AIDE AU DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE DES AVORTEMENTS INFECTIEUX DES BOVINS Les avortements chez la vache sont à déclaration obligatoire, dans le cadre de la prophylaxie de la brucellose. Toutefois, cette maladie contagieuse étant devenue plus rare, la vigilance s’amoindrit et le nombre de déclarations diminue régulièrement. Pourtant, l’avortement reste le principal signe clinique traduisant la présence de la brucellose et le meilleur moyen de déceler rapidement une nouvelle infection. Dans leur ensemble, les avortements peuvent avoir des causes variées : traumatique, toxique, Petite définition de l’avortement La définition de l’avortement agent infectieux parasitaire, bactérien ou viral. reste Leur identification est souvent difficile et les nombreuses mais elles ne sont jamais analyses nécessaires peuvent représenter un coût totalement satisfaisantes. Dans le non négligeable. l’incidence Pour économique un des élevage donné, avortements est délicate. période. en existe de cadre de notre action, et en pratique, nous retiendrons de l’avortement une définition importante, surtout s’ils sont répétés sur une courte Il l’expulsion plus constatée restrictive : d’un plusieurs fœtus ou d’un veau mort. LES 9 INFECTIONS RECONNUES COMME PRESENTES EN VENDEE : ⌦ La BVD La diarrhée à virus des bovins (ou maladie des muqueuses) est une maladie de la reproduction. L’effet pathogène du virus varie selon le moment de la gestation. Outre les symptômes généraux qui peuvent passer inaperçus sur les bovins adultes, l’infection de la femelle reproductrice peut se traduire par de l’infertilité, des retours en chaleurs, des avortements avec ou sans momification fœtale, de la mortinatalité ou encore par la naissance de veaux IPI (Infectés Permanents Immunotolérants) chétifs ou parfois normaux. Dans un lot de reproduction, outre les troubles de fécondité, l’infection se déclare souvent par la survenue de plusieurs avortements en quelques semaines ou en quelques mois. ⌦ La Fièvre Q Cette infection bactérienne serait responsable de 1 à 3 pour cent des avortements chez les bovins. La maladie est contagieuse à l’homme et aux autres mammifères, ceux-ci se contaminant par voie orale ou respiratoire, ou encore à partir de tiques infectées. ou L’agent infectieux (Coxiella burnetti) est très résistant dans le milieu extérieur, puisqu’il peut survivre pendant sept mois dans la poussière. Cela veut dire qu’un avortement pourra être une source de contamination durable dans un local. La Fièvre Q est responsable chez la vache d’avortements à tous les stades de gestation, mais elle provoque surtout des vêlages prématurés. D’une façon générale, cette maladie reste relativement bénigne dans l’espèce bovine. Toutefois, elle peut être responsable d’épidémies de métrite dans certains troupeaux. ⌦ La Chlamydiose Egalement maladie bactérienne, la Chlamydiose ne paraît pas fréquente en Pays de la Loire, contrairement à d’autres régions ou d’autres pays. Dans notre région, Chlamydia psittaci produit quelques avortements sporadiques par troupeau au cours du dernier tiers de gestation. Les avortements peuvent être suivis de métrite mais la Chlamydiose est parfois responsable d’épidémies de métrite sans avortement, de cycles irréguliers, de mammites, d’infections pulmonaires, etc. ⌦ La Leptospirose La Leptospirose est une maladie bactérienne contagieuse à l’homme et commune à plusieurs espèces animales domestiques et sauvages. Chez les bovins, elle serait responsable de 3 pour cent des avortements. La maladie peut aussi se traduire par la naissance à terme de veaux malades, suivie de non délivrance, d’endométrite et de stérilité. Les bovins se contaminent par voie cutanée (au contact d’eau contaminée), aussi par voie orale. Les rongeurs (rats, ragondins) sont les principaux porteurs et vecteurs de leptospires, qui souillent et contaminent les eaux de boisson et les aliments (ensilages) par leurs urines. Cette maladie semble en expansion et mérite une attention particulière. La Vendée est très concernée. ⌦ La