2015-2016 Les polyfonctionnels – UE 6 : Chimie organique et bio-inorganique – Annexe du cours sur Moodle Semaine : n°2 (du 14/09/15 au 18/09/15) Date : 14/09/2015 Heure : de 8h00 à 10h00 Binôme : n°31 Professeur : Pr. Willand Correcteur : n°33 PLAN DU COURS I) Les dérivés carbonylés insaturés A) Différents types de dérivés carbonylés insaturés 1) Insaturés 2) Alpha-bêta insaturés B) Nomenclature 1) Alpha-énal 2) Alpha-énone C) Voie d'accès aux énals 1) Rétrosynthèse 2) Synthèse D) II) Structure et réactivité Carbonyle alpha-bêta insaturé A) Structure B) Stabilité de la forme conjuguée C) Réaction avec les électrophiles 1) Propriétés chimiques 2) Structure OMHO 3) Réaction avec Br2 D) Réaction avec les nucléophiles 1) 2 sites d'attaque possibles 2) Addition d'organométalliques 3) Réaction de Michaël 4) Addition de Michaël 5) Annélation de Robinson 1/17 2015-2016 III) Les polyfonctionnels Addition 1,4 en biologie A) Détoxification par le glutathion B) Réaction type Michael IV) Substances actives A) Mytomycine C B) Syringolin A et B C) Neratinib V) Mobilité des H en gamma 2/17 2015-2016 I) Les polyfonctionnels Les dérivés carbonylés insaturés A) Différents types de dérivés carbonylés insaturés 1) Insaturés Lorsqu'on trouve une liaison simple entre une double liaison, on parle de diène conjugué Il peut être S-trans ou S-cis → rotation autour de la liaison sigma 2) Alpha-bêta insaturés Dérivés carbonylés alpha bêta insaturés, ces dérivés sont retrouvés dans des composés naturels, composés qui dérivent des terpènes (carbone qu'on retrouve dans la menthe : produit d'oxydation du menthol ) → double liaison conjuguée à cette cétone On trouve aussi le cortisol, la testostérone, la progestérone B) Nomenclature 1) Les alpha-énal : → découlent des aldéhydes • Acroléine (propénal) : alcène + aldéhyde : • Aldéhyde crotonique (but-2-énal) • Aldéhyde cinnamique : cycle aromatique (3 phénylpropénal) Il est le composant principal (90%) de l'essence de cannelle 2) Les alpha-énone → découlent des cétones • Chalcone (1,3-diphénylpropénone) • Dibenzalacétone (2 double liaisons de chaque côté de la fonction carbonylée) 3/17 2015-2016 C) 1) Les polyfonctionnels Voie d'accès aux énals Rétrosynthèse Exemple : aldéhyde cinnamique → on cherche à le synthétiser On obtient les alcènes grâce à des réactions de déshydratation → réaction d'élimination car perte d'eau. On fait de la rétrosynthèse (fait de partir de la fin) pour essayer de trouver les produits de départ pour obtenir à la fin ce médicament. Il faut rajouter sur cette structure un atome d'oxygène et un hydrogène : obtention d'une molécule d'eau. Celle-ci va être éliminée et permettra l'obtention du produit final. Le carbone sp2 devient sp3, on rajoute une liaison avec la fonction hydroxyle. On rajoute aussi un hydrogène de l'autre côté. 2eme flèche de rétrosynthèse : On part d'un dérivé aldéhyde avec un cycle aromatique et de l'autre côté, (on déconnecte) on obtient aussi un aldéhyde. On a donc 2 réactifs. Il faut un nucléophile et un électrophile. Réactif 1 : Le benzaldéhyde est électrophile car le carbone est delta + et l'oxygène est delta Réactif 2 : Le carbone en alpha présente des hydrogènes mobiles, on obtient un anion qui pourra jouer le rôle de nucléophile 4/17 2015-2016 2) Les polyfonctionnels Synthèse Si on inverse le chemin : synthèse • La réaction se fait à partir du benzaldéhyde et du cétaldéhyde. Le cétaldéhyde, en présence d'une base, perd un H au niveau de son carbone alpha. On obtient donc une charge négative sur ce carbone Ce produit attaque le carbone électrophile du benzaldéhyde pour former une liaison sigma. Délocalisation des électrons pi vers l'atome le plus électronégatif. • 2ème étape : formation d'une liaison sigma • 3ème étape : on a un alcoolate qui va chercher un proton dans le milieu réactionnel pour se stabiliser → obtention d'un alcool non chargé donc plus stable = c'est un aldol • 4ème étape : on chauffe la réaction ce qui va favoriser l'élimination qui conduit à l'aldéhyde apha béta insaturé OH- qui est toujours présent dans le milieu vient arracher le proton. On observe le retour des électrons avec l'apparition d'une molécule d'eau → formation d'un aldéhyde alpha béta insaturé + H2O La crotonisation c'est la réaction de déshydratation. D) Structure et réactivité Alcène : 2 atomes de carbone sp2 → structure plane avec 6 atomes coplanaires Région de densité électronique élevée , les alcènes sont des nucléophiles donc peuvent réagir avec des électrophiles. 