des parois myocardiques supérieure à 13 ou 15 mm selon qu’il
s’agit de formes familiales ou sporadiques. Cet épaississement
est le plus souvent asymétrique, avec une petite cavité ventricu-
laire. L’obstacle dynamique intraventriculaire n’est pas fréquent
(présent dans environ un tiers des MCH), avec une anomalie de
la relaxation (temps de relaxation isovolumique du ventricule
gauche augmenté). Il est à noter que l’oreillette gauche peut être
augmentée sans fuite mitrale associée. L’hypertrophie du ventri-
cule droit est fréquente (≥4,5 mm), de façon très variable selon
les études (6 à 44 %). Les cardiomyopathies dilatées (CMD) ont
des parois d’épaisseur normale mais sont associées à une dilata-
tion ventriculaire gauche nette et à une altération de la fraction
d’éjection (≤45 %). Plus la dilatation ventriculaire est importante
et plus le pronostic est sombre. Ainsi, pour un diamètre télédias-
tolique du ventricule gauche > 70 mm, la mortalité à un an est de
71 %. En revanche, lorsque l’épaisseur est augmentée, le pro-
nostic est meilleur. Les critères diagnostiques des CMD ou des
MCH ne reposent donc pas seulement sur les épaisseurs des parois
ou sur le diamètre ventriculaire, mais également sur les indices
doppler ou du ventricule droit.
Le doppler tissulaire (Dr D. Pellerin) constitue une voie de
recherche très intéressante pour aider au diagnostic ou à définir
le pronostic des patients ayant une CMD ou une atteinte isché-
mique. Il permet d’obtenir des informations sur les anomalies
intramyocardiques. Des études sur des effectifs plus importants
permettront de mieux préciser son apport.
I
NSUFFISANCE CARDIAQUE ET BLOCAGE BÊTA-ADRÉNER-
GIQUE
(modérateurs Prs J.P. Bounhoure et P. Gibelin)
L’utilisation des bêtabloquants dans l’IC a été soulignée par un
symposium sur ce thème organisé par Carveteam. La stimula-
tion neurohormonale (Pr M. Komajda) constitue un marqueur
de gravité, qui a été observé dans les études SOLVD (traitement
ou prévention). Elle constitue également un marqueur pronos-
tique. Les marqueurs neurohormonaux vasoconstricteurs s’op-
posent aux systèmes de compensation, vasodilatateurs, natriuré-
tiques et antiprolifératifs. Le rôle antineurohormonal constitue
une des propriétés fondamentales des médicaments bénéfiques
dans l’insuffisance cardiaque, comme les inhibiteurs de l’enzyme
de conversion et les bêtabloquants.
L’apoptose ou mort cellulaire programmée (Pr J.J. Merca-
dier) intervient dans de nombreux processus pathologiques car-
diovasculaires, notamment dans l’insuffisance cardiaque. Cette
mort cellulaire programmée fait intervenir aussi bien les corps
cellulaires que les noyaux, suite à un ensemble de stimulations.
L’ensemble du processus d’apoptose et des stimulations qui en
sont à l’origine n’est pas encore parfaitement connu. L’apoptose
étant le résultat d’une cascade d’événements, elle pourrait être
régulable quand ces mécanismes seront mieux connus. Même si
l’apoptose ne concerne qu’une minorité des myocytes cardiaques
à un moment donné, pendant un laps de temps assez bref, elle
peut être à l’origine d’une destruction importante du myocarde.
La plupart des étiologies d’IC impliquent l’apoptose (ischémie
coronaire, myocardite virale, hypertrophie secondaire à une sur-
charge barométrique ou volumétrique...).
Lors de l’IC, on observe une diminution de la densité des
récepteurs, en raison aussi bien de la non-stimulation de leur
gène que de la “down-regulation” (Dr B. Crozatier). Le sys-
tème bêta-adrénergique est constitué de trois éléments : le récep-
teur bêta-adrénergique, l’adénylate cyclase, qui est l’enzyme per-
mettant la transformation de l’ATP en AMP cyclique, et la
protéine G, qui est l’enzyme effectrice. Lors de l’IC, un cercle
vicieux s’installe progressivement : une moindre réponse du myo-
carde et la “down-regulation” des récepteurs bêta-1 entraînent
une moindre réponse à la stimulation des catécholamines, celle-
ci étant elle-même à l’origine d’une “down-regulation” des récep-
teurs adrénergiques... Les bêtabloquants exercent une action béné-
fique par plusieurs mécanismes : protection cellulaire par
diminution des effets délétères des catécholamines, restauration
de la densité des récepteurs bêta-adrénergiques, diminution de la
surcharge calcique...
Les bêtabloquants diminuent la morbi-mortalité de l’IC, avec
comme principal mécanisme de contrer la stimulation sympa-
thique qui, si elle est initialement bénéfique, devient délétère à
terme (Pr P. Lechat). Si la stimulation des récepteurs alpha- et
bêta-adrénergiques est initialement bénéfique, car permettant une
augmentation du débit cardiaque, elle est à l’origine d’une sur-
charge calcique intracytosolique et d’une ischémie, entraînant à
long terme une diminution de la masse contractile et une apop-
tose. La propriété chronotrope négative des bêtabloquants a, par
elle-même, probablement un effet bénéfique. Dans l’étude
CIBIS I, le ralentissement de la fréquence cardiaque est le
meilleur facteur prédictif de survie. Dans l’IC, l’augmentation de
la production des radicaux libres et leur plus faible élimination
sont à l’origine d’un stress oxydatif qui est réduit par les bêta-
bloquants. Ces éléments expliquent, après plusieurs semaines de
traitement, l’amélioration de la fonction ventriculaire systolique
(fraction d’éjection). Cette amélioration est un paramètre qu’il
est important de prendre en compte pour la survie. La préserva-
tion de la fonction systolique est un des principaux facteurs pré-
dictifs de l’amélioration de la survie. Inversement, chez les
patients qui n’ont pas amélioré leur fonction ventriculaire, une
augmentation de la mortalité a été observée (CIBIS I). L’étude
CIBIS II permettra de connaître les effets du bisoprolol sur la
morbi-mortalité.
L’un des principaux problèmes rencontrés avec les bêtabloquants
dans l’IC concerne leur mise en route. Le Pr J.B. Bouhour a
exposé les résultats de différents schémas de mise en route du
carvédilol. Les patients ont été classés comme étant à haut risque
(groupe A) ou à bas risque (groupe B) en fonction de la classe
NYHA, de leur âge et de la dose de diurétiques. Le groupe A ras-
semblait les patients en classe IV de la NYHA ainsi que les
patients en classe II ou III de la NYHA ayant plus de 65 ans et
une dose de furosémide journalière supérieure à 80 mg. Trois
schémas de mise en route ont ensuite été comparés : augmenta-
tion lente (toutes les trois semaines) ou augmentation standard
(toutes les deux semaines) pour le groupe A ; augmentation stan-
dard ou accélérée (toutes les semaines) pour le groupe B. Une
majorité des patients étaient traités simultanément par les inhi-
biteurs de l’enzyme de conversion et les diurétiques (70 %), et
une moindre proportion par l’association inhibiteurs de l’enzyme
de conversion, diurétiques et digoxine (40 %). Les sorties d’es-
La Lettre du Cardiologue - n° 300 - octobre 1998
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