Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IV, n° 3, juin 2000
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Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos
lules hypophysaires gonadotropes et les
cellules du noyau ventro-médian de l’hy-
pothalamus. La protéine qui en dérive pré-
sente la structure d’un récepteur nucléaire.
Elle interagit
avec le facteur SF1
(Steroidogenic Factor 1)
,
qui contrôle le
développement de l’axe gonadotrope et de
la corticosurrénale. Les mutations inacti-
vatrices du gène Dax1 sont responsables
de l’hypoplasie surrénalienne congénitale
liée à l’X, maladie caractérisée par une
insuffisance surrénale très précoce et un
hypogonadisme hypogonadotrope respon-
sable d’un impubérisme. Des formes par-
tielles avec développement pubertaire sont
possibles dans ce cadre, de même que des
atteintes sertoliennes responsables d’une
infertilité. A. Tabarin et al. ont décrit une
mutation faux-sens touchant la partie C-
terminale de la protéine Dax1, mutation
particulièrement intéressante, puisqu’elle
est responsable d’un phénotype atténué
associant une insuffisance surrénale tar-
dive, découverte à l’âge adulte, et un hypo-
gonadisme hypogonadotrope partiel.
L’insuffisance corticosurrénalienne primi-
tive d’origine congénitale peut également
être liée à l’accumulation d’acides gras à
très longue chaîne dans le cadre de l’adré-
noleucodystrophie (ALD). Elle s’associe
alors à une atteinte neurologique pouvant
être sévère et dont l’apparition suit l’attein-
te surrénalienne (P. Aubourg, Paris). Il
s’agit classiquement d’une maladie de l’en-
fant, mais certaines formes peuvent se
révéler à l’âge adulte où elles représente-
raient au moins 10 % de toutes les insuffi-
sances surrénaliennes primitives. Le dia-
gnostic repose sur le dosage plasmatique
des acides gras à longue chaîne. Ce dosage
devrait logiquement être réalisé devant
toute insuffisance surrénalienne primitive
pour dépister les insuffisances surrénales
susceptibles de s’associer secondairement
à des atteintes neurologiques. Le gène de
l’ALD a été caractérisé et codé pour une
protéine qui appartient à la famille des
transporteurs membranaires ABC (ATP-
Binding Cassette). Le rôle de la protéine
ALD n’est pas clair. Il est possible qu’elle
intervienne dans le transport transmembra-
naire des acides gras à très longue chaîne.
À l’heure actuelle, aucun traitement n’est
efficace sur l’atteinte neurologique de la
maladie, en dehors de la greffe de moelle
osseuse, dont la mortalité reste élevée. Les
recherches actuelles portent sur la mise au
point de molécules pharmacologiques
capables d’augmenter la β-oxydation des
acides gras ainsi que sur des approches de
thérapie génique.
L’insuffisance surrénalienne congénitale
peut également relever d’une insensibilité
du tissu surrénalien à l’ACTH. A. Clark
(Londres, Royaume-Uni) a fait le point sur
la résistance à l’ACTH qui peut s’intégrer
dans deux grands syndromes distincts : le
syndrome adrenal insufficiency-alacrima-
achalasia (insuffisance surrénale-alacri-
mie-achalasie œsophagienne, ou syndrome
triple A) et l’insuffisance familiale en glu-
cocorticoïdes. Dans le premier cas, le locus
de la maladie a été situé sur le bras long du
chromosome 12, mais aucun gène n’a été
pour l’instant identifié. En revanche, des
mutations du récepteur de l’ACTH ont été
décrites dans le déficit familial en gluco-
corticoïdes.
Les insuffisances surrénaliennes primi-
tives d’origine auto-immune peuvent être
isolées ou assicuées à d’autres maladies
auto-immunes et intégrées éventuelle-
ment dans un cadre familial. La polyen-
docrinopathie auto-immune de type 1
associe classiquement une insuffisance
surrénale, une hypoparathyroïdie et une
candidose cutanéo-muqueuse chronique.
Le gène de l’affection (baptisé AIRE 1)
est maintenant connu. P. Saugier-Veber
et al. (Rouen) ont rapporté une nouvelle
mutation de ce gène impliqué dans un cas
familial de polyendocrinopathie auto-
immune de type 1. Cette mutation, qui
touchait le premier domaine à doigts de
zinc de la protéine AIRE 1, s’associait à la
mutation présente chez 85 % des patients
finlandais atteints de la maladie. Au sein
de la famille rouennaise, les trois
patientes atteintes étaient double hétéro-
zygotes et présentaient un phénotype très
variable. En dehors des cas familiaux,
l’association de la maladie d’Addison
auto-immune à d’autres atteintes dysim-
munitaires est fréquente. C. Betterle
(Padoue, Italie) a montré, au cours d’une
conférence très didactique, que les
patients atteints de maladie d’Addison
d’origine auto-immune présentaient sou-
vent des anticorps circulants dirigés
contre d’autres organes, tels que la thy-
roïde, la muqueuse gastrique ou les îlots
de Langherans.
L’insuffisance surrénale peut également
résulter d’une diminution de la sensibilité
des tissus périphériques aux glucocorti-
coïdes. Il s’agit d’une affection familiale
exceptionnelle, dont S. Lamberts
(Rotterdam, Pays-Bas) a rappelé les prin-
cipales caractéristiques. La résistance péri-
phérique aux glucocorticoïdes entraîne
une asthénie plus ou moins chronique.
L’insensibilité de l’hypophyse au rétrocon-
trôle négatif du cortisol sera à l’origine
d’une augmentation de l’ACTH plasma-
tique suivie d’une élévation de la produc-
tion surrénalienne d’androgènes et de pré-
curseurs à activité minéralocorticoïde
comme la désoxycorticostérone (DOC).
Ces anomalies biologiques sont respon-
sables à leur tour d’un hirsutisme et d’une
hypertension artérielle chez les patientes
atteintes. Plusieurs mutations du gène du
récepteur des glucocorticoïdes ont été
décrites dans le cadre de la résistance
familiale au cortisol. Il ne semble pas exis-
ter de corrélation nette entre le génotype et
le phénotype, qui s’avère très variable. Il
est également possible que la diminution
de la sensibilité aux glucocorticoïdes
résulte d’anomalies de l’épissage alternatif
du gène du récepteur du cortisol. Deux iso-
formes (αet ß), résultant d’un épissage
alternatif de l’ARN codant pour le récep-
teur du cortisol, ont en effet été caractéri-
sées. Dans certains cas d’asthme insen-
sibles aux corticoïdes, il a été décrit une
hyperexpression de la forme ß.