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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 3, mai/juin 2006 et n° 4, juillet/août 2006
aux hormones stéroïdes
Syndromes de résistance
unités d’ENaC contiennent des
régions conservées riches en proli-
nes (motifs PY) à leurs extrémités
C-terminales, qui sont propres à
ces canaux. Ces motifs sont impli-
qués dans des interactions protéine-
protéine et sont importants pour le
trafic intracellulaire des récepteurs
et leur dégradation (40). Il est inté-
ressant de noter que la mutation ou
la délétion de ces séquences est à
l’origine du syndrome de Liddle,
une forme monogénique d’hyper-
tension artérielle s’exprimant par un
tableau clinique en miroir du PHA1.
En effet, c’est via ces domaines PY
que les sous-unités d’ENaC inter-
agissent avec l’ubiquitine-ligase
Nedd4 (figure 1). Nedd4 régule le
nombre de canaux ENaC à la sur-
face cellulaire par un mécanisme
d’ubiquitination, d’endocytose et
de dégradation, ce processus étant
réduit dans le syndrome de Liddle.
Mutations des sous-unités
du canal épithélial à sodium
Une des mutations identifiées par
Chang et al. dans le PHA1 autoso-
mal récessif, αI68,F, a été retrou-
vée dans trois fratries d’origine
saoudienne (35). La délétion de
deux nucléotides introduit un déca-
lage du cadre de lecture à partir du
codon 67. La protéine ENaC codée
par le gène muté diffère complète-
ment de la protéine normale entre
les acides aminés 68 à 144, où la
traduction est arrêtée par un codon
stop prématuré. Une autre mutation
homozygote faux-sens change l’ar-
ginine R508 de αENaC en codon
stop. Fait intéressant, cette mutation
a été retrouvée dans trois fratries
d’origines différentes (24, 35, 41).
Le résidu muté est localisé dans la
partie extracellulaire de la protéine.
La sous-unité α tronquée contient le
premier domaine transmembranaire
et une partie du domaine extracel-
lulaire, mais a perdu le deuxième
domaine transmembranaire et l’ex-
trémité C-terminale intracellulaire,
régions qui sont impliquées dans la
fonction du pore. L’analyse fonc-
tionnelle de cette protéine mutée
a permis de mettre en évidence
de nouvelles fonctions de la sous-
unité α du canal. Des études réali-
sées ex vivo ont montré que la coex-
pression de la protéine α tronquée
avec les sous-unités β et γ dans les
oocytes de Xenopus laevis générait
un courant Na+ mesurable (42). La
sous-unité mutée était assemblée
avec les deux autres sous-unités à
la surface des cellules, bien qu’à
une densité moindre, ce qui était
en accord avec la réduction du cou-
rant Na+ observée dans les oocytes.
Ainsi, cette analyse a démontré le
rôle de la sous-unité α dans l’assem-
blage et l’adressage d’un canal actif
à la surface cellulaire. Ces résultats
ont également indiqué que des pores
constitués uniquement de sous-uni-
tés β et γ possédaient une activité
résiduelle significative, suffisant à
expliquer l’absence de phénotype
pulmonaire sévère chez les patients
porteurs de la mutation. Dans une
autre famille, une mutation perte-
de-fonction a été identifiée dans la
sous-unité β. Les canaux compo-
sés de sous-unités α et γ associées
à la protéine β contenant la muta-
tion G37S, qui est localisée dans le
motif HG, possèdent une activité
ENaC fortement réduite (35). Dans
trois familles originaires du sous-
continent indien, une mutation alté-
rant un site d’épissage accepteur a
été identifiée dans la sous-unité γ
(318-1G/A) (43). Cette mutation
modifie l’épissage du pré-ARNm.
Deux ARNm sont générés : l’un est
le résultat de l’activation d’un site
d’épissage cryptique et code pour
une protéine mutée dans laquelle
les résidus KYS106-108 sont rem-
placés par une asparagine. L’autre
ARNm est généré par l’exclusion de
l’exon suivant la mutation ; il code
pour une protéine γENaC tronquée.
Après ces premières descrip-
tions, de nombreuses autres muta-
tions d’ENaC ont été décrites
(tableau II). Il s’agit de mutations
faux-sens et non-sens, de délétions,
d’insertions et de mutations sur
des sites d’épissage aux jonctions
intron-exon. Récemment, une large
délétion localisée dans la région
promotrice de βENaC a été décrite
(44). Elle est responsable d’une
expression réduite de la sous-unité.
Bien que des anomalies moléculai-
res aient été retrouvées dans toutes
les sous-unités du canal à sodium,
elles sont plus fréquentes dans la
sous-unité α, ce qui est en accord
avec son rôle déterminant dans la
fonction du canal. Aucune mutation
n’a été retrouvée dans l’extrémité
C-terminale cytoplasmique, qui est
altérée dans le syndrome de Lid-
dle. Les mutations des sous-unités
d’ENaC sont retrouvées à l’état
homozygote ou hétérozygote com-
posite, mais, dans tous les cas, les
deux allèles sont mutés. Dans une
série de cinq cas sporadiques de
PHA1, il a été suggéré que l’associa-
tion entre certains polymorphismes
particuliers des sous-unités ENaC
et des polymorphismes du MR ou
d’autres protéines impliquées dans
la réabsorption de sodium pourrait
avoir une influence négative sur la
balance sodée (45). Enfin, différents
animaux transgéniques reproduisant
le phénotype clinique et biologique
du PHA1 généralisé ont été créés. Il
s’agit de modèles d’une très grande
utilité pour étudier les effets à long
terme d’une perte de sel sévère et
d’une élévation chronique des taux
plasmatiques d’aldostérone (46).
Le récepteur
minéralocorticoïde
À la différence du PHA1 autoso-
mique récessif, les formes à trans-
mission dominante et certains cas
sporadiques sont dus à des muta-
tions inactivatrices du gène hMR
(tableau III). Le MR fait partie de la
superfamille des récepteurs nucléai-
res, qui inclut également d’autres
récepteurs stéroïdiens (aux gluco-
corticoïdes, à la progestérone, aux
androgènes et aux estrogènes), ainsi
que les récepteurs thyroïdiens, à la
vitamine D et à l’acide rétinoïque.