P H Y S I O P A T H O L O G I E , I M A G E R I E , T R A I T E M E N T Nouveautés dans la physiopathologie, l’imagerie et le traitement de l’ostéolyse du myélome ! X. Mariette* .../... P o i n t s f o r t s " Les nouveautés dans la physiopathologie de l’ostéolyse du myélome font apparaître l’importance de deux systèmes : l’hyperexpression de RANK-ligand sur les cellules stromales induite par les plasmocytes tumoraux, et la sécrétion de MIP1α par les plasmocytes tumoraux eux-mêmes. " Dans des modèles de souris, une inhibition de chacun de ces deux systèmes entraîne une prévention quasi totale de l’ostéolyse. Les premiers essais thérapeutiques inhibant le système RANK-RANK-ligand ont débuté chez l’homme. " Avec les inhibiteurs du système RANKL-RANK, on voit poindre l’espoir d’inhiber complètement les complications osseuses de la maladie, qui en représentent la principale morbidité. De plus, compte tenu du rôle majeur des interactions entre plasmocytes tumoraux et microenvironnement médullaire dans la résorption osseuse, mais aussi dans la survie et la prolifération des plasmocytes, ces nouveaux médicaments inhibiteurs de la résorption osseuse pourraient également affecter la croissance tumorale. Mots-clés : Myélome - Physiopathologie Imagerie - Ostéolyse. " L’imagerie par résonance magnétique est plus sensible que la radiographie pour détecter des lésions myélomateuses. Elle doit être proposée en cas de suspicion de compression médullaire ou de la queue de cheval, avant radiothérapie rachidienne, dans le bilan d’extension d’un plasmocytome, et dans les myélomes de stade 1 sans lésion osseuse radiographique. D ans cet article, nous présenterons les nouveautés dans la physiopathologie, l’imagerie et le traitement de l’ostéolyse du myélome. Après un exposé sur la physiopathologie qui reprendra certaines des notions déjà présentées dans ce numéro, nous essaierons d’aborder sur un plan très pratique les nouveautés concernant l’imagerie et le traitement à visée spécifique osseuse. " Les données récentes confirment que l’aug- mentation de la densité minérale osseuse lombaire, mesurée par ostéodensitométrie, se poursuit chez les malades qui restent en rémission complète après chimiothérapie. " Les traitements par bisphosphonates repré- sentent l’un des principaux progrès thérapeutiques du myélome dans les dix dernières années. Ils pourraient permettre une augmentation de la survie chez les malades en rechute. .../... * Service de rhumatologie, hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, université Paris-XI. 28 NOUVEAUTÉS DANS LA PHYSIOPATHOLOGIE DE L’OSTÉOLYSE DU MYÉLOME L’infiltration tumorale plasmocytaire s’accompagne dans tous les cas d’une augmentation de la résorption osseuse. Dans certains cas, cette hyperrésorption peut être compensée par une accélération de la formation osseuse. Mais, dans la plupart des cas, les processus de résorption et de formation sont découplés, l’hyperrésorption osseuse prédomine et une ostéolyse localisée ou diffuse apparaît. Cette ostéolyse est responsable des signes cliniques de la maladie : douleurs osseuses, fractures périphériques ou tassements vertébraux, avec la possibilité de compression médullaire ou de la queue de cheval, et épisodes d’hypercalcémie. La Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002 P H Y S I O PAT H O L O G I E , Il est démontré depuis plus de quinze ans que cette ostéolyse maligne est le résultat d’une augmentation de l’activité des ostéoclastes au contact des cellules myélomateuses. Les mécanismes impliqués restent cependant inconnus. Plusieurs facteurs solubles sécrétés par les plasmocytes tumoraux ou par l’environnement médullaire ont été impliqués dans cette hyperostéoclastose : l’IL-6, l’IL-1, la lymphotoxine ou TNFß (1). Cependant, aucune de ces cytokines ne peut expliquer à elle seule l’hyperrésorption osseuse responsable des signes cliniques observés chez les malades. Au cours des deux dernières années, un nouveau système jouant un rôle majeur dans la résorption osseuse a été mis en évidence. Ce