66 SG/13/GT2

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66 SG/13/GT2
Original : anglais
octobre 1997
RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L'OIE
SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES
Paris, 7 - 9 octobre 1997
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La réunion du Groupe s'est tenue du 7 au 9 octobre 1997, au Bureau central de l'OIE. Le Docteur J. Blancou, Directeur
général de l'OIE, a ouvert la séance en accueillant les participants (Annexe I). Le Docteur M.H. Woodford a été élu
président de séance et les Drs V. Nettles et M. Artois ont été nommés rapporteurs. L'ordre du jour qui figure à
l’Annexe II a été approuvé.
1.
Bilan épidémiologique de certaines maladies des animaux sauvages en 1996-1997
Maladies de la liste A
Peste bovine
Depuis 1994, une épizootie de peste bovine a été signalée chez les ruminants sauvages en Afrique de l’Est. Elle a tout
d’abord été diagnostiquée dans le parc naturel de Tsavo (1994), dans ceux de Meru (1995), d’Amboseli (1995) et de
Nairobi (1996). Le buffle (Syncerus caffer), le grand coudou (Tragelaphus strepsiceros), le petit coudou (Tragelaphus
imberbis), le guib harnaché (Tragelaphus scriptus), l’éland du Cap (Taurotragus oryx) et la girafe (Giraffa
camelopardalis) sont les espèces chez lesquelles on a constaté des manifestations cliniques ou une mortalité. On a par
la suite établi que la peste bovine circulait encore à bas bruit chez les animaux sauvages dans certaines zones du Kenya,
mais il apparaît que la campagne de vaccination de masse, réduisant la propagation de l’infection, a produit de bons
résultats.
En 1997, une maladie épidémique affectant le buffle, le guib harnaché et le dik dik de Kirk (Madoqua kirki) a été
signalée dans le parc national d’Arusha, en Tanzanie. Selon les premières investigations, l’aspect clinique de cette
maladie suggérait fortement la peste bovine, mais le diagnostic n’en a pas été confirmé en laboratoire. Les résultats
négatifs des tests sérologiques pratiqués sur des animaux ayant fait récemment l’objet de prélèvements au Serengeti
(campement de Klein) et dans le cratère du Ngorongoro semblent indiquer que la maladie ne s’est pas propagée vers
l’ouest. Une évaluation du risque et un renforcement des mesures d’observation, ainsi qu'une vaccination du bétail sont
en cours.
Fièvre aphteuse
Un foyer de fièvre aphteuse, qui avait été identifié l’an dernier chez des impalas (Aepyceros melampus), dans le sud-est
du Parc National Kruger (Afrique du Sud), a semblé avoir atteint son point final sur le plan clinique en septembre 1996.
La souche virale, de type SAT2, en cause dans ce foyer ayant affecté les impalas, a également été isolée dans un
troupeau de buffles (Syncerus caffer), dans la même région du Parc National Kruger. Les souches ainsi isolées ont mis
en évidence le rôle épidémiologique que peut jouer le buffle en tant que réservoir de virus.
Le virus de la fièvre aphteuse n'a pas pu être isolé dans les prélèvements des amygdales ou de la muqueuse pharyngée
effectués aléatoirement sur des impalas dans la région du foyer 6 à 12 semaines après la flambée, alors que certains de
ces animaux portaient des lésions anciennes à leurs sabots et que 33% d’entre eux présentaient des anticorps contre le
virus. Il semble donc que les impalas n'aient pas un rôle important en tant que réservoir de virus pendant les intervalles
entre épizooties.
Au Zimbabwe, un foyer de fièvre aphteuse dû à un virus de type SAT2 a touché des bovins d'une région limitrophe de
la réserve Save Wildlife. Le séquençage des nucléotides de la souche virale a montré que cette infection avait pour
origine des buffles vivant dans la réserve. Etant donné l’existence d’une double barrière destinée à éviter les contacts
entre bétail et buffles, on recherche actuellement si d'autres espèces d'animaux sauvages pourraient avoir été en cause.
Des cas suspects mais non confirmés de fièvre aphteuse ont par ailleurs été signalés chez des impalas dans le Parc
National du Lac Mburo, en Ouganda et chez des girafons à Laïkipia, au Kenya.
Un foyer de fièvre aphteuse a été signalé dans un troupeau semi captif d’oryx d’Arabie (Oryx leucoryx) au Qatar. C’est
la première fois que l’on signale la fièvre aphteuse chez cette espèce. Le virus était de type Asia.
Maladie de Newcastle
Un virus de la maladie de Newcastle a été isolé des cadavres de cormorans à aigrettes (Phalacrocorax auritus) qui
étaient en train de nicher à l’extrémité sud-est de la mer de Salton, en Californie (Etats-Unis d’Amérique). Plus de
1 600 oiseaux ont été retrouvés morts et de nombreux survivants portaient des traces d’affections neurologiques, et
notamment de paralysie des ailes ou des pattes. Le virus isolé appartenait à une souche mésogène modérément
pathogène chez les poulets. On a aussi trouvé des signes de la maladie de Newcastle chez des cormorans à aigrettes
dans deux autres sites des Etats-Unis d'Amérique, à savoir le Bear River Migratory Bird Refuge, dans l'Utah (juinjuillet 1997), et sur le fleuve Columbia, dans le Comté de Clatsop, Etat de l’Oregon. L’étude du pouvoir pathogène de
ces virus est en cours.
Des vétérinaires canadiens spécialistes des animaux sauvages ont signalé l’existence de la maladie de Newcastle chez
des cormorans en août 1996. Les oiseaux provenaient de l’extrémité orientale du lac Ontario et d’une colonie qui avait
été infectée en 1995. Le virus de la maladie de Newcastle a été isolé par Agriculture et Agri-Food Canada. Un autre cas
a probablement concerné un cormoran à aigrettes, au Nouveau Brunswick (Canada), en octobre 1996. L’oiseau portait
des lésions compatibles avec la maladie et une épreuve immuno-histochimique a donné un résultat positif mais le virus
n’a pas été isolé.
La maladie de Newcastle a été signalée en Finlande chez des pigeons (Columba sp.) et chez des harles (Mergus
merganser).
En janvier 1997, la maladie de Newcastle a affecté un élevage industriel de poulets à Hereford (Royaume-Uni). On a
suspecté des oiseaux sauvages migrateurs d'avoir été à l’origine de l’infection, mais cela n’a pas été prouvé.
Les résultats préliminaires d’une enquête sérologique de grande envergure sur des oiseaux sauvages et commensaux en
Suisse n’a pas mis en évidence une exposition au virus de la maladie de Newcastle.
Peste porcine classique
La peste porcine classique est toujours présente dans divers foyers limités chez des sangliers (Sus scrofa), notamment
en France, en Allemagne et en Italie (notamment en Sardaigne). Aucun nouvel épisode n’a été rapporté en Autriche,
après la flambée qui s’y était produite aux confins de la Slovaquie au début de 1996. Dans la région de Varese (Italie),
au voisinage de la frontière suisse, on a signalé un nouveau foyer (le virus a été isolé à trois reprises, et 50 à
60 sangliers sont morts).
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L'existence d'un lien entre réservoirs du virus de la peste porcine classique chez les porcs et les sangliers reste
controversée. Les rapports actuels ne signalent aucun nouveau foyer chez les sangliers à la suite de l’épidémie massive
qui affecte maintenant les élevages porcins aux Pays-Bas. Une surveillance sérologique de grande envergure mise en
oeuvre en France depuis plusieurs années n’a pas pu mettre en évidence la présence d’anticorps sauf dans les régions
infectées de la Moselle et du Bas-Rhin. En revanche, certaines flambées récentes n’ont pas régressé spontanément,
comme on l'espérait. On craint désormais une situation endémique localisée et les experts de l’Union européenne
cherchent les meilleurs solutions pour gérer cette situation.
Maladies de la liste B
Fièvre charbonneuse
La fièvre charbonneuse est répandue dans le monde entier, et sa présence a été mise en évidence chez de nombreux
ongulés et carnivores, périssodactyles et éléphants.
Les foyers suivants, affectant les animaux sauvages, ont été signalés en 1996 :
a)
Au Parc National Kruger, en Afrique du Sud, quatre cas ont été confirmés dans la zone d’endémie à l’extrême
Nord du parc. Ils concernaient un éléphant (Loxodonta africana), deux impalas (Aepyceros melampus) et un
grand coudou (Tragelaphus strepsiceros).
b) En Namibie, et plus précisément au Parc National Etosha, la fièvre charbonneuse a été confirmée chez 20 gnous
(Connochaetes taurinus), trois guépards (Acinonyx jubatus), six éléphants, deux gemsboks (Oryx gazella), deux
grands coudous, un rhinocéros noir (Diceros bicornis), une antilope noire (Hippotragus niger), un springbok
(Antidorcas marsupialis), et 25 zèbres (Equus burchelli.
c)
En Ouganda, la fièvre charbonneuse a été diagnostiquée chez des cobes de Buffon (Kobus cob) dans le Parc
National Queen Elizabeth.
d) Aux Etats-Unis d’Amérique, la fièvre charbonneuse a affecté des cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus)
ainsi que des bovins au Texas.
