Plantes mellifères L’hellébore Nom scientifique : Helleborus niger (hellébore noire) ; Helleborus fœtidus (hellébore fœtide). Famille : Ranunculaceæ. Floraison : janvier-avril. Nectar : 2. Pollen : ** couleur ocre pâle. © farmyardnurseries. http://www.farmyardnurseries.co.uk/ L’hellébore noire (Helleborus niger), ou rose de Noël, rare à l’état naturel mais cultivée en horticulture, et sa proche cousine, l’hellébore fœtide (Helleborus fœtidus), plus commune sur terrains calcaires, peuvent être très intéressantes pour le redémarrage des colonies en sortie d’hiver. Points de repères ■ Port et cycle de vie ■ Fleurs Les hellébores sont des plantes vivaces, herbacées, d’une trentaine de centimètres de hauteur maximum. Les fleurs d’hellébore noire, d’un blanc très pur ou blanc rosé, sont solitaires ou groupées par deux, au sommet d’un pédoncule non ramifié qui fane tous les ans. Celles de l’hellébore foetide sont vertes, parfois bordées d’un fin liseré rouge ou rose, et regroupées par 25-100 sur l’inflorescence. Comme chez d’autres plantes de cette famille, le nombre de pièces florales colorées n’est pas fixe : général de 5 (mais parfois 6 ou 7). Curieusement, ce sont les sépales qui jouent le rôle de pétales, ces derniers étant complètement transformés en cornets nectarifères recourbés, prolongés par un éperon. Ils se remplissent jusqu’à la moitié de nectar. Les étamines sont nombreuses, mais le nombre de pièces femelles ou carpelles est réduit, 3 en général (un carpelle = une unité comprenant un ovaire, un style et un ■ Appareil végétatif © farmyardnurseries. http://www.farmyardnurseries.co.uk/ Les feuilles partent de la base de la tige et sont composées, en général, à 7 folioles coriaces, à bord souvent denté vers le haut. Helleborus niger, formes horticoles et hybrides. Helleborus niger formes horticoles. © farmyardnurseries. http://www.farmyardnurseries.co.uk/ Helleborus niger, forme blanche. Hybrid « yellow veined ». stigmate, l’ensemble des carpelles formant le pistil). Les fruits sont des follicules (voir schéma ci-dessus), fruits secs s’ouvrant par une fente. ■ Floraison De janvier à avril, dès la fonte des neiges. En horticulture, elle est en fleur dès décembre. Les organes femelles (pistil) des fleurs d’hellébores sont matures avant les organes mâles (étamines). Cette protogynie (stade femelle plus précoce) favorise la pollinisation croisée. La libération des grains de pollen se Abeilles & Fleurs N° 713 - Février 2010 23 Plantes mellifères L’hellébore Des graines dispersées par les fourmis ! Les graines d’hellébore possèdent un petit tissu huileux à leur sommet, l’oléosome. Les fourmis transportent la graine dans leur nid, consomment l’oléosome, riche en énergie… et rejettent souvent les graines hors de la fourmilière, ce qui assure ainsi leur dispersion… et de nouvelles plantes pour les abeilles et bourdons ! fait par vagues successives, toutes les étamines d’une fleur n’étant pas matures en même temps (photo ci-dessous), pendant une à trois semaines, selon les conditions, ce qui en fait une fleur de longue durée de vie, et une floraison s’étalant pour un même pied sur 1 mois à 2 mois et demi. Abeilles et bourdons visitent les hellébores. Un autre caractère original : les étamines peuvent libérer le pollen à partir d’une température de l’air de 1 °C… trop basse pour voir voler les abeilles, mais laissant présager une source nutritive dès les premiers coups d’ailes ! ■ Milieux L’hellébore noire est une plante assez rare, qui aime les sols frais et calcaires. Originaire d’Europe centrale, sa présence est citée en Alsace, en Ariège, en Aquitaine et Poitou-Charentes. On la trouvait dans quelques stations des Alpes françaises, d’où elle semble avoir disparu. L’hellébore foetide est présente dans toute la France (sauf en Bretagne et dans les Landes), sur terrains caillouteux, calcaires, soit dans la mi-ombre des bois ou en milieux ouverts (pelouses du Jura, des Causses, etc.). ■ Au jardin La rose de Noël est largement cultivée dans les parterres jardins, et de nombreuses variétés sont proposées par les horticulteurs, qui n’hésitent pas à hybrider les différentes espèces, créant des variétés aux couleurs rosée ou rouge vineux. ■ Intérêt apicole L’intérêt de cette plante en apiculture réside en sa floraison précoce et longue qui permet des apports 24 Abeilles & Fleurs N° 713 - Février 2010 L’hellébore orientale, Helleborus orientalis, est surtout utilisée en horticulture où elle peut recouvrir des parterres importants en début de saison ; ses sépales sont pourpreviolet. ■ Catherine Reeb Enseignante en biologie végétale et écologie à l’université Paris VI Bibliographie Helleborus foetidus, fréquente sur cailloutis ou sols calcaires. importants au démarrage des ruches. La fleur fournit du pollen et un nectar accessible, assez concentré en saccharose (26-41 %) et fructose, mais avec de nombreuses variations en fonction des conditions. Les glandes nectarifères peuvent sécréter du nectar sans discontinuer pendant vingt jours. ■ D’autres espèces d’hellébore Pétales modifiés en nectaires sur Helleborus niger. Fruits ou folicules, chez Helleborus foetidus. Toutes les espèces d’hellébore ont en commun la structure de leur fruit, les feuilles découpées en folioles allongés et les nectaires en cornet. L’hellébore verte, Helleborus viridis (photo ci-contre) est très proche de l’hellébore noire, on retrouve les mêmes glandes nectarifères en cornet, mais ses pétales sont verts, comme ceux de l’hellébore foetide. • Pacini & all, « Nectar biodiversity: a short review », Plant Syst. Evol. 238: 7–21 (2003). • Vesprin & all., « Nectary Structure, Nectar Secretion Patterns and Nectar Composition in Two Helleborus Species », Plant Biology, Vol 1:5 560 - 568 (1999). Le saviez vous ? Une plante très toxique Le mot « hellébore » ou « ellébore » (les deux orthographes sont admises) vient du grec éléin, faire périr et bora, aliment meurtrier… Toutes les parties de la plante sont toxiques (brûlures de la bouche, salivation excessive, vomissements, diarrhées, irritations cutanées). Elle était pourtant utilisée en médecine traditionnelle chez les Romains et les Grecs, dans les posologies curatives de maladies nerveuses. Les principes actifs ne sont pas encore bien définis, mais ils ont des effets de stimulants cardiaques, complémentaires de ceux de la digitaline.