que la coexpression de la protéine α tronquée avec les sous-unités β et γ dans les oocytes de Xenopus laevis générait un courant Na+ mesurable (42). La sous-unité mutée était assemblée avec les deux autres sous-unités à la surface des cellules, bien qu’à une densité moindre, ce qui était en accord avec la réduction du courant Na+ observée dans les oocytes. Ainsi, cette analyse a démontré le rôle de la sous-unité α dans l’assemblage et l’adressage d’un canal actif à la surface cellulaire. Ces résultats ont également indiqué que des pores constitués uniquement de sous-unités β et γ possédaient une activité résiduelle significative, suffisant à expliquer l’absence de phénotype pulmonaire sévère chez les patients porteurs de la mutation. Dans une autre famille, une mutation pertede-fonction a été identifiée dans la sous-unité β. Les canaux composés de sous-unités α et γ associées à la protéine β contenant la mutation G37S, qui est localisée dans le motif HG, possèdent une activité ENaC fortement réduite (35). Dans trois familles originaires du souscontinent indien, une mutation altérant un site d’épissage accepteur a été identifiée dans la sous-unité γ (318-1G/A) (43). Cette mutation modifie l’épissage du pré-ARNm. Deux ARNm sont générés : l’un est le résultat de l’activation d’un site d’épissage cryptique et code pour une protéine mutée dans laquelle les résidus KYS106-108 sont remplacés par une asparagine. L’autre ARNm est généré par l’exclusion de l’exon suivant la mutation ; il code pour une protéine γENaC tronquée. Après ces premières descriptions, de nombreuses autres mutations d’ENaC ont été décrites (tableau II). Il s’agit de mutations faux-sens et non-sens, de délétions, d’insertions et de mutations sur Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 des sites d’épissage aux jonctions intron-exon. Récemment, une large délétion localisée dans la région promotrice de βENaC a été décrite (44). Elle est responsable d’une expression réduite de la sous-unité. Bien que des anomalies moléculaires aient été retrouvées dans toutes les sous-unités du canal à sodium, elles sont plus fréquentes dans la sous-unité α, ce qui est en accord avec son rôle déterminant dans la fonction du canal. Aucune mutation n’a été retrouvée dans l’extrémité C-terminale cytoplasmique, qui est altérée dans le syndrome de Liddle. Les mutations des sous-unités d’ENaC sont retrouvées à l’état homozygote ou hétérozygote composite, mais, dans tous les cas, les deux allèles sont mutés. Dans une série de cinq cas sporadiques de PHA1, il a été suggéré que l’association entre certains polymorphismes particuliers des sous-unités ENaC et des polymorphismes du MR ou d’autres protéines impliquées dans la réabsorption de sodium pourrait avoir une influence négative sur la balance sodée (45). Enfin, différents animaux transgéniques reproduisant le phénotype clinique et biologique du PHA1 généralisé ont été créés. Il s’agit de modèles d’une très grande utilité pour étudier les effets à long terme d’une perte de sel sévère et d’une élévation chronique des taux plasmatiques d’aldostérone (46). Le récepteur minéralocorticoïde À la différence du PHA1 autosomique récessif, les formes à transmission dominante et certains cas sporadiques sont dus à des mutations inactivatrices du gène hMR (tableau III). Le MR fait partie de la superfamille des récepteurs nucléaires, qui inclut également d’autres récepteurs stéroïdiens (aux glucocorticoïdes, à la progestérone, aux androgènes et aux estrogènes), ainsi que les récepteurs thyroïdiens, à la vitamine D et à l’acide rétinoïque. Tableau III. Mutations du MR identifiées dans le PHA1. Position Nucléotide Codon Génotype/transmission Référence 537del8bp M105,F Hétérozygote/dominant (57) C710G* S163stop Hétérozygote/dominant (54) 1226delG S335,F Hétérozygote/sporadique (51) 1354insT E378stop Hétérozygote/dominant (57) T1530A C436stop Hétérozygote/dominant (56) 1597delT S459,F Hétérozygote/dominant (51) C1831T R537stop Hétérozygote/dominant 2 familles (51) G2119A G633R Hétérozygote/dominant (57) C2157A C645stop Hétérozygote/sporadique (57) A2549G Q776R Hétérozygote/dominant (57) T2993C L924P Hétérozygote/dominant (53) 3094insC* A958,F Hétérozygote/sporadique (52) C3061T R947stop Hétérozygote/ (55) T3158C L979P Hétérozygote/dominant (57) 2587+3delA Épissage anormal Hétérozygote/dominant (51) delex2-ex? Épissage anormal Hétérozygote/dominant (58) F, décalage du cadre de lecture. Pour la mutation 1354insT, le déphasage introduit en position 378 génère un codon stop prématuré. aux hormones stéroïdes Syndromes de résistance * Les chiffres indiqués ont été modifiés par rapport à l’article original afin d’unifier la numérotation, qui est ici en accord avec la séquence publiée de l’ADNc du hMR (Arriza et al. [69]). Ces récepteurs sont constitués de trois domaines fonctionnels distincts très conservés (figure 2a). Le domaine N-terminal représente environ la moitié de la protéine. Il contient une fonction d’activation transcriptionnelle indépendante du ligand, l’AF1 (activation function 1). Ce domaine est important pour l’interaction avec des corégulateurs de la transcription, puisqu’il interagit avec les protéines PIAS1 et PIASxβ (PIAS, protein inhibitor of activated signal transducer and activator of transcription) (47), ainsi que ELL (eleven-nineteen lysine-rich leukemia) (48). PIAS1 agit comme répresseur de l’activité transcriptionnelle du MR de diverses façons, notamment par des modifications post-traductionnelles, alors que ELL est un coactivateur puissant et sélectif du MR. Fait important, ELL a été impliqué dans des mécanismes de sélectivité minéralocorticoïde (48). La partie N-terminale est également impliquée dans des interactions intramoléculaires avec le domaine de liaison du ligand (LBD, (a) DBD N-ter hMR protéine 1 LBD 603 670 984 Liaison ADN Liaison ligand Dimérisation Liaison hsp90 Régulation transcription Localisation nucléaire (b) hMR gène ATG 1� 1� TGA 2 3 4 5 6 7 8 9 G2119A/G633R 2587+3delA T3158C/L979P C1831T/R537stop A2549G/Q776R 3094insC/A958,F 1597delT/S459,F T2993C/L924P C3061T/R947stop 1226delG/S335,F T1530A/C436stop C2157A/C645stop 1354insT/E378,F 537del8bp/M105,F C710G/S163stop Figure 2. Domaines fonctionnels du MR et représentation schématique des mutations du hMR retrouvées dans le PHA1. 2a. Le MR humain est constitué de trois domaines fonctionnels. La partie N-terminale contient des éléments impliqués dans l’activation transcriptionnelle. Le DBD est responsable de l’interaction avec l’ADN. Il contient également des régions de dimérisation et de localisation nucléaire. Le LBD est le domaine qui forme la poche de liaison du ligand. Il est aussi impliqué dans la liaison avec la protéine hsp90, dans l’interaction avec des corégulateurs transcriptionnels, la dimérisation et la localisation nucléaire. N-ter, domaine N-terminal ; DBD, domaine de liaison à l’ADN (DNA binding domain) ; LBD, domaine de liaison du ligand (ligand binding domain). 2b. Les mutations identifiées dans le PHA1 sont représentées sur les exons du gène hMR. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 113 Syndromes de résistance aux hormones stéroïdes ligand binding domain, [49]). La partie centrale constitue le domaine de liaison à l’ADN (DBD, DNA binding domain). Il s’agit de la partie la plus conservée du récepteur. Le DBD se replie en une structure à deux doigts de zinc, dans chacun desquels un atome de zinc est tétracoordonné par quatre cystéines. Le noyau du DBD contient deux hélices α ; la première se fixe au grand sillon de l’ADN et établit des contacts avec des nucléotides spécifiques, alors que la deuxième génère une surface de dimérisation. Le DBD contient également des signaux de localisation nucléaire. Le domaine C-terminal correspond au domaine de liaison de l’hormone (LBD). Ce domaine est complexe, puisqu’il contient les régions qui forment la poche de liaison du ligand, mais également des signaux de localisation nucléaire, de dimérisation, d’interaction avec les protéines chaperonnes ainsi qu’un domaine d’activation dépendant du ligand (AF2, activation function 2), qui interagit avec des corégulateurs transcriptionnels (50). Mutations du récepteur minéralocorticoïde C’est en étudiant six fratries de PHA1 dominant et sept cas sporadiques que Geller et al. ont identifié des mutations hétérozygotes dans