système est constitué d’un récepteur appelé RANK, exprimé par l’ostéoclaste et ses précurseurs, et de son ligand, situé sur l’ostéoblaste ou la cellule stromale médullaire et appelé RANK-ligand (RANKL) (2, 3) (voir l’article de S. Roux dans ce même numéro, p. 6). La liaison de RANKL à RANK induit la différenciation et l’activation des ostéoclastes, et stimule donc la résorption osseuse. Le système RANK-RANKL est indispensable à la différenciation ostéoclastique, et toutes les cytokines ou hormones connues pour augmenter la résorption osseuse [PTH, 1,25(OH)2D3, IL-1, TNFα, IL-6, IL-11] stimulent l’expression de RANKL par la cellule stromale et utilisent donc cette voie finale commune. Dans le myélome, plusieurs groupes, dont le nôtre, ont démontré récemment une augmentation de l’expression de RANK-ligand sur les cellules stromales médullaires, suggérant un rôle majeur de ce facteur dans l’ostéolyse de cette maladie (4-6). De façon intéressante, RANKL n’est pas exprimé par les plasmocytes tumoraux, mais par les cellules stromales médullaires au contact de ces plasmocytes. Le groupe de R. Bataille a démontré que le contact cellulaire entre plasmocytes tumoraux et cellules stromales induisait l’expression de RANKL sur ces dernières (6). Le contact entre un plasmocyte normal et une cellule stromale n’entraîne aucune modification. L’intégrine VLA-4 est indispensable à l’induction de RANKL sur les cellules stromales par les plasmocytes tumoraux. Il reste maintenant à explorer le rôle potentiel des cytokines, et en particulier de l’IL-6 produite par ces plasmocytes. Un facteur sécrété par les plasmocytes tumoraux pouvant jouer un rôle dans la résorption osseuse a été récemment découvert : la Macrophage Inflammatory Protein 1-alpha (MIP-1α). Il s’agit d’une chimiokine normalement sécrétée par les macrophages. Des librairies différentielles d’ARN messager entre moelle myélomateuse et moelle normale ont permis de montrer qu’elle était sécrétée de façon très importante par les moelles myélomateuses, et plus particulièrement par les plasmocytes tumoraux. Le rôle de MIP-1α est sûrement important dans le myélome. Des niveaux élevés de MIP1α sont retrouvés dans le surnageant de 62 % des patients avec un myélome actif, alors que la chimiokine n’est présente que chez 17 % des patients ayant une maladie stable, et jamais La Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002 IMAGERIE, TRAITEMENT dans le surnageant de plasmocytes normaux (7). En outre, dans deux modèles de souris myélomateuses, l’inhibition de MIP-1α soit par des anticorps, soit par la transfection d’un ARN antisens aboutit à une inhibition totale de l’ostéolyse (8). Surtout, il s’y associe une diminution du volume tumoral appréciée histologiquement, une diminution du composant monoclonal et, dans l’un de ces modèles, une augmentation de la survie des souris. Il semble que MIP-1α puisse activer directement l’ostéoclaste en association avec l’IL-6 et indépendamment de la voie RANK-RANKL (9). Toutefois, les récepteurs de MIP-1α, CCR1 et CCR5, sont présents sur la cellule stromale médullaire. De plus, MIP-1α augmente l’expression de VLA-5, une intégrine proche de VLA-4, et on a vu l’importance du contact VLA4-ICAM pour stimuler l’expression de RANKL sur la cellule stromale. Il n’est donc pas impossible que MIP-1α ait aussi une action permettant d’augmenter RANKL sur cette cellule stromale. Les données concernant l’action des trois principaux facteurs ostéoclastiques du myélome : RANKL, IL-6 et MIP-1α, sont résumées dans la figure 1. Figure 1. Physiopathologie de l’ostéolyse dans le myélome : rôle central de l’IL-6, de RANKL et de MIP-1α. NOUVEAUTÉS DANS L’IMAGERIE DE L’OSTÉOLYSE DU MYÉLOME Les radiographies standard du squelette Les radiographies standard du squelette restent l’examen le plus important pour mettre en évidence les lésions osseuses du myélome (figure 2, p. 30). Les lésions des extrémités sont rares, et l’on peut se contenter dans la plupart des cas de radiographies de l’ensemble du rachis, du crâne, du gril costal, du bassin, des humérus et des fémurs. 