1 - VetAgro Sup

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VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2014 - Thèse n°
CONTRIBUTION A L’ETUDE DES AVORTEMENTS CHEZ LA
VACHE : MISE EN PLACE D’UN PROTOCOLE EN VUE DU
DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 19 septembre 2014
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
Bricout Jeanne
Née le 16 septembre 1988
à Saint Quentin (02)
VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2014 - Thèse n°
CONTRIBUTION A L’ETUDE DES AVORTEMENTS CHEZ LA
VACHE : MISE EN PLACE D’UN PROTOCOLE EN VUE DU
DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 19 septembre 2014
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
Bricout Jeanne
Née le 16 septembre 1988
à Saint Quentin (02)
Liste des enseignants du Campus vétérinaire de Lyon (mise à jour 13/03/14)
Civilité
M.
Nom
ALOGNINOUWA
Prénom
Théodore
Unités pédagogiques
Pathologie du bétail
Grade
Professeur
ALVES-DE-OLIVEIRA
Laurent
Gestion des élevages
Maître de conférences
ARCANGIOLI
Marie-Anne
Pathologie du bétail
Maître de conférences
M.
ARTOIS
Marc
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
M.
BARTHELEMY
Anthony
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences Contractuel
BECKER
Claire
Pathologie du bétail
Maître de conférences
BELLI
Patrick
Pathologie morphologique et clinique des
animaux de compagnie
Maître de conférences Contractuel
BENAMOU-SMITH
Agnès
Equine
Maître de conférences
M.
BENOIT
Etienne
Biologie fonctionnelle
Professeur
M.
BERNY
Philippe
Biologie fonctionnelle
Professeur
Mme
BERTHELET
Marie-Anne
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
Mme
BONNET-GARIN
Jeanne-Marie
Biologie fonctionnelle
Professeur
Mme
BOULOCHER
Caroline
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
M.
BOURDOISEAU
Gilles
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
M.
BOURGOIN
Gilles
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
M.
BRUYERE
Pierre
Biotechnologies et pathologie de la
reproduction
Maître de conférences Stagiaire
M.
BUFF
Samuel
Biotechnologies et pathologie de la
reproduction
Maître de conférences
M.
BURONFOSSE
Thierry
Biologie fonctionnelle
Maître de conférences
M.
CACHON
Thibaut
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences Stagiaire
M.
CADORE
Jean-Luc
Pathologie médicale des animaux de
compagnie
Professeur
CALLAIT-CARDINAL
Marie-Pierre
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
M.
CAROZZO
Claude
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
M.
CHABANNE
Luc
Pathologie médicale des animaux de
compagnie
Professeur
CHALVET-MONFRAY
Karine
Biologie fonctionnelle
Professeur
COMMUN
Loic
Gestion des élevages
Maître de conférences
Mme
DE BOYER DES ROCHES
Alice
Gestion des élevages
Maître de conférences
Mme
DELIGNETTE-MULLER
Marie-Laure
Biologie fonctionnelle
Professeur
DEMONT
Pierre
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
M.
Mme
Mme
M.
Mme
Mme
Mme
M.
M.
3
Mme
DESJARDINS PESSON
Isabelle
Equine
Maître de conférences Contractuel
Mme
DJELOUADJI
Zorée
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
Mme
ESCRIOU
Catherine
Pathologie médicale des animaux de
compagnie
Maître de conférences
FAU
Didier
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Professeur
FOURNEL
Corinne
Pathologie morphologique et clinique des
animaux de compagnie
Professeur
M.
FRANCK
Michel
Gestion des élevages
Professeur
M.
FREYBURGER
Ludovic
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
M.
FRIKHA
Mohamed-Ridha
Pathologie du bétail
Maître de conférences
GILOT-FROMONT
Emmanuelle
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
GONTHIER
Alain
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
GRAIN
Françoise
Gestion des élevages
Professeur
GRANCHER
Denis
Gestion des élevages
Maître de conférences
Mme
GREZEL
Delphine
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
M.
GUERIN
Pierre
Biotechnologies et pathologie de la
reproduction
Professeur
HUGONNARD
Marine
Pathologie médicale des animaux de
compagnie
Maître de conférences
M.
JUNOT
Stéphane
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
M.
KECK
Gérard
Biologie fonctionnelle
Professeur
M.
KODJO
Angeli
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
LAABERKI
Maria-Halima
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
LACHERETZ
Antoine
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
Mme
LAMBERT
Véronique
Gestion des élevages
Maître de conférences
Mme
LATTARD
Virginie
Biologie fonctionnelle
Maître de conférences
Mme
LE GRAND
Dominique
Pathologie du bétail
Professeur
Mme
LEBLOND
Agnès
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
LEPAGE
Olivier
Equine
Professeur
Mme
LOUZIER
Vanessa
Biologie fonctionnelle
Maître de conférences
M.
MARCHAL
Thierry
Pathologie morphologique et clinique des
animaux de compagnie
Professeur
M.
Mme
Mme
M.
Mme
M.
Mme
Mme
M.
M.
4
Mme
MIALET
Sylvie
Santé Publique et Vétérinaire
Mme
MICHAUD
Audrey
Gestion des élevages
Maître de conférences
M.
MOUNIER
Luc
Gestion des élevages
Maître de conférences
M.
PEPIN
Michel
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
M.
PIN
Didier
Pathologie morphologique et clinique des
animaux de compagnie
Maître de conférences
Mme
PONCE
Frédérique
Pathologie médicale des animaux de
compagnie
Maître de conférences
Mme
PORTIER
Karine
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
Mme
POUZOT-NEVORET
Céline
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
Mme
PROUILLAC
Caroline
Biologie fonctionnelle
Maître de conférences
Mme
REMY
Denise
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Professeur
M.
ROGER
Thierry
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Professeur
M.
SABATIER
Philippe
Biologie fonctionnelle
Professeur
M.
SAWAYA
Serge
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences
Mme
SEGARD
Emilie
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences Contractuel
Mme
SERGENTET
Delphine
Santé Publique et Vétérinaire
Maître de conférences
Mme
SONET
Juliette
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Maître de conférences Contractuel
M.
THIEBAULT
Jean-Jacques
Biologie fonctionnelle
Maître de conférences
M.
VIGUIER
Eric
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Professeur
VIRIEUX-WATRELOT
Dorothée
Pathologie morphologique et clinique des
animaux de compagnie
Maître de conférences Contractuel
ZENNER
Lionel
Santé Publique et Vétérinaire
Professeur
Mme
M.
Inspecteur en santé publique
vétérinaire (ISPV)
5
6
REMERCIEMENTS
A MONSIEUR LE PROFESSEUR OLIVIER CLARIS
DE LA FACULTE DE MEDECINE CLAUDE BERNARD DE LYON
QUI NOUS A FAIT L’HONNEUR D’ACCEPTER DE PRESIDER CE JURY.
RESPECTUEUX HOMMAGES.
A MONSIEUR LE PROFESSEUR PIERRE GUERIN
DE VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
POUR AVOIR ENCADRE CE TRAVAIL AVEC BEAUCOUP DE DISPONIBILITE. POUR SON SOUTIEN
ET SES NOMBREUX CONSEILS.
AVEC TOUTE MA GRATITUDE ET MON RESPECT LES PLUS SINCERES.
A MONSIEUR LE PROFESSEUR PIERRE BRUYERE
DE VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
POUR AVOIR ACCEPTE DE RELIRE ET DE CORRIGER CE TRAVAIL. POUR SA MOTIVATION ET
SES CONSEILS.
MES PLUS SINCERES REMERCIEMENTS.
7
A mes parents,
Pour m’avoir toujours soutenue dans mes choix. Même si ça n’a pas toujours été facile de
gérer mes moments de doute, vous avez toujours cru en moi et c’est grâce à vous que j’en
suis là.
A Louise,
A nos bons moments entre sœurs. A nos we à vadrouiller, en France, comme à l’étranger...
Merci pour ton soutien !
A Charles,
Je suis très heureuse et fière que tu prennes la suite. Tu pourras toujours compter sur ta
grande sœur, en toutes circonstances !
A Papy et Mamie,
Merci de m’avoir toujours soutenue, dans mes moments de préparation au concours,
comme après. Votre aide m’a été précieuse.
A Simone, ma marraine,
Un grand merci pour tes encouragements tout au long de mon parcours, du collège à mes
premiers pas de véto !
8
Table des matières
TABLEAUX.............................................................................................................................................11
FIGURES................................................................................................................................................14
ABREVIATIONS .....................................................................................................................................17
PREMIERE PARTIE: GENERALITES SUR LES AVORTEMENTS BOVINS : DEFINITION, MECANISMES
PATHOGENIQUES ET OUTILS DE DETERMINATION DU STADE DE GESTATION DE L’AVORTANTE .... 21
A)
1.
2.
3.
B)
1.
2.
3.
4.
5.
C)
1.
2.
DEFINITION ............................................................................................................................ 21
DEFINITION LEGALE ............................................................................................................................21
AVORTEMENTS ISOLES OU REPETES .......................................................................................................22
L'AVORTEMENT BOVIN EST SOUMIS A UNE DECLARATION OBLIGATOIRE ........................................................23
MECANISMES DE L'AVORTEMENT BOVIN ........................................................................................ 24
LIENS ANATOMIQUES ENTRE LA MERE ET LE FŒTUS...................................................................................24
PERIODES A RISQUE LORS DE LA GESTATION ............................................................................................24
SECRETIONS PLACENTAIRES NECESSAIRES AU MAINTIEN DE LA GESTATION .....................................................26
NOTION D’ALLOGREFFE FŒTALE............................................................................................................27
MECANISMES A L'ORIGINE DE L'AVORTEMENT .........................................................................................27
OUTILS DE DETERMINATION DU STADE DE GESTATION DE L'AVORTANTE ................................................. 28
BUT DE LA DETERMINATION DE L'AGE DE L'AVORTON ................................................................................28
EXAMEN DE L'AVORTON ......................................................................................................................28
DEUXIEME PARTIE: ETIOLOGIE DES AVORTEMENTS BOVINS : CAUSES NON INFECTIEUSES ET CAUSES
INFECTIEUSES ............................................................................................................................. 33
A)
1.
2.
3.
4.
B)
1.
2.
3.
4.
CAUSES NON INFECTIEUSES ........................................................................................................ 33
TRAUMATISMES ET BATIMENT ..............................................................................................................33
CAUSES IATROGENES ..........................................................................................................................33
INTOXICATIONS .................................................................................................................................37
AUTRES CAUSES ABORTIVES NON INFECTIEUSES .......................................................................................54
CAUSES INFECTIEUSES ............................................................................................................... 57
AGENTS BACTERIENS ..........................................................................................................................57
AGENTS VIRAUX ...............................................................................................................................127
LES AVORTEMENTS MYCOSIQUES ........................................................................................................168
LES PROTOZOAIRES A L’ORIGINE D’AVORTEMENTS BOVINS .......................................................................180
TROISIEME PARTIE:DEMARCHE DIAGNOSTIQUE LORS D’AVORTEMENTS BOVINS ....................198
A) CONSIDERATIONS FINANCIERES ET PRATIQUES...................................................................................198
B) SIGNES OBSERVABLES SUR LE FŒTUS OU SUR LA MERE.........................................................................198
1. LESIONS FŒTALES ............................................................................................................................198
2. EXAMEN CLINIQUE DE LA MERE ET DES CONGENERES ..............................................................................199
C) INFORMATIONS NECESSAIRES PREALABLES A LA DEMANDE D’ANALYSES ................................................200
1. ELEMENTS EPIDEMIOLOGIQUES A PRENDRE EN COMPTE AVANT LA DEMANDE D’ANALYSES DE LABORATOIRE......200
2. MILIEU DE L’ELEVAGE .......................................................................................................................203
D) ANALYSES DE LABORATOIRE DISPONIBLES .....................................................................................204
1. ECHANTILLONS PRELEVABLES, METHODE DE PRELEVEMENT ET D’ENVOI AU LABORATOIRE ..............................204
2. MISE EN EVIDENCE DE L’IMPLICATION D’UN AGENT INFECTIEUX ................................................................208
3. DIFFERENTES TECHNIQUES DE LABORATOIRE DE MISE EN EVIDENCE DE L’AGENT INFECTIEUX ...........................219
4. METHODE DE RECHERCHE D’AGENT ABORTIF NON INFECTIEUX DANS L’ALIMENTATION ..................................223
E) COMPARAISON DE DIFFERENTS PROTOCOLES PROPOSES DANS LE CADRE DES AVORTEMENTS BOVINS ............223
1. PROTOCOLE NATIONAL DE DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL DES AVORTEMENTS CHEZ LES BOVINS ...........................223
9
2.
3.
PROTOCOLE PROPOSE PAR UN GDS D’UN DEPARTEMENT PRINCIPALEMENT ALLAITANT : LA SAONE ET LOIRE .....229
PROTOCOLE PROPOSE PAR UN GDS D’UN DEPARTEMENT PRINCIPALEMENT LAITIER : LA MANCHE...................234
QUATRIEME PARTIE: PROTOCOLE D’AIDE AU DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE ...................................237
A) INTERETS DE L’UTILISATION D’UN PROTOCOLE SYSTEMATIQUE LORS D’AVORTEMENTS BOVINS ......................237
B) DEMANDE DE RECHERCHE D’AGENTS INFECTIEUX POUVANT ETRE IMPLIQUES DANS LES AVORTEMENTS .........237
C) DEMARCHE A SUIVRE PAR LE VETERINAIRE LORS D’AVORTEMENT EN ELEVAGE BOVIN ...............................245
1. AVORTON DISPONIBLE LORS DE LA VISITE DU VETERINAIRE .......................................................................245
2. AVORTON NON DISPONIBLE ...............................................................................................................247
3. AVORTON NON DISPONIBLE ET PLACENTA NON DISPONIBLE ......................................................................247
10
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLEAUX
Tableau n°1 : Seuils retenus pour différencier les avortements répétés des avortements
isolés selon la taille du troupeau
Tableau n°2 : Aide à l’estimation de l’âge du fœtus
Tableau n°3 : Tableau récapitulatif de la démarche et des résultats de l’étude de Stegelmeier
et Col.(1995)
Tableau n°4 : Tableau présentant les aliments susceptibles de contenir les principales
mycotoxines touchant les bovins
Tableau n°5 : Caractéristiques de Coxiella burnetii selon son variant antigénique
Tableau n°6 : Détermination du type d’infection à Coxiella burnetii selon les valeurs des titres
en IgG anti-phase I ou II, et selon la présence d’IgM
Tableau n°7 : Tableau résumant les caractéristiques des souches cytopathogènes et non
cytopathogènes
Tableau n°8 : Aide au diagnostic de BVD selon les résultats de sérologie et de virologie
Tableau n°9: Interprétation des résultats d’analyses individuelles sur une première prise de
sang
Tableau n°10: Interprétation des résultats d’analyses individuelles lors de la 2 ème prise de
sang
Tableau n°11 : Différents types d’atteinte du fœtus selon le stade de gestation lors de
l’infection par le virus de la FCO
Tableau n°12 : Recommandations en termes de types de prélèvements et délais
d’acheminement selon le type d’analyse demandé
Tableau n°13 : Tableau résumant les liens entre sensibilité (Se), spécificité (Sp), valeur
prédictive positive (VPP) et valeur prédictive négative (VPN)
Tableau n°14 : Tableau résumant les deux types de vaccins: délété / non délété jouant un
rôle dans le diagnostic de l’IBR
Tableau n°15 : Différentes techniques permettant la mise en évidence d’agents bactériens
impliqués dans les avortements bovins
11
Tableau n°16 : Différentes techniques permettant la mise en évidence d’agents viraux
impliqués dans les avortements bovins
Tableau n°17 : Différentes techniques permettant la mise en évidence des deux principaux
protozoaires impliqués dans les avortements bovins
Tableau n°18 : Différentes techniques permettant la mise en évidence d’agents mycosiques
impliqués dans les avortements bovins
Tableau n°19 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la fièvre Q
Tableau n°20 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la néosporose
Tableau n°21 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la BVD
Tableau n°22 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la salmonellose
Tableau n°23 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la listériose
Tableau n°24 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant les avortements mycosiques
Tableau n°25 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la chlamydophilose
Tableau n°26 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la leptospirose
Tableau n°27 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant l’IBR
Tableau n°28 : Recommandations en termes de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la FCO
Tableau n°29 : Types d’analyses conseillées par le GDS 71 concernant la brucellose et lors de
la survenue d’un deuxième avortement en moins de 30 jours
Tableau n°30 : Types d’analyses proposées sur la vache avortée et son fœtus en première
intention lors de l’utilisation du pack avortements
Tableau n°31 : Types d’analyses proposées sur la vache ayant avorté et son fœtus en
deuxième intention lors de l’utilisation du pack avortements
Tableau n°32 : Types d’analyses proposées sur les congénères de la vache ayant avorté en
deuxième intention lors de l’utilisation du pack avortements
12
Tableau n°33 : Tableau regroupant les prélèvements et analyses recommandés dans le cadre
du protocole avortement bovin proposé par le GDS 50
Tableau n°34 : Signes cliniques lors d’avortement du à l’un des 3 agents à rechercher en
première intention lors d’avortements bovins en série
Tableau n°35 : Prélèvements (les prélèvements préférentiels sont en italique), analyses de
laboratoire, critères d’imputabilité et niveaux de diagnostic concernant les agents abortifs
recherchés en première intention lors d’avortements bovins en série
Tableau n°36 : Prélèvements et analyses de laboratoire des agents abortifs recherchés en
deuxième intention lors d’avortements bovins en série
Tableau n°37 : Résultats d’analyses et niveaux de diagnostic concernant les agents abortifs à
rechercher en deuxième intention
Tableau n°38 : Prélèvements, analyses de laboratoire et critères d’imputabilité des agents
abortifs recherchés en troisième intention
13
FIGURES
Figure n°1 : Déroulement de la gestation : définition des notions de mortalité embryonnaire,
avortement et mise-bas prématurée selon le stade de gestation
Figure n°2 : Schéma de placentome
Figure n°3 : Longueur tête-anus du fœtus selon le stade de gestation d’après la formule de
Richardson
Figure n°4 : Développement fœtal du veau ½
Figure n°5 : Développement fœtal du veau 2/2
Figure n°6 : Rétrocontrole négatif exercé par le cortisol sur l’axe hypothalamo-hypophysaire
Figure n°7 : Cartes de répartition de la brucellose bovine en 1992 et 2000 en France
métropolitaine
Figure n°8 : Démarche diagnostique à mettre en œuvre sur des troupeaux exposés à la
brucellose
Figure n°9 : Démarche diagnostique préconisée par l’ACERSA lors de suspicion de fièvre Q et
lorsque la réalisation de 2 PCR quantitatives est possible
Figure n°10 : Démarche diagnostique préconisée par l’ACERSA lors de suspicion de fièvre Q
et lorsqu’une seule PCR quantitative est réalisée
Figure n°11 : Démarche à suivre lorsque l’élevage a le statut B
Figure n°12 : Grille d’interprétation des résultats de PCR sur lait de tank et séroprévalence
dans le cadre de la mise en évidence d’une circulation de fièvre Q au sein d’un troupeau
bovin
Figure n°13 : Pathogénie de la salmonellose
Figure n°14 : Pathogénie des Chlamydophila
Figure n°15 : Pathogénie de la listériose
Figure n°16 : Pathogénie de Campylobacter fetus subsp veneralis
Figure n°17 : Distribution mondiale de la campylobactériose bovine
Figure n°18 : Carte de répartition des cas bovins, humains, équins et de faune sauvage entre
1991 et 2006 en France
Figure n°19 : Suite des événements menant à la naissance d’un veau IPI
Figure n°20 : Evénements possibles suite à l’infection par le virus de la BVD selon le stade de
gestation
Figure n°21 : Etats membres de l’union européenne pour lesquels tout ou une partie du pays
est indemne d’IBR
14
Figure n°22 : Répartitions des exploitations qualifiées indemnes d’IBR en France (Corse
exclue) au 31 mai 2009
Figure n°23: Répartition des élevages infectés par le virus de l’IBR en France (Corse exclue)
au 31 mai 2009
Figure n°24 : Démarche diagnostique lors de la première prise de sang concernant l’IBR
Figure n°25: Démarche diagnostique lors de la deuxième prise de sang concernant l’IBR
Figure n°26 : Carte de la situation FCO en Europe en 2008, répartition des différentes
sérotypes
Figure n°27 : Observation d’Aspergillus fumigatus au microscope optique après mise en
culture
Figure n°28 : Observation de Mucor sp. au microscope optique après mise en culture
Figure n°29: Observation de Rhizopus sp. au microscope optique après mise en culture
Figure n°30 : Observation de Candida albicans au microscope optique après mise en culture
Figure n°31 : Représentation schématique d’une tête conidiale
Figure n°32 : photographie de placenta cartonné observable lors d’avortement mycosique
Figure n°33 : Photographie de feutrage mycélien présent sur le fœtus lors d’avortement
mycosique
Figure n°34 : Représentation schématique du cycle de Neospora caninum
Figure n°35: Représentation schématique des deux voies de contamination du fœtus par
Neospora caninum
Figure n°36 : Représentation schématique de l’épidémiologie de la néosporose
Figure n°37 : Représentation schématique de Tritrichomonas fœtus
Figure n°38 : Représentation schématique de l’épidémiologie de la trichomonose bovine
Figure n°39 : Répartition des principales causes d’avortements par stade de gestation
Figure n°40 : Exemple de boite de prélèvement
Figure n°41 : Schéma du triple emballage
Figure n°42: Principe de réalisation de l’ELISA en sandwich
Figure n°43 : Schématisation du principe de la méthode PCR
Figure n°44 : Principe de la PCR en temps réel
Figure n°45 : Principe de réalisation de la méthode ELISA indirecte
Figure n°46 : Mise en contact du sérum à tester et des antigènes lors de l’épreuve à
l’antigène tamponné (EAT) utilisée pour le diagnostic de la brucellose
15
Figure n°47 : Principe de la réaction d’agglutination lors de l’épreuve à l’antigène tamponné
(EAT) pour le diagnostic de la brucellose
Figure n°48 : Principe de réalisation du test de fixation du complément
Figure n°49 : Protocole de demande d’analyses proposé par le GDS 71 lors d’avortement
bovin
Figure n°50 : Conduite à tenir en première intention lors d’avortements en série en élevage
bovin
Figure n°51 : Démarche à mettre en œuvre par le vétérinaire lors d’avortement bovin et
lorsque l’avorton est disponible
16
ABREVIATIONS
ACERSA : association pour la certification de la santé animale en élevage
ACTH : adrénocorticotrophine
ADN : acide desoxyribonucléique
ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du
travail
APMS : arrêté préfectoral de mise sous surveillance
APPDI : arrêté préfectoral portant déclaration d’infection
ARN : acide ribonucléique
BHV : bovine herpesvirus
BTV : bluetongue virus
BVD : bovine diarrhea virus
CBG : corticosteroid-binding globulin
CFU : colony-forming unit
CP : cytopathogène
CRH : corticotropin-releasing hormone
Ct : cycle threshold
DICC50 : dose infectante pour 50% des cultures cellulaires
EAT : épreuve à l’antigène tamponné
ECA : épreuve cutanée allergique
ELISA : enzyme-linked immunosorbent assay
FC : fixation du complément
FCO : fièvre catarrhale ovine
g : gramme
GDS : groupement de défense sanitaire
17
GnRH : Gonadotropin-releasing hormone
Gp : glycoprotéine
IFNɤ : interféron gamma
IBR : rhinotrachéite infectieuse bovine
IFU : inclusionforming units
IgG, IgA et IgM : immunoglobulines G, A et M
IPI : infecté permanent immunotolérant
LH : hormone lutéinisante
LPS : lipopolysaccharide
MAT : micro-agglutination
MD : maladie des muqueuses
MDBK : Madin Darby Bovine Kidney
ml : millilitre
Mm : millimètre
NCP : non cytopathogène
NL : noeud lymphatique
Nm : nanomètre
PCR : polymerase chain reaction
PGF2 α : prostaglandine F2 α
pH : potentiel hydrogène
PSP-B : pregnancy specific protein B
RESSAB : Réseau d’Epidémio-Surveillance de la Salmonellose Bovine
RK-13 : Rabbit Kidney 13
RT-PCR : Polymerase chain reaction, rétrotranscriptase
UMT : unité mixte technologique
µm : micromètre
18
INTRODUCTION
Un avortement correspond à l'expulsion du fœtus ou du veau, soit né mort, soit
succombant dans les 48 heures après la naissance (décret du 24 décembre 1965). Les
avortements sont soumis à déclaration obligatoire principalement dans le but de maintenir
la surveillance vis-à-vis de la brucellose bovine. Mais il semblerait que seulement un tiers des
avortements soit déclaré (1). Les raisons de cette sous-déclaration sont multiples :
financières, pratiques, par manque d’intérêt de l’éleveur et surtout, difficultés du diagnostic
étiologique. Les techniques de laboratoire mises en œuvre pour la recherche d’agents
pathogènes à l’origine d’avortements sont de plus en plus performantes mais le pourcentage
d’élucidation reste décevant, autour de 50% (1). En effet, le grand nombre d’agents
pathogènes pouvant être à l’origine d’avortements et l’absence de signes cliniques et
nécropsiques évocateurs rendent le diagnostic étiologique très difficile. Le rôle du
vétérinaire est alors d’encourager la déclaration des avortements, surtout lorsqu’ils sont
répétés. Le défi est de réaliser les prélèvements adéquats et de cibler les agents à rechercher
afin d’optimiser les chances d’élucidation.
Le but de ce travail est de guider le vétérinaire dans la réalisation des prélèvements,
les demandes d’analyses et l’interprétation des résultats lors d’avortements bovins.
Dans un premier temps, nous rappellerons la définition et les mécanismes
pathogéniques des avortements. Nous aborderons ensuite les différentes étiologies: causes
infectieuses et non infectieuses. Puis, nous détaillerons la démarche diagnostique à mettre
en œuvre lors d’avortements bovins. Enfin, nous proposerons un protocole concernant les
prélèvements, les demandes d’analyses et l’interprétation des résultats de laboratoire. Le
protocole proposé pourrait participer à l’établissement d’un ensemble de recommandations
que le vétérinaire devrait suivre, de façon systématique, lors d’avortements bovins.
19
20
Premiere partie :
Généralités sur les avortements bovins : définition, mécanismes
pathogéniques et outils de détermination du stade de gestation de
l’avortante
A) Définition
1. Définition légale
D'un aspect légal et d'après le Décret du 24 décembre 1965: “Est considéré comme
avortement, l'expulsion du fœtus ou du veau, soit né mort, soit succombant dans les 48
heures après la naissance”. Cette définition est due au fait que, lors de brucellose, le fœtus
peut mourir jusqu’à 48h après son expulsion. En prenant en compte les veaux morts dans les
48 heures suivant la mise-bas, on prend donc potentiellement en compte des veaux nés
vivants de mère atteinte de brucellose.
En 2005, la France a reçu le statut indemne de brucellose et, en raison de la disparition de
cette maladie en France, cette définition réglementaire devait être prochainement modifiée
en: “Est considéré comme avortement possiblement infectieux l'expulsion d'un fœtus ou
d'un animal mort-né ou succombant dans les 12 premières heures suivant la naissance sauf
si la mort peut être rapportée de façon certaine à un accident ou à une intervention
obstétricale” (2). Mais, étant donné les récents cas de brucellose bovine en Savoie, la
modification de cette définition est en suspens.
Cette modification permet d'écarter les mortalités de veaux au-delà des 12 heures suivant le
vêlage et les veaux morts suite à une dystocie. Cette nouvelle définition permet de cibler la
surveillance et d’encourager la déclaration des éleveurs.
D'un point de vue biologique, l'avortement correspond à la mort du fœtus entre 42
et 260 jours de gestation. Avant 42 jours de gestation, il s’agit de mortalité embryonnaire et
entre 260 et 285 jours, la mise-bas est considérée comme prématurée.
21
¤ Figure n°1 : Déroulement de la gestation : définition des notions de mortalité
embryonnaire, avortement et mise-bas prématurée selon le stade de gestation ¤
2. Avortements isolés ou répétés
On parle d'avortements répétés dans deux cas (3).
Lorsque le troupeau compte moins de 100 vaches, on considère que les avortements
sont répétés lorsqu’il y a au moins deux avortements en un mois ou au moins trois
avortements durant la période de mise-bas.
Lorsque le troupeau compte plus de 100 vaches, on considère que les avortements
sont répétés quand au moins 4% de vaches ont avorté dans l’année.
¤ Tableau n°1 : Seuils retenus pour différencier les avortements répétés des avortements
isolés selon la taille du troupeau (3) ¤
Taille du troupeau
Seuils retenus pour déterminer s’il s’agit d’avortements répétés
< 100 vaches
Au moins 2 avortements en 1 mois
ou
Au moins 3 avortements durant la période de mise-bas
> 100 vaches
Au moins 4% des vaches ont avorté dans l’année
22
3. L'avortement bovin est soumis à une déclaration
obligatoire
Dès que l'éleveur a détecté un ou plusieurs cas d'avortements dans son élevage, il
doit en informer son vétérinaire sanitaire. Le vétérinaire sanitaire doit réaliser des
prélèvements pour la recherche de la brucellose. La prophylaxie collective de la brucellose a
permis l’éradication de cette maladie, c’est pourquoi la loi a rendu obligatoire la réalisation
de prélèvements suite à un avortement pour la recherche de la brucellose. Il faut
obligatoirement réaliser au minimum un prélèvement sanguin sur tube sec et un
prélèvement de houppes cotylédonaires in utero. Si le vétérinaire le désire et selon la
motivation de l'éleveur, il peut demander la recherche d'autres agents infectieux pouvant
être à l'origine de l'avortement. Les prélèvements sont, dans l'idéal, le placenta et l'avorton
entier mais, la plupart du temps, l'avorton n'est pas retrouvé ou le laboratoire peut refuser
l’avorton entier. Et, dans l’incapacité d’envoyer le placenta, il faut envoyer trois écouvillons
vaginaux (4).
Le vétérinaire sanitaire doit également faire une déclaration d'avortement à la
Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP). Cette déclaration
permet le remboursement de la visite du vétérinaire et les frais de laboratoire concernant la
recherche de la brucellose.
S'il s'agit d'un élevage laitier, l'éleveur a des obligations concernant le lait produit par
l'avortée. Il doit écarter son lait de la consommation humaine jusqu'à ce qu'il ait reçu des
résultats négatifs pour la brucellose et après que les écoulements vaginaux anormaux aient
cessé. En cas de production au lait cru, il est fortement conseillé de demander la recherche
de la listériose et de la salmonellose et, dans l'attente des résultats, de ne pas utiliser le lait
pour la consommation humaine. Si l'éleveur reçoit des résultats positifs, il est de sa
responsabilité de prévenir sa laiterie.
De son côté, l'éleveur doit enregistrer l'avortement sur le carnet sanitaire de
l’élevage. Il y inscrit le numéro de l'avortée, son âge, la date de constatation de l'avortement
et le mois de gestation supposé ou réel. Il doit également déclarer l'avortement à
l'organisme chargé de l'identification des animaux pour les avortements de 7 mois et plus.
23
B) Mécanismes de l'avortement bovin
1. Liens anatomiques entre la mère et le fœtus
Le placenta des bovins est de type cotylédonaire. Au sein du placenta, l'organisation
vasculaire est identique à l'échelle de la caroncule ou du cotylédon. Chaque artère et chaque
artériole sont au centre d'un axe conjonctif et des veines et veinules les entourent (5). Les
capillaires forment des boucles et des anastomoses. Le nombre d'anastomoses et leur degré
d'enroulement augmentent au cours de la gestation. Au sein de ce système, les sangs
maternels et fœtaux circulent en sens contraire. Au fil de la gestation, ce réseau vasculaire
subit de nombreuses modifications ce qui optimise les échanges entre la mère et son fœtus
(5).
Au cours de la gestation, on observe une élévation du débit sanguin. De ce fait, la
valeur du débit sanguin rapporté au poids du fœtus reste constante (5). Lors de gémellité, de
sous-alimentation maternelle ou de stress thermique, le débit sanguin placentaire diminue,
ce qui entraîne une baisse des croissances fœtales et placentaires (5).
2. Périodes à risque lors de la gestation
a) Formation du placenta
Après éclosion hors de la zone pellucide, le blastocyste croît et s'allonge rapidement
pour atteindre une taille d'environ 15-20 cm aux alentours du 21ème jour suivant la
fécondation (5).
Cette élongation permet d’établir de nombreux contacts cellulaires entre le trophoblaste et
l'épithélium utérin et favorise l'implantation embryonnaire. Celle-ci se réalise en deux
phases: l'apposition puis l'adhésion. L'apposition est permise par la prolifération du chorion
qui s'enfonce dans les orifices des glandes utérines. Puis l'inter-digitation des microvillosités
utérines et de la membrane plasmique des cellules trophoblastiques entraîne l'adhésion de
l'embryon à la muqueuse utérine (5).
24
A partir de 30 jours de gestation, les placentomes (ensembles constitués du cotylédon fœtal
et de la caroncule utérine) se mettent en place, ce qui renforce l'adhésion du placenta à
l'utérus. Ce sont des zones d'échanges privilégiées entre la vache et son veau (5).
¤ Figure n°2 : Schéma de placentome (5) ¤
Le placenta assure le transport des nutriments au fœtus, le développement de celuici est donc déterminé par les capacités d'échanges placentaires. Chez la vache, sa croissance
est continue tout au long de la gestation mais présente un léger ralentissement à la fin du
deuxième trimestre de gestation. Or cette période correspond à une augmentation accrue
des besoins du fœtus. Un remaniement des caroncules compense le manque de croissance
placentaire (5).
Le poids du placenta est influencé par divers facteurs. Chez les ruminants, une augmentation
ou une diminution des apports alimentaires ont une influence sur le poids du placenta. Une
suralimentation dans le premier tiers de la gestation entraîne une diminution du nombre des
25
cotylédons alors que pendant des deux tiers suivants, elle entraîne plutôt une diminution du
poids des cotylédons. Inversement, une sous-alimentation dans la dernière moitié de
gestation entraîne une augmentation du poids des cotylédons, ce qui tend à compenser le
manque d'apport de nutriments de la part de la mère (5).
Des facteurs environnementaux, tels que la température, influent sur le
développement placentaire. Une baisse de température importante retarde le
développement placentaire (5).
b) Formation des annexes fœtales
Il existe quatre annexes fœtales chez le bovin: le chorion, le sac vitellin, l'allantoïde et
l'amnios. Le sac vitellin se forme dès le début de la gestation mais est transitoire. L'allantoïde
est en continuité avec l'embryon via le cordon ombilical (5).
L'ensemble de ces enveloppes protège mécaniquement le fœtus et l'allantoïde
permet plus particulièrement la vascularisation du placenta (5).
3. Sécrétions placentaires nécessaires au maintien de la
gestation
Le corps jaune est la principale source de progestagènes lors de la gestation de la
vache. Mais il existe une sécrétion de progestérone par le placenta. Le relais placentaire se
met en place aux alentours du 200ème jour de gestation (5).
Le placenta est également à l'origine d'une sécrétion importante d'œstrogènes. Le
rôle des œstrogènes dans le maintien de la gestation chez la vache n'est pas connu avec
précision. L'augmentation de leur concentration en fin de gestation entraînerait la
maturation placentaire, la stimulation des contractions du myomètre et l'ouverture du col
utérin (5).
L’hormone lactogène placentaire (PL) est synthétisée par les cellules binucléées
pendant toute la gestation. Elle pourrait stimuler la croissance fœtale et placentaire et
assurer en fin de gestation le développement de la glande mammaire et la lactogenèse (5).
26
La synthèse de la PSP-B (pregnancy specific protein B) par les cellules migratrices et
invasives de l'épithélium utérin débute à 17-19 jours de gestation chez la vache. On observe
un pic de sa concentration dans les deux semaines précédant le vêlage, mais son effet sur la
parturition reste encore inconnu. Cette protéine aurait une action immunodépressive qui
protégerait le trophoblaste du système immunitaire maternel. Elle pourrait également jouer
un rôle dans le maintien d'un contact étroit entre le trophoblaste et l'épithélium utérin (5).
4. Notion d’allogreffe fœtale
Le trophoblaste représente la couche cellulaire de l’embryon qui est en contact avec
le tissu maternel, il est donc le principal lieu d’échanges entre la mère et le fœtus (6).
Très tôt au cours de la croissance du fœtus, la mère se sensibilise vis-à-vis des alloantigènes fœtaux. Cette sensibilisation semble s’opposer à l’hypothèse selon laquelle il n’y
aurait pas de réaction immunitaire développée par la mère lors de la gestation (6).
Mais plusieurs phénomènes visant à limiter la réponse immunitaire de la mère vis-àvis du fœtus semblent entrer en jeu. Premièrement, les antigènes HLA-A et B présents à la
surface des cellules du trophoblaste sont recouverts de matériel fibrinoïde inerte ou de
sialomucine ce qui empêche l’action des lymphocytes ou des anticorps de la mère.
Deuxièmement, une étude a montré que les allogreffes de peau histocompatibles avec le
fœtus sont plus lentement rejetées par la mère que les autres greffes et ce, surtout
lorsqu’elle est en fin de gestation. Cela montrerait l’existence d’un blocage de la réponse
immunitaire fœto-maternelle (6).
Le fœtus est donc considéré comme une allogreffe et il existe une tolérance
immunitaire développée par la mère vis-à-vis de son fœtus permettant d’éviter le rejet et
donc de maintenir la gestation (6).
5. Mécanismes à l'origine de l'avortement
Les trois principaux mécanismes à l’origine de l’avortement sont une atteinte du
placenta (généralement une placentite), une atteinte directe du fœtus (souvent par un virus)
ou plus rarement une atteinte de la mère.
27
C) Outils de détermination du stade de gestation de l'avortante
1. But de la détermination de l'âge de l'avorton
Si l’on identifie avec exactitude la vache ayant avorté et que l’on ne connait pas sa
date d’insémination, le fait d’estimer l’âge du fœtus nous permet de déterminer à quel stade
de gestation est intervenu l'avortement.
Si on ignore quelle vache est concernée, l’estimation de l’âge de l’avorton permet de
déterminer quel lot de vaches est impliqué et ainsi limiter les efforts de recherche de la
vache avortée. Cela n'est possible que si la date de fécondation est connue avec précision:
lors de la réalisation d'inséminations artificielles ou, dans une moindre mesure, lors de
bonne surveillance de la monte naturelle avec diagnostic et estimation précise du stade de
gestation.
2. Examen de l'avorton
Selon la formule de Richardson, l'âge du fœtus peut être estimé grâce à la mesure de
sa longueur anus-tête (7).
Il s'agit d’une formule de ce type :
X = aY+b
Avec X = âge du veau en jour
Y = longueur anus-tête
Appliqué au cas du veau, on obtient la formule suivante :
X = 2,5(Y+21) = 2.5Y + 52.5
Cette formule ne s'applique qu'à partir du 50ème jour de gestation. L'application graphique
de cette formule donne une courbe de forme sigmoïde présentée dans la figure n°3.
28
¤ Figure n°3 : Longueur tête-anus du fœtus selon le stade de gestation d’après la formule de
Richardson (8)¤
On note des variations individuelles dues à la race, au sexe ou à la gémellité.
Comme présenté dans le tableau n°2, la chronologie de l'organogenèse (9), la longueur têteanus (7) et le poids (10), (11) permettent d’estimer approximativement l’âge du fœtus.
29
¤ Tableau n°2 : Aide à l’estimation de l’âge du fœtus (9), (7), (10), (11) ¤
Mois de gestation
Caractères anatomiques
Longueur du fœtus
Poids du fœtus
du fœtus
1
Apparition des membres et
0,8 cm
2.75 g
6 cm
20 g
15 cm
170 g
28 cm
800 g
40 cm
3,5 kg
formation de la tête
2
Division des doigts
Fermeture de la fente
sternale
Formation de la voûte
palatine
3
Compartiments gastriques
distincts
4
Sabots jaunes et opaques
Apparition des dents
5
Taches brunes sur les
onglons
Descente des testicules
6
Apparition des cils
52 cm
7 kg
7
Crins à la queue, poils dans
70 cm
12 kg
quelques régions
(phalanges, coude et
nuque)
8
Poils (dos et oreilles)
80 cm
20 kg
9
Caractères du nouveau-né
90 cm
35 kg
Le pelage recouvre tout le
corps
30
¤ Figure n°4 : Développement fœtal du veau 1/2 (11)¤
31
¤ Figure n°5 : Développement fœtal du veau 2/2 (11)¤
32
Deuxieme partie
Etiologie des avortements bovins : causes non infectieuses et
causes infectieuses
A) Causes non infectieuses
1. Traumatismes et bâtiment
Certains avortements ont une origine traumatique dont la cause principale est un
mauvais aménagement du bâtiment. Des sols glissants (non rainurés ou rainurage ancien)
favorisent les chutes et les surfaces vulnérantes entraînent des blessures. Il faut également
prendre en compte le fait que, dans certains élevages, les vaches conservent leurs cornes et
peuvent donner des coups à leurs congénères. On observe surtout ce phénomène lorsque la
vache est dominée par d'autres et d'autant plus quand la densité animale dans le bâtiment
est élevée et quand les couloirs de circulation sont étroits.
Le bâtiment joue un autre rôle dans la survenue d'avortements puisque les germes abortifs
excrétés peuvent persister longtemps dans le sol, les litières et sur les murs. L’éleveur a donc
un grand intérêt à avoir un box d'infirmerie et de vêlage séparés du reste des vaches. Il faut
que ces espaces soient facilement nettoyables et désinfectables.
2. Causes iatrogènes
a) Administration de médicaments
i.
Injection de glucocorticoïdes
Le placenta est perméable aux glucocorticoïdes naturels et de synthèse et l’injection
de ces molécules peut entraîner un avortement.
33

Rappels sur le mode d’action des glucocorticoïdes
Les
glucocorticoïdes
ont
une
action
anti-inflammatoire, antiallergique
et
immunodépressive. Les corticoïdes naturels (cortisol et cortisone) sont synthétisés par la
corticosurrénale au niveau de la zone fasciculée et exercent un rétrocontrôle négatif (ou
feed-back négatif) sur l’hypothalamus et l’hypophyse (12).
¤ Figure n°6 : Rétrocontrole négatif exercé par le cortisol sur l’axe hypothalamohypophysaire ¤
CRH : corticotropin-releasing hormone ; ACTH : adrénocorticotrophine
Les corticoïdes de synthèse présentent des similitudes avec les corticoïdes naturels
concernant leur cinétique d’action (12). Les corticoïdes se fixent sur des molécules appelées
CBG (corticosteroid-binding globulin) : la transcortine et l’albumine. Mais les molécules de
synthèse se fixent davantage que les molécules naturelles ce qui entraîne une moins bonne
diffusion tissulaire et une plus faible action biologique. Il faut donc que les molécules
injectées soient en concentration importante dans l’organisme pour présenter une action
biologique significative. Leur diffusion est large et homogène dans les tissus et ces molécules
sont éliminées par voies urinaire et rénale (12).
34
Il existe trois catégories de molécules selon leur durée d’action dans l’organisme :
Les corticoïdes à action courte (8 à 12 heures d’effets biologiques) : la cortisone et
l’hydrocortisone.
Les corticoïdes à action intermédiaire (18 à 36 heures d’effets biologiques) : la
prednisone, la prednisolone, la méthylprednisolone, la tiamcinolone.
Les corticoïdes à longue durée d’action (36 à 54 heures d’effets biologiques) : la
dexaméthasone, la bétaméthasone, la fluméthasone (12).

