Travail et prostitution
par Ronan Herraux
Ça choque toujours les gens quand je compare le travail et la prostitution ; pourtant, mon raisonnement se tient je
trouve…
Cette caricature est inspirée d’un vrai débat que j’avais par inadvertance déclenché sur
fessebouc, et qui avait finalement tourné autour du problème de la prostitution.
Ma solution (déjà proposée par bien d’autres, et appliquée dans certains pays), était
simplement de légaliser.
De reconnaître ça comme un vrai TRAVAIL, avec cotisation, protection sociale, maisons
closes, etc…
Mais il semble que ça n’empêche pas certaines dérives
Bref, j’ai continué à réfléchir au problème, ne parvenant pas à comprendre un point en
particulier : comment la prostitution peut-elle être un plaisir ? Comment peut-il être agréable
de vendre son cul, littéralement ?
Mais j’ai repensé à un de mes classiques favoris (le seul ? Non.) : la Philosophie dans le
boudoir, du Marquis de Sade, livre ultra provocateur une jeune fille mineure est initiée
bon-gré mal-gré aux « joies de la chair », et à la philosophie libertine en général.
Je ne vous en raconte rien ; ou alors juste un extrait, mais c’est parce que vous insistez ;) :
Extrait de "La philosophie dans le boudoir", du marquis de Sade (troisième
dialogue).
« Saint-Ange : Permettez-moi qu'un moment je sois écolière à mon tour et que
je vous demande, Dolmancé, dans quel état il faut, pour le complément des
plaisirs de l'agent, que se trouve le cul du patient ?
Dolmancé : Plein, très assurément ; il est essentiel que l'objet qui sert ait alors la
plus complète envie de chier, afin que le bout du vit du fouteur, atteignant
l'étron, s'y enfonce et y dépose plus chaudement et plus mollement encore le
foutre qui l'irrite et le met en feu. »
Les esprits éclairés l'auront compris, il est ci-dessus question de sodomie ^^
http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Marquis_de_Sade_la_Philosophie_dans_le_boudoir/1311237
Le pire c’est que ce bouquin prétend vraiment avoir valeur éducative : la première phrase,
après le titre est « la mère en prescrira la lecture à sa fille !!! »
Or la philosophie libertine semble quand même bien immorale si on la prend au premier
degré...
En résumé : il faut faire passer SON PROPRE plaisir avait toute autre chose, aucune chose
immorale n’existant réellement puisque sinon, la Nature ne saurait le tolérer.
Or la nature est remplie de contre exemples à la moralité de la plupart des gens (surtout à cette
époque : homosexualité, polygamie, violence en général… Je ne vous donne pas de liens vers
des exemples cette fois-ci, je vous laisse faire vos propres recherches).
Donc la philosophie libertine autorise (et encourage) tout, du simple rapport sexuel à toutes
les pratiques immorales possibles et imaginables...
Perso, donc, à priori, je n’adhérais que moyennement à cette philosophie. La morale est une
question relative à chacun, mais niveau sexuel, je n’ai que trois critères : que ce soit légal, que
le/la partenaire soit consentante ; et bien évidemment, que ça me plaise ^^
Si vous voulez en savoir plus sur mes goûts dans ce domaine, n’hésitez pas à poser vos
questions ;)
Mais j’ai sérieusement réfléchi à ce bouquin, quand même clairement philosophique (malgré
des passages purement pornographiques), et pourquoi il se prétend « éducatif »...
Je pense que la réponse est dans les premières leçons libertines : il faut s’essayer à tous les
plaisirs !
Perso, je dirai plutôt qu’il faut « essayer à s’essayer » à tous les plaisirs…
Si ça ne plaît pas, on arrête !
C’est le principe même de consentement moral, "Acte libre de la pensée par lequel on
s'engage entièrement à accepter ou à accomplir quelque chose."
Et donc, j’ai réfléchi au fait de trouver du plaisir dans la prostitution, autant pour le « client »
que la « vendeuse » (ou inversement)…
Là encore, la philosophie libertine a la réponse : le sado-masochisme.
Terme qui revient bizarrement à la mode après un certain roman/film
On en revient donc réellement aux classiques, puisque étymologiquement, SADO-
masochisme vient quand même (en partie) du marquis de Sade !
Finalement, je comprends complètement le fait que, dans la recherche du plaisir, on s’essaye à
la prostitution, qu’elle puisse justement paraître excitante.
C’est vraiment la base du SM : accepter d’être soumis, d’être à la merci et d’obéir aux
ordres de quelqu’un ; ou au contraire, être le maître, celui qui domine et exige !
J’ai moi-même déjà été dans ce genre de « situation sexuelle », et dans un cas comme dans
l'autre, c'est en général extrêmement jouissif ;)
Et donc, j’ai compris qu’on pouvait vraiment trouver plaisir à se prostituer.
Si la/le prostitué est consentant, et qu’il en tire justement un plaisir (en étant par exemple
attiré par la personne, ou simplement par masochisme, ce qui à mes yeux n’est aucunement
immoral) il fera assurément un super boulot ;)
Pour moi, toute la question est là, précisément…
Si la prostitution devient un plaisir, est-ce réellement un travail ?
Un raisonnement valable pour n’importe quelle activité.
Il est évidemment possible de « trouver un travail qui nous plaît », de vivre de sa passion.
Voire même d’avoir la démarche inverse, et réussir à se passionner pour une activité qui ne
nous intéressait pas au début.
Mais alors, est-ce un « travail » ?
Car pour rappel, étymologiquement, travail = torture, tourment ; c’est donc quelque chose
qu’on fait pas de son plein gré, dans lequel on n’est pas consentant, et qui n’apporte aucun
plaisir.
C'est seulement par extension qu'actuellement, on définit le mot « travail » par « activité
professionnelle », tout simplement.
Et de préférence rémunératrice.
Mais rappelez vous un autre de vos classiques, très probablement étudié au lycée : Candide,
de Voltaire.
Et plus particulièrement de la morale : "le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui,
le vice et le besoin."
Déjà, cela n'est pas forcément vrai à notre époque ; j’ai même envie de dire que c’est archi-
faux :
- combien de gens, sans même détester leur job, s’y ennuie et y passe de mauvaises journées ?
- combien de gens restent dans le besoin, même en travaillant ?
- et le "vice", parlons-en, tiens... C'est là affaire de valeur morale, mais perso, je n'ai jamais vu
plus de vices moraux que dans le "merveilleux monde du travail"...
Mais Candide parle de son jardin, d’une activité manuelle et réellement productrice : la
morale finale est « il faut cultiver son jardin » pas « travailler » son jardin ; nuance de taille
(généralement à prendre en compte dans un récit philosophique)…
Hélas, Candide n'est que peu écouté et à peine entendu :
- Pangloss lui donne raison avec la religion, disant que « l'homme a été mis en Eden pour
travailler » (ce qui est complètement faux, je crois ; l'Eden est sensé être un paradis ne
demandant pas d'effort). Enfin, de toute façon, il est prouvé tout au long du livre que ce soit-
disant "sage" est en fait complètement stupide et imbu de lui-même.
- et l'autre, Martin, dit carrément "Travaillons sans raisonner !". Le gars qui n'a strictement
rien compris...
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