29 P H Y S I O PAT H O L O G I E , IMAGERIE, TRAITEMENT b a osseuses rachidiennes de myélome. Les anomalies sont celles de toute lésion tissulaire : hypersignal en T2, hyposignal en T1 se rehaussant après injection intraveineuse de gadolinium (figures 3 et 4). Cependant, l’indication de l’IRM ne doit pas être systématique, car, le plus souvent, elle ne modifie pas la prise en charge thérapeutique d’un malade ayant des localisations osseuses connues en radiologie standard. Figure 2. Radiographie de crâne de face (a) et de profil (b) montrant des géodes à l’emporte-pièce. La scintigraphie osseuse Elle n’a aucune utilité dans le myélome, n’entraînant une fixation que dans la moitié des cas environ, contrairement à ce qui est observé dans les métastases osseuses. En effet, la scintigraphie n’entraîne une hyperfixation qu’en cas d’augmentation de l’activité ostéoblastique, ce qui n’est pas souvent le cas dans le myélome. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) L’IRM du rachis est un examen assurément plus sensible que la radiographie standard pour mettre en évidence des lésions Figure 3. IRM du bassin en séquence T1 montrant de nombreuses images en hyposignal T1 sur les deux fémurs. Les indications de l’IRM dans le myélome sont actuellement au nombre de quatre : 1. Le plasmocytome solitaire. Le plasmocytome solitaire, s’il est vraiment solitaire, est accessible à la guérison par un traitement radical chirurgical ou radiothérapique. L’IRM, dans un bon nombre de cas, peut révéler que le plasmocytome que l’on croyait solitaire est en fait multiple ; dans ce cas, la stratégie thérapeutique doit bien sûr changer, car il n’y a plus d’espoir de guérison avec un traitement local. 2. La suspicion de compression médullaire ou de la queue de cheval. C’est bien sûr l’indication la plus classique de l’IRM dans le myélome. 3. Le bilan systématique avant radiothérapie rachidienne. Une radiothérapie rachidienne est quelquefois proposée à titre antalgique chez un patient ayant un tassement vertébral restant douloureux malgré la chimiothérapie. Quand cette indication est posée, il est utile d’effectuer une IRM afin de rechercher une éventuelle épidurite asymptomatique associée, qui pourrait conduire à modifier l’étendue de la radiothérapie prévue. 4. Le myélome de stade I sans lésion osseuse radiographique. Les myélomes de stade I sans lésion osseuse ne doivent pas être traités par chimiothérapie. Ils peuvent rester indolents pendant de très nombreuses années. Toutefois, ils peuvent aussi évoluer vers des myélomes symptomatiques. Dans une étude récente concernant 55 patients, nous avons démontré que la présence de lésions osseuses sur l’IRM (figures 5 et 6) était le meilleur facteur pronostique de progression : le délai médian avant progression était d’environ deux ans chez les malades ayant une IRM anormale, alors qu’avec un suivi de 25 mois, seuls deux des 38 malades avec IRM normale avaient évolué (10). Il faut rappeler par ailleurs que l’IRM est toujours normale chez les patients ayant une immunoglobuline monoclonale bénigne, et que cet examen peut s’avérer très utile quand ces patients présentent en plus une ostéoporose, dont l’étiologie peut être tout à fait bénigne et non reliée à l’apparition d’un myélome. L’ostéodensitométrie a b Figure 4. IRM du rachis montrant une lésion vertébrale en hyposignal T1 (a) se rehaussant après injection de gadolinium (b). 