5/17 2015-2016 Les polyfonctionnels Carbonyle : carbone électrophile, structure plane : 4 atomes coplanaires Liaison polarisée : carbone déficitaire en électrons Interaction avec les nucléophiles Présence d'hydrogène mobile en alpha Enolisation, réaction du carbanion en tant que nucléophile II) A) Carbonylé alpha-bêta insaturé Structure Liaison sigma entre les 2 fonctions → O n v a a v o i r 8 atomes coplanaires En fonction de la disposition au niveau de la liaison sigma on va avoir une configuration s-cis ou s-trans → On passe d'une configuration a une autre par une rupture de liaison (différent de conformation) On a une restriction du au fait qu'on a des or bita les 2p conjuguée s, = les électrons Π de la double liaison peuvent passer par ces différentes orbitales → impossibilité de pouvoir tourner autour de la liaison B) Stabilité de la forme conjuguée Le fait d'avoir des doubles liaisons conjuguées entraîne une stabilisation. On peut l'observer dans le cas des s t é r o ï d e s . Si on part du stéroïde dessiné à gauche on peut réaliser l'oxydation de l'hydroxyle en cétone = la double liaison a migré. 6/17 2015-2016 Les polyfonctionnels Du fait de leur forme conjugué, les alpha énones sont plus stables que les béta énones. Lorsque les conditions sont requises, celles-ci ont tendance à conduire aux premières par isomérisation. La migration de la double liaison est catalysée par les acides. C) Réaction avec les électrophiles On a une fonction cétone et une double liaison. Elles ne sont pas conjuguées car il y a 2 liaisons sigma entre les 2 doubles liaisons. Au niveau du carbone sp3 pas d'orbitale 2p donc pas de possibilité de transférer les électrons. En milieu acide on va protoner la double liaison. Le proton en s'additionnant va donner le carbocation le plus stable possible ( H sur le carbone Nter) Deux solutions : – On peut revenir au produit du début en faisant partir H+ (bleu) – La fonction carbonylée tire des électrons. On a donc un retour possible des électrons vers l'oxygène. Le carbocation récupère ses électrons grâce au départ de H+ : on obtient l'isomère du produit de départ C'est un isomère de position car la fonction alcène est en position alpha béta alors qu'au départ elle était en position alpha gamma → on a donc un système conjuguée, qui est + stable 7/17 2015-2016 • Les polyfonctionnels Addition de Br2 Avec un diène, obtention de 2 produits Dans le cas des carbonylés alpha béta insaturé → réaction nettement plus difficile car la vitesse de réaction est 10 000 fois plus faible = l'addition électrophile est plus compliquée sur ces carbonylés que sur les diènes. • Addition des hydracides Produit cinétique et thermodynamique sur les diènes Sur les carbonylés : régiosélectivité inverse → Brome fixé sur le carbone terminal → Mécanisme différent qui ne passe pas par une attaque électrophile de l'alcène 1) Propriétés chimiques Un carbone chargé + et un oxygène chargé -, on veut délocaliser les électrons de l'alcène vers le carbocation → Déficience en électrons sur le carbone terminal. • Diminution de la densité électronique au niveau de l'alcène • Diminution de la réactivité avec les électrophiles • Délocalisation de la charge delta + : 2 sites possibles pour l'attaque des nucléophiles 8/17 2015-2016 2) Les polyfonctionnels Structure et OMHO Dans le cas des diènes les électrons sont dans les orbitales au niveau des doubles liaisons Au niveau de l'aldéhyde alpha bêta insaturé : le seul atome accessible est l'atome d'oxygène, c'est le seul site accessible à l'électrophile. 