Mécanisme mis en jeu lors d’avortement
Les corticostéroïdes sont des agonistes compétitifs du cortisol sur les récepteurs
intracellulaires.
L’injection de corticostéroïdes sur une vache gestante entraîne une rétroaction
négative sur l’hypothalamus du fœtus. Ceci est suivi d’une accumulation d’ACTH par
l’hypophyse et de sa libération massive par effet « rebond » lors de la métabolisation des
corticostéroïdes de synthèse par l’organisme. Le pic de cortisol obtenu mime le
déclenchement du travail et entraîne un avortement (12).
ii.
Injection de PGF2 α
La PGF2 α (prostaglandine F2 α) a un effet lutéolytique: elle lyse le corps jaune. Cette
molécule est efficace à partir du 5ème jour qui suit la formation du corps jaune et jusqu’à ce
que le relai placentaire se mette en place, aux alentours du 200 ème jour de gestation. Lors de
cette période, l’injection de PGF2 α peut être suivie d’un avortement.
Selon le Dictionnaire des Médicaments Vétérinaires (13), il existe de la PGF2 α
naturelle ou de synthèse (appelée cloprosténol) et ces molécules peuvent être utilisées pour
interrompre de façon volontaire une gestation ou pour éliminer des fœtus momifiés.
35
iii.
Utilisation d’antiparasitaires benzimidazoles
Les molécules concernées sont surtout tératogènes. Il s'agit par exemple de
l'albendazole. Cette molécule inhibe la différenciation et la croissance cellulaire. Elle se fixe
aux dimères de tubuline et empêche alors l'association des sous-unités dans les
microtubules. Elle présente donc une activité antimitotique qui se traduit par des
malformations ou des anomalies de développement du fœtus (14).
b) Réalisation de palpations transrectales
La palpation transrectale est une méthode de diagnostic de gestation réalisable dès
30 jours post-insémination. Si elle est réalisée de façon non précautionneuse, elle pourrait
être à l'origine de mortalité embryonnaire (avant le 42ème jour de gestation) mais pas d'un
avortement.
Son rôle éventuel dans la survenue de mortalité embryonnaire a été étudié par
Alexander et ses collaborateurs (15). Ils ont travaillé avec 862 génisses prim’Holstein
diagnostiquées gestantes entre J30 et J45 post-insémination par dosage de la PSP-B
(pregnancy specific protein B, protéine présente dans le sang à partir de 20 jours de
gestation chez la vache). Sur la moitié de ces génisses gestantes a été réalisée une palpation
transrectale entre J30 et J45 par le même opérateur, un inséminateur.
Suite à cela, un diagnostic de gestation a été réalisé sur les 862 génisses à J60 ce qui a
révélé une mortalité embryonnaire globale de 5,3%, dont 6,5% pour les génisses ayant subi
une palpation transrectale et 4,3% pour les génisses témoins. La différence entre le taux de
mortalité embryonnaire observé dans les deux groupes n'est pas statistiquement
significative.
La palpation transrectale ne semble pas intervenir de façon significative dans la survenue
de mortalité embryonnaire (15).
36
3. Intoxications
a) Par la consommation de plantes
L’avortement peut être provoqué par la consommation de substances à effet
utérotonique présent dans certaines plantes (ex : la berce commune, Heracleum
sphondylium). Certaines toxines sont à l'origine d'avortements car elles possèdent une
activité analogue à une hormone, telle que les œstrogènes, entrant en jeu dans le maintien
ou non de la gestation. (ex: légumineuses, Medicago sativa (Luzerne commune) ou Trifolium
(Trèfle) qui produisent des phyto-œstrogènes). Elles sont susceptibles de provoquer un
avortement de la vache et ce, dès le premier tiers de gestation.
Dans le cas d’avortements en série ne répondant pas aux anti-infectieux et pour lesquels
aucun élément infectieux n’a pu être mis en cause, on peut émettre l’hypothèse
d’intoxication par ingestion de plantes toxiques à l’aide de données épidémiologiques. Il
faut, dans ce cas, prendre en compte les facteurs liés à l'animal, aux plantes, à leur
environnement et aux interventions humaines. La consommation de plantes toxiques a
surtout lieu lorsque les animaux sont en pâturage extensif, lors de disette. Cela concerne
donc principalement les vaches allaitantes.
i. Facteurs liés à l'animal
Sensibilité individuelle: selon le comportement de l'animal (animal dominé qui ne mange pas
avec les autres), la consommation de plantes toxiques va varier.
Age: les intoxications sont plus fréquentes chez les jeunes animaux dont la curiosité est
augmentée lors de la mise à l'herbe ou lors de l'arrivée sur des nouveaux pâturages.
L'intoxication est cependant possible et les effets sont d’autant plus marqués chez des
animaux plus âgés présentant une défaillance rénale et/ou hépatique, ils sont alors plus
sensibles aux toxiques.
37
Etats physiologiques et pathologiques: des états pathologiques tels qu’une défaillance
hépatique (parasitisme ex : fasciolose) ou rénale (insuffisance rénale) peuvent augmenter la
sensibilité aux intoxications.
Alimentation: les carences fourragères poussent les animaux à consommer d'autres plantes.
Des carences en phosphore, fer, cuivre, cobalt peuvent favoriser le pica et donc
d'éventuelles intoxications.
ii. Facteurs liés aux plantes et à leur environnement
Goût de la plante: les plantes âcres ou amères sont en général boudées mais leur
consommation peut être augmentée si les vaches sont en disette. Ex : le genévrier qui a un
goût âcre.
Variation de toxicité en fonction de l'anatomie de la plante: toutes les parties de la plante ne
sont pas toxiques. Ex : toutes les parties du colchique sont toxiques alors que pour
l’œnanthe safranée, seuls les tubercules présentent une toxicité.
Climat: on note une fréquence accrue des intoxications en fin d'été car le climat est sec et les
animaux font du surpâturage. Il existe également des cas d’intoxications en présence de
neige car les animaux n'ont pas accès aux plantes habituellement consommées. Ex :
consommation excessive d’aiguilles de pin lors de pâturage en hiver.
Sol: en fonction de la composition du sol, on trouve préférentiellement certaines plantes qui
peuvent être toxiques. Ex : l’if pousse préférentiellement sur des sols calcaires et la fougère
aigle sur des sols siliceux acides.
Répartition géographique des plantes toxiques: le sol et le climat la déterminent. Cette
répartition est importante à connaître et à vérifier sur le terrain.
38
iii. Facteurs liés aux interventions humaines
Conduite de l'élevage et du troupeau: le surpâturage favorise l'ingestion de plantes toxiques
habituellement délaissées. La rotation des pâtures influence la survenue d'intoxications. Si
elle est inexistante, les vaches peuvent être en surpâturage et c'est un facteur favorisant. Et
lors de changement de pâture, les vaches montrent davantage de curiosité et sont
susceptibles d'ingérer des plantes habituellement non consommées. Des modes de conduite
d'élevage particuliers peuvent également favoriser la présence de plantes non souhaitées en
pâture comme lors de la pratique de l’agriculture biologique.
Traitements phytosanitaires: certains agriculteurs épandent des produits phytosanitaires ou
des engrais azotés pouvant être toxiques. Ex : des herbicides comme les aryloxyacides ou les
triazines sont toxiques.
Techniques d'affouragement: des fourrages ou des ensilages peuvent être contaminés. De
plus, la dessiccation peut concentrer les molécules toxiques et atténuer l'odeur et le goût ce
qui favorise l’ingestion d'aliments qui n'auraient pas été consommés à l'état frais. Ex : la
dose toxique du colchique est de 8 à 10 g/kg de plante fraîche et 2 à 3 g/kg de plante sèche.
Le procédé de dessiccation favoriserait donc les intoxications végétales dans ce cas.
iv. Plantes à effet abortif

Le pin:
Le pin jaune ou Pinus ponderosa est un conifère présent en Amérique du Nord : aux
USA et au Canada (16).
Ses aiguilles surtout consommées en hiver, en présence de neige, lors de disette. La
consommation des aiguilles de pin entraîne un avortement et parfois même la mort de la
vache (16).
L’effet abortif du pin jaune a été étudié par Stegelmeier en 1995 (17).
39
Quatre groupes de 3 vaches à 250 jours de gestation ont reçu durant quelques jours une
ration différente. Le 1er groupe a reçu des tiges de pin portant des aiguilles (présence d’acide
isocupressique et d’acide abiétane), le 2ème groupe a reçu de la « rosin gum » (substance
contenant de l’acide abiétane mais pas d’acide isocupressique), le 3 ème groupe a reçu de
l’acide abiétane et le 4ème groupe a reçu de la nourriture standard (il s’agit du groupe
témoin).
Les vaches du 1er groupe (acide isocupressique et acide abiétane) ont avorté après 2 à 3
jours de distribution de ration. Les avortements sont associés à un faible développement
mammaire, de la rétention placentaire et des endométrites. Elles présentaient, de plus, de
l’anorexie et une apathie sévère.
Les vaches du 2ème et 3ème groupe (acide abiétane) ont montré des signes d’intoxication
(atteinte rénale et nerveuse) sans avortement.
Les vaches du 4ème groupe (témoin) n’ont pas présenté de problèmes de santé.
Les résultats de cette étude sont présentés dans le tableau n°3.
40
¤ Tableau n°3 : Tableau récapitulatif de la démarche et des résultats de l’étude de
Stegelmeier et Col.(1995) (17) ¤
Groupe
Nourriture reçue (et constituants)
Acide
1
Effets observés
Acide abiétane
isocupressique
- Avortement à J2-J3
- Faible développement
mammaire, rétention
Tiges de pin
avec aiguilles
placentaire,
×
×
endométrites
- Anorexie, apathie
Acide
2
Acide abiétane
isocupressique
« Rosin Gum »
- Atteinte rénale et
×
Acide
3
Acide abiétane
isocupressique
Acide abiétane
Groupe témoin
Nourriture
isocupressique
nerveuse
- Pas d’avortement
- Atteinte rénale et
×
Acide
4
- Pas d’avortement
Acide abiétane
nerveuse
- Pas d’avortement
- Aucun effet observé
standard
Conclusion : Les aiguilles et tiges de pin contiennent deux substances à l’origine de signes
cliniques chez la vache : l’acide isocupressique et l’acide abiétane. L’acide abiétane est une
substance néphro- et neurotoxique. L’acide isocupressique est la substance présente dans
les aiguilles de pin qui provoque des avortements chez les vaches en fin de gestation.
L’acide isocupressique entraîne une vasoconstriction intense diminuant de moitié le
flux sanguin des artères utérines et caronculaires, à l’origine d’une anoxie et d’une mort
fœtale rapide (8).
41

L'astragale:
L'astragale ou Astragalus spp est une légumineuse présente en Amérique du Nord.
Certaines espèces d’atragales sont toxiques dont Astragalus lentiginosus et Astragalus
frigidus (16).
Elle concentre le sélénium du sol en synthétisant des acides aminés dans lesquels ce
métalloïde remplace le souffre (16).
Sa consommation par le bétail entraîne une perte de poils, une perturbation de la croissance
des onglons, de l'anorexie et une baisse de la fertilité. L'intoxication aiguë entraîne une
dyspnée, un collapsus cardio-vasculaire, le coma voire la mort dans le cas les plus sévères.
L'intoxication chronique est à l'origine de troubles neurologiques (16).
La substance toxique à l'origine de ces effets sont l'indolizidine (un alcaloïde) et des
dérivés nitrés dont la misérotoxine et des dérivés de ce composé. L’indolizidine est libéré par
hydrolyse dans le rumen et oxydé en acide nitropropanoïque qui est une molécule
hépatotoxique bloquant la production d’ATP (16).

La grande ciguë (= ciguë tachetée, ciguë tachée, ciguë officinale):
La grande ciguë ou Conium maculatum est une apiaceae. Il s'agit d'une plante que
l'on retrouve sur les bords de chemin, autour des rivières (18). Elle est commune en France
et plus généralement en Europe, en Afrique et Amérique du Nord.
L’intoxication se fait via l’ingestion de feuilles fraîches mais elle est rare du fait de la
mauvaise odeur de la plante. La dose létale est de 4 à 5 kg de feuilles fraîches pour un bovin
(18).
L’effet abortif de la grande ciguë a été étudié par Bunch en 1992 (19). La grande ciguë
contient de la pipéridine. Cette molécule est fœtotoxique. Ingérée par la vache gestante,
elle entraîne des malformations fœtales du type arthrogrypose et fente palatine. Elle est
également à l’origine de la High mountain disease. Ce syndrome correspond à une
augmentation des résistances vasculaires plus ou moins associée à une vasoconstriction à
42
l’origine d’une hypertrophie du ventricule droit et d’une insuffisance cardiaque entraînant la
mort du fœtus et un avortement (19).

Le cyprès:
Le cyprès ou Cupressus macrocarpa est un conifère présent dans les régions
tempérées chaudes ou subtropicales de l'hémisphère nord.
Lorsque des vaches ingèrent son feuillage en fin de gestation, elles présentent un risque
d’avortement ou de vêlage prématuré (20).
La substance impliquée est l'acide isocupressique, qui est aussi présente dans les
aiguilles du pin jaune. Elle présente une action abortive (17).

Le genévrier:
Le genévrier ou Juniperus sabina est un conifère présent en Europe en région
montagneuse (18).
Les intoxications sont rares en raison de l’âcreté de la plante. Toutes les parties aériennes de
la plante sont toxiques (18).
L’ingestion de genévrier est souvent suivie de la mort de l’animal mais on peut également
observer des avortements (21).
Les substances impliquées sont le sabinene (hydrocarbure terpénique) et le sabinol
(18).
43
v. Mise-en-évidence de la plante toxique

Identification du végétal toxique sur le terrain:
Il faut réaliser plusieurs inventaires de pâturages où sont apparus les cas
pathologiques et comparer les résultats. Le recoupement des résultats permet de
déterminer les plantes toxiques suspectées. Mais l’identification des plantes est difficile, il
faut avoir de bonnes connaissances en botanique ou faire appel à quelqu'un de spécialisé.
On peut prélever et envoyer des plantes fraîches pour identification. Les prélèvements
peuvent être envoyés dans divers laboratoire dont le laboratoire de toxicologie de VetAgro
Sup (adresse : VetAgro Sup, Laboratoire de toxicologie, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy
l’Etoile).
La confirmation de la consommation de plantes suspectes sur le terrain se fait par
mise en évidence de la présence de plantes toxiques en partie consommées par le bétail
(plantes grignotées, de taille différente par rapport aux plantes de la même espèces
présentes à proximité), par mise en évidence de la taille d'arbres ou de haies effectuées
quelques jours ou quelques semaines auparavant avec abandon sur place des rameaux
coupés, par mise en évidence de curage de fossés, de tranchées récentes mettant à nu
certaines racines.

Identification du végétal toxique sur l'animal par:
Reconnaissance à l'œil nu:
Ceci n'est possible que lors d'intoxication aiguë. On peut trouver le végétal dans les fèces
mais cela ne présente aucun intérêt car l'aspect des plantes est modifié par le transit. On
peut également en retrouver dans le rumen. Cela ne pose pas de soucis pour des plantes
très ligneuses ou caractéristiques dans leur morphologie. L'idéal est d'en trouver dans la
bouche de l'animal dans le cas des intoxications suraiguës. La reconnaissance du végétal est
alors facilitée.
44
Examens phyto-histologiques:
Si l'avortement est suivi de la mort de l'animal, on réalise le prélèvement par ouverture du
rumen. Il faut prélever autant d'échantillons qu'il existe de plantes d'aspects différents. Le
prélèvement sera tamisé puis placé dans un conditionnement individuel hermétique. Il
faudra y placer une fiche d'accompagnement précisant les conditions de prélèvement et les
commémoratifs.
b) Par des phyto-œstrogènes
Les phyto-œstrogènes ont une structure chimique ressemblant à celle de l'œstradiol.
Le rôle des œstrogènes dans le maintien de la gestation chez la vache n'est pas connu avec
précision. L'augmentation de leur concentration en fin de gestation entraînerait la
maturation placentaire, la stimulation des contractions du myomètre et l'ouverture du col
utérin. La consommation de phyto-œstrogènes mimerait donc l’augmentation de la
concentration en œstradiol habituellement observée en fin de gestation et serait à l’origine
de la mise-bas (5).
Elles sont produites naturellement par certaines légumineuses (soja, luzerne, trèfles dont le
trèfle blanc, Trifolium repens, qui est le plus commun dans les prairies naturelles). Le
coumestrol est le plus actif d’entre eux, sa production est favorisée par le stress des
légumineuses (développement de champignons parasites, variations brutales de
température, prolifération d'insectes). Le taux de coumestrol reste ensuite stable dans les
produits dérivés (ensilage, enrubannage, foin, bouchons...) (4).
La consommation d’un fourrage riche en phyto - œstrogènes peut conduire à des troubles
de la reproduction. Les signes observés sont des modifications des organes génitaux
(gonflement de la vulve, développement mammaire), des troubles ovariens (kystes,
anœstrus), de la mortalité embryonnaire et des avortements (4).
45
Les avortements dus à l’ingestion de phyto-œstrogènes sont rares. Lloyd E.
Donaldson a rapporté en 1983 le cas d’hyper-œstrogènisme entraînant des avortements
chez des vaches (22).
Deux troupeaux respectivement de 100 et 700 vaches présentaient depuis plusieurs années
des problèmes de fertilité (forts taux de retour en chaleur après insémination) au printemps
qu’on ne retrouvait pas à l’automne. Les principaux signes observés étaient des cycles
reproducteurs courts et des mortalités embryonnaires et avortements survenant jusqu’à 60
jours après l’insémination.
Le troupeau 1 pâturait sur un pré contenant 70 % de Trifolium subterraneum et le troupeau
2 sur un pré contenant 60 % de Medicago sp. Des échantillons de ces pâtures ont été
analysés, ce qui a permis la mise en évidence de phyto-œstrogènes à des taux
significativement élevés (de 0.038 à 0.075 % de MS).
L’ingestion chronique de phyto-œstrogènes par ces vaches a été à l’origine d’un syndrome
hyper-œstrogènique et a entraîné de la mortalité embryonnaire et des avortements.
c) Par des mycotoxines

Définition d’une mycotoxicose
Une mycotoxicose correspond à une intoxination résultant de l'ingestion d'aliments
qui ont été altérés ou détériorés par la croissance de champignons produisant des toxines
appelées mycotoxines (23).
On peut suspecter un avortement dû aux mycotoxines en présence de séries d'avortements
à caractère non contagieux, saisonnier, apparaissant en même temps qu'un changement de
la composition de la ration et qui ne répondent pas aux anti-infectieux. Il n’y aura alors pas
de placentite et la recherche directe ou indirecte d’agents infectieux sera négative.
46

Caractéristiques des mycotoxines
Les bovins sont sensibles à plusieurs mycotoxines synthétisées par divers
champignons (24):
-
L’aflatoxine B1 et l’ochratoxine synthétisées par Aspergillus
-
La zéaralénone synthétisée par Fusarium
-
L’ergotamine, l’ergotoxine et l’ergométrine synthétisées par Claviceps
-
La stachybotryotoxine synthétisée par Stachybotrys
On trouve ces mycotoxines dans divers types d’aliments présentés dans le tableau n°4
(25).
¤ Tableau n°4 : Tableau présentant les aliments susceptibles de contenir les principales
mycotoxines touchant les bovins (25) ¤
Mycotoxicose
Aliments
Aflatoxicose
Céréales, riz, arachide, sorgho
Ochratoxicose
Céréales
Syndrome œstrogènique (zéaralénone)
Céréales (surtout maïs)
Ergotisme
Seigle, graminés
Stachybotryotoxicose
Paille, fourage
La contamination des aliments se fait souvent par développement de champignons
dans les récoltes suite à de mauvaises conditions de stockage (24). Il peut cependant arriver
que les champignons soient déjà présents lors de la récolte, le stockage n’intervient donc
pas dans le développement de ceux-ci.
47

Effet abortif de certaines mycotoxines
Certaines mycotoxicoses sont à l’origine d’avortement chez les bovins. Il s’agit de
l’aflatoxicose, du syndrome œstrogènique et de l’ergotisme (24) (26).

Effet abortif de l’aflatoxicose
Aspergillus peut synthétiser l’aflatoxine, et plus particulièrement l’aflatoxine B1 qui
est à l’origine de signes cliniques chez la vache. Les jeunes bovins (veaux de moins de 6 mois)
sont plus sensibles à l’aflatoxine B1 que les vaches adultes mais lors d’ingestion chronique,
on peut observer une baisse d’appétit associée à une perte de poids, une atteinte hépatique
(fibrose, atteinte centro-lobulaire, atteinte des vaisseaux biliaires) qui se traduit
cliniquement par de l’ascite et des œdèmes, et biochimiquement par une augmentation des
phosphatases alcalines et une diminution de la vitamine A sérique (24).
Des troubles de la reproduction sont aussi observés mais principalement lors
d’intoxination aiguë.
Robinson a rapporté en 1986 des cas d’avortements dûs à une aflatoxicose (27). Au
Texas, 10 à 14 vaches d’un troupeau de 68 vaches ont eu accidentellement accès à 90 kg de
cacahouètes exposées à la pluie et au gel, facteurs qui favorisent le développement
d’aflatoxines.
Cinq jours plus tard, 10 vaches qui étaient à leur troisième trimestre de gestation ont avorté
et sont mortes. Leurs paramètres hépatiques étaient très augmentés. Des extraits de foie
ont été analysés et ont montré la présence d’aflatoxine B1 à hauteur de 5 ng/g de foie, taux
significativement élevé. Une analyse des cacahouètes a montré la présence de la même
substance à hauteur de 77 µg/g de cacahouètes.
L’ingestion d’aflatoxine B1 par une vache au dernier tiers de gestation peut donc entraîner
un avortement puis la mort de la vache. Avec uniquement ce rapport de cas, il est difficile de
savoir si la consommation d’aflatoxine peut entraîner un avortement sans mort de l’animal.
48

Effet abortif du syndrome œstrogènique causé par l’ingestion de
zéaralénone
La zéaralénone est une toxine produite par Fusarium (24).
Elle est à l’origine de nombreux signes cliniques dominés par des troubles de la
reproduction. On observe une diminution du taux de survie des embryons chez une femelle
gestante, une diminution de la production de LH (hormone lutéinisante) et de progestérone,
une morbinatalité, une infertilité, une modification physique des organes génitaux (œdème
et hypertrophie des organes génitaux des femelles impubères), une féminisation des jeunes
mâles (en raison d’une diminution de la production de testostérone) et une diminution de la
production laitière (26).
Une série d’avortements a été observée dans un troupeau de 96 vaches appartenant
à une ferme expérimentale de Finlande (28).
Sur une période d’un mois, 8 vaches ont avorté. Elles étaient entre 1 et 3 mois de gestation.
Ces vaches étaient nourries avec un mélange de céréales et de foin. Le foin a été
inhabituellement exposé à la pluie et le dessus des balles était humide. Des analyses
toxicologiques ont donc été effectuées sur le foin et ont montré la présence de zéaralénone
à hauteur de 10 mg/kg de matière sèche or il suffit d’un taux de 1-5 mg/kg de matière sèche
pour observer des effets chez les ruminants. De plus, l’arrêt des avortements a été obtenu
après le changement de foin.
On peut donc dire que la consommation de foin contenant de la zéaralénone à hauteur de
10 mg/kg de matière sèche a été suivie d’une série d’avortements dans un troupeau de
vaches.

Effet abortif de l’ergotisme
Claviceps purpurea, également appelé ergot de seigle, est une espèce de champignon
capable de produire différentes toxines : ergotamine, ergométrine et ergotoxine à l’origine
de l’ergotisme.
49
Ces toxines provoquent une vasoconstriction des vaisseaux périphériques qui s’accompagne
d’une augmentation de la pression artérielle. L’ergotisme entraîne des avortements chez les
vaches gestantes (24).
W.T. Appleyard a rapporté une série d’avortements suite à l’ingestion de Ray-grass
infesté par le champignon à l’origine de l’ergotisme (29). Un total de 9 avortements et 3
mises-bas nécessitant l’assistance par l’éleveur ont été observés en l’espace de 6 jours, sur
des vaches en fin de gestation ayant été introduites dans une nouvelle pâture. Ces
avortements ou mises-bas n’ont pas été précédées de signes annonciateurs de parturition
et, suite à l’expulsion du veau, les vaches ont été en quasi-totale agalactie.
Tous les veaux étaient à terme (estimation basée sur la longueur tête-anus, le poids du
fœtus et ses caractéristiques morphologiques) sauf un, âgé de 7 mois. Ils étaient en état
d’autolyse avancée et présentaient du liquide en position intra-abdominale et intrathoracique.
Les placentas avaient été tous conservés et ont été analysés afin de permettre une
éventuelle mise en évidence d’agent infectieux, sans succès. Un fœtus a subi des analyses
histologiques mais les tissus ne montraient pas d’anomalie.
L’intoxication aux nitrates/nitrites a été écartée suite à l’analyse des fluides fœtaux prélevés
dans la cavité abdominale et dans le thorax.
Les taux plasmatiques en oestrogènes et progestérone des avortantes étaient dans les
valeurs usuelles. L’hypothèse d’hyper-oestrogènisme a donc été écartée.
Un examen des végétaux présents dans la pâture a été réalisé et a montré la présence de
Ray-grass en grande quantité. Beaucoup présentaient des sclérotes. Sur la base de la forte
exposition aux plantes infestées par le champignon à l’origine de l’ergotisme, l’absence de
mise en évidence d’intervention d’un agent infectieux, la très faible probabilité d’hyperoestrogènisme ou d’intoxication aux nitrates/nitrites, le diagnostic d’ergotisme a été posé.
L’ergotisme peut donc être à l’origine d’avortements en série sur des vaches en fin
de gestation.
50
d) Par des polluants alimentaires
i.
Nitrates/nitrites
Les nitrates ont trois origines: les engrais azotés minéraux (il y a accumulation de
nitrates dans le sol si la dose annuelle d'azote dépasse 450 kg/hectare ou si la dose d'azote
par épandage dépasse 100 kg/hectare), les engrais azotés organiques c’est à dire les lisiers
(leur teneur en azote est variable en fonction de l'espèce animale productrice de lisier. Ex:
lisier de porc: 4 à 8 g de matière azotée totale/ kg de lisier) et l'humus du sol (il libère de
l'azote au cours de la nitrification) (30).
La dose létale des nitrates est de 32 mg/kg de poids vif et celle des nitrites est de 6,5 mg/kg
de poids vif chez les bovins (30).
Une fois dans le rumen, les nitrates sont réduits en nitrites par la flore du rumen. Ils sont
alors rapidement absorbés par la muqueuse du rumen et expriment leur fort pouvoir
toxique. L'hémoglobine est convertie en méthémoglobine et entraîne une baisse du
transport de l'oxygène.
2 HbFe2+ + 3 NO2- + 2 O2- + 2 H+ → 2 HbFe3+ + 3 N03- + H2O
¤ Bilan de la réaction à l'origine de la méthémoglobinisation ¤
Selon E.Meissonier (30), les premiers symptômes de l’intoxication par des nitrates
sont une baisse d’appétit et de l’abreuvement. On observe ensuite un changement de
couleur des muqueuses (cyanose) particulièrement visible au niveau de la muqueuse
vulvaire : elle devient progressivement grisâtre puis gris-brunâtre. Chez les vaches gestantes,
les premiers signes d’intoxication aux nitrates sont des avortements qui résultent d’une
anoxie fœtale (30).
Malestein et ses collaborateurs ont étudié les effets des nitrites sur les paramètres
cardio-vasculaires de la vache gestante et les conséquences en termes de mortalité fœtale
(31).
L’étude a été menée sur 4 groupes de vaches de race frisonne.
51
Le groupe 1 était constitué de 4 vaches gestantes et correspondait au groupe témoin pour
lequel aucuns nitrites n’ont été administrés.
Le groupe 2 correspondait à celui pour lequel les nitrites ont été administrés par voie intraveineuse. Une dose entre 9 et 12 mg NO 2/kg de poids vif a été administrée à 6 vaches
gestantes.
Le groupe 3 était composé de 3 vaches gestantes qui ont reçu des nitrites par voie orale à la
dose de 30 mg NO2/kg de poids vif.
Le groupe 4 comprenait une seule vache gestante pour qui les nitrites ont été injectés par
voie veineuse via la veine ombilicale.
Suite à l’administration de NO2, les fréquences cardiaque et respiratoire ont été relevées, la
saturation en O2 et la pression artérielle de la mère ont été mesurées. Le NO2, après passage
dans le sang, provoque une diminution de la saturation en O 2 en augmentant la quantité de
méthémoglobine dans le sang. Ceci a pour effet d’entraîner une diminution de la pression
artérielle et en compensation, une augmentation des fréquences respiratoire et cardiaque.
De plus, lors de la présence de nitrites, la saturation en O2 dans la veine ombilicale est plus
faible.
Tout cela a comme conséquence une diminution du transfert en oxygène de la mère au
fœtus ce qui entraîne une mortalité fœtale intra-utérine et un avortement.
Un traitement peut être envisagé: le bleu de méthylène convertit la méthémoglobine
en hémoglobine. Il s'administre sous forme de solution à 1% de bleu de méthylène par voie
intraveineuse à la dose de 1g/100 kg de poids vif (30).
Le diagnostic de laboratoire consiste à mettre en évidence la présence de nitrates ou
de nitrites à des niveaux toxiques dans l’eau de boisson ou les aliments (30).
L’intoxication chronique aux nitrates/nitrites est principalement à l’origine de baisses
de fertilité, et des avortements sont rarement observés chez les bovins.
52
ii.
Plomb
On en trouvait autrefois dans des peintures et sur des barrières métalliques.
Aujourd'hui, les anciennes batteries sont la principale cause d'intoxication des bovins au
plomb (32).
La dose létale dans le cas d’ingestion unique est de 600 à 800 mg/kg de poids vif et
de 6 à 10 mg/kg/jour lors d’ingestion répétée (21).
Les signes cliniques lors d’intoxication aiguë chez les ruminants sont des signes
nerveux (cécité, tremblements, dépression, convulsions et ataxie), des signes digestifs
(salivation, anorexie, diarrhée, douleurs abdominales et coliques) et des avortements. Lors
d’intoxications chroniques, les symptômes sont frustres et peu spécifiques, des avortements
sont rarement rapportés (21).
Un cas clinique d’intoxication chronique au plomb suivie d’avortements a été décrit
par D.L. Frape et J.D. Pringle en 1984 (33).
Un troupeau de 115 Holsteins a consommé du foin provenant d'une pâture où deux balltraps ont été organisés. 25 mort-nés ou avortements ont été observés en l'espace de 5 mois,
période correspondant à la consommation de ce fourrage. Le résultat des analyses obtenues
sur les vaches ayant avorté n’a permis que dans un seul cas la mise en évidence de
l'implication d’un agent infectieux : Salmonella dublin. Des analyses toxicologiques ont été
réalisées sur le foin et ont montré la présence de plomb à hauteur de 3,8 g plomb/kg de
matière sèche (= 3800 ppm.). Lors de chirurgies réalisées sur des vaches ayant consommé ce
foin, du plomb a été trouvé dans le rumen et le réseau. L'intoxication chronique au plomb
semble donc à l'origine d'avortements.
Ce métal lourd passe facilement la barrière placentaire. Il peut alors atteindre le fœtus et
notamment son système nerveux (32).
53
4. Autres causes abortives non infectieuses
a) Mauvais état général de la mère
Un mauvais état général de la mère et en particulier une hyperthermie importante et
prolongée peut entraîner un avortement.
b) Carences en sélénium
La dystrophie musculaire chez le fœtus est associée à une déficience en sélénium. On
retrouve certaines lésions chez le fœtus comme une cardiomégalie, de l'ascite et un foie
nodulaire (34).
Ces avortements dus à une carence de sélénium ne se rencontrent que lors de carences très
sévères (34).
c) Stress thermique
La zone de thermo-neutralité des vaches en lactation se situe entre - 5°C et + 20°C. En
deçà et au-delà de ces températures, des mécanismes de thermorégulation entrent en jeu et
la fécondité peut être affectée, il s'agit de la notion de stress thermique. Contrairement aux
fortes chaleurs (la température critique maximale tolérable de l'air est de + 25°C), le froid
n'aurait que peu d'impacts sur la reproduction (35).
Les avortements liés à un stress thermique trop important sont dus à une réduction
de la perfusion utérine. Mais le stress thermique est surtout à l'origine de mortalité
embryonnaire en raison d’une baisse du taux de
vitamine C (antioxydant). On note
également des perturbations dans les sécrétions hormonales (GnRH (Gonadotropin-releasing
hormone), prolactine et stéroïdes) entraînant des problèmes de fertilité (35).
54
On peut anticiper les problèmes liés au stress thermique en s'intéressant à différents
points (35).
Concernant la conduite de la reproduction, on peut grouper les vêlages à l'automne (de
septembre à décembre) afin que les vaches soient gestantes depuis quelques mois déjà
(sensibilité moins importante) lorsque la température extérieure dépasse le seuil critique
supérieur.
On peut lutter contre les insectes à l'aide d'antiparasitaires externes afin de limiter
l'énervement et le mouvement des animaux qui en découle.
Concernant l'alimentation, l'idéal est de fractionner la distribution des aliments. Cela permet
de limiter la période d'élévation de la température centrale en phase postprandiale. Il est
cependant possible de distribuer un plus gros repas le soir puisque les températures
extérieures y sont plus basses. On peut également humidifier la ration et augmenter la
largeur totale des abreuvoirs jusqu'à 9m pour 100 vaches. On peut distribuer de l'eau à
basse température (10°C) et contrôler la qualité de l'eau, l'idéal étant de nettoyer les
abreuvoirs tous les deux jours. Il est aussi possible de limiter la teneur en protéines dans la
ration à 14-16% et d'avoir un taux de protéines dégradables dans le rumen correspondant à
moins de 60% des protéines totales.
On peut également jouer sur le logement en réduisant le nombre de vaches au m 2 et repérer
les zones délaissées par les vaches lors de fortes chaleurs. Il faut repérer s'il y a un
ensoleillement direct que l'on pourrait corriger.
Concernant l'environnement, il est possible d'ombrager l'aire d'alimentation (4-5 m2 par
vache), de mettre en place des ventilateurs, « sprinklers » ou ventilateurs.
Si les vaches sont en pâtures, on doit créer et faciliter l'accès à des zones ombragées et
réduire au maximum les déplacements entre la salle de traite et les pâtures ainsi que réduire
le temps passé à l'extérieur aux heures les plus chaudes (11h-17h).
55
d) Gémellité
L'incidence de la gémellité est de 1,0 % en élevage laitier et de 0,5% en élevage
allaitant. Cette incidence varie aussi en fonction de la race (13,0% chez les Jersey, entre 3,1
et 3,3% chez les Holstein) et de l'âge (1,3% chez les génisses, 7,0% chez les vaches d'au
moins 10 ans) (7).
Le plus souvent, on note la présence d'un corps jaune sur chaque ovaire et un fœtus
dans chaque corne utérine (7). Les échecs de gestation suite à une double ovulation sont
principalement dus à de la mortalité embryonnaire (36).
La capacité utérine est un facteur limitant pour la survie des fœtus. Ainsi une
gestation multiple est plus souvent suivie d’avortements. La mise en place d’anastomoses
vasculaires entre les fœtus semble aussi intervenir dans leur survie. Lors de la mort de l’un
des deux, des substances toxiques peuvent atteindre le second fœtus et entraîner sa mort
(37).
e) Torsion utérine, gestation extra-utérine
Une torsion utérine dont le degré est supérieur à 180° entraîne un arrêt de
vascularisation du placenta et la mort du fœtus.
La gestation extra-utérine est extrêmement rare chez les bovins et s’accompagne
toujours de mort fœtale.
56
B) Causes infectieuses
1. Agents bactériens
a) La brucellose
i.
Description de l’agent bactérien
La bactérie la plus concernée par les avortements bovins est Brucella abortus.
Brucella melitensis est plutôt impliquée dans des avortements ovins et caprins (4). Il existe 9
biovars de Brucella abortus. Les bactéries qui ont été isolées en France font principalement
partie des biovars 3, 4 et 1 (38).
Il s’agit de petits cocobacilles (environ 1,5 µm) à Gram négatif, immobiles. Elles ne sont pas
décolorées par la technique de Ziehl-Neelsen (39).
Le génome des brucelles est composé de deux chromosomes circulaires à l’exception de
Brucella suis qui n’en possède qu’un. Brucella abortus est une bactérie aérobie, capnophile,
catalase-positive, oxydase-positive, uréase-positive. Un milieu enrichi en sang ou sérum est
nécessaire à la croissance de Brucella abortus (40).
ii.
Pathogénie
Après pénétration dans l’hôte, les brucelles atteignent les nœuds lymphatiques où
elles peuvent persister plusieurs années. Si les brucelles ne sont pas éliminées par
l’organisme à ce stade, elles peuvent coloniser l’ensemble de l’organisme par le sang. Il en
résulte une bactériémie et une propagation dans divers tissus et principalement dans les
tissus reproducteurs. La cible privilégiée des brucelles est le placenta. Ces bactéries sont
quiescentes et lors d’une baisse de l’immunité, comme pendant la gestation, leur
multiplication reprend (39).
Brucella abortus se multiplie dans l’espace utéro-chorial, entraînant une placentite
exsudative et nécrotique. Si les lésions provoquées par cette atteinte placentaire sont
étendues, le fœtus meurt par anoxie et il y a avortement. Mais si les lésions sont limitées,
57
l’infection brucellique est compatible avec la survie du fœtus. Il est par contre fréquent
d’observer une mise-bas prématurée et/ou des lésions cérébrales d’origine hypoxique
entraînant la mort du veau dans les 48 heures suivant sa naissance (38).
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
Les avortements brucelliques sont de type enzootique. L’infection par Brucella
abortus entraîne un avortement dans la deuxième moitié de gestation ou la naissance
prématurée de veaux faibles. Ils ont principalement lieu lors de la première gestation suivant
l’infection et les avortements suivants surviennent de plus en plus tardivement chez la
même vache (4). L’avortement survient de quelques semaines à quelques années après
l’infection (38).
La première année, lors de la survenue de brucellose dans un élevage naïf, on observe un pic
d’avortements. Puis, les années suivantes, du fait de la mise-en-place d’une immunité, le
nombre d’avortements diminue mais les vaches restent excrétrices de brucelles. Cela rend
possible la contamination des génisses ou des vaches nouvellement introduites dans le
troupeau (8).
Une rétention annexielle et une endométrite peuvent être des signes indicateurs de
brucellose (38).
iv.
Lésions placentaires
Les lésions placentaires peuvent varier en intensité et ne sont pas pathognomoniques
de la brucellose. On peut observer des formes chroniques ou aiguës de placentite, avec des
zones dégénératives et nécrotiques dans le trophoblaste chorio-allantoïque, au sommet des
cotylédons (39). Les cotylédons peuvent apparaître rouges, jaunes, nécrotiques ou être
d’apparence normale (39).
A l’examen histo-pathologique, on peut observer au niveau des villosités, une
nécrose de l’épithélium et une infiltration par des cellules mononucléées et des neutrophiles
(39).
58
v.
Lésions fœtales
Des signes de pneumonie et des épanchements séro-hémorragiques dans les grandes
cavités sont observables. Moins fréquemment, une pleurésie fibrineuse, de la vasculite et
une méningite sont présentes. (39)
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
Pour environ 60% des animaux chroniquement infectés, il est possible d’observer un
hygroma uni- ou bilatéral du carpe. On peut également observer des arthrites d’évolution
chronique survenant principalement au grasset et au jarret, moins souvent au genou ou à
l’articulation coxo-fémorale. Des mammites sub-cliniques dues à Brucella abortus peuvent
aussi survenir. Chez le bovin mâle, on peut observer une orchite ou orchi-épididymite
associées, ou non, à de la stérilité (38).
vii.

Epidémiologie
Prévalence
Dans les années 1960, la brucellose était très répandue dans les cheptels bovins
français. On estime qu’elle touchait environ 50% des cheptels et 25% des bovins. Son rôle
dans les avortements était prépondérant. Elle aurait été à l’origine de 40% des avortements
(38).
Une comparaison est faite dans la figure n°7 entre la distribution des cas de brucellose
bovine en 1992 et en 2000 en France (41).
59
¤ Figure n°7 : Cartes de répartition de la brucellose bovine en 1992 et 2000 en France
métropolitaine (41) ¤
On voit que le nombre de foyers de brucellose en France a nettement diminué entre
1992 et 2000 (41).
Les mesures de lutte mises en place au niveau européen ont permis à de nombreux
pays d’obtenir le statut indemne de brucellose : France, Danemark, Finlande, Norvège,
Suède, Grande-Bretagne, Allemagne, Autriche et Pays-Bas. La France est officiellement
reconnue indemne de brucellose depuis 2005 (38).
Le statut officiellement indemne de brucellose est défini par les critères suivants (38):
-
Absence d’avortement brucellique ou d’isolement de Brucella abortus depuis
trois ans au moins ;
-
Au moins 99,8% des troupeaux officiellement indemnes au cours des 5 dernières
années (prévalence sérologique inférieure à 0,2%) ;
-
Identification des bovins conformément à la législation communautaire ;
-
Notification obligatoire des avortements.
60
Récemment, en avril 2012, un foyer de brucellose bovine a été détecté dans la
commune du Grand Bornand, située dans le massif du Bargy en France. Le département de
Haute-Savoie était indemne de brucellose depuis le dernier cas déclaré en 1999. Brucella
melitensis a été mise en évidence dans le lait d’une vache ayant avorté et la même bactérie a
été retrouvée dans les nœuds lymphatiques d’une vache du même troupeau. Trois autres
bovins ont répondus positivement aux analyses PCR réalisées sur l’ensemble du cheptel. Un
lien a ensuite été fait avec un cas de brucellose humaine survenu suite à la consommation
de fromages au lait cru produits dans cette ferme (42).
Les études menées sur le terrain ont permis de montrer que des bouquetins sauvages
vivant sur le massif étaient atteints de brucellose et pourraient avoir joué le rôle de réservoir
et avoir assuré un relais entre le dernier cas de 1999 et celui d’avril 2012. En effet la
prévalence sérologique de la brucellose au sein de ce groupe d’animaux est importante : elle
est estimée à 37% sur les 71 bouquetins capturés dans le massif (population totale estimée à
300 bouquetins dans ce massif). En revanche, les troupeaux bovins ayant été en contact plus
ou moins proche avec le troupeau concerné n’ont pas répondu positivement aux analyses de
brucellose (42).
Il semble donc que la brucellose, anciennement très impliquée dans les avortements
bovins, n’ait plus actuellement de rôle important en France. Il faut cependant rester prudent
quant à la possible réémergence de cette maladie, comme le montrent les récents cas
observés en Haute-Savoie.

Signes épidémio-cliniques de la brucellose
Les principaux signes de suspicion lors de brucellose sont l’avortement et, plus
rarement, l’orchite ou orchi-épididymite chez le mâle (38).
Les autres éléments de suspicion qui sont moins fréquemment observés sont la mort
de veaux présentant des signes d’anoxie dans les 48 heures suivant la mise-bas, la fréquence
anormalement élevée de rétentions annexielles et la présence d’hygromas (38).
61

Type et mode de transmission
La transmission peut se faire par voie verticale ou horizontale.
Transmission verticale : le veau peut être contaminé in-utero. Il est possible qu’il élimine les
brucelles de lui-même mais environ 5 à 10% des veaux restent infectés. Les signes cliniques
et la possibilité de détection des anticorps n’apparaîtront que chez les jeunes femelles suite
à leur première mise-bas (38).
Transmission horizontale : elle peut se faire par voie directe (contact direct entre animal
infecté et animal naïf) ou indirecte (via les locaux, pâturages, aliments, eau,…contaminés par
les matières virulentes) (38).
La contamination se fait principalement par voie cutanéo-muqueuse. Cette bactérie
est capable de traverser la peau et les muqueuses saines (4). Un animal peut aussi se
contaminer par voie conjonctivale, respiratoire, digestive ou vénérienne, mais cela est plus
rare (38).
Les causes les plus fréquentes de contamination sont l’introduction d’un animal infecté
inapparent ou le contact en pâture avec des animaux provenant d’un troupeau atteint (38).
Il est aussi possible d’observer la transmission de la maladie de la faune sauvage au troupeau
bovin (42).

Contaminants
En cas de brucellose, les contaminants sont les produits d’avortement, les sécrétions
génitales, le sperme, l’urine et le lait ou colostrum des animaux infectés (4) (38).
Les brucelles peuvent persister plusieurs mois dans les matières virulentes (38).

Zoonose
La brucellose est une zoonose qu’il faut considérer comme majeure, de par la gravité
des cas humains. En 2005-2006, 70 cas humains ont été répertoriés. Aucun n’était dû à une
contamination par contact avec des bovins (43).
62
Les signes cliniques apparaissent après un temps d’incubation de 8 jours à 3 semaines,
durant lequel les brucelles se multiplient dans le ganglion correspondant à la porte d’entrée.
La contamination humaine se fait par 2 principaux procédés : contact avec des animaux
brucelliques (vétérinaires, éleveurs lors d’avortement brucellique) ou consommation de
produits laitiers frais (43). Une attention toute particulière dont être portée sur les produits
fabriqués à partir de lait non pasteurisé, puisque seul ce procédé peut éliminer Brucella
abortus (38).
Les formes classiquement développées par les patients sont soit une forme septicémique
pure, soit une forme viscérale, soit une forme chronique (43).
La forme septicémique pure se caractérise par de la fièvre, des sueurs et des douleurs de
type myalgie, arthralgie, ou douleur osseuse. La forme viscérale est marquée, selon
l’atteinte, par des signes locaux type orchi-épididymite, troubles ostéo-articulaires, troubles
nerveux (méningite ou myélite) ou troubles pleuro-pulmonaires. Enfin, la forme chronique
se caractérise par de l’asthénie, des douleurs articulaires, une cirrhose chronique, une
méningo-myélo-radiculite ou une méningo-encéphalite (43).
Il existait un vaccin humain contre la brucellose qui n’est plus disponible
actuellement en France (38).

Espèces affectées
Brucella abortus affecte naturellement les bovins mais peut aussi toucher d’autres
ruminants domestiques (ovins et caprins, buffles, bisons…) et sauvages (cervidés, chamois,
mouflons, bouquetins…). De façon plus rare, elle peut atteindre les suidés, équidés,
carnivores et rongeurs (38).

