Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos la différenciation de la lignée corticotrope apparaît de façon es synchrone avec l’expres43 Jo urnée s inte rn ation ale s sion de NeuroD1 (facd’e n do c rinologie clinique teur transcriptionnel histospécifique de H e n ri-Pie rre Klot z (Pa ris, 4-5 mai 2000) type bHLH). Les facteurs transcriptionnels, qui diriSymposium “De l’hy poth alamus gent la différenciation cellulaire, contrôà la surrén ale : le co rtisol lent également l’expresda n s to us se s états” sion des gènes codant pour les hormones hypophysaires. Ainsi, la transcription du gène de la POMC requiert la présence des facteurs Pitx1 et NeuroD1, de même que celle d’autres facteurs qui es 43es journées d’endocrinologie clirelayent l’action de plusieurs hormones nique Henri-Pierre Klotz étaient consacrées telles que la CRH (Corticotropin-Releasing aux données les plus récentes de la physioHormone) et les glucocorticoïdes. L’actilogie et de la pathologie de l’axe corticovation transcriptionnelle du gène de la trope. Ce symposium d’une grande rigueur POMC par la CRH fait intervenir des scientifique a réuni les meilleurs spéciarécepteurs nucléaires orphelins (Nur77, listes internationaux des thèmes abordés. Nurr1 et NDR1) qui se lient au promoteur Les conférenciers ont couvert l’ensemble sous forme d’hétéro- ou d’homodimères. du spectre de l’endocrinologie surrénalienLes facteurs Nur peuvent interagir avec le ne depuis les données fondamentales jusrécepteur des glucocorticoïdes. Ces derqu’aux problèmes pratiques posés par les niers bloquent l’activation de Nur par la démarches diagnostique et thérapeutique. CRH, formant ainsi la base moléculaire du rétrocontrôle négatif du cortisol sur les cellules corticotropes. L Physiologie de l’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien J. Drouin (Montréal, Canada) a brillamment fait le point sur les facteurs moléculaires impliqués dans le développement embryologique de l’hypophyse, la différenciation des cellules corticotropes hypophysaires et l’expression du gène de la POMC (ProOpio-MelanoCortin, précurseur de l’ACTH) dans ces cellules. En réponse à différents facteurs de croissance d’origine mésenchymateuse, la poche de Rathke va exprimer des facteurs de transcription dont les plus précoces sont Pitx1 et Pitx2. Après développement de l’ébauche hypophysaire, Les connaissances en matière de physiologie de l’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien ont également bénéficié de la caractérisation et de l’invalidation des récepteurs de la CRH (W. Vale, La Jolla, ÉtatsUnis). La CRH et ses récepteurs sont largement distribués dans l’encéphale. Deux types de récepteurs (CRH-R1 et CRH-R2), dérivés de deux gènes différents, relayent les effets physiologiques de la CRH. Le récepteur R1 est impliqué dans l’effet hypophysaire du peptide, alors que le récepteur R2 intervient dans les effets vasculaire, inotrope et anorexigène de la neurohormone hypothalamique. Un modèle d’invalidation du gène du récepteur CRH-R1 a été récemment mis au point chez la souris. Chez ces animaux, on constate une diminution de l’activité de l’axe corticotrope, à la fois à l’état basal et lors de la réponse au stress. Les tests comportementaux montrent également que les souris CRH-R1 -/- sont moins sensibles au stress. À l’inverse, l’invalidation du gène du récepteur CRH-R2 entraîne une augmentation de la sensibilité au stress. D’autres peptides peuvent se lier aux récepteurs de la CRH. Ainsi, l’urocortine, peptide apparenté à l’urotensine des vertébrés inférieurs, est capable de se lier aux récepteurs CRH-R2 et de diminuer la prise alimentaire. Dans le futur, les analogues non peptidiques de la CRH devraient présenter un grand intérêt en thérapeutique. Les antagonistes du récepteur CRH-R1 présentent des propriétés antidépressives et neuroprotectrices potentielles. Les agonistes du récepteur CRH-R2 pourraient, quant à eux, être utilisés dans le traitement des excès pondéraux ou comme anxiolytiques. R. Gaillard (Genève, Suisse) a résumé les principaux mécanismes impliqués dans les interactions entre l’axe corticotrope et le système immunitaire. Ces