Maladie d’Aujeszky
Des études effectuées dans trois universités ont révélé que les virus de la pseudorage trouvés chez le sanglier (Sus
scrofa) aux Etats-Unis d'Amérique sont plus souvent présents dans l’appareil génital que dans la muqueuse nasale ou
dans les amygdales. Lorsque des sangliers mâles sont infectés, ils excrètent de grandes quantités de virus par le
prépuce, le virus étant retrouvé en moindre quantité chez les truies. Bien que des infections expérimentales de sangliers
par le virus de la maladie d’Aujeszky isolé de sangliers aient montré que le virus pouvait être transmis, à un degré
limité, par aérosol ou par cannibalisme, les observations actuelles de terrain indiquent que la voie naturelle de la
propagation est vénérienne. Des sangliers possédant des anticorps contre le virus de la maladie d’Aujeszky ont été
signalés dans 98 Comtés répartis dans dix des Etats des Etats-Unis d'Amérique et le taux de prévalence s’établissait
globalement à 27,7 % (4 293 sur 15 494 sangliers examinés).
L’exposition des sangliers au virus de la maladie d’Aujeszky a été mentionnée dans des publications (et des rapports
non publiés) en France, en Allemagne et en Italie. Les résultats obtenus sont le fruit de recherches dispersées, et ne sont
pas représentatifs de l’ensemble de la population. Le taux de prévalence des anticorps dans cette population s’établit
toutefois entre 5 % et 60 %. Les résultats récemment déterminés sur la base d’études allemandes montrent que les virus
isolés de sangliers n’ont pas de lien épidémiologique (dans le temps ou dans l’espace) avec les flambées qui se
produisent dans les élevages porcins. De plus, les analyses biomoléculaires ont mis en évidence des différences
significatives entre les souches en cause.
Échinococcose
Echinococcus multilocularis est un parasite habituel du renard roux (Vulpes vulpes) d’Europe centrale. Des taux de
prévalence atteignant, voire dépassant, 30 % sont fréquents. Cette maladie (qui se manifeste par la présence de kystes
alvéolaires chez l’hôte intermédiaire) peut être transmise à l’homme lorsqu’il dépèce et manipule des renards infectés,
ou consomme des fruits ou des légumes souillés par des excréments de renard. Les rongeurs sont les hôtes
intermédiaires de ce petit cestode.
Certains affirment que la vaccination des renards contre la rage pourrait entraîner un accroissement de la population de
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ces animaux, d’où un risque accru pour l’homme mais il n’existe pas, pour l’heure, d’éléments permettant d’étayer ces
propos.
En Italie Echinococcus granulosus est enzootique chez le loup (Canis lupus). Un taux d’infection de l’ordre de 15 % a
été avancé, et la fréquence de l’infection augmente avec l’âge. Dans ce cas, les hôtes intermédiaires sont sans doute des
moutons ou d’autres ongulés.
Brucella spp. chez les mammifères marins
Depuis 1990 des chercheurs, en Europe comme aux Etats-Unis d’Amérique, ont isolé Brucella spp. chez diverses
espèces de mammifères marins. On a trouvé des preuves sérologiques de l’exposition à Brucella spp. chez des
mammifères marins échoués sur le rivage de l’Angleterre et du Pays de Galles, chez des baleines tuées à la chasse en
Norvège, et au cours d’opérations routinières de capture et de marquage aux Etats-Unis d'Amérique.
On a constaté que des marsouins (Phocoena phocoena), diverses espèces de dauphins et de baleines, ainsi que des
phoques, avaient été également exposés. Des isolats ont été obtenus à partir de sujets porteurs d'anticorps et l’on a
déterminé, par mise en culture, qu’il s’agissait d’espèces de Brucella. La détermination du type est en cours. Il est
probable que les isolats de Brucella obtenus à partir de mammifères marins constituent une nouvelle espèce.
La bactérie a été isolée de vers présents dans les poumons de plusieurs phoques par les laboratoires des Services
nationaux vétérinaires aux Etats-Unis d'Amérique. Cela donne à penser que ces helminthes pulmonaires pourraient
jouer un rôle dans la transmission de Brucella chez les phoques.
La brucellose chez le bison et les wapitis
L’éradication de la brucellose bovine chez les bovins domestiques et les bisons vivant dans les ranchs des Etats-Unis
d'Amérique est prévue d’ici à la fin de 1998. A l’heure actuelle, 26 troupeaux domestiques sont affectés dans cinq
Etats. Le seul foyer connu de brucellose subsistant aux Etats-Unis d'Amérique concerne les bisons sauvages (Bison
bison) et les wapitis (Cervus elaphus canadensis) dans le grand Domaine de Yellowstone (GYA) dans les Etats du
Montana, du Wyoming et de l’Idaho. On s’est préoccupé de la présence éventuelle de la brucellose chez les bisons du
Parc National de Yellowstone, mais le nombre de bisons s'étant échappé de Yellowstone avant 1988 était limité.
L’hiver dernier, la population du troupeau a atteint un chiffre record et le peu de fourrage existant au parc de
Yellowstone était recouvert de neige et de glace. Il s’en est suivi qu’un nombre accru de bisons a cherché de la
nourriture au-delà des limites du parc.
Afin de réduire le risque de brucellose, 1 079 bisons migrants ont été tués au fusil ou envoyés à l'abattoir pendant
l’hiver de 1996 à 1997. Environ 1 300 autres, ou plus, sont morts de faim à l’intérieur du parc. Les résultats d’études
pratiquées sur les bisons errants tués au cours de l’hiver ont mis en évidence, chez 49 % d’entre eux, la présence
d’anticorps dirigés contre Brucella abortus. On avait considéré, dans le passé, que les bisons domestiques étaient sans
doute à l’origine de la maladie dans les troupeaux de bovins infectés du Wyoming et du Dakota du Nord. En outre, les
wapitis ou les bisons sauvages du GYA ont été identifiés comme la source d’infection la plus probable de cinq autres
troupeaux de bovins. Plus récemment, les wapitis infectés ont été considérés comme la cause la plus probable des maux
de garrot observés chez les chevaux du Wyoming. Les populations de bisons et de wapitis du GYA sont les seules
populations d’animaux sauvages des Etats-Unis d’Amérique dont on sait qu’elles ont été infectées par B. abortus. On
note la présence, au Canada, d’une infection du bison des bois dans le Parc National de l’Alberta et dans les Territoires
du Nord-Ouest.
Tuberculose aviaire
La tuberculose aviaire (mycobactériose) a été signalée en Finlande chez des faisans (Phasianus colchicus), des oies
naines (Anser erythropus), un grand-duc (Bubo bubo) et une chouette de l’Oural (Strix uralensis), en Norvège, chez un
autour des palombes (Accipiter gentilis) et une chouette hulotte (Strix aluco), enfin en Suède chez un autour, une
chouette de l’Oural, une hulotte, deux cerfs élaphes (Cervus elaphus), un daim (Dama dama) et un harle huppé
(Mergus serrator).
Choléra aviaire
Le choléra aviaire a été diagnostiqué aux Etats-Unis d’Amérique chez de nombreux oiseaux aquatiques (canards, oies,
grèbes, foulques, cygnes) au cours de l’année écoulée (avril 1996-juin 1997). L’infection a été confirmée ou suspectée
dans 18 zones de sept Etats (Californie, Iowa, Missouri, Nebraska, Nouveau-Mexique, Oregon, Texas). Deux mille
eiders (Somateria mollissima) sont morts de cette maladie au Danemark.
Maladie hémorragique virale du lapin
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Le Ministère de l’Agriculture de Nouvelle-Zélande a confirmé que la maladie hémorragique virale du lapin avait été
reconnue chez des lapins morts découverts dans une propriété de la zone de Cromwell de South Island et qu’elle s'était
largement répandue. On pense que la maladie aurait été introduite illégalement.
Tularémie
La tularémie affecte régulièrement les populations de rongeurs et de lièvres en Europe, en Asie septentrionale, et en
Amérique du Nord. La présence de cette maladie a été signalée en 1996 chez des lièvres européens (Lepus europaeus)
et divers lièvres variables (Lepus timidus) en Autriche (n=24), en France (n=57), en Finlande (n=24), en Suède (n=5) et
en Russie (région d’Astrakhan). Une épidémie a été rapportée chez l’homme en Estonie. En Italie, plusieurs lièvres ont
été importés de régions de Roumanie exemptes de tularémie, mais on a constaté que 18% d'entre eux possédaient des
anticorps sériques contre l'agent de la tularémie.