Réglementation
Il s’agit d’un danger sanitaire de première catégorie (anciennement maladie réputée
contagieuse) et elle fait partie de la liste des vices rédhibitoires (38).
La brucellose bovine est sur la liste de 2013 publiée par l’OIE. Cette liste regroupe
l’ensemble des maladies qui jouent un rôle majeur en matière de santé publique (44).
63
viii.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
Les caractéristiques antigéniques de Brucella abortus, B.melitensis et B. suis sont
identiques. Leur LPS (lipopolysaccharide) entraîne la synthèse d’anticorps qui vont pouvoir
être détectés grâce à des analyses de laboratoire. La présence d’une communauté
antigénique avec Yersinia enterocolitica O9 rend difficile l’interprétation des résultats (38).
Il est possible de mettre en évidence la présence d’anticorps à partir de 30 jours après
l’infection et jusqu’à 3 à 6 mois. Chez les jeunes bovins femelles, il faut parfois attendre la
première mise-bas pour pouvoir détecter des anticorps (38).
Il existe trois techniques sérologiques de mise en évidence de la brucellose : la méthode
ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) indirecte, l’épreuve à l’antigène tamponné
(EAT) et la méthode de fixation du complément (FC) (45).
La méthode ELISA indirecte permet la mise en évidence, dans le sérum, d’anticorps
spécifiques à la brucellose.
L’épreuve à l’antigène tamponné met en évidence les anticorps dirigés vers le LPS des
brucelles, il s’agit des IgG1 et IgM (immunoglobulines G1 et M) (38).
La méthode de fixation du complément permet de détecter les IgG1 et les IgM. On
considère que la réaction est positive quand le titre de sérum est supérieur à 20 unités CEE
sensibilisatrices/ml. La fixation du complément est moins sensible mais plus spécifique que
l’épreuve à l’antigène tamponné. Cette méthode est utilisée pour confirmer des sérums
positifs ou douteux aux tests précédents (38).
Mais, le diagnostic de certitude de la brucellose repose sur l’isolement
bactériologique à partir de sécrétions vaginales, lait, tissus de l’avorton, membranes fœtales,
sperme ou liquide articulaire (41). Cette technique est cependant plus longue et difficile à
réaliser (38).
D’autres techniques non sérologiques peuvent également être mises en œuvre : la méthode
PCR et le dépistage allergique. Le dépistage allergique consiste en une épreuve cutanée
allergique (ECA) à la brucelline. Après injection intradermique de la brucelline, il faut vérifier
64
72 heures après, l’apparition ou non d’un pli cutané supérieur à 2 millimètres. Cette
méthode présente l’inconvénient d’entraîner de nombreux faux négatifs (seuls 60 à 80 % des
bovins infectés réagissent) mais elle est très spécifique (spécificité autour de 100%). (38)
Suite à la survenue de cas de brucellose bovine en Haute Savoie en avril 2012,
l’ANSES a publié un certain nombre de recommandation quant à la démarche diagnostique à
adopter sur des troupeaux exposés à la brucellose bovine. (42)
La démarche diagnostique à suivre lors de suspicion de brucellose est résumée par la figure
n°8.
¤ Figure n°8 : Démarche diagnostique à mettre en œuvre sur des troupeaux exposés à la
brucellose (42) ¤
65
EAT= épreuve à l’antigène tamponné, FC= fixation du complément, ECA= épreuve cutanée
allergique, NL= nœuds lymphatiques, APMS= arrêté préfectoral de mise sous surveillance,
APPDI= arrêté préfectoral portant déclaration d’infection.
b) La fièvre Q
i.
Description de l’agent bactérien
Coxiella burnetii est la bactérie à l’origine de la fièvre Q. Cette bactérie est un
pathogène intracellulaire strict et il s’agit d’une bactérie Gram négatif, aérobie stricte (46).
Coxiella burnetii est une bactérie présentant une variation de phase antigénique, elle
peut être en phase I ou en phase II. Les bactéries en phase I ont des colonies lisses (smooth).
Elles peuvent entrer et survivre dans les macrophages. Il s’agit de la forme infectieuse qui
présente le plus grand pouvoir immunogène. Le passage à la phase II est consécutif à des
mutations spontanées de bactéries en phase I. Les colonies des bactéries en phase II sont
rugueuses (rough). Ce nouveau variant antigénique présente une virulence et un pouvoir
immunogène moins important. Par contre, les bactéries en phase II pénètrent mieux dans
les cellules (47).
¤ Tableau n°5 : Caractéristiques de Coxiella burnetii selon son variant antigénique (47) ¤
Colonie
LPS
Virulence
Pouvoir
Capacité à pénétrer
immunogène
dans les cellules
Phase I
Smooth
complet
++
++
+
Phase II
Rough
incomplet
+
+
++
ii.
Pathogénie
La pathogénie de la fièvre Q a principalement été étudiée sur les souris. Il a été
observé que, suite à l’inhalation des bactéries, celles-ci colonisent des cellules pulmonaires
66
telles que les fibroblastes et les histiocytes. Elles diffusent ensuite par voie sanguine jusqu’au
foie, la rate et l’utérus des femelles gestantes (39).
Ce sont des bactéries quiescentes et leur multiplication reprend lors d’une baisse de
l’immunité comme lors de gestation (39).
Il semblerait que l’avortement soit dû à l’existence d’un placentite entraînant une
anoxie et la mort du fœtus.
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
L’avortement dû à Coxiella burnetii survient à tout stade de gestation mais plus
fréquemment dans sa deuxième moitié. On peut également avoir la naissance de veaux
prématurés et de veaux chétifs. De façon concomitante, des affections de la reproduction
sont souvent présentes : métrites et retours en chaleurs tardifs (4). Les métrites sont
souvent résistantes aux traitements mis en place.
iv.
Lésions placentaires
Le placenta est œdémateux ou gélatineux. Le mucus présente une couleur violacée
ou marron. Dans certains cas, les cotylédons sont nécrotiques et les membranes sont
épaissies et solides. Ces aspects ne sont pas spécifiques d’une atteinte par Coxiella burnetii
(39).
v.
Lésions fœtales
Les lésions fœtales ne sont pas spécifiques d’une atteinte par C. burnetii (39). Neikov
a montré que des fœtus ovins issus d’avortements par la fièvre Q présentaient des lésions
nécrotiques sur le foie, les reins, les glandes surrénales et certains nœuds lymphatiques. Il a
également mis en évidence une méningo-encéphalite lymphocytaire (48).
67
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
La dernière infection expérimentale a été réalisée en 1973 sur douze génisses âgées
de 8 à 11 mois (49). C. burnetii a été inoculée par voie intradermique. La maladie a évolué en
2 phases :
(i)
une phase aiguë caractérisée par une hyperthermie marquée et une
pneumonie apparaissant dans les 24-48 heures suivant l’inoculation ; (49)
(ii)
une phase chronique qui se manifeste principalement par des troubles de la
reproduction.
Deux
génisses
sur
les
11
qui
ont
été
infectées
expérimentalement ont avorté et trois sont restées infécondes. Certaines des
génisses concernées par l’étude ont été autopsiées et des lésions
myocardiques (myocardite) et pulmonaires ont été mises en évidence (49).
Les symptômes génitaux sont donc prépondérants mais on peut observer des symptômes
respiratoires (38) qui surviennent lors de la phase aiguë avec une hyperthermie marquée
(50).
vii.

Epidémiologie
Prévalence
La fièvre Q est une maladie très répandue au niveau mondial. (43)
La prévalence sérologique apparente de Coxiella burnetii est selon R. Guatteo de 20,0% à
titre individuel et de 37,7% à l’échelle des troupeaux. (51)
Elle fait partie, avec Neospora caninum et le virus de la BVD, des trois principaux agents
abortifs des ruminants en France (52).

Zoonose
La fièvre Q est une zoonose majeure. La contamination humaine résulte la plupart du
temps d’inhalation de poussières contenant Coxiella burnetii. Il s’agit d’une bactérie qui est
très résistante dans le milieu extérieur (43).
68
De façon plus anecdotique, la contamination peut se faire par franchissement de la
peau à la faveur d’une blessure (43).
Les signes cliniques sont sévères et se présentent sous diverses formes. La forme
aiguë peut se caractériser par un syndrome fébrile, une pneumonie ou une hépatite. La
forme chronique est quant à elle à l’origine d’avortements ou de naissances d’enfants mortnés. Enfin, des personnes immunodéprimées ou souffrant d’une valvulopathie peuvent
développer une endocardite (51).
La fièvre Q fait partie de la liste 2007 de l’OIE qui regroupe les maladies d’intérêt en
matière de santé publique (44).

Type de contamination
La contamination se fait principalement par voie aérienne via l’inhalation de
poussières contaminées (4). L’ingestion d’aliments souillés par les produits d’avortement
peut également être à l’origine d’une contamination, mais cela semble moins fréquent que
la transmission par les aérosols (47). La transmission par piqûre de tique est la troisième voie
de transmission de la fièvre Q. La plupart des publications à ce sujet sont japonaises, peu de
données sont disponibles en France (47). Enfin, une transmission vénérienne a été décrite
chez les bovins par D.Kruszewska et S.Tylewska-Wierzbanowska en 1997 (53).

Contaminants
Les principales sources de contamination sont les produits d’avortement et les
animaux récemment avortés (qui excrètent la bactérie en grande quantité) (4).
Coxiella burnetii est une bactérie très résistante dans le milieu extérieur : plus de 7 jours
dans l’eau, 49 jours dans les urines et plusieurs mois dans les poussières (4).
Les principales voies d’excrétion de C. burnetii sont le lait, le mucus vaginal et les fèces. La
durée maximale d’excrétion est de 14 jours dans les fèces, 13 mois dans le lait et elle reste
indéterminée pour le mucus vaginal (54).
69
Guatteo et ses collaborateurs ont étudié le portage de C. burnetii par des vaches
appartenant à des troupeaux atteints de fièvre Q. Ils ont montré que la présence de C.
burnetii était rare et sporadique. Elle a, par contre, été mise en évidence dans plus de 50%
des échantillons de mucus vaginal, de façon intermittente ou sporadique. Enfin, elle a été
mise en évidence dans 40% des prélèvements de lait, concernant surtout une excrétion de
type persistant et sporadique. Dans le cas d’excrétion persistante, la charge en bactéries
était significativement plus importante que dans le cas d’excrétion sporadique (55).
Une étude a été menée sur la détection d’ADN de Coxiella burnetii dans ces différents
échantillons (56). Des prélèvements de lait, de mucus vaginal et de fèces ont été réalisés sur
280 vaches appartenant à 5 troupeaux, à raison d’au plus 9 prélèvements étalés sur une
période de 6 mois. Un total de 1550 échantillons de chaque type (lait, mucus vaginal, fèces)
a été récolté et analysé par la méthode de PCR en temps réel. Une vache était considérée
comme excrétrice à un moment donné si au moins un des résultats de PCR (lait, mucus
vaginal ou fèces) était positif. C. burnetii a été mise en évidence, respectivement, dans 9.5%,
19.2% et 2.7% des échantillons de mucus vaginal, de lait et de fèces. La proportion
d’animaux ayant eu un seul résultat PCR positif parmi l’ensemble des vaches excrétrices est
de 85% et seules 2% avaient les trois PCR positives.
Ainsi, il paraît délicat de qualifier une vache à partir d’un seul résultat de PCR. On
peut obtenir de nombreux faux négatifs et ainsi sous-estimer le risque de propagation et de
transmission de la fièvre Q. Mais, dans la pratique, il semble difficile de faire réaliser les trois
analyses principalement pour des raisons économiques.
viii.
Mise en place de l’immunité
La mise-en-place de l’immunité se fait rapidement. Les IgM apparaissent après 2
semaines et disparaissent en quelques mois. Les IgG apparaissent quant à elles quelques
jours plus tard et peuvent persister des années (46).
Lorsque l’on est dans le cas d’une infection aiguë, le taux d’IgG anti-phase II est
important, le taux d’IgG anti-phase I est plus faible, et on peut trouver des IgM. Lorsque le
70
titre d’IgG anti-phase II est supérieur à 200, on considère que l’on est face à une infection
aiguë (46).
L’infection chronique est suspectée lorsque le titre en IgG anti-phase I est supérieur à
800, et elle est confirmée lorsque celui-ci est supérieur à 1600 (46).
¤ Tableau n°6 : Détermination du type d’infection à Coxiella burnetii selon les valeurs des
titres en IgG anti-phase I ou II, et selon la présence d’IgM (46) ¤
Type d’infection à
Coxiella burnetii
Infection aiguë
Titre IgG
Titre IgG
anti-phase I
anti-phase II
Présence d’IgM
Plus faible
Important
Possible
Infection
Suspectée
> 800
/
/
chronique
Confirmée
>1600
/
/
Dans la pratique, il est courant d’associer la méthode PCR en temps réel et l’analyse
sérologique afin de diagnostiquer la fièvre Q.
Il convient de faire parvenir le plus tôt possible le prélèvement au laboratoire
d’analyse afin de limiter le nombre de faux négatifs. Dans l’idéal, il faut les faire parvenir
sous 5 jours et dans tous les cas les maintenir au frais (+4°C).
Une étude a été réalisée sur le risque d’obtenir un faux négatif lorsque l’analyse n’est pas
faite le jour du prélèvement (56). Dans cette étude, 36 prélèvements de lait et 13
prélèvements de mucus vaginal que l’on connaissait positifs à Coxiella burnetii à J0 ont été
analysés à J1, J2 et J3 ou J5 (c’est-à-dire 1, 2, 3 ou 5 jours après le prélèvement). Dès le
premier jour, le nombre de résultats positifs diminuait d’un tiers environ (66.7% de positifs)
pour les prélèvements de lait et de moitié environ pour les prélèvements de mucus vaginal
(53.9% de positifs). Mais pour les analyses mises en œuvre à J2 et J3 ou J5, les résultats ne
différent pas de manière significative des valeurs trouvées à J1.
71
Ainsi, dans le cadre du diagnostic d’avortement pour lequel la charge bactérienne initiale est
élevée, l’analyse PCR peut être différée jusqu’à 5 jours si le prélèvement est conservé au
froid positif (+4°C).
Le résultat de l’analyse PCR est donné en Ct (cycle threshold = nombre
d’amplifications nécessaires à la mise en évidence de la séquence génétique). On considère
un échantillon positif si la valeur de Ct est inférieure à 40 (55).
ix.
Recommandations en termes de démarche diagnostique
Lors d’avortement isolé, l’analyse PCR individuelle sur mucus vaginal, placenta ou
contenu stomacal du fœtus semble être la plus appropriée (57).
Lors d’avortements en série, il convient d’associer des analyses PCR et des analyses
sérologiques. L’ACERSA, association pour la certification de la santé animale en élevage,
donne un certain nombre de recommandations concernant la démarche diagnostique à
appliquer en élevage bovin lorsque l’on suspecte la fièvre Q (58).
Selon cet organisme, la suspicion clinique de fièvre Q doit venir dès que l’on est face
à une série d’avortements (58). On parle d'avortements en série dans deux cas :
-
Lorsque le troupeau compte moins de 100 vaches : on considère que les
avortements sont répétés lorsqu’il y a au moins deux avortements en un mois ou
au moins trois avortements durant la période de mise-bas.
-
Lorsque le troupeau compte plus de 100 vaches : on considère que les
avortements sont répétés quand au moins 4% des vaches ont avorté dans l’année
(3).
La technique PCR est, selon l’ACERSA, la seule technique d’identification directe
envisageable en routine. La sérologie est quant à elle difficile à interpréter sauf si elle est
réalisée sur un groupe de vaches présentant des signes cliniques de fièvre Q : avortement,
72
ou troubles de la reproduction (retours en chaleur tardifs ou décalés, métrite…). La
technique ELISA doit être préférée à la technique de fixation du complément en raison de
ses meilleures sensibilité et spécificité. Le choix du kit ELISA est également important. Il faut
préférer le kit qui utilise des antigènes de Coxiella isolés de ruminants domestiques à celui
utilisant la souche Nine Mile ayant été isolée à partir de tiques, car il présente une meilleure
sensibilité (58).
Le diagnostic de base se fait grâce à la PCR réalisée dans l’idéal sur 2 vaches ayant
avorté depuis moins de 8 jours. Elle est réalisée sur les produits d’avortement (sur écouvillon
vaginal, ou de placenta en privilégiant les zones nécrosées, sur des fragments de houppes
placentaires, sur des organes du fœtus (rate, foie, poumon ou contenu stomacal)) et non sur
le lait (58). La réalisation de PCR sur lait de tank est déconseillée dans le cadre du diagnostic
d’avortement en raison de l’absence de données sur la fréquence et les modalités de
contamination du lait de mélange (47).
L’ACERSA recommande que l’analyse soit lancée dans les 48-72 heures maximum
suivant le prélèvement (58). Mais d’après R.Guatteo, un délai de 5 jours reste acceptable
(56).
L’interprétation des résultats se fait de la façon suivante : (58)
-
Seuil de positivité de la PCR quantitative :
o si le nombre de bactéries C. burnetii ≥ 104 / g de placenta ou d’écouvillon
-
Si la PCR est positive sur les organes du fœtus ou sur son contenu stomacal, on
considère que la seule présence de C. burnetii dans l’avorton montre son
implication dans l’avortement, et ce quelle que soit la quantité de bactéries mises
en évidence.
Selon les résultats des 2 PCR, il faudra ou non prendre en compte des résultats de la
sérologie.
Les analyses sérologiques se feront sur au moins 6 animaux, dont au moins 3
primipares. Les vaches prélevées devront avoir présenté des problèmes reproducteurs
73
(métrite, retours en chaleur tardifs ou décalés) depuis moins de 4 mois ou un avortement
depuis plus de 15 jours (58).
Le seuil de positivité de l’ELISA sera fonction du kit utilisé. Il faut se conformer aux
recommandations du fabricant (58).
Suite à l’interprétation des résultats d’analyse, on pourra attribuer à l’élevage le
statut A, B ou C (58).
Le statut A correspond à un cheptel considéré comme cliniquement atteint de fièvre Q.
Le statut B concerne un cheptel pour lequel l’implication de la fièvre Q dans les avortements
est incertaine. Il s’agit d’un cas isolé de fièvre Q mais on ne peut pas exclure la fièvre Q à
l’échelle du troupeau.
Le statut C signifie que la fièvre Q n’est pas à l’origine de la série d’avortements survenus
dans l’élevage.
74
¤ Figure n°9 : Démarche diagnostique préconisée par l’ACERSA lors de suspicion de fièvre Q
et lorsque la réalisation de 2 PCR quantitatives est possible (58) ¤
75
¤ Figure n°10 : Démarche diagnostique préconisée par l’ACERSA lors de suspicion de fièvre Q
et lorsqu’une seule PCR quantitative est réalisée (58) ¤
Lorsque l’élevage a le statut B, il convient de rester prudent et l’ACERSA recommande de
réaliser une nouvelle PCR pour tout avortement survenant dans l’année suivant l’épisode
d’avortements en série. Si le résultat est négatif, l’élevage aura le statut C et si il est positif,
l’élevage aura le statut A.
76
¤ Figure n°11 : Démarche à suivre lorsque l’élevage a le statut B (58) ¤
Enfin lorsque l’on veut montrer la circulation de la fièvre Q au sein d’un élevage, l’analyse
PCR sur lait de tank paraît être l’analyse la plus appropriée. Le résultat de PCR sera analysé
avec les résultats de séroprévalence sur 10 vaches prélevées. La démarche diagnostique est
la suivante (57).
77
¤ Figure n°12 : Grille d’interprétation des résultats de PCR sur lait de tank et séroprévalence
dans le cadre de la mise en évidence d’une circulation de fièvre Q au sein d’un troupeau
bovin (57) ¤
78
c) La salmonellose
i.
Description de l’agent bactérien
Le genre Salmonella appartient à la famille des Enterobacteriaceae et contient plus
de 2500 sérovars (4). Ce sont des bactéries Gram négatif, aérobies et mésophiles. Elles sont
à multiplication intracellulaire facultative (59). Elles ne se multiplient pas dans le milieu
extérieur mais sont très résistantes (plusieurs semaines dans le fumier et plusieurs mois
dans le lisier ou l’eau) (59).
Leur classification est basée sur le système de Kaufmann et White. Celle-ci prend en
compte la
présence
ou
non d’antigènes somatiques (O) ou
flagellaires (H),
occasionnellement capsulaires (Vi). A partir de ce schéma, deux espèces sont proposées :
Salmonella enterica et Salmonella bongori. La plupart des salmonelles impliquées dans les
affections des bovins appartiennent à l’espèce enterica. Au sein de cette espèce, on
distingue plusieurs sous-espèces dont thyphimurium et dublin sont les plus connues (40).
Le RESSAB (Réseau d’Epidémio-Surveillance de la Salmonellose Bovine) travaille sur la
forme diarrhéique de la salmonellose bovine. Les résultats de leurs études ont montré que
les salmonelles les plus fréquemment mises en évidence étaient Salmonella thyphimurium
(60).
D’après une étude réalisée en Grande-Bretagne entre 2003 et 2008, les sérotypes les plus
souvent impliqués dans les salmonelloses cliniques sont Salmonella thyphimurium et
Salmonella dublin. L’avortement était le principal signe clinique dans 26,7% des cas de
salmonellose à Salmonella dublin, alors que cela concernait uniquement 2,6% des cas de
salmonellose à Salmonella thyphimurium. Des avortements ont également été observés lors
de l’intervention d’autres sérovars. Ils concernaient 16,7% des manifestations cliniques de
Salmonella montevideo, 13,3% pour Salmonella mbandaka, 10,2% pour Salmonella newport
et 8,9% pour Salmonella agama (61).
79
ii.
Pathogénie
Les principales voies d’entrée des salmonelles sont la voie orale et la voie
pulmonaire. Lors d’une contamination par voie orale, les salmonelles passent la barrière
épithéliale au niveau de la muqueuse de l’iléon. Les salmonelles envahissent alors les
entérocytes dont les cellules M. Ces cellules M ont pour rôle de capter des particules en
position intra-luminale et de permettre l’action des macrophages et lymphocytes. Lorsque
les salmonelles sont en position intracellulaire au sein des macrophages, différents
mécanismes interviennent et évitent leur destruction. Le premier est l’inhibition de la fusion
entre les phagosomes et les lysosomes. Et le deuxième mécanisme fait intervenir une
protéine interne de Salmonella thyphimurium, la protéine PhoQ. Cette protéine permet la
phosphorylation de la protéine PhoP qui agit à son tour sur la transcription de divers gènes.
Ainsi, les gènes pagC et pagD sont activés et permettent la synthèse de protéines qui
entrent dans la composition de la membrane bactérienne et qui lui confèrent une résistance
vis-à-vis de la phagocytose (62). Cette résistance à la phagocytose rend possible la
bactériémie et la dissémination des salmonelles dans l’organisme dont l’utérus.
Suite à la contamination par des salmonelles, plusieurs scénarios sont possibles. Le premier
correspond à l’élimination complète des salmonelles par l’organisme et la guérison de
l’animal. Dans un second cas, les salmonelles peuvent rester en position intracellulaire au
sein des macrophages dans les nœuds lymphatiques mésentériques. Dans ce cas, on dit que
l’animal est porteur latent. Enfin, les cellules infectées par la bactérie peuvent passer dans la
circulation sanguine et se disséminer dans l’organisme. L’animal présente alors une
bactériémie. C’est dans ce dernier cas que la bactérie peut atteindre l’utérus et entraîner un
avortement (63).
La pathogénie de la salmonellose est présentée dans la figure n°13.
80
¤ Figure n°13 : Pathogénie de la salmonellose (63) ¤
Il existe deux hypothèses concernant l’avortement ou la naissance prématurée de
veaux de mère infectée par des salmonelles :
-
La première propose qu’ils soient directement la conséquence d’une invasion et
d’une multiplication des salmonelles dans le placenta.
-
La seconde hypothèse met en jeu des endotoxines (le lipopolysaccharide ou LPS)
présentes sur la membrane externe des bactéries Gram négatif (39).
81
Selon une étude réalisée entre 2003 et 2008 en Grande-Bretagne, l’infestation par
Fasciola hepatica serait un facteur favorisant d’expression clinique de salmonellose à
Salmonella dublin sans que l’on ne connaisse le mécanisme exact (61).
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
L’avortement dû aux salmonelles se déroule en général entre 124 et 270 jours de
gestation, la plupart du temps entre 160 et 180 jours. L’avortement peut survenir suite à une
entérite ou sans signe annonciateur (surtout avec Salmonella Dublin). L’avortement peut
survenir plusieurs jours (8-21 jours) après l’infection initiale qui est caractérisée par une
forte hyperthermie (39).
iv.
Lésions placentaires
Lors d’avortements dus aux salmonelles, il est fréquent d’observer une placentite et
des lésions nécrotiques au niveau des cotylédons, mais ces lésions ne sont pas spécifiques de
cette affection (39).
v.
Lésions fœtales
Le fœtus peut présenter un œdème sous-cutané, de la congestion et une nécrose
hépatique et pulmonaire (64).
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
Il existe plusieurs formes cliniques : la forme abortive, la forme diarrhéique chez
l’adulte et la forme septicémique chez le veau. Les salmonelles sont aussi responsables de
mammites et de bronchopneumonies infectieuses enzootiques (39). La forme diarrhéique
est la plus fréquente et est classiquement caractérisée par un abattement, de la fièvre, une
diarrhée fibrino-nécrotique, une baisse de production de lait et occasionnellement la mort
de l’animal (39). La forme respiratoire est caractérisée par une dyspnée, de la toux sèche et
quinteuse, un jetage séreux puis muqueux (65).
82
Selon une étude réalisée entre 2003 et 2008 en Grande-Bretagne, le principal signe
clinique lors de salmonellose clinique est la diarrhée. Elle était présente pour 64,5% des cas
de salmonellose diagnostiquée au cours des 5 années de l’étude. De plus, Salmonella dublin
était associé à des problèmes respiratoires dans 9,4% des cas chez les veaux et 0,6% chez les
bovins adultes (61).
vii.
Epidémiologie
Il s’agit principalement d’avortements sporadiques.

Prévalence (nationale, régionale)
Une étude réalisée en Californie entre 1998 et 2003 sur 2296 cas d’avortements a
montré que 1,6% étaient dus à la salmonellose. (66)
Peu d’études concernant la prévalence de la salmonellose bovine abortive en France
existent à l’heure actuelle. Les principaux objectifs du RESSAB sont de surveiller l’évolution
de l’incidence des salmonelloses diarrhéiques bovines, d’identifier les sérovars en cause,
d’étudier l’antibio-résistance des bactéries mises en évidence, la contamination par des
salmonelles du milieu ambiant, du lait individuel de la vache atteinte, du lait de tank des
troupeaux et la contamination des veaux de mères atteintes (60).
Des « vétérinaires vigies » sont les premiers acteurs de ce réseau. Ils déclarent au
RESSAB les cas de salmonelloses détectés dans leur clientèle. Le cheptel est déclaré suspect
lorsque un (ou plusieurs) bovins de plus de 24 mois présente(nt) une diarrhée associée à de
l’hyperthermie et/ou de l’abattement. Divers prélèvements sont réalisés : fèces de la vache,
lait individuel, lait de tank lorsqu’il s’agit d’une vache laitière, fèces du veau de la vache
suspecte lorsqu’il s’agit d’une vache allaitante, et lisier de l’exploitation. La recherche de
salmonelles est alors mise en œuvre, elle est associée à un sérotypage et à la réalisation d’un
antibiogramme (60).
83
Si les analyses bactériologiques ont permis la mise en évidence de salmonelles, une nouvelle
série de prélèvements est réalisée 15 à 30 jours plus tard. Des informations
épidémiologiques sont alors relevées (60).
Les résultats montrent, qu’à la création du RESSAB en 1996, l’incidence de la salmonellose
bovine était de 5,6 cheptels sur 1000 surveillés. Son incidence n’a cessé de diminuer pour
atteindre 1 cheptel pour 1000 en 2004 (60).
En accord avec ces résultats, une étude réalisée entre 2003 et 2008 en GrandeBretagne a montré que le nombre de salmonelloses cliniques détectées en élevage bovin a
diminué. Le nombre de salmonelloses diagnostiquées en Grande-Bretagne est passé de 1177
cas en 2003 à 565 en 2008. Cette baisse est principalement due à la baisse du nombre de
salmonelloses à Salmonella dublin : 955, 635, 500, 435, 352 puis 376 cas respectivement en
2003, 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008 (61).

Modes de transmission
La contamination par des salmonelles a principalement lieu par voie orale lors
d’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés (39). Il faut être vigilant et penser plus
particulièrement à la salmonellose quand l’élevage bovin en cause est proche d’un élevage
de volailles, lors de la présence de pigeons et d’étourneaux qui peuvent être porteurs sains
et excréteurs de salmonelles dans leurs fèces (4).

Contaminants
La vache excrète des salmonelles par voie fécale et/ou génitale. On peut trouver, lors
d’infections salmonelliques, jusqu’à 108 bactéries/g de fèces et jusqu’à 1010 bactéries/g de
produits d’avortement (59).
Les matières virulentes sont donc les produits d’avortement et les fèces, mais également le
lait (4). L’excrétion lactée reste cependant marginale et la présence de salmonelles dans le
lait est surtout due à la présence de fèces sur les trayons de la vache lors de la traite (59).
Le RESSAB a montré que deux bovins sur cinq excrétaient encore des salmonelles dans leurs
fèces 15 à 30 jours après la suspicion clinique. Concernant l’excrétion lactée, au moment de
84
la suspicion clinique, un lait de tank sur six a été trouvé positif et 15 à 30 jours plus tard, seul
un lait de tank sur dix était toujours positif. L’étude des lisiers n’a été possible qu’en élevage
laitier et a montré que sept lisiers sur dix étaient positifs à la première visite et six sur dix
l’étaient encore 15 à 30 jours plus tard. Lors de la suspicion clinique de salmonellose, les
fèces de veaux issues de mères contaminées étaient positives dans sept cas sur dix alors que
seulement 25% l’étaient lors de la deuxième visite 15 à 30 jours plus tard (60).
Cela montre que l’excrétion de salmonelles est très importante au moment de
l’épisode clinique et tend à diminuer avec le temps mais n’est pas nulle jusqu’à 30 jours
après la suspicion clinique. Les vaches sont donc potentiellement contaminantes jusqu’à 30
jours au moins après leur avortement d’origine salmonellique.
Une étude réalisée entre 2003 et 2008 en Grande Bretagne a montré que la période
pour laquelle les épisodes cliniques de salmonelloses étaient plus nombreux coïncidait avec
les périodes de vêlage (61). Cela peut s’expliquer par le fait que la vache avortée atteinte de
salmonellose présente un pic d’excrétion au moment de l’avortement et après. Cela favorise
la contamination d’autres vaches du troupeau. La charge bactérienne dans l’élevage est
donc importante à cette période.

Zoonose
La salmonellose est une zoonose. La principale voie de contamination humaine est la
voie orale, via l’ingestion d’aliments contaminés. Après une incubation de 10 à 12 heures, la
personne contaminée présente des signes de gastro-entérite. Chez des personnes plus à
risque, cet état peut se compliquer d’une déshydratation ou d’une septicémie (59).
La contamination des intervenants en élevage se fait par contact avec les animaux ou leurs
fèces et les produits d’avortement (59).
Un document destiné aux éleveurs a été rédigé par le GDS Loire-Atlantique concernant la
conduite à tenir dans un élevage bovin présentant une suspicion clinique de salmonellose. Il
fait référence, entre autres, aux risques de zoonose lors de salmonellose (67).
85
viii.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
Suite à un épisode salmonellique, la vache s’immunise, ce qui explique la rareté des
avortements salmonelliques ultérieurs chez cet animal. (4)
Le diagnostic de salmonellose se fait principalement par culture de la bactérie à partir
du placenta ou du foie de l’avorton (45). Il peut également se faire par PCR sur prélèvement
de contenu stomacal, sur foie du fœtus ou sur écouvillon vaginal (4).
d) La chlamydophilose
i.
Description de l’agent bactérien
Le genre Chlamydophila appartient à la famille des Chlamydiaceae. C’est une bactérie
à Gram négatif.
La bactérie Chlamydophila abortus est l’espèce la plus souvent impliquée dans les
avortements bovins (40). Elle est la bactérie à l’origine du syndrome d’avortement
épizootique bovin (68). C’est un pathogène intracellulaire obligatoire. Elle est incapable de
synthétiser de l’ATP par elle-même et se réplique uniquement dans des cellules vivantes
(40).
ii.
Pathogénie
Dans le cycle de développement des Chlamydophila, les formes infectieuses et
reproductives sont morphologiquement distinctes. Les formes infectieuses extracellulaires
sont appelées corps élémentaires. Elles sont de petite taille (de 200 à 300 nm) et sont
métaboliquement inertes. Chaque corps élémentaire est entouré par une membrane
cytoplasmique, un espace périplasmique et une enveloppe externe contenant des
lipopolysaccharides. Ces corps élémentaires pénètrent dans les cellules cibles par
endocytose médiée par des récepteurs cellulaires. La pénétration du corps élémentaire dans
la cellule entraîne sa conversion en un corps réticulaire. Cet élément est métaboliquement
86
actif et peut se répliquer. En règle générale, la réplication se poursuit jusqu’à 72 heures
après l’infection (40).
Après contamination par voie orale, les Chlamydophila se multiplient au niveau des cellules
épithéliales de la muqueuse gastro-intestinale, ce qui entraîne l’apparition de troubles
digestifs. Puis, suite à l’invasion de la lamina propria de l’intestin grêle, les bactéries
parviennent jusqu’à la circulation sanguine et lymphatique, ce qui est à l’origine d’une
bactériémie primaire. Cet état de bactériémie permet la colonisation de différents organes
dont l’utérus. L’infection par des Chlamydophila peut donc entraîner un avortement chez
une femelle gravide (69).
La pathogénie des Chlamydophila peut se résumer par la figure n°14 (69).
87
¤ Figure n°14 : Pathogénie des Chlamydophila (69) ¤
L’avortement peut être dû à une atteinte directe du fœtus par perte de la zone
pellucide ou par inflammation de l’utérus le rendant non viable à la survie du fœtus (68).
88
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
L’infection par des Chlamydia est le plus souvent bien tolérée par l’organisme et un
état d’équilibre s’installe entre le pathogène et l’hôte. L’animal est alors infecté chronique
sans qu’aucun signe clinique ne se développe (68).
Les vaches au deuxième trimestre de gestation sont les plus sensibles aux
Chlamydophila. L’avortement survient généralement de 45 à 120 jours après l’infection,
donc aux alentours du 6ème et 8ème mois de gestation (69). Cela concerne principalement les
génisses lors de leur première gestation (70). En général, les vaches infectées lors du
troisième trimestre de gestation n’avortent pas même si la bactérie est présente au niveau
du placenta. Il arrive que certaines vaches mettent bas prématurément (69).
D’autres signes cliniques peuvent être observés chez la vache : endométrite, repeat-breeding
et vaginite (71). La chlamydophilose est, en effet, à l’origine d’infertilité sub-clinique (72).
iv.
Lésions placentaires
Borel et ses collaborateurs ont réalisé une étude qui a permis de décrire les
principales lésions placentaires observées lors d’avortements à Chlamydophila (70). Cette
étude porte sur 235 avortements pour lesquels la fièvre Q, la brucellose et l’IBR ont été
écartés. En revanche, les analyses PCR et immuno-histochimiques ont donné des résultats
positifs pour diverses espèces de Chlamydophila. La première analyse PCR a montré que 55
échantillons étaient positifs à une espèce de Chlamydophila : 6 positifs pour Chlamydophila
abortus, 6 positifs pour Chlamydophila psittaci et 43 positifs pour un organisme apparenté à
des Chlamydophila (dont 9 ont été attribués à Parachlamydia acanthamoebae). Le second
type d’analyse PCR (utilisant une autre amorce que la première) a permis de montrer que 10
échantillons sur les 235 étaient positifs à une Chlamydophila : 9 positifs pour C. abortus et 1
positif pour C. psittaci (70).
A l’examen de tous les placentas de l’étude (comprenant également les placentas issus
d’avortements qui ne sont pas dus à des Chamydophila), la lésion la plus souvent observée
est une placentite (149 cas sur 235). La plupart des placentas sont purulents et nécrotiques
89
(104 placentas sur les 149 examinés), seuls 37 sont uniquement nécrotiques et 8
uniquement purulents (70).
Une vasculite est observée dans 26 cas sur 235. La plupart du temps, les artérioles situées
dans la zone inter-cotylédonaire sont infiltrées de polynucléaires neutrophiles (70).
L’examen des tissus placentaires a été impossible dans 44 cas sur 235 en raison d’une
autolyse trop avancée (70).
Conclusion : lors de la mise en évidence d’une espèce de Chlamydophila par au moins une
technique de laboratoire (soit 61 cas), un état purulent et nécrotique a été observé dans 30
cas (49,2% des cas), un état nécrotique dans 10 cas (16,4%), un état purulent dans 2 cas
(3,3%), un état d’autolyse dans 11 cas (18,0%) et aucune lésion dans 8 cas (13,1%). Une
vasculite était présente dans 9 cas (14,8%) (70).
Ainsi, les principales lésions placentaires observées lors d’infections à Chlamydophila
sont une placentite nécrosante et/ou purulente et une vasculite (70).
On peut également observer une nécrose des cotylédons qui prennent un aspect jaunâtre,
de l’œdème placentaire, et occasionnellement de la fibrose inter-cotylédonaire (69).
v.
Lésions fœtales
Le fœtus peut présenter de l’ascite et de l’œdème sous-cutané. Des pétéchies sont
aussi observables au niveau de la bouche, de la langue, du thymus et des nœuds
lymphatiques. Des nodules hépatiques, des lésions rénales telles que des hémorragies sous
capsulaires, une augmentation de taille de la rate et une congestion des vaisseaux sanguins
cérébraux peuvent également être présents. A l’examen histo-pathologique, on peut
observer des images de nécrose ou d’inflammation hépatique (69).
90
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
Les Chlamydophila, de par leur large diffusion dans l’organisme, sont à l’origine de
nombreux signes cliniques, autres que des troubles de la reproduction (69).
Lors de contaminations par aérosols ou par contact direct, des Chlamydophila peuvent
entraîner des signes oculaires avec le développement de kératoconjonctivites. Il s’agit d’une
infection primairement catarrhale qui peut évoluer après surinfection en une forme
purulente (69).
Lors de contaminations par voie orale, les bactéries colonisent, dans un premier temps, le
tractus digestif ce qui entraîne certains troubles dont une entérite. La diarrhée est souvent
très liquide mais transitoire et est généralement accompagnée d’une péritonite focale à
généralisée. Les muqueuses intestinales sont congestionnées, œdémateuses, et peuvent
présenter des pétéchies. On peut y observer la présence de fibrine. Les nœuds lymphatiques
mésentériques sont hypertrophiés. L’examen histo-pathologique met en évidence une
infiltration diffuse de la muqueuse et de la lamina propria par des cellules mono- et
polynucléées (69).
Les Chlamydophila peuvent également être à l’origine de pneumonies qui se surinfectent la
plupart du temps par Pasteurella multocida ou Pasteurella hemolytica. Les parties crânioventrales du poumon sont les plus touchées. Les lésions consistent en de l’emphysème, de
l’œdème et de l’atélectasie. L’étude histo-pathologique permet la mise en évidence
d’infiltrations lymphocytaires péri-bronchiques et péri-vasculaires. Des desquamations de
cellules épithéliales alvéolaires et bronchiolaires sont également visibles (69).
Une encéphalomyélite peut apparaître suite à l’infection par des Chlamydophila, on l’appelle
« l’encéphalomyélite sporadique bovine ». Elle se caractérise cliniquement par une
dépression, des tremblements et une incoordination. A l’examen histo-pathologique du
cerveau, les principales lésions observables sont une vasculite associée à une infiltration
lymphocytaire péri-vasculaire. On peut également voir une prolifération diffuse de cellules
gliales (69).
Enfin, on peut avoir des veaux faibles et observer une augmentation de la mortinatalité (71).
91
vii.

Epidémiologie
Prévalence
D’après Anderson, les avortements épizootiques bovins dus à Chlamydophila abortus
concerneraient jusqu’à 6,5% des cas d’avortements (66).
Une étude a été réalisée au Portugal entre 2005 et 2009. 168 prélèvements
d’avortements ont été faits sur des vaches, brebis et chèvres. Une PCR a été mise en œuvre
pour permettre la mise en évidence de diverses espèces de Chlamydophila : Chlamydophila
abortus, C. psittaci et C. pecorum. (73)
C. abortus a été identifiée dans 69 prélèvements (soit 87,3% des cas), C. psittaci dans 6
échantillons (soit 7,6% des cas) et C. pecorum dans 4 échantillons (soit 5,1% des cas). (73)
Il n’est pas étonnant d’obtenir de tels pourcentages concernant C. abortus puisque cette
bactérie est très présente au Portugal et joue un grand rôle dans les avortements,
principalement chez les petits ruminants. C. psittaci est rarement associée à des troubles de
la reproduction. C’est une bactérie qui est physiologiquement présente dans le tube digestif
et les échantillons testés positifs pour cette espèce ont probablement été contaminés lors
du prélèvement. Enfin, C. pecorum n’a été détectée que dans des échantillons provenant de
petits ruminants (73).
Ainsi, on peut dire que Chlamydophila abortus est bien présente dans les troupeaux bovins
portugais et pourraient jouer un rôle dans les avortements.
Une étude a été réalisée par Godin en Suède entre 2000 et 2006 afin d’évaluer la
séroprévalence de différentes espèces de Chlamydophila dans les troupeaux bovins laitiers
et son lien avec l’existence de problèmes reproducteurs. Les résultats sont concordants avec
le fait que Chlamydophila abortus est très peu présente en Suède et est rarement associée à
des problèmes reproducteurs chez la vache (71).
Ainsi, l’ensemble des résultats concernant Chlamydophila abortus montrent que
cette bactérie n’est pas fréquemment impliquée dans les avortements bovins. Elle reste
92
cependant présente dans de nombreux élevages mais la plupart du temps, sans qu’aucun
signe clinique ne se développe.

Modes de transmission
La transmission de Chlamydophila est possible par voie vénérienne, puisque le
sperme peut être contaminé (72).
Degraves a testé la présence de C. psittaci et C. pecorum dans les sécrétions vaginales
(par application de cytobrosses dans le vagin) de 51 génisses Holstein âgées de 16 à 18 mois
n’ayant jamais été en contact avec un taureau. L’examen clinique de ces animaux était dans
les normes, hormis une légère vaginite pour certaines (74).
Les prélèvements ont été faits 4 fois à une semaine d’intervalle et ont été analysés à l’aide
de la méthode PCR. Une génisse était considérée comme répondant positivement si au
moins un des 4 échantillons avait un résultat de PCR positif (74).
Les résultats montrent que 51% des génisses testées sont positives, 67% des cas concernent
C. pecorum et 33%, C. psittaci (74). La forte prévalence de ces deux espèces de
Chlamydophila au niveau vaginal suggère l’existence d’une voie de transmission extragénitale (74).
Les autres voies de contamination sont la voie orale et la voie respiratoire (via des
aérosols). La transmission par les aérosols est surtout impliquée dans les formes
pulmonaires et ophtalmologiques (69).
Il semblerait qu’il y ait un lien entre la présence de troupeaux ovins et la survenue
d’avortements bovins dus à Chlamydophila abortus dans un cheptel voisin. Cette bactérie est
en effet une cause fréquente d’avortements dans cette espèce. La transmission de la
chlamydophilose entre troupeaux bovins est en revanche impossible (75).
93

Contaminants
Selon le type d’expression clinique (abortif, respiratoire, digestif ou oculaire), les
corps élémentaires de Chlamydophila peuvent se retrouver dans les fèces, les sécrétions
nasales, oculaires ou vaginales, les fluides utérins et le sperme (70).
Contrairement aux brebis, on trouve très peu de corps élémentaires (donc d’éléments
infectieux) dans le placenta de vaches ayant avorté à cause de Chlamydophila (76).