interactions, complexes et multiples, intéressent les trois niveaux (hypothalamique, hypophysaire et surrénalien) de l’axe corticotrope. Elles sont bidirectionnelles car, si le système immunitaire est une cible de l’ACTH et des hormones surrénaliennes, les secrétions des cellules immuno-compétentes sont capables de moduler l’activité corticotrope par le biais des cytokines. En outre, il est maintenant bien démontré que les cellules endocriniennes peuvent produire des cytokines et que le système immunitaire est susceptible de libérer de l’ACTH et de la CRH. La démonstration de l’intérêt clinique de ces notions est fournie par la publication ancienne d’un cas de syndrome de Cushing satellite d’une lésion pulmonaire de type inflammatoire. À titre d’exemple des interactions du système immunitaire et de l’axe corticotrope, on peut citer l’interleukine 1, dont l’effet stimulant sur la production d’ACTH est bien documenté. L’interleukine 1 peut également atteindre le système nerveux central en traversant la barriè- 116 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IV, n° 3, juin 2000 Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos re hémato-encéphalique grâce à différents systèmes de transport. Le nerf vague peut également relayer l’effet de l’interleukine 1. Les cellules corticotropes produisent elles aussi des cytokines telles que le LIF (Leukemia Inhibitory Factor) et le MIF (Macrophage Migrating Inhibitory Factor). Le LIF stimule la sécrétion d’ACTH en potentialisant l’effet de la CRH par un effet autocrine. La production hypophysaire de MIF est, à l’inverse de la production d’ACTH, stimulée par les glucocorticoïdes. Il semble que le MIF puisse empêcher l’action immunosuppressive des glucocorticoïdes. En conclusion, ces multiples systèmes de communication entre l’axe corticotrope et les cellules immunocompétentes paraissent jouer un rôle essentiel dans le maintien de l’homéostasie globale. Physiopathologie du syndrome de Cushing et de l’insuffisance surrénale La connaissance des facteurs moléculaires impliqués dans la physiopathologie des syndromes de Cushing ACTH-dépendants a connu récemment des avancées significatives. L. Muller (New Orleans, ÉtatsUnis) a rapporté les données nouvelles sur le rôle potentiel de la protéine 7B2. La POMC est amenée à maturation en ACTH grâce à l’intervention de différentes proconvertases (PCs) : PC2 dans les cellules mélanotropes et PC1 dans les cellules corticotropes. La protéine 7B2 est un facteur neuroendocrinien de la famille des sécrétogranines, dont l’un des rôles est d’activer PC2 au niveau hypophysaire. L’invalidation du gène codant pour la protéine 7B2 chez la souris a provoqué, comme on pouvait s’y attendre, un effondrement de l’activité PC2. En revanche, de façon surprenante, ces souris ont présenté un tableau clinique et biologique réalisant l’équivalent d’une maladie de Cushing. L’étude immunohistochimique de l’hypophyse de ces animaux a montré l’absence de POMC dans le lobe antérieur, alors que la protéine était présente en excès dans le lobe intermédiaire. L’explication de ces résultats totalement inattendus reste imprécise mais pourrait fournir de nouvelles pistes pour l’étude des mécanismes impliqués dans la physiopathologie des syndromes de Cushing ACTH-dépendants. Les mécanismes cellulaires impliqués dans les sécrétions ectopiques d’ACTH font toujours l’objet de recherches actives. Y. de Keyzer (Paris) a présenté les résultats de ses travaux sur le mode d’expression de la POMC dans les tumeurs non hypophysaires. L’activation du promoteur du gène de la POMC dans une lignée cellulaire de type anaplasique bronchique (DMS-79) utilise des voies inhabituelles. Notamment, le facteur NeuroD1, essentiel pour l’expression hypophysaire de la POMC, n’est pas présent dans la lignée DMS-79. Les études de biologie moléculaire montrent que le domaine IV du promoteur de la POMC est activé, dans les cellules DMS-79, par des facteurs de type E2F. Ces protéines sont ubiquitaires et interviennent dans le cycle de division cellulaire. Elles sont normalement inactivées par la protéine du rétinoblastome. Or, la protéine du rétinoblastome