Entérite virale du canard
Aux Etats-Unis d’Amérique, le virus de la peste du canard a été isolé en avril et mai 1997 chez des canards sur deux
sites de Virginie. La maladie a été suspectée dans une région de Californie en mai 1996, et elle a été confirmée en
Pennsylvanie, en Virginie, et au Wisconsin en mai 1996.
M a l a d i e s ne figurant pas sur les listes A et B
Maladie hémorragique épizootique chez les ruminants sauvages
Des flambées de maladie hémorragique épizootique ont affecté les cervidés de plusieurs régions des Etats-Unis
d’Amérique. Les sérotypes 1 et 2 des virus de la maladie hémorragique épizootique (EHDV-1 et EHDV-2) ont été
isolés chez des cerfs de Virginie (Odocoilus virginianus) en 1996. Un seul de ces sérotypes (EHDV-1) a été isolé dans
les prélèvements effectués sur un cerf du Tennessee. EHDV-2 a été isolé chez des cerfs de l’Alabama, de l’Arkansas,
de l’Indiana, du Kentucky, du Maryland, du Missouri, de Virginie et de Virginie occidentale. L’enquête par
questionnaire sur la maladie hémorragique épizootique, effectuée en 1996, a mis en évidence la présence de quelques
cas d’une forme chronique de la maladie en Alabama, en Arkansas, en Géorgie, au Mississippi, ainsi qu’en Caroline du
Nord et du Sud. Des foyers ont été notés dans l’Illinois, en Indiana, au Kentucky, au Maryland, au Missouri, au
Montana, en Pennsylvanie, et au Dakota du Sud.
Gale sarcoptique
La gale provoquée par Sarcoptes scabei est l’un des principaux facteurs de mortalité dans de nombreuses populations
d’animaux sauvages du monde. On en trouvera un exemple dans la gale sarcoptique du renard roux (Vulpes vulpes) en
Europe. On rapporte chaque année de nombreuses morts en Autriche, en Finlande, en France, en Italie, en Scandinavie
et au Royaume-Uni. On croit savoir que la maladie serait à l'origine de la disparition du renard roux dans l’île danoise
de Bornholm, dans la mer Baltique méridionale.
La gale sarcoptique reste une maladie grave pour le chamois (Rupicapra rupicapra) et le bouquetin (Capra sp.) dans
les zones montagneuses de l’Europe méridionale. S’il est improbable qu’une épizootie massive entraîne l’extinction de
ces espèces, elle pourrait sérieusement limiter leurs populations. Dans certaines zones isolées, comme c’est le cas pour
diverses sierras, en Espagne, les moutons ou les chèvres domestiques atteints de gale pourraient transmettre le parasite à
leurs congénères sauvages. La gale sarcoptique pourrait alors entraîner l’extinction d’une population isolée particulière.
Plusieurs populations de bouquetins sont les derniers refuges d’une sous-espèce rare.
En Europe, la gale sarcoptique sévit parfois chez plusieurs autres espèces de mammifères, et notamment chez les
carnivores tels que les martres et les fouines (Martes sp.), les loups (Canis lupus) et une espèce introduite : le chien
viverrin (Nyctereutes procyonoides). Dans le nord de la Scandinavie et en Finlande, l'endémie de gale du renard
constitue un danger tout particulier pour le lynx (Felix lynx). Le renard étant une proie pour le lynx, des cas mortels de
gale sarcoptique sont fréquemment contractés par l'intermédiaire des renards infectés.
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On a vu aussi au Parc National Kruger, en Afrique du Sud, des cas de gale sarcoptique chez le chacal à chabraque
(Canis mesomelas) et le chacal rayé (Canis adustus), chez l’impala (Aepyceros melampus), ainsi que chez le lion et
chez une panthère (Panthera pardus). La gale notoédrique a été diagnostiquée chez trois guépards.
Dans le Parc National Bwindi Impenetrable Forest en Ouganda, on a diagnostiqué la gale sarcoptique chez un gorille de
montagne (Gorilla gorilla berengei). On suspecte aussi la présence de la maladie chez des chimpanzés (Pan
troglodytes) du Parc National de Gombe Stream, en Tanzanie. Dans tous ces cas il importe, évidemment, de déterminer
avec précision le type taxinomique des parasites. Outre le risque de transmission des maladies infectieuses de l’homme
à certains grands singes dans les régions très touristiques, une transmission des endo et ectoparasites est tout à fait
possible si des directives appropriées ne sont pas prises et respectées par les visiteurs.
Infection apparentée à la trichinellose chez les crocodiles d’élevage
Un parasite apparenté à Trichinella a été trouvé chez des crocodiles d’élevage (Crocodylus niloticus) au Zimbabwe.
Il a été identifié dans 11 élevages sur les 19 qui ont été étudiés. Aucune information relative aux éventuelles
manifestations cliniques chez les crocodiles n’a pu être obtenue, bien que le parasite soit transmissibles aux rats, aux
babouins et autres crocodiles. Il est inactivé par congélation à -18°C pendant sept jours. Il est indispensable d’obtenir
une description taxinomique spécifique du parasite, dont le potentiel zoonotique devrait être pris au sérieux.
Botulisme
Le botulisme de type C a été diagnostiqué chez des oiseaux d’eau aux Etats-Unis d’Amérique, dans quatre Etats
(Californie, Nevada, Dakota du Sud et Minnesota), entre avril 1996 et juin 1997. La mortalité estimée allait de 25 à 870
oiseaux, selon le site. En revanche, les autorités canadiennes ont rapporté une mortalité estimée à environ 230 000
oiseaux dans les régions de la prairie (Alberta, Saskatchewan, et Manitoba).
A la fin de l’été et au début de l’automne de 1996, de nombreux cas mortels de botulisme aviaire ont été reconnus chez
les oiseaux. Cette flambée a entraîné la mort de plus de 14 000 oiseaux piscivores, dont 1 400 pélicans bruns de
Californie (Pelecanus occidentalis), espèce menacée, et 10 à 12% de la population de pélicans blancs de la côte Ouest
américaine (Pelecanus erythrorhynchos). Simultanément, une mortalité massive affectait aussi des poissons communs,
tel que le tilapia (Tilapia sp.), et l’on suspecte que la toxine du botulisme se trouvait dans leurs cadavres en
décomposition. En août 1997, un autre foyer de botulisme éclatait, affectant des oiseaux piscivores (mouettes, pélicans
blancs et bruns, hérons et aigrettes). Là aussi, on a observé des tilapias morts ou malades.
En France, on a signalé le botulisme de type C à dix reprises, chez différentes espèces d’oiseaux aquatiques, au cours
de l’été de 1996 (juin à août). Le nombre d’oiseaux atteints variait de quelques individus à plusieurs centaines. On s’est
demandé si l’augmentation du nombre de cas de botulisme C était imputable à une amélioration du système de
déclaration ou à un réel accroissement des intoxications. On a effectué récemment une étude rétrospective et l’on a
envoyé à cette fin des questionnaires aux vétérinaires et aux laboratoires de diagnostic. Les résultats obtenus laissent à
penser que la seconde hypothèse est la plus probable. D'après le nombre de foyers enregistrés en 1997, le botulisme
aviaire semble décroître en France. Il convient de noter que des cas de botulisme de type E ont été observés sur le
rivage de la mer du Nord en août puis en novembre 1996. Plus de 16 000 oiseaux sont morts. On a suspecté que des
poissons morts jetés à la décharge étaient à l’origine de la mortalité, mais cela n’a pas été prouvé.
La salmonellose chez les oiseaux
Plusieurs foyers de salmonellose ont été signalés aux États-Unis d’Amérique chez des oiseaux sauvages. On a estimé à
une centaine le nombre de bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax hoactli) morts en mai 1996 dans le sud de la
Californie. Environ 300 oiseaux chanteurs (pinsons, gros-becs, tarins des pins) sont morts dans l’Utah à la fin de l’hiver
de 1996-1997. Dans un foyer distinct, 30 pique-boeuf à tête brune (Molothrus ater) étaient atteints de salmonellose
dans l'Etat de Géorgie au début du printemps de 1997. Un petit nombre de cardinaux sont morts d'infection dans l’Iowa.
Des “oiseaux des jardins” sont morts de salmonellose dans plusieurs comtés d’Angleterre. La plupart des incidents se
sont produits entre décembre 1996 et mai 1997. Chez les verdiers (Carduelis chloris), la mortalité a été principalement
associée à Salmonella typhimurium de phagotype 40, et l’on a signalé "un grand nombre d’oiseaux morts ou mourants"
dans différentes régions d'Ecosse.
