Quelle est la place de la chirurgie ?
La chirurgie est indiquée dans les situations suivantes :
#Réduction et fixation d’une fracture périphérique.
#Ostéosynthèse préventive d’une volumineuse lésion lytique
périphérique ou rachidienne avec risque très important de frac-
ture ou d’instabilité. Cette indication est souvent difficile. Au
rachis, s’il y a un risque d’instabilité, et donc de compression
neurologique, l’indication chirurgicale existe. Pour le squelette
périphérique, il faut se poser la question suivante : la chirurgie
préventive permettra-t-elle d’éviter un geste plus lourd si elle
est effectuée après la survenue de la fracture ? En effet, l’al-
ternative dans ce type de situation est la radiothérapie (cf. infra).
#Chirurgie-exérèse d’un plasmocytome solitaire. Dans ce
cas, la chirurgie doit être, si possible, “carcinologiquement”
satisfaisante, et complétée de radiothérapie.
#Chirurgie décompressive d’une compression médullaire ou
de la queue de cheval. Cette indication était encore très clas-
sique il y a une dizaine d’années. Actuellement, si la com-
pression neurologique est liée à une épidurite et non à une
compression osseuse, et s’il n’y a pas de risque d’instabilité,
le traitement de première intention consiste en la réalisation
de trois bolus de corticoïdes suivis d’une irradiation en
urgence. La chirurgie est réservée aux cas de compression
osseuse ou aux cas de compression neurologique survenant
sur des rachis déjà irradiés.
Quelle est la place de la radiothérapie ?
La radiothérapie est indiquée dans les situations suivantes :
#Complément de traitement chirurgical curatif ou préventif
afin de faciliter la consolidation.
#Traitement d’un plasmocytome solitaire : la dose doit alors
être élevée pour être éradicatrice (50 grays).
#Traitement en urgence d’une compression médullaire ou de
la queue de cheval (cf. supra).
#Traitement de lésions osseuses lytiques non fracturées ou
de tassements vertébraux restant douloureux, malgré la chi-
miothérapie associée aux bisphosphonates.
Quelle est la place des bisphosphonates ?
L’utilisation des bisphosphonates dans le myélome représente
un des progrès importants des dix dernières années.
Les différents bisphosphonates disponibles.
Les bisphosphonates par voie orale. Le seul à avoir l’AMM
dans les ostéolyses malignes sans hypercalcémie est le clodro-
nate (Clastoban®ou Lytos®). Le Clastoban®est utilisé à la dose
de 1 600 mg/jour (2 gélules x 2), le Lytos®à la dose de
1040 mg/jour (1 cp x 2). Le coût du traitement journalier est à
peu près équivalent :7 à 9 euros. Sous clodronate, il existe, dans
une étude, une diminution d’environ 30 % des nouveaux évé-
nements osseux (tassements vertébraux, fractures non verté-
brales, épisodes d’hypercalcémie et indications de radiothéra-
pie) (13). Il n’y a aucune différence de survie, sauf, paradoxa-
lement, dans le sous-groupe de malades n’ayant pas de lésions
osseuses initialement, et analysé de façon rétrospective (14).
Les bisphosphonates par voie intraveineuse. Le seul à avoir
l’AMM dans le myélome sans hypercalcémie est le pamidro-
nate (Arédia®à la dose de 90 mg par voie intraveineuse en per-
fusion de deux heures, en l’absence d’hypercalcémie) une fois
par mois. Sous pamidronate, la réduction du nombre d’évé-
nements osseux est de l’ordre de 50 % (15). Cet effet se main-
tient après deux ans de traitement. Mais surtout, chez les
malades en rechute, on observe sous pamidronate un allonge-
ment significatif de la survie : 21 mois versus 14 mois (16).
Les nouveaux bisphosphonates. Les nouveaux bisphospho-
nates, comme le zolédronate, très récemment introduit, ont
une activité antiostéoclastique cent à mille fois supérieure à
celle du pamidronate. Des données très récentes indiquent que
4 mg de zolédronate en perfusion de 15 minutes ont un effet
au moins équivalent à celui de 90 mg de pamidronate en per-
fusion de deux heures pour prévenir l’apparition de nouveaux
événements osseux dans le myélome (17).Enfin, certains nou-
veaux bisphosphonates pourraient avoir une activité antiplas-
mocytaire intrinsèque ou une action potentialisatrice de l’ac-
tion de la chimiothérapie (18) (voir l’article de M. Rousière
et P. Orcel dans ce même numéro, p. 21).
Quelles sont les indications des bisphosphonates dans le
myélome ?
Les bisphosphonates doivent être prescrits dans les situations
suivantes :
#Les épisodes d’hypercalcémie aiguë.
#Chez tous les malades en rechute. En effet, la fréquence
des événements osseux augmente chez ces malades. De plus,
dans ce sous-groupe de malades, une amélioration de la sur-
vie avec le pamidronate a été démontrée.
#Faut-il prescrire des bisphosphonates chez tous les
malades au diagnostic ? La réponse à cette question n’est pas
univoque. S’il est démontré que les bisphosphonates diminuent
le nombre d’événements osseux, il est aussi démontré que les
malades répondeurs à la chimiothérapie voient leur masse
osseuse augmenter d’environ 5 % par an en l’absence de tout
traitement par bisphosphonate. Il faut donc faire preuve de bon
sens clinique, et proposer un traitement par bisphosphonates
au diagnostic chez les malades ayant des douleurs osseuses
importantes ou de nombreuses lésions lytiques. Il faudra éga-
lement prescrire systématiquement ce médicament chez les
malades non répondeurs après six cures de chimiothérapie.
#Faut-il traiter les malades en rémission au plateau après
chimiothérapie classique ou après chimiothérapie inten-
sive ? Il n’existe aucun élément de la littérature prouvant le
bénéfice d’un traitement dans cette situation. Il est également
à noter que la diminution de fréquence des événements osseux
sous pamidronate atteint 50 % à 9 mois, mais n’augmente pas
La Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002
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PHYSIOPATHOLOGIE, IMAGERIE, TRAITEMENT