Pour moi, toute la question est là, précisément…
Si la prostitution devient un plaisir, est-ce réellement un travail ?
Un raisonnement valable pour n’importe quelle activité.
Il est évidemment possible de « trouver un travail qui nous plaît », de vivre de sa passion.
Voire même d’avoir la démarche inverse, et réussir à se passionner pour une activité qui ne
nous intéressait pas au début.
Mais alors, est-ce un « travail » ?
Car pour rappel, étymologiquement, travail = torture, tourment ; c’est donc quelque chose
qu’on fait pas de son plein gré, dans lequel on n’est pas consentant, et qui n’apporte aucun
plaisir.
C'est seulement par extension qu'actuellement, on définit le mot « travail » par « activité
professionnelle », tout simplement.
Et de préférence rémunératrice.
Mais rappelez vous un autre de vos classiques, très probablement étudié au lycée : Candide,
de Voltaire.
Et plus particulièrement de la morale : "le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui,
le vice et le besoin."
Déjà, cela n'est pas forcément vrai à notre époque ; j’ai même envie de dire que c’est archi-
faux :
- combien de gens, sans même détester leur job, s’y ennuie et y passe de mauvaises journées ?
- combien de gens restent dans le besoin, même en travaillant ?
- et le "vice", parlons-en, tiens... C'est là affaire de valeur morale, mais perso, je n'ai jamais vu
plus de vices moraux que dans le "merveilleux monde du travail"...
Mais Candide parle là de son jardin, d’une activité manuelle et réellement productrice : la
morale finale est « il faut cultiver son jardin » pas « travailler » son jardin ; nuance de taille
(généralement à prendre en compte dans un récit philosophique)…
Hélas, Candide n'est que peu écouté et à peine entendu :
- Pangloss lui donne raison avec la religion, disant que « l'homme a été mis en Eden pour
travailler » (ce qui est complètement faux, je crois ; l'Eden est sensé être un paradis ne
demandant pas d'effort). Enfin, de toute façon, il est prouvé tout au long du livre que ce soit-
disant "sage" est en fait complètement stupide et imbu de lui-même.
- et l'autre, Martin, dit carrément "Travaillons sans raisonner !". Le gars qui n'a strictement
rien compris...