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En juillet 1997, plus de 2 000 mouettes rieuses (Larus ridibundus), goelands (L. argentatus, L. canus), ainsi que des
canards (Anas sp.), sont morts en deux semaines en Alsace (France). S. typhimurium a été isolé chez certains de ces
oiseaux.
Une infection à Salmonella est souvent signalée chez des hérissons (Erinaceus erinaceus) en Finlande, en Suède et au
Royaume-Uni.
Syndrome du lièvre brun européen
Le syndrome du lièvre brun européen est une infection à calicivirus, spécifique du genre Lepus en Europe. Ce
syndrome a été souvent observé dans toute l’Europe, mais pas en dehors de ce continent. On rencontre la maladie à la
fois chez le lièvre brun (Lepus europaeus) et le lièvre variable (Lepus timidus). On signale son déclin en Autriche et
une situation enzootique en Italie. Des cas ont été suspectés chez des lièvres d’Islay (Ecosse). On a signalé une
importante épizootie de septembre à décembre 1996 dans l’ouest et le centre-ouest de la France. On a observé plusieurs
centaines de lièvres morts dans divers départements de ce pays. Il n’en demeure pas moins que les dénombrements
ultérieurs n’ont pas mis en évidence que la mortalité induite par l’infection ait eu un effet durable sur les populations de
lièvres.
Le syndrome du lièvre brun européen s'apparente à la maladie hémorragique virale du lapin, mais n’affecte pas les
lapins (Oryctolagus cuniculis).
Trichomonose
Plusieurs rapports mentionnent que la trichomonose pourrait avoir été à l’origine d'une mortalité des pigeons ramiers et
sauvages (Columba sp.), ainsi que des tourterelles à collier (Streptopelia decaocto) observée au Royaume-Uni
(Cornouailles, Buckinghamshire) et en France (peut-être plus de 10 000 morts en janvier/février 1996, sur un territoire
couvrant le quart du pays).
Affection parasitaire des poissons et des oiseaux
Une mortalité massive de poissons et d’oiseaux aquatiques observée dans la mer de Salton, en Californie, a été attribuée
à un parasite dinoflagellé Amyloodinium ocellatum. Les ouïes des poissons étaient infestées par un nombre parfois
élevé de parasites. Ce parasite provoque une mortalité grave dans les établissements piscicoles et dans les aquariums
marins, publics ou privés.
Le parasite ainsi suspecté est présent dans le monde entier et infecte plus de 100 espèces de poissons marins dans la
seule Amérique du Nord. Il est remarquable que, chez les poissons sauvages, le nombre de parasites par individu est
très faible et les poissons ne meurent généralement pas des suites de leur infestation. Lorsqu’ils sont présents en
nombre élevé, comme ceux qui ont été notés sur les tilapias de la mer de Salton, les parasites gênent la respiration et
peuvent étouffer le poisson. Le cycle biologique de l’Amyloodinium pouvant être achevé en moins d’une semaine à
température élevée et dans des conditions de salinité voisines de celles que l’on retrouve actuellement dans la mer de
Salton, on suspecte que des infestations massives mortelles pourraient se développer de façon répétée.
Conjonctivite du roselin du Mexique
Depuis 1994, la prolifération rapide de la conjonctivite des roselins familiers (Carpodacus mexicanus) se poursuit et
l’on a observé des oiseaux atteints sur la quasi-totalité de la partie orientale de l’habitat de cette espèce aux Etats-Unis
d’Amérique et au Canada. Désormais, 33 Etats des Etats-Unis d'Amérique et 3 provinces canadiennes ont signalé des
oiseaux affectés et la présence de la maladie a été confirmée à de multiples reprises par l'isolement de Mycoplasma
gallisepticum. Des études ont établi que la conjonctivite à mycoplasme est une maladie très contagieuse et débilitante
chez les roselins familiers. Ces oiseaux étant fréquemment observés près des élevages avicoles, plusieurs expériences
ont été menées afin de déterminer si la souche de M. gallisepticum affectant le roselin pouvait être transmise aux
poulets. Les résultats font apparaître que les poulets peuvent être infectés par la souche de M. gallisepticum du roselin à
l'occasion du contact direct avec des sujets naturellement infectés mais que la transmission exige toutefois une période
prolongée (dix semaines). On n’a trouvé aucun indice d’infection par M. gallisepticum chez les poulets indirectement
exposés à des fringillidés, que ce soit au travers d’un treillis métallique, ou de part et d’autre d'un bâtiment. Il apparaît
que le fait de limiter les contacts directs entre poulets et roselins devrait suffire à éviter la transmission de M.
gallisepticum entre eux.
Maladies des animaux sauvages/oct. 97
7
Mortalité mystérieuse des aigles
De la mi-novembre 1996 à mars 1997, on a retrouvé au lac DeGray, au lac Ouachita et au lac Hamilton, dans le sudouest de l’Arkansas (Etats-Unis d’Amérique) un total de 26 pygargues à tête blanche (Haliaeëtus leucocephalus) morts
ou mourants. Ce scénario est pratiquement identique à celui observé au cours de l’hiver 1994-1995 ; on avait alors
trouvé 28 pygargues à tête blanche malades ou morts au lac DeGray. Des foulques d'Amérique (Fulica americana)
présentant des signes cliniques similaires à ceux des aigles avaient aussi été observées au lac DeGray dès le début de
novembre 1996. On notait, chez les oiseaux affectés, une absence de coordination et une inaptitude à voler suivies de
tremblements, de spasmes, et de la mort. Des lésions similaires ont été constatées à l’autopsie dans l'encéphale et la
substance blanche de la moelle épinière des aigles et de foulques mais l’origine de ces lésions reste indéterminée. Des
recherches diagnostiques poussées n’ont pu mettre en évidence aucun agent infectieux déterminé et les soupçons
portent désormais sur la présence éventuelle de substances toxiques naturelles (plantes et algues vénéneuses) ou
artificielles (toxines et contaminants de l’environnement).
Adénovirus du cerf à queue noire en Californie
On a déterminé qu’un adénovirus était à l’origine d'une mortalité du cerf à queue noire (Odocoileus hemionus
columbianus) et du cerf-mulet (Odocoileus hemionus hemionus), survenue en 1993 et, d'une mortalité moins importante
observée en 1994 en Californie du nord et du centre (Etats-Unis d’Amérique). L’adénovirus en cause peut être reconnu
par un conjugué préparé à partir d'un adénovirus de type 5. Pendant l'épidémie on a observé deux types de lésions : (1)
une vasculite systémique, avec œdème pulmonaire et entéropathie hémorragique et (2) une vasculite localisée
accompagnée d'ulcérations et d’abcès des voies digestives supérieures. Une infection expérimentale des cervidés a
reproduit la maladie. Les cerfs à queue noire comme les cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus) sont sensibles à la
maladie. La transmission a lieu par contact direct et la voie de l’inoculation n’affecte pas le déroulement de la maladie.
Le virus attaque les cellules endothéliales. Des études moléculaires sont en cours afin de déterminer les rapports de cet
adénovirus avec ceux du bétail.
Perte mystérieuse de poils/syndrome de cachexie chez le cerf à queue noire
Une étude est en cours dans l’Etat de Washington (Etats-Unis d’Amérique) sur un syndrome inhabituel chez le cerf à
queue noire. Les animaux qui en sont affectés sont affaiblis, très amaigris, et souffrent d’alopécie bilatérale symétrique.
La diarrhée est un symptôme fréquent. Les lésions les plus notables sont notamment la cachexie, une alopécie en
plaques, une leucodermie, une hypertrophie des amygdales, et une lymphopathie généralisée. On constate une
accumulation de lymphocytes dans l’appareil intestinal, le foie, le cœur, le cerveau et les reins. La plupart des épreuves
sérologiques et virologiques ont donné des résultats négatifs, mais un test d'amplification en chaîne par polymérase
s’est révélé positif vis-à-vis des pestivirus chez un animal. De nouvelles recherches diagnostiques sont en cours.
Virus Ebola/Reston
En janvier 1997, 645 macaques des Philippines (Cynomolgus sp.) ont été détruits au Ferlite Scientific Research
Breeding Centre, aux Philippines, après que l'on ait découvert que le virus Ebola/Reston existait et se propageait dans
cet élevage de singes.
Virus Ebola – En quête du réservoir sauvage
En juin 1996, un singe colobe rouge (Colobus sp.) a été retrouvé mort dans la forêt de Taï (Côte d'Ivoire) et les
examens pratiqués auraient montré qu’il était porteur du virus Ebola. Des chercheurs ont parcouru la forêt de Taï, en
quête du réservoir de ce virus, qui y avait tué de nombreux chimpanzés en 1995. Les résultats d’une infection
expérimentale montrent que diverses espèces de chauves-souris frugivores et insectivores ont pu répliquer le virus et
survivre avec un titre élevé de ces virus sans tomber malades. Le virus Ebola était présent dans leur tissu pulmonaire, ce
qui signifie que l’infection pourrait se propager par voie respiratoire ou orale chez des chauves-souris vivant en
colonies dans un espace confiné ; l’isolement du virus dans les excréments donne à penser que la transmission à
d’autres animaux est possible.
