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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n°3, mai-juin 2008
Écho des congrès
cho des congrès
rénaux uni- ou bilatéraux sont très fréquemment présents.
Il a également été mis en évidence des anomalies du
tractus génital, des anomalies du bilan hépatique et, dans
95% des cas, une atrophie du pancréas exocrine. L’hyper-
glycémie apparaît tardivement et nécessite le plus souvent
une insulinothérapie. Il existe néanmoins des phénotypes
exclusivement rénaux, puisque, chez des enfants présen-
tant des anomalies morphologiques rénales, des anoma-
lies moléculaires du gène HNF-1β sont mises en évidence
dans 30% des cas. Dans ce type de diabète, les délétions
sont aussi fréquentes que les mutations et, dans 60% des
cas, il s’agit d’anomalies moléculaires de novo.
Les diabètes néonataux sont caractérisés par des muta-
tions des gènes codant pour les deux sous-unités du canal
potassique de la cellule β, KIR 6.2 et SUR 1. La mutation
d’un même gène peut induire soit un hyperinsulinisme
avec hypoglycémie néonatale, soit un diabète néonatal,
selon que la mutation est activatrice ou inhibitrice.
Diagnostiquer ce type de diabète a des conséquences
pratiques, puisqu’il est particulièrement sensible à l’ac-
tion des sulfamides hypoglycémiants.
Hyperglycémie et antipsychotiques
La schizophrénie concerne 1% de la population générale,
comme l’a rappelé le Pr Buysschaert. Vingt-cinq pour
cent des schizophrènes développent un diabète, soit quatre
fois plus que dans la population générale; un patient
sur trois développera un syndrome métabolique avant
45 ans, et un sur deux après 50 ans. Chez des patients
schizophrènes en surpoids, des études de composition
corporelle ont montré qu’il existe une augmentation de la
graisse abdominale comparativement à des populations
contrôles appariées sur l’âge et l’IMC. L’espérance de vie
de ces patients est réduite en raison d’une augmentation
de la mortalité cardiovasculaire.
Ce surrisque de diabète est lié à des facteurs généti-
ques, à des facteurs environnementaux et enfin aux
antipsychotiques. Des études ont montré que 10 à 15%
des schizophrènes et 18,5% des apparentés sains ont un
prédiabète avant toute prise thérapeutique. Il existe des
antécédents familiaux de diabète dans 50% des cas.
Nous connaissons la relation entre retard de croissance
intra-utérin et risque de diabète à long terme. De la même
façon, ce retard de croissance intra-utérin est associé à un
risque de schizophrénie plus élevé à long terme. Enfin,
l’hypothèse de gènes communs entre diabète et schizoph-
rénie, maladies toutes deux polygéniques, est évoquée.
En ce qui concerne l’environnement, ces patients sont plus
souvent sédentaires, présentant une surcharge pondérale ou
une obésité, et ont par ailleurs une alimentation déséquili-
brée, ce qui est lié en partie à la pathologie psychiatrique.
Les antipsychotiques atypiques (APA) ont apporté
une aide précieuse dans la prise en charge des patients
psychiatriques. Cependant, ils semblent associés à des
effets indésirables métaboliques, avec un risque accru
d’obésité, de diabète et de syndrome métabolique. La
littérature, à partir d’études rétrospectives, fait état d’un
risque de diabète multiplié par 3 à 5. Les risques varient
en fonction du type de molécule. Les APA les plus puis-
sants comme la clozapine et l’olanzapine, prescrits en cas
d’échec des autres APA, sont les plus délétères sur le plan
métabolique, puisque la prise de poids se situe entre 4 et
10 kg et qu’ils sont responsables d’authentiques diabètes.
La prise de poids sous rispéridone et halopéridone semble
plus modérée (entre 2 et 4 kg). Les molécules les plus
récentes, telles la ziprasidone et l’aripiprazole, ont un
effet neutre sur le poids (0 à 2 kg) et sont sans effet sur la
glycémie. Les mécanismes responsables de cette hyper-
glycémie font vraisemblablement intervenir une insuli-
norésistance et un déficit de l’insulinosécrétion. Il faut
préciser que l’hyperglycémie est le plus souvent modeste,
mais certains cas de diabète se développent indépen-
damment de toute prise pondérale, avec une évolution
rapide pouvant aller jusqu’à l’acidocétose, ce qui plaide
pour une atteinte sévère de l’insulinosécrétion. Dans ce
contexte, les marqueurs immunologiques du diabète de
type 1 sont négatifs et le phénotype des patients variable,
pouvant aller de l’obésité au poids normal.
Le choix d’un APA pour un patient spécifique dépend de
nombreux facteurs, notamment du statut psychiatrique.
La possibilité de développer un syndrome métabolique ou
un diabète doit être prise en considération dans la déci-
sion thérapeutique. Suivre ces patients sur le plan clinique
et biologique (poids, tour de taille, pression artérielle,
glycémie, profil lipidique) est actuellement recommandé
par les sociétés savantes. Le traitement doit être débuté
si besoin, en fonction de l’évolution. Des mesures hygié-
nodiététiques doivent être proposées, ce qui nécessite de
mettre en place une collaboration entre les psychiatres et
les endocrinologues diabétologues nutritionnistes.
Le diabète de type 2 cétonurique
Le Pr Gautier est intervenu au cours de ce symposium
sur le diabète de type 2 cétonurique. Dans les popula-
tions originaires d’Afrique subsaharienne, la prévalence
du diabète de type 2 est de 70 à 90%, et celle du diabète
de type 1 de 5 à 20%. Dans 5 à 10% des cas, il s’agit
de formes atypiques qualifiées de diabète de type 1B
idiopathique par l’ADA, de diabète de type 1 phasique
par l’OMS, ou encore de diabète de type 2 cétonurique
dans la littérature. Ce type de diabète concerne le plus
souvent des hommes âgés de 40-45 ans, présentant une
obésité dans moins de 50% des cas, et révélant un diabète
selon le mode cétonurique. L’insulinothérapie instaurée
initialement peut être interrompue chez 50 à 75% des
patients, avec une rémission parfois prolongée, pouvant
atteindre 12 ans. Les rechutes cétosiques sont cepen-
dant fréquentes: 20 % à 3 ans et 95 % à 10 ans. En cas
de rechute, il y a également 50% de chances de pouvoir
interrompre de nouveau l’insulinothérapie.