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23 avril 2013 «… Belle Eugénie, nous partons pour le Mexique ».
Avec un programme touristique classique doublé d’une approche de l’expédition française
de 1862-1867 et du bref et malheureux épisode impérial de MAXIMILIEN 1er et de CHAR-
LOTTE, nous voici partis pour le Mexique. Une fois de plus, le groupe du Souvenir Napo-
léonien est composé de diverses nations, comme l’étaient le corps expéditionnaire et aussi
la jeune Légion Etrangère de cette époque. Nous sommes 48 sous la houlette de Mrs Alain
PIGEARD et Jean ETEVENAUX. Certains d’entre nous ont déjà plusieurs campagnes à
leur actif, mais il y a aussi des visages nouveaux intéressés par le sujet et découvrant les
voyages de l’association. Comme le corps expéditionnaire français en 1863, nous serons
répartis en deux divisions autobus et nous allons parcourir en tous sens la région cen-
trale du Mexique.
Nous faisons
notre entrée à
Mexico en re-
montant le Pa-
seo. Curieux
comme les
zouaves du gé-
néral FOREY,
nous pénétrons
dans cette im-
mense ville de
23 millions
d’habitants.
Point de fleurs
ou d’arcs de
triomphe de
verdure pour
nous, mais une circulation intense, une ville active, colorée, ordonnée et désordonnée.
« Le 31 mai [1863], la division BAZAINE, lancée en avant-garde prenait la route de Mexi-
co… La municipalité, qui avait formé une sorte de gouvernement provisoire, inquiète des
troubles qui risquaient de se produire en ces temps de grands bouleversements dans la capi-
tale de 200 000 habitants dépourvue de force publique suppliait le général de faire entrer
rapidement ses troupes dans la ville. BAZAINE fit entrer sa division le 7 juin. Les 8 et 9 juin
se passèrent en préparatifs multiples. Après tout, le général FOREY représentait l’empereur
des Français et devait être reçu avec faste. Le 10 juin, après avoir reçu à la Garita de San
Lazaro les clés de la ville des mains du général SALAS, chef du gouvernement provisoire, le
général FOREY entra dans Mexico, à la tête d’un état-major somptueux, son chapeau garni
de plumes blanches sur la tête…. »
D’après « la guerre du Mexique » - Alain GOUTTMAN
Entrée du général FOREY dans Mexico le 10 juin 1863
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Un peu fatigués par le décalage de 7 heures, nous passons une première nuit paisible à l’hô-
tel Metropol. Bien accueillis par l’équipe des guides et des conducteurs, nos valises déco-
rées de rubans de couleurs fluorescentes, nous sommes prêts pour couvrir le Mexique et
rencontrer notre histoire commune. Pour nous, c’est une découverte, c’est l’aventure.
De quelle aventure s’agit-il ? Si l’on en croit l’opuscule fourni par l’agence de voyage, cette
aventure tient en quelques lignes. S’arrêter au court paragraphe consacré à l’expédition,
d’ailleurs très inexact en dépit de sa brièveté, serait ignorer tout de cette guerre de 5 ans
entre le Mexique de JUAREZ et l’empire Français de NAPOLEON III.