Zoonose
Chlamydophila abortus est une bactérie particulièrement dangereuse chez les
femmes enceintes chez qui elle provoque un syndrome fébrile accompagné de maux de tête,
malaises et nausées. Ces symptômes peuvent être accompagnés de la naissance de
prématurés, de mortinatalité ou d’avortements (43).
viii.
Mise en place de l’immunité
Les jeunes animaux semblent se contaminer assez tôt et développer une réponse
immunitaire efficace qui empêche l’expression de signes cliniques. Il est encore difficile de
dire si ces animaux restent porteurs à la suite du premier contact (72).
Les vaches ont la plupart du temps façon physiologique un titre non négligeable en
anticorps dirigés contre Chlamydophila abortus, sans forcément qu’elles ne développent de
signes cliniques. Cela est dû à un contact fréquent et régulier avec cette bactérie présente
dans l’élevage (68).
Degraves a réalisé une étude visant à déterminer si des vaches ayant préalablement
développé une immunité contre Chlamydophila abortus sont capables de contrôler une
nouvelle infection provoquée par l’expérimentateur (68).
Les animaux sélectionnés pour l’étude étaient des génisses Holstein présentant des titres
importants en anticorps dirigés contre Chlamydophila abortus. Les taux en anticorps trouvés
étaient compatibles avec une infection récente ou en cours (68).
94
Différentes doses de Chlamydophila abortus ont été inoculées aux génisses en position intrautérine : 0, 104, 105, 106 ou 108 IFU (inclusionforming units). Les valeurs des titres en
anticorps avant et après inoculation étaient comparées (68).
Pour les génisses ayant reçues la dose de 108 IFU, les taux en IgG (immunoglobulines G) ont
augmenté de façon significative après inoculation de C. abortus et le taux en IgM
(immunoglobulines M) a augmenté, mais pas de façon significative (68).
Les taux en anticorps n’augmentaient pas de façon significative pour les autres doses
d’inoculation (68). Cela signifie que la dose de 108 IFU est nécessaire pour dépasser
l’immunité acquise contre C. abortus chez des génisses ayant déjà développé une réponse
immunitaire contre cet agent (68).
Le principal signe clinique observé chez les génisses ayant reçu la plus haute dose de C.
abortus était de l’infertilité. Deux principaux éléments étaient significativement liés à
l’infertilité survenant après l’inoculation : un faible taux en IgM avant inoculation et une
augmentation du titre en IgM en post-inoculation et une inoculation en groupe (68).
Conclusion : si une première infection qui a permis l’installation de l’immunité est suivie
d’une seconde infection, cela peut être à l’origine d’infertilité.
ix.
Diagnostic
Godin décrit l’utilisation de deux kits ELISA lors d’une étude portant sur la
séroprévalence de Chlamydophila dans les cheptels laitiers suédois. Il s’agit des kits
suivants : le « Pourquier® ELISA Chlamydophila abortus serum verification kit » et le
« CHEKIT-Chlamydia enzyme immunoassay » du Dr Bommeli AG-Idexx® (71).
Leur étude portait sur 525 vaches laitières appartenant à 70 troupeaux. Elles étaient classées
en deux groupes : le groupe d’étude et le groupe témoin selon leurs antécédents, ou non, de
problèmes reproducteurs (avortements principalement, mais aussi mises-bas prématurées
ou mises-bas à terme associées à la naissance de veaux mort-nés ou faibles). Le groupe
d’étude était composé de 286 vaches et le groupe témoin de 239 vaches (71).
95
Toutes ces vaches ont subi une prise de sang et d’autres prélèvements ont été
collectés (écouvillons vaginaux, laits individuels, organes de fœtus et placentas) (71).
La détection des anticorps a été permise par la mise en œuvre des deux tests ELISA et la
mise en évidence directe des agents pathogènes par une technique PCR (71).
Les deux tests ELISA montrent des résultats tout à fait différents :
Le kit Pourquier® a permis la mise en évidence d’anticorps sur 2 échantillons, soit une
séroprévalence de 0,4%. Les deux vaches proviennent de deux troupeaux différents. L’une
d’entre elle a avorté le trimestre précédent et la deuxième a subi une mise-bas prématurée.
Lors de l’utilisation du test ELISA Pourquier®, le résultat de l’analyse se fait en fonction de la
valeur du rapport entre la densité optique de l’échantillon et la densité optique du témoin
positif. Ce rapport est noté S/P%. S’il est supérieur ou égal à 100%, le résultat est positif ; s’il
est compris entre 90 et 100%, le résultat est considéré comme douteux ; et s’il est inférieur
ou égal à 90%, il est négatif (76).
Le kit CHEKIT® a, quant à lui, montré que 148 échantillons sanguins étaient positifs, soit une
séroprévalence de 28,0%. 81,0% des troupeaux testés contenaient alors, selon le kit
CHEKIT®, au moins une vache positive. 55 vaches sur les 148 positives ont avorté
récemment. On ne note pas de différence significative de séroprévalence entre le groupe
d’étude et le groupe témoin. Les deux vaches séropositives avec le kit Pourquier® sont
séronégatives avec le kit CHEKIT® (71).
Les deux résultats positifs au test Pourquier® sont probablement des faux positifs car ces
deux échantillons se révèlent être négatifs avec le test CHEKIT®. Ce dernier test est basé sur
la mise en évidence du LPS normalement présent dans toutes les espèces de Chlamydophila
(71).
La forte prévalence obtenue avec le test CHEKIT® correspond probablement à la mise en
évidence d’anticorps dirigés contre Chlamydophila pecorum, bien connue pour être une
bactérie ubiquitaire chez les bovins. De plus, cette espèce de Chlamydophila a été identifiée
sur deux écouvillons vaginaux prélevés sur des vaches positives avec le test CHEKIT®, et la
séroprévalence du groupe d’étude n’est pas significativement différente de celle du groupe
témoin avec l’utilisation du test CHEKIT (71).
96
Conclusion : il faut être très vigilant quant aux résultats des analyses sérologiques, car ils
peuvent juste confirmer l’existence d’une espèce de Chlamydophila présente de façon
« physiologique ». Et il est difficile d’incriminer, lors d’avortement, une espèce de
Chlamydophila.
Blumer a observé qu’il n’existait pas de corrélation entre le statut sérologique de la
vache et la présence de Chlamydophila abortus dans le placenta. Au cours de leur étude
portant sur 343 placentas et 128 échantillons de sérum, la présence de Chlamydophila
abortus a été observée par PCR de façon certaine sur 39 placentas et de façon douteuse sur
11 placentas. Les résultats sérologiques ont tous été négatifs concernant cette bactérie (76).
L’utilisation de la PCR sur des produits de l’avortement semble être une meilleure méthode
de diagnostic.
La méthode d’amplification génétique la plus employée est la PCR en temps réel. La
détermination de la positivité de l’échantillon repose sur la valeur du Ct (cycle treshold),
c’est-à-dire sur le nombre de cycles d’amplification nécessaires avant de pouvoir détecter la
séquence amplifiée. Si la valeur de Ct est inférieure à 38, il est considéré comme positif ; si la
valeur de Ct est supérieure à 38, il est considéré comme douteux (76).
Le placenta des bovins contient peu de corps élémentaires comparé à celui des petits
ruminants. Il est donc possible d’obtenir de faux négatifs (76).
Le diagnostic de chlamydophilose bovine abortive devrait dans l’idéal être fondé sur
l’observation d’une placentite et la mise en évidence de l’agent pathogène au niveau des
lésions placentaires, à l’aide de la PCR ou d’une analyse immuno-histochimique (70).
97
e) Les agents bactériens apparentés à des Chlamydophila «
Chlamydophila-like »
Parachlamydia acanthamoebae
i.
Description de l’agent bactérien
La bactérie Parachlamydia acanthamoebae est une bactérie qui a été incriminée en
2008 dans la survenue d’avortements. C’est une bactérie biologiquement proche des
Chlamydophila (43).
ii.
Pathogénie
La pathogénie de Parachlamydia acanthamoebae est identique à celle développée
pour les Chlamydophila dans le paragraphe de Chlamydophila abortus (69). La placentite
sévère développée lors d’infection à Parachlamydia acanthamoebae peut être à l’origine
d’une diminution des échanges entre la mère et le fœtus et entraîner l’avortement.
iii.
Lésions placentaires
Une étude a été menée par Ruhl entre 2003 et 2004 et permis la mise en évidence
des principales lésions observées lors d’avortement à Parachlamydia. Une placentite
purulente et/ou nécrotique a été observée dans 25 des 43 cas diagnostiqués positifs (58,1%),
une vasculite a été observée dans 3 cas (7,0%). 8 cas sur les 25 (32,0%) n’ont pas montré
d’altérations et 10 (40,0%) étaient en état d’altération avancée (77).
Donc d’après Ruhl, les principales lésions observables sur le placenta lors d’infections à
Parachlamydia sont une placentite purulente à nécrotique et une vasculite (77).
iv.
Prévalence
L’étude menée par Ruhl entre 2003 et 2004 en Suisse a été mise en œuvre en vue de
déterminer la prévalence de deux espèces de Chlamydophila : Parachlamydia spp. et
Chlamydophila abortus.
98
Des analyses ont été menées sur 235 échantillons de placentas prélevés sur des vaches lors
d’avortements tardifs. Des PCR en temps réel ont été réalisées en vue de la mise en évidence
des deux types bactériens concernés. Lorsque la PCR était positive pour au moins un des
deux agents, une analyse immuno-histochimique était lancée (77).
Résultats :
-
3 échantillons sur les 235 analysés (soit 1,3% des cas) étaient positifs en PCR pour
Chlamydophila abortus. Deux de ces trois prélèvements étaient positifs pour
l’immuno-histochimie, le troisième présentait un résultat douteux (77).
-
43 échantillons sur les 235 analysés (soit 18,3% des cas) engendraient une PCR
positive pour une espèce apparentée à des Chlamydophila (appelés
« Chlamydophila-like »). L’ADN de 8 de ces échantillons a été attribué à
Parachlamydia spp, mais les 35 autres n’ont pas pu être identifiés plus
précisément (77).
Borel a analysé plus précisément ces 43 échantillons à l’aide de nouvelles techniques
immuno-histochimiques et de l’utilisation d’un microscope électronique (78).
Parmi les 8 échantillons attribués à Parachlamydia spp., 6 ont répondu positivement à
l’immuno-histochimie dirigée vers Parachlamydia spp. Aucun de ces 8 échantillons ne s’est
révélé positif à l’analyse immuno-histochimique dirigée vers Waddlia chondrophila (78). Et
parmi les 35 échantillons restants, 24 ont été positifs à l’analyse immuno-histochimique
dirigée vers Parachlamydia spp. Aucun de ces échantillons n’a été positif à Waddlia
chondrophila en immuno-histochimie (78).
Deux placentas correspondant à des échantillons ayant été testés positifs à la fois via la
méthode PCR et la méthode immuno-histochimie dirigée vers Parachlamydia spp ont été
observés à l’aide d’un microscope électronique. On a pu observer des structures
apparentées à des Chlamydophila au niveau des deux prélèvements (78).
Conclusion : la découverte de nouveaux échantillons positifs à Parachlamydia spp suite à
l’utilisation de la méthode immuno-histochimique montre que cette méthode est plus
sensible. L’idéal serait donc d’associer la méthode PCR à la méthode immuno-histochimiques
sur produits d’avortement afin d’assurer le maximum de détection de Parachlamydia spp.
99
Bien que l’existence d’autres agents abortifs n’ait pas été testée dans cette étude,
Parachlamydia spp. peut être considérée comme un agent abortif émergent. Aucune étude
de prévalence n’est actuellement disponible en France.
v.
Zoonose
Parachlamydia acanthamoebae est impliquée dans des naissances avant-terme
(moins de 37 semaines). Ces naissances précoces sont précédées d’un syndrome grippal
chez la mère (43).
vi.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
Pour permettre la mise en évidence de Parachlamydia acanthamoebae, l’idéal est d’associer
une PCR et une analyse immuno-histochimique sur lésions de placentite (78).
La méthode PCR en temps réel présente une meilleure sensibilité par rapport à la PCR
classique pour la détection de Parachlamydia acanthamoebae en raison de l’utilisation de
laser ou de fluorescence et d’une plus petite séquence amplifiée (77).
L’interprétation de la PCR en temps réel se fait de la façon suivante : le résultat est considéré
comme négatif si aucune séquence n’est détectée après 45 cycles d’amplification (Ct>45)
(76).
Waddlia chondrophila
i.
Description de l’agent bactérien
Waddlia chondrophila est un pathogène intracellulaire appartenant à l’ordre des
Chlamidiales (79).
ii.
Pathogénie
La pathogénie de Waddlia chondrophila est la même que celle décrite pour les
Chlamydophila dans le paragraphe de Chlamydophila abortus. (69)
100
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
Waddlia chondrophila est une bactérie qui a été récemment isolée à partir de fœtus
bovins lors d’avortements. Dans un premier temps, elle a été mise en évidence sur un fœtus
aux USA en 1986 (80), puis en Allemagne sur un autre avorton (81). Mais dans ce dernier cas,
Neospora caninum a également été mis en évidence, donc l’implication de Waddlia
chondrophila reste incertaine.
Un nouveau test sérologique a été mis en œuvre par Dilbeck-Robertson et ses
collaborateurs en 2003 et a été appliqué sur le sérum de 453 vaches ayant eu un antécédent
d’avortement. Le groupe témoin était constitué de 393 vaches examinées avant exportation
ou examinées en raison de troubles respiratoires. Les sérums des vaches du groupe témoin
subissaient également des tests sérologiques (79).
Résultats : les titres en anticorps dirigés contre Waddlia chondrophila étaient
significativement plus élevés pour les vaches ayant récemment avorté que pour les vaches
du groupe témoin (79).
Conclusion : ces résultats semblent en faveur d’une intervention de Waddlia chondrophila
dans des avortements bovins. Cependant, les données concernant l’âge des vaches du
groupe témoins n’ont pas été analysées et il se peut que le titre en anticorps dirigés contre
Waddlia chondrophila augmente avec l’âge. Il se peut aussi que la race ou le sexe
interviennent (79).
Ces résultats ne sont donc pas une preuve de l’intervention de Waddlia chondrophila
dans des avortements bovins mais plutôt une forte présomption. L’idéal serait de disposer
d’une étude pour laquelle la composition du groupe témoin soit mieux contrôlée.
iv.
Prévalence
Blumer a réalisé une étude entre 2006 et 2010 portant sur 343 placentas et 128
sérums, le but étant d’évaluer l’importance et le rôle des bactéries apparentées à des
Chlamydophila (Parachamydia et Waddlia) et de Chlamydophila abortus dans les
avortements bovins en Suisse (76).
101
Une PCR en temps réel ainsi qu’une analyse immuno-histochimique ont été réalisées. La
présence de Waddlia a été mise en évidence par PCR dans 3 placentas. Deux de ces trois cas
se sont révélés positifs à l’immuno-histochimie (76).
Conclusion : cette bactérie présente une prévalence faible mais pourrait être un agent
abortif émergent.
v.
Zoonose
Une étude a été réalisée par Baud sur le lien entre Waddlia chondrophila et la
survenue répétée de fausses couches chez certaines femmes. Ils ont montré que la présence
d’IgG (immunoglobulines G) dirigés contre Waddlia chondrophila est liée à la survenue de
fausses couches. Une corrélation a également été faite entre un contact fréquent avec des
animaux et la présence d’IgG anti-Waddlia chez ces femmes (82). Waddlia chondrophila
présente donc un risque zoonotique particulièrement important pour les femmes enceintes.
vi.
Diagnostic
L’idéal est d’associer une analyse PCR en temps réel et une analyse immunohistochimique sur des lésions du placenta (78).
L’interprétation du résultat de PCR en temps réel se fait de la façon suivante : le résultat est
considéré comme négatif si aucune séquence n’est détectée après 45 cycles d’amplification
(Ct>45) (76).
102
f) La leptospirose
i.
Description de l’agent bactérien
Le genre Leptospira appartient à la famille des Leptospiraceae qui fait partie de
l’ordre des Spirochaetales (40). Les sérovars de Leptospira interrogans les plus fréquemment
impliqués dans les avortements bovins sont Leptospira hardjo et L. pomona. Leptospira
interrogans sérovars icterohaemorrhagiae et grippotyphosa sont plus rarement concernés
(66).
Ce sont des bactéries Gram négatif qui sont mobiles grâce à la présence d’un endoflagelle.
Elles sont relativement fragiles dans l’environnement et sensibles à la dessiccation (40).
Les leptospires sont principalement rencontrés dans les environnements aquatiques, surtout
L. interrogans (40).
ii.
Pathogénie
Après pénétration par les muqueuses ou la peau lésée, une bactériémie se met en
place. Les leptospires peuvent alors atteindre différents tissus et entraînent, dans un
premier temps, des lésions de l’épithélium vasculaire menant à un phénomène d’ischémie.
On peut alors observer une nécrose des tubules rénaux, une nécrose hépato-cellulaire et
pulmonaire, une méningite, une myosite et une placentite (83). Certains sérovars présentent
un effet hémolytique (ex : Leptospira icterohaemorrhagiae) (39).
L’apparition des anticorps dirigés contre les leptospires permet leur élimination de la
circulation sanguine et des tissus (83).
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
La leptospirose chronique entraîne souvent, comme unique signe clinique, un
avortement chez la vache (66).
L’infection à Leptospira hardjo se traduit par des avortements survenant de 1 à 3
mois après l’infection et à 4 mois de gestation jusqu’au terme. Elle peut également entraîner
de l’infertilité et la naissance de veaux faibles (66).
103
L’infection à Leptospira pomona se traduit quant à elle par des avortements
survenant de 1 à 6 semaines après l’infection, et souvent lors du dernier trimestre de
gestation (66).
Lors d’avortements en série dus à la leptospirose, on peut observer des taux d’avortement
allant jusqu’à 10% pour Leptospira hardjo, et lors de l’intervention de Leptospira pomona, on
peut même dépasser ce pourcentage (66).
Dans une étude conduite aux USA, Guitian a observé que l’infection à Leptospira
interrogans sérovar hardjo entraînait une baisse des performances de reproduction :
augmentation de l’intervalle vêlage-insémination fécondante (132,6 jours contre 95,4 jours),
nombre d’inséminations nécessaires à la gestation plus important (3,4 contre 2,1) et risque
deux fois plus élevé d’échec suite à l’insémination. Le risque d’avortement n’était cependant
pas significativement plus important pour les vaches infectées (84).
iv.
Lésions placentaires
Les lésions placentaires retrouvées lors de leptospiroses ne sont pas spécifiques de
cette affection. On retrouve principalement une placentite (83).
v.
Lésions fœtales
L’avorton est fréquemment lysé et lors d’avortements proche du terme dus à
Leptospira pomona, le fœtus peut être ictérique. Dans certains cas, on peut observer une
nécrose tubulaire rénale, une néphrite interstitielle, une rétention de bile au sein des
canalicules biliaires et une méningite non suppurative (66).
104
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
La leptospirose aiguë est à l’origine de nombreux signes cliniques : fièvre, anémie
hémolytique, hémoglobinurie, ictère et de la mortalité peut être observée chez les plus
jeunes. Les vaches en lactation peuvent présenter une agalaxie ainsi que la sécrétion d’un
lait jaune et épais parfois teinté de sang. On peut même observer une hémolactation avec la
présence de sang en nature dans le lait (66).
On peut également observer des phénomènes de photosensibilisation car les
leptospires perturbent le fonctionnement hépatique, dont la synthèse des porphyrines. Ces
cas sont principalement décrits chez les races de vaches à peau claire (85).
vii.

Epidémiologie
Prévalence
Une étude de la prévalence sérologique de Leptospira hardjo chez les vaches adultes
a été réalisée durant la campagne habituelle de prophylaxie en 2004 en France (86). Un total
de 12 343 vaches âgées de plus de 2 ans (réparties en 411 troupeaux) ont donc été
prélevées, dont 10 298 vaches allaitantes = 83,4% (réparties en 344 cheptels), 1 762 vaches
laitières = 14,2% (réparties en 56 cheptels) et 283 vaches provenant de 11 cheptels mixtes =
2,3%. 40 départements français ont été concernés et les 12 343 sérums ont été analysés
grâce à la méthode de micro-agglutination dans des cultures de deux espèces de Leptospira
hardjo : Leptospira interrogans sérovar hardjo et Leptospira borgpetersenii sérovar hardjo.
Selon les résultats prenant en compte le titre en anticorps et l’espèce de leptospires, les
cheptels ont été classés en différents statuts : cheptel négatif, cheptel ayant eu un contact
ancien ou étant en tout début de réponse à la présence de leptospires, cheptel ayant eu une
infection récente ou en cours et enfin les cheptels pour lesquels les réponses au test ne
permettaient pas de conclure.
Résultats : 41% des cheptels testés ont présenté des profils sérologiques en faveur d’une
infection par Leptospira hardjo. Pour 37% d’entre eux, l’infection a été considérée comme
récente ou active et pour les 4% restants, elle a été considérée comme ancienne ou
débutante.
105
Conclusion : ces résultats montrent la grande diffusion de l’exposition à Leptospira Hardjo
dans les cheptels concernés par l’enquête en 2004. Il est d’ailleurs probable que cette
situation perdure et que la leptospirose soit de plus en plus présente dans les cheptels
français.
Une étude réalisée en Californie entre 1998 et 2003 sur 2296 cas d’avortements a,
quant à elle, montré que 5,9% d’entre eux étaient dus à la leptospirose (66).
Une étude de séroprévalence a été réalisée au Canada par Peregrine entre 1998 et
1999. L’étude a porté sur le sérum de 5080 vaches, et la présence de Leptospira hardjo, L.
pomona et L. icterohaemorrhagiae a été testée à l’aide d’une micro-agglutination. Deux
dilutions sont utilisées lors de la réaction de micro-agglutination : 1:100 et 1:200, et en
fonction de cela, les résultats de prévalence diffèrent. Des groupes sont créés selon le
nombre de veaux produits par la vache (la vache sera qualifiée de vieille (3 veaux ou plus) ou
de jeune (moins de 3 veaux)) et la vaccination ou non contre les 3 sérovars étudiés (87).
Concernant Leptospira hardjo, la séroprévalence est comprise entre 10,7% et 68,9% selon le
groupe de vaches concerné. Pour Leptospira pomona, elle est comprise entre 7,4% et 63,3%.
Enfin, pour Leptospira icterohaemorrhagiae, elle est comprise entre 5,3% et 57,1% (87). La
prévalence varie plus précisément en fonction des différents critères évoqués
précédemment : nombre de veaux produits et statut vaccinal (87).
Concernant le sérovar L. hardjo, une vieille vache a 3 fois plus de chance d’être séropositive
qu’une jeune vache. (87).
Pour L. pomona, une vieille vache a 4 fois plus de chance d’être séropositive qu’une jeune
vache. (87).
Enfin, concernant L. icterohaemorrhagiae, une vieille vache a 2,5 fois plus de chance d’être
séropositive qu’une jeune vache. (87).
Conclusion : une vache ayant produit trois veaux au moins a plus de chance d’être
séropositives (87).
106
Enfin, on peut observer une nette augmentation de la prévalence de la leptospirose
depuis les années 1980.
En effet, Prescott a observé dans une étude canadienne datant de 1985-1986 que les
proportions de cheptels présentant au moins un bovin séropositif (technique de microagglutination) à Leptospira hardjo, L. pomona et L. icterohaemorrhagiae étaient
respectivement de 8,4%, 10,5% et 23,6% (88). L’étude de Peregrine datant de 1999 a, quant
à elle montré, que ces proportions étaient respectivement de 45%, 42% et 58% (87).
L’évolution de ces pourcentages montre une nette progression de la prévalence de la
leptospirose au sein des troupeaux laitiers de l’Ontario.

Modes de transmission
La contamination est de deux types : horizontale et verticale. La contamination
horizontale est la plus fréquente. Elle s’effectue de façon directe ou indirecte et se réalise
par passage transcutané ou via les muqueuses (saines ou lésées) (8).
La contamination verticale s’effectue in utero et de façon plus anecdotique par le colostrum
mais en raison de la chute de production laitière et de la faible résistance des leptospires
dans le lait, ce mode de transmission est rare (85).
Les leptospires sont très présentes dans le milieu extérieur. Elles sont hébergées par
la faune sauvage et surtout les rongeurs. Le rat joue un rôle primordial dans la
contamination des mammifères domestiques. Les leptospires sont excrétées dans leur urine
et résistent difficilement aux conditions environnementales (43).

Contaminants
Les leptospires sont transmises via l’urine d’animaux infectés excréteurs (40). Lors
d’infections à Leptospira hardjo, il arrive que l’excrétion urinaire soit plus longue que pour
107
les autres sérovars (66). Les contaminants sont les urines, le lait, le contenu utérin, les
lochies, les sécrétions du tractus génital femelle et le sperme (8).

Zoonose
Il s’agit d’une zoonose relativement rare. De 300 à 600 cas sont recensés chaque
année, et c’est une maladie principalement professionnelle : les éleveurs, les vétérinaires,
les éboueurs, les personnes du BTP (bâtiments et travaux publics), les forestiers et jardiniers
et les employés d’abattoir sont les plus touchés. Il s’agit également d’une zoonose de loisir.
Certaines personnes se contaminent suite à des activités réalisées dans des zones favorables
à la survie des leptospires : plans d’eau, rivières (43) …
Lors d’avortement, le principal mode de contamination des humains par les
leptospires se fait par contact avec les animaux infectés ou par la manipulation des produits
d’avortement (43).
Les principaux symptômes développés par les personnes contaminées sont un
syndrome grippal, un syndrome méningé (céphalées, vomissements, et raideurs de la
nuque), un ictère, un syndrome rénal (insuffisance rénale aiguë), des signes hémorragiques
plus moins associés à des troubles respiratoires, et plus rarement des complications
cardiaques, ophtalmologiques (uvéites), ou neurologiques (43). Cette zoonose est
mortelle dans 2 à 20% des cas (43).
viii.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
En réponse à la vaccination, les titres en anticorps augmentent et ils persistent
généralement de 1 à 3 mois, parfois jusqu’à 6 mois, après l’injection (89).
Les leptospires sont des bactéries fragiles et difficiles à cultiver. Donc leur isolement
est rarement réalisé à des fins diagnostiques (66). Cependant l’isolement et l’identification
de la bactérie est le seul diagnostic de certitude (89).
On peut réaliser une culture à partir d’urine (dans le cas où l’animal n’est pas en anurie
complète) ou de tissus provenant d’animaux infectés. Les leptospires sont présentes dans
l’urine une dizaine de jours après l’installation des signes cliniques. Dans l’idéal, l’urine
108
devrait être collectée après une injection de furosémide. Cette molécule entraîne, en effet,
une augmentation de la filtration glomérulaire, permet le passage de plus de leptospires
dans les urines, et dilue l’urine, ce qui facilite la survie de ces bactéries (89).
On peut tenter de visualiser les leptospires à l’aide d’un microscope à fond noir sur
prélèvement de fluides fœtaux, mais cela est rarement couronné de succès (66).
L’utilisation de méthodes immuno-histochimiques appliquées sur coupes de reins fœtaux est
facilement et rapidement réalisable. Mais cette technique n’est pas très sensible ni très
spécifique (66). La sensibilité de cette technique est limitée car les leptospires sont souvent
présentes en trop petites quantités, notamment lors de leptospiroses chroniques, ce qui
entraîne l’apparition de faux négatifs (89). De plus, elle ne permet pas d’identifier avec
précision le sérovar concerné et peu de laboratoires la pratiquent (66).
Le diagnostic de leptospirose sur le fœtus se fait en pratique avec la méthode PCR (66).
Plus rarement, on peut réaliser une analyse sérologique afin de doser les anticorps dirigés
contre les leptospires. Mais les taux d’anticorps sont souvent très bas chez le fœtus rendant
la mise en évidence d’anticorps très rare (66).
Généralement, le diagnostic de leptospirose chez la mère se fait avec le test de microagglutination (MAT). Il sert de test de confirmation après la réalisation d’un éventuel test
ELISA. Les anticorps sériques sont détectables à partir du dixième jour d’infection (43).
Il faut cependant rester prudent quant à l’interprétation des résultats et bien savoir
distinguer une réelle infection pouvant être à l’origine d’avortements d’un ancien contact
avec l’agent pathogène ou d’une vaccination. Les résultats sérologiques concernant
Leptospira hardjo sont particulièrement difficiles à interpréter car les vaches infectées ont
souvent un titre en anticorps très bas au moment de l’avortement et donc du prélèvement.
Cela entraîne l’apparition de faux négatifs, ce qui fait baisser la sensibilité du test.
Concernant Leptospira pomona, la séroconversion a souvent déjà eu lieu lors de
l’avortement et le taux en anticorps peut donc commencer à diminuer, rendant une nouvelle
fois difficile l’interprétation des résultats (66).
Grooms considère qu’un titre en anticorps supérieur ou égal à 1600 suffit à
incriminer Leptospira pomona et L. icterohaemorrhagiae. En raison des titres en anticorps
109
plus faibles dans le cas de L. hardjo, ils préconisent, lors de la réalisation de microagglutinations dans le cadre d’avortements, de commencer les dilutions à 1:10,
contrairement à la dilution de 1:100 fréquemment employée (89).
Plusieurs dilutions sont, en effet, utilisables lors de la mise en œuvre de la microagglutination : 1:100 ou 1:200, et les résultats de prévalence diffèrent de façon significative
(87).
De plus, un échantillon répondant positivement au test de MAT à un sérovar de Leptospira a
plus de chance de répondre positivement qu’un échantillon classique à une MAT pour un
autre sérovar. Cela suggère un phénomène de réaction croisée entre les différents sérovars
de leptospires. Il faut donc rester prudent quant à l’interprétation des résultats
d’identification d’espèce (87).
g) La listériose
i.
Description de l’agent bactérien
La plupart des espèces de Listeria sont des coques Gram-positif de petite taille
(jusqu’à 2 µm de long). Ces bactéries sont mobiles. Elles présentent les caractéristiques
biologiques suivantes : catalase-positive, oxydase-négative et anaérobies facultatives (40).
Leur culture est possible entre 4 et 45°C et pour un pH compris entre 5,5 et 9,6 sur un
milieu non enrichi (40).
Ce sont des micro-organismes intracellulaires facultatifs (90).
Le genre Listeria comprend 7 espèces et 16 sérovars. Seules deux espèces ont une
importance clinique chez les ruminants : Listeria monocytogenes et Listeria ivanovii (90).
L. monocytogenes est l’espèce la plus souvent impliquée dans les avortements
bovins ; L. ivanovii est moins fréquemment mise en cause (39), mais son implication ne doit
pas être écartée. Alexander a observé l’implication de L. ivanovii dans 4 avortements (91). Il
a analysé un total de 243 fœtus ou tissus fœtaux entre 1988 et 1990. Des Listeria ont été
110
mises en cause dans 5 avortements : 1 cas concernait L. moncytogenes, et les 4 restants
concernaient L. ivanovii. En Australie, Gill a mis en évidence l’implication de L. ivanovii dans
8 avortements (92).
ii.
Pathogénie
Suite à la contamination orale, les bactéries peuvent envahir les phagocytes. En se
multipliant au niveau du système réticulo-endothélial, elles entraînent l’apparition de foyers
de nécrose sur la rate et le foie. Si l’organisme ne parvient pas à éliminer les bactéries,
celles-ci parviennent jusqu’à la circulation sanguine et il y a bactériémie. Les bactéries
peuvent alors atteindre de nombreux organes dont l’utérus. Chez la vache gestante, la
colonisation du placenta et du fœtus survient dans les 24 heures suivant la bactériémie.
L’atteinte placentaire secondaire (œdème, nécrose) entraîne un avortement. Celui-ci
survient généralement entre 5 à 10 jours après l’infection (90).
La pathogénie de la listériose peut se résumer par la figure n°15.
¤ Figure n°15 : Pathogénie de la listériose (90) ¤
111
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
Les avortements surviennent surtout en fin de gestation et de manière sporadique
(90). La plupart du temps, ils ne sont précédés d’aucun signe annonciateur (91). Les
avortements peuvent être isolés ou en série et surviennent dans les 3 à 4 semaines suivant
la consommation de l’aliment contaminé. Si la contamination a lieu proche du terme, il
arrive que le veau survive (4).
Les facteurs prédisposants sont la gestation, l’existence d’une maladie concomitante et un
stress nutritionnel ou environnemental (91).
Il est rare d’observer des rétentions annexielles associées à l’avortement (39).
iv.
Lésions placentaires
Le placenta présente un certain nombre de lésions : des zones de nécrose jaunâtres
en pointes d’épingles sont localisées sur les villosités des cotylédons. On observe également
une placentite inter-cotylédonaire couverte par un exsudat rouge/brun (39).
v.
Lésions fœtales
Le fœtus est souvent en autolyse précoce, avec de nombreux foyers de nécrose,
principalement visibles sur le foie et la rate. Les liquides présents dans les grandes cavités
sont souvent séro-hémorragiques (39).
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
La listériose est à l’origine d’un grand nombre de signes cliniques.
La forme nerveuse est, avec la forme abortive, le signe clinique le plus fréquemment observé
lors de listériose (90). Elle se caractérise par une encéphalite qui se traduit par une
inclinaison de la tête, un « tourné en rond » et une hémi-paralysie faciale (39).
112
De façon relativement rare, elle peut également être à l’origine d’une septicémie provenant
la plupart du temps une infection intra-utérine (39).
De plus, L. monocytogenes peut entraîner des troubles oculaires tels qu’une inflammation de
l’iris, une kérato-conjonctivite ou une uvéite (39).
Certains cas de mammites dues à cette bactérie ont été dénombrés mais il s’agit de
phénomènes très anecdotiques (39).
Enfin, la mortinatalité au sein de l’élevage peut être élevée (4).
vii.

Epidémiologie
Prévalence
Une étude réalisée en Californie entre 1998 et 2003 a montré que la listériose était
impliquée dans moins d’1% des 2296 avortements étudiés (66).

Modes de transmission
Concernant la forme abortive, la principale voie de contamination est la voie orale.
Pour la forme nerveuse, la contamination se fait surtout par voie aérienne ou conjonctivale
(90).
Elle touche un ou plusieurs animaux du troupeau. L’affection peut prendre une allure
enzootique quand l’origine de la listériose est la consommation d’ensilage contaminé et que
le silo est en fin d’utilisation (la charge bactérienne en Listeria y est alors élevée) (90).
La listériose est une maladie saisonnière. Elle est plus fréquente en fin d’hiver et
début de printemps (période d’utilisation de l’ensilage) (93).

Contaminants
Le contaminant principal est l’ensilage mal conservé. Listeria monocytogenes a été
mise en évidence en 1992 dans un ensilage mal conservé à hauteur de 10 6 bactéries par
gramme d’ensilage. En consommant cet aliment, un troupeau de moutons a développé des
113
signes cliniques de listériose. La souche de L. monocytogenes retrouvée dans les encéphales
des ovins touchés était identique à celle présente dans l’ensilage, la listériose a donc été
considérée comme la cause des avortements dans l’élevage. Ainsi, la consommation d’un
ensilage mal conservé contenant Listeria monocytogenes a été à l’origine de signes cliniques
de listériose dans un élevage de ruminants (94).
Les ensilages présentant un pH supérieur à 5 constituent un milieu favorable à la
multiplication de ces bactéries. La quantité de Listeria peut atteindre, dans ces conditions,
106 bactéries par gramme d’ensilage. Mais, si les conditions d’anaérobie ne sont pas
respectées, il est également possible de trouver des Listeria dans les ensilages malgré un pH
inférieur à 4,5. Il faut donc surveiller les fonds et les bords de silos (90).
Des Listeria ont également été mises en évidence dans du foin enrubanné mal conservé
ayant un pH de 6,1 (95).
Il faut donc être vigilant lors d’épisodes d’avortements dans un élevage où la
conservation des ensilages ou du foin enrubanné est mauvaise.
Il existe d’autres sources de contamination : il s’agit des animaux malades, des
porteurs inapparents ou de l’environnement. L’excrétion de Listeria monocytogenes peut se
faire par voie fécale, urinaire ou lactée (90).
Selon Nightingale, les vaches contribuent elles-mêmes à la diffusion de Listeria
monocytogenes dans l’élevage par leur excrétion fécale. Il a réalisé des analyses dans les
fèces, la nourriture et l’eau de boisson d’élevages touchés ou non par la listériose en vue de
mettre en évidence la bactérie. Les résultats montrent que L. monocytogenes est
significativement plus présente dans les fèces provenant de vaches de troupeaux atteints. En
revanche, aucune différence significative n’a été observée concernant les aliments et l’eau
de boisson (96). L’excrétion de L. monocytogenes est également possible dans les urines et le
lait et la bactérie est présente en grande quantité dans les lochies et dans l’avorton (90).
De plus, en comparaison avec les petits ruminants, les vaches sont plus fréquemment
exposées aux Listeria (via l’environnement ou la nourriture davantage contaminés). Ils
développent ainsi une immunité qui empêche le développement de signes cliniques. Ce n’est
114
que lorsque les bovins sont confrontés à des souches particulièrement virulentes ou lors de
l’existence de facteurs favorisants (gestation ou baisse d’immunité) qu’ils présentent une
listériose clinique (96).

Zoonose
La listériose est une zoonose à l’origine de signes cliniques graves entraînant la mort
dans 20 à 40% des cas de contamination humaine (39).
La contamination humaine se fait rarement par contact direct avec l’animal malade.
Des cas de contamination humaine suite à des interventions obstétricales réalisées sans
précaution ont été décrits, mais il s’agit de cas anecdotiques (97).
La plupart des contaminations humaines proviennent de la contamination d’aliments
par Listeria, mais les cas humains sont de plus en plus rares. Les signes cliniques développés
par les personnes atteintes de listériose sont des avortements et des méningites chez les
nouveau-nés (90).
viii.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
La réponse immunitaire mise en place face aux Listeria est principalement cellulaire
étant donné la position intracellulaire facultative de ces bactéries. Ainsi, un premier contact
avec Listeria active des lymphocytes T qui sécrètent alors des lymphokines. Ces molécules
activent à leur tour des macrophages, ce qui permet la mise en place de la réponse
immunitaire cellulaire (90).
La résistance acquise suite à un premier contact avec des Listeria entraîne l’activation des
macrophages ce qui permet le contrôle de la prolifération bactérienne (90).
Le diagnostic de listériose se fait par mise en évidence directe de la bactérie en
utilisant une PCR sur placenta ou foie du fœtus (45).
115
h) La campylobactériose
i.
Description de l’agent bactérien
Campylobacter est une bactérie à Gram négatif mobile. Elle présente les
caractéristiques biologiques suivantes : elle est micro-aérophile, oxydase positive et catalase
positive ou négative. La plupart de ces espèces poussent sur le milieu de MacConkey (40).
Campylobacter fetus subsp venerealis, Campylobacter fetus subsp fetus et
Campylobacter jejuni sont les bactéries les plus souvent isolées lors de campylobactériose
clinique chez les bovins (98). Campylobacter fetus subsp fetus est celle qui est la plus souvent
impliquée dans les avortements bovins. Campylobacter fetus subsp venerealis est davantage
impliquée dans de l’infertilité et des mortalités embryonnaires (40).
ii.
Pathogénie
Campylobacter fetus subsp fetus et Campylobacter fetus subsp venerealis ont une
capsule qui leur confère une résistance particulière à la phagocytose et leur permet de
survivre dans le tractus génital (40).
Les taureaux peuvent être porteurs asymptomatiques et contaminer les vaches lors
de la saillie. En effet, les Campylobacter ont la capacité de survivre au niveau du prépuce, et
dans ce cas, le taureau est infecté permanent. Il ne développe aucun signe clinique lié à la
présence de cette bactérie (40).
Campylobacter fetus subsp venerealis persiste dans le vagin des vaches porteuses grâce à sa
capsule. Elle peut atteindre l’utérus et provoquer une endométrite et une salpingite après la
période d’œstrus. Suite à l’infection de l’utérus, la vache peut rester infertile pour une
période de 3 à 5 mois. Après cet épisode, la présence et l’action d’IgA (immunoglobulines A)
permet de limiter l’extension des Campylobacter (40).
La pathogénie de Campylobacter fetus subsp venerealis peut être schématisée par la
figure n°16.
116
¤ Figure n°16 : Pathogénie de Campylobacter fetus subsp veneralis (40) ¤
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
La campylobactériose est une maladie à l’origine d’infertilité temporaire chez la
vache associée à la survenue de mortalités embryonnaires et de retours en chaleur
irréguliers (40).
Elle est occasionnellement à l’origine d’avortements (40). Ceux-ci surviennent généralement
entre 4 et 7 mois de gestation (66).
iv.
Lésions placentaires
On peut observer une placentite inter-cotylédonaire associée à de la nécrose et de la
coloration jaunâtre des cotylédons (66).
117
v.
Lésions fœtales
Une étude a été réalisée par Morrell sur 8 fœtus pour lesquels un diagnostic
d’atteinte (par immunohistochimie ou culture) par Campylobacter a été porté. Une étude
histo-pathologique a été réalisée. Un certain nombre de lésions a été mis en évidence sur
plusieurs fœtus: une bronchopneumonie neutrophilique et une pneumonie interstitielle (7
cas), une entérite interstitielle suppurative (5 cas) et une hépatite multifocale non
suppurative (4 cas). Enfin, des lésions ont été observées de façon moins fréquente : une
péricardite et une méningite fibrino-suppuratives, une myosite et une myocardite (99).
Les mêmes lésions ont été observées par Campero en 2005 (100).
vi.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
Le bovin atteint de campylobactériose peut présenter, outre des problèmes
reproducteurs, des signes intestinaux comme de la diarrhée. Mais ce ne sont pas les mêmes
espèces de Campylobacter (ex : Campylobacter hyointestinalis) qui sont impliquées (98).
vii.

Epidémiologie
Prévalence
La campylobactériose bovine présente une distribution mondiale. Elle est
particulièrement présente dans les pays en voie de développement pour lesquels l’utilisation
de l’insémination artificielle est rare (98).
Comme le montre la figure n°17, la campylobactériose présente une distribution mondiale
avec des variations selon les pays.
118
¤Figure n°17 : Distribution mondiale de la campylobactériose bovine (98) ¤
La France appartient au groupe des pays ayant eu la confirmation d’au moins un cas clinique
(98).
Une étude réalisée en Californie entre 1998 et 2003 sur 2296 cas d’avortements a
montré que Campylobacter était impliquée dans 3,7% des cas (66).

Modes de transmission
La transmission de Campylobacter fetus subsp venerealis s’effectue par voie
vénérienne alors que la transmission de Campylobacter fetus subsp intestinalis s’effectue via
le contact avec des fientes d’oiseaux excréteurs de cette bactérie (8). Campylobacter fetus
subsp fetus se transmet par voie orale (98).
119

Contaminants
Campylobacter n’est pas un germe tellurique et il est peu résistant dans le milieu
extérieur. La dessiccation fait disparaître ces bactéries en 24 heures (101).
Le principal contaminant de la vache est le sperme frais (40). C’est pourquoi, on
retrouve la campylobactériose principalement lors de monte naturelle.
La vache peut aussi se contaminer par ingestion de nourriture ou d’eau de boisson
contaminés.

Zoonose
La campylobactériose bovine fait partie de la liste 2013 de l’OIE. Cette liste regroupe
l’ensemble des maladies qui jouent un rôle majeur dans la santé publique (44).
La campylobactériose est une zoonose. La contamination humaine se fait
exclusivement par voie orale par consommation d’aliments contaminés, principalement de
la volaille, des produits carnés insuffisamment cuits, du lait cru et de l’eau. Mais dans ce cas,
les principales espèces de Campylobacter concernées sont Campylobacter jejuni et
Campylobacter coli (43).
Campylobacter fetus subsp fetus est à l’origine de septicémies, Campylobacter fetus subsp
venerealis provoque quant à elle des gastro-entérites, des avortements, des méningites et
des septicémies (43).
viii.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
Le diagnostic de campylobactériose peut être fait sur lavage préputial, mucus vaginal,
prélèvements liquides fœtaux ou sur sérum (98).
Dans la pratique courante, la mise en évidence des Campylobacter se fait par PCR sur
écouvillon cervical (45). L’avantage de cette technique est de permettre la mise en évidence
120
du génome de l’agent pathogène et donc de reconnaître l’espèce de Campylobacter mise en
cause.
Mais d’autres techniques de laboratoire sont disponibles (98) (99).
Les différentes techniques de mise en évidence d’anticorps sont les suivantes : utilisation de
la fluorescence et de la technique ELISA (98).
La détection d’anticorps à l’aide de la fluorescence se fait sur lavage préputial. La limite de
détection est de 104 CFU/ml (colony-forming unit) pour un échantillon conservé dans du
liquide physiologique et de 102 CFU/ml pour un échantillon qui a été centrifugé. Ce test
présente une sensibilité de 93% et une spécificité de 88,9% (98).
Enfin, la technique ELISA permet la mise en évidence d’IgG et IgA (immunoglobulines G et A)
spécifiques de la campylobactériose bovine. Ce test est particulièrement utilisé dans le cadre
du diagnostic des avortements à Campylobacter fetus subsp venerealis. Dans ce cas, il se
réalise sur mucus vaginal (98).
L’isolement bactérien suite à la culture est également possible, mais Campylobacter est une
bactérie difficile à cultiver. Dans le cas d’avortements, le meilleur échantillon est le contenu
de la caillette du fœtus. Le foie, les poumons ou un placentome complet sont également de
bons échantillons (98).
Une technique d’immunohistochimie permet la mise en évidence de Campylobacter. Elle
donne de bons résultats sur les poumons et sur les intestins du fœtus. Cette technique est
rapide et présente une bonne spécificité et une très bonne sensibilité. C’est un test qui peut
être intéressant à demander lorsque les tissus sont trop autolysés pour pouvoir réaliser une
bactériologie. Un fœtus présentant des lésions pulmonaires et intestinales a de grandes
chances que l’immunohistochimie soit positive sur ces prélèvements (99).
121
i) L’ehrlichiose granulocytaire bovine
i.
Description de l’agent bactérien
L’agent bactérien à l’origine de l’ehrlichiose granulocytaire bovine est Anaplasma
phagocytophilum (102). Cette bactérie fait partie de l’ordre des Rickettsies. Elle est Gram
négatif et non mobile. C’est un pathogène intracellulaire strict (40).
L’ehrlichiose est une affection différente de l’anaplasmose bovine dont l’agent
bactérien en cause est Anaplasma marginale. L’anaplasmose n’est pas à l’origine
d’avortements (40).
ii.
Pathogénie
L’incubation de l’ehrlichiose granulocytaire bovine dure de 3 à 13 jours (83).
Anaplasma phagocytophilum est un parasite strict des cellules de la lignée blanche (102).
Suite à l’infection, on peut donc observer une lymphopénie, une neutropénie et une
éosinopénie. Une thrombocytopénie est également observable dans les premiers temps de
l’infection (83).
Anaplasma phagocytophilum inhibe la fusion phagosome/lysosome ce qui lui permet de
résister à la phagocytose (83).
Les morulae (inclusions intra-leucocytaires) sont visibles 3 à 4 jours après l’infection
et la bactériémie peut persister jusqu’à 20 jours (83).
Le mécanisme a l’origine de l’avortement n’a pas été élucidé. La présence de la
bactérie au sein du fœtus n’a pas pu être démontrée. Il se peut que la forte hyperthermie
engendrée par l’infection soit à l’origine de l’avortement (102).
iii.
Symptômes reproducteurs chez la vache
Anaplasma phagocytophilum est à l’origine d’avortements sporadiques ou pseudocontagieux. Ces avortements surviennent le plus souvent dans le dernier tiers de gestation
mais peuvent survenir à tout stade de gestation (102).
122
iv.
Symptômes autres que reproducteurs chez les bovins
Le premier signe clinique observable en élevage laitier est l’agalaxie. Elle est parfois
complète et souvent longue. Elle est associée à une hyperthermie marquée : 40-42°C
(pouvant durer de 1 à 2 semaines (83)), de l’anorexie, une apathie et une toux sèche ou
grasse qui se traduit par des « coups de flancs » (102).
Mais le symptôme le plus caractéristique de l’ehrlichiose bovine est l’œdème des pâturons,
postérieurs ou antérieurs. Il s’accompagne d’une démarche raide de la vache (102).
Aucune donnée n’est actuellement disponible concernant les lésions placentaires et fœtales
observées lors d’avortement à Anaplasma phagocytophilum.
v.

