SEPT 98 MEP 1 23/04/04 14:39 Page 3790 Revue de presse Qualité des soins et suicide des jeunes : discontinuité des soins = absence de soins ? Stockolm (Suède) Une étude rétrospective sur la qualité des soins hospitaliers prodigués à 34 jeunes gens (15-24 ans) avant leur mort par suicide, propose une lecture originale et interrogeante de la prise en charge psychiatrique du processus suicidaire. L’évaluation porte sur la continuité des soins et ouvre quelques pistes pour l’amélioration de l’offre de soins (A. Hulten, D. Wasserman : Lack of continuity - a problem in the care of young suicides. Acta Psychiatr. Scand., 1998, 97, 5 : 326-333). Répartis en trois groupes selon le diagnostic DSMIII-R, les sujets ont été traités 4,3 ans en moyenne, pendant lesquels ils ont été vus par 1 à 20 médecins pour les psychotiques ; 1,1 an avec 2 à 21 médecins pour les toxicomanes (souvent victimes d’abus sexuels pendant l’enfance) et traités 3,1 ans par 3 à 30 médecins pour les dépressifs... Vingt des 34 jeunes gens avaient fait des TS précédemment, dont 16 à plusieurs reprises. Trois sujets seulement sur les 34 avaient fait l’objet d’une évaluation du risque suicidaire, alors qu’un pourcentage élevé d’entre eux avaient exprimé soit directement, soit indirectement des intentions suicidaires mentionnées dans leur dossier médical. Les auteurs précisent dans leur discussion que les contacts avec un seul ou un nombre restreint de médecins et/ou de thérapeutes est un prérequis fondamental pour l’évaluation comme pour le diagnostic. Cette règle semble prévaloir en pédopsychiatrie, alors qu’en psychiatrie adulte c’est plutôt la disponibilité des lits qui guide l’admission dans tel ou tel service, indépendamment de l’histoire du patient avec le dispositif de soins. C’est ainsi que 21 des 34 sujets ont vu plus de 10 praticiens. La notion de continuité des soins supposerait qu’un même patient revoie les mêmes médecins, thérapeutes et soignants à chaque hospitalisation, au moins jusqu’à l’âge de 25 ans. Cette lecture scandinave estelle transposable en France ? Ch. L. Mots-clés : Jeunes gens, Suicide, Continuité des soins. Schizophrénie, naissance d’un outil d’évaluation familiale en Chine : l’Amérique exporte ses modélisations Pékin (République populaire de Chine) En Chine, plus de 90 % des schizophrènes vivent dans leurs familles. L’approche familiale devrait constituer l’axe central du traitement de cette affection mais les professionnels chinois n’y sont pas formés. Le besoin d’instruments cliniques spécifiques est pressant, alors que le savoir-faire pour les développer in situ fait défaut. Forts de ce constat, et s’appuyant sur les démonstrations occidentales de l’efficacité des interventions familiales, des chercheurs à la double appartenance culturelle traduisent, adaptent et cherchent à valider des échelles d’évaluation américaines, “raccourci inévitable” (sic) en l’état actuel des choses (M.R. Phillips, C.L. West, Q. Shen et coll. : Comparison of schizophrenic patients’ families and normal families in China, using chinese versions of FACES-II and the family environment scales, Fam. Proc., 1998, 37, 1 : 95-106). Ces échelles d’auto-évaluation ont été administrées à 120 membres de familles à patient schizophrène et 126 membres de familles témoins, tous urbains. Elles sont sensibles, valides et discriminantes pour les dimensions “cohésion, conflit, orientation culturelle et intel- Act. Méd. Int. - Psychiatrie (15), n°212, septembre 1998 3790 lectuelle, orientation activité-loisirs”. Les autres dimensions demandent des études complémentaires. Ainsi, l’indépendance des membres de la famille (surtout des enfants) n’est-elle pas très valorisées en Chine, alors quelle est au cœur de la problématique des familles occidentales. Les auteurs reconnaissent que dans l’idéal il faudrait construire des questionnaires familiaux propres à chaque culture, puis comparer les différents concepts de la famille. Ils soulignent, par ailleurs, qu’à la différence des études occidentales les schizophrènes chinois ne se démarquent pas de leurs proches quant à l’évaluation des configurations familiales, globalement estimées comme “rigidement désengagées” selon la typologie de Olson. L’éthique et l’épistémologie psychopathologique type DSM made in USA préparent leur avenir ? Ch. L. Mots-clés : Schizophrénie, Famille, Ethno. Sauve qui peut, pas de panique Göttingen (Allemagne) Plusieurs stratégies pharmacologiques ont une efficacité avérée dans le traitement des troubles paniques avec ou sans agoraphobie : les antidépresseurs tricycliques (imipramine, clomipramine), les benzodiazépines (alprazolam), des IMAO (dont le nombre se raréfie) et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (fluvoxamine) ont prouvé leur action pour juguler les accès de panique. Comme beaucoup de patients, qui vivent mal certains effets latéraux, rechutent à l’arrêt des traitements, A Broocks et coll. ont tenté d’élargir le champ des thérapies pharmacologiques... à la course