De fait, la guerre du Mexique est bien peu présente dans nos manuels scolaires et succincte-
ment traitée. C’est pourtant un des exemples de la politique interventionniste française de
cette époque : expédition du Liban et en Chine, guerres de Crimée et d’Italie. C’est un belle
démonstration de la difficulté d’une expédition dans un pays étranger souverain, c’est avant
l’heure une politique « d’ingérence ». Mais c’est aussi la réalisation concrète de ce qu’a pu
être « la grande idée » de l’empereur NAPOLEON III. En effet, pendant son emprisonne-
ment suite à l’affaire de Boulogne, le futur empereur, entre autres travaux, trace les lignes
d’un projet de création d’un canal au travers de l’Amérique Centrale, et d’une politique vi-
sant à contrecarrer les Etats-Unis qui se voyaient dominer le continent américain. C’est aus-
si l’aboutissement d’une action des lobbyistes José Manuel HIDALGO et José Maria GU-
TIERREZ, conservateurs catholiques
mexicains émigrés en Europe, plus ou
moins représentatifs d’un courant po-
litique et ayant eu une grande in-
fluence sur la très catholique et espa-
gnole impératrice Eugénie. C’est aussi
la conséquence de l’instabilité poli-
tique chronique du Mexique depuis
1810, avec l’épisode d’un fugace es-
sai d’empire avec ITURBIDE en 1821
et les diverses présidences dont celle
du général MIRAMON. C’est encore
la volonté des Espagnols et des An-
glais, coalisés avec les Français de
faire pièce au jeu politique des Etats-
Unis qui en 1847 battent les Mexi-
cains et obtiennent la cession de
vastes territoires de la Californie au
Texas. Aussi, les coalisés auraient vu
d’un œil favorable un monarque d’ori-
gine européenne prendre le pouvoir.
C’est dans ce cadre qu’interviendra
MAXIMILIEN de HABSBOURG.
Mais c’est aussi la volonté de recou-
vrer une créance du Mexique contrac-
tée par JUAREZ auprès de JECKER,
affairiste et banquier Suisse allié entre
autres au duc de MORNY.
Augusn de ITURBIDE
1er Empereur du Mexique
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Certes au début du XIXème siècle, outre un vague projet de libération de NAPOLEON 1er
emprisonné à Sainte-Hélène, le Mexique avait à plusieurs reprises intéressé la France, et a
été le théâtre d’une politique de la canonnière. En effet, en 1837 et 1838, la France avait
conduit à Veracruz des démonstrations militaires pour protéger ses concitoyens menacés et
recouvrer des dettes. Ce conflit prendra le nom de « guerre des pâtisseries » en référence à
un pâtissier français auquel l’Etat mexicain devait de fortes sommes d’argent. Ces interven-
tions se conclurent par une médiation britannique et le courroux des Américains irrités de
voir les anciennes puissances coloniales entrer dans le jeu politique en Amérique Centrale.
Avant de s’élancer sur les pistes mexicaines poussiéreuses et de s’aventurer dans les
quadres des villes espagnoles, un rapide résumé de la campagne est nécessaire d’autant que
notre itinéraire ne respectera pas le déroulement chronologique des faits.
Carte extraite de « La campagne du Mexique » de J-F Lecaillon
« La guerre du Mexique a duré effectivement un peu plus de 5 ans : depuis le 9 janvier
1862, premier jour les troupes françaises débarquèrent à Veracruz, jusqu’au 11 mars
1867, date à la quelle le dernier bâtiment chargé de nos soldats quitta les côtes du Mexique.
On peut aussi évaluer la durée de cette guerre à 6 ans, si on la fait commencer une con-
vention fut signée à Londres en vue de l’action commune de la France, de l’Angleterre et de
l’Espagne, c’est-à-dire le 31 octobre 1861, pour ne la regarder comme terminée que par la
mort tragique de l’empereur Maximilien, le 19 juin 1867. On peut y distinguer huit périodes
successives.
1 - 31 octobre 1861—27 avril 1862 : une escadre et des troupes sont envoyées au Mexique
sous le commandement de l’amiral JURIEN de la GRAVIERE, pour appuyer les réclama-
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tions de la France contre le Mexique. Les négociations avec le gouvernement de Juarez
échouent, la guerre est décidée. Les Espagnols et les Anglais rembarquent et quittent le
Mexique. Le général de LORENCEZ prend le commandement de l’armée.
2 - 27 avril - 25 octobre 1862 : l’armée marche sur Puebla, échoue devant cette ville le 5
mai 1862, bat en retraite sur Orizaba, elle se maintient énergiquement jusqu’à l’arrivée
des renforts. L’effectif des troupes est porté à 30 000 hommes, le général FOREY est nom-
mé commandant en chef, il prend le commandement le 25 octobre à Orizaba.