est elle-même inactive dans les cellules DMS-79 comme dans beaucoup de lignées tumorales. On peut, par conséquent, en conclure que l’expression du gène de la POMC, dans certaines tumeurs, utilise des facteurs transcriptionnels activés au cours du processus de transformation tumorale (tels que E2F) qui s’avèrent fortuitement adaptés à sa transcription et suffisent à entraîner une activité transcriptionnelle basale. Un tel mécanisme est donc très différent de celui impliqué dans les tumeurs hypophysaires. Les phénomènes cellulaires et moléculaires impliqués dans les syndromes de Cushing ACTH-indépendants (tumeurs sécrétantes unilatérales et hyperplasies bilatérales des surrénales) ont été sur le devant de la scène au cours des sept dernières années. Dans Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IIV n° 3, juin 2000 ces situations, il a été notamment montré que le maintien de la stéroïdogenèse en l’absence d’ACTH pouvait résulter de l’expression anormale de récepteurs ectopiques ou eutopiques par le tissu corticosurrénalien pathologique. A. Lacroix (Montréal, Canada), qui est à l’origine de ce concept, a fait une remarquable conférence sur ce thème en prenant trois exemples de récepteurs illégitimes surrénaliens : le récepteur du GIP (Gastric Inhibitory Polypeptide), le récepteur ß-adrénergique et le récepteur de la LH. Ces anomalies étaient à l’origine d’hypercorticismes sensibles respectivement à l’ingestion de nourriture, à l’orthostatisme et à l’élévation de la LH plasmatique consécutive à la ménopause. La description de ces observations isolées a incité A. Lacroix et son groupe à proposer systématiquement toute une série de tests pharmocologiques aux patients atteints de syndrome de Cushing ACTH-indépendant, dans le but de dépister l’expression anormale de ces récepteurs. Leur mise en évidence peut en effet déboucher sur des actions thérapeutiques ciblées, tel un traitement bêtabloquant. Par ailleurs, F. Grunenberger et al. (Strasbourg) ont présenté une nouvelle observation d’hypercorticisme par hyperplasie macronodulaire bilatérale des surrénales associée à une réponse anormale du cortisol à la lysine vasopressine. Ce cas s’inscrivait dans un contexte familial, ce qui montre que l’expression surrénalienne anormale de récepteurs peut être d’origine génétique. La compréhension des mécanismes impliqués dans la physiopathologie de l’insuffisance surrénalienne primitive a, elle aussi, sensiblement progressé au cours des dernières années. Notamment, certaines formes congénitales d’insuffisance surrénale ont maintenant des bases moléculaires bien identifiées, telles que le gène Dax1 (A. Tabarin, Bordeaux). Le gène Dax1 est situé sur le bras court du chromosome X. Il est exprimé dans les trois couches du cortex surrénalien, dans les cellules de Leydig et de Sertoli, les cel- 117 Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos lules hypophysaires gonadotropes et les cellules du noyau ventro-médian de l’hypothalamus. La protéine qui en dérive présente la structure d’un récepteur nucléaire. Elle interagit avec le facteur SF1 (Steroidogenic Factor 1), qui contrôle le développement de l’axe gonadotrope et de la corticosurrénale. Les mutations inactivatrices du gène Dax1 sont responsables de l’hypoplasie surrénalienne congénitale liée à l’X, maladie caractérisée par une insuffisance surrénale très précoce et un hypogonadisme hypogonadotrope responsable d’un impubérisme. Des formes partielles avec développement pubertaire sont possibles dans ce cadre, de même que des atteintes sertoliennes responsables d’une infertilité. A. Tabarin et al. ont décrit une mutation faux-sens touchant la partie Cterminale de la protéine Dax1, mutation particulièrement intéressante, puisqu’elle est responsable d’un phénotype atténué associant une insuffisance surrénale tardive, découverte à l’âge adulte, et un hypogonadisme hypogonadotrope partiel. L’insuffisance corticosurrénalienne primitive d’origine congénitale peut également être liée à l’accumulation d’acides gras à très longue chaîne dans le cadre de l’adrénoleucodystrophie (ALD). Elle s’associe alors à une atteinte neurologique pouvant être