Epidémiologie
Prévalence
Les premiers cas français d’ehrlichiose granulocytaire bovine ont été décrits en
Bretagne, mais cette maladie est présente dans toutes les régions françaises, comme le
montre la figure n°18 (102).
123
¤ Figure n°18 : Carte de répartition des cas bovins, humains, équins et de faune sauvage
entre 1991 et 2006 en France (102) ¤
C’est une affection que l’on retrouve davantage dans les élevages bovins laitiers (40).

Type de contamination / épidémiologie
L’ehrlichiose granulocytaire bovine n’est pas contagieuse mais les bovins peuvent se
contaminer à partir d’une même source. Cette maladie est particulièrement présente dans
les biotopes favorables à la présence d’Ixodes ricinus. Ces biotopes favorables correspondent
à des zones humides, des pâtures proches des bois, des bordures (haies et talus) mal
entretenues, des landes et des friches (102).
Du fait de l’activité saisonnière des tiques, les cas d’ehrlichiose granulocytaire bovine sont
plus nombreux au printemps et à l’automne (102).
Il faut suspecter l’ehrlichiose granulocytaire bovine lors d’introduction de nouveaux
animaux, de recombinaisons de troupeaux ou d’achat de nouvelles pâtures (102).
124

Zoonose
L’ehrlichiose granulocytaire bovine est une zoonose. Elle est transmise par piqûre de
tique, essentiellement Ixodes ricinus (102).
La France compte très peu de cas d’anaplasmose humaine, anciennement appelée
ehrlichiose granulocytaire humaine. En 2006, trois cas cliniques ont été rapportés. Mais la
forme humaine est très sous-diagnostiquée (102).
C’est une maladie potentiellement mortelle. Elle se présente dans un premier temps comme
un « syndrome grippal estival » (102).
vi.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
La présence de tiques sur l’animal associée au tableau clinique de l’ehrlichiose doit
orienter le diagnostic vers cette affection, mais seul le diagnostic de laboratoire apporte une
certitude.
La réalisation d’une numération-formule sanguine lors de la phase aiguë de l’infection met
en évidence une leucopénie, une forte thrombopénie et une anémie (102).
On peut faire un frottis sanguin sur un prélèvement réalisé dans les 5 jours après le début
des signes cliniques. Des inclusions intra-leucocytaires (Morulae) sont visibles, mais elles
sont peu nombreuses et il faut parfois observer une centaine de globules blancs avant de
pouvoir en mettre en évidence. Par contre, la visualisation d’une seule inclusion intraleucocytaire permet un diagnostic de certitude de l’ehrlichiose granulocytaire bovine (102).
Les paramètres biochimiques hépatiques ne sont pas modifiés, malgré l’existence d’un ictère
(102).
La réalisation d’une PCR est possible jusqu’à 10 jours après l’infection. Elle peut se faire à
partir de sang sur EDTA, lait ou fragment de foie et de rate. Il s’agit de la technique
présentant la meilleure sensibilité et spécificité (102).
Les anticorps dirigés contre Anaplasma apparaissent entre 15 et 21 jours après l’infection.
Sans recontamination de l’animal, ils disparaissent au bout de 120 jours. Le diagnostic
125
d’ehrlichiose à partir du dosage d’anticorps est délicat car des vaches pâturant en zone
d’anadémie peuvent présenter une augmentation du titre en anticorps sans pour autant
développer de signes cliniques.
En effet, des études menées en Suisse ont montré que suite à la première mise en pâture de
génisses sur des zones sensibles, leurs taux en anticorps dirigés contre Anaplasma étaient
élevés. La séroprévalence était de 64% sans qu’aucune génisse ne développe de signes
cliniques. De plus, des observations de terrain laissent supposer qu’un phénomène
d’immunité se met en place suite à des contacts répétés avec la bactérie lors de pâturage en
zone sensible. Ainsi, la sérologie permet de mettre en évidence un contact ancien ou récent
avec la bactérie mais ne permet pas le diagnostic d’ehrlichiose à proprement parler (102).
L’analyse sérologique consiste en la réalisation d’une immunofluorescence indirecte. Elle
permet la détection d’IgG et d’IgA (immunoglobulines G et A). Le seuil de détection conseillé
est 1/80ème. L’idéal est de réaliser une cinétique d’anticorps mais cela entraîne un surcoût
non négligeable pour l’éleveur (102).
Lors d’avortement, il est conseillé de faire une PCR sur sang de la mère, sur des
houppes cotylédonaires prélevées in-utero ou sur l’avorton (sang intra-cardiaque, fluide
thoracique, foie ou rate) (102).
G. Joncour donne des recommandations concernant le diagnostic d’avortements en
série non brucelliques survenant en zones de biotopes favorables à Ixodes ricinus et
Anaplasma phogocytophilum (102). Le protocole est à mettre en place dans les conditions
suivantes :
Il faut considérer un élevage ayant connu un épisode d’avortements en série. Les
avortements concernés doivent avoir eu lieu préférentiellement durant la seconde moitié de
gestation, doivent être rapprochés dans le temps, et doivent dater de moins de trois mois.
Les hypothèses de BVD, néosporose, leptospirose, listériose, chlamydophilose et fièvre Q
doivent avoir été écartées. Au sein de ces élevages, il propose de s’intéresser plus
particulièrement aux jeunes vaches (si possible primipares) ayant avorté. Les prélèvements
doivent concerner au minimum les avortées et un même nombre de vaches témoins. Ces
126
vaches témoins doivent être les plus jeunes possible. Les introductions récentes d’animaux,
les translocations ou recombinaisons de troupeaux et les achats de nouvelles parcelles sont
considérés comme des facteurs favorisants. De plus, des troupeaux ayant connu des
antécédents de babésiose ou de fièvre Q ont davantage de chances de développer une
ehrlichiose car le milieu où évoluent les bovins semble favorable à la présence de tiques. La
saison sera également prise en compte : les ehrlichioses sont plus fréquentes entre avril et
novembre.
a) Bactéries non spécifiques
Certaines bactéries sont parfois retrouvées lors d’avortements bovins. Il s’agit de Trueperella
pyogenes, Escherichia Coli, Histophilus somni et Pseudomonas aeruginosa. Ces bactéries ne
sont pas spécifiques d’avortement.
2. Agents viraux
a) Le virus de la BVD
i.
Présentation du virus
Le virus de la BVD appartient à la famille des Flaviviridae et au genre Pestivirus (103).
C’est un virus enveloppé sphérique de 50 nm de diamètre. Le génome est une
molécule d’ARN monocaténaire positif. On distingue deux biotypes de virus : la souche
cytopathogène et la souche non cytopathogène (103).
Il existe deux types d’antigènes viraux : les glycoprotéines d’enveloppe et les protéines non
structurales.
La glycoprotéine d’enveloppe la plus importante est la protéine E2 (correspondant à la
glycoprotéine gp53) puisqu’elle entraîne la synthèse d’anticorps neutralisants. Les anticorps
se mettent en place dès que le virus est présent, même s’il ne se multiplie pas. Il existe une
deuxième glycoprotéine d’intérêt qui est la protéine E0 (correspondant à la glycoprotéine
127
gp48). Elle entraîne également la formation d’anticorps neutralisants mais elle est moins
immunogène (104).
Les protéines non structurales présentant le plus d’intérêt sont la protéine NS2-3 et la
protéine NS3 qui est issue du clivage de cette dernière. Elles entraînent la synthèse
d’anticorps dès lors que le virus se multiplie. Elles représentent donc des témoins de la
multiplication virale. Mais les anticorps produits ne sont pas protecteurs (104).
Ce virus n’est pas très stable dans l’environnement et est facilement inactivé par la
chaleur et les désinfectants classiques (103).
ii.
Cycle du virus
La souche non cytopathogène (NCP) du virus de la BVD se multiplie beaucoup et est
excrétée de façon massive par l’hôte. Elle est la seule à pouvoir passer par voie
transplacentaire et à pouvoir entraîner la formation d’IPI (infectés permanents
immunotolérants). Il s’agit de la souche la plus souvent rencontrée (104).
La souche cytopathogène (CP) présente, quant à elle, une capacité de multiplication
plus faible et elle ne peut pas passer par voie transplacentaire. Seule la souche CP est à
l’origine de la forme MD (maladie des muqueuses) causée par le virus de la BVD (104).
Des mutations intervenant sur la souche non cytopathogène seraient à l’origine de
l’apparition de souches cytopathogènes.
¤ Tableau n°7 : Tableau résumant les caractéristiques des souches cytopathogènes et
non cytopathogènes ¤
Passage par voie
Capacité à former
Implication dans la
transplacentaire
des IPI
MD
Souche NCP
Oui
Oui
Non
Souche CP
Non
Non
Oui
128
iii.
Prévalence
Le virus de la BVD est de distribution mondiale (105). Une étude portant sur 2296 cas
d’avortements bovins en Californie a montré que 4% d’entre eux étaient dus à la BVD (106).
Le virus de la BVD est un agent abortif majeur en France car, avec le virus de l’IBR et
Neospora caninum, il fait partie des 3 agents infectieux les plus souvent mis en évidence lors
d’avortements (52).
iv.
Réglementation
La BVD n’est pas une maladie réglementée et la certification ACERSA (association
pour la certification de la santé animale) concerne uniquement le statut IPI. Elle fait par
contre partie de la liste 2013 publiée par l’OIE, liste des maladies ayant un intérêt en termes
de santé publique (107).
v.
Pathogénie
Le virus de la BVD présente un tropisme particulier pour les cellules épithéliales, les
cellules mononucléées du sang (lymphocytes et monocytes) et les cellules en multiplication.
Cela explique l’ensemble des signes cliniques observés : malformations fœtales, diarrhée et
catarrhe.
Le virus se réplique dans un premier temps au niveau de la muqueuse nasale et des
tonsilles pharyngiennes. Les antigènes viraux sont surtout présents dans les follicules
lymphoïdes et le cortex thymique au sein des cellules du stroma. Ils sont également présents
au niveau des tissus lymphoïdes de la muqueuse intestinale (plaques de Peyer). Mais les
lésions tissulaires liées à la BVD ne sont pas forcément liées à la présence d’antigènes viraux
sur ces sites (104).
129
Lors d’infections par une souche peu virulente de BVD, le pic de virémie a lieu 6 jours
après l’infection initiale puis les virus ne sont plus détectables au niveau des tissus. Dans le
cas d’une infection par une souche de haute virulence, la quantité d’antigènes viraux reste
très importante et contrairement aux souches de faible virulence, le virus continue à se
disséminer dans l’organisme (104).
Si la vache n’est pas gestante, elle présente, suite à l’infection, une phase de virémie
puis les virus sont éliminés et la vache est immunisée contre ce virus. Elle peut par contre
présenter des troubles de la reproduction tels qu’une ovarite entraînant un anœstrus.
Les troubles reproducteurs rencontrés par ces vaches présentent une pathogénie
bien particulière.
Des souches cytopathogènes du virus de la BVD ont été trouvées dans le tissu ovarien de
vaches vaccinées contre la BVD. Cela suggère une possible multiplication de ces souches au
niveau des ovaires pouvant être à l’origine d’infertilité lors d’infection par le virus (108).
Une autre expérimentation a été menée par Grooms (109). Il a tenté de déterminer les types
cellulaires contenant les particules virales au sein des tissus ovariens. 12 génisses infectées
par une souche non cytopathogène du virus de la BVD ont été ovariectomisées entre 4 et 60
jours après l’infection. Le virus de la BVD a été isolé le 6 ème et 8ème jour après l’infection. Ils
étaient contenus au sein de cellules macrophagiques et de cellules du stroma du cortex
ovarien. Une ovarite a été mise en évidence entre 6 à 60 jours après l’infection. Ces résultats
sont une nouvelle fois en accord avec le fait que le virus de la BVD peut entraîner une ovarite
par atteinte de cellules ovariennes. Ceci est à l’origine de la diminution des performances de
reproduction, principalement d’une diminution du taux de conception.
Archbald a quant à lui observé la présence d’une souche cytopathogène du virus de la BVD
au niveau de l’oviducte à l’origine de salpingite 21 jours après l’inoculation intra-utérine du
virus (110). Des études similaires ont mis en évidence la présence de souches non
cytopathogènes au niveau de l’oviducte (111).
130
Avant 40 jours de gestation, il est fréquent d’observer de la mortalité embryonnaire.
La vache revient en chaleur. Cela entraîne une baisse des performances de reproduction de
l’élevage.
Concernant l’atteinte de la zone pellucide, les études se contredisent. Gillespie a observé
que des particules virales peuvent se fixer sur la zone pellucide in vitro (112). Mais d’autres
études in vitro ont quant à elles mis en évidence que la zone pellucide jouait un rôle
protecteur vis-à-vis de ces virus (113).
Fredriksen a tenté de déterminer la répartition tissulaire et cellulaire du virus (114). L’utérus,
les placentomes, les espaces inter-cotylédonaires et les organes fœtaux de 3 génisses
gestantes IPI ont été analysés à l’aide de méthodes immuno-histochimiques. L’utérus et les
ovaires de 3 génisses non gestantes IPI ont également été soumis à l’analyse. Les antigènes
du virus de la BVD ont été mis en évidence dans tous les organes analysés, à la fois au sein
de cellules épithéliales et non épithéliales. La gestation semble favoriser la réplication du
virus puisque les coupes d’utérus de génisses gestantes réagissaient plus que celles des
génisses non gestantes. Ainsi l’ensemble de l’appareil reproducteur femelle (ovaires,
oviductes, utérus) peut contenir des particules virales de BVD. Des études ont observé que
l’on pouvait y trouver des souches cytopathogènes et non cytopathogènes (111).
Le veau acquiert son immunocompétence entre le 125ème et le 150ème jour de
gestation. Si la vache est infectée par une souche non cytopathogène (qui peut donc passer
la barrière placentaire) entre le 18ème et le 125ème jour de gestation, le veau est également
infecté. Mais puisqu’il est incapable de se défendre contre le virus, il le considère comme un
élément du soi et il reste infecté permanent immunotolérant (IPI) (111). Le virus se multiplie
de façon importante dans son organisme et dès sa naissance, il en excrète en grande
quantité. En buvant le colostrum de sa mère, il acquiert les anticorps dirigés contre le virus
de la BVD mais ils ne sont pas suffisants pour éliminer les nombreux virus en multiplication.
Il se peut que la souche ayant infecté le veau in utero subisse des mutations si bien qu’elle
131
devienne une souche cytopathogène. Il développe alors ce que l’on appelle la maladie des
muqueuses. En effet, seule cette souche peut être à l’origine de la maladie des muqueuses
(111). Le nouveau virus est antigéniquement apparenté à celui qui l’a infecté in utero, donc
aucune réaction immunitaire ne se met en place. De ce fait, cette maladie est toujours
mortelle. Les veaux IPI sont également immunodéprimés et donc plus susceptibles de
contracter d’autres affections.
Le mécanisme d’apparition d’IPI n’est pas encore totalement élucidé. Il semblerait que les
protéines virales soient reconnues comme des antigènes du soi. Il en résulte une
immunotolérance de la part des lymphocytes spécifiques B et T (111).
¤ Figure n°19 : Suite des événements menant à la naissance d’un veau IPI (103)¤
Si la vache gestante est infectée par une souche non cytopathogène entre le 100ème
et le 150ème jour de gestation, le veau peut présenter diverses malformations.
132
Selon Grooms, cela est dû que fait que, durant cette période, l’organogenèse est en cours et
le veau n’est pas encore immunocompétent. Le mécanisme pathogénique n’est pas encore
clair mais il semblerait que cela soit dû à une combinaison entre une atteinte directe des
cellules par le virus et à la réponse inflammatoire causée par le virus (111).
Enfin, après 4 mois de gestation et jusqu’au terme, le fœtus peut se défendre et
éliminer le virus de la même façon qu’un adulte. L’infection est donc inapparente pour le
fœtus (104).
.
¤ Figure n°20 : Evénements possibles suite à l’infection par le virus de la BVD selon le stade
de gestation (103)¤
vi.
Signes cliniques reproducteurs chez la vache
La BVD est marquée par des troubles de la reproduction, principalement des
avortements, de la mortalité embryonnaire, des malformations fœtales et une baisse de la
fertilité. Un avortement dû au virus de la BVD a été, pour la première fois, décrit en 1946 par
Olafson (115).
133
Done a réalisé en 1980 une infection expérimentale par du virus de la BVD (116). Il a infecté
expérimentalement en intramusculaire 15 génisses séronégatives à leur 100 ème jour de
gestation. Elles n’ont pas montré de signes cliniques suite à l’inoculation, mais une
séroconversion a été observée au bout de 6 semaines. 6 fœtus (dont deux jumeaux) sont
morts in utero entre 136 et 154 jours après l’inoculation du virus. 5 vaches ont donc avorté.
Les fœtus se sont momifiés et sont restés en position intra-utérine jusqu’à 300 jours de
gestation. Les 10 fœtus restants ont survécu jusqu’au terme mais ils présentaient tous un
retard de croissance associé ou non à des malformations et/ou une dysmyélinisation du
système nerveux central. 3 d’entre eux présentaient, en effet, une affection nerveuse
congénitale. Sur les 10 fœtus ayant survécu, 2 ont présenté des anticorps dirigés contre le
virus de la BVD et on a pu mettre en évidence des souches non cytopathogènes sur les 8
restants.
Conclusion : le virus de la BVD peut induire des avortements ainsi qu’un retard de croissance
fœtale associé ou non à des malformations du système nerveux central et des troubles
nerveux.
L’avortement peut survenir à tout moment de la gestation mais arrive le plus
fréquemment au cours du premier trimestre. Il a souvent lieu dans les 10 à 27 jours suivant
l’infection et l’expulsion du fœtus se fait dans les 50 jours qui suivent (111).
Fray a observé que des vaches infectées par le virus de la BVD montraient une
diminution de la concentration plasmatique en œstradiol (117). Il a inoculé des souches non
cytopathogènes du virus de la BVD à 16 vaches séro- et viro-négatives. Il a également
synchronisé leurs chaleurs et celles de 7 vaches témoins. L’inoculation a été réalisée de
façon à ce que le pic de virémie survienne pendant la phase initiale de la mise en place du
corps jaune. Entre le 4ème et 9ème jour suivant l’inoculation, les vaches infectées ont présenté
une concentration plasmatique en œstradiol significativement diminuée par rapport aux
vaches témoins.
Aucune différence significative concernant la température rectale, la concentration
plasmatique en progestérone et la sécrétion de PGF2α n’a été notée.
134
Donc un lien entre la virémie et un dysfonctionnement endocrinien est probable. Cela a
comme principale conséquence d’entraîner une baisse de la fertilité.
Grooms a quant à lui observé un lien entre l’infection par une souche non
cytopathogène du virus de la BVD et un ralentissement de la croissance folliculaire ovarienne
(118). 5 génisses séro- et viro-négatives ont été suivies quotidiennement durant 4 cycles
œstraux. Il a surveillé la position et la taille des follicules dont le diamètre excédait 5 mm, le
nombre de structures lutéales et la concentration plasmatique en progestérone et en
œstradiol. Après l’ovulation du 2ème cycle, une souche non cytopathogène du virus de la BVD
a été inoculée par voie intra-nasale. Après l’infection, le diamètre maximal et le taux de
croissance des follicules ovulatoires et non ovulatoires ont significativement diminué.
Aucune différence n’était notée concernant les structures lutéales et la concentration
plasmatique en progestérone (118). Contrairement à Fray, aucune différence n’était
observée concernant la concentration plasmatique en œstradiol (117). Les résultats
suggèrent que l’infection par une souche non cytopathogène du virus de la BVD est à
l’origine d’un ralentissement de la croissance folliculaire qui peut entraîner de l’infertilité.
Archbald a observé que le virus de la BVD entraînait une diminution de la qualité des
embryons touchés (119). 5 vaches ont subi un traitement en vue d’entraîner une superovulation. Elles ont reçu une insémination artificielle et 7 jours après, une suspension de
virus de la BVD a été injectée au niveau de la corne utérine gauche. 3 jours après l’injection,
les embryons ont été collectés. 4 embryons sur les 12 présents dans la corne gauche avaient
un aspect identique à ceux de la corne droite. Les 8 restants présentaient toujours une zone
pellucide mais étaient en stade dégénératif. Ces derniers ont été examinés au microscope
électronique et des particules virales de BVD ont été mises en évidence.
Ainsi, le virus de la BVD interfère avec le développement embryonnaire et induit, de ce fait,
une diminution de la fertilité.
Lors d’une étude expérimentale, une vache IPI a été introduite accidentellement au
sein d’un groupe de vaches séronégatives destinées à la reproduction. Elles étaient à des
135
stades différents de mise à la reproduction et le taux de conception des groupes de vaches
séroconverties avant, pendant ou après la mise à la reproduction ont été comparés. Les
résultats sont respectivement de 78,6%, 44,4% et 22,2%. Le taux de conception est
significativement plus faible pour les vaches séroconverties après la mise à la reproduction
par rapport aux vaches déjà séroconverties (120).
L’infection par le virus de la BVD après mise à la reproduction peut donc être à l’origine de la
diminution du taux de conception.
Des malformations sur les veaux peuvent aussi être observées. Elles touchent le
système nerveux central, les yeux et d’autres organes tels que le thymus (111).
Les atteintes du système nerveux central sont une hypoplasie cérébelleuse, une
microencéphalopathie, de l’hydrocéphalie, de l’hydranencéphalie, de la porencéphalie et
une hypomyélinisation. La sévérité des lésions cérébellaires augmente avec l’âge du fœtus
au moment de l’infection (111).
Les atteintes opthalmologiques sont de la cataracte, une microphtalmie, une
dégénérescence rétinienne et une inflammation du nerf optique (111).
Les
autres
malformations
observées
sont
une
hypoplasie
du
thymus,
une
alopécie/hypotrichose, une anomalie de l’ostéogenèse, un brachygnatisme mandibulaire et
un retard de croissance (111).
vii.
Signes cliniques autres que reproducteurs chez les bovins
Il existe d’autres formes cliniques de la BVD : l’infection inapparente, la BVD sensus
stricto, la forme hémorragique et l’immunodépression.
L’infection inapparente correspond à la majorité des cas. L’animal présente une
phase de virémie qui est suivie de l’apparition d’anticorps neutralisants. Les virus sont donc
éliminés de l’organisme et l’animal est immunisé contre les réinfections.
La BVD sensus stricto se caractérise par une hyperthermie modérée transitoire (3940°C), une diarrhée séreuse, une anorexie, une dépression, un catarrhe oculo-nasal, une
136
pneumonie, des ulcères buccaux, interdigités, mammaires et vulvaires, et une baisse de la
production laitière (104). La phase d’incubation est courte : de 5 à 7 jours et la guérison est
spontanée en quelques jours. Les veaux peuvent également être touchés par cette forme, le
virus de la BVD est en effet un agent de gastro-entérite néonatale. Mais on l’observe
rarement avant l’âge de 6 mois du fait de la présence des anticorps maternels.
La forme hémorragique est due au type 2 du virus et est principalement présente aux
USA. On observe dans ce cas une thrombopénie, une hématochézie, une hématurie et des
pétéchies sur les muqueuses buccales, conjonctivales et génitales (104).
L’immunodépression est due au tropisme du virus pour les cellules de la lignée
blanche qui entraîne une leucopénie. On observe par exemple une plus grande fréquence
des diarrhées néonatales et des bronchopneumonies infectieuses enzootiques bovines
(104).
La maladie des muqueuses ne s’exprime que pour les veaux IPI. La durée d’incubation
est de 10 à 14 jours. Elle est caractérisée par un syndrome fébrile, une anorexie, une
tachycardie, un abattement, un ptyalisme, une diarrhée profuse aqueuse accompagnée de
ténesme et d’épreintes (104). Des érosions et ulcères sont visibles dans la bouche, au niveau
des lèvres, de la joue et de la langue. Les ulcères sont dits « en coup d’ongle ». La
visualisation d’ulcères en coup d’ongle sur l’œsophage est quasiment pathognomonique de
la maladie des muqueuses. La mort est systématique et elle survient en 3 à 15 jours. Les
animaux IPI survivent rarement au-delà de 18 mois (104).
Une forme chronique plus rare est aussi décrite dans le cas de la maladie des
muqueuses. Elle est caractérisée par une diarrhée intermittente, un retard de croissance et
des ulcères. La mort survient plus tardivement, en quelques semaines à quelques mois.
Munoz-Zanzi a observé que des veaux naissant avec des anticorps neutralisants
dirigés contre le virus de la BVD avaient deux fois plus de chance de développer une maladie
grave avant l’âge de 10 mois (121). Il a en effet testé la présence du virus de la BVD et de ses
anticorps neutralisants dans le sang de 466 veaux à la naissance, avant la prise de colostrum.
Il a observé que 10,1% des veaux étaient infectés : 0,5% de ces veaux étaient IPI et les 9,6%
137
restants présentaient une infection congénitale. Il a ensuite collecté des informations sur la
survenue ultérieure de maladies et la mort de ces 466 veaux jusqu’à leurs 10 mois. Il a alors
observé que les veaux ayant eu une infection congénitale par le virus de la BVD avaient deux
fois plus de chance de développer une maladie sévère par rapport aux veaux ne présentant
pas d’anticorps neutralisants contre ce virus à la naissance.
viii.
Lésions placentaires
Les principales lésions placentaires et fœtales ont été décrites par Murray. Il a
examiné 40 fœtus et placentas issus de mères infectées par le virus de la BVD. Les lésions
placentaires n’étaient pas spécifiques d’une atteinte par le virus de la BVD. Dans tous les cas
elles n’étaient pas suffisantes pour entraîner l’avortement (122). Selon Grooms, les lésions
placentaires lors de BVD consistent en une vasculite, de l’œdème, des phénomènes de
congestion et d’hémorragies, et de la nécrose (111).
ix.
Lésions fœtales
Murray a montré que les lésions fœtales causées par le virus de la BVD se trouvaient
principalement sur les poumons et le myocarde. Les lésions pulmonaires consistent en une
infiltration de cellules mononucléées créant une inflammation autour des bronchioles et au
sein des tissus inter-alvéolaires (122). Une myocardite nécrosante associée à une vasculite
non suppurative peut être observée. De plus, certains fœtus présentent une hypoplasie ou
une dysplasie rénale et pulmonaire (106). Enfin, il est courant d’observer des malformations
congénitales comme celles décrites dans le paragraphe sur les symptômes reproducteurs
(106).
x.

Epidémiologie
Modes de contamination
La transmission est de deux types : horizontale ou verticale.
138
On a vu que la vache gestante infectée pouvait donner naissance à un veau IPI si l’infection
survenait entre le 18ème et le 125ème jour de gestation. Il s’agit donc d’un mode de
transmission verticale du virus de la mère à son veau.
Une seconde voie de transmission existe : la voie horizontale. La contamination peut se faire
par voie oro-nasale. Dans ce cas, l’infection a souvent lieu entre 6 et 24 mois (avant l’âge de
6 mois, le veau a encore les anticorps transmis par le colostrum de sa mère). Il s’agit du
mode de transmission le plus fréquent. D’autres voies de transmission horizontale sont
décrites : transmission par le sperme, par transfert d’embryon, par palpations transrectales
sans changement de gants. D’autres voies de transmission plus anecdotiques sont citées :
iatrogénique (ex : via les boucles de nez), ou par les moustiques (104).
Les principaux facteurs de risque sont le mélange des classes d’âges (proximité
possible entre un veau IPI et une vache gestante), la conduite en lot (ne permet pas une
bonne immunisation des animaux), le regroupement des vêlages (excrétion virale
importante à ce moment et présence d’autres vaches gestantes), la taille du troupeau
(infection plus courte dans un petit effectif) et le statut indemne du troupeau (dans ce cas,
les animaux seront naïfs).

Contaminants
Les principaux contaminants sont les sécrétions génitales femelles, les sécrétions
nasales, respiratoires et oculaires, le sperme, la salive, l’urine, les fèces et le lait. Des cas
d’excrétion lactée de virus de la BVD par des mères IPI ont été décrits, il s’agit d’un mode
possible de transmission (104).
Les principales sources de virus sont les veaux IPI et les bovins infectés transitoires.
Lors de l’achat d’une vache gestante provenant d’un troupeau non indemne, le risque est
qu’elle mette bas un veau IPI.
139

Signes épidémio-cliniques
On peut suspecter le virus de la BVD quand on observe des séries d’avortements, des
performances de reproduction médiocres (nombreux retours en chaleur traduisant de la
mortalité embryonnaire), des malformations fœtales ou la naissance de veaux
anormalement petits et chétifs. On peut aussi le suspecter lorsque l’on a des syndromes
diarrhéiques transitoires qui se résolvent d’eux-mêmes ou des retards de croissance chez les
veaux.
xi.
Mise en place de l’immunité
15 jours après l’infection virale, on observe la synthèse d’anticorps neutralisants
principalement dirigés contre la protéine E2. Le taux en anticorps est alors suffisamment
haut pour être détecté. Si on réalise deux prises de sang à 15 jours d’intervalle, on peut
mettre en évidence une séroconversion synonyme d’infection par le virus. La mise en place
d’anticorps est efficace mais le délai de mise en place de l’immunité n’empêche pas le
passage transplacentaire. Le fœtus peut donc être infecté par le virus dans les 15 jours
suivant la contamination.
Les anticorps mis en place persistent longtemps et peuvent être détectés jusqu’à deux à
trois ans après l’infection initiale. Du fait de la protection croisée pour les différentes
souches de virus, les bovins ne se réinfectent que très rarement.
La vache transmet ses anticorps dirigés contre le virus de la BVD dans son colostrum. De ce
fait, son veau est protégé pendant 6 à 8 mois. Il faut en tenir compte lors des analyses de
laboratoire.
xii.
Diagnostic
Il est difficile de porter un diagnostic sur les animaux de moins de 6 mois car un
résultat positif de sérologie peut être dû à l’ingestion des anticorps colostraux ou à une
réponse immunitaire dirigée contre le virus. Et un résultat négatif d’analyse virologique peut
140
être dû à l’absence réelle de virémie ou au contraire à une virémie masquée par l’action des
anticorps maternels.
Le diagnostic de BVD peut se faire par mise en évidence directe ou indirecte du virus.
Les méthodes de mise en évidence directe sont l’isolement viral, la recherche antigénique et
la RT-PCR (123).
L’isolement viral est le « gold standard » mais c’est une technique qui demande du
temps et qui est assez onéreuse (une cinquantaine d’euros) (123).
La culture de virus se fait sur trois types cellulaires : cellules du cornet nasal bovin,
cellules testiculaires bovines et des cellules rénales bovines (MDBK= « Madin Darby Bovine
Kidney »). Les deux premiers types cellulaires montrent une meilleure sensibilité pour la
culture du virus de la BVD. Il faut au moins 4 à 5 jours de culture pour espérer mettre en
évidence des particules virales. Une seconde mise en culture est souvent nécessaire. Cette
technique permet de distinguer les souches cytopathogènes des souches non
cytopathogènes (123).
Le meilleur prélèvement pour l’isolement viral est le sang total duquel on extrait, par
centrifugation, le « buffy coat » qui correspond à l’ensemble des cellules de la lignée
blanche. Lors d’analyse sur avorton (ou sur animal mort), l’idéal est de prélever des
échantillons d’organes lymphoïdes tels que la rate, les plaques de Peyer de l’intestin grêle,
des nœuds lymphatiques mésentériques et le thymus. Dans le cas d’un animal IPI, la charge
virale est tellement importante que n’importe quel prélèvement d’organe convient (123).
La détection des antigènes est plus rapide et moins coûteuse que l’isolement viral.
Mais cette méthode manque de sensibilité et beaucoup de faux négatifs sont observés. Deux
méthodes sont disponibles : la technique ELISA largement employée et une méthode
immunologique de fixation sur des antigènes viraux (123).
Plusieurs tests ELISA sont disponibles et ils sont principalement utilisés dans le cadre
du diagnostic d’animaux IPI (123). La méthode ELISA se base sur la détection de protéines
virales telles que la protéine gp25 (E1), gp44 (E0), gp48 (Erns), gp53 (E2) et P80 (NS2/3). La
141
recherche de la protéine P80 est la plus utilisée. Elle se fait sur prélèvement sanguin ou
cutané, en analyse individuelle ou de mélange (124).
Les résultats obtenus par la technique d’immuno-fluorescence sont également
difficiles à interpréter. Un résultat positif peut confirmer l’intervention de la BVD mais un
résultat négatif ne permet pas de l’exclure. Une autre méthode d’immuno-histochimie est
quant à elle utilisée sur des prélèvements d’oreilles pour déterminer si l’animal est IPI. C’est
une technique qui est de plus en plus employée (123).
La RT-PCR est très sensible mais coûteuse (une trentaine d’euros l’analyse). Elle est
utilisée en routine pour le diagnostic de la BVD. Elle permet la distinction des différents
génotypes : 1a, 1b et 2 (123). Théoriquement, elle peut être réalisée sur tout type de
prélèvement. En pratique, il est conseillé de la réaliser sur fluides fœtaux, écouvillons
vaginaux, sérum, lait, sang total, cellules du « buffy coat », peau ou tissus frais. Une
attention toute particulière doit être portée à l’analyse portant sur des tissus fixés. La
fixation du tissu entraîne en effet une fragmentation de l’ARN viral, ce qui peut favoriser
l’apparition de faux négatifs (123).
Il est possible de réaliser une RT-PCR sur mélange de lait ou de sérum, afin de
diminuer le coût total des analyses (123).
Les méthodes de mise en évidence indirecte consistent en la mise en évidence des anticorps
dirigés contre le virus de la BVD. On utilise les méthodes sérologiques suivantes : ELISA et
séroneutralisation.
Des études ont montré le peu de corrélations existant entre les résultats obtenus
avec la méthode ELISA et les résultats de séroneutralisation. La méthode ELISA n’est pas très
sensible et donne lieu à de nombreux faux négatifs, principalement à cause des anticorps
vaccinaux. Enfin, la précision de la méthode de séroneutralisation est très dépendante du
laboratoire la mettant en œuvre et de la souche de BVD impliquée. Les résultats de la
séroneutralisation dépendent également des cellules utilisées dans le test. Ils sont meilleurs
lors de l’utilisation de cellules RK-13 (« Rabbit Kidney ») que lorsque l’on utilise des cellules
MDBK (« Madin Darby Bovine Kidney ») (123).
142
Les résultats d’analyses doivent être interprétés en fonction des signes cliniques observés
sur le terrain, d’une possible stratégie vaccinale mise en place et du niveau d’exposition du
troupeau au virus de la BVD (123).
En comparant les différentes méthodes de diagnostic possibles concernant la BVD et
applicables sur un avorton, Graham a montré que les résultats avec la technique ELISA et la
RT-PCR étaient bien meilleurs que lors de la mise en œuvre d’isolement viral, d’immunohistochimie ou de la sérologie. Les méthodes d’isolement viral et d’immuno-histochimie
donnent en effet lieu à de nombreux faux négatifs (sensibilité moins bonne) (125).
Selon les résultats de sérologie et de virologie, il est possible de porter un diagnostic en
accord avec le tableau n°8.
¤ Tableau n°8 : Aide au diagnostic de BVD selon les résultats de sérologie et de virologie ¤
Virologie
+
Sérologie
+
Infecté transitoire
Immunocompétent ou
Recherche
contact précédent avec le
d’anticorps
virus
-
IPI
Sain
D’après les recommandations de l’ACERSA, un bovin peut être considéré comme non-IPI
dans huit situations différentes (124).
La première situation correspond à un animal âgé de plus de 6 mois ayant obtenu un
résultat individuel négatif pour la recherche d’antigène. L’analyse utilisée est soit la
technique ELISA, soit une culture cellulaire. Elle est réalisée sur du sang ou du lait.
143
La deuxième situation concerne un animal ayant obtenu un résultat de PCR
individuelle ou de mélange négatif. L’analyse se fait sur sang ou lait.
La troisième situation est un animal de plus de 6 mois qui a obtenu un résultat positif
à la sérologie individuelle de recherche de la protéine P80. Le prélèvement est soit du sang,
soit du lait.
La quatrième situation est un animal ayant un résultat négatif à la fois pour la
sérologie et la virologie. La sérologie doit être individuelle.
La cinquième situation est un bovin appartenant à un lot d’animaux de plus de 6 mois
au moins séronégatif à 80%. L’analyse sérologique correspond à une sérologie individuelle
sur sang.
La sixième situation est une vache laitière faisant partie d’un troupeau séronégatif à
plus de 90% sur la dernière analyse et séronégatif à plus de 70% sur la précédente. Il s’agit
d’analyses sérologiques de recherche de la protéine P80 effectuées sur lait de tank, faites à
4-8 mois d’écart.
La septième situation est une vache laitière ayant fait au moins un veau faisant partie
d’un troupeau ne répondant pas aux caractéristiques du troupeau du 6 ème cas, mais dont le
troupeau est séronégatif à plus de 70% sur les deux dernières analyses. Les analyses sont des
sérologies sur lait de tank réalisées à 4-8 mois d’intervalle.
La huitième situation est une vache laitière appartenant à un troupeau qui a obtenu
deux résultats PCR négatifs. Les analyses se font sur lait de tank et sont distantes de 3 à 6
mois.
144
b) Le virus de l’IBR
i.
Présentation du virus
Le virus de l’IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) est un Herpesvirus de type 1. Il
s’agit d’un virus enveloppé d’environ 150nm de diamètre. Son support génétique est une
molécule bicaténaire d’ADN (103).
Puisqu’il est enveloppé, le virus de l’IBR est sensible à la plupart des désinfectants
couramment utilisés (ammoniums quaternaires, dérivés phénoliques et formol) (126).
ii.
Cycle du virus
La pénétration du virus dans l’organisme est facilitée lors d’atteinte des muqueuses
(103). Suite à l’infection, le virus peut emprunter trois voies de dissémination : la circulation
sanguine, le système nerveux et la transmission de cellule à cellule. Lorsque le virus se
propage de cellule à cellule, il ne s’expose pas aux anticorps et il est donc protégé de la
phagocytose (126).
La première infection est suivie d’une virémie puis d’une dissémination à de nombreux
organes comme les organes du tractus digestif, les ovaires, la mamelle ou même le fœtus
(126).
Il peut se passer un temps de latence avant l’expression des signes cliniques. Les particules
virales sont alors situées au niveau du ganglion sacral ou trijumeau respectivement lors
d’atteinte génitale ou respiratoire (103).
La réplication et l’encapsidation du virus se fait dans le noyau de la cellule. L’enveloppe est
acquise suite à sa sortie de la cellule infectée par exocytose (103).
145
iii.
Prévalence
Le virus de l’IBR présente une distribution mondiale (105). L’infection sub-clinique à
IBR semble fréquente en Europe (126). De nombreux pays européens ont mené des
programmes en vue d’éliminer l’IBR des élevages bovins et un grand nombre d’entre eux
sont maintenant indemnes, comme le montre la figure n°21 (127).
¤ Figure n°21 : Etats membres de l’union européenne pour lesquels tout ou une
partie du pays est indemne d’IBR (127) ¤
146
En France, le virus de l’IBR est considéré comme un agent abortif majeur, puisqu’il
fait partie, avec Neospora caninum et le virus de la BVD, des trois agents abortifs les plus
fréquemment mis en évidence (52).
Même si on a observé en France au cours des dernières années une baisse significative du
nombre d’élevages contenant au moins un animal positif à l’IBR, un certain nombre
d’élevages sont encore très touchés par cette maladie. Au 31 mai 2009, le pourcentage
d’élevages « indemnes d’IBR » en France était de 55,7%, alors que la prévalence nationale
moyenne d’ateliers bovins infectés était de 10,3%.
La répartition des élevages touchés par l’IBR n’est pas uniforme sur le territoire français. La
situation vis-à-vis de l’IBR diffère d’un département à l’autre selon l’historique
d’engagement des GDS pour l’éradication de cette maladie et l’orientation allaitante ou
laitière du département. En effet, on observe une différence de prévalence concernant cette
maladie entre les ateliers laitiers et allaitants. Au 31 mai 2009, elle était de 4,2% en élevage
laitier et de 13,6% en allaitant. La conduite d’élevage en pâturage (contact plus fréquent
avec des bovins d’autres troupeaux), la durée de vie des bovins plus importante ainsi que le
coût de la prophylaxie pour l’IBR en élevage allaitant expliquent cette différence (127).
147
¤ Figure n°22 : Répartitions des exploitations qualifiées indemnes d’IBR en France
(Corse exclue) au 31 mai 2009 (127) ¤
148
¤ Figure n°23: Répartition des élevages infectés par le virus de l’IBR en France (Corse exclue)
au 31 mai 2009 (127) ¤
iv.
Pathogénie
Le virus BHV-1 peut adhérer à la zone pellucide de l’ovocyte ou de l’embryon. Mais il
n’interfère pas directement avec le développement embryonnaire. Il présente en revanche
un effet marqué sur le corps jaune. Il est, en effet, à l’origine d’une nécrose hémorragique
focale ou généralisée. Une nécrose des follicules ovariens peut également être observée
(126).
149
Le virus atteint le fœtus en passant la barrière transplacentaire. Le fœtus, incapable
de développer une réponse immunitaire suffisante, meurt et est expulsé par la vache.
L’avortement survient de quelques jours à quelques semaines après l’infection (126).
v.
Signes cliniques reproducteurs chez la vache
L’infection par l’IBR peut être à l’origine d’avortements. L’avortement est dû à une
atteinte secondaire du fœtus. La mort fœtale survient en 15 à 65 jours. Les avortements sont
plus fréquemment rencontrés lors du dernier trimestre de gestation (4).
On peut également observer des mortalités néonatales jusqu’à 12 jours après la naissance
(126).
La forme génitale de l’IBR est caractérisée par une vulvovaginite pustuleuse accompagnée
d’anorexie et de dépression. Les mictions sont fréquentes et douloureuses. Les lèvres
vulvaires sont enflées et des pustules sont présentes sur le plancher vaginal. Celles-ci
peuvent devenir coalescentes et être recouvertes d’une pseudo-membrane fibrineuse. Des
sécrétions vulvaires peuvent également être présentes (103).
La phase aiguë de la maladie dure de quatre à cinq jours et la guérison s’opère généralement
en une quinzaine de jours (103).
Des cas de métrites dues au virus de l’IBR survenant après une césarienne ont été décrits
dans des élevages de vaches blanc-bleu belges. Les vaches sont en effet plus réceptives au
virus pendant la période du vêlage (126).
Le taureau peut présenter une balanoposthite. Les lésions sont sévères et extensives à tel
point que le taureau peut refuser la saillie (103).
vi.
Lésions placentaires
L’autolyse placentaire qui peut être observée n’est pas caractéristique d’une atteinte
par le virus de l’IBR. Il n’existe pas d’autres lésions placentaires qui sont caractéristiques
d’une atteinte par le virus de l’IBR (39).
150
vii.
Lésions fœtales
Le virus de l’IBR est responsable de l’apparition de lésions de nécrose multifocales,
elles sont surtout visibles sur le foie. Le cortex rénal est souvent détruit (126).
viii.
Signes cliniques autres que reproducteurs chez les bovins
La forme respiratoire de la maladie est celle qui est la plus fréquemment observée.
Elle est associée au complexe des broncho-pneumonies infectieuses enzootiques bovines
(126).
Elle est caractérisée par un jetage nasal dans un premier temps séreux puis muco-purulent.
Les animaux sont abattus, dans un état fébrile (température rectale pouvant dépasser 40°C),
ils présentent de l’anorexie et une baisse brutale de la production laitière. On peut
également observer du ptyalisme et un larmoiement associé à une congestion des
muqueuses oculaires (126).
Différentes lésions peuvent être visualisées telles que des ulcères dans les cavités nasales, le
pharynx et la trachée. Les lésions peuvent s’étendre à l’appareil respiratoire profond et
provoquer une pneumonie et une bronchite (126).
Enfin, l’infection de veaux par BHV-1 entraîne l’apparition de signes respiratoires
comparables à ceux développés par des adultes. Une atteinte généralisée est également
possible, dans ce cas, elle est rapidement mortelle. Elle se caractérise par des signes à la fois
digestifs et respiratoires (126).
Des cas d’encéphalites survenant sur de jeunes bovins ont été décrits. Mais il s’agit
plus vraisemblablement d’une souche de BHV-5 et non de BHV-1 (126).
151
ix.

