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Un peu fatigués par le décalage de 7 heures, nous passons une première nuit paisible à l’hô-
tel Metropol. Bien accueillis par l’équipe des guides et des conducteurs, nos valises déco-
rées de rubans de couleurs fluorescentes, nous sommes prêts pour découvrir le Mexique et
rencontrer notre histoire commune. Pour nous, c’est une découverte, c’est l’aventure.
De quelle aventure s’agit-il ? Si l’on en croit l’opuscule fourni par l’agence de voyage, cette
aventure tient en quelques lignes. S’arrêter au court paragraphe consacré à l’expédition,
d’ailleurs très inexact en dépit de sa brièveté, serait ignorer tout de cette guerre de 5 ans
entre le Mexique de JUAREZ et l’empire Français de NAPOLEON III.
De fait, la guerre du Mexique est bien peu présente dans nos manuels scolaires et succincte-
ment traitée. C’est pourtant un des exemples de la politique interventionniste française de
cette époque : expédition du Liban et en Chine, guerres de Crimée et d’Italie. C’est un belle
démonstration de la difficulté d’une expédition dans un pays étranger souverain, c’est avant
l’heure une politique « d’ingérence ». Mais c’est aussi la réalisation concrète de ce qu’a pu
être « la grande idée » de l’empereur NAPOLEON III. En effet, pendant son emprisonne-
ment suite à l’affaire de Boulogne, le futur empereur, entre autres travaux, trace les lignes
d’un projet de création d’un canal au travers de l’Amérique Centrale, et d’une politique vi-
sant à contrecarrer les Etats-Unis qui se voyaient dominer le continent américain. C’est aus-
si l’aboutissement d’une action des lobbyistes José Manuel HIDALGO et José Maria GU-
TIERREZ, conservateurs catholiques
mexicains émigrés en Europe, plus ou
moins représentatifs d’un courant po-
litique et ayant eu une grande in-
fluence sur la très catholique et espa-
gnole impératrice Eugénie. C’est aussi
la conséquence de l’instabilité poli-
tique chronique du Mexique depuis
1810, avec l’épisode d’un fugace es-
sai d’empire avec ITURBIDE en 1821
et les diverses présidences dont celle
du général MIRAMON. C’est encore
la volonté des Espagnols et des An-
glais, coalisés avec les Français de
faire pièce au jeu politique des Etats-
Unis qui en 1847 battent les Mexi-
cains et obtiennent la cession de
vastes territoires de la Californie au
Texas. Aussi, les coalisés auraient vu
d’un œil favorable un monarque d’ori-
gine européenne prendre le pouvoir.
C’est dans ce cadre qu’interviendra
MAXIMILIEN de HABSBOURG.
Mais c’est aussi la volonté de recou-
vrer une créance du Mexique contrac-
tée par JUAREZ auprès de JECKER,
affairiste et banquier Suisse allié entre
autres au duc de MORNY.
Augusn de ITURBIDE
1er Empereur du Mexique