30 L’ostéodensitométrie permet une mesure de la masse osseuse qui peut être effectuée soit en lombaire, soit en fémoral, soit en corps entier (figure 7). Dans le myélome, le site de mesure de la masse osseuse le plus intéressant est le rachis lombaire, région fréquemment touchée par la prolifération plasmocytaire. La Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002 P H Y S I O PAT H O L O G I E , Figure 5. Atteinte focale unique au cours d’un myélome de stade I sans lésion osseuse sur les radiographies standard. IMAGERIE, TRAITEMENT La densité minérale osseuse lombaire est nettement diminuée chez les malades ayant un myélome de stade III, alors qu’elle est proche de la normale chez les malades ayant un myélome de stade I sans complication osseuse. Nous avons démontré que la masse osseuse lombaire augmentait d’environ 5 % par an chez des patients répondeurs à un traitement chimiothérapique, qu’il soit intensif ou classique, et cela en l’absence de tout médicament à visée spécifique osseuse (11). Cette augmentation de la masse osseuse se poursuit dans le temps chez les malades restant en rémission. Cet examen peut donc être une aide au suivi évolutif des malades ayant un myélome non sécrétant ou pauci-sécrétant. L’augmentation de la masse osseuse sous chimiothérapie seule confirme les relations étroites observées dans cette maladie entre les plasmocytes tumoraux et l’augmentation de la résorption osseuse. Le PET scan Cette nouvelle méthode d’imagerie pourrait être particulièrement intéressante dans le myélome. Un article récent l’a évaluée chez 28 patients souffrant de myélome et 15 patients atteints de plasmocytome solitaire (12). Chez les patients atteints de myélome, le PET scan mettait en évidence deux fois plus de lésions osseuses que les radiographies standard. Chez 3 des 15 patients atteints de plasmocytome, le PET scan révélait de nouvelles lésions ignorées par les radiographies. Enfin, chez de rares malades en rémission clinico-biologique, le PET scan ne retrouvait plus aucune fixation, ce qui pourrait en faire un examen utile dans le bilan de rémission. NOUVEAUTÉS DANS LE TRAITEMENT DE L’OSTÉOLYSE DU MYÉLOME Figure 6. Atteintes focales multiples au cours d’un myélome de stade I sans lésion osseuse sur les radiographies standard. Nous nous limiterons aux traitements à visée osseuse et n’aborderons pas le traitement chimiothérapeutique, qu’il soit intensif ou conventionnel. a b Figure 7. Mesure de la densitométrie osseuse lombaire (a) et corps entier (b) au cours du myélome. La Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002 31 P H Y S I O PAT H O L O G I E , IMAGERIE, TRAITEMENT Quelle est la place de la chirurgie ? La chirurgie est indiquée dans les situations suivantes : # Réduction et fixation d’une fracture périphérique. pie) (13). Il n’y a aucune différence de survie, sauf, paradoxalement, dans le sous-groupe de malades n’ayant pas de lésions osseuses initialement, et analysé de façon rétrospective (14). # Ostéosynthèse préventive d’une volumineuse lésion lytique périphérique ou rachidienne avec risque très important de fracture ou d’instabilité. Cette indication est souvent difficile. Au rachis, s’il y a un risque d’instabilité, et donc de compression neurologique, l’indication chirurgicale existe. Pour le squelette périphérique, il faut se poser la question suivante : la chirurgie préventive permettra-t-elle d’éviter un geste plus lourd si elle est effectuée après la survenue de la fracture ? En effet, l’alternative dans ce type de situation est la radiothérapie (cf. infra). Les bisphosphonates par voie intraveineuse. Le seul à avoir l’AMM dans le myélome sans hypercalcémie est le pamidronate (Arédia® à la dose de 90 mg par voie intraveineuse en perfusion de deux heures, en l’absence d’hypercalcémie) une fois par mois. Sous pamidronate, la réduction du nombre d’événements osseux est de l’ordre de 50 % (15). Cet effet se maintient après deux ans de traitement. Mais surtout, chez les malades en rechute, on observe sous pamidronate un allongement significatif de la survie : 21 mois versus 14 mois (16). # Chirurgie-exérèse d’un plasmocytome solitaire. Dans ce cas, la chirurgie doit être, si possible, “carcinologiquement” satisfaisante, et complétée de radiothérapie. Les nouveaux bisphosphonates. Les nouveaux bisphosphonates, comme le zolédronate, très récemment introduit, ont une activité antiostéoclastique cent à mille fois supérieure à celle du pamidronate. Des données très récentes indiquent que 4 mg de zolédronate en perfusion de 15 minutes ont un effet au moins équivalent à celui de 90 mg de pamidronate en perfusion de