quatre cas dominants et un cas sporadique (tableau III, figure 2b, [51]). Il s’agit notamment d’une mutation non-sens en position 1831 (C1831T, R537stop) et de deux délétions d’un nucléotide (∆G1226, ∆T1597), qui introduisent des décalages du cadre de lecture avec création d’un codon stop prématuré. Une autre mutation est localisée dans le site donneur d’épissage de l’intron 5 (2587+3delA). Les auteurs suggèrent qu’en modifiant cette séquence consensus, la délétion est probablement responsable d’un épissage aberrant. Par la suite, de nombreuses mutations faux-sens, déphasantes ou non-sens ont été identifiées. Elles 114 sont localisées dans tous les domaines fonctionnels du hMR. Une mutation déphasante (3094InsC) a été détectée dans un cas sporadique de PHA1. Elle introduit une séquence nouvelle de 54 acides aminés dans la partie C-terminale du récepteur (52). Cette mutation change très probablement la conformation du LBD et réduit la liaison du ligand. Une mutation faux-sens hétérozygote (T2993C) qui remplace une leucine par une proline (L942P) a été retrouvée dans une famille japonaise (53). L’influence de cette mutation sur l’activité du hMR a été testée ex vivo. Elle réduit l’activation transcriptionnelle d’un gène rapporteur lorsque celui-ci est cotransfecté de façon transitoire avec le récepteur muté dans une lignée cellulaire. Trois autres mutations non-sens ont été identifiées, responsables très probablement de la formation de récepteurs tronqués : dans une famille allemande (C710G/S163stop [54]), dans une famille d’origine turque (C3061T/ R947stop [55]) et dans une famille suédoise (T1530A/C436stop [56]). Après avoir réalisé la première analyse moléculaire du hMR dans le PHA1 (32), notre équipe a pu recruter et analyser 16 familles présentant une forme rénale de PHA1, à transmission autosomique dominante ou sporadique. Cela représente la plus grande série de patients décrite en littérature à ce jour (57-59). Nous avons identifié six mutations, toutes à l’état hétérozygote, six dans des cas familiaux et une dans un cas sporadique. Deux mutations déphasantes localisées dans l’exon 2 (insT1354, del8bp537) génèrent des protéines tronquées. Cela est dû à la création de codons stop prématurés. Une mutation non-sens de novo a été retrouvée dans l’exon 4 (C2157A) dans un cas sporadique de PHA1. Elle change la cystéine 645 en codon stop dans le deuxième doigt de zinc du DBD. Trois mutations sont des mutations faux-sens qui modifient des résidus localisés dans le DBD du hMR (mutant Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 G2119A/G633R) ou dans le LBD (mutants A2549G/Q776R, T3158C/ L979P). Ces mutants affectent tous l’activité du hMR. Alors que les mutations décrites auparavant n’ont pas été caractérisées de façon extensive, l’analyse fonctionnelle des mutants faux-sens que nous avons identifiés a permis de comprendre le mécanisme pathogénique sousjacent à la maladie et de découvrir des fonctions spécifiques associées aux acides aminés mutés. Ainsi, l’analyse fonctionnelle des mutants, réalisée in vitro et ex vivo, nous a permis d’affiner nos connaissances sur la structure du LBD. Les mutants du LBD lient peu (R776) ou pas du tout (P979) l’aldostérone. Le défaut de liaison est associé à une réduction parallèle de la capacité de transactiver un gène rapporteur. En ce qui concerne le mécanisme pathogénique, le mutant P979 possède un effet dominant négatif sur l’activité du récepteur sauvage, alors que le tableau biologique et clinique du PHA1 en présence du mutant R776 dépend très vraisemblablement seulement de la perte de fonction associée à la mutation hétérozygote. Nos études structure-fonction nous ont permis de confirmer le rôle du résidu Q776 du hMR dans l’ancrage du groupement C3 cétone du stéroïde dans la poche de liaison du ligand (59, 60). Pour l’autre mutant du LBD, l’étude conformationnelle a montré l’importance d’interactions hydrophobes dans la partie extrême C-terminale du MR pour le repliement correct du récepteur permettant la liaison du ligand. En effet, la mutation L979P induit une perte drastique de la liaison hormonale et des propriétés de transactivation du hMR. Un résultat très