Néosporose Cette maladie est due à un parasite, Neospora caninum. Les femelles gestantes infectées par ce protozoaire vont avorter ou donner naissance à des nouveaux-nés qui pourront présenter des signes nerveux et des paralysies. Les avortements surviennent en général entre le 4ème et le 7ème mois. Les espèces les plus sensibles sont les chiens et les bovins, le chien est le seul hôte définitif actuellement identifié, c’est-à-dire qu’il est nécessaire au déroulement du cycle parasitaire qui permet la transmission horizontale entre bovins. Le chien peut se contaminer en consommant des délivrances ou des fœtus de vaches infestées, puis excréter des formes infestantes du parasite sur les aliments des bovins. L’autre voie de transmission entre bovins est la voie verticale de la mère à son veau (infestation du veau dans 80 pour cent des cas). Après contamination, l’infestation semble persister toute la vie de l’animal. Ainsi, une femelle infectée pourra transmettre Neospora à chaque génération et pas seulement lors de la primo-infection (« lignée de vaches avorteuses »). La Néosporose est considérée comme une cause majeure d’avortement, au regard des enquêtes sérologiques réalisées en France, 25 pour cent des vaches avortées présentant une séropositivité. ⌦ La Toxoplasmose La toxoplasmose est une anthropozoonose de répartition mondiale. Elle affecte l’homme et de nombreuses espèces animales domestiques et sauvages. Si une vache est contaminée pendant la gestation, l’infection peut se traduire par un avortement. Cependant, l’accident reste assez rare chez les bovins. Rappelons que le chat est le réservoir de l’agent pathogène, Toxoplasma gondii. La dissémination se fait par les kystes infectants qui souillent l’eau et les aliments. ⌦ Les mycoses Si le rôle abortif des champignons est connu depuis très longtemps chez la vache, leur importance reste difficile à cerner : 10 pour cent serait un chiffre raisonnable. L’avortement d’origine mycosique se manifeste principalement pendant la saison hivernale, chez les animaux en stabulation qui consomment des aliments plus ou moins bien conservés (ensilages et foin). La voie digestive reste la source principale de contamination. Les avortements, le plus souvent sporadiques, se manifestent deux à trois semaines après la distribution des aliments contaminés, du 3ème au 8ème mois de gestation. Outre l’avortement, l’interruption de la gestation se traduit aussi par un vêlage prématuré ou l’expulsion de mort-nés. De nombreuses espèces de champignons ont été isolées (y compris des levures) mais deux semblent dominer en Vendée : Aspergillus fumigatus et Mucor. ⌦ La Salmonellose Les avortements sporadiques dus à la salmonellose apparaissent souvent au cours d’automnes pluvieux, chez les génisses au pâturage, pendant leur 6ème, 7ème, et 8ème mois de gestation. Il est souvent observé quelques jours avant l’avortement des diarrhées aiguës dues à des entérites, des hépatites qui se manifestent par un ictère (jaunisse) et de la fièvre. On constate parfois des vêlages de veaux mort-nés hébergeant des salmonelles. Dans la région, les salmonelles les plus souvent isolées sont Salmonella typhimurium et Salmonella montevideo. Les sources d’infection possibles sont les pâturages ou l’eau contaminés par du purin, les eaux usées, les petits mammifères sauvages (campagnols, mulots) et les oiseaux. ⌦ La Listériose La Listériose provoque des avortements et de la mortinatalité, souvent dans le mois qui suit l’ouverture d’un silo d’ensilage mal conservé. L’avortement intervient en général entre le 4ème et le 8ème mois de gestation. Il est accompagné de fièvre, précédé ou suivi de diarrhée profuse. Peuvent s’ajouter une non délivrance, une métrite aiguë. On observe également des veaux naissant chétifs et non viables. La contamination se fait surtout par voie orale. Elle est assurée par les rongeurs, parasites réguliers des silos-couloirs, souvent porteurs chroniques et excréteurs de Listeria sp. par leur fèces. L’espèce isolée le plus fréquemment est Listeria monocytogenes (germe GRAM+). Sources bibliographiques GDS 44, 2000. – Dossier Avortement . Objectif sanitaire, n° 18, avril : 2 – 5 * Tainturier D., Fieni F., Bruyas J.