- 3 -
SYNTHÈSE
Adoptée le 21 avril 2004
1
et entrée en vigueur le 1
er
novembre 2007, la directive sur les
marchés d’instruments financiers (MIF), qui vient compléter quatre autres directives
adoptées en 2003 et 2004 (Abus de marché, Prospectus, OPA et Transparence), vise à créer
un grand marché financier intégré au niveau européen, à l’image du marché américain. La
directive MIF définit une nouvelle organisation des marchés actions en supprimant, là où elle
existait, la concentration des ordres en un lieu unique et en promouvant la concurrence entre
plates-formes de négociation pour favoriser l’innovation et la baisse des coûts d’exécution
des transactions. Afin d’assurer la formation des prix sur un marché devenu fragmenté, elle
édicte de nouvelles règles en matière de transparence pré et post négociation et fait reposer
la protection des investisseurs sur une règle de « meilleure exécution » à laquelle sont tenus
les intermédiaires vis-à-vis de leurs clients.
Depuis l’entrée en vigueur de la directive MIF, les plates-formes de négociation se sont
multipliées, dans des conditions de concurrence parfois critiquées. Elles offrent des services
comparables à ceux des marchés réglementés traditionnels, à qui demeurent toutefois
réservée la fonction d’admission des titres à la négociation. L’émergence de ces nouvelles
plates-formes, actuellement au nombre de 24 pour celles qui négocient des actions
2
, a
entraîné une baisse des prix de transaction, tout en permettant l’émergence de plates-formes
pan-européennes offrant la possibilité d’acheter et de vendre des titres admis à la négociation
dans l’ensemble des États membres, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ces nouvelles plates-
formes ont également favorisé la création de nouvelles chambres de compensation accélérant
la baisse déjà entamée des coûts sur le segment de la compensation.
L’effet de la nouvelle réglementation sur la liquidité des marchés est en revanche difficile à
déterminer, en raison des impacts de la crise financière et des évolutions intervenues au
cours de la même période, au premier rang desquelles l’innovation technologique. Cette
dernière a transformé en profondeur les modes d’exécution des ordres, notamment en
facilitant les transactions algorithmiques et en accroissant fortement la part des transactions
à haute fréquence, dont le rôle donne lieu à débat entre la fonction d’apport en liquidité
contribuant à l’efficience des marchés et le risque d’éviction d’une partie des investisseurs et
des intermédiaires financiers.
Si l’accroissement de la complexité des marchés résultant d’une multiplication des plates-
formes de négociation et de la fragmentation de leur liquidité était prévisible, en revanche le
sentiment, dominant chez les différents intervenants, d’une dégradation de la qualité de la
transparence sur les ordres ainsi que sur les transactions effectuées l’était moins. Les coûts
supplémentaires d’accès à l’information et surtout la mauvaise qualité des données post-
négociation constituent un véritable échec de la directive. Les émetteurs portent un jugement
particulièrement sévère sur la difficulté croissante pour eux de suivre les mouvements qui
affectent la vie de leurs titres. Les investisseurs finaux, quant à eux, n’ont pas confirmé avoir
bénéficié des baisses de prix unitaires sur la négociation et la compensation, compte tenu à la
fois de l’augmentation de certains coûts (nouvelles technologies, accès à l’information des
diffuseurs, complexité du marché, etc.) et de la réduction de la taille moyenne des
transactions. De fait, la réduction des prix répercutés à l’investisseur final, notamment pour
les non-professionnels, n’est pas toujours attestée.
1
La directive sur les Marchés d’Instruments Financiers (MIF), dite de niveau 1, est complétée par une directive et
un règlement européen d’application, dits de niveau 2, adoptés tous deux le 10 août 2006.
2
Il s’agit des systèmes multilatéraux de négociation (ou Multilateral Trading Facilities, MTF) négociant des actions
déjà admises à la négociation sur un marché réglementé.