sévère et dont l’apparition suit l’atteinte surrénalienne (P. Aubourg, Paris). Il s’agit classiquement d’une maladie de l’enfant, mais certaines formes peuvent se révéler à l’âge adulte où elles représenteraient au moins 10 % de toutes les insuffisances surrénaliennes primitives. Le diagnostic repose sur le dosage plasmatique des acides gras à longue chaîne. Ce dosage devrait logiquement être réalisé devant toute insuffisance surrénalienne primitive pour dépister les insuffisances surrénales susceptibles de s’associer secondairement à des atteintes neurologiques. Le gène de l’ALD a été caractérisé et codé pour une protéine qui appartient à la famille des transporteurs membranaires ABC (ATPBinding Cassette). Le rôle de la protéine ALD n’est pas clair. Il est possible qu’elle intervienne dans le transport transmembranaire des acides gras à très longue chaîne. À l’heure actuelle, aucun traitement n’est efficace sur l’atteinte neurologique de la maladie, en dehors de la greffe de moelle osseuse, dont la mortalité reste élevée. Les recherches actuelles portent sur la mise au point de molécules pharmacologiques capables d’augmenter la β-oxydation des acides gras ainsi que sur des approches de thérapie génique. L’insuffisance surrénalienne congénitale peut également relever d’une insensibilité du tissu surrénalien à l’ACTH. A. Clark (Londres, Royaume-Uni) a fait le point sur la résistance à l’ACTH qui peut s’intégrer dans deux grands syndromes distincts : le syndrome adrenal insufficiency-alacrimaachalasia (insuffisance surrénale-alacrimie-achalasie œsophagienne, ou syndrome triple A) et l’insuffisance familiale en glucocorticoïdes. Dans le premier cas, le locus de la maladie a été situé sur le bras long du chromosome 12, mais aucun gène n’a été pour l’instant identifié. En revanche, des mutations du récepteur de l’ACTH ont été décrites dans le déficit familial en glucocorticoïdes. Les insuffisances surrénaliennes primitives d’origine auto-immune peuvent être isolées ou assicuées à d’autres maladies auto-immunes et intégrées éventuellement dans un cadre familial. La polyendocrinopathie auto-immune de type 1 associe classiquement une insuffisance surrénale, une hypoparathyroïdie et une candidose cutanéo-muqueuse chronique. Le gène de l’affection (baptisé AIRE 1) est maintenant connu. P. Saugier-Veber et al. (Rouen) ont rapporté une nouvelle mutation de ce gène impliqué dans un cas familial de polyendocrinopathie autoimmune de type 1. Cette mutation, qui touchait le premier domaine à doigts de zinc de la protéine AIRE 1, s’associait à la mutation présente chez 85 % des patients finlandais atteints de la maladie. Au sein de la famille rouennaise, les trois patientes atteintes étaient double hétérozygotes et présentaient un phénotype très variable. En dehors des cas familiaux, l’association de la maladie d’Addison auto-immune à d’autres atteintes dysimmunitaires est fréquente. C. Betterle (Padoue, Italie) a montré, au cours d’une conférence très didactique, que les patients atteints de maladie d’Addison d’origine auto-immune présentaient souvent des anticorps circulants dirigés contre d’autres organes, tels que la thyroïde, la muqueuse gastrique ou les îlots de Langherans. L’insuffisance surrénale peut également résulter d’une diminution de la sensibilité des tissus périphériques aux glucocorticoïdes. Il s’agit d’une affection familiale exceptionnelle, dont S. Lamberts (Rotterdam, Pays-Bas) a rappelé les principales caractéristiques. La résistance périphérique aux glucocorticoïdes entraîne une asthénie plus ou moins chronique. L’insensibilité de l’hypophyse au rétrocontrôle négatif du cortisol sera à l’origine d’une augmentation de l’ACTH plasmatique suivie d’une élévation de la production surrénalienne d’androgènes et de précurseurs à activité minéralocorticoïde comme la désoxycorticostérone (DOC). Ces anomalies biologiques sont responsables à leur tour d’un hirsutisme et d’une hypertension artérielle chez les patientes atteintes. Plusieurs mutations du gène du récepteur des glucocorticoïdes ont été décrites dans le cadre de la résistance familiale au cortisol. Il ne semble pas exister de