Cette étude n’établit pas de façon définitive que les chauves-souris soient les hôtes définitifs des filovirus et d'autres
recherches s’imposent.
8
Maladies des animaux sauvages/ oct. 97
Fièvre jaune chez les singes hurleurs à Trinidad et au Panama
Après une flambée de fièvre jaune qui avait atteint, en 1995-96, les singes hurleurs (Alouata seniculus) à Trinidad sans
se propager aux hommes, qui étaient presque tous vaccinés, il avait été suggéré de vacciner ces singes. L’écotourisme
se développe à Trinidad, et l’on considère que les singes pourraient être source d’infection pour des touristes non
vaccinés.
Les singes hurleurs servent de sentinelles pour la fièvre jaune dans les zones de Panama proches de la frontière
colombienne. C’est ainsi que les services de santé panaméens, prévenus de l’approche de chacune des vagues
épizootiques qui se produisent tous les six à sept ans, sont en mesure d'y faire face en procédant à la vaccination de la
population humaine. Il s’ensuit qu’aucun cas de fièvre jaune n’a été enregistré chez l'homme au Panama depuis 1973.
Ce système de surveillance montre que, au fil des ans, les épizooties de fièvre jaune chez les primates sont liées à la
densité démographique de la cohorte de singes hurleurs sensibles, nés après chaque flambée.
Fièvre de Lassa en Sierra Leone
De nombreux épisodes de fièvre de Lassa se sont produits à Kenema, dans l’est de la Sierra Leone. La transmission du
virus de Lassa aux communautés villageoises est surtout imputable à des contacts avec des rats du genre Mastomys. Les
rongeurs infectés excrètent continuellement le virus dans leur urine et l’infection est transmise à l’homme par
l’ingestion d’aliments contaminés par l’urine des rats ou par l’inhalation d’aérosols contenant des virus.
Dermatophytose chez les ongulés vivant en liberté dans le Parc National du Tsavo oriental
En août 1996, on a constaté une épizootie de dermatophytose chez des gazelles de Grant (Gazella granti) paissant en
liberté dans le Parc National du Tsavo oriental. En deux mois, la maladie s’était répandue dans d’autres zones et chez
d’autres espèces à l’intérieur du parc. Tous les groupes d’âge, de l’un et de l’autre sexe, ont été affectés dans les mêmes
proportions. Les autres espèces infectées étaient des impalas et des girafes. L’examen microscopique de frottis de peau
a mis en évidence des spores ectothriques dans 100 % des prélèvements et 90 % des prélèvements mis en culture ont
révélé la présence de Microsporum gypseum. Trichophyton schonienii a, par ailleurs, été isolé chez certaines gazelles
de Grant à proximité d’un camp de safari.
Il semble que les sols et les chameaux contaminés du parc constituent la source d’infection, la transmission s’opérant
par contact. Une sécheresse prolongée (stress nutritionnel) a favorisé la maladie.
Virus de l’immunodéficience féline
On note, chez certaines sous-populations de grands félidés africains, un large éventail de prévalence des lentiviroses,
alors que d'autres sous-populations ne montrent aucun signe d’infection. Les expériences effectuées avec des lentivirus
chez les félidés non domestiques sont plus ou moins spécifiques et sensibles. Il s’ensuit que le choix du protocole
expérimental est important et qu’il importe d’être prudent lors de l’interprétation et de la comparaison des données.
L’adoption de méthodes de dépistage mieux standardisées est encouragée.
Parvovirus canin
Un seul cas de parvovirose canine a été signalé cette année chez un lycaon (Lycaon pictus) en Namibie. On ne sait pas
où vivait cet animal, ni s’il s’agissait d’un individu vivant en captivité, en semi-liberté, ou à l'état sauvage.
Encéphalomyocardite de l’éléphant
Quelques cas mortels sporadiques et inexpliqués ont été signalés chez des éléphants au Parc National Kruger (Afrique
du Sud). Malheureusement, la plupart des cadavres ont été retrouvés à un stade avancé de décomposition. La fièvre
charbonneuse et le braconnage avaient cependant pu être mis hors de cause, de sorte que le diagnostic différentiel le
plus probable restait l’encéphalomyocardite. La mortalité des femelles et des éléphanteaux par encéphalomyocardite a
été peu fréquente au cours de la flambée de 1993-1995 au Parc National Kruger ; cependant un grand nombre des
animaux de ce troupeau ayant fait l’objet de prélèvements présentaient un titre élevé d’anticorps. Aucun des sérums
prélevés sur des éléphants du Botswana en 1992 et 1993 ainsi que sur des éléphants de la province du Nord en Afrique
du Sud (n total=21), et récemment analysés, ne présentaient d'anticorps contre le virus de l’encéphalomyocardite.
Maladies des animaux sauvages/oct. 97
9
Syndrome de la trompe flasque chez l’éléphant
Plusieurs nouveaux cas de ce syndrome ont été observés dans le Parc National Kruger, en Afrique du Sud, au cours de
cette année. Deux animaux aux stades précoces de la maladie ont été équipés de colliers radio-émetteur, ce qui
permettra de suivre l'évolution de la paralysie ascendante de leur trompe. L’étiologie de la maladie n’a pas encore été
élucidée.
Escherichia coli O157 H7 chez les cervidés
Dans un rapport récent des Etats-Unis d’Amérique, la viande séchée d’un cerf à queue noire (Odocoileus hemionus) a
été reconnue à l'origine de 11 cas groupés d'infection humaine par E. coli O157 : H7. Des isolats d’E. coli O157:H7 ont
été obtenus à partir de la viande du cerf et de moquette recueillies dans la zone où l’animal avait été tué. Afin d’évaluer
l’infection par E. coli O157 : H7, de jeunes cerfs-mulets ont été inoculés à titre expérimental avec E. coli O157 : H7.
Les résultats ont indiqué que les animaux peuvent porter et répandre la bactérie sans présenter de diarrhée ni d’autres
manifestations cliniques. Ces résultats montrent que les cervidés peuvent aussi porter et transmettre E. coli O157 : H7 à
d’autres ruminants, tels que des bovins et des moutons ; les tests pratiqués sur plus de 400 prélèvements de moquette de
cerfs vivant en liberté ont toutefois donné des résultats négatifs.
Ehrlichia chaffeensis chez les cervidés
Aux Etats-Unis d’Amérique, dans 30 Etats, des cas d’ehrlichiose monocytaire due à Ehrlichia chaffeensis ont été
diagnostiqués chez l’homme. Plus de 400 cas humains ont été confirmés depuis 1986, y compris des infections
mortelles occasionnelles. Des projets de recherche ont confirmé que E. chaffeensis, l’agent causal de l’ehrlichiose
monocytaire humaine, se maintient dans la nature essentiellement par la tique à une étoile (Amblyomma americanum)
parasitant le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus). Dans des conditions expérimentales, le cerf de Virginie peut
héberger E. chaffeensis jusqu’à 123 jours. Une autre forme d’ehrlichiose humaine, due à l’agent de l’ehrlichiose
granulocytaire humaine (HGE), (un Ehrlichia innomé), existe également chez les cervidés. Des preuves montrent que
l’agent de l’HGE est transmis par la tique à pattes noires Ixodes scapularis, qui est aussi le vecteur de la maladie de
Lyme.
Des recherches sur l’ehrlichiose ont confirmé que de nombreuses populations de cervidés du sud-est des Etats-Unis
d'Amérique sont infectées par une troisième et nouvelle souche d’un organisme semblable à Ehrlichia et étroitement
apparenté au groupe dont fait partie l’agent causal de l'HGE. Cet organisme voisin des Ehrlichia des cervidés est
également présent chez la tique à une étoile. Des enquêtes ont démontré, par ailleurs, que E. chaffeensis, organisme
voisin des Ehrlichia que l’on trouve chez les cervidés et l'agent de l'HGE, peuvent se retrouver chez une seule et même
population de cervidés.
Virus parapox
Le fait que l’écureuil gris d'origine exotique (Sciurus carolinensis) introduit dans les Iles britanniques pourrait
transmettre à l’écureuil roux indigène (Sciurus vulgaris) un virus parapox suscite quelques inquiétudes mais à ce jour,
rien ne montre que cela se soit produit. Sept cas confirmés de parapoxvirose de l'écureuil roux ont cependant été
récemment observés dans la région de l’East Anglia à la suite du déplacement de ces animaux au cours d’une opération
de protection de la nature.
