D’immenses espaces, des milieux contrastés
Doté d’une superficie de près de deux millions de km2, ouvert sur deux océans par ses 9900
kilomètres de côtes, étendu dans l’hémisphère nord sur dix-huit degrés de latitude, le Mexique
présente également des contrastes d’altitude qui contribuent à la diversité de ses régions et de ses
paysages. La majeure partie du territoire est constituée d’un vaste haut plateau qui s’étend
du nord-ouest au sud-est sur près de deux mille kilomètres, limité par la Sierra Madre orientale
et la Sierra Madre occidentale qui constituent les prolongements méridionaux du système des
Montagnes Rocheuses. Le terme de haut plateau ne correspond pas vraiment à la réalité car ces
régions apparaissent souvent comme un ensemble de hautes terres compartimentées par de petites
chaînes d’origine tertiaire, séparées par des vallées qui peuvent être profondes et isolant des
bassins intérieurs. On rencontre surtout ceux-ci dans l’Anahuac, dans la partie méridionale de
l’Altiplano, qui s’étend des monts du Nayarit à Mexico et à Puebla et qui est bordé au sud par
l’imposant ensemble volcanique qui, sur 900km, va du Pacifique à l’Atlantique entre les 18e et
22e parallèles. Ces bassins sont ceux de Mexico, de Toluca et de Puebla. Le premier est dominé
par le Popocatepetl (5439m) et l’Ixtaccihuatl; placée à une altitude moyenne de 2300m, la
vallée de Mexico a bénéficié de la proximité des volcans qui ont contribué à la fertilité de ses sols
mais aussi de la salubrité de son air… jusqu’à ce que la pollution automobile vienne aujourd’hui
remettre en cause ce qui différenciait le cœur du pays aztèque des tierras calientes malsaines des
côtes orientales. Dominée par le volcan Nevado (4565m), la vallée de Toluca est plus élevée que
celle de Mexico et apparaît également comme une zone accueillante et fertile. Au pied de
l’Orizaba (5747m), la vallée de Puebla, séparée de celle de Mexico par le volcanisme de
l’époque miocène, est plus aride dans sa partie septentrionale. L’apparition, en février1943, du
volcan Paricutin dont l’activité a duré jusqu’en 1952 a confirmé l’instabilité géologique d’une
région régulièrement affectée par ailleurs par des tremblements de terre dont celui qui a frappé
Mexico en 1985 a montré qu’ils pouvaient se révéler terriblement dévastateurs. Au nord de
Zacatecas et de San Luis Potosi, l’altitude du haut plateau central diminue et la rareté des
précipitations accentue l’aridité, confirmée au fur et à mesure que l’on s’avance vers le nord. De
Torreon jusqu’à Ciudad Juarez, dans le Chihuahua, l’immense plateau s’étend à perte de vue et la
végétation steppique fait place progressivement aux déserts qui bordent la frontière avec les
États-Unis. À l’est et à l’ouest, les deux chaînes montagneuses séparent le plateau des zones
littorales du golfe du Mexique ou de la côte pacifique, dominée par les versants abrupts de la
Sierra Madre occidentale. Au nord-ouest, la péninsule de Basse Californie, qui s’allonge sur
1200km entre la mer de Cortez (ou golfe de Californie) et l’océan Pacifique, apparaît comme un
appendice extérieur dont la partie septentrionale est constituée d’une puissante masse granitique
coupée de nombreuses failles et dont les régions les plus élevées, les Sierras de Juarez et de Saint
Pierre Martyr, tombent par un à pic de 3000m sur le désert côtier du golfe de Californie. Plus au
sud, le cap San Lucas, qui forme la pointe méridionale de la péninsule, offre des paysages moins
sauvages que ceux du Canyon du Diable ou du désert central, témoins d’une nature encore
quasiment vierge.
La partie méridionale du Mexique est structurellement complexe. On peut y distinguer le
bassin de Tepalcatepec, dans le Michoacàn, celui de Morelos au sud de la région de Mexico,
ouvert sur le long sillon longitudinal du rio Balsas alors que plus à l’est, dans l’Oaxaca, le haut
plateau central vient se confondre avec la Sierra Madre orientale. Vers le sud, la Sierra Madre
méridionale se présente comme une chaîne irrégulière, véritable barrière entre l’intérieur et la côte
pacifique. Les plaines littorales du golfe du Mexique sont vastes mais le climat des basses
terres y est naturellement plus malsain que dans les régions plus élevées de l’intérieur.
Au-delà de l’isthme de Tehuantepec, le Tabasco apparaît comme la zone alluviale la plus
importante du pays, au débouché des Rios Grijalva et Usumacinta. Entre l’isthme de Tehuantepec
et le Guatemala, la morphologie du Chiapas se révèle très complexe: la partie occidentale de la
Sierra Madre est séparée de la zone centrale par le bassin du Grijalva envahi par la forêt tropicale;