à pied. En dépit des croyances populaires qui attribuent de grandes qualités à l’exercice physique, peu détudes portent sur son impact dans les troubles névro- SEPT 98 MEP 1 23/04/04 14:39 Page 3791 tiques ; 46 patients souffrant de troubles paniques, d’intensité modérée à sévère, acceptent de bénéficier, pendant 10 semaines, des soins suivants : une pratique régulière “de l’aérobic”, ou la prise non moins régulière de clomipramine (112,5 mg/j), versus placebo. Le protocole d’exercices physiques prévoit d’effectuer 3 à 4 fois par semaine une distance de 4 miles (en plaine ou en forêt), avec une montée en charge progressive : marche pendant la première semaine, petites foulées de 2-4 minutes la seconde, course de fond plus régulière avec des pauses au fil des 4 semaines suivantes, et enfin jogging en continu au long des 4 dernières semaines. Si la clomipramine semble bien tolérée (aucune sortie d’essai), 27 % des volontaires cessent de prendre un placebo et 31 % de courir, probablement en raison d’effets indésirables ; les auteurs notent que peu de patients agoraphobes ont eu des difficultés à courir seuls en rase campagne (4 %). Comparées au placebo, la clomipramine et la course à pied entraînent une réduction significative des symptômes (CGI, Hamilton anxiété, échelle de panique et d’agoraphobie), avec un avantage pour le traitement pharmacologique qui agit plus précocement et avec plus d’efficacité sur les symptômes anxieux Compte tenu des difficultés pour réaliser un double aveugle dans ces conditions et de la durée un peu courte de l’évaluation, ces résultats amènent quelques commentaires : l’exercice physique, par sa dimension de maîtrise de soi, peut s’apparenter à une approche plus spécifiquement cognitivocomportementale avec une forme d’exposition aux symptômes habituels que la crise de panique partage avec un exercice bien mené (palpitations, respiration superficielle, essoufflement, sueurs...). Ces sensations corporelles, mal interprétées en cas de trouble panique, ne sont plus ici rattachées à une maladie mortelle, et cette forme de conditionnement aide le patient à réattribuer ses sensations végétatives. Et comme la majorité des patients sujets à des troubles paniques est jeune, sans contre-indication pour les exercices physiques, et peu encline aux traitements pharmacologiques, la prescription de chaussures de sport s’impose if further studies confirm... (Comparison of aerobic exercise, clomipramine, and placebo in the treatment of panic disorder, 1998, Am. J. Psychiatry, 155 : 603-609). P.B. Mots-clés : Trouble panique, Clomipramine, Thérapie comportementale. La loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles, instaure également un certain nombre de mesures en faveur du mineur, victime de l’un ou de ces crimes ou délits : - il peut faire l’objet d’une expertise médico-psychologique afin d’apprécier la nature et l’importance du préjudice subi et d’établir si celuici rend nécessaires des soins appropriés ; - un administrateur ad hoc peut être désigné par le procureur de la République ou le juge d’instruction, lorsque la protection de ses intérêts n’est pas complètement assurée par son ou ses représentants légaux ; - son audition au cours de l’enquête et de l’information peut faire l’objet d’un enregistrement audiovisuel ou uniquement sonore, avec son accord ou celui de son représentant légal s’il n’est pas en état de le donner ; - au cours des différentes auditions et confrontations, il peut être assisté d’un psychologue, d’un “médecin spécialiste de l’enfance”, d’un membre de sa famille, de l’administrateur ad hoc sus-mentionné ou encore d’une personne chargée d’un mandat du juge pour enfants. M. G. Création d'un fichier national des empreintes génétiques prévu au niveau génétique (comme par exemple en Grande-Bretagne où un tel fichier a été créé en 1995, regroupant plus de 364 000 empreintes génétiques). Il ne suffit bien évidemment pas de relever des empreintes, (sur les lieux du crime et/ou sur la victime) qu’elles soient digitales ou génétiques, pour pouvoir confondre le(s) coupable(s). Seule leur comparaison avec les empreintes de suspects le permettait jusqu’à présent en France. Or, s’il existe un fichier automatisé des empreintes digitales, qui centra-lise plus de 760 000 traces de personnes précédemment interpellées pour des crimes ou des délits, rien de tel n’était Une loi du 17 juin 1998 vient de combler cette lacune de police scientifique, en créant un fichier national automatisé des traces génétiques, ainsi que des empreintes génétiques des personnes condamnées pour des infractions de nature sexuelle. Toutefois, ce fichier sera plus circonscrit que son homologue britannique, qui comprend, lui, l’ensemble des empreintes génétiques prélevées sur toutes les personnes arrêtées ou condamnées pour une infraction passible d’une peine privative de liberté. M. G. Instauration de mesures d’aide et de protection en faveur des mineurs victimes d’infractions de nature sexuelle 3791