deux heures pour prévenir l’apparition de nouveaux événements osseux dans le myélome (17). Enfin, certains nouveaux bisphosphonates pourraient avoir une activité antiplasmocytaire intrinsèque ou une action potentialisatrice de l’action de la chimiothérapie (18) (voir l’article de M. Rousière et P. Orcel dans ce même numéro, p. 21). # Chirurgie décompressive d’une compression médullaire ou de la queue de cheval. Cette indication était encore très classique il y a une dizaine d’années. Actuellement, si la compression neurologique est liée à une épidurite et non à une compression osseuse, et s’il n’y a pas de risque d’instabilité, le traitement de première intention consiste en la réalisation de trois bolus de corticoïdes suivis d’une irradiation en urgence. La chirurgie est réservée aux cas de compression osseuse ou aux cas de compression neurologique survenant sur des rachis déjà irradiés. Quelle est la place de la radiothérapie ? La radiothérapie est indiquée dans les situations suivantes : # Complément de traitement chirurgical curatif ou préventif afin de faciliter la consolidation. # Traitement d’un plasmocytome solitaire : la dose doit alors être élevée pour être éradicatrice (50 grays). # Traitement en urgence d’une compression médullaire ou de la queue de cheval (cf. supra). # Traitement de lésions osseuses lytiques non fracturées ou de tassements vertébraux restant douloureux, malgré la chimiothérapie associée aux bisphosphonates. Quelle est la place des bisphosphonates ? L’utilisation des bisphosphonates dans le myélome représente un des progrès importants des dix dernières années. Les différents bisphosphonates disponibles. Les bisphosphonates par voie orale. Le seul à avoir l’AMM dans les ostéolyses malignes sans hypercalcémie est le clodronate (Clastoban® ou Lytos®). Le Clastoban® est utilisé à la dose de 1 600 mg/jour (2 gélules x 2), le Lytos® à la dose de 1 040 mg/jour (1 cp x 2). Le coût du traitement journalier est à peu près équivalent : 7 à 9 euros. Sous clodronate, il existe, dans une étude, une diminution d’environ 30 % des nouveaux événements osseux (tassements vertébraux, fractures non vertébrales, épisodes d’hypercalcémie et indications de radiothéra32 Quelles sont les indications des bisphosphonates dans le myélome ? Les bisphosphonates doivent être prescrits dans les situations suivantes : # Les épisodes d’hypercalcémie aiguë. # Chez tous les malades en rechute. En effet, la fréquence des événements osseux augmente chez ces malades. De plus, dans ce sous-groupe de malades, une amélioration de la survie avec le pamidronate a été démontrée. # Faut-il prescrire des bisphosphonates chez tous les malades au diagnostic ? La réponse à cette question n’est pas univoque. S’il est démontré que les bisphosphonates diminuent le nombre d’événements osseux, il est aussi démontré que les malades répondeurs à la chimiothérapie voient leur masse osseuse augmenter d’environ 5 % par an en l’absence de tout traitement par bisphosphonate. Il faut donc faire preuve de bon sens clinique, et proposer un traitement par bisphosphonates au diagnostic chez les malades ayant des douleurs osseuses importantes ou de nombreuses lésions lytiques. Il faudra également prescrire systématiquement ce médicament chez les malades non répondeurs après six cures de chimiothérapie. # Faut-il traiter les malades en rémission au plateau après chimiothérapie classique ou après chimiothérapie intensive ? Il n’existe aucun élément de la littérature prouvant le bénéfice d’un traitement dans cette situation. Il est également à noter que la diminution de fréquence des événements osseux sous pamidronate atteint 50 % à 9 mois, mais n’augmente pas La Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002 P H Y S I O PAT H O L O G I E , IMAGERIE, TRAITEMENT ensuite, même si le traitement est continué pendant 21 mois (10). L’utilisation de nouveaux bisphosphonates plus puissants, qui pourraient permettre une administration rapide et à intervalle prolongé (tous les trois à six mois), serait intéressante à évaluer dans cette phase de plateau. ration des plasmocytes, les inhibiteurs du système RANKLRANK pourraient non seulement bloquer la résorption osseuse, mais aussi affecter la croissance tumorale. " Quel bisphosphonate choisir ? # En cas d’hypercalcémie : l’administration du bisphosphonate se fait par voie intraveineuse. Pamidronate, clodronate, ibandronate et zolédronate ont démontré leur efficacité. Le zolédronate a démontré une action plus précoce et plus prolongée que le pamidronate dans cette indication (19). 