corrélation nette entre le génotype et le phénotype, qui s’avère très variable. Il est également possible que la diminution de la sensibilité aux glucocorticoïdes résulte d’anomalies de l’épissage alternatif du gène du récepteur du cortisol. Deux isoformes (α et ß), résultant d’un épissage alternatif de l’ARN codant pour le récepteur du cortisol, ont en effet été caractérisées. Dans certains cas d’asthme insensibles aux corticoïdes, il a été décrit une hyperexpression de la forme ß. 118 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IV, n° 3, juin 2000 Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos Tumeurs du cortex surrénalien Certains mécanismes impliqués dans la tumorigenèse surrénalienne sont maintenant connus. C. Stratakis (Bethesda, ÉtatsUnis) a résumé l’état actuel des connaissances sur les bases moléculaires de l’hyperplasie micronodulaire pigmentée du cortex surrénalien, qu’elle soit isolée ou associée à d’autres tumeurs (endocriniennes ou non) dans le cadre du complexe de Carney. Les nodules d’hyperplasie corticosurrénalienne apparaissent au contact de la médullo-surrénale et acquièrent l’expression de marqueurs neuroendocriniens telle la synaptophysine. Dans ces nodules, l’activation constitutive de la stéroïdogenèse emprunte la voie de l’AMP cyclique. Les gènes impliqués dans cette affection ne sont pas encore connus, mais deux loci de susceptibilité ont été identifiés au niveau du bras court du chromosome 2 et du bras long du chromosome 17, respectivement. La distinction entre les tumeurs surrénaliennes bénignes et malignes, à l’aide des critères histologiques habituels, est souvent très difficile. C’est pourquoi de nombreuses recherches portent sur la caractérisation de nouveaux marqueurs moléculaires qui pourraient être utilisés dans le cadre de ce diagnostic différentiel. C. Gicquel (Paris) a résumé les résultats des travaux réalisés par son équipe au cours des dernières années. L’expression de certaines protéines impliquées dans la division cellulaire, comme la cycline E ou le CDK2, paraît augmentée dans les corticosurrénalomes. À l’inverse, l’expression des protéines suppressives de cancer (p53, H19) est diminuée dans ces mêmes tumeurs. Les corticosurrénalomes surexpriment également l’IGF II (Insulin-like Growth Factor II) et l’IGFBP2 (IGFBinding Protein 2). L’IGFBP2 est même sécrétée par la tumeur et peut être dosée dans le plasma. Son taux est très élevé lorsque le corticosurrénalome est métastasé. En revanche, ce marqueur a une faible sensibilité en cas de tumeur isolée et limitée à la corticosurrénale. Dans le même cadre, G. Arnaldi et al. (Ancône, Italie) ont étudié l’expression des récepteurs du TGF-ß dans les corticosurrénalomes. Il est habituel que la sensibilité au TGF-ß soit diminuée dans la tumorigenèse. Dans le cas des corticosurrénalomes, l’expression des récepteurs du TGF-ß est réduite. Ce mécanisme pourrait intervenir dans la croissance tumorale, le TGF-ß ayant plutôt des effets antimitogènes. Prise en charge diagnostique et thérapeutique du syndrome de Cushing Plusieurs sessions ont été consacrées à des thèmes cliniques. En particulier, le syndrome de Cushing et ses difficultés diagnostiques et thérapeutiques ont fait l’objet de cinq conférences et d’une table ronde. Le principal problème diagnostique de l’hypercorticisme endogène est posé par les pseudo-syndromes de Cushing qu’il est souvent difficile de séparer, avec les outils biologiques habituels, de l’hypercorticisme authentique d’origine hypophysaire. G. Chrousos (Bethesda, États-Unis) a rappelé l’intérêt du test combiné dexaméthasone-CRH. La valeur de la cortisolémie mesurée à l’issue de ce test paraît discriminante : au cours du syndrome de Cushing, la cortisolémie est supérieure à 38 nmol/l, alors qu’elle est inférieure à ce chiffre dans les pseudo-Cushing. L’autre difficulté diagnostique classique apparaît lors de l’enquête étiologique des syndromes de Cushing ACTH-dépendants. Il est en effet difficile de séparer les maladies de Cushing d’origine hypophysaire de certaines sécrétions ectopiques d’ACTH. A. Grossman (Londres, Royaume-Uni) a fait le point sur les différents tests