2.
Encéphalopathie spongiforme chez les animaux sauvages
2.1. Encéphalopathie spongiforme chez les cerfs et les wapitis
Une étude réalisée à l’automne de 1996 du tissu cérébral de cerfs-mulets (Odocoileus hemionus) tués à la
chasse au Colorado (Etats-Unis d'Amérique) a révélé l'existence d’une cachexie chronique chez ces animaux
et chez les wapitis (Cervus elaphus canadensis). Dans six territoires de chasse du comté de Larimer au
Colorado, environ 6 % des cerfs-mulets mâles et moins de 1 % des wapitis étaient atteints. Selon des données
recueillies lors d’enquêtes effectuées entre 1992 et 1994, on avait initialement estimé que 1 % environ des
cerfs-mulets et un nombre sensiblement moindre de wapitis étaient affectés par la maladie. Les responsables
de la faune sauvage conseillent à la population de s’abstenir, en règle générale, de consommer la chair
d’animaux présentant des signes de maladie, y compris la cachexie chronique. Ils recommandent aussi aux
chasseurs, lorsqu’ils dépècent un animal sur le terrain, d'obéir aux règles d'hygiène habituelles à savoir :
s’efforcer de ne pas ouvrir les organes internes, se laver les mains ou porter des gants. Les fonctionnaires des
Etats et fédéraux n’ont observé aucune augmentation de la fréquence de la maladie de Creutzfeldt-Jacob sur
l’ensemble du territoire nord-américain, ni aucun épisode d’une nouvelle variante de cette maladie.
2.2. Recommandation relative à l’encéphalopathie spongiforme
10
Maladies des animaux sauvages/ oct. 97
Le Groupe de travail a formulé, à propos de l’encéphalopathie spongiforme, les recommandations suivantes :
1. Aucun cervidé potentiellement exposé, originaire d’une zone dont l'on sait qu’elle abrite des cervidés
atteints de cachexie chronique, ne devrait être déplacé ;
2. Il faudrait porter plus d'attention à la cachexie chronique et aux encéphalopathies spongiformes et mieux
les surveiller en réalisant des épreuves diagnostiques sur tous les animaux qui présentent des signes
cliniques évoquant ces maladies ;
3. Tous les pays devraient vérifier les ingrédients entrant dans la composition des aliments pour ongulés en
captivité lorsqu'il s'agit de protéines animales et de sous-produits d’origine animale.
3.
La tuberculose chez les animaux sauvages
La tuberculose bovine est toujours en forte progression et constitue, dans de nombreuses régions du globe, l’une
des principales maladies bactériennes des animaux sauvages en liberté. Si, le plus souvent, la maladie trouve son
origine dans une population de bovidés domestiques infectée, il s’avère qu’elle se maintient désormais de manière
autonome dans certaines populations d’animaux sauvages vivant en liberté. Cela préoccupe grandement les
responsables de la conservation et les autorités vétérinaires chargées de la réglementation.
L’an dernier la tuberculose bovine a été signalée à l'état endémique chez les espèces et dans les lieux suivants :
• Buffles d’Afrique et phacochères (Phacochoerus aethiopicus), dans le Parc National Queen Elizabeth, en
Ouganda ;
• Buffles d’Afrique dans la région méridionale du Parc National Kruger et dans les réserves de gibier
d’Hluhluwe/Umfolosi en Afrique du Sud. On a par ailleurs observé des cas d'infections secondaires chez le
grand coudou, le lion, le babouin chacma (Papio ursinus) et le guépard dans le Parc National Kruger ;
• Cob lechwé (Kobus leche) sur les plateaux de la Kafue, en Zambie ;
• Bisons hybrides (bisons des bois/bisons des plaines) à proximité du Parc National de Wood Buffalo, au
Canada ;
• Phalangers renards (Trichosurus vulpecula), et, dans une moindre mesure, chez les furets revenus à l'état
sauvage et les chats harets en Nouvelle-Zélande ;
• Sangliers (Sus scrofa) dans certaines parties d’Italie et d’Europe orientale ;
• Blaireaux d'Europe (Meles meles) au Royaume-Uni et en Irlande ;
• Buffles d'Asie et bovins (Bubalus arnee) revenus à l’état sauvage dans le Territoire du Nord (Australie) ;
• Cervidés d’élevage en République populaire de Chine, en Nouvelle-Zélande, en Suède, au Royaume-Uni et
aux Etats-Unis d’Amérique.
La tuberculose bovine continue d’être communément observée chez le blaireau, en Angleterre et en Irlande. On ne
sait pas si des infections à Mycobacterium bovis affectent également les blaireaux d'Europe continentale et une
surveillance plus poussée s’impose. On signale toujours des cas de tuberculose bovine chez divers cervidés
(Cervus elaphus, Dama dama) dans les élevages européens, ainsi que chez les cervidés d’élevage ou sauvages en
Nouvelle-Zélande. On trouve aussi des infections à M. bovis chez les sangliers européens, mais on ignore
actuellement la prévalence de ces infections.
Maladies des animaux sauvages/oct. 97
11
Pendant l’année de référence en cours, on a noté les tendances et incidents suivants :
• Au Parc National Kruger, en Afrique du Sud, on a constaté que la prévalence de la tuberculose bovine
augmentait dans les troupeaux de buffles (Syncerus caffer) et que la maladie était diagnostiquée de plus en plus
fréquemment chez des sujets âgés de moins de 2 ans, ce qu'on ne voit pas dans des troupeaux où la maladie a
une prévalence faible. On rencontre de plus en plus de buffles en phase terminale de tuberculose ou morts de
cette maladie.
On signale un nombre croissant de grands coudous (Tragelaphus strepsiceros) dont les ganglions
lymphatiques de la région céphalique portent des abcès tuberculeux. Il apparaît que les amygdales et les
ganglions céphaliques du coudou sont le site du complexe primaire, avec une dissémination secondaire vers les
poumons et d’autres organes. On a fréquemment constaté des fistules ouvertes des ganglions parotidiens
abcédés, et l’exsudat purulent pourrait alors contaminer l’environnement. C’est peut-être là le mécanisme de la
dissémination horizontale entre coudous, et il pourrait y avoir un danger réel de voir les animaux de cette
espèce devenir pour longtemps un réservoir de bacilles tuberculeux.
Toujours dans le Parc National Kruger, cinq cas de tuberculose bovine ont été confirmés chez des lions. Les
lésions observées étaient essentiellement pulmonaires et il importe de noter que les lésions pulmonaires chez
cette espèce ne présentent pas l’aspect pyogranulomateux normal, avec caséification et calcification. On a
trouvé un exsudat mucoïde luisant, à la coupe de petites lésions caverneuses, et de nombreux bacilles acidorésistants étaient visibles sur les frottis d’exsudat. L’aspect macroscopique des lésions est atypique, et pourrait
aisément entraîner une erreur de diagnostic sans tests de laboratoire.
On n’a pas noté d’autres cas de tuberculose bovine chez les babouins du groupe précédemment infecté au Parc
National Kruger. Le dépeuplement et la nature foudroyante de cette maladie chez les babouins ont sans doute
contribué à la disparition de la tuberculose bovine chez cet hôte occasionnel.
En Afrique du Sud, le transfert de buffles originaires d’une zone réputée infectée a été autorisé après que deux
tests cutanés comparatifs, effectués à trois mois d’intervalle, aient donné des résultats négatifs. Une nouvelle
quarantaine a été exigée sur les lieux de destination, avec une répétition des tests. On a constaté, chez deux
buffles, des résultats positifs au cours de cette quarantaine et l’on a confirmé l'existence de lésions
tuberculeuses débutantes chez l’un des animaux. Cela illustre une fois de plus le danger lié à l’importation
d'animaux à partir de zones connues pour être infectées, ainsi que l’intérêt d’une quarantaine obligatoire et de
la réalisation de tests répétés.
• Les événements suivants se sont produits aux Etats-Unis d’Amérique :
En novembre 1994, un cas de tuberculose bovine a été signalé chez un cerf de Virginie dans l’Etat du
Michigan. La surveillance effectuée en 1995 et au début de 1996 a montré de manière incontestable que la
bactérie Mycobacterium bovis s’auto-entretient dans la population de cervidés d’une zone recouvrant quatre
comtés dans la péninsule inférieure du nord-est. Un rapport diffusé par les autorités du Michigan en janvier
1997 n’était guère encourageant. En 1996, les épreuves de dépistage de la tuberculose bovine pratiquées sur
plus de 4 000 cervidés ont donné des résultats positifs pour 1,4 % des animaux examinés dans les quatre
comtés. De plus, quatre cerfs infectés ont été découverts hors du "coeur" de la zone, dont un dans un nouveau
et cinquième comté. Des études télémétriques montrent que les cervidés se déplacent d’une station
d’alimentation artificielle à l’autre, sur des distances pouvant dépasser 14 km. Par contre, les résultats d'une
surveillance poussée des bovins, des chèvres, des lamas et des cervidés en captivité dans la région ont été plus
encourageants en ce sens que les résultats des tests se sont révélés négatifs. Plus de 800 cerfs de Virginie ont
été examinés en 1996, dans le cadre d’une enquête élargie à tout l’Etat, et l’on n’a signalé aucun résultat
positif parmi les plus de 70 wapitis en liberté et les quelques 45 carnivores sauvages qui ont été soumis aux
tests.
