Comme pour le scanner, l’acquisition rapide des données est aussi
le souci constant du radiologue pour passer de l’imagerie anato-
mique à l’imagerie physiologique et fonctionnelle. Les progrès
techniques matériels portent sur la flexibilité et la puissance des
gradients. La montée en puissance des gradients numériques reste
cependant limitée par le risque de conséquences biologiques pos-
sibles, et d’autres méthodes commencent à apparaître.
Les nouvelles technologies d’acquisition, en particulier hélicoï-
dale et elliptique du champ de Fourier, vont permettre, à puis-
sance de gradient égale, l’obtention d’une imagerie plus rapide
de l’ordre de 50 images par seconde.
La technologie des antennes en réseau et des antennes multiples
de réception (SENSE : sensitivity encoded MRI) permet l’acqui-
sition rapide d’un volume anatomique important, et des articles
commencent à paraître sur l’acquisition d’images de tout le corps
dans un temps de 30 secondes (5). La notion de body scanner ou
de bodyIRM dans le bilan de pathologies de disséminations mul-
tiples n’est plus ridicule. Cette technique SENSE est une alter-
native à la course en puissance des gradients, puisque la récep-
tion du signal se fait par plusieurs antennes qui ont chacune une
sensibilité particulière ; cela permettra un codage nouveau du
signal avec une réduction du temps d’acquisition. Chaque antenne
reçoit une partie de l’image, qui sera ensuite reconstruite par
assemblage des données reçues par les différentes antennes de
réception ; ainsi est retrouvée la totalité du volume exploré. Ce
volume exploré peut donc être plus grand et avec une meilleure
résolution dans un même temps d’acquisition par rapport à des
techniques plus classiques ou, au contraire, garder la même réso-
lution, mais avec un temps d’acquisition plus court en fonction
du nombre d’antennes de réception utilisées (6).
Applications
C’est surtout aujourd’hui aux secteurs de la cardiologie, de l’ima-
gerie vasculaire et de l’imagerie fonctionnelle que profitent ces
innovations : la coronarographie et l’artériographie entrent dans
le champ de la routine clinique de l’IRM.
L’IMAGERIE FONCTIONNELLE
(7)
L’imagerie de perfusion (par TDM ou par IRM)
Elle étudie la microcirculation après injection d’un produit de
contraste. Cette imagerie pondérée par la circulation dans l’espace
intravasculaire renseigne sur le volume et le temps de transit san-
guin et donc, de façon indirecte, sur le débit sanguin cérébral
grâce à l’imperméabilité de la barrière hémato-encéphalique.
L’imagerie de diffusion ou imagerie de l’eau (par IRM)
Elle permet d’établir une cartographie quantitative de la diffu-
sion des molécules d’eau dans les espaces extra-vasculaires chez
l’homme in vivo. Cette imagerie est fondée sur la vitesse de mobi-
lité des molécules d’eau dans les espaces interstitiels et intracel-
lulaires. Elle est sensible aux mouvements de l’eau, mais mal-
heureusement aussi à tous les mouvements des tissus, ce qui crée
des artefacts. Elle trouve sa place dans l’exploration de l’isché-
mie cérébrale précoce puisqu’elle est capable de montrer des
zones d’ischémie dès la trentième minute. L’association avec
l’imagerie de perfusion permet de distinguer la zone déjà lésée
de la zone hypoperfusée, qui sera lésée secondairement si un trai-
tement précoce n’est pas institué. L’étude des directions des vec-
teurs de diffusion de l’eau permet aussi d’obtenir des cartogra-
phies des tractus et faisceaux nerveux, la diffusion se faisant plus
facilement dans l’axe de ces faisceaux et des fibres de myéline.
L’imagerie d’activation fonctionnelle
L’imagerie fonctionnelle par IRM utilise les variations de flux et
de volume sanguin et d’oxygénation induites par l’activation du
cortex cérébral (8). Cette méthode permet l’exploration du fonc-
tionnement cérébral dans sa globalité lors de la réalisation d’une
tâche motrice ou cognitive. C’est aussi là sa difficulté d’inter-
prétation car il s’agit d’une tâche complexe. Elle est basée sur les
variations du flux sanguin et de l’oxygénation induites par l’acti-
vation corticale. La comparaison de séquences dites “de repos
sans activation” avec des séquences d’activation permet la recon-
naissance statistique des zones activées et leur représentation sur
une IRM cérébrale classique anatomique pour la localisation.
L’imagerie par transfert de magnétisation
Elle étudie les échanges spécifiques d’énergie entre la surface
des macromolécules et les molécules d’eau. Elle permet une
approche quantitative de la destruction tissulaire. Elle améliore le
contraste entre les zones qui prennent le contraste et celles qui ne
le prennent pas. Certains auteurs préconisent cette technique pour
la recherche de la récidive des cholestéatomes (9, 10) (figure 5).
L’IMAGERIE SPÉCIFIQUE
L’imagerie macrophagique
Elle utilise les propriétés que possèdent les macrophages pour
capter certaines particules, en particulier les particules de fer.
Des microparticules de fer (USPIO : Ultra Small Particles Iron
Oxide) injectées par voie veineuse seront captées par les gan-
glions normaux et modifieront leur signal en IRM ; les ganglions
métastatiques ne pouvant capter ces particules, leur signal sera
différent. On aborde ainsi le début de l’imagerie cellulaire.
L’imagerie métabolique
Nous en avons un premier exemple avec l’imagerie de l’eau au
niveau de la diffusion, mais l’IRM est capable de tester d’autres
protons. Le repérage et la quantification de ces éléments ato-
miques et de leurs métabolites permettent de distinguer le tissu
normal du tissu pathologique. C’est une méthode non invasive,
mais encore non spécifique du type de tissu pathologique étudié.
Le volume ainsi testé est encore grand, de l’ordre du centimètre
cube. La résolution spatiale s’améliore grâce à l’étude spectro-
métrique en deux et trois dimensions, et les mesures sur des
volumes de la taille d’un pixel sont le but recherché.
Les isotopes
La scintigraphie fait des progrès considérables.
La résolution spatiale des images est en constante amélioration
et le couplage à une imagerie en coupe, aujourd’hui la tomoden-
sitométrie et demain l’IRM, améliore considérablement leur pou-
DOSSIER
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no269 - janvier 2002