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est-ce transformer les conduites sous les effets de l’environnement (empiristes)?
Piaget a proposé un premier dépassement en introduisant la notion d'interactionnisme et en
faisant de l'action le moteur du développement. Cependant il a méconnu les capacités
précoces de l'enfant et assujetti l'apprentissage au développement. L'école devrait avant tout
accompagner le développement.
Vygotski s'oppose à cette conception. L'activité humaine étant une activité de transformation
du milieu, est toujours médiée par des instruments, des outils, outils matériels (techniques) ou
outils mentaux. Ces outils (qui sont des formes de la mémoire sociale) permettent de dépasser
les contraintes biologiques de l'organisme pour agir sur l'environnement et le transformer. Le
langage est un de ces outils et il ouvre à l’enfant un vaste univers. Vygotski considère alors
que l'éducation est une forme de développement (développement artificiel) par les
apprentissages des outils en interaction avec l'adulte, ou les pairs. L'environnement de l'enfant
n'est pas le nôtre. L'initier à la construction et l'utilisation des outils matériels et mentaux ne
peut donc passer par une copie du modèle, une reproduction des formes de l'adulte, mais doit
être une réelle appropriation, une construction. L’enfant aborde l’environnement avec les
outils dont il dispose. Il agit, expérimente et construit de nouveaux outils qui lui permettent de
découvrir d’autres dimensions du monde. Grandir prend une dimension éminemment sociale.
Grandir c’est construire son histoire
Se construire suggère l’idée d'éveil : quelque chose qui sous-tend l’accès à sa vérité, à son
équilibre en même temps que la compréhension de la nature des choses. Grandir et se
construire c'est aller vers plus de moyens d'agir, de penser, de comprendre, d'être soi, avec et
parmi les autres. L'enfant a ses manières propres d’agir et de faire mais il est beaucoup plus
dépendant du milieu et des autres. Disons donc que grandir c'est aller vers plus de libertés,
c'est se libérer des dépendances. Grandir n’est pas accumuler des connaissances et savoirs
faire. Les problèmes que rencontrent certains enfants surdoués nous le montrent.
Grandir c'est donc une histoire, un parcours, un chemin que l'on trace dans un monde que l'on
construit en même temps que les outils d'appropriation de ce monde, un monde qui se
transforme (que l'on transforme en fonction de notre cheminement). Cheminer c'est suivre
et/ou tracer sa piste, cheminer laisse des traces qui sont autant de marques de ce qu'on a fait
ou été à telle ou telle période.
Construire son histoire : un chemin fait de différentes sortes de traces
Si on prend chacun d'entre nous à n'importe quel moment de notre histoire nous avons à faire
avec toutes ces traces imprimées, parfois oubliées, méconnues, niées, refusées, combattues,
fantasmées, puis reconstruites. Ces traces ont pu être autant d'empreintes de notre
environnement physique et social, mais aussi des productions délibérées dans le but de nous
instruire, de nous élever avec les meilleures ou les pires intentions du monde.
Les traces sont donc les preuves, les attestations, les témoignages de la vie elle-même, elles
prennent la forme de récits, dessins , photos, films, cahiers, albums qui servent à
communiquer, rendre compte, ce sont les vestiges, les mémoires de notre histoire. J'ai fait
ceci ou cela, je suis allé ici ou là, j'ai vu telle fleur ou tel arbre, les animaux de la ferme et je
peux vous en parler.
Elles sont aussi autant d'indices, d’empreintes, marques, repères laissés par notre passage, par
nos activités et expériences et nous permettent de suivre notre cheminement, notre évolution,
notre développement, d'en repérer les obstacles, les réussites.
Les traces ce sont les chemins eux-mêmes actuels ou futurs, les nouvelles pistes à explorer ;
les essais successifs pour faire un carré, lacer ses chaussures, dessiner un escargot, s'accaparer
la trottinette. Il y a ceux qui suivent la trace, ceux qui ouvrent la trace, ceux qui bifurquent ou
modifient la trace...