Epidémiologie
Circonstances d’apparition de la maladie
La maladie survient généralement après un stress qui lève l’état de latence. Cet
équilibre peut être rompu par la gestation, la parturition, un transport, une infestation
parasitaire ou l’arrivée dans un nouveau lot de vaches (103) (126).
Un traitement à base de corticoïdes peut également entraîner la levée de l’état de
latence pour l’IBR. Hage a réactivé la circulation de l’IBR au sein d’un troupeau laitier suite à
l’injection de dexaméthasone sur trois vaches séropositives. Après 7 semaines, toutes les
vaches du troupeau qui étaient séronégatives ont subi une séroconversion et certaines
vaches qui étaient séropositives ont vu leur titre en anticorps dirigés contre le virus de l’IBR
augmenter de façon significative (128).
La plupart des animaux atteints ne développent pas de signes cliniques liés à l’IBR. La
principale raison est que la souche en jeu est souvent peu virulente. Mais ces animaux sont
néanmoins excréteurs du virus et constituent un danger pour les autres bovins (126).

Contaminants
Les sécrétions respiratoires, génitales et oculaires d’un bovin infecté sont
contaminantes pour ses congénères. Les sécrétions nasales sont celles qui contiennent la
quantité la plus importante de virus (126).
Le virus peut être isolé à partir du sperme. De nombreux cas de portage latents ont
été décrits dans des centres d’insémination. Les taureaux excrétaient le virus de façon
intermittente, ce qui rendait le diagnostic difficile (126).
La dose nécessaire à l’infection de la vache suite à une insémination artificielle
réalisée avec du sperme contaminé n’est pas précisément connue. Des doses inférieures à
200 DICC50 (dose infectante pour 50% des cultures cellulaires) n’ont pas été suffisantes en
conditions expérimentales. Il semblerait que des doses plus importantes autour de 10 5,3
DICC50 (environ 200 000 DICC50) entraînent une endométrite et de l’infertilité transitoire. La
quantité de virus nécessaire à l’infection dépend de la souche virale et plus précisément de
sa virulence (126).
152

Modes de transmission
La forme génitale de la maladie se transmet par voie vénérienne ou suite à une
insémination artificielle. La forme respiratoire ou oculaire se transmet quant à elle par des
gouttelettes via un contact mufle à mufle (103).
Lors d’atteinte de l’appareil respiratoire supérieur, le virus se multiplie au sein de la
muqueuse et est excrété dans le mucus nasal jusqu’à une dose de 10 10 DICC50/g de mucus
(126).
L’excrétion est maximale 4 à 6 jours après l’infection et peut durer une quinzaine de jours
(126).
x.
Mise en place de l’immunité
Dans la plupart des cas, l’animal parvient à lutter contre le virus, et un état de
portage latent s’installe. En l’absence de surinfection bactérienne, la guérison clinique
survient en général au bout d’une quinzaine de jours (126).
xi.
Diagnostic
Dans des populations d’animaux présentant une forte prévalence de l’IBR, il se peut
que les animaux porteurs du virus ne présentent pas un taux d’anticorps suffisamment élevé
pour qu’il soit détecté. Ce sont donc des faux négatifs qui représentent un danger en termes
de contamination du milieu extérieur (126).
Il existe différents tests de diagnostic de l’IBR.
La technique ELISA est très utilisée, elle peut être de trois types : tests ELISA indirects,
ELISA « compétition gB » et ELISA « compétition gE ». Le premier permet la détection
d’anticorps dirigés contre les tous les antigènes de BHV-1, alors que les deux derniers
153
mettent en évidence des anticorps dirigés contre les glycoprotéines gB et gE appartenant au
virus. Le test ELISA en « compétition gE » permet de différentier des animaux naturellement
infectés par le virus des animaux vaccinés avec un vaccin délété. Il n’est pas utilisé dans le
cadre des qualifications d’IBR réalisés par l’ACERSA (129).
Lors d’analyses sur mélange (lait ou sérum), on utilise un test ELISA indirect. Si le résultat est
positif, on réalise une nouvelle fois un test ELISA indirect sur analyse individuelle. Si le
résultat de l’analyse individuelle est non négatif, on réalise un test ELISA « compétition gB »
(129).
Un sérum est dit divergent si les résultats des deux tests individuels ne concordent pas (129).
L’interprétation du résultat de la première prise de sang se fait selon le tableau n°9.
¤ Tableau n°9: Interprétation des résultats d’analyses individuelles sur une première
prise de sang (129) ¤
Résultats d’analyses individuelles sur la
première prise de sang
Résultat du 1er test
Non négatif
(ELISA indirect)
Négatif
Résultat du 2ème test (ELISA compétition gB)
Non négatif
Sérum positif
Négatif
Sérum divergent
2ème analyse non réalisée
Plusieurs recommandations sont faites, notamment par l’ACERSA lors de l’obtention
d’un résultat positif à l’IBR suite à la réalisation de la première prise de sang (130).
Il n’est pas conseillé de faire un nouveau test lorsque l’animal appartient à un élevage
reconnu comme touché par l’IBR, lorsque l’animal est vacciné ou lorsque l’animal appartient
à un cheptel B sans détenir lui-même l’appellation. Dans ce dernier cas, il convient d’éliminer
ou de vacciner l’animal répondant positivement au test (129).
Lorsque l’on n’est pas dans les cas décrits ci-dessus, il faut refaire une nouvelle prise de sang
et l’appellation « indemne d’IBR » est levée. Il faudra attendre les résultats de nouveaux
tests pour déterminer si l’élevage peut à nouveau être qualifié d’ « indemne d’IBR » (129).
154
On peut résumer la démarche diagnostique par la figure n°24.
¤ Figure n°24 : Démarche diagnostique lors de la première prise de sang concernant l’IBR
(129) ¤
Lorsque le cheptel est A (« indemne d’IBR ») ou B (« contrôlé IBR »), il faut réaliser une
deuxième prise de sang sur laquelle on applique le test ELISA indirect et le test ELISA
« compétition gB ». Il existe alors deux cas de figure.
L’interprétation des résultats se fait de selon le tableau n°10.
155
¤ Tableau n°10: Interprétation des résultats d’analyses individuelles lors de la 2 ème prise de
sang (129) ¤
Résultats d’analyses individuelles de la 2ème Résultat du test ELISA « compétition gB »
prise de sang
Non négatif
Négatif
Résultat du test
Non négatif
Considéré positif
Considéré positif
ELISA indirect
Négatif
Considéré positif
Considéré négatif
Si l’animal est considéré négatif, il est conservé et la suspension est levée (129). Les
résultats du premier test étaient probablement faux. Il est cependant conseillé de re-tester
le bovin dans un délai d’un mois pour s’assurer qu’il est bien négatif (130).
Si l’animal est considéré positif, l’ACERSA propose une procédure de gestion appelée
PR/IBR/03. Elle permet de déterminer si l’élevage peut toujours être considéré comme
indemne d’IBR. La proportion d’animaux infectés ne doit pas dépasser 1% de l’effectif total
du troupeau. Il faut alors, dans l’idéal, éliminer l’animal qui a répondu positivement aux deux
tests et les nouveaux tests sur le troupeau doivent tous être négatifs. Dans le cas où
l’éleveur ne veut pas se séparer du bovin positif, l’animal sera soumis à un nouveau
prélèvement sous un mois pour lequel deux tests de détection du virus de l’IBR seront
utilisés. Il faut que les deux résultats soient négatifs.
La démarche diagnostique peut être résumée par la figure n°25.
156
¤ Figure n°25: Démarche diagnostique lors de la deuxième prise de sang concernant l’IBR
(129) ¤
Lorsque le cheptel est pré-A (étape avant d’obtenir le statut A) ou pré-B (étape avant
d’obtenir le statut B), il faut éliminer le bovin positif et recontrôler le troupeau dans un délai
de trois mois. Si les résultats sont tous négatifs, le cheptel peut obtenir
l’appellation « indemne d’IBR ».
c) Le virus de la FCO
i.
Présentation du virus
Le virus de la FCO (fièvre catarrhale ovine) est un virus non enveloppé de la famille
des Reoviridae et du genre Orbivirus. Il mesure entre 60 et 80 nm. Il est composé de 10 à 12
segments d’ARN double brin (40).
157
Il existe environ 25 sérotypes différents du virus de la FCO. La sévérité de l’atteinte clinique
dépend du sérotype impliqué. En France, on trouve principalement le sérotype 8 qui est
originaire du Benelux et le sérotype 1 qui vient d’Espagne (40).
ii.
Cycle du virus
Il s’agit d’une maladie non contagieuse qui atteint principalement l’espèce ovine mais
également d’autres ruminants, sauvages comme domestiques (131).
Le virus se transmet grâce à la piqure d’arthropodes vecteurs du type Culicoides. Ce
virus est donc qualifié d’Orbivirus. La répartition du virus correspond à la répartition de son
vecteur, le Culicoides (131).
Le vecteur est principalement actif pour une température comprise entre 18 et 29°C
associée à un fort taux d’humidité. Les Culicoides sont principalement actifs au lever et
coucher du soleil. La réplication du virus au sein du vecteur requiert une température
extérieure supérieure à 12°C (40).
Il existe des zones de fort peuplement par les Culicoides : liées à une forte densité animale,
proies pour les insectes ou liées à des conditions environnementales favorables au
développement des vecteurs (40).
L’extension de la maladie est due au mouvement d’animaux virémiques ou à la migration
d’insectes infectés. Le maintien du virus malgré l’hiver est permis par quatre mécanismes : la
transmission verticale au sein du troupeau, c’est-à-dire la transmission de la mère au veau
lors de la gestation, la virémie prolongée sub-clinique chez certains animaux, la transmission
verticale chez les Culicoides et la survie d’insectes infectés (40).
Dans les zones endémiques, l’infection du bétail est courante et souvent inapparente ce qui
facilite l’acquisition du virus par d’autres Culicoides. C’est pour cette raison que le bétail est
considéré comme un important réservoir du virus (40).
La femelle Culicoides s’infecte en se nourrissant du sang d’animaux virémiques. Le virus se
réplique au sein de ce vecteur. Elle peut alors transmettre son virus via sa salive à partir de
7-10 jours suivant son infection, et ce durant toute sa vie (40).
158
iii.
Prévalence
En 1999, des cas de FCO ont été rapportés en Grèce, en Bulgarie, en Tunisie et en
Turquie, puis en 2000 en Tunisie, en Algérie, en Espagne, en Grèce et en France (en Corse).
Le sérotype présent à cette époque en France était le sérotype 2. Une campagne de
vaccination contre ce sérotype a été lancée en 2000 et 2001 en Corse contre ce sérotype.
Depuis 2002, ce sérotype n’a plus été la cause de foyers dans cette île. Cependant, en 2003
et 2004, les sérotypes 4 et 6 ont été mis en évidence en Italie, en Espagne, au Maroc, au
Portugal et en Corse. En 2004, une campagne de vaccination contre les sérotypes 2, 4 et 6
est lancée. De ce fait, aucun foyer n’est déclaré en Corse. (132)
A partir d’août 2006, des cas de FCO ont été déclarés dans le nord de la France, ils
concernaient principalement le sérotype 8, d’autres cas ont été décrits dans le sud de la
France et concernaient le sérotype 1 (133).
¤ Figure n°26 : Carte de la situation FCO en Europe en 2008, répartition des différentes
sérotypes (134) ¤
159
iv.
Pathogénie
Dans un premier temps, le virus se réplique dans les nœuds lymphatiques, puis il
atteint d’autres tissus lymphoïdes, les poumons et la rate. Le virus se multiplie dans
l’endothélium de petits vaisseaux sanguins entraînant des dommages vasculaires avec stase
sanguine, exsudation et hypoxie des tissus. Ces lésions peuvent se compliquer par la
survenue de surinfections bactériennes (40).
Ces lésions sont particulièrement visibles dans la cavité buccale, sur les lèvres et sur le
bourrelet coronaire du pied. (40)
Dans la circulation sanguine, le virus est associé à de nombreuses cellules dont les
érythrocytes. Il a été suggéré que cette association protégeait le virus des défenses
immunitaires et plus particulièrement des anticorps (40).
Le virus de la FCO présente un tropisme pour l’utérus gravide qui est très vascularisé
dont l’infection provoque des lésions vasculaires et la formation d’hématomes sur le
placenta. L’avortement est induit par l’infection du fœtus par le virus même ou par le stress
maternel ressenti par le fœtus. Le virus a un tropisme nerveux à l’origine d’anomalies
congénitales lors d’infections précoces (131).
Dans les premiers jours de gestation et jusqu’à 70 jours de gestation, on observe
principalement de la mortalité embryonnaire et fœtale (131).
Entre le 70ème et le 130ème jour de gestation, le fœtus présente une nécrose cérébrale
massive et/ou une malformation du système nerveux central comme de l’hydranencéphalie,
une destruction cérébelleuse ou une destruction du tronc cérébral. On observe parfois des
troubles comportementaux et des troubles de la locomotion (131).
Pour un stade de gestation supérieur à 130 jours, une atteinte du fœtus par le virus entraîne
une destruction sélective des cellules gliales non différenciées, ce qui provoque la formation
de kystes cérébraux et une dilatation des ventricules latéraux (131).
160
Lorsque l’on est proche du terme, le veau peut présenter une encéphalite modérée sans
malformation (131).
Ces anomalies sont regroupées dans le tableau n°11.
Stade de gestation au moment de
Signes observés chez le fœtus
l’infection (en jours de gestation)
< 70 jours
Mortalité embryonnaire ou fœtale
70-85 jours
Hydranencéphalie
85-125 jours
Mort fœtale, encéphalomalacie
> 125 jours
Hydranencéphalie précédée d’une sévère
encéphalite nécrosante.
¤ Tableau n°11 : Différents types d’atteinte du fœtus selon le stade de gestation lors
de l’infection par le virus de la FCO (131) ¤
v.
Signes cliniques reproducteurs chez les bovins
Les bovins présentent le plus souvent une atteinte sub-clinique (40).
Le sérotype 8 est à l’origine d’atteinte de la fonction de reproduction de la vache:
avortements, vêlages prématurés, mauvaise préparation au vêlage, mort-nés, malformations
de l’avorton et du nouveau-né, anœstrus (135).
vi.
Lésions placentaires
Il existe peu de données concernant des lésions placentaires caractéristiques d’une
atteinte par le virus de la FCO. Il semblerait qu’à l’examen du placenta il soit difficile de
suspecter cette affection. Les signes d’atteinte fœtale peuvent cependant mettre sur la voie.
161
vii.
Lésions fœtales
Comme précisé dans la partie sur la pathogénie de la FCO, le fœtus peut présenter
une nécrose cérébrale massive et/ou une malformation du système nerveux central comme
de l’hydranencéphalie, une destruction cérébelleuse ou une destruction du tronc cérébral,
des kystes cérébraux, une dilatation des ventricules latéraux et une encéphalite (131).
viii.
Signes cliniques autres que reproducteurs chez les bovins
En dehors de ces atteintes de la fonction de reproduction, la FCO est également à
l’origine d’autres signes cliniques (135).
Le sérotype 8 est à l’origine de divers signes cliniques chez la vache : abattement,
diminution de la production laitière et raideur des membres. Les signes locaux sont
principalement de la congestion, des pétéchies, des œdèmes, des érosions/ulcères/croûtes
sur le mufle, la muqueuse buccale, les trayons, la mamelle, le pied (bourrelet coronaire) ou
le pourtour des yeux (135).
ix.
Epidémiologie
Zanella a observé dans une étude réalisée entre 2008 et 2009 en Bourgogne que la
plupart des vaches ayant subi un avortement dû à la FCO avaient été inséminées avant
l’épidémie (entre février et avril 2006) (133).
En revanche, aucune corrélation n’a pu être montrée entre le stade de gestation lors de
l’avortement et le statut positif ou négatif vis à vis de la FCO. Il semblerait cependant que les
avortements surviennent davantage entre le 7ème et le 9ème mois de gestation (133).
x.
Mise en place de l’immunité
L’immunité naturelle dirigée contre le virus de la FCO durerait a priori 2 ans et
l’immunité vaccinale entre un an et un an et demi (136).
162
De Clercq a testé la présence du virus ou d’anticorps dirigés contre le BTV
(= « bluetongue virus ») à l’aide de PCR ou de la technique ELISA sur des fœtus, des veaux
avant et après prise colostrale, sur les mères, lors de suspicion ou non de BTV (137).
Il a observé l’existence d’un passage transplacentaire du virus. En effet, l’ARN du virus a été
mis en évidence sur 41,0% des avortons lors de suspicion de FCO et dans 18,5% des cas en
l’absence de suspicion. Selon le stade de gestation (acquisition possible de
l’immunocompétence) lors de la période d’activité des Culicoides, les veaux présentent, ou
non, des anticorps dirigés contre le BTV (137).
Pour 3 veaux sur les 123 dont le sang a été prélevé avant la prise colostrale, l’ARN du virus a
été mis en évidence en l’absence d’anticorps. Leurs mères répondaient positivement à la
PCR et négativement à l’analyse ELISA (137).
Ces résultats suggèrent, tout comme lors d’atteinte par le virus de la BVD, une possibilité
d’immunotolérance par le veau lors de FCO (137).
xi.
Diagnostic
Le diagnostic de la FCO peut être direct, par mise en évidence du virus, ou indirect,
par mise en évidence d’anticorps (40). Les laboratoires de référence en France sont le CiradIEMVT à Montpellier pour la sérologie et l’Afssa-Lerpaz pour la virologie (132).
Cirad-IEMVT, Campus international de Baillarguet, 34398 Montpellier Cedex 5
Afssa-Lerpaz 23, avenue du Général de Gaulle, 94706 Maisons-Alfort
Le diagnostic direct par isolement du virus se réalise à partir de sang prélevé sur tube
EDTA sur des animaux en hyperthermie. Il peut également être mis en œuvre à partir d’un
fragment de rate, de cœur ou de ganglion lymphatique prélevé après la mort d’un bovin
suspect. Le principal inconvénient de cette technique est le délai de réponse qui peut
atteindre un mois. Il s’agit du diagnostic de certitude de la FCO (132).
Le diagnostic direct par « nested RT-PCR » peut être réalisé sur du sang ou un
échantillon de rate du fœtus. Il met en évidence la présence du génome du virus de la FCO
163
(40). On peut obtenir les résultats sous 48 heures (132). Le seuil de positivité de la PCR
habituellement retenu est Ct < 40 (137). Le diagnostic direct par PCR est celui le plus utilisé
en routine.
Le diagnostic indirect de la FCO se fait par dosage des anticorps dirigés contre le
virus. Les techniques mises en œuvre sont l’immunodiffusion en gélose et l’ELISA par
compétition. Elles se font sur prélèvement de sang sur tube sec (132).
d) Le virus de Schmallenberg
i.
Présentation du virus
Le virus de Schmallenberg est nommé SBV. Il fait partie du genre Orthobunyavirus et
de la famille des Bunyaviridae. Il présente de grandes similitudes avec le virus Akabane
(138).
Son génome est constitué de 3 fragments d’ARN monocaténaire négatif. Il est sphérique et
enveloppé. Il mesure entre 80 et 120 nm (138).
Les particules virales sont constituées de 4 protéines structurales : 2 glycoprotéines de
surface Gn et Gc, la polymérase L et la nucléoprotéine N. Les deux dernières protéines
permettent la transcription et la réplication du virus (138).
ii.
Cycle du virus
La réplication du SBV est strictement intra-cytoplasmique. Les protéines de surface
Gn et Gc reconnaissent dans un premier temps un récepteur cellulaire. Les particules virales
pénètrent dans la cellule par endocytose. L’enveloppe virale et la membrane d’endocytose
fusionnent et le matériel génétique est libéré dans le cytoplasme. La transcription et
réplication virale peut alors s’opérer. L’assemblage des particules virales a lieu au niveau des
membranes de Golgi. Les particules virales en position intra-vésiculaire parviennent ensuite
jusqu’à la membrane cellulaire où un phénomène d’exocytose se produit (138).
164
iii.
Pathogénie
Peu d’éléments sont connus concernant la pathogénie du SBV. Elle dépend des
facteurs de virulences codés par les 3 séquences génétiques (138).
Des résultats d’histo-pathologie suggèrent que le SBV a un tropisme marqué pour les cellules
nerveuses notamment les neurones (138).
iv.
Signes cliniques reproducteurs chez la vache
En décembre 2011, des malformations menant à une mort fœtale in-utero ou
survenant rapidement après la mise-bas ont été rapportées en Allemagne (138). Le principal
signe clinique observé est l’avortement (138).
v.
Lésions placentaires
L’examen du placenta ne permet pas de suspecter l’intervention du virus de
Schmallenberg car les lésions ne sont pas spécifiques de ce virus.
vi.
Lésions fœtales
Herder a examiné 40 avortons ovins, 2 avortons caprins et 16 avortons bovins afin de
déterminer les lésions les plus fréquemment observées lors d’atteinte par le SBV (qui a été
confirmée par un résultat positif à la Rt-PCR) (139).
Les fœtus présentent de l’arthrogrypose, des malformations vertébrales (arthrogrypose,
torticolis, ankylose, lordose, scoliose), une brachygnathie et des malformations du système
nerveux central comme une hydranencéphalie, une porencéphalie, une hydrocéphalie, une
hypoplasie cérébrale et cérébelleuse et une micromyélie (139).
165
Les troubles nerveux se caractérisent cliniquement par une amaurose, une ataxie et/ou des
troubles comportementaux. Les troubles nerveux sont tels que les nouveau-nés ne survivent
que quelques heures (138).
A l’examen histo-pathologique, on retrouve une méningo-encéphalomyélite lymphohistiocytaire et parfois une dégénérescence neuronale ainsi qu’une nécrose du système
nerveux central. On trouve également une hypoplasie des cellules musculaires squelettiques
dont les cellules myocardiques (139).
vii.
Signes cliniques autres que reproducteurs chez les bovins
Les vaches semblent être plus gravement touchées que les petits ruminants. Les
principaux symptômes rencontrés chez des vaches sont une hyperthermie, de la diarrhée,
une baisse d’appétit et une baisse de production laitière pouvant atteindre 50% (138).
viii.

Epidémiologie
Prévalence
Le virus a été mis en évidence dans un premier temps en décembre 2011 en
Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Puis début 2012, il a été mis en évidence au
Royaume-Uni, en France, en Italie, au Luxembourg, en Espagne, au Danemark et en Suisse.
Fin avril 2012, le SBV avait été détecté dans 3 628 troupeaux européens. Durant l’automne
et l’hiver 2012-2013, des cas se sont déclarés, principalement en Europe du nord : Irlande du
Nord, Suède, Finlande. Fin octobre 2012, on recensait 6 000 troupeaux ayant été touchés
par le SBV (138).
Plusieurs études de prévalence ont été menées à différentes étapes de la
dissémination du virus.
La réalisation d’analyses sérologiques aux Pays-Bas durant l’hiver 2011-2012 a montré une
prévalence sérologique de 72,5%. Une autre menée en Belgique entre février et avril 2012
montrait une prévalence sérologique de 91% (138).
166
Des études françaises réalisées par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’environnement et du travail) au laboratoire d’Alfort à partir de la
technique ELISA et de la viro-neutralisation montraient une nette différence entre le nord et
le sud de la France, respectivement entre 32,0 et 100,0% et entre 7,5 et 14,9%. Cela
confirme le schéma épidémiologique proposé (138).

Mode de transmission
La transmission se fait par piqure d’arthropodes comme les Culicoïdes. Il semblerait
possible que le virus puisse persister pendant la période hivernale (138).
ix.
Diagnostic
Le diagnostic de SBV repose sur la détection du génome viral. Mais la virémie est
courte, de l’ordre de 2-3 jours. Elle se fait par Rt-qPCR (« Real-time » PCR avec transcription
réverse) sur cerveau, cordon ombilical et moelle épinière du fœtus et liquide utérin (138).
Le cerveau est l’organe présentant la plus grande charge virale. Le principal inconvénient de
ce test est le manque de sensibilité (140). Deux hypothèses sont proposées concernant ces
mauvais résultats. La principale cause d’apparition de faux négatifs serait la présence
d’anticorps neutralisants qui élimineraient le virus (140). La deuxième hypothèse est que le
génome viral serait détruit suite à la mort fœtale (138).
Un test ELISA indirect peut être utilisé afin de mettre en évidence la présence
d’anticorps dirigés contre le SBV. Il est plus rapide et moins coûteux que la PCR mais il
nécessite la réalisation de deux prises de sang afin de pouvoir observer une séroconversion.
Une unique prise de sang ne permet pas de conclure sur l’intervention de SBV dans
l’avortement. Un résultat positif permet seulement de montrer que la vache a été en contact
avec le virus (138). On peut obtenir des faux négatifs lorsque le veau a été atteint avant de
développer son immunocompétence. Il ne présentera pas d’anticorps malgré une atteinte
par le SBV (140).
167
Van Maanen a présenté les conclusions d’une étude visant à comparer les résultats
obtenus en utilisant la méthode PCR ou en mettant en évidence les anticorps dirigés contre
le SBV. Ils ont prélevés du sang fœtal d’agneaux ou de veaux présentant le syndrome
arthrogrypose-hydranencéphalie et ont appliqué la méthode PCR et la méthode ELISA. Les
résultats montrent que 74% des sérums réagissent positivement à la méthode ELISA contre
27% pour la méthode PCR. Concernant les veaux, 58% ont répondu positivement à la
méthode ELISA contre 1% pour la technique PCR. La comparaison des résultats obtenus lors
de viro-neutralisation et ELISA ne montre pas de différence significative (141).
On peut donc dire que l’on obtient davantage de résultats positifs lors de la mise en
évidence d’anticorps sur sang fœtal par rapport à la technique PCR (141).
3. Les avortements mycosiques
a) Présentation des champignons
Les champignons impliqués dans des avortements bovins appartiennent à différents
groupes : Aspergillus, Mucor et Candida (39).
Le genre Aspergillus comprend plus de 300 espèces différentes de champignons. Aspergillus
fumigatus est le champignon le plus souvent impliqué dans les affections bovines au sein de
ce genre (39) et environ 75% des avortements mycosiques sont dus à ce champignon (142).
Cette espèce est thermophile et peut croître à 55 °C. Ses conidies sont de petite taille : entre
2 et 3 µm de long (39).
L’aspergillose peut toucher un grand nombre d’espèces animales et les oiseaux y sont
particulièrement sensibles (39).
168
¤ Figure n°27 : Observation d’Aspergillus fumigatus au microscope optique après
mise en culture (143) ¤
Parmi les zygomycètes, différents champignons interviennent dans les avortements : Mucor,
Rhizopus, Absidia et Mortierella (39).
¤ Figure n°28 : Observation de Mucor sp. au microscope optique après mise en
culture (143) ¤
169
¤ Figure n°29: Observation de Rhizopus sp. au microscope optique après mise en
culture (143) ¤
Enfin, il existe environ 200 espèces de Candida mais la plus pathogène est Candida albicans.
Il s’agit d’un champignon appartenant à la flore digestive commensale d’un grand nombre
d’espèces animales dont les mammifères et les oiseaux. C’est un agent pathogène
opportuniste (39).
¤ Figure n°30 : Observation de Candida albicans au microscope optique après mise en
culture (143) ¤
170
b) Cycle des champignons
Le cycle des champignons est sensiblement le même quelle que soit l’espèce
concernée. Des spores sont produites en grande quantité par des têtes conidiales et sont
disséminées dans l’environnement, principalement par l’action du vent (39).
Après avoir été ingérées, les spores colonisent le tractus gastro-intestinal et peuvent
atteindre l’utérus gravide en empruntant la voie sanguine ou lymphatique (39).
¤ Figure n°31 : Représentation schématique d’une tête conidiale (39) ¤
c) Prévalence
Ce sont des champignons présentant une distribution mondiale et qui sont
fréquemment isolés à partir du sol, de plantes, de graines mais aussi sur des animaux (39).
Anderson a observé que les avortements mycosiques concernent entre 2,3 et 21,9% des
avortements. La comparaison entre les anciennes études et les plus récentes montre que ce
pourcentage tend à diminuer avec le temps (106).
171
d) Pathogénie
Il existe plusieurs facteurs de virulence concernant Candida albicans. Les plus
importants sont des protéines de type adhésine qui permettent l’adhésion du champignon à
des récepteurs cellulaires. De plus, la formation de pseudo-mycélium rend l’action des
macrophages plus difficile et permet une diffusion plus facile dans l’organisme (39).
Les hyphes envahissent rapidement les vaisseaux sanguins et leur croissance entraîne des
lésions de thrombose et de nécrose. La dissémination par voie sanguine ou lymphatique est
ensuite très rapide (39).
Une fois que ces champignons ont atteint l’utérus, on peut observer un avortement. Il
semblerait que l’inflammation et la nécrose du placenta causées par l’invasion par les
champignons soient à l’origine d’une diminution de la capacité de transfert de l’oxygène de
la mère au fœtus et donc d’une hypoxie à l’origine d’une mort fœtale (142).
Hill a inoculé 108 conidies d’Aspergillus fumigatus par voie intra-veineuse à 11
génisses, 169 ou 170 jours après leur insémination artificielle. 4 génisses ont été utilisées
comme témoins et n’ont pas reçu de conidies d’Aspergillus fumigatus (144).
4 génisses (dont 1 témoin) ont été euthanasiées 4 jours après l’inoculation, 4 génisses (dont
1 témoin) l’ont été 7 jours après l’inoculation et 3 génisses (dont 1 témoin) l’ont été 14 jours
après l’inoculation. 3 génisses ont avorté entre 25 et 29 jours après l’inoculation et ont été
euthanasiées à ce moment. La dernière génisse témoin a été euthanasiée 27 jours après son
inoculation (144).
Pour les génisses ayant été euthanasiées 4 jours après l’inoculation expérimentale, aucune
lésion de placentite mycosique n’a été observée et A.fumigatus n’a pas été mis en évidence
sur les placentomes. Mais A.fumigatus a été isolé sur les placentomes de toutes les génisses
ayant été inoculées expérimentalement et euthanasiées 7 jours au moins après l’inoculation.
24% des placentomes présentaient alors des lésions de placentite mycosique. Pour les
génisses ayant avorté, ce pourcentage atteignait même 90% des placentomes (144).
172
Cette étude suggère qu’A. fumigatus entraîne des lésions de placentite à l’origine
d’avortements (144).
e) Signes cliniques reproducteurs chez la vache
Les principaux signes cliniques reproducteurs observés lors de mycose chez la vache
sont une vulvo-vaginite, une endométrite, un pyomètre et une placentite pouvant mener à
un avortement, à la naissance de veaux mort-nés ou à de l’infertilité (39).
Les avortements mycosiques sont surtout tardifs, aux alentours du 6 ème et 8ème mois de
gestation. Ils ne sont généralement pas précédés de signes annonciateurs de mise-bas. Un
avortement mycosique ne semble pas interférer avec les gestations suivantes (39).
Il s’agit souvent de cas isolés mais une succession de cas peut être observée lors de
contamination massive de l’environnement par des spores (39).
Une rétention annexielle est fréquemment observée suite à l’avortement par Aspergillus
(39).
Quelques semaines après un avortement mycosique dû à Aspergillus, les vaches peuvent
contracter une pneumonie ou une endométrite. Des cas d’aspergillose pulmonaire ont
également été décrits sur des veaux vivant dans la même étable que des vaches ayant subi
un avortement à Aspergillus (39).
f) Lésions placentaires
Les lésions placentaires sont pathognomoniques lors d’avortement mycosique. Le
placenta est marron et présente un aspect de cuir. En général, seuls certains cotylédons
présentent des lésions : ils sont alors épaissis et de taille plus importante (145).
A l’examen microscopique, on peut observer une nécrose des cotylédons et des
phénomènes de nécrose et de vasculite au niveau des artères. Des hyphes sont présents sur
les lésions nécrotiques (145).
173
¤ Figure n°32 : photographie de placenta cartonné observable lors d’avortement mycosique
(8) ¤
g) Lésions fœtales
Le fœtus présente des lésions cutanées consistant en des plaques pouvant atteindre
plusieurs centimètres de diamètre. Elles se localisent surtout sur la tête et au niveau des
paupières (39). Le diagnostic différentiel lors d’observation de telles lésions cutanées sur le
fœtus doit prendre en compte une affection appelée ichtyose, correspondant à un trouble
de la kératinisation incompatible avec la survie du fœtus. Cette affection est très rare et le
seul moyen de la différencier d’une atteinte mycosique est de réaliser une analyse
histologique.
A l’examen microscopique, on peut observer, au niveau des lésions cutanées, une infiltration
de l’épiderme et du derme par des polynucléaires neutrophiles et par des hyphes (145).
Lors d’atteinte pulmonaire, il est possible d’observer une broncho-pneumonie purulente et
la présence de granulomes (145).
174
¤ Figure n°33 : Photographie de feutrage mycélien présent sur le fœtus lors
d’avortement mycosique (8) ¤
h) Signes cliniques autres que reproducteurs chez
les bovins

Mucor
Les principaux signes cliniques observés lors d’infection à Mucor sont des signes
digestifs et respiratoires (39).
Les signes digestifs des bovins adultes sont dus à la présence de larges ulcères sur la
muqueuse des pré-estomacs et sur la muqueuse intestinale. Chez les veaux, ces lésions sont
principalement localisées dans la caillette et sont la principale porte d’entrée des
champignons dans l’organisme (39).
Les signes respiratoires sont également liés à la présence d’ulcères, localisés cette fois au
niveau des bronchioles. On note aussi la présence de nodules dans le parenchyme
pulmonaire. Les animaux infectés sont dyspnéiques et en hyperthermie (39).
Des formes généralisées d’infection à Mucor ont été décrites chez les bovins. Elles sont
secondaires à une forme digestive de la maladie. Les lésions mycosiques peuvent alors être
mises en évidence sur le foie, les poumons, le tractus digestif, le cœur, la rate, les nœuds
lymphatiques, le cerveau et les reins. Les signes cliniques développés par les bovins sont de
175
l’anorexie, de la fièvre, une toux et une dyspnée. La mort peut survenir dans les deux
premières semaines après l’infection (39).

Aspergillus
En dehors des affections de l’appareil reproducteur, Aspergillus peut entraîner une
atteinte respiratoire se traduisant par une toux chronique, une dyspnée et des écoulements
nasaux. L’aspergillose respiratoire est rarement diagnostiquée du vivant de l’animal, il s’agit
plutôt de découvertes d’autopsie. Les lésions sont situées dans le parenchyme et peuvent
atteindre une taille de 30 mm de diamètre. Des hyphes sont la plupart du temps observés au
niveau des lésions. L’examen microscopique révèle la présence de lésions granulomateuses
et nécrotiques. La dissémination secondaire à l’utérus peut être à l’origine d’avortements
(39).
Une atteinte mammaire est également décrite. Elle est rare mais grave. Elle se traduit par
une diminution progressive de la production laitière et la présence de grumeaux dans le lait.
Le tissu mammaire est progressivement détruit et le champignon peut coloniser d’autres
organes. L’aspergillose mammaire est souvent liée à l’administration d’antibiotiques
notamment au moment du tarissement (39).
Enfin, une atteinte digestive est décrite. Il s’agit d’une gastro-entérite liée à la présence de
petits ulcères sur la muqueuse digestive. Ces ulcères permettent au champignon de pénétrer
plus facilement dans l’organisme (39).

Candida
Il existe différentes formes de candidose, autres que la forme génitale.
La forme orale est caractérisée par une inflammation de la muqueuse et la présence d’un
enduit caséo-crémeux ou de pseudo-membranes sur les lésions. Les lésions sont surtout
localisées sur la langue, le palais, la gencive, et les lèvres. Ce sont de petites lésions
circulaires plus ou moins coalescentes (39).
On peut également observer une candidose digestive. Les lésions sont alors situées dans
l’œsophage, l’estomac ou les intestins et consistent en une inflammation de la muqueuse et
176
parfois en une ulcération. Les signes cliniques associés sont de la dysphagie, de l’anorexie et
de la diarrhée. Des complications graves peuvent survenir telles qu’une perforation de
l’estomac ou des intestins, une péritonite ainsi qu’une dissémination des champignons dans
tout l’organisme (39).
Des mammites dues à Candida albicans ont été décrites. Elles sont d’apparition sub-aiguë et
de type purulent. Dans des formes chroniques, on peut observer la formation de granulomes
dans la mamelle. La mammite s’accompagne d’une chute brutale de la production laitière
(39).
D’autres formes plus anecdotiques de candidose ont été décrites : une forme cutanée et
cutanéo-muqueuse, une forme oculaire, une forme respiratoire, une forme articulaire et une
forme généralisée (39).
i) Epidémiologie

Circonstances de contamination
Il existe plusieurs facteurs prédisposant à la survenue d’avortements mycosiques. Le
climat joue un rôle déterminant : des températures élevées associées à une forte humidité
favorisent la croissance des champignons (39). Mais il semblerait que les avortements
mycosiques surviennent davantage en hiver, période durant laquelle les animaux sont à
l’étable, davantage exposés à la poussière (litière, fourrage) et nourris avec des fourrages
potentiellement contaminés (142).
Une attention toute particulière doit être portée à la qualité de l’aliment distribué. La
présence de moisissures pourrait signifier une contamination par des champignons pouvant
être pathogènes (39).
Des facteurs médicaux entrent également en compte : l’usage excessif d’antibiotiques à
larges spectres ainsi qu’un état d’immunodéficience facilitent l’installation de la maladie.
Puis, la présence d’ulcères et de lésions nécrotiques dans le tractus digestif favorise la
pénétration des champignons dans l’organisme. Ces lésions peuvent être d’origine
traumatique ou résulter d’un état d’acidose. Une étude réalisée au Danemark a montré que
177
6% des bovins autopsiés présentaient des lésions nécrotiques dans les pré-estomacs. Une
grande proportion de bovins est donc prédisposée à des infections fongiques (39).