original a été obtenu en analysant le mutant G633R situé dans le DBD. Ce récepteur présente une capacité de transactivation réduite, bien que ses caractéristiques de liaison hormonale et son ED 50 de transactivation ne soient pas modifiés. Le tableau de PHA1 découle probablement d’un effet dominant négatif du récepteur muté sur le récepteur sauvage. Cependant, cela est fortement dépendant du promoteur et peut être variable d’un gène régulé à l’autre (58). Fait intéressant, les paramètres d’interaction du mutant R633 avec une séquence d’ADN consensus sont modifiés. Ainsi, un complexe supplémentaire, représentant très vraisemblablement des monomères de récepteur fixés à l’ADN, est observé lors d’expériences d’association en gel de retard. La vitesse de dissociation du mutant R633 fixé à une séquence ADN est nettement réduite. La modélisation tridimensionnelle a confirmé une interaction plus forte entre le DBD du récepteur muté et l’ADN, en raison de l’établissement de liaisons supplémentaires avec des groupements phosphate de l’ADN. Par ailleurs, le récepteur muté est localisé de façon prédominante dans le noyau en l’absence d’hormone, contrairement au MR sauvage, qui se trouve surtout dans le cytoplasme. Cela pourrait être la conséquence d’une rétention nucléaire provoquée par une interaction modifiée avec l’ADN. Ainsi, nos résultats démontrent toute l’importance d’interactions dynamiques entre le récepteur et l’ADN pour une induction transcriptionnelle maximale (59). En effet, les récepteurs interagissent avec l’ADN selon un modèle que l’on appelle hit-and-run et qui correspond à un mouvement d’associations/dissociations très rapides (61). Le mutant hMR R633 représente donc un modèle extrêmement intéressant qui montre, de façon surprenante, qu’une stabilisation de l’interaction entre un récepteur et l’ADN conduit à un ralentissement des cinétiques d’interaction avec les partenaires nucléaires et à un défaut de recyclage dans le cytoplasme, qui diminue l’activité transcriptionnelle induite par l’hormone. Les études moléculaires menées chez les patients atteints de PHA1 ont montré que des mutations du hMR sont fréquentes dans les formes autosomiques dominantes, puisqu’elles sont retrouvées chez 75 % des patients. Cependant, elles sont rares dans les cas sporadiques. Les mutations sont retrouvées dans tous les domaines fonctionnels du récepteur, toujours à l’état hétérozygote. Ainsi, la perte d’un seul allèle suffisant à induire un syndrome de perte de sel. Aucune mutation homozygote n’a été retrouvée à ce jour, suggérant que l’absence totale de la fonction du MR est incompatible avec la survie chez l’homme. Des animaux transgéniques, chez qui le gène du MR a été inactivé, meurent autour de dix jours de vie des suites d’une déshydratation sévère due à une perte rénale de sodium et d’eau (62). Ces mêmes animaux peuvent être sauvés par une supplémentation en sodium, ce qui leur permet de se développer au-delà d’une période critique néonatale (63). Comme chez les patients atteints de PHA1, le défaut de perte de sel persiste chez les animaux déficients en MR à l’âge adulte ; il est compensé par l’up-regulation du système rénine-angiotensine et par l’adaptation du régime sodé. L’absence de mutation identifiable dans certaines familles et dans la plupart des cas sporadiques souligne la nécessité d’une étude étendue du gène hMR, incluant les régions non codantes et régulatrices. En effet, les régions non codantes représentent environ la moitié de l’ARNm et pourraient donc expliquer le PHA1 dans les 25 % restants de fratries dominantes. En l’absence de mutation, un recrutement plus large et un diagnostic précis sont indispensables afin de permettre l’identification d’autres gènes potentiellement impliqués dans la maladie. Conclusion Le PHA1 comprend deux formes cliniquement et génétiquement distinctes. Des anomalies des gènes codant pour les sous-unités d’ENaC sont à l’origine de la forme récessive, généralisée de la maladie. Le PHA1 dominant et les cas spora- diques, qui se présentent avec un phénotype exclusivement rénal, sont dus à des mutations inactivatrices du MR. L’objectif principal des investigations