
Monty Arnaud. (2009). Sources de variation phénotypique des traits d’histoire de vie
d’une espèce invasive, Senecio inaequidens DC. (Asteraceae)(thèse de doctorat).
Gembloux, Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques.
18 p., 1 fig., 1 tableau, 7 articles.
Résumé
L’importance des différentes sources de variation phénotypique que sont l’adaptation, la
plasticité phénotypique, les effets maternels environnementaux, le niveau de ploïdie et la
dérive génétique, a été analysée pour différents traits d’histoire de vie, au sein de l’aire
colonisée par une espèce végétale invasive. A cette fin, plusieurs expériences en jardins
communs ont été installées, dont deux en transplantations réciproques. Les populations
considérées étaient localisées en Belgique, en France, ainsi que dans l’aire d’indigénat de
l’espèce. Senecio inaequidens DC. (Asteraceae), l’espèce étudiée dans ce travail, est une
plante d’origine africaine accidentellement introduite en Europe par le commerce lainier,
vers la fin du 19
ème
siècle. Dans son aire d’indigénat, elle présente deux niveaux de ploïdie,
diploïde et tétraploïde. Seuls des plants tétraploïdes sont recensés en Europe. L’espèce
présente un historique de colonisation particulier, bien documenté, qui en fait un modèle
idéal pour les études évolutives. Les traits d’histoire de vie considérés ont été scindés en
deux groupes. Les premiers concernaient la germination, la croissance et la reproduction
sexuée. Les sources de variation phénotypique dans ces traits ont été principalement
analysées en relation avec les variations climatiques dans l’aire d’invasion, le long de
gradients d’altitude, ainsi qu’en relation avec le niveau de ploïdie et l’aire d’origine (aire
d’indigénat vs aire d’invasion). Le deuxième groupe de traits considérés concernaient les
capacités de dispersion de l’espèce. Celles-ci ont été modélisées. La variabilité phénotypique
dans ces traits a ensuite été analysée, parmi les populations françaises, en relation avec
l’éloignement depuis le site de première introduction.
Les résultats ont montré des différences entre les cytotypes de l’espèce, principalement dans
les capacités de survie hivernale. Le long des gradients d’altitude, les populations de S.
inaequidens présentaient des différenciations phénotypiques de type clinal, dans les traits de
croissance. Ces différenciations étaient d’origine génétique, même si les effets maternels
environnementaux sont apparus comme des sources non-négligeables de variation
phénotypique dans les zones à climat rigoureux. Parmi les traits liés à la dispersion, le
plume loading était le mieux corrélé aux capacités de dispersion par le vent. Des
différenciations clinales ont été détectées dans les traits de dispersion, en jardin commun,
mais n’ont pas été vérifiées en populations naturelles.