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Le vœu des croisés était rempli. Les chrétiens, qui pourtant étaient en force, ne
chercheront pas à en finir avec l’Islam syrien, se contentant de renforcer leur position sur la
frange côtière. Ne restent avec Godefroy de Bouillon que quelques centaines de chevaliers. Des
tentatives de croisades de renfort ou de peuplement échoueront, entraînant la mort de milliers
d’hommes qui manqueront cruellement à la Syrie franque. En 1124, à la reprise générale des
hostilités, les quatre Etats francs (Principauté d’Antioche, comtés d’Edesse et de Tripoli,
royaume de Jérusalem) ne mettront sur pied qu’à peine plus de mille chevaliers. Les ordres
militaires constitueront l’armée permanente de l’Orient latin (ordre de l’Hôpital de Saint Jean de
Jérusalem, Templiers, Chevaliers teutoniques).
La perte du comté d’Edesse en 1144 fera l’occasion de la deuxième croisade, prêchée par
Saint Bernard : « Voici une guerre légitime (…). Il ne s’agit pas de venger les injures des
hommes mais celles de la divinité ; il ne s’agit plus d’attaquer une ville ou un château mais de
conquérir les lieux saints ». Conduite par l’empereur germanique et par le roi de France Louis
VII, elle se solde par un échec devant Damas, entraînant la perte d’une partie de la principauté
d’Antioche.
Jérusalem connaîtra une belle défense, notamment avec Beaudouin IV, le jeune roi
lépreux., dont la succession ne fut pas assurée et en 1187, après la défaite d’Hattin, le royaume
de Jérusalem tombe aux mains de Saladin, à l’exception de Tyr qui servira de base de départ
pour la troisième croisade conduite par l’empereur germanique, Frédéric Barberousse, le roi
d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, et le roi de France, Philippe Auguste. Ils reprennent
Chypre et Acre qui, en 1191, devient pour un siècle la capitale du royaume de Jérusalem.
La quatrième croisade est déclenchée par Innocent III. Elle fut détournée de son objectif
en allant occuper Constantinople en 1204, avec des destructions impardonnables. Des historiens
estiment qu’à long terme, cet acte de brigandage a ouvert la porte à la conquête ottomane. Il pèse
aujourd’hui encore dans les relations avec les orthodoxes. Constantinople ne sera rendu aux
grecs qu’en 1261.
En 1216, une cinquième croisade est ordonnée par Honorius et conduite par le roi de
Hongrie et le duc d’Autriche. Ils échouent au mont Thabor. Dans le même temps d’autres
croisés débarquent en Egypte, et prennent Damiette, dans le delta du Nil, dont le sultan propose
l’échange avec Jérusalem. Le légat n’accepte pas cette proposition et Damiette devra être
abandonné peu après.
La sixième croisade menée par Frédéric II revêt un aspect plus diplomatique que
guerrier. Par le traité de Jaffa, en 1229, Jérusalem est reconnue Ville Sainte pour les deux
cultes : Le Saint Sépulcre est rendu aux chrétiens mais les musulmans gardent la mosquée
d’Omar et celle d’Al Aqça. Cet équilibre ne durera pas, notamment en raison de querelles entre
barons, et, en 1244, Jérusalem est définitivement enlevée aux chrétiens par les Turcs.
C’est ce qui conduit Louis IX à partir en croisade. Estimant que la clef de Jérusalem est
au Caire, il s’empare de Damiette, en 1249, où il reste bloqué par une crue du Nil. Il refuse à son
tour l’échange de Damiette avec Jérusalem, marche sur le Caire mais doit capituler en 1250. Il
est fait prisonnier quelques jours puis part pour la Syrie où il restera quatre ans. Il y rétablit
l’ordre et la discipline
Mais, dès son départ, ce sera de nouveau l’anarchie, à laquelle s’ajoutent les rivalités
commerciales entre génois et vénitiens, alors que l’unité de l’adversaire se réalise sous le
sultanat mamelouk. La mort de Saint Louis à Tunis, au départ de la huitième croisade, en 1270,
enlève tout espoir. Tripoli est perdu en 1289, Acre en 1291 puis Tyr, Sidon, Beyrouth.
Derrière cette histoire chaotique où les discordes se sont poursuivies jusqu’à la dernière
heure, il reste que pendant près de deux cents ans la Syrie franque a vu fleurir une brillante