Modes de contamination
Les infections fongiques ne sont pas contagieuses mais les animaux peuvent se
contaminer à partir d’une même source environnementale. Il s’agit de la principale source
de contamination des animaux. L’air d’une étable bovine peut, en effet, contenir jusqu’à 10 7
conidies par m3 (39).
Les principales voies de contamination par des spores sont l’inhalation ou l’ingestion de
spores, et plus rarement l’inoculation traumatique. La transmission par voie oculaire ou
ombilicale est suspectée pour Mucor, la voie sous-cutanée l’est pour Aspergillus (39).
Concernant Candida albicans, les principales sources de contamination sont les fèces
des animaux porteurs. Elles peuvent contaminer les aliments distribués au bétail (39).
j) Mise en place de l’immunité
Les défenses locales au niveau gastro-intestinal et respiratoire éliminent
généralement le champignon avant qu’il puisse se disséminer dans l’organisme. Les
polynucléaires et les macrophages sont les principaux acteurs de cette défense immunitaire.
La croissance des filaments s’accompagne d’une infiltration par des polynucléaires et de
phénomènes de thrombose et de nécrose. Les champignons se multiplient plus facilement
lorsque le nombre de cellules de la lignée blanche est diminué ou lors d’immunodéficience
(39).
k) Diagnostic
Le diagnostic clinique n’est pas facile et il est rarement fait. Le diagnostic de certitude
repose sur les résultats d’analyses de laboratoire (39).
178
Dans le cas de suspicion d’avortements mycosiques, les prélèvements à réaliser sont
le placenta, les tissus fœtaux (fluides prélevés dans l’estomac par exemple), et/ou un
écouvillon vaginal (39).
Il est possible d’observer le champignon directement au microscope optique mais afin
d’identifier avec précision le champignon, il faut le mettre en culture sur des milieux
sélectifs. L’ajout de cycloheximide dans le milieu de culture permet, par exemple, d’identifier
Candida albicans, seule espèce de Candida dont la croissance n’est pas inhibée par cette
molécule (39).
Les champignons présentés ici poussent facilement sur milieu de Sabouraud. Il faut une
dizaine de jours de mise en culture pour pouvoir mettre en évidence un champignon. Mais
un résultat positif lors de mise en culture est difficile à interpréter car il faut différencier la
présence commensale du champignon ou une contamination du prélèvement d’une réelle
infestation fongique à l’origine de signes cliniques (39).
L’analyse histologique permet de mettre en évidence la présence de champignons au sein
des lésions. L’histologie permet de visualiser des hyphes sur les parois des vaisseaux, surtout
des artérioles. L’invasion vasculaire peut se traduire par des phénomènes d’ischémie et de
nécrose. Il faut utiliser des antigènes spécifiques afin de pouvoir identifier de façon précise le
champignon en cause (39).
Des techniques d’analyses sérologiques peuvent être mises en œuvre afin de mettre en
évidence un contact avec le champignon. Mais les résultats doivent être interprétés avec
prudence chez les herbivores qui sont en contact fréquents avec des champignons sans que
cela n’entraîne de signes cliniques particuliers. Il s’agit d’une analyse qui n’est pas réalisée
en routine (39).
179
4. Les protozoaires à l’origine d’avortements bovins
a) La néosporose
i.
Présentation du parasite
Neospora caninum est un protozoaire intra-cellulaire obligatoire proche de
Toxoplasma gondii (146).
ii.
Cycle du parasite
N. caninum présente un cycle hétéroxène. Ses hôtes définitifs sont les canidés et plus
précisément le chien, le renard et le coyote. De nombreuses espèces sont des hôtes
intermédiaires du parasite : les bovins, les cervidés et les buffles (146).
Ce parasite se présente sous diverses formes selon l’étape du cycle de reproduction :
tachyzoïte, bradyzoïte ou sporozoïte.
L’hôte intermédiaire se contamine en ingérant des ookystes sporulés présents dans
l’environnement. Après leur ingestion, ils deviennent des tachyzoïtes puis des bradyzoïtes.
Ces deux formes se multiplient de façon asexuée. Le tachyzoïte peut infester le fœtus en
passant la barrière placentaire. Les bradyzoïtes sont présents dans des kystes localisés au
niveau des tissus nerveux de l’hôte. Ils correspondent à la forme de résistance du parasite
chez l’hôte intermédiaire (146).
L’hôte définitif, un canidé, se contamine par ingestion de tissu contenant des kystes à
bradyzoïtes. Des sporozoïtes se multiplient alors de façon sexuée au sein de l’hôte définitif
et sont excrétés dans les fèces sous forme d’ookystes non sporulés (146). La sporulation se
fait dans le milieu extérieur, et il s’agit de la forme infectieuse de Neospora caninum pour les
hôtes intermédiaires (39).
Le cycle de Neospora caninum est présenté par la figure n°34.
180
¤ Figure n°34 : Représentation schématique du cycle de Neospora caninum ¤
iii.
Prévalence
Cet agent abortif présente une distribution mondiale (147). Une comparaison entre
différentes études portant sur la prévalence des agents infectieux abortifs montre que la
néosporose est une cause majeure d’avortement, puisqu’elle serait impliquée dans 18,0 à
24,4% des cas d’avortements (147). Elle fait partie des trois agents infectieux les plus
fréquemment impliqués dans les avortements bovins en France (52).
iv.
Pathogénie
L’avortement néosporosique peut présenter deux origines.
La première correspond à la transmission endogène transplacentaire. Durant la
gestation, les bradyzoïtes sont réactivés et ils se différencient en tachyzoïtes. Ils atteignent
181
l’utérus puis le fœtus via la circulation de cellules phagocytaires ayant intégré le parasite
(39).
La deuxième voie de contamination est la transmission exogène transplacentaire. Elle
résulte de l’ingestion d’ookystes. Les sporozoïtes se différencient alors en tachyzoïtes qui
contaminent de nombreux organes dont l’utérus. Le parasite peut passer par voie
transplacentaire et atteindre le fœtus (39).
¤ Figure n°35: Représentation schématique des deux voies de contamination du
fœtus par Neospora caninum ¤
Selon le stade de gestation pendant lequel le fœtus est atteint, il aura, ou non,
développé son immunocompétence et il pourra mourir ou survivre (39). Il semblerait que
l’acquisition de l’immunocompétence se fasse aux alentours du 150ème jour de gestation.
Après cette date, le fœtus serait plus apte à éliminer le parasite et à survivre. La mise en
évidence de N. caninum est en effet plus fréquente et la réaction inflammatoire est moindre
chez les fœtus atteints en début de gestation. Cela suggère une incapacité du fœtus à lutter
contre N. caninum (148). Si le fœtus survit, il restera porteur à vie du parasite. Pour les
femelles reproductrices, elles pourront contaminer leur fœtus dès les débuts de la gestation
(39).
182
En dehors de l’atteinte directe du fœtus par le parasite, une autre hypothèse est avancée
concernant l’arrêt de la gestation lors de néosporose. La réponse immunitaire développée
par la mère se traduit par un recrutement de cellules T cytotoxiques et de cytokines proinflammatoires dans l’utérus. Cela serait incompatible avec le maintien de la gestation (148).
v.
Signes cliniques reproducteurs chez la vache
N. caninum est à l’origine d’avortements bovins. Ils surviennent généralement entre
4 et 6 mois de gestation. N. caninum a été, pour la première fois, mis en évidence sur un
avorton en 1991. Il s’agit donc d’un agent abortif de découverte relativement récente (147).
Gibney a réalisé une infection expérimentale de 12 vaches par N. caninum à
différents stades de gestation. Le premier groupe contenant 6 vaches a été infesté
expérimentalement au 70ème jour de gestation et le deuxième groupe de 6 vaches au 210 ème
jour de gestation. Un avortement a été observé chez toutes les vaches infestées au 70ème
jour de gestation alors que les veaux issus des vaches du deuxième groupe étaient toujours
vivants au moment de l’euthanasie 3 semaines après l’infestation.
Cette expérimentation suggère que selon l’âge du fœtus au moment de l’atteinte par
Neospora caninum, le fœtus peut survivre ou mourir (148).
Lors de la gestation, la vache peut transmettre N. caninum à son fœtus par deux
voies de contamination : la voie endogène ou exogène transplacentaire. Le fœtus sera alors
infesté par ce parasite et selon le stade de la gestation, sera plus ou moins capable de se
défendre.
Paré a observé que la probabilité d’infection congénitale d’un veau ne dépendait pas
de son sexe, de la durée de la gestation, de l’âge de sa mère, de son nombre de lactations ni
de l’existence d’un précédant avortement (149).
183
Mais la probabilité d’être infesté de façon congénitale dépend du taux d’anticorps dirigés
contre N. caninum chez la mère au moment de la mise-bas : plus celui-ci est élevé, plus le
veau a de chances d’avoir été infesté au cours de la gestation (149).
Plusieurs situations épidémiologiques peuvent être observées.
La première correspond à la survenue d’avortements sporadiques : ils concernent
moins de 3% des femelles (39).
La deuxième situation correspond à des avortements enzootiques concernant plus de
3% des vaches. Ils surviennent à tout moment de l’année (39).
Enfin, on peut observer des avortements en série : plus de 10% des animaux
sensibles avortent sur une période de 2 à 3 mois. Cette dernière forme d’avortements serait
due à l’ingestion d’ookystes par des vaches gestantes (39).
vi.
Lésions placentaires
Gibney a examiné les placentas de 12 vaches infestées expérimentalement, la moitié
à 70 jours de gestation et l’autre moitié à 210 jours de gestation (148).
L’examen des placentas des vaches du premier groupe a montré une nécrose multifocale des
cellules épithéliales des placentomes. Les tissus fœtaux et maternels étaient tous deux
atteints. N. caninum a été observé dans des cellules épithéliales trophoblastiques en
dégénérescence et dans des cellules endométriales nécrotiques. Une infiltration
lymphocytaire modérée est présente à la base des caroncules utérines. Dans la plupart des
placentomes examinés, des hémorragies et accumulations focales de sérum étaient
présentes entre les couches cellulaires maternelles et fœtales (148).
Les lésions observées sur les placentas issus des vaches infestées au 210 ème jour de gestation
se limitent à des foyers de nécrose en nombre limité. Lorsque ces lésions étaient présentes,
on pouvait observer une infiltration lymphocytaire modérée dans les tissus maternels (148).
184
Il semblerait que les lésions placentaires observées lors d’infestation tardive soient
due à une nouvelle contamination du placenta à partir du fœtus qui est immunocompétent
et qui élimine le parasite (148).
vii.
Lésions fœtales
Les fœtus atteints par N. caninum présentent généralement une autolyse modérée.
Les fœtus atteints au début de la gestation sont parfois momifiés et sont expulsés quelques
semaines après leur mort (39).
Les lésions fœtales les plus fréquemment observées sont une encéphalite multifocale non
suppurative et une myocardite. Si cette dernière est suffisamment marquée, elle suffit à
provoquer la mort du fœtus (39).
Gibney a examiné les fœtus obtenus suite à l’infestation expérimentale de 12 vaches,
la moitié à 70 jours de gestation et l’autre à 210 jours.
L’examen des fœtus issus des mères infestées avant 70 jours de gestation a montré que la
principale lésion observée était de la nécrose. Elle était plus marquée sur le cerveau, la
moelle épinière et le foie. Les lésions étaient multifocales à coalescentes. D’autres foyers de
nécrose plus limités ont été mis en évidence sur : le myocarde, les cellules tubulaires
rénales, le parenchyme pulmonaire et pancréatique, les cellules du thymus, de la rate et de
la moelle osseuse. Les fœtus ne montraient pas de signes d’inflammation à l’inverse de ceux
issus du deuxième groupe de vaches (148).
Les principaux changements histo-pathologiques observés sur les fœtus issus des mères
infectées au 210ème jour de gestation se limitent au cerveau et à la moelle épinière. Les
lésions observées sont une encéphalomyélite et une infiltration de cellules mononucléées
dans la moelle épinière (148).
La lésion histologique fœtale la plus caractéristique est une myélite multifocale non
suppurative (147).
185
viii.
Signes cliniques autres que reproducteurs chez les bovins
L’infection à N. caninum affecte la fertilité et la production laitière. La majorité des
veaux nés de mères infestées ne montrent pas de signes cliniques évidents d’atteinte par N.
caninum. Une petite proportion d’entre eux développe cependant des signes cliniques tels
qu’un poids de naissance faible, une hyper-extension ou –flexion des membres, de l’ataxie et
un déficit de proprioception consciente (39).
Paré a observé que des veaux infestés de façon congénitale par N. caninum
présentaient de meilleures chances de survie par rapport aux veaux n’ayant pas été en
contact avec le parasite. On pouvait s’attendre au constat inverse étant donné les signes
cliniques chez les veaux atteints de néosporose. Les raisons avancées pour expliquer ce
constat seraient que des veaux stimulés immunologiquement in utero présenteraient, de
façon générale, une plus grande aptitude à se défendre contre les agents pathogènes. La
seconde explication proposée est que N. caninum présente une ressemblance antigénique
avec d’autres pathogènes touchant les jeunes veaux comme Cryptosporidia sp. et Emeiria sp.
Un phénomène de protection croisée pourrait donc exister (149).
ix.
Epidémiologie
L’infection à N. caninum peut résulter de l’ingestion de tissus contaminés par des
kystes bradyzoïtes, d’une contamination transplacentaire ou de l’ingestion d’ookystes (39).
Des avortements néosporosiques ont été décrits dans les élevages laitiers et
allaitants mais la prévalence de ces avortements est plus importante dans les élevages
laitiers. Il semblerait que cela soit dû au fait que les vaches laitières reçoivent toute l’année
une ration alimentaire pouvant être contaminée par des fèces de canidés contenant des
ookystes (147).
Mais, les canidés infestés excréteraient peu d’ookystes dans leurs fèces et la dose nécessaire
d’ookystes pour provoquer l’infestation des bovins est assez élevée. Ces deux éléments
permettent de supposer que les canidés jouent un rôle assez faible dans la transmission du
parasite. La transmission verticale est la voie de transmission la plus fréquente (39).
Le schéma épidémiologique de la néosporose peut être résumé par la figure n°36:
186
¤ Figure n°36 : Représentation schématique de l’épidémiologie de la néosporose ¤
Paré a observé que la probabilité de donner naissance à un veau infesté de façon
congénitale ne dépendait pas de l’âge de la mère. En effet, la prévalence de la néosporose
ne diffère pas selon les classes d’âges. Ceci est donc en faveur d’un mode de transmission de
la néosporose s’effectuant principalement par voie verticale (149).
Davison a observé qu’une vache séropositive avant la gestation avait 95,2% de
chances de donner naissance à un veau séropositif avant qu’il ait bu du colostrum, donc de
transmettre le parasite par voie transplacentaire (150).
Paré a étudié la prévalence de la néosporose dans deux élevages laitiers en
Californie. Ils ont montré que 81% des vaches séropositives (soit 93/115) et 5% des vaches
séronégatives (soit 8/170) ont donné naissance à des veaux infestés de façon congénitale
par N. caninum (149).
D’autres voies de transmission de N. caninum ont été décrites : ingestion de
tachyzoïtes présents dans le colostrum par des veaux et une transmission par le sperme (39).
187
x.
Mise-en-place de l’immunité et diagnostic
Gibney a observé que suite à l’infestation expérimentale de vaches par voie intraveineuse, les animaux sécrétent des IFNɤ (interférons gamma) dans la semaine suivant
l’infestation. On peut également noter une séroconversion sous 2 semaines (148).
En effet, suite à l’infestation par N. caninum, les cellules mononucléées provenant du
sang, de la rate et des nœuds lymphatiques produisent des IFNɤ en grande quantité. Les
cellules T CD4+ sont les principales productrices d’IFNɤ. Les IFNɤ interférent avec la
croissance du parasite et activent les cellules macrophagiques et mononucléées (39).
Mc Cann a provoqué expérimentalement l’infestation de 18 vaches (6 au 70 ème jour
de gestation, 6 au 120ème jour et 6 au 210ème jour) en leur faisant ingérer des ookystes de N.
caninum. Deux vaches sur les 18 inclues dans l’étude ont avorté : une qui avait été infestée à
120 jours de gestation et l’autre à 210 jours. La présence d’ADN de N. caninum a été mise en
évidence dans le fœtus issu de la première vache mais pas dans le deuxième (151).
4 veaux sur 5 issus du troisième lot de vaches (infectées au 210ème jour de gestation)
présentaient des anticorps dirigés contre N. caninum avant la prise colostrale, synonyme
d’infestation transplacentaire des fœtus. La présence d’ADN de N. caninum a été mise en
évidence pour l’un d’entre eux. Les veaux issus des autres lots de vaches ne présentaient pas
d’anticorps avant la prise colostrale et l’analyse PCR réalisée sur ces veaux s’est révélée
négative (151).
7 vaches parmi les 18 vaches de l’étude ont été remises à la reproduction après
l’expérimentation. Lors de la première gestation, deux d’entre elles avaient avorté. A la
gestation suivante, aucune d’entre elles n’a avorté et aucun veau n’a été infesté par voie
transplacentaire (151).
Conclusion : cette étude suggère que le stade de la gestation pendant lequel survient
l’infection joue un rôle dans la survenue de la transmission transplacentaire de N. caninum.
Plus tard elle survient, plus la vache aurait de chances de transmettre le parasite par voie
transplacentaire. Elle montre également que des vaches infestées par voie exogène pendant
une de leurs gestations ne transmettent pas forcément le parasite par voie transplacentaire
endogène lors des gestations suivantes. Cela confirme des résultats d’autres études ayant
188
observé qu’une infestation post-natale ne conduit pas à une infestation persistante pouvant
entraîner la transmission transplacentaire de N. caninum (151).
Cependant Corbellini a observé que lorsqu’une vache a avorté de la néosporose, elle a 2,4
fois plus de chances d’avoir déjà avorté lors de gestations précédentes par rapport à des
vaches dont la néosporose n’est pas impliqué dans l’avortement (152).
Le prélèvement idéal au diagnostic de la néosporose est le fœtus entier ainsi que le
sérum de la mère (147).
Le diagnostic peut être direct par utilisation de méthodes immuno-histochimiques ou par
PCR ou indirect par sérologie (méthode ELISA ou immuno-fluorescence).
La réalisation de techniques d’immuno-histochimie sur des tissus fœtaux est possible et se
révèle efficace. Elle donne de bons résultats lorsqu’elle est réalisée sur une coupe de
cerveau fœtal, de poumon, de rein ou de muscle squelettique. Cependant, plus l’autolyse est
prononcée, plus difficile est le diagnostic (147).
L’analyse PCR se réalise sur placenta, encéphale ou cœur de l’avorton (45). La PCR présente
un intérêt particulier lorsque le fœtus est autolysé car, contrairement aux méthodes
immuno-histochimiques, elle est quand même réalisable et donne de bons résultats.
La réalisation d’IFAT (« indirect immunofluorescent antibody tests») sur sérum est possible
dans le cadre du diagnostic de néosporose. Le principe est le suivant : des tachyzoïtes sont
fixés sur des lames de microscope. On met ces lames en contact avec le sérum de l’animal :
selon s’ils sont ou non présents, les anticorps peuvent se fixer aux tachyzoïtes. On ajoute
ensuite des anticorps qui sont liés à une molécule fluorescente et qui sont spécifiques aux
anticorps dirigés contre les tachyzoïtes. Si l’on obtient de la fluorescence, cela signifie que le
sérum analysé contient des anticorps dirigés contre les tachyzoïtes et donc que l’animal a
été en contact avec N. caninum (146). L’IFAT est appliquée sur le sérum de veaux exposés in
utero ou infectés de façon congénitale. Elle est particulièrement intéressante pour les fœtus
de plus de 5 mois qui présentent un titre élevé en anticorps dirigés contre N. caninum. Cette
technique manque cependant de sensibilité. Un résultat négatif d’IFAT n’est pas synonyme
de non-implication de la néosporose dans l’avortement. Cette technique peut également
être utilisée pour le diagnostic de néosporose sur la mère mais se révèle être moins fiable
189
dans ce cas. Peu de vaches infectées et ayant avorté à cause de N. caninum (22% environ)
répondent positivement à ce test (147).
La méthode ELISA peut être utilisée sur le sérum ou le lait de vaches ayant avorté ou sur un
fœtus âgé de plus de 6 mois (il est alors immunocompétent et peut synthétiser des
anticorps) (45).
D’autres tests sérologiques peuvent être mis en œuvre mais le sont très rarement : le test
« immunoblot » et le test d’agglutination (146).
Il faut être prudent quant à l’interprétation des résultats de sérologie car les taux en
anticorps fluctuent de façon importante et diminuent rapidement après le vêlage.
b) La trichomonose
i.
Présentation du parasite
L’agent à l’origine de la trichomonose est Tritrichomonas fœtus, anciennement
appelé Trichomonas fœtus. Il s’agit d’un protozoaire. Il existe trois sérotypes différents et les
bovins présentent des réactions immunologiques croisées vis-à-vis de ces trois agents (153).
T. fœtus mesure environ 20µm de longueur. Il contient un unique noyau et quatre flagelles.
La présence d’une membrane ondulante avec 3 à 5 vagues permet de le reconnaître au
microscope optique (153).
190
¤ Figure n°37 : Représentation schématique de Tritrichomonas fœtus (154) ¤
T. fœtus est peu résistant dans le milieu extérieur mais il peut survivre quelques jours
dans des sécrétions génitales lors de températures extérieures positives (154).
ii.
Cycle du parasite
T. fœtus se multiplie par scission binaire au sein du tractus génital. Il reste cependant
en position superficielle et n’envahit pas l’épithélium, on le trouve uniquement à la surface
des muqueuses et dans les sécrétions génitales (146).
Il est présent de façon chronique chez le taureau au sein des cryptes épithéliales du pénis et
du prépuce et il est transmis à la vache lors de monte naturelle (146).
iii.
Prévalence
T. fœtus présente une distribution mondiale. Des études aux Etats-Unis ont montré
que la prévalence de cette affection pouvait atteindre 27% des taureaux (147). Cette valeur
a beaucoup diminué grâce à la généralisation de l’insémination artificielle chez les vaches
laitières. Cependant la pratique actuelle qui consiste à utiliser des taureaux afin de limiter les
191
problèmes de reproduction dans certains élevages laitiers va sans doute contribuer à la réaugmentation de cette prévalence.
iv.
Pathogénie
Une infestation expérimentale par T. fœtus a été réalisée par Skirro sur 4 génisses. Il
a inoculé T. fœtus par voie intra-vaginale et a montré que les protozoaires se disséminaient
dans l’utérus dans la première semaine suivant l’inoculation. Ils étaient ensuite détectés
dans les sécrétions génitales 13 à 28 semaines plus tard (155).
En effet, après saillie entre un taureau infecté et une vache saine, le parasite atteint l’utérus
par passage du col. T. fœtus contamine ensuite l’ensemble du tractus génital de la vache en
une à deux semaines. On peut alors observer des avortements et des pyomètres. Le
pyomètre résulte d’une persistance du corps jaune gestatif suivie d’une importante
sécrétion purulente par l’endomètre (153).
T. fœtus interfère avec la fécondation et le développement embryonnaire. Il s’agit
principalement d’avortements précoces survenant entre 50 et 70 jours de gestation. Les
principaux signes cliniques observés chez la vache sont des retours en chaleurs décalés et
une augmentation de l’intervalle vêlage-insémination fécondante (153).
Une très faible proportion de vaches reste porteuse du parasite c’est-à-dire le
conserve d’une gestation à une autre. Cela concerne moins de 1% des vaches infestées. Elles
constituent cependant des sources de contamination possibles de nouveaux taureaux (153).
Le bovin mâle est le plus souvent porteur chronique asymptomatique. T. fœtus est
localisé au niveau des cryptes épithéliales du pénis et du prépuce. L’infestation par T. fœtus
n’altère pas la qualité de son sperme ni sa capacité à saillir des vaches. Il est possible, de
façon exceptionnelle, d’observer des sécrétions génitales purulentes dans les deux
premières semaines suivant l’infection (153).
Il semblerait que T. fœtus ait un effet cytotoxique et hémolytique. Une protéine de
type « adhésine » permettrait au parasite d’adhérer aux cellules et d’exercer son effet
cytolytique (153).
192
v.
Signes cliniques reproducteurs chez la vache
L’inoculation de T. fœtus en position intra-utérine sur une vache gestante a entraîné
un avortement 20 jours plus tard. Le parasite a été mis en évidence dans les liquides fœtaux.
Cela permet de supposer que T. fœtus a un effet abortif (156).
La survenue d’avortements et de pyomètres sont les premiers signes cliniques
observables lors de trichomonose. Ils ne concernent en revanche que 5% au maximum des
vaches du troupeau. Les principaux effets de T. fœtus sont sub-cliniques. Il s’agit
principalement d’une baisse de fertilité liée à une mortalité fœtale précoce, des retours en
chaleurs décalés et une augmentation de l’intervalle vêlage-insémination fécondante
(environ 98 jours supplémentaires par rapport à une vache saine) (153).
Les avortements sont souvent précoces : entre 50 et 70 jours de gestation, mais ils
peuvent survenir jusqu’au 8ème mois de gestation. L’expulsion du fœtus a lieu entre 4
semaines et 4 mois après sa mort in utero. Après l’avortement, il est possible d’observer une
rétention annexielle suivie d’une endométrite purulente ou catarrhale. La vache peut alors
devenir stérile en raison de la destruction de la muqueuse utérine (147).
vi.
Lésions placentaires
Des placentas ont été examinés lors d’une étude réalisée par Rhyan. L’invasion du
chorion par T. fœtus a été mise en évidence sur la plupart des placentas. Sur certains
placentas, on pouvait observer une infiltration modérée du tissu placentaire par des cellules
inflammatoires constituées principalement de cellules mononucléées (153).
vii.
Lésions fœtales
Des lésions de bronchopneumonie pyogranulomateuse associées à la présence de T.
fœtus dans les voies aériennes ont été mises en évidence sur des fœtus issus d’avortements
dus à la trichomonose. T. fœtus a également été mis en évidence sur des coupes
d’œsophage, de caillette et d’intestins. Une nécrose hépatique a aussi été observée (153).
193
viii.

Epidémiologie
Modes de transmission
La transmission de la trichomonose se fait par voie vénérienne. Elle peut se produire
après qu’un taureau infecté ait sailli une vache saine, ou lorsqu’un taureau sain, après avoir
sailli une vache infectée, saillit une vache saine (153). On observe donc cette affection lors
de l’utilisation de la monte naturelle. Elle est donc plus fréquente dans les élevages
allaitants.
On peut résumer le schéma épidémiologique de la trichomonose bovine par la figure
n°38.
194
¤ Figure n°38 : Représentation schématique de l’épidémiologie de la trichomonose
bovine ¤
195