3) Réaction avec Br2 Dans le cas de l'acroline, on a H+ et Br - : • Première étape : fixation du proton sur l'oxygène. • Deuxième étape : apparition d'une charge sur l'oxygène qui a perdu un électron au profit de l'hydrogène et de l'ion Br - . L'oxygène étant chargé +, les électrons Π de la liaison avec le carbone sont délocalisés. La charge positive se retrouve donc sur le carbone et on a toujours Br - à côté. (forme en résonance) La double liaison carbone-carbone est directement liée au carbocation → délocalisation de ces électrons Π 9/17 2015-2016 Les polyfonctionnels vers le carbocation C'est le carbone terminal qui a dès à présent la charge positive (3ème forme en résonance) • Troisième étape : fixation de Br -, On a 2 produits potentiels – addition de Br - sur le premier carbone relié à OH (2ème forme en résonance) – addition de Br - sur le carbone terminal De ces 2 produits le plus stable est le produit d'addition du brome sur le carbone terminal Donc pour la deuxième forme en résonance → rapide retour à la forme de départ. On a un énol → beaucoup plus stable sous la forme d'un aldéhyde : retour des électrons de l'oxygène vers la liaison. Délocalisation des électrons de la double liaison : le carbone va récupérer un proton, ce qui entraîne la formation d'un dérivé carbonylé. → produit de la réaction Br + devrait se fixer comme H+ sur l'oxygène sauf que le brome a des orbitales plus volumineuses que l'oxygène → la réaction a du mal à se produire D) Réaction avec les nucléophiles 1) Il y a 2 sites d'attaques potentiels • Attaque au niveau du carbone le plus électrophile (celui lié à l'oxygène) • Orbitale au niveau du carbone terminal Nucléophile fort, l'attaque du carbonyle est directe (exemple les organolithiens) → addition 1,2 Nucléophiles faibles → l'addition va se faire en 1,4 c'est à dire oxygène et carbone terminal → nécessité de protonation préalable de l'oxygène 10/17 2015-2016 2) Les polyfonctionnels Addition d'organométalliques Addition 1,2 ou 1,4 en proportions variables, selon l'organométallique utilisé. → obtention d'un alcool avec addition 1,2 → obtention d'une cétone avec addition 1,4 3) Avec les carbanions stabilisés : réaction de Michael → Addition de HCN, en milieu acide → Addition d'énolates : énolate vient réagir sur le carbone en position 4 11/17 2015-2016 4) Les polyfonctionnels Addition de Michaël L'addition conjuguée d'un nucléophile sur un substrat alpha béta éthylénique a été mise en évidence par le chimiste américain A. Michael en 1887. Cette réaction, très précieuse pour réaliser des allongements de chaînes carbonées met en jeu des nucléophiles variés : ions énolate, ion cyanure, énamine, carbanions issus de dérivés nitrés... 5) Annélation de Robinson → A permis de synthétiser des stéroïdes. 12/17 2015-2016 Les polyfonctionnels On a une cyclohexadione méthylée qui porte son substituant méthyle entre les 2 fonction cétones. On est en milieu basique : présence d'éthanolate de sodium. Composée de 2 cétones, la molécule a donc 3 carbones alpha qui portent chacun des hydrogènes. Le plus mobile est celui en bleu sur le dessin. Après départ de cet hydrogène, on obtient la base conjuguée de la molécule, qui porte une charge négative sur le carbone entre les 2 cétones. On peut délocaliser cette charge négative pour donner une première forme mésomère. Une deuxième forme mésomère est possible en délocalisant la charge négative de l'autre côté. Une fois la base conjuguée formée, elle réagit avec un électrophile qui est une cétone alpha-bêta insaturée. Le nucléophile est encombré donc l'accès est difficile. Comme le nucléophile n'est pas aussi fort qu'un organolithiens, il s'agit d'une addition 1,4. Les électrons portés par la double liaison sont poussés à côtés jusqu'à l'atome d'oxygène → effet domino La charge négative se retrouve en position 1 sur l'oxygène de la cétone initiale. On obtient finalement un énol → pas la forme la plus stable. On a donc un équilibre cétone-énol → double liaison transférée et hydrogène relié à l'oxygène également transféré vers le