futures sera l’identification d’autres gènes impliqués dans la maladie dans les familles qui ne présentent pas de mutations ENaC ou MR. Cela a des implications majeures, non seulement pour notre compréhension de la pathogenèse du PHA1, mais également pour l’identification de mécanismes impliqués dans la régulation de la balance sodée dans la population générale et de leur rôle potentiel dans l’hypertension artérielle. Dans un article en parution dans Human Mutation, l'équipe de l'auteur décrit 22 nouvelles mutations et délétions du gène hMR chez 33 patients atteints de PHA1. Ce travail démontre que les mutations du hMR sont la cause principale de PHA1 rénal ; les taux d’aldostérone et de potassium sont suggérés comme critères diagnostiques discriminatifs fortement associés à la présence de mutations. Les mutations sont retrouvées avec la même fréquence dans les formes familiales ou sporadiques ; cependant, les deux tiers des cas sporadiques sont en réalité des formes transmises avec expression phénotypique variable. aux hormones stéroïdes Syndromes de résistance Références 1. Pearce D, Bhargava A, Cole TJ. Aldosterone: its receptor, target genes, and actions. Vitam Horm 2003;66:29-76. 2. Lombes M, Binart N, Delahaye F et al. Differential intracellular localization of human mineralocorticosteroid receptor on binding of agonists and antagonists. Biochem J 1994;302:191-7. 3. Farman N, Rafestin-Oblin ME. Multiple aspects of mineralocorticoid selectivity. Am J Physiol Renal Physiol 2001;280:F181-F192. 4. Aranda A, Pascual A. Nuclear hormone receptors and gene expression. Physiol Rev 2001;81:1269-304. 5. Verrey F, Pearce D, Pfeiffer R et al. Pleiotropic action of aldosterone in epithelia mediated by transcription and post-transcription mechanisms. Kidney Int 2000;57:1277-82. 6. 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Carvarjal-Carmona et al. ont mis en évidence la présence d’une mutation inactivatrice du gène codant la fumarate hydratase chez un homme adulte qui faisait partie d’une famille prédisposée à la léiomyomatose héréditaire et au carcinome rénal, deux entités dont l’apparition est favorisée par cette anomalie génétique. Cet homme était atteint d’une tumeur à cellules de Leydig porteuses de la mutation. Les auteurs ont donc recherché sur des prélèvements effectués chez 29 patients atteints de tumeur testiculaire à cellules de Leydig sporadique si une telle mutation était retrouvée. Sur cet ensemble, une mutation inactivatrice de la fumarate hydratase a été retrouvée deux fois. Ainsi, à l’apparition non surprenante chez l’enfant d’une tumeur à cellules de Leydig en présence d’une mutation activatrice du récepteur de la LH, fait pendant de façon beaucoup plus surprenante l’inactivation de la fumarate oxydase, inactivation qui pourrait favoriser l’apparition de certaines de ces tumeurs chez l’adulte. Le lien physiopathologique exact entre ces deux événements reste à préciser. 66. Schaedel C, Marthinsen L, Kristoffersson AC et al. Lung symptoms in pseudohypoaldosteronism type 1 are associated with deficiency of the alpha-subunit of the epithelial sodium channel. J Pediatr 1999;135:739-45. 67. Bonny O, Knoers N, Monnens L, Rossier BC. A novel mutation of the epithelial Na+ channel causes type 1 pseudohypoaldosteronism. Pediatr Nephrol 2002;17:804-8. 68. Adachi M, Tachibana K, Asakura Y et al. 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La “testotoxicose”, qui se caractérise par l’apparition spontanée d’une puberté précoce masculine, est liée à l’existence d’une mutation activatrice du gène du récepteur de la LH. Fort logiquement, cette mutation, qui confère une activité constitutionnelle au récepteur de la LH des cellules de Leydig, aboutit à une stimulation de la synthèse de testostérone et au tableau clinique de maturation pubertaire avant l’âge habituel. Au demeurant, s’agissant d’une mutation germinale, le délai existant aux hormones stéroïdes Syndromes de résistance J.M. Kuhn, service d’endocrinologie, diabète et maladies métaboliques, CHU de Rouen. ✓ Carvarjal-Carmona LG et al. J Clin Endocrinol Metab 2006;91 (sous presse). Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006 117