-F. et Battut I., 1997. – Etiologie des avortements chez la vache. Le point vétérinaire, vol. 28, n° 183, mai : 13 – 20 * Tainturier D., Fieni F., Bruyas J.-F. et Battut I., 1997. – Conduite à tenir devant un avortement dans un élevage bovin. Le Point Vétérinaire, vol. 28, n° 183, mai : 21 – 25 * Hanzen Ch., 1998. – Caractéristiques cliniques et épidémiologiques des « avortements » dans l’espèce bovine. Compte rendu de la réunion annuelle du jeudi 29 janvier – Maison Alfort. A.E.R.A : 7 – 16. LE PROTOCOLE DU GDMA Le protocole élaboré implique l’éleveur et le vétérinaire. Son déclenchement et sa mise en œuvre sont soumis aux conditions suivantes : " A partir d’un 2ème avortement, le premier ayant eu lieu moins de 3 mois avant, " Les avortements doivent être déclarés, " L’éleveur doit être adhérent au GDMA. # Rôle de l’éleveur : $ Il a obligation de déclaration (prophylaxie brucellose), $ Il doit appeler le vétérinaire le plus tôt possible pour optimiser la qualité des prélèvements, $ Il s’implique dans le choix des protocoles d’analyses avec son vétérinaire : % un protocole simplifié, (recherche indirecte de l’agent infectieux), gratuit pour l’éleveur (prise en charge : Etat – GDMA). Examens sérologiques seuls, réalisés à partir du prélèvement de sang obligatoire « brucellose », pour les causes infectieuses suivantes : Néosporose, Fièvre Q, Chlamydiose, Leptospirose, Toxoplasmose. % un protocole complet (recherche directe et indirecte de l’agent infectieux) dont la prise en charge est assurée conjointement par l’Etat, le GDMA et l’éleveur. Deux cas se présentent : $ ABSENCE DE PRESOMPTION D’UNE CAUSE INFECTIEUSE PROTOCOLE GENERAL EN QUATRE ETAPES : : APPLICATION D’UN 1ère étape : Examens sérologiques (Néosporose, Fièvre Q, Chlamydiose, Leptospirose et Toxoplasmose) 2ème étape : si les résultats de l’étape 1 se révèlent négatifs : Examens bactériologiques (Listériose, Salmonellose) Examen mycologique (genre) / si positif, espèce Examen sérologique + virologie pour la BVD 3ème étape : si les résultats des étapes 1 et 2 sont négatifs : Examens sérologiques (cinétique) : Leptospirose, Néosporose sur prélèvement sanguin à J+3 semaines BVD et 4ème étape : si les résultats des étapes 1, 2 et 3 sont négatifs et survenue d’un 3ème avortement : Recherche complète sur l’animal (sérologie, virologie, bactériologie et mycologie). OU $ PRESOMPTION D’UNE CAUSE INFECTIEUSE : APPLICATION D’UN PROTOCOLE PARTICULIER BASE SUR RECUEIL DE COMMEMORATIFS… Le vétérinaire suggère des recherches parmi les causes infectieuses suivantes : " Sérologie (Néosporose, Fièvre Q, Chlamydiose, Leptospirose, Toxoplasmose) " Sérologie + virologie BVD " Bactériologie (Listériose, Salmonellose) " Mycologie (possibilité de réalisation d’une étude cinétique pour la BVD, la Leptospirose et la Néosporose). # Rôle du vétérinaire : $ Il informe l’éleveur des possibilités offertes par le protocole, des tarifs de ses prestations dans le cadre du protocole complet. $ Il utilise les documents officiels et les kits de prélèvements fournis par le LDA 85. $ Il veille à la qualité des prélèvements, à leur conservation et à leur acheminement au LDA 85 (navette, lui-même, transporteur, éleveur si pas d’autres solutions). # Rôle du GDMA : aide financière au diagnostic étiologique : Le GDMA rembourse le coût de toutes les analyses réalisées sur la 2nde avorteuse, sur la base du montant HT. Pour cela, il doit recevoir obligatoirement : " de la part de l’éleveur : & copie des factures réglées par lui-même au LDA 85, & copie des factures réglées par lui-même à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes pour la Leptospirose, & copie des résultats d’analyses pour la Leptospirose. " de la part du laboratoire : & le bordereau d’accompagnement des prélèvements, & la fiche de commémoratifs dans le cas où elle est renseignée, & copie des résultats d’analyses. Contact : G. GUEDON ' : 02.51.36.81.03