carbone. Le 6ème sommet joue le rôle de nucléophile, le carbone au niveau de la cétone du cycle aromatique joue le rôle d’électrophile 13/17 2015-2016 Les polyfonctionnels Obtention d'un carbanion qui va attaquer le carbone électrophile qui se trouve à côté → délocalisation des électrons Π. → On se retrouve avec 2 cycles accolés grâce à la nouvelle liaison sigma. On a un alcoolate qui va rencontrer une molécule d'éthanol, qui joue le rôle de solvant. L'oxygène retrouve ses électrons : O- devient OH. En travaillant à chaud on va favoriser une réaction d'élimination. L'hydrogène le plus mobile est celui en alpha''. L'élimination est facilitée par la base qui est l'éthanolate → formation de l'alpha bêta cétone insaturée Cette réaction est l'annélation de Robinson car on favorise la formation de cycles. NB : Toxicité potentielle des alpha énones 14/17 2015-2016 Les polyfonctionnels Modification de la structure protéique irréversible. → modification de sa réactivité Modification du comportement de la cellule et des mécanismes cellulaires. → possibilité d'apparition d'un cancer III) A) Addition 1,4 en biologie (réaction de type Michaël) Détoxification de certains produits par le glutathion → Acide glutamique, cystéine et glycine Soufre = meilleur nucléophile → permet de détoxifier, formation d'une liaison covalente avec l'ADM, énol généré se retransforme en dérivé carbonylé Dérivé nettement plus soluble dans l'eau → élimination (urines...) 15/17 2015-2016 B) Les polyfonctionnels Accepteur de Michael : acide etacrynique (Edecrine) → diurétique de l'anse (dérivé de l'acide phénoxyacétique), arrêt de commercialisation en 1989 IV) A) Substances actives La mitomycine C → Mécanisme d'action Substance antinéoplasique et antibiotique extraite du Streptomyces caespitosus. Elle a un effet alkylant : formation d'adduits avec l'ADN, action particulièrement marquée en phase G1 et S. → Cas d'usage : • La mitomycine est utilisée dans la prise en charge : • cancers colorectaux • cancers de l'estomac • cancers du pancréas • cancers du sein • cancers de la vessie Réaction de réduction : quinone réduite en phénol. → 2ème étape : perte d'une molécule de méthanol et formation de double liaison Système énolique, double liaison, cycle à 3 sommets, on a réarrangement de la structure pour aboutir à la forme finale. Base de l'ADN qui va réagir sur le carbone électrophile. ADN endommagé → réaction irréversible Nouvelle application grâce à des accepteurs de Michael : en 2008 les chercheurs ont identifié un facteur de purulence produit par bactérie qui va générer la mort des plantes, formation de tâches brunes. La mort passe par l'inhibition du protéasome : mise en place par la cellule pour éliminer des protéines, la plante utilise ce système de digestion. 16/17 2015-2016 Les polyfonctionnels Le protéasome peut être inhibé aussi au niveau des cellules cancéreuses. B) Syringolin A et B La syringoline A exerce son action via l'inhibition du protéasome. On observe urée, acide carboxylique, cycle, partie rouge constituée d'une fonction carbonylée. Comment cette molécule inhibe le protéasome ? → Réagit avec la thréonine de ce protéasome La structure cristallographique du complexe formé a permis de comprendre le mécanisme d'inhibition. On explique cette liaison covalente par l'accepteur de Michael, cette fonction chimique (syringolin) va réagir : thréonine vient s'additionner sur le carbone → alkylation de la zone catalytique du protéaosome → les peptides ne vont plus se fixer dans cette partie → induction de la mort cellulaire. C) Neratinib → Inhibiteur de tyrosine kinase On retrouve encore une fois la fonction de type accepteur de Michael. On va prendre la place de l'ATP : une cystéine va former une liaison covalente avec l'accepteur de Michael de façon irréversible → inhibition de tyrosine kinase V) Mobilité des hydrogènes en gamma Notion de vinylogie Donc possibilité de formation de carbanion nucléophile en cette position à travers le vinyle, réactivité en gamma équivalente à la réactivité en alpha 17/17