Circonstances de contamination
Il semblerait que, comparés aux taureaux plus âgés, les jeunes taureaux (de moins de
trois ans) soient plutôt des porteurs transitoires du parasite que des porteurs chroniques.
Avoir des taureaux de plus de trois ans serait un facteur prédisposant à la présence de
trichomonose dans un élevage (153).
De plus, un nombre important de taureaux dans un élevage ainsi qu’un nombre important
de vaches rapportées au nombre de taureaux seraient des facteurs prédisposants de cette
affection (153).
ix.
Mise en place de l’immunité et diagnostic
Différents auteurs avancent le fait que la vache élimine le parasite entre 3 et 22 mois
après l’infestation initiale. Il est également possible que la vache reste porteuse chronique
mais cela concerne moins de 1% des vaches infestées (153).
L’immunité acquise suite à un premier contact avec le parasite n’est pas de longue durée.
Elle serait de 15 mois environ. Les ré-infestations sont donc possibles (153).
Le meilleur prélèvement lors de suspicion d’avortement du à T. fœtus est la caillette
du fœtus et le contenu utérin.
Le diagnostic définitif de trichomonose repose sur l’identification du parasite à partir des
sécrétions génitales (sécrétions vaginales ou préputiales) des animaux infectés. Elle est aussi
possible sur le liquide amniotique et allantoïdien ou sur le contenu de la caillette du fœtus.
Les parasites sont rarement visibles directement au microscope optique, leur mise en
évidence nécessite de les mettre en culture sur un milieu de Diamond ou de Claussen. La
sensibilité de cette technique est faible. Une vache infectée a 59% de chances de répondre
positivement à ce test, on obtient donc de nombreux faux négatifs (147).
196
Dans l’idéal, il faudrait pouvoir mettre en culture l’échantillon directement après le
prélèvement car le transport et le stockage diminuent les chances de mettre en évidence le
parasite (147).
Un test de mise en évidence de l’ADN de T. fœtus est possible par réalisation d’une PCR. Son
efficacité est comparable à celle des techniques d’immuno-histochimie, de mise en évidence
par observation au microscope et de culture du parasite in vitro (147).
Enfin, il est possible de réaliser une recherche d’anticorps sur sérum, mucus vaginal ou
sécrétion préputiale. Elle consiste en une micro-agglutination ou une analyse ELISA (146). Le
laboratoire spécialisé dans l’interprétation des sérologies concernant T. fœtus est le
laboratoire central des reproducteurs (LCR) à Maisons-Alfort.
197
Troisieme partie
Démarche diagnostique lors d’avortements bovins
A) Considérations financières et pratiques
En 2009, Fediaevsky considérait qu’environ un tiers des avortements bovins étaient
déclarés. Et parmi ceux-là, moins de la moitié sont élucidés (157).
Les raisons de la sous-déclaration sont multiples.
La première est d’ordre financier puisque la seule investigation des trois principaux
agents abortifs coûte environ 150 euros et il est possible de demander d’autres analyses, ce
qui augmente le coût total. Il s’agit donc d’une démarche coûteuse et qui n’est pas toujours
couronnée de succès. Les éleveurs sont donc réticents à se lancer dans une telle démarche
surtout lors du premier avortement.
La deuxième raison est que les veaux succombant dans les 48 heures après le vêlage
sont rarement considérés par les éleveurs comme des avortons et ne sont donc pas soumis à
l’analyse.
B) Signes observables sur le fœtus ou sur la mère
1. Lésions fœtales
Les lésions fœtales les plus caractéristiques sont la présence d’un feutrage mycélien
lors d’avortement mycosique. Les autres lésions pouvant être observées sur le fœtus ne sont
pas spécifiques d’un agent abortif.
La première étape est d’estimer l’âge du fœtus grâce aux critères cités dans le
tableau n°2.
198
Il faut ensuite faire une autopsie en respectant les règles d’asepsie et de sécurité
classiques pour permettre la réalisation des prélèvements dans les meilleures conditions
possibles et pour limiter le risque de contamination en cas de zoonoses.
Lorsque l’avorton est à terme, il est intéressant de déterminer s’il est mort in utero ou lors
du part (158).
-
Si le veau est mort lors du part on pourra observer : une coloration rougeâtre
généralisée des tissus, une atélectasie pulmonaire partielle et l’absence d’œdème
sous-cutané teinté de sang (158).
-
Si le veau est mort in utero on pourra observer : une atélectasie pulmonaire
complète et lors d’hypoxie fœtale in utero, du méconium sur le corps et dans les
liquides fœtaux (158).
Dans tous les cas, des lésions d’anoxie fœtale seront caractérisées par une hémorragie ou
une congestion des méninges et des poumons atélectasiques ou hémorragiques (158).
2. Examen clinique de la mère et des congénères
L’examen clinique de la mère présente certaines limites dans la mesure où il existe un
délai entre la cause de l’avortement et l’expulsion du fœtus. Ce délai est plus ou moins long
selon l’agent abortif impliqué : environ 8 jours pour la listériose et quelques mois lors de
leptospirose ou lors d’atteinte par le virus de la BVD (158).
Il faut réaliser un examen clinique complet associé à un examen des glaires cervicales. Lors
d’avortement à fièvre Q, l’apparence de celles-ci est modifiée (aspect purulent) directement
après l’avortement alors que les métrites classiques surviennent généralement 4 à 5 jours
après le vêlage (158).
L’association d’un certain nombre de signes cliniques peut orienter vers certaines affections
(158) :
-
L’existence d’une photosensibilisation, d’ictères chez les veaux et une hémolactation
doit faire penser à la leptospirose (158).
199
-
Des signes nerveux survenant sur des congénères et l’observation d’uvéites doivent
orienter vers la listériose. L’ouverture d’un nouveau silo renforce cette hypothèse
(158).
-
On observe sur 10% des vaches ayant avorté à cause de la salmonellose une
hyperthermie et une diarrhée séro-hémorragique. Des septicémies et diarrhées néonatales associées ou non à des troubles respiratoires peuvent également être
observés (158).
-
La présence d’épisodes grippaux et de métrites incurables suivies d’infécondité doit
orienter vers la fièvre Q (158).
-
L’existence de lésions nerveuses, oculaires, cutanées et osseuses sur l’avorton doit
faire penser à la BVD (158).
-
La survenue d’agalaxie brutale, l’existence d’hyperthermie, de toux, d’un syndrome
grippal ainsi que d’un engorgement-empâtement des pâturons doit nous orienter
vers l’ehrlichiose (158).
C) Informations nécessaires préalables à la demande d’analyses
1. Eléments épidémiologiques à prendre en compte avant la demande
d’analyses de laboratoire
a)
Statut sanitaire de l’élevage et pratique de la vaccination
Le statut sanitaire de l’élevage concernant les principaux agents abortifs doit être
connu car il peut aider à interpréter les résultats de la sérologie (158).
Ex : Une vache appartenant à un troupeau dans lequel le virus de la BVD circule aura de
grandes chances d’être séropositive. Mais l’avortement qu’elle a subi peut présenter une
autre origine.
De plus, lors de l’utilisation de vaccins vivants contre la BVD ou de vaccins contre la
fièvre Q, les vaches peuvent être séropositives sans que ces agents infectieux ne soient à
l’origine de l’avortement qu’elles ont subi (158).
200
b)
Statut de la femelle qui avorte
Il est important de savoir si la femelle qui a avorté est primipare ou multipare (158).
Si elle est multipare et qu’elle a déjà subi un avortement, l’agent abortif en cause peut être
le même. Mais il s’agit surement d’un autre agent infectieux car la vache s’est immunisée
suite au premier avortement.
Le stade de gestation doit également être pris en compte. Le début de la gestation
est la période avant 5 mois de gestation, le milieu : entre 5 et 7 mois et la fin de gestation
correspond à au moins 7 mois de gestation (158).
Même si l’avortement peut survenir à tout moment de la gestation, il survient
préférentiellement en début, milieu ou fin de gestation selon l’agent abortif.
¤ Figure n°39 : Répartition des principales causes d’avortements par stade de
gestation (159) ¤
c)
Autres troubles de la reproduction autour du vêlage
Plusieurs éléments doivent être pris en compte (158):
-
Des veaux vivants à terme ou avant terme qui meurent rapidement après la
naissance. Des veaux succombant dans les 48 heures après la naissance doivent être
inclus dans les cas d’avortements car la brucellose peut en être la cause.
201
-
La naissance de veaux chétifs, malformés. Les virus de la BVD, de Schmallenberg et
de la FCO peuvent entraîner la naissance de veaux malformés.
-
L’existence de nombreux cas de métrite qui peuvent être difficiles à traiter. Ceci doit
nous permettre de suspecter la fièvre Q.
-
De l’infertilité à l’échelle du troupeau. Elle peut suggérer l’intervention d’agents
abortifs tels que le virus de la BVD et la fièvre Q.
-
De la mortalité embryonnaire qui diminuent les performances de reproduction de
l’élevage. La mortalité embryonnaire est présente lors de BVD.
d)
Introduction de nouveaux animaux dans le lot
De façon générale, l’introduction de nouveaux animaux à statut sanitaire inconnu
peut être à l’origine de la circulation de maladies au sein de l’élevage. C’est pourquoi, la mise
en quarantaine est fortement conseillée.
Plus précisément, l’introduction d’un nouveau taureau peut être suivie de trichomonose ou
de campylobactériose, affections transmises par voie vénérienne et qui sont à l’origine
d’avortements (158).
e)
Présence de tiques sur les vaches
L’observation de tiques sur plusieurs vaches de l’élevage permet de mettre en avant
quelques agents infectieux transmis par ces parasites. Il s’agit d’A. phagocytophilum et de C.
burnetii. De façon plus rare, on pourra également évoquer la babésiose (158).
202
2. Milieu de l’élevage
a)
Eau d’abreuvement
Les mares et les eaux résiduelles sont des sources potentielles de leptospires, de
salmonelles et d’ookystes de Neospora caninum (158).
b)
Aliment
L’existence de moisissures vertes ou bleu foncé peut suggérer la présence de
mycotoxines au sein de l’aliment (158).
La consommation d’un foin de mauvaise qualité peut entraîner de l’aspergillose
(158).
Un silo en mauvais état, couvert de terre ou posé directement sur le sol peut nous
orienter vers la listériose (158).
c)
Présence d’autres espèces animales dans l’élevage
La présence de canidés domestiques (chiens) ou sauvages (renards) à proximité des
bâtiments d’élevage peut entraîner de la néosporose.
L’existence d’oiseaux sauvages (étourneaux, pigeons) ou d’élevage (élevage de
volailles) peut entraîner la transmission de salmonelles.
203
D) Analyses de laboratoire disponibles
1. Echantillons prélevables, méthode de prélèvement et d’envoi au
laboratoire
Il est conseillé d’utiliser une boîte standard de prélèvements et il existe plusieurs
recommandations concernant son utilisation.
¤ Figure n°40 : Exemple de boite de prélèvement (52) ¤
La boîte contient un premier sachet comprenant 2 à 4 écouvillons endocervicaux, un
deuxième sachet comprenant un tube sec et un tube EDTA pour le prélèvement de sang de
la mère, un tube sec pour le prélèvement de liquide stomacal du fœtus, 6 tubes secs pour les
prélèvements de vaches à problème et une plaque eutectique (qui permet l’envoi des
prélèvements sous couvert du froid). Enfin, elle contient un pot à couvercle vissable de 400
ml pour placer le placenta prélevé in utero (dans l’idéal 4 à 5 houppes cotylédonaires) (160).
Il faut privilégier le prélèvement des houppes cotylédonaires encore en position intrautérine et faire analyser en priorité celles présentant un aspect modifié (57). Le prélèvement
204
de liquide stomacal est plus facile à réaliser et présente moins de risque de contamination
lorsque l’on incise au préalable la peau et la paroi abdominale. Cela favorise également le
repérage de la caillette. La caillette est ponctionnée avec un vacutainer et le liquide est
collecté dans un tube sec. Le prélèvement peut aussi être réalisé avec une seringue et une
aiguille à usage unique, dans ce cas le liquide recueilli est rapidement transféré dans un
flacon stérile ou un tube sec (160).
Le prélèvement de mucus vaginal nécessite un nettoyage préalable de la zone périnéale à
l’aide d’eau et de désinfectant. On insère ensuite un écouvillon stérile. Dans l’idéal, la tige
est en plastique (ceux avec une tige en bois cassent plus facilement). On doit frotter
l’écouvillon contre le col utérin pendant une dizaine de secondes puis veiller à ne pas
contaminer l’échantillon en sortant la tige du vagin (on peut coiffer le prélèvement avec
notre gant) (57).
On peut également réaliser un prélèvement de fèces.
Le prélèvement de fèces se fait avec un gant de fouille dans l’idéal stérile. L’utilisation de gel
lubrifiant est déconseillée car cela peut fausser les résultats de PCR. Les matières fécales
sont placées dans un flacon stérile de 40 ml (57).
Afin d’éviter de fausser les résultats, les prélèvements doivent être réalisés dans les 48h
suivant l’expulsion du fœtus et être transportés sous couvert du froid (160).
Il existe certaines recommandations concernant les prélèvements, celles-ci sont résumées
dans le tableau n°12.
205
¤ Tableau n°12 : Recommandations en terme de types de prélèvements et délais
d’acheminement selon le type d’analyse demandé (161), (159)¤
Recherche
Technique
Prélèvements
d’analyse
Condition-
Température
Délai
nement
de
d’acheminement
conservation
Anticorps
Sérologie :
Sang
Tube sec
.De préférence
.3 à 5 jours en
ELISA, EAT,
5 +/- 3 °C
fonction de la
FC, SN
.Température
température de
ambiante
conservation
possible
.Congélation du
sérum possible
Virus
Culture
Fonction de
Stérile
5 +/- 3 °C
.24 heures
cellulaire
l’agent
.Délai optimal :
pathogène
4 heures maximum
recherché et
de sa
distribution
Virus ou
.PCR
Fonction de
.Tube EDTA
.5 +/- 3 °C
bactéries
.ou RT-PCR
l’agent
.Stérile
.Ou congelé
Stérile
5 +/- 3 °C
.48 heures
pathogène
recherché et
de sa
distribution
Bactéries ou
Culture
champignons
Fonction de
.48 heures
l’agent
.Délai optimal : 24h
pathogène
maximum
recherché et
de sa
distribution
Néosporose
.PCR
.Encéphale
.ou
.ou cœur, foie
histologie
Stérile
.PCR : froid ou
.PCR : 48h
congelé
.histologie : peut
.histologie :
être long
formol
206
EAT : épreuve à l’antigène tamponné ; FC : fixation du complément ; SN : séroneutralisation ; PCR : « polymerase chain reaction » ; RT-PCR : « Real-time »-PCR.
Les prélèvements doivent être envoyés selon la règle du triple emballage. Ils doivent être
transmis en même temps que la demande d’analyse et les commémoratifs. Ces documents
doivent être placés à l’extérieur du carton afin de prévenir toute contamination (161).
L’emballage primaire est celui contenant l’échantillon à analyser. Il doit être étanche et
identifié. Les emballages secondaires et tertiaires servent à protéger l’échantillon et à éviter
toute fuite afin de protéger le personnel du laboratoire d’analyse (161).
¤ Figure n°41 : Schéma du triple emballage (45) ¤
207
2. Mise en évidence de l’implication d’un agent infectieux
a) Caractéristiques des tests de laboratoire
Les analyses de laboratoire présentent certaines caractéristiques telles que la sensibilité, la
spécificité, les valeurs prédictives positives et négatives, la détectabilité, la répétabilité et la
reproductibilité.
La sensibilité est définie comme l’aptitude à donner un résultat positif chez un animal
infecté alors que la spécificité correspond à la capacité d’un test à donner un résultat négatif
pour un individu indemne. Généralement, lorsque le seuil de sensibilité est bon, le seuil de
spécificité est moins bon. Lors de dépistages, un test présentant une bonne sensibilité sera
privilégié (on veut un minimum de faux négatifs) mais lors de diagnostic, on préférera utiliser
un test avec une bonne spécificité (on veut un minimum de faux positifs) (162).
La valeur prédictive positive est la probabilité qu’un résultat positif corresponde à un
animal atteint. A l’inverse, la valeur prédictive négative est la probabilité qu’un résultat
négatif corresponde à un animal indemne (161).
L’exactitude correspond à la formule suivante : (VP+VN)/(VP+FP+VN+FN).
Le tableau n°13 permet de résumer les relations existant entre la sensibilité, la spécificité et
les valeurs prédictives positive et négative.
¤ Tableau n°13 : Tableau résumant les liens entre sensibilité (Se), spécificité (Sp),
valeur prédictive positive (VPP) et valeur prédictive négative (VPN) ¤
Résultat du test
Situation réelle
Valeur prédictive
Infectés
Indemnes
Positif
Vrais positifs (VP)
Faux positifs (FP)
VPP=VP/(VP+FP)
Négatif
Faux négatifs (FN)
Vrais négatifs (VN)
VPN=VN/(VN+FN)
Se=VP/(VP+FN)
Sp=VN/(VN+FP)
208
La détectabilité est l’aptitude à détecter une faible quantité d’anticorps ou d’agent
pathogène. Toute la difficulté repose sur la détermination du seuil de positivité (162). Un
test qui a une bonne détectabilité a, en général, une bonne sensibilité (161).
La répétabilité correspond à la probabilité d’obtenir des résultats identiques sur un
même échantillon lorsque l’on répète une technique d’identification de façon similaire
(même série analytique, même opérateur, même jour). La notion de reproductibilité se
réfère également à la probabilité d’obtenir des résultats identiques à partir d’un seul
échantillon mais en faisant varier les conditions (opérateurs, jours différents) (161).
b) Diagnostic direct de l’agent pathogène
i.
Intérêts et limites
La méthode PCR permet la mise en évidence d’un génome viral, bactérien ou parasitaire,
mais cela n’équivaut pas à la mise en évidence de l’agent infectieux. De plus, il s’agit de
différencier un simple portage d’une implication dans l’avortement (162).
Si les résultats de l’isolement bactérien montrent la présence de plus de deux types de
bactéries, cela traduit une contamination du prélèvement et les résultats ne sont pas
interprétables. La bactérie ne peut être considérée comme responsable que lorsqu’elle est
isolée en culture pure et abondante ou si elle est largement majoritaire au sein d’un
mélange d’au maximum deux types bactériens. A l’inverse, l’absence de culture bactérienne
ne signifie pas nécessairement stérilité, mais elle peut traduire une très faible charge
bactérienne, des conditions de culture inadéquates à la bactérie en cause, ou des bactéries
« stressées » par des conditions de conservation et de transport défavorables (162).
Du fait du coût et de la complexité de mise en œuvre des techniques de mise en
évidence des virus par culture (cellulaire ou sur œufs embryonnés), le diagnostic d’affection
virale se fait maintenant principalement par PCR. Toutefois, dans le cas d’une culture virale,
il faut que le prélèvement ait été réalisé suffisamment rapidement, dans les 48-72 heures
suivant le début de l’affection. Sur des cadavres, il faut également réaliser le prélèvement le
209
plus rapidement possible afin d’éviter le processus de colonisation bactérienne qui se met en
place lors de la putréfaction. Sur des organes, il faut prélever le tissu à la frontière entre le
tissu sain et le tissu malade (162). Si ces conditions de prélèvements ne sont pas respectées,
la culture virale risque de donner un résultat faussement négatif.
ii.
Isolement bactérien ou fongique
L’isolement bactérien se fait à partir d’un écouvillon vaginal ou cervical ou à partir
des organes de l’avorton comme le foie ou la rate. La culture se réalise le plus souvent sur
gélose au sang. L’isolement fongique se fait à partir de cotylédons sur gélose de Sabouraud
(45).
iii.
La détection d’antigènes par méthodes sérologiques
La détection d’antigènes peut se faire grâce à des méthodes immuno-histochimiques.
Le principe est le suivant : on utilise des anticorps marqués qui se fixent sur les antigènes qui
sont présents, ou non, dans l’échantillon. La plupart du temps, ces marqueurs sont
fluorescents et l’apparition de fluorescence sur une coupe d’organe signifie que l’antigène
recherché est présent (163).
La mise en évidence d’antigènes peut se faire grâce à deux méthodes ELISA : la
méthode ELISA en sandwich et la méthode ELISA en compétition.
Le principe de la méthode ELISA en sandwich est le suivant : des anticorps spécifiques de
l’antigène à rechercher sont fixés sur une plaque, on y ajoute le sérum à tester. On effectue
un lavage, puis on ajoute un anticorps dit de détection qui est spécifique du couple antigèneanticorps. On rince et on ajoute un nouvel anticorps qui se fixe sur l’anticorps de détection.
Le dernier anticorps ajouté est lié à une enzyme. Puis on ajoute le substrat sur le lequel agit
l’enzyme. Le couple antigène-anticorps est alors détectable.
210
¤ Figure n°42: Principe de réalisation de l’ELISA en sandwich ¤
La méthode ELISA par compétition utilise également une plaque sur laquelle sont fixés des
anticorps. On y ajoute un mélange d’antigènes marqués (en quantité connue) et d’antigènes
à doser (dont la quantité est inconnue et qui ne sont pas marqués). Un rinçage est réalisé et
permet l’élimination des antigènes non fixés. Plus les antigènes à doser seront en quantité
importante et plus ils se fixeront aux anticorps de la plaque, et donc moins d’antigènes
marqués se fixeront. Ainsi, un signal de faible intensité sera synonyme de la présence
d’antigènes à doser en quantité assez importante. A l’inverse, un signal important signifiera
que beaucoup d’antigènes marqués se sont fixés et donc que les antigènes à doser sont en
faible quantité.
iv.
Détection du génome de l’agent pathogène
La détection du génome de l’agent pathogène se fait par la méthode PCR point final
qui correspond à la PCR « conventionnelle » ou par PCR en temps réel, « Real-time » PCR
(45). Il s’agit d’une technique principalement utilisée pour le diagnostic d’affections virales et
lors de suspicion d’intervention d’une bactérie difficile et/ou longue à cultiver (162).
Le principe de la PCR est le suivant : on amplifie in vitro une partie spécifique d’un
acide nucléique appartenant à l’agent infectieux que l’on souhaite mettre en évidence. On
réalise pour cela plusieurs cycles d’amplification avant de pouvoir détecter la séquence
génomique concernée (162). Les différentes étapes sont la séparation des deux brins, puis la
fixation des amorces et enfin la synthèse d’acide nucléique (45).
211
¤ Figure n°43 : Schématisation du principe de la méthode PCR (45) ¤
Dans le cas de la PCR en temps réel, on peut suivre l’amplification du génome au cours du
temps à l’aide de la fluorescence. Elle sera proportionnelle à la quantité d’acide nucléique
amplifié : plus celle-ci est importante, plus la fluorescence sera forte.
212
¤ Figure n°44 : Principe de la PCR en temps réel (45) ¤
La PCR est aussi utilisée pour des agents infectieux ayant de l’ARN comme support
génétique. Elle nécessite des étapes supplémentaires de transcription réverse d’ARN en ADN
mais le principe général reste le même.
v.
Diagnostic indirect
La sérologie est une technique de laboratoire très largement employée en raison de la
facilité de réalisation du prélèvement, de la possibilité d’analyses multiples et de son coût
modéré. La recherche d’anticorps peut se faire sur plusieurs types de prélèvement : le sérum
(le plus utilisé), le lait, le plasma, les liquides fœtaux ou le liquide céphalo-rachidien (162).
L’apparition des anticorps se fait, de manière générale, entre 12 et 15 jours suivant le
contact avec l’agent pathogène. La détermination précise du moment de l’infection est
souvent impossible et il est classique de recourir à une cinétique d’anticorps : on réalise
alors deux prises de sang à 12-15 jours d’intervalle. L’objectif de la réalisation d’une
cinétique est de mettre en évidence une séroconversion ou une augmentation significative
du taux d’anticorps (mise-en-œuvre de techniques quantitatives ou semi-quantitatives)
(162).
213
Le sang total se conserve correctement à + 4°C durant une semaine. Au-delà, il faut séparer
le caillot du sérum et congeler ce dernier (162).
L’interprétation d’un résultat de sérologie est délicate car la mise-en-évidence
d’anticorps ne signifie pas systématiquement l’implication de l’agent pathogène dans
l’avortement et inversement, l’absence d’anticorps n’est pas synonyme d’absence
d’implication de cet agent pathogène.
Plusieurs éléments doivent être pris en compte : la durée de persistance des anticorps ainsi
que la possible circulation de l’agent pathogène au sein du troupeau. La mise en évidence
d’un contact récent avec l’agent pathogène est possible par l’utilisation de tests sérologiques
permettant la mise en évidence d’immunoglobulines M (IgM) qui sont les premières
immunoglobulines synthétisées lors de la mise en place de la réponse immunitaire. Une
cinétique d’anticorps ou la mise en évidence d’une séroconversion sont également
réalisables (162).
Plusieurs types d’erreurs sont possibles:
Les principaux faux positifs sont liés à un défaut de spécificité ou à une interférence avec les
anticorps d’origine maternelle ou vaccinale (162).
Les défauts de spécificité sont surtout dus à l’existence de réactions antigéniques
croisées entre l’agent pathogène recherché et un autre agent génétiquement proche.
Lorsque l’on suspecte ce phénomène de réaction croisée, on demandera une seconde
analyse qui sera directe ou une seconde analyse indirecte mais plus spécifique (ex :
séroneutralisation, « western blot »…) (162).
Les interférences avec les anticorps maternels ou vaccinaux entraînent des erreurs par
excès. Le recours à la sérologie lors de vaccination est délicat pour l’interprétation des
résultats mais certains vaccins sont conçus de façon à ce que les vaches ne réagissent pas
positivement à la sérologie. Concernant les agents infectieux impliqués dans les
avortements, seuls des vaccins contre l’IBR (virus de la rhinotrachéite infectieuse bovine)
sont conçus de telle façon à pouvoir différencier un animal vacciné d’un animal infecté. Ils
n’entraînent pas la production d’anticorps contre la glycoprotéine E de BHV-1 et permet
214
alors la distinction entre les animaux vaccinés à l’aide de ce vaccin et les animaux vaccinés
avec les vaccins BHV-1 conventionnels non délétés ou les animaux infectés par le virus
sauvage (162).
Ainsi, il faut être vigilant lors du diagnostic de l’IBR dans un troupeau vacciné.
Le tableau n°14 résume les 2 types de vaccins contre l’IBR.
¤ Tableau n°14 : Tableau résumant les deux types de vaccins: délété / non délété
jouant un rôle dans le diagnostic de l’IBR (13)¤
Agent infectieux
Vaccins délétés
Vaccin non délété
IBR
. Bovilis® IBR Marker Inac / MSD
. Iffavax® IBR / Mérial
. Bovilis® IBR Marker live/ MSD
. Rispoval® IBR Marker inactivatum / Zoetis
. Hiprabovis® IBR Marker live / Hipra
Les principaux faux négatifs peuvent résulter d’une recherche trop précoce (séroconversion
en cours) ou chez un animal infecté mauvais répondeur (ex : lors d’avortement
leptospirosique) ou dans un creux immunitaire (péri-partum), lors d’immunotolérance (BVD),
d’épuisement de l’organisme, ou lors de piégeage d’anticorps sous forme d’immuns
complexes (162).
Le diagnostic sérologique se fait principalement grâce à la méthode ELISA indirecte.
Le principe de la méthode ELISA indirecte est le suivant : des antigènes sont fixés sur une
plaque. On met en contact cette plaque avec le sérum à analyser. Selon la présence
d’anticorps spécifique de l’antigène, il y a ou non formation du complexe antigène-anticorps.
Un lavage est réalisé, il permet d’éliminer les anticorps qui ne se sont pas fixés. Puis, on
ajoute un anticorps capable de se fixer sur le couple antigène-anticorps. Ce nouvel anticorps
ajouté est lié à une enzyme. Un nouveau lavage est réalisé. Enfin, on ajoute un substrat qui
réagit avec l’enzyme et émet un signal chromogénique ou fluorescent.
215
¤ Figure n°45 : Principe de réalisation de la méthode ELISA indirecte (45) ¤
vi.
Cas particulier de la brucellose
Il existe trois techniques sérologiques de mise en évidence des bactéries Brucella
abortus, suis et melitensis : la méthode ELISA indirecte, l’épreuve à l’antigène tamponné
(mise en évidence d’une agglutination) et la réaction de fixation du complément.
La méthode ELISA indirecte est la même que celle décrite précédemment.
L’épreuve à l’antigène tamponné (notée EAT) permet la détection d’immunoglobulines
M et G (notées IgM et IgG). Ces IgG et IgM sont dirigés contre le LPS (lipopolysaccharide) de
Brucella abortus, suis et melitensis. On met en contact sur une lame une goutte (25 µl) du
sérum à analyser et une goutte de suspension de Brucella colorées. On mélange avec un
agitateur et on agite la lame durant 4 minutes. On peut ensuite lire le résultat : lors de la
présence d’anticorps anti-Brucella, une réaction d’agglutination est visible sous forme
d’agglutinats rouges (45).
216
¤ Figure n°46 : Mise en contact du sérum à tester et des antigènes lors de l’épreuve à
l’antigène tamponné (EAT) utilisée pour le diagnostic de la brucellose (45) ¤
¤ Figure n°47 : Principe de la réaction d’agglutination lors de l’épreuve à l’antigène
tamponné (EAT) pour le diagnostic de la brucellose (45) ¤
Il faut être prudent quant à l’interprétation d’une agglutination positive puisqu’il peut
exister des faux négatifs lors de la présence d’anticorps de Yersinia enterocolitica, Vibrio
cholerae et Francisella tularensis (45).
217
La fixation du complément permet également la détection d’IgM et d’IgG. On met en
présence le sérum à tester avec des antigènes spécifiques de l’anticorps recherché et le
complément.
-
Si les anticorps recherchés sont présents dans le sérum, ils vont se lier aux antigènes
et au complément et il n’y aura pas d’hémolyse.
-
Lorsque le sérum ne contient pas l’anticorps recherché, le complément ne peut pas
se fixer au complexe antigène-anticorps et il y a hémolyse.
¤ Figure n°48 : Principe de réalisation du test de fixation du complément (45) ¤
218
La présence de Brucella abortus peut être mise-en-évidence à l’aide d’autres
méthodes non sérologiques qui sont le dépistage bactériologique, la méthode PCR et le
dépistage allergique. Mais ces techniques ont l’inconvénient d’être longues et difficiles à
mettre en œuvre, surtout dans le cadre d’un dépistage (38).
Le dépistage bactériologique se fait par examens microscopiques après coloration de
Stamp ou par culture sur milieux sélectifs permettant la croissance de Brucella abortus (38).
La technique PCR peut être mise en œuvre directement sur certains prélèvements ou
après isolement de la bactérie (38).
Enfin, le dépistage allergique (appelé épreuve cutanée allergique = ECA) n’est utilisé
que lorsque l’on a obtenu des résultats sérologiques positifs. Il est réalisé par le vétérinaire
sanitaire sur les bovins âgés de plus d’un an. Il consiste en l’injection de 0,1 ml de brucelline
(allergène de Brucella) en intra-dermique. Si le contrôle réalisé 72 heures plus tard montre
un épaississement du pli cutané de 2 mm au moins, le test est considéré comme positif.
Cette méthode a l’avantage d’être très spécifique, mais il existe des erreurs par défaut (38).
3. Différentes techniques de laboratoire de mise en évidence de l’agent
infectieux
a) Mise en évidence des agents bactériens
Les agents bactériens intervenant dans les avortements peuvent être mis en
évidence par différents procédés : diagnostic direct ou indirect.
219
¤ Tableau n°15 : Différentes techniques permettant la mise en évidence d’agents bactériens
impliqués dans les avortements bovins (45) ¤
Agent bactérien
Diagnostic indirect sur
Diagnostic direct
Maladie
sérum des avortées
(technique et prélèvements)
Anaplasma
Immunofluorescence
.Frottis sanguin / Prise de sang
phagocytophilum
indirecte
.PCR / Sang, houppe cotylédonaire, organe avorton
Brucella spp
. ELISA indirecte -EAT-FC
.Bactériologie / Ecouvillon cervical
Brucellose
(+ Epreuve cutanée
.PCR / Ecouvillon cervical
Ehrlichiose
allergique)
Campylobacter
ELISA
Campylobactériose
.PCR / Ecouvillon cervical
.Bactériologie / Contenu stomacal, foie, poumon,
placentome
.Immunohistochimie / Poumons, intestins de
l’avorton
Chlamydophila
ELISA
abortus
.PCR / Ecouvillon cervical, placenta, rate avorton
.Immunohistochimie / tissus avorton
Chlamydophilose
Coxiella burnetii
ELISA
Fièvre Q
.PCR / Ecouvillon cervical, placenta, rate, contenu
stomacal avorton
Leptospira
ELISA - Micro-
.Bactériologie / urine de la mère ou tissus de
Leptospirose
agglutination
l’avorton
.Observation au microscope au fond noir / fluides
fœtaux
.Immunohistochimie / reins fœtaux
.PCR / Placenta, tissus de l’avorton
Listeria
.Bactériologie / Placenta, foie avorton
Listériose
Salmonella
.Bactériologie / Placenta, foie avorton
Salmonellose
.PCR / contenu stomacal, foie avorton, écouvillon
endocervical
220
b) Mise en évidence des agents viraux
Les techniques de mise en évidence de l’agent infectieux diffèrent selon le virus suspecté.
¤ Tableau n°16 : Différentes techniques permettant la mise en évidence d’agents viraux
impliqués dans les avortements bovins (45) ¤
Agent viral
Diagnostic indirect sur
Diagnostic direct
Maladie
sérum des avortées
(technique et prélèvements)
BVDV
ELISA anticorps p80
.PCR / Fluides de la mère, fluides fœtaux,
Diarrhée virale bovine
Séroneutralisation
peau, tissus frais
.ELISA antigène E0 / Sérum avortée
.Virologie / sang total de la mère, organes
lymphoïdes du fœtus
.Immunohistochimie / cartilage
auriculaire
IBR
ELISA indirecte, en
Rhinotrachéite infectieuse
compétition gB ou gE
bovine
FCO
ELISA en compétition
.PCR / Rate avorton, sang de l’avortée
Fièvre catarrhale ovine
Immunodiffusion en gélose
.Virologie / sang, rate, cœur, nœud
lymphatique de la mère
SBV
ELISA indirecte
Virus de Schmallenberg
.PCR / Encéphale, cordon ombilical,
moelle épinière avorton
c) Mise en évidence des protozoaires
Neospora caninum et Tritrichomonas fœtus peuvent être mis en évidence grâce à un
diagnostic direct ou indirect.
221
¤ Tableau n°17 : Différentes techniques permettant la mise en évidence des deux principaux
protozoaires impliqués dans les avortements bovins (45) ¤
Protozoaire
Diagnostic indirect sur sérum
Diagnostic direct
Maladie
des avortées
(technique et prélèvements)
Neospora caninum
ELISA
.PCR / placenta, encéphale,
Néosporose
IFAT
cœur avorton
« Immunoblot »
.Immunohistochimie / cerveau,
Test d’agglutination
poumon, muscle squelettique du
fœtus
Tritrichomonas fœtus
ELISA
.Culture / Sécrétions génitales
Trichomonose
Micro-agglutination
.Observation au microscope optique
/ Sécrétions génitales
d) Mise en évidence des agents mycosiques
Lors d’avortement mycosique, l’avorton présente des lésions fortement évocatrices,
mais il est possible de confirmer cette hypothèse en réalisant des analyses de laboratoire.
¤ Tableau n°18 : Différentes techniques permettant la mise en évidence d’agents
mycosiques impliqués dans les avortements bovins (45) ¤
Agent infectieux
Diagnostic indirect sur sérum
Diagnostic direct
Maladie
des avortées
(technique et prélèvements)
Mucorales
Non utilisé en routine
.Histologie / placenta, tissus fœtaux.
Aspergillaceae
.Culture sur milieu de Sabouraud /
Mycoses
placenta, cotylédons
.Observation au microscope optique
/ placenta, tissus fœtaux, écouvillon
endocervical
222
4. Méthode de recherche d’agent abortif non infectieux dans l’alimentation
Lors d’intoxication par ingestion de plantes toxiques, on peut faire un prélèvement des
plantes concernées (à l’état frais ou sec) et demander une identification à un laboratoire
spécialisé (ex : VetAgro Sup, Laboratoire de toxicologie, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy
l’Etoile).
Si on suspecte un phénomène d’hyper-œstrogénisme consécutif à l’ingestion de phytoœstrogènes, il est possible de faire doser les phyto-œstrogènes présents dans l’aliment. Il
s’agit d’un problème bien connu en Australie, bien plus rare en Europe.
Lors de suspicion de mycotoxicose, on peut envoyer un échantillon de l’aliment en
cause à un laboratoire réalisant des dosages de mycotoxines.
Enfin, si on suspecte des polluants alimentaires d’être à l’origine d’avortements, on
peut demander un dosage de plomb ou de nitrates dans l’aliment concerné.
E) Comparaison de différents protocoles proposés dans le cadre des
avortements bovins
1. Protocole national de diagnostic différentiel des avortements chez les
bovins
Un groupe de travail appelé UMT (unité mixte technologique) Maîtrise de la santé des
troupeaux bovins a travaillé sur l’élaboration d’un protocole nationale systématique
applicable aux cas d’avortements bovins en série (52).
Les maladies à tester en priorité ont été regroupées dans le « pack 1ère intention ». Il
s’agit de la néosporose, de la BVD et de la fièvre Q. Ce sont des affections à envisager lors
d’avortements en série car la prévalence des avortements liés à ces trois affections est
importante, les méthodes diagnostiques associées sont performantes, les conséquences
223
économiques de ces maladies au sein des élevages sont graves et il existe un risque
zoonotique concernant C. burnetii (52).
En plus de ces trois affections et selon la situation épidémiologique locale et les risques
zoonotiques liés à une éventuelle transformation laitière, on peut ajouter la salmonellose et
la listériose (52).
En deuxième intention, il faudra envisager une origine mycosique, la chlamydophilose,
la fièvre catarrhale ovine, la leptospirose, l’IBR et le virus de Schmallenberg (52).
Différentes recommandations en termes de prélèvements et d’analyses de laboratoire sont
énoncées et regroupées dans les tableaux n°19 à 28.
¤ Tableau n°19 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la fièvre Q (52) ¤
Prélèvements
.Ecouvillon endocervical / Placenta / Organes de l’avorton (rate, foie) /
Liquide stomacal de l’avorton
.Sérum de 6 vaches ayant avorté depuis au moins 15 jours ou à défaut
des vaches à problèmes de reproduction
Analyses
.PCR en temps réel (RT-PCR)
.ELISA à réaliser selon les résultats de la PCR (cf protocole ACERSA)
Interprétation
des résultats
Elevage cliniquement atteint de Fièvre Q si :
 2 RT-PCR + (avec au moins 104 bactéries par écouvillon) et/ou
PCR + sur avorton
Ou
 1 résultat RT-PCR + (avec au moins 104 bactéries par
écouvillon) et/ou PCR + sur avorton et une séroprévalence ≥
50% sur l’échantillon de vaches à problèmes.
224
¤ Tableau n°20 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la néosporose (52) ¤
Prélèvements
Sérum de 6 vaches ayant avorté depuis au moins 15 jours ou à défaut
des vaches à problèmes de reproduction
Analyses
ELISA
Interprétation
Imputabilité de la série d’avortements à la néosporose :
des résultats
 Très forte : au moins 2 sérologies positives sur 3 des femelles
ayant avorté
 Possible, présomption ++ : au moins 4 sérologies positives sur
les 6 prélèvements (avortées + congénères avec problème de
reproduction)
 Peu probable : lorsque toutes les sérologies sont négatives
225
¤ Tableau n°21 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la BVD (52) ¤
Prélèvements
Sérum de 6 vaches ayant avorté depuis au moins 15 jours ou à défaut
des vaches à problèmes de reproduction
Analyses
ELISA p80
Interprétation
Imputabilité de la série d’avortements à la BVD :
des résultats
 Peu probable :
-
toutes les vaches avortées sont séronégatives
ou
-
1 seule vache séropositive sur les 6 vaches prélevées
Si le cheptel est largement séropositif :
 Possible, présomption ++ : 2 à 3 sérologies positives sur les 6
vaches prélevées
 Forte : de 4 à 6 sérologies positives sur les 6 vaches prélevées
Si le cheptel est largement séropositif : réaliser une nouvelle série de
prélèvements sur 6 à 10 bovins sentinelles âgés de 6 à 8 mois en
contact avec le troupeau reproducteur ou sur les vaches
précédemment prélevées 15 jours après la première prise de sang
 Possible, présomption ++ :
-
si au moins 2/3 des jeunes bovins sentinelles prélevés sont
séropositifs
ou
-
une ou plusieurs séroconversion(s) parmi les vaches prélevées
deux fois et qui étaient séronégatives à la première prise de
sang
226
¤ Tableau n°22 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la salmonellose (52) ¤
Prélèvements
Avorton : liquide stomacal, rate, foie / Ecouvillon endocervical
Analyses
Bactériologie et identification du sérovar
Interprétation
Imputabilité de la série d’avortements à la salmonellose :
des résultats
 Très forte : sérovar isolé en culture pure
 Possible, présomption ++ : sérovar isolé en culture parmi
d’autres bactéries
 Non exclue, présomption + : faible nombre de colonies de
sérovar isolé parmi d’autres bactéries
¤ Tableau n°23 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la listériose (52) ¤
Prélèvements
Avorton : liquide stomacal, foie / Ecouvillon endocervical
Analyses
Bactériologie et identification de Listeria monocytogenes
Interprétation
Imputabilité de la série d’avortements à la listériose :
des résultats
 Très forte : Listeria monocytogenes isolée en culture pure
 Possible, présomption ++ : Listeria monocytogenes isolée en
culture parmi d’autres bactéries
 Non exclue, présomption + : faible nombre de colonies de
Listeria monocytogenes parmi d’autres bactéries
227
¤ Tableau n°24 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant les avortements mycosiques (52) ¤
Prélèvements
Cotylédons fœtaux lésés prélevés dans l’utérus
et/ou liquide stomacal de l’avorton
Analyses
.Mise en culture du liquide stomacal ou des lésions placentaires
.Si possible : histologie des lésions sur placenta prélevé dans l’utérus
en cas de culture positive
Interprétation
.Présomption forte : culture du liquide stomacal positive
des résultats
.Diagnostic de certitude : histologie positive
¤ Tableau n°25 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la chlamydophilose (52) ¤
Prélèvements
Ecouvillon endocervical / Placenta prélevé dans l’utérus / liquide
stomacal de l’avorton
Analyses
PCR Chlamydophila toutes espèces
Interprétation
Positif si : PCR positive avec éventuelle confirmation de l’espèce de
des résultats
Chlamydophila à l’ANSES
¤ Tableau n°26 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la leptospirose (52) ¤
Prélèvements
Ecouvillon endocervical / Placenta prélevé dans l’utérus / Liquide
stomacal de l’avorton
Analyses
PCR ciblant les leptospires pathogènes
Interprétation
Positif si : PCR positive
des résultats
228
¤ Tableau n°27 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant l’IBR (52) ¤
Prélèvements
.Sérum de 6 vaches
.Lait de grand mélange
Analyses
ELISA
Interprétation
Positif si :
des résultats
.Séroconversion pour au moins une des vaches prélevées
.Résultat de sérologie positif pour le lait de grand mélange
¤ Tableau n°28 : Recommandations en terme de prélèvements, de demande d’analyses de
laboratoire et d’interprétation des résultats concernant la FCO (52) ¤
Prélèvements
Sang total sur tube EDTA du ou des vache(s) avortée(s)
Analyses
RT-PCR
Interprétation
Présomption forte : Prise en compte du Ct (« Cycle threshold »=
des résultats
nombre de cycles d’amplification au cours de la PCR) et confirmation
au laboratoire de référence
2. Protocole proposé par un GDS d’un département principalement allaitant :
la Saône et Loire
La Saône et Loire, département principalement allaitant a élaboré un protocole
d’aide au diagnostic des avortements bovins basé sur le travail de l’UMT Maîtrise de la santé
des troupeaux bovins (164).
229
Ils conseillent la réalisation de diverses analyses en prenant en compte différents critères
(164) :
-
avortement isolé ou en série
-
deuxième avortement en moins de 30 jours.
La démarche peut être résumée par la figure n°49.
¤ Figure n°49 : Protocole de demande d’analyses proposé par le GDS 71 lors d’avortement
bovin (164) ¤
230
Ainsi, selon les critères d’avortements en série et d’avortements rapprochés dans le temps,
le GDS propose de réaliser, en plus de l’analyse brucellose qui est obligatoire, une analyse
fièvre Q et/ou le « pack avortements » (164).
Ce « pack avortements » permet la réalisation d’analyses supplémentaires concernant la
vache ayant avorté et l’avorton. En première intention, il s’agit d’une PCR Fièvre Q, d’une
PCR en temps réel BVD et d’une PCR Néosporose. En deuxième intention, on peut demander
une PCR Ehrlichiose, une PCR Leptospirose, une PCR BHV-4, une bactériologie salmonellose,
une bactériologie listériose et/ou une mycologie (164).
Les 3 agents à demander en première intention sont donc les mêmes que pour le protocole
nationale de diagnostic différentiel des avortements (52). Mais les agents abortifs à
demander en deuxième intention différent : selon le GDS 71, il serait judicieux de demander
la recherche de BHV-4, un Herpes virus proche de celui de l’IBR en émergence et à l’origine
d’avortements bovins. De plus, la FCO et la chlamydophilose ne sont pas cités dans les
agents abortifs à rechercher en deuxième intention (52). Depuis la vague de FCO survenue
en France entre 2006 et 2008, les bovins semblent s’être immunisés contre ce virus et il ne
s’agit plus à l’heure actuelle d’un agent abortif majeur. Enfin, la chlamydophilose semble
être plus un agent pathogène évoluant à bas bruit plutôt qu’un agent abortif majeur. C’est
probablement la raison pour laquelle le GDS ne recommande pas la recherche de la FCO et
de la chlamydophilose en deuxième intention.
Concernant ses congénères, on peut demander en deuxième intention une sérologie Fièvre
Q, une sérologie néosporose et/ou une sérologie leptospirose (164).
Les types d’analyses demandées sont résumés dans les tableaux n°29 à n°32.
231
¤ Tableau n°29 : Types d’analyses conseillées par le GDS 71 concernant la brucellose et lors
de la survenue d’un deuxième avortement en moins de 30 jours (164) ¤
Obligatoire
Obligatoire
si 2ème avortement
en moins de 30 jours
Analyse
Prélèvement(s)
Sérologie
PCR Quantitative
Brucellose
Fièvre Q
Prise de sang vache avortée (tube sec)
Ecouvillon endocervical
Ecouvillon endocervical
¤ Tableau n°30 : Types d’analyses proposées sur la vache avortée et son fœtus en première
intention lors de l’utilisation du pack avortements (164) ¤
Analyses complémentaires facultatives
1ère intention
Analyses
Prélèvements
PCR
PCR
quantitative
En temps réel
Fièvre Q
BVD
Néosporose
Ecouvillon
Rate de l’avorton
Encéphale avorton
endocervical
PCR
si impossible : foie ou cœur
232
¤ Tableau n°31 : Types d’analyses proposées sur la vache ayant avorté et son fœtus en
deuxième intention lors de l’utilisation du pack avortements (164) ¤
Analyses complémentaires facultatives
2ème intention
Analyses
PCR
PCR
PCR
Bactériologie
Bactériologie
Mycologie
Ehrlichiose
Leptospirose
BHV4
Salmonellose
Listériose
Prélève-
Ecouvillon
Ecouvillon
Ecouvillon
Ecouvillon EC
Ecouvillon EC
Ecouvillon
-ments
EC
EC
EC
Ou
Ou
houppe
Ou
Ou
Ou
contenu
contenu
placentaire
rate de
rein de
rate de
stomacal,
stomacal,
lésée
l’avorton
l’avorton
l’avorton
foie ou rate
foie ou rate
de l’avorton
de l’avorton
Ecouvillon EC : écouvillon endocervical.
¤ Tableau n°32 : Types d’analyses proposées sur les congénères de la vache ayant avorté en
deuxième intention lors de l’utilisation du pack avortements (164) ¤
Analyses complémentaires facultatives
2ème intention
Analyses
Prélèvements
Sérologie
Sérologie
Sérologie
Fièvre Q
Néosporose
Leptospirose
Prise de sang
Prise de sang
Prise de sang
Le GDS Saône et Loire propose une aide financière pour des analyses réalisées dans le cadre
d’avortements bovins.
Les coûts d’analyse et de prélèvements sont toujours remboursés pour la brucellose quel
que soit le département dans lequel se trouve l’élevage.
Lorsqu’il s’agit du deuxième avortement en moins de 30 jours, il est obligatoire, selon le GDS
71, de demander la recherche de la fièvre Q. Cette analyse qui coûte environ 65 euros est
entièrement remboursée par le GDS (164).
233
La réalisation du « pack avortements » en première intention a un coût d’environ 144 euros,
le prix du pack avortement en première intention avec réalisation de bactériologie et
mycologie s’élève à 250 euros et l’association du « pack avortements » en première et en
deuxième intention coûte 472 euros. Ces analyses sont remboursées à au moins 50% par le
GDS et le conseil général de Saône et Loire (164).
3. Protocole proposé par un GDS d’un département principalement laitier : la
Manche
Au niveau du GDS de la Manche, département principalement laitier, il existe deux
niveaux de cotisations au GDS : la moins onéreuse permet de cotiser à la caisse simple et la
plus coûteuse à la caisse complémentaire. Cela permet d’être plus ou moins remboursé lors
des demandes d’analyses dans le cadre des avortements (165).
Il propose deux types de protocoles : le protocole avortement bovin et le protocole
avortement cheptel. Le premier est plus adapté à la survenue d’avortements isolés et le
second aux avortements en série.
Le protocole avortement bovin permet la mise en œuvre d’analyses de laboratoire
uniquement sur la vache ayant avorté. Les prélèvements peuvent être du sang total, le
placenta ou mucus vaginal et l’avorton. Selon le type de prélèvement, diverses analyses
peuvent être réalisées, comme résumé dans le tableau n°33.
234
¤ Tableau n°33 : Tableau regroupant les prélèvements et analyses recommandés dans le
cadre du protocole avortement bovin proposé par le GDS 50 (165) ¤
Prélèvement(s)
Analyse(s)
Sang
Sérologie néosporose
Placenta ou
PCR BVD
mucus vaginal
Fièvre Q
Bactériologie salmonellose
Avorton soumis à
Mycologie
l’autopsie
Bactériologie
Sérologie néosporose
Les conditions pour pouvoir entrer dans le protocole sont :
-
d’être adhérent au GDS de la Manche,
-
pour les cotisants à la caisse simple : avoir déclaré un avortement dans les 6 mois,
-
pour les cotisants à la caisse complémentaire : au 1er avortement déclaré.
Le GDS de la Manche rembourse les frais d’analyses à hauteur de 75% hors taxe des frais
d’analyse.
Le
protocole
avortement
cheptel
permet
la
réalisation
de
recherches
complémentaires concernant la BVD-MD, la fièvre Q, la leptospirose, la néosporose, le BHV4, la chlamydophilose et l’ehrlichiose.
Les analyses concernent 10 femelles dont 5 vaches ayant avorté ou ayant eu un retour en
chaleur décalé et 5 autres qui n’ont pas avorté et ont, dans l’idéal, été achetées ou ayant
récemment vêlé.
Les conditions pour entrer dans le protocole avortement cheptel sont les suivantes :
-
être adhérent au GDS de la Manche,
-
pour les cotisants à la caisse simple : dès le 3ème avortement sur 6 mois et
systématiquement dès le 4ème avortement sur 12 mois,
235
-
pour les cotisants à la caisse complémentaire : dès le 1er avortement et
systématiquement dès le 4ème avortement sur 12 mois.
Le GDS de la Manche rembourse les frais d’analyses à hauteur de 50% hors taxe pour les
cotisants de la caisse simple et 75% hors taxe pour les cotisants de la caisse complémentaire.
236
Quatrieme partie
Protocole d’aide au diagnostic étiologique
A) Intérêts de l’utilisation d’un protocole systématique lors d’avortements bovins
L’utilisation systématique d’un protocole lors d’avortements bovins présente plusieurs
intérêts (166) :
-
augmenter le nombre de déclarations d’avortements dans le but de maintenir la
vigilance vis-à-vis d’agents infectieux tels que Brucella abortus,
-
rechercher d’autres agents abortifs que Brucella abortus,
-
augmenter le taux d’élucidation de l’étiologie des avortements bovins.
Il convient surtout de l’utiliser lors de la survenue d’avortements en série en élevage bovin.
Le principal obstacle à sa réalisation est le coût engendré par les analyses de laboratoire, et
ceci malgré le fait que de nombreux GDS remboursent une partie des frais avancés par
l’éleveur.
B) Demande de recherche d’agents infectieux pouvant être impliqués dans
les avortements
Selon Guatteo et ses collaborateurs, les agents à rechercher en première intention
sont : Neospora caninum, le virus de la BVD et Coxiella burnetii (167).
Les raisons du choix de ces trois agents pathogènes sont (167):
-
un rôle abortif démontré et une prévalence apparente élevée,
237
-
des méthodes de diagnostic performantes et une convergence des résultats
d’analyses,
-
la possibilité de mise en place de mesures prophylactiques efficaces,
-
un possible rôle zoonotique (C. burnetii).
Cette recherche est à mettre en œuvre quels que soient le stade de gestation, le statut de la
femelle qui avorte (primi- ou multipare), ou les signes cliniques présents (ceux-ci ne peuvent
être que des indicateurs d’une affection mais ne sont que rarement pathognomoniques d’un
agent pathogène).
¤ Tableau n°34 : Signes cliniques lors d’avortement dû à l’un des 3 agents à rechercher en
première intention lors d’avortements bovins en série (167) ¤
Agents abortifs
Concomitance d’autres signes cliniques
Neospora caninum
Retours en chaleurs
Virus de la BVD
Veaux présentant des troubles neurologiques et/ou malformés
Coxiella burnetii
Métrites récidivantes, incurables
Il existe, à partir des résultats d’analyses de laboratoire, divers critères d’implication de ces
agents pathogènes dans les avortements en cause.
Les recommandations concernant la fièvre Q sont proposées par l’ACERSA (167) et celles
pour le virus de la BVD et la néosporose sont émises par le groupe de travail UMT (unité
mixte technologique) Maîtrise de la Santé des Troupeaux Bovins (58).
Le prélèvement nommé « placenta » dans les tableaux suivants correspond à des houppes
chorioniques prélevées directement in utero. En effet, ces houppes sont l’objet d’une
autolyse et d’une contamination très rapide (quelques heures) lorsqu’elles sont sur la litière.
Cette autolyse et cette contamination microbienne rendent les analyses inutiles.
238
¤ Tableau n°35 : Prélèvements (les prélèvements préférentiels sont en italique), analyses de
laboratoire, critères d’imputabilité et niveaux de diagnostic concernant les agents abortifs
recherchés en première intention lors d’avortements bovins en série (167), (168)¤
Agents
Prélèvements
Analy-
Critères
abortifs
(préférentiels)
ses
d’imputa-
Niveau de diagnostic
bilité
Neospora
Encéphale
PCR
PCR+
+
caninum
Sérum de 6 vaches
ELISA
≥ 3 séro+
Présomption modérée à forte
avortées ou qui
1 ou 2
Présomption modérée concernant
reviennent en chaleur
séro+
l’avortement, faible pour le groupe
(dont 3 primipares,
(explorer d’autres causes)
0 séro+
+
Coxiella
Placenta
PCR
PCR+ et ≥ 4
burnetii
Ecouvillon cervical
temps
séro+
Liquide stomacal
réel
PCR+ et 2
Certitude pour l’avortement en
ou 3 séro+
cours (explorer d’autres causes
PCR+ et ≤ 1
pour les autres avortements)
Sérum de 6 vaches
ELISA
(dont 3 primipares,
séro+
avortées ou avec
PCR- et ≥ 3
métrite)
séro+
PCR- et 1
Suspicion faible à modérée
Suspicion très faible
ou 2 séro+
PCR- et 0
-
séro+
Virus de la
Placenta
PCR
PCR + sur
BVD
Ecouvillon cervical
temps
organes
Rate
réel
avorton
Sérum de 6 vaches
ELISA
≥ 3 séro+
Présomption modérée à forte
(dont 3 primipares,
p80
1 ou 2
Présomption modérée concernant
séro+
l’avortement en cours, faible pour
avortées ou avec
anœstrus, infertilité)
+
les autres avortements
0 séro+
-
239
+ : diagnostic positif de certitude, - : diagnostic négatif de certitude, « séro+ »= séropositive,
« PCR+ »= résultat de la PCR positif
La démarche à suivre en première intention peut être résumée par la figure n°50.
¤ Figure n°50 : Conduite à tenir en première intention lors d’avortements en série en élevage
bovin (167) ¤
EC : écouvillon endocervical, les doubles flèches correspondent aux prélèvements à réaliser
préférentiellement
La recherche d’autres agents infectieux peut être demandée en deuxième intention ou lors
de contextes épidémiologiques particuliers (167) :
-
IBR : A rechercher lorsque le cheptel est non indemne et dans une région où la
prévalence sérologique de l’IBR est non négligeable (cf Figure n°23 p.130),
240
-
Leptospirose : A rechercher lors de l’existence de facteurs de risques tels que le
pâturage dans des zones humides, la présence de rongeurs dans les bâtiments
d’élevage ou le contact avec une faune sauvage potentiellement contaminée
(renards, chevreuils, sangliers),
-
Ehrlichiose : A rechercher pendant la période d’activité saisonnière des tiques
(printemps, automne) et plus encore lorsque l’on observe des tiques sur les animaux,
-
Campylobactériose et trichomonose : A rechercher lors de l’utilisation de la monte
naturelle et plus encore lors de l’arrivée d’un nouveau taureau non dépisté,
-
Chlamydophilose et toxoplasmose : A rechercher lors de la coexistence de petits
ruminants avec les bovins dans l’élevage.
-
Salmonellose : A rechercher lors de l’existence d’oiseaux sauvages ou de volailles
dans l’élevage.
La présence de signes cliniques sur les vaches ayant avorté, sur leurs congénères, sur les
mâles de l’élevage ou sur les veaux, peut également orienter la demande d’analyses (167) :
-
Chlamydophilose : Métrites et troubles oculaires (conjonctivites), pulmonaires, ou
existence d’arthrites sur les veaux,
-
IBR et FCO : Atteinte des muqueuses (ulcères, catarrhe),
-
Salmonellose : Diarrhée profuse, nécrotico-hémorragique et hyperthermisante chez
les adultes. Septicémie et pneumonies chez les plus jeunes,
-
Listériose et néosporose : Troubles nerveux (hémiparalysie faciale / ataxie, déficit de
proprioception des veaux),
-
BVD
et
FCO :
Malformation
congénitale
du
système
nerveux
central
(hydranencéphalie, anomalie cérébelleuse).
-
Schmallenberg : Avortons avec arthrogrypose, torticolis, ankylose, lordose, scoliose.
Les agents abortifs à rechercher en deuxième intention sont Salmonella, Listeria
monocytogenes, Chlamydophila abortus, BoHV-4, Anaplasma phagocytophilum et Leptospira
(167).
241
¤ Tableau n°36 : Prélèvements et analyses de laboratoire des agents abortifs recherchés en
deuxième intention lors d’avortements bovins en série (167) (166) ¤
Agents abortifs
Prélèvements
Analyse
(préférentiels)
Salmonella
Placenta
Bactériologie
Ecouvillon endo-cervical
Liquide stomacal de l’avorton
Listeria monocytogenes
Placenta
Bactériologie
Ecouvillon endo-cervical
Liquide stomacal de l’avorton
Chlamydophila abortus
Placenta
PCR temps réel
Ecouvillon endo-cervical
Liquide stomacal de l’avorton
BHV-4
Sérum de 6 vaches (dont 3 primipares,
ELISA (spécifique de
avortées ou à problèmes de reproduction)
C. abortus)
Placenta
Virologie
Ecouvillon endo-cervical
Rate de l’avorton
Sérum de 6 vaches (dont 3 primipares,
ELISA
avortées ou à problèmes de reproduction)
Anaplasma
Sang total (EDTA) de la vache ayant PCR
phagocytophilum
avorté, dans la semaine qui suit
Sérum sur vaches anciennement avortées
IFI
(> 3 semaines) ou avec syndrome fébrile
Leptospira interrogans
Placenta
PCR (cible les
hardjo, pomona
leptospires
(icterohaemorrhagiae
pathogènes)
grippotyphosa)
Sérum de 6 vaches (dont 3 primipares,
MAT
avortées ou à problèmes de reproduction)
242
¤ Tableau n°37 : Résultats d’analyses et niveaux de diagnostic concernant les agents abortifs
à rechercher en deuxième intention (168) (167) ¤
Agents abortifs
Salmonella
Résultats d’analyses
Niveau de diagnostic
Isolement en culture pure et
+
identification du sérovar
Listeria monocytogenes
Isolement en culture pure et
+
identification du sérovar
Chlamydophila abortus
PCR+ et ≥ 4 séro+
PCR+ et ≤ 3 séro+
PCR- et 0 séro+
BHV-4
Virologie +, résultats de
+
Forte présomption
Pas de consensus
sérologie
Anaplasma phagocytophilum PCR+
Leptospira
+
≥ 4 séro+
Suspicion modérée à forte
≤ 3 séro+
Suspicion faible
≥ 4 séro+ et
Forte suspicion
taux élevés > 1/400
2 séro+
Suspicion faible
0 séro+
-
+ : diagnostic positif de certitude, - : diagnostic négatif de certitude, « séro+ »= séropositive,
« PCR+ »= résultat de la PCR positif
D’autres agents infectieux peuvent être recherchés en troisième intention ou lors de
contextes épidémio-cliniques favorables : Campylobacter, virus de la FCO, virus de l’IBR, la
besnoitiose, la toxoplasmose et le virus de Schmallenberg.
243
¤ Tableau n°38 : Prélèvements, analyses de laboratoire et critères d’imputabilité des agents
abortifs recherchés en troisième intention (167) (138) ¤
Agent abortif
Prélèvements
Analyse de laboratoire
(préférentiels)
Campylobacter
Placenta
fœtus
Ecouvillon endo-
Critères
d’imputabilité
PCR (ciblant C. fœtus)
PCR +
PCR temps réel
Ct précoce (cf
cervical
Liquide stomacal de
l’avorton
Blue-tongue virus
Sang total (EDTA) de
la vache ayant avorté
valeur retenue par
le laboratoire
d’analyses)
IBR
Sérum de vaches
ELISA
Recherche de
séroconversion
quand historique
de lait de tank
négatif
Besnoitiose
Placenta
PCR
Ecouvillon endo-
PCR + et contexte
clinique évocateur
cervical
Toxoplasmose
Sérum sur vaches
ELISA et confirmation ELISA et western-
suspectes
au western-blot
blot +
Placenta
PCR
PCR +
Rt-qPCR
Rt-qPCR +
Ecouvillon endocervical
Liquide stomacal de
l’avorton
Virus de
Encéphale avorton
Schmallenberg
244
C) Démarche à suivre par le vétérinaire lors d’avortement en élevage bovin
1. Avorton disponible lors de la visite du vétérinaire
Il s’agit de la situation la plus favorable pour optimiser les chances de mettre en évidence
l’agent pathogène à l’origine de l’avortement. En effet, si l’on met en évidence un agent
pathogène à partir du prélèvement fœtal, nous avons la quasi-certitude (hors
contaminations possibles lors du prélèvement) que le fœtus a été en contact avec celui-ci. Il
est donc fort probable que cet agent soit à l’origine de l’avortement.
La première étape consiste à estimer l’âge du fœtus grâce aux critères cités dans la figure
n°2 page 10. Ensuite, on réalise les prélèvements.
Le prélèvement fœtal le plus indiqué lors d’avortement est le contenu de la caillette. Le
prélèvement de ce liquide stomacal est plus facile et présente moins de risque de
contamination lorsque l’on incise au préalable la peau et la paroi abdominale. Cela favorise
également le repérage de la caillette. La caillette est ponctionnée avec un vacutainer et le
liquide est collecté dans un tube sec. Le prélèvement peut aussi être réalisé avec une
seringue et une aiguille à usage unique. Dans ce cas le liquide recueilli est rapidement
transféré dans un flacon stérile ou un tube sec (160).
Lorsque le laboratoire d’analyse accepte de recevoir et de réaliser l’autopsie de
l’avorton, il est conseillé de lui faire parvenir au plus vite. On considère que si le fœtus a été
expulsé depuis moins de 24h, il est dans un état de conservation suffisamment acceptable
pour demander l’autopsie. Si l’avortement date de plusieurs jours, l’état de conservation du
fœtus peut ne pas être optimal et la décomposition peut être trop avancée pour que
l’autopsie puisse être concluante. Dans ce cas, le vétérinaire se contentera du liquide
stomacal, d’une portion de foie, rate et encéphale et, si possible, de sang fœtal.
En plus du prélèvement fœtal, il faut réaliser une prise de sang sur la vache ayant avorté.
Le prélèvement sanguin se fait sur tube sec et sur tube EDTA. En plus de cela, il est
245
fortement conseillé de réaliser trois écouvillons cervicaux ainsi qu’un prélèvement de
placenta. Multiplier les prélèvements permet d’augmenter de façon significative la
probabilité de mettre en évidence l’agent infectieux à l’origine de l’avortement.
Sur l’ensemble des prélèvements obtenus sur le fœtus et à partir de la vache ayant
avorté, il convient de demander en première intention la recherche du virus de la BVD, de
Neospora caninum et de Coxiella burnetii.
¤ Figure n°51 : Démarche à mettre en œuvre par le vétérinaire lors d’avortement bovin et
lorsque l’avorton est disponible (167) ¤
Lors de résultats d’analyses de laboratoire négatives, la recherche d’autres agents
pathogènes peut être demandée en deuxième intention, voire troisième intention. La liste
des agents pathogènes à demander en deuxième ou troisième intention est présentée dans
les tableaux n°36, n°37 et n°38.
246
2. Avorton non disponible
Lorsque l’avorton n’est pas disponible, il convient de réaliser les prélèvements sur la
vache ayant avorté. Les prélèvements et les analyses demandées sont les mêmes que ceux
présentés dans le 1).
Il est important dans ce cas de sensibiliser l’éleveur sur l’intérêt de conserver le fœtus lors
de demandes d’investigations concernant des avortements. Il devra être conservé, dans
l’idéal, dans un endroit frais, sans que d’autres animaux puissent y avoir accès (avorton
potentiellement contaminant et pour éviter qu’il soit consommé par des animaux errants).
3. Avorton non disponible et placenta non disponible
Il s’agit du cas le plus fréquent mais le moins favorable au diagnostic étiologique.
Dans ce cas, on réalise une prise de sang sur la vache ayant avorté (sur tube sec et tube
EDTA) ainsi que 3 écouvillons cervicaux. Lors d’avortements répétés, on peut également
réaliser des prélèvements sanguins sur 6 congénères (dont 3 primipares et 3 avec des
problèmes de reproduction) selon les recommandations formulées dans le tableau n°35.
247
RESULTATS : Le pourcentage d’élucidation de l’étiologie des avortements reste très
décevant. Afin de maximiser les chances de mettre en évidence l’agent abortif, il est
important d’insister auprès de l’éleveur sur la nécessité de conserver l’avorton. La
réalisation d’une cinétique d’anticorps peut être un bon compromis lorsque l’on ne
dispose ni de l’avorton, ni du placenta.
CONCLUSION : Il est évident que ce type de protocole est à utiliser essentiellement lors
d’avortements en série. En effet, lors d’avortements isolés la problématique
diagnostique est différente et le coût des analyses trop important en regard des chances
d’élucidation.
Les difficultés et le coût du diagnostic imposent de réaliser des prélèvements de qualité,
au bon moment et de les acheminer au laboratoire dans de bonnes conditions. Les
prélèvements seront effectués à l’occasion d’une autopsie de l’avorton, autopsie qui, dans
les conditions idéales, devrait être effectuée au laboratoire.
248
249
250
1. Fediaevsky, E., Garin-Bastuji, B. et Mouton, F. Bilan de la surveillance de la brucellose
bovine en 2009: des contraintes de surveillance dans une situation assainie. Bulletin
Epidémiologie-Santé Animale-Alimentation. Novembre 2010, Numéro spécial MRC-Bilan
2009.
2. Guatteo, R. Les avortements infectieux chez les bovins...vers une démarche standardisée.
Autun, 2012. 27ème journée technique du GTV Bourgogne. pp. 4-16.
3. Gueneau, E. et Pelletier, C. Du côté du laboratoire d'analyses: que pouvez-vous faire?
Autun, 2012. 27ème journée technique des GTV Bourgogne. pp. 18-26.
4. FEADER fond européen agricole pour le développement rural, VetAgro Sup campus
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BRICOUT Jeanne
Contribution à l'étude des avortements chez la vache: mise en place d'un protocole en
vue du diagnostic étiologique
Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, le 19 septembre 2014
RESUME :
Le diagnostic étiologique des avortements bovins est difficile car les agents abortifs
sont nombreux, les analyses de laboratoire sont coûteuses et les résultats souvent décevants.
Le vétérinaire joue donc un rôle primordial dans la mise en œuvre de la démarche
diagnostique, notamment le choix des agents à rechercher.
Le but de ce travail est de présenter un protocole applicable aux avortements bovins.
Ce protocole a pour objectif d’augmenter les chances de mettre en évidence l’agent impliqué.
Un rappel des règles de prélèvement et d’envoi des échantillons est présenté ainsi que les
recommandations concernant les demandes d’analyse, en première intention puis lors de
résultats négatifs en seconde intention.
MOTS CLES :
- Avortement
- Bovins
- Etiologie
- Diagnostic
JURY :
Président :
Monsieur le Professeur CLARIS Olivier
1er Assesseur :
2ème Assesseur :
Monsieur le Professeur GUERIN Pierre
Monsieur le Professeur BRUYERE Pierre
DATE DE SOUTENANCE : 19 septembre 2014
ADRESSE DE L’AUTEUR :
19 rue Jean Racine
02270 Assis sur Serre
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