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Groupe ad hoc de l’OIE sur la différenciation des agents pathogènes responsables des maladies des animaux
aquatiques / Septembre 2011
Le Groupe ad hoc a pris en compte la demande de la Commission des animaux aquatiques de développer, à partir
de ces critères, un cadre théorique général convenant à l’ensemble des agents pathogènes ; cependant, étant donné
que très peu de pathogènes inscrits sur la liste de l’OIE satisfont à ces critères, le Groupe ad hoc a décidé qu’il
serait plus efficace d’examiner au cas par cas l’ensemble des agents pathogènes sélectionnés. Le Groupe ad hoc a
estimé que cette approche serait plus à même de conduire les Pays Membres à accorder une attention particulière
aux changements envisagés.
3. Évaluation du virus de l’anémie infectieuse du saumon selon les critères
1. Les variants de l’agent pathogène sont clairement identifiés dans les publications scientifiques et
présentent des caractéristiques différentes
La différenciation des variants du virus de l’AIS repose essentiellement sur le séquençage d’une région
hautement polymorphe (RHP) du segment génomique 6 qui code pour la protéine hémagglutinine – estérase
(HE) (par exemple, Kibenge et coll., 2009). La présence de mutations dans cette région est un caractère
récurrent fortement associé à la pathogénicité. L’apparition, en aquaculture, de variants associés à des foyers
cliniques d’AIS résulterait de délétions dans la RHP du segment 6 de variants probablement ancestraux, les
variants RHP0 (Mjaaland et coll., 2002).
La présence de variants RHP0 a été rapporté dans tous les pays où l’AIS sévit, en particulier la Norvège
(Nylund et coll., 2007), l’Écosse (Cunningham et coll., 2002 ; Anonyme, 2005 ; McBeath et coll., 2009), le
Canada (Cook-Versloot et coll., 2004), les îles Féroé (Christiansen et coll., 2011) et le Chili (Kibenge et coll.,
2009). La présence de variants RHP0 a été rapportée principalement chez des poissons en apparente bonne
santé, et, à ce jour, n’a jamais été associée à la forme clinique d’AIS. La présence de variants RHP0
représente donc un risque considérablement plus faible de développement de la maladie que celle d’un
variant délété dans la RHP du virus de l’AIS. Un nombre important de variants délétés dans la RHP a été
décrit dans le monde ; l’ensemble de ces variants a été associé à des foyers cliniques d’AIS (degrés de
virulence variés).
Malgré une connaissance limitée des facteurs de virulence, il semblerait que la présence de délétion dans la
RHP constitue un indicateur fiable de pathogénicité du virus de l’AIS ; ainsi, elle permet de faire la
distinction entre deux variants à l’origine de manifestations cliniques d’intensité différente. Non seulement
les variants RHP0 (présentant un risque faible) ne sont jamais associés aux foyers de la maladie, mais, en
outre, ils diffèrent phénotypiquement des variants délétés dans la RHP (présentant un risque élevé) : en effet,
ils sont principalement détectés au niveau des branchies, causent une infection transitoire et sont incapables
de se multiplier sur lignées cellulaires permissives (Christiansen et coll., 2011).
2. Il existe des méthodes fiables et facilement accessibles pour différencier de façon rigoureuse les
variants (séquençage) ; et
Les méthodes courantes de RT-PCR, qui ciblent les segments autres que le segment 6, détectent sans
distinction les variants RHP0 et les variants délétés dans la RHP du virus de l’AIS. Pour caractériser la RHP,
il est nécessaire d’amplifier puis de séquencer le segment 6. S’il est vrai que cette méthode s’avère être la
plus fiable actuellement pour différencier les variants RHP0 des variants délétés dans la RHP, d’autres
méthodes pourraient prochainement être développées et validées.
3. La gestion des variants du virus diffère ou pourra différer au sein d’un même pays ou d’un pays à
l’autre.
Le risque de développement de l’AIS diffère clairement selon le type de variants (variants RHP0 ou variants
délétés dans la RHP). En effet, les variants RHP0 sont largement répandus dans les zones indemnes de foyers
récurrents d’AIS. Leur présence constitue néanmoins un risque potentiel de développement d’AIS puisqu’ils
sont susceptibles de muter en variants pathogéniques (c’est-à-dire en variants délétés dans la RHP).
Cependant, au regard des données recueillies dans certains pays indemnes de foyers récurrents d’AIS mais
dans lesquels la prévalence de variants RHP0 s’avère élevée, ce risque est à relativiser ; en outre, il est
possible de le réduire davantage par l’adoption de bonnes pratiques de gestion. Plusieurs pays ont d’ailleurs
adopté des stratégies de gestion interne afin de limiter le risque d’émergence de la maladie associé à la
présence de variant(s) RHP0. Elles visent à :
a) rendre l’environnement défavorable à l’établissement durable des variants dans les installations
aquacoles (par exemple, en synchronisant les vides sanitaires dans les différentes zones de gestion) afin
qu’ils ne puissent pas muter en variants pathogènes ;