3 - 25 octobre 1862 - 18 mai 1863 : l’armée s’organise, marche sur les hauts plateaux et
entreprend le siège de Puebla, qui se termine le 18 mai par la reddition de la place [la ba-
taille de Camerone a lieu dans le cadre de ce siège le 30 avril 1863].
4 - 19 mai 1863 - 12 juin 1864 : l’armée marche sur Mexico, l’empire de MAXIMILIEN est
proclamé, le général FOREY, nommé maréchal de France, cède son commandement au gé-
néral BAZAINE, qui entreprend la soumission des provinces et leur adhésion à l’empire.
MAXIMILIEN est proclamé empereur à Mexico.
5- 12 juin 1864 - 13 mars 1865 : l’empire de MAXIMILIEN se fonde à travers mille difficul-
tés. Le général BAZAINE est nommé maréchal de France et achève la soumission militaire
du pays. Devant les progrès de l’armée française, le président JUAREZ se replie sur la
frontière des Etats-Unis. L’annexion de l’Etat d’Oaxaca dans le sud marque le terme de la
conquête de l’armée française.
6 - 14 mai 1865 - 23 juin 1866 : l’intervention diplomatique des Etats-Unis précipite la
chute de l’empire mexicain. Les troupes françaises se replient sur le centre de l’empire. La
Ville de Matamoros tombe aux mains des libéraux.
7- 24 juin 1866 - 11 mars 1867 : le général CASTELNAU apporte les ordres de l’empereur
[NAPOLEON III], l’évacuation du Mexique est décidée, les troupes françaises rembarquent
après une retraite très bien conduite par BAZAINE.
8 - 11 mars 1867 - 19 juin 1867 : l’empereur MAXIMILIEN continue les opérations mili-
taires à la tête des troupes impériales mexicaines. Il est assiégé et vaincu à Queretaro, con-
damné à mort par les juaristes et fusillé.
D’après « les Français au Mexique » du général THOUMAS
Ces quelques lignes ne suffisent pas à expliquer la complexité de cette opération et les diffi-
cultés ou les succès des Français. Elles ne présentent pas non plus les raisons de la présence
de MAXIMILIEN et CHARLOTTE, mais elles permettent de rappeler quelques lieux et
dates qui seront nos centres d’intérêt au cours de ce voyage.
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24 avril 2013 MEXICO
Dès 8 heures, nous embarquons dans nos autobus pour l’ambassade de France. Ce premier
trajet nous amène sur le Paseo de la Reforma, autrefois Paseo de l’Impératrice, immense
avenue rectiligne de 30 kilomètres, très large, bordée d’arbres et décorée de multiples sta-
tues modernes au style réaliste ou contemporain, gloires nationales ou œuvres d’art diverses.
On y croise aussi des œuvres classiques, des nus et des personnages contorsionnistes aux
masques rappelant la Comedia d’Ell Arte. Il y a aussi régulièrement des « dialoguas » sorte
de grands bancs de pierre grise les Mexicains éprouvent les joies du papotage et du com-
plot. Cette avenue dessinée par MAXIMILIEN aboutit au pied du palais de Chapultepec qui
fut aussi sa résidence à Mexico. On découvre tour à tour la statue de Christophe COLOMB,
et le monument de l’indépendance érigés au milieu de l’avenue.
Ce parcours donne un pre-
mier aperçu de cette ville
gigantesque bâtie à la
place de l’ancienne capi-
tale Aztèque sur une zone
marécageuse désormais
asséchée. Le cœur de la
ville a un aspect moderne
avec des gratte-ciel et des
immeubles commerciaux
de verre et de béton qui
remplacent ou se mêlent à
l’architecture ancienne du
style français de l’époque
Profirio DIAZ (1830-
1915).
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