Aux Etats-Unis d’Amérique, depuis 1991, 32 troupeaux de cervidés en captivité ont été trouvés infectés de
tuberculose bovine. Vingt-deux de ces troupeaux ont été abattus à l'initiative de leurs propriétaires, sept d'entre
eux ont été soumis à l'épreuve de la tuberculination, avec abattages des animaux réagissants, puis libération de
la quarantaine, et trois troupeaux font encore l'objet d'un programme tuberculination-abattage. On n’a trouvé
que deux nouveaux troupeaux atteints en 1995, aucun en 1996 et un en 1997. Plusieurs événements majeurs
sont venus renforcer la lutte contre la tuberculose bovine chez les cervidés en captivité. Le "Programme
d’Etat/fédéral d’éradication de la tuberculose bovine" comprend désormais des "Méthodes et règles uniformes
pour l’éradication de la tuberculose", applicables aux cervidés d’élevage dans des exploitations agricoles ou
des ranchs (cerfs, élans et wapitis), et comportant des normes pour la désignation des troupeaux (accrédités,
12
Maladies des animaux sauvages/ oct. 97
qualifiés ou contrôlés). La mise en vigueur de dispositions fédérales permet d’indemniser les propriétaires pour
une partie du préjudice subi lors de l’abattage de cervidés en vue de lutter contre la tuberculose bovine.
• En Ouganda, 42 buffles ont fait l’objet de prélèvements au Parc National Queen Elizabeth. On a reconnu par
l'épreuve au gamma-interféron, que 21,4 % de ces animaux étaient infectés de tuberculose bovine.
Mycobacterium bovis a par ailleurs été isolé à partir du cadavre d’un buffle porteur de lésions avancées, ainsi
que chez un phacochère cachectique.
4.
Maladie de Carré
Il apparaît que la maladie de Carré chez les lions et les autres carnivores a disparu dans le complexe MasaïMara/Serengeti et aucun nouveau cas clinique n’a été rapporté. Une vaccination expérimentale des chiens
domestiques masaï a entraîné une augmentation légère, mais significative de leur nombre. L'analyse coût/bénéfice
d’un tel programme de vaccination – y compris l’évaluation globale de sa durabilité – s'impose. Il est proposé
d’intensifier les efforts de surveillance dans les zones où la maladie de Carré constitue un problème et de
développer une modélisation expérimentale qui permette de déterminer le meilleur choix entre les différentes
approches suivantes : soit vaccination des chiens masaï, soit aucune intervention, soit mise au point de stratégies
de vaccination des carnivores sauvages. Il conviendrait de ne pas sous-estimer la complexité inhérente à la(les)
stratégie(s) choisie(s), ni les conséquences éventuelles de ce choix.
La maladie de Carré a été diagnostiquée en Namibie chez deux lycaons et deux chacals mais sans précisions quant
à la localisation de ces animaux ni à leur statut (vie en captivité ou en semi-liberté ou à l'état sauvage).
Aucune information n’a été communiquée quant à l'origine de la mortalité qui a affecté, l’an dernier, les meutes de
lycaons vivant dans la réserve de faune de Moremi.
5.
La rage chez les animaux sauvages
Des lyssavirus de la rage, ou apparentés au virus de la rage, affectent plusieurs espèces de mammifères sauvages
ou errants sur tous les continents excepté l'Antarctique. (Les oiseaux sont connus pour ne pas être porteurs de ces
virus dans les conditions naturelles).
A la suite du décès d’un soldat israélien qui avait été mordu dans un campement, et dans l’hypothèse où cette
morsure était celle d'un rat enragé, on envisage à nouveau la possibilité que des "rats" (ou d’autres petits
mammifères) puissent être vecteurs de rage.
On a observé, en Thaïlande, des réactions d’immunofluorescence positives sur des prélèvements provenant des
chauves-souris. On sait que la rage affecte les chauves-souris dans la région. On a signalé, en Australie, trois cas
d’infection par un "lyssavirus des ptéropidés". Entre janvier 1995 et août 1996, dans l'Etat du Queensland du
Nord, deux "roussettes noires" (Pteropus alecto) et une "roussette rouge" (Pteropus scapulatus) ont été reconnues
infectées. Le typage du virus est encore en cours mais, selon les premières informations, il s’agirait d’un virus
étroitement apparenté au virus de la rage. Une femme est morte à Brisbane, en octobre 1996, d’une infection par
un lyssavirus des ptéropidés. Elle s’était occupée, pendant un certain temps, de chauves-souris frugivores en
captivité.
La rage est endémique dans de nombreux pays africains, tant chez les animaux domestiques que chez les espèces
sauvages. Dans de nombreuses régions, les chiens domestiques et revenus à l'état sauvage semblent bien être le
principal réservoir de ce virus, qui peut se propager aux espèces sauvages. Outre les risques que représente cette
maladie pour la santé publique, il est préoccupant que la rage puisse menacer certaines populations limitées et
isolées de carnivores sociaux tels que les lycaons et les loups d'Abyssinie (Canis simiensis).
Les chacals (Canis mesomelas) et les "renards à oreilles de chauves-souris" (Otocyon megalotis) sont
fréquemment infectés par le virus de la rage.
Des progrès en matière de vaccination par voie orale des animaux vecteurs de la rage ont été rapportés en Europe
et en Amérique du Nord. La vaccination orale des renards (Vulpes vulpes) a été entreprise en Europe occidentale il
y a dix ans, ce qui a conduit à un déclin spectaculaire du taux d’infection des mammifères terrestres. Ces dernières
années, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse n’ont enregistré que quelques
rares cas isolés, et certains de ces pays n’en ont pas connu du tout. La France n'a déclaré aucun cas de rage au
cours des 12 derniers mois (octobre 1996 - octobre 1997). En Allemagne, l’infection est désormais limitée à
certains Länder (circonscriptions administratives). En Europe centrale et orientale, des programmes de vaccination
Maladies des animaux sauvages/oct. 97
13
par voie orale sont en cours pour les renards, avec des résultats encourageants.
En février 1997, le Département texan de la Santé (Etats-Unis d’Amérique) achevait la troisième des cinq à sept
années d’un projet destiné à venir à bout de deux épizooties de rage du coyote (Canis latrans) et du renard gris
(Urocyon cinereoargenteus). La distribution de 2 600 000 doses de vaccins ("Raboral V-RG") a couvert plus de
67 500 km². Grâce à cet effort, la transmission de l’épizootie dans cette zone a pu être enrayée, et le nombre de cas
de rage a diminué dans les populations vaccinées de coyotes et de renards gris.
6.
Maladies émergentes
Définition
"Les maladies émergentes sont des infections nouvellement apparues dans une population, ou existant
précédemment mais dont l’incidence, le spectre d'hôte ou la distribution géographique sont en rapide extension".
Le Groupe est d’avis que les infections ou maladies suivantes des animaux sauvages correspondraient bien à la
définition ci-dessus (qui est une version modifiée de la définition donnée par le Docteur S. Morse).
Maladies virales
Calicivirus : maladie hémorragique virale du lapin
Morbillivirus : Peste bovine, maladie de Carré et infections à morbillivirus des mammifères marins
Lyssavirus : lyssavirus des ptéropidés et virus de la rage de la chauves-souris européenne
Picornaviridés : encéphalomyocardite
Paramyxoviridés : Maladie de Newcastle
Maladies bactériennes : tuberculose bovine, brucellose des mammifères marins et brucellose des autres
mammifères sauvages
Maladies parasitaires : gale sarcoptique et myiase à Chrysomya bezziana (Asie du Sud-Ouest)
Agents transmissibles non-conventionnels : encéphalopathies spongiformes transmissibles/cachexie chronique
7.
Transplantation des animaux sauvages
Définition
"La transplantation des animaux sauvages, défini au sens le plus large, comprend la réintroduction et le lâcher
d'animaux pour les motifs les plus variés : repeuplement, accroissement des populations, déplacements d’animaux
qui sont sources de problèmes, lâchers d’animaux réadaptés, lâcher d’animaux à des fins cynégétiques pour
préserver des espèces rares".