1. Bataille R, Chappard D, Klein B. The critical role of interleukin-6, interleukin1B and macrophage colony-stimulating factor in the pathogenesis of bone lesions in multiple myeloma. Int J Clin Lab Res 1992 ; 21 : 283-7. 2. Yasuda H, Shima N, Nakagawa N et al. Osteoclast differentiation factor is a ligand for osteoprotegerin/osteoclastogenesis-inhibitory factor and is identical to TRANCE/RANKL. Proc Natl Acad Sci USA 1998 ; 95 : 3597-602. 3. Hsu H, Lacey DL, Dunstan CR et al. Tumor necrosis factor receptor family member RANK mediates osteoclast differentiation and activation induced by osteoprotegerin ligand. Proc Natl Acad Sci USA 1999 ; 96 : 3540-5. 4. Pearse RN, Sordillo EM, Yaccoby S et al. Multiple myeloma disrupts the TRANCE/ osteoprotegerin cytokine axis to trigger bone destruction and promote tumor progression. Proc Natl Acad Sci USA 2001 ; 98 : 11581-6. 5. 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Zoledronic acid is superior to pamidronate in the treatment of hypercalcemia of malignancy : a pooled analysis of two randomized, controlled clinical trials. J Clin Oncol 2001 ; 19 : 558-67. 20. Greipp P, Facon T, Williams CD et al. A single subcutaneous dose of an osteoprotegerin (OPG) construct (AMGN-0007) causes a profound and sustained decrease of bone resorption comparable to standard intravenous bisphosphonate in patients with multiple myeloma. Blood 2001 ; 98 (11) : abstract 3227. # En prévention des événements osseux. Les études les plus démonstratives ont été faites avec des bisphosphonates intraveineux : pamidronate et zolédronate. Cependant, une étude a montré un effet positif avec le clodronate per os. On privilégiera donc l’utilisation d’un bisphosphonate i.v., mais, dans certaines situations (notamment des malades traités par chimiothérapie orale et n’étant jamais hospitalisés), il est possible d’utiliser le clodronate par voie orale. Quels sont les espoirs des nouveaux traitements à visée osseuse dans le myélome ? Les inhibiteurs du système RANK-RANKL Le système RANK-RANKL est régulé négativement par une protéine soluble appelée ostéoprotégérine, qui peut se fixer sur RANKL et empêcher ainsi la liaison RANKL-RANK, et donc l’hyperostéoclastose. On conçoit facilement l’importance potentielle que peut avoir l’ostéoprotégérine en thérapeutique dans les états pathologiques d’hyperrésorption osseuse. Les résultats d’une étude de phase I dans le myélome indiquent que l’ostéoprotégérine entraîne une diminution importante et prolongée des marqueurs de résorption osseuse (20). Cependant, comme il a été rappelé par S. Roux dans ce numéro, l’OPG bloque aussi la voie apoptotique TRAIL-TRAIL-R, et pourrait de ce fait avoir un effet néfaste sur la prolifération tumorale. Ainsi, d’autres molécules inhibitrices du système RANK-RANKL, en particulier des anticorps monoclonaux anti-RANKL, sont en cours d’évaluation. CONCLUSION Les méthodes d’imagerie, et surtout les traitements à visée osseuse, ont fait des progrès importants ces dernières années. La découverte du système RANK-RANKL laisse espérer des avancées thérapeutiques encore plus importantes pour les prochaines années. On voit poindre l’espoir d’inhiber complètement les complications osseuses de la maladie, qui en représentent la principale morbidité. De plus, compte tenu du rôle majeur des interactions entre plasmocytes tumoraux et microenvironnement médullaire dans la résorption osseuse, mais aussi dans la survie et la proliféLa Lettre du Rhumatologue - n° 284 - septembre 2002 Bibliographie 33