Insuffisance cardiaque De nouveaux espoirs... L’insuffisance cardiaque est un sujet de préoccupation pour les responsables de la santé publique. Souvent liée à la conséquence d’un traumatisme comme l’infarctus du myocarde, cette affection suscite des travaux de recherche vers la régénérescence du muscle cardiaque. S imple rappel : l’insuffisance cardiaque est l’incapacité du muscle cardiaque à assurer un débit sanguin suffisant. Elle peut être due à une altération de la contractilité, ce qui aboutit à une diminution du volume d’éjection systolique et/ou à des troubles de remplissage ventriculaire. Souvent, l’insuffisance de la pompe cardiaque est la conséquence d’un infarctus du myocarde. « Contrairement aux muscles squelettiques (muscles des bras, des jambes), explique le Dr Albert Hagege, lors des journées organisées par la Société française de cardiologie, qui peuvent se regénérer, à la suite d’un traumatisme, grâce à la présence en leur sein de cellules souches peu différenciées (dites cellules satellites) ayant la possibilité de se multiplier et de reconstruire du muscle sain, le muscle cardiaque contient des cellules (les myocytes) qui ont perdu toute possibilité de multiplication ». Le cœur ne peut donc, après infarctus, que se dilater par augmentation des cellules restantes, sans aucune possibilité de régénérer du tissu contractile. « La dilatation du cœur permet, dans un premier temps, de maintenir un débit cardiaque suffisant mais est délétère à long terme, poursuit le médecin. Ceci explique la gravité de cette pathologie et son évolution inexorable vers l’aggravation ». Cardiomyoplastie cellulaire Certains chercheurs tentent ce qui pourrait être une révolution demain, dans le traitement des insuffisances cardiaques avancées. Ainsi, une équipe de l’université de Duke en Caroline du Nord a 10 utilisé des cellules d’un muscle de jambe mises en culture et injectées directement dans la zone siège de l’infarctus (Nature Medecine, août 1998). C’est la cardiomyoplastie cellulaire, qui consiste à réparer le muscle cardiaque avec des cellules issues d’un autre muscle. « Des cellules de cœur de fœtus, certaines issues de tumeurs cardiaques ou encore celles satellites des muscles squelettiques, peuvent se multiplier in vitro et peuvent ensuite être injectées dans le muscle cardiaque, poursuit le Dr Hagege, dans la zone de fibrose (incapable de contraction) consécutive à l’infarctus. Elles peuvent alors se transformer, sous l’influence de ces nouveaux milieux, en cellules capables de contraction.». Des études collaboratives françaises (Philippe Menasché et Marico Scorsin, Inserm U127 et service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Lariboisière ; Albert Hagège, CHU Necker-Enfants malades et service de cardiologie de l’hôpital Boucicault à Paris) ont démontré, chez le rat et la souris, que ces cellules pouvaient survivre plusieurs mois dans le myocarde, se transformer dans le tissu cardiaque en cellules proches des myocytes et établir des connections entre elles permettant la contraction. Toujours d’après ces études présentées au Congrès de l’American Heart Association, à Dallas, dans un modèle d’infarctus expérimental chez le rat, par ligature d’une coronaire, et en cas d’atteinte globale de la contraction par effet toxique de certaines chimiothérapies, ce nouveau tissu est capable d’améliorer la fonction de la pompe cardiaque en empêchant à la fois la dilatation du cœur et l’altération de la contractilité. Des techniques échocardiographiques spécifiques ont montré que les volumes du cœur étaient plus petits chez les animaux traités par ces injections et que la fraction d’éjection systolique du ventricule était plus élevée chez les animaux n’ayant bénéficié que d’un placebo. « Mais, avertit le Dr Hagège, avant de passer à l’application chez l’homme, il convient de contourner plusieurs écueils, notamment les problèmes éthiques et d’approvisionnement ou encore les problèmes de rejet ou de risque de cancer induit ». L’idéal étant l’autogreffe avec donneur et receveur identiques. ■ Le département d’information médicale du CHU de Nice a mené une étude au niveau national sur l’encombrement des services de cardiologie en hiver. Cette étude compare et décrit les variations saisonnières des hospitalisations et de la mortalité par insuffisance cardiaque chronique dans la population française. En utilisant les deux sources de données disponibles au niveau national (PMSI et Inserm), le département d’information médicale a analysé rétrospectivement tous les décès survenus en France entre 1992 et 1996 par insuffisance cardiaque et toutes les hospitalisations de sujets adultes survenues en France dans les hôpitaux publics entre 1995 et 1997. Les décès par insuffisance cardiaque chronique en France surviennent suivant la saison, avec un maximum en hiver, à la fois dans la population générale et dans les sous-groupes, selon l’âge (après 44 ans) et selon le sexe. Pour les auteurs de l’étude, la meilleure compréhension du risque en hiver permettrait de progresser dans la physiopathologie, la prévention et la thérapeutique de cette pathologie chronique.