Cette question a été longuement débattue au cours de la précédente réunion, tenue en 1996. Le Groupe s’est
attaché à préciser ce qu’il entend par transplantation d'animaux sauvages, en mettant l’accent sur les nombreuses
façons dont les maladies peuvent être transportées, et en soulignant toute l’importance du dépistage et de la
quarantaine chaque fois que des mouvements d’animaux sont envisagés, pour quelque raison que ce soit.
8.
Manuel des normes pour les tests de diagnostic et les vaccins
Le Groupe a préparé, et adressé à la Commission des normes, des recommandations relatives à certaines maladies
pour lesquelles il peut être particulièrement nécessaire de faire appel à des spécialistes du diagnostic chez les
animaux sauvages.
9.
Amélioration de la représentativité régionale et des rapports sanitaires
Des suggestions ont été faites pour améliorer la déclaration des principales maladies des animaux sauvages dans
les zones géographiques actuellement mal desservies. Les membres du Groupe établiront de nouveaux contacts.
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Maladies des animaux sauvages/ oct. 97
10. Recommandation relative à la tuberculose bovine
Le Groupe de travail de l'OIE sur les maladies des animaux sauvages, ayant révisé ses recommandations de 1996,
recommande :
a) Que des mesures soient prises par les autorités nationales pour empêcher l’introduction de la tuberculose
bovine dans les populations animales sauvages vivant en liberté. Le Groupe de travail recommande que tous
les ongulés non domestiques soient soumis à un dépistage rigoureux par des tests de tuberculination répétés
(à deux ou trois reprises) avant toute expédition et qu’ils soient placés, après leur arrivée, trois mois en
quarantaine et subissent un nouveau test. Il importe de souligner que, une fois que la tuberculose bovine est
établie chez des animaux en liberté, le processus est pratiquement irréversible compte tenu des moyens
diagnostiques, thérapeutiques et logistiques actuels. La destruction des animaux se trouvant dans les foyers
infectés, lorsqu’elle est possible, est la seule solution appropriée, malgré son coût et son impopularité. Chez
les animaux sauvages, cette maladie paraît en progression que ce soit chez les sujets isolés, au sein des
troupeaux ou entre troupeaux. Lorsque sa prévalence est élevée, elle peut entraîner une morbidité et une
mortalité significatives, susceptibles de modifier la dynamique des populations. Les efforts de protection en
général, et l’utilisation des animaux sauvages, selon une approche conservatrice ou non, peuvent en être
compromises. De plus, l'existence de la tuberculose dans une population sauvage a des conséquences
importantes pour la conservation et la gestion de la faune sauvage lorsque des projets de transfert sont prévus
en vue d’une réintroduction ou d’un repeuplement.
Enfin, l’existence d’un cycle sauvage ou selvatique capable d’entretenir la maladie a également une
incidence importante sur les programmes d’éradication de la tuberculose chez les bovins domestiques.
b) Que la tuberculose soit recherchée chez les animaux sauvages, si possible, chaque fois que des cadavres
d’animaux sauvages sont découverts (animaux victimes d'accident de la route ou de la chasse, abattages
destinés à réguler les populations, morts accidentelles). L’attention doit se porter sur tous les ganglions
lymphatiques (incisions multiples), les poumons (palpation) et tous les viscères. Toutes les lésions
pyogranulomateuses suspectes doivent faire l’objet d’un prélèvement et être examinées conformément à la
procédure décrite dans le Manuel des Normes pour les tests de diagnostic et les vaccins de l’OIE. Des
prélèvements tissulaires doivent aussi être congelés, pour mise en culture ultérieure éventuelle. En cas de
confirmation d’une mycobactériose, il est essentiel de mettre en culture et d’identifier l’agent pathogène.
c) Les tests actuellement disponibles pour déceler la tuberculose bovine chez les animaux vivants devraient être
considérés comme des tests de troupeau et, il faudrait éviter, si possible, de prélever en vue de leur transfert
des animaux dans un troupeau dont on sait qu’il est infecté, même si les résultats des tests pratiqués chez ces
animaux sont négatifs. Tout animal présentant une réaction suspecte ou positive à un test de diagnostic
approprié pour la tuberculose bovine devrait être isolé en vue d'une recherche plus poussée, ou soumis à une
autopsie en vue d’obtenir confirmation de l’infection.
d) Que les recherches visant à mettre au point des tests sensibles et spécifiques pour déceler la tuberculose
bovine chez les animaux sauvages vivants soient appuyées sans réserve, de même que le développement d’un
vaccin efficace et sans danger. On ne dispose actuellement d’aucun test fiable pour les pachydermes et les
carnivores vivants.
e) Que tous les cas de tuberculose bovine confirmés chez des animaux sauvages soient rapportés aux membres
du Groupe de travail de l’OIE sur les maladies des animaux sauvages (coordonnateurs régionaux) ou
directement au Bureau central de l’OIE.
_______________
.../Annexes
Maladies des animaux sauvages/oct. 97
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Maladies des animaux sauvages/ oct. 97
Annexe I
RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L'OIE
SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES
Paris, 7 - 9 octobre 1997
_____
Liste des participants
MEMBRES
Dr M. Artois
CNEVA Nancy
Laboratoire d'études sur la rage et
la pathologie des animaux
sauvages
BP 9
54220 Malzéville
FRANCE
Tel: 33 - (0)3 83.29.89.50
Fax: 33 - (0)3 83.29.89.59
E-mail: [email protected]
Dr R.G Bengis
Chief State Veterinarian
P.O. Box 12
Skukuza 1350
AFRIQUE DU SUD
Tel: (27-13) 735 5641
Fax: (27-13) 735 5155
Dr V.V. Berezin
Director
Centre of Wild Animal Ecological
Pathology & Epizootiology
Leninski Prospect 33
Moscow V-17
RUSSIE
Tel: (7-095) 124 7932/135 9852
Domicile: (7-095) 378 3952
Fax: (7-095) 129 1354
Domicile: (7-095) 378 3952
Dr V.F. Nettles
Director
Southeastern Cooperative Wildlife
Disease Study
College of Veterinary Medicine
University of Georgia
Athens - GA 30602
USA
Tel: (1-706) 542 1741
Fax: (1-706) 542 5865
E-mail: [email protected]
Dr T. Mörner
Senior Veterinary officer
Department of Wildlife
The National Veterinary Institute
P.O. Box 7073
S-750 07 Uppsala
SUEDE
Tel: (46-18) 67 4214
(46-70) 567 352 (mobile)
Fax: (46-18) 30 9162
E-mail: [email protected]
Dr M.H. Woodford (President)
Veterinary Group IUCN/SSC
2440 Virginia Avenue, N.W.
Apt. D-1105
Washington D.C. 20037
USA
Tel: (1-202) 331 9448
Fax: (1-202) 331 9448
E-mail: [email protected]
Dr Charlotte Quist
College of Veterinary Medicine
University of Georgia
Athens - GA 30602
USA
Tel: (1-706) 542 1741
Fax: (1-706) 542 5865
Dr Ph. Chardonnet
CIRAD-EMVT
Campus international de Baillarguet
Montferrier-sur-Lez-BP 5035
34032 Montpellier Cedex 1
FRANCE
Tel: (33-4) 67 59 37 21
Fax: (33-4) 67 59 37 95
E-mail: [email protected]
AUTRES PARTICIPANTS
Dr S. Osofsky
USAID Biodiversity Program
Specialist
c/o 121 Courthouse Road SW
Vienna
Virginia 22180
USA
Tel: (1-202) 712 5316
Fax: (1-202) 216 3174
E-mail: [email protected]
OIE
Dr J. Blancou
Directeur général
12 rue de Prony
75017 Paris
France
Tel: 33 - (0)1 44.15.18.88
Fax: 33 - (0)1 42.67.09.87
E-mail: [email protected]
Maladies des animaux sauvages/oct. 97
Dr R. Reichard
Chef du Service scientifique et technique
E-mail: [email protected]
Dr K. Sugiura
Chargé de mission
Service scientifique et technique
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Maladies des animaux sauvages/oct. 97
Annexe II
RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L'OIE
SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES
Paris, 7 - 9 octobre 1997
_____
Ordre du jour
1.
Bilan épidémiologique de certaines maladies des animaux sauvages en 1996-1997
2.
Encéphalopathie spongiforme chez les animaux sauvages
3.
La tuberculose chez les animaux sauvages
4.
Maladie de Carré
5.
La rage chez les animaux sauvages
6.
Maladies émergentes
7.
Transplantation des animaux sauvages
8.
Manuel des normes pour les tests de diagnostic et les vaccins
9.
Amélioration de la représentativité régionale et des rapports sanitaires
10. Recommandation relative à la tuberculose bovine
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Maladies des animaux sauvages/oct. 97
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