dynamiques utilisables dans cette situation. La freination forte par la dexaméthasone 8 mg et la stimulation par la CRH restent très Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IIV n° 3, juin 2000 utiles (respectivement 80 % et 90 % de sensibilité). Le test combiné CRH-desmopressine paraît discriminant, les maladies de Cushing montrant une réponse significativement supérieure à celle des sécrétions ectopiques. Dans ce cadre, l’autre approche consiste à réaliser un cathétérisme des sinus pétreux avec mesure de l’ACTH plasmatique, par comparaison au niveau périphérique. Un gradiant d’ACTH taux central/taux périphérique supérieur à 2 confirme le diagnostic de maladie de Cushing avec une sensibilité de 98 % et une spécificité de 100 %. Le diagnostic du syndrome de Cushing peut être également rendu plus difficile par la présence de formes atypiques. Ces différents pièges diagnostiques ont été évoqués par X. Bertagna (Paris). Ils peuvent correspondre à un macroadénome corticotrope silencieux sans syndrome de Cushing clinique et biologique évident (cortisol libre urinaire normal). Ces adénomes sont diagnostiqués à l’aide de l’IRM hypophysaire et s’acompagnent souvent d’un taux sanguin élevé de POMC, qui peut servir de marqueur biologique évolutif de la maladie. D’autre part, certains syndromes de Cushing évoluent de façon cyclique, ce qui pose d’ailleurs problème pour l’évaluation de l’effet des traitements mis en œuvre. Le dosage du cortisol salivaire est d’un grand intérêt pratique pour apprécier l’évolution à long terme de ces hypercorticismes. X. Bertagna a également signalé la possibilité de maladie de Cushing “prétoxique”, où la sécrétion de cortisol est autonome mais n’entraîne pas d’hypercorticisme patent. Cette dernière situation peut se rencontrer également au cours de certains adénomes surrénaliens découverts fortuitement (B. Allolio, Wurburg, Allemagne) ou d’hyperplasies macronodulaires bilatérales (A. Lacroix). L’aggravation de ces syndromes de Cushing prétoxiques au fil du temps n’est pas obligatoire et la décision d’une intervention thérapeutique est donc difficile à prendre. 119 Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos des congrès...Échos Le traitement des maladies de Cushing récidivant après intervention neurochirurgicale par voie trans sphénoïdale a fait l’objet d’une table ronde. Un nouvel acte chirurgical peut alors être proposé dans les rares cas où l’intervention initiale n’a pas été réalisée de façon optimale et si l’exérèse complète du résidu adénomateux peut être réalisée (I. Bachelot, Grenoble). Les anticortisoliques (Op’DDD et kétoconazole) ont un grand intérêt en cas de récidive postchirurgicale d’une maladie de Cushing. Ils permettent, dans la plupart des cas, de contrôler l’hypercorticisme. L’Op’DDD pourrait également favoriser la croissance du résidu adénomateux et, par conséquent, faciliter sa visualisation à l’IRM en vue d’une éventuelle réintervention (J. Bertherat, Paris). Le kétoconazole a l’avantage d’être bien toléré, sous réserve de dépister rapidement les rares phénomènes de toxicité hépatique par une mesure hebdomadaire, puis mensuelle, des transaminases (F. Mantero, Ancône, Italie). La surrénalectomie bilatérale garde des indications chez les patients dont la récidive d’hypercorticisme est mal contrôlée par les anticortisoliques. Le geste chirurgical est d’ailleurs moins agressif depuis la mise au point des interventions sous cœlioscopie ou lomboscopie. Il a cependant l’inconvénient d’entraîner une insuffisance surrénalienne complète et définitive et fait courir le risque d’un éventuel syndrome de Nelson. Une alternative à la surrénalectomie bilatérale peut être de proposer une surrénalectomie unilatérale associée à une radiothérapie hypophysaire (A. Grossman). En dehors de l’adénomectomie par voie transsphénoïdale et des drogues anticortisoliques, une radiothérapie hypophysaire peut être proposée. Les techniques conventionnelles permettent d’obtenir une rémission à cinq ans dans environ 91 % des cas. Elles génèrent cependant un hypopituitatisme complet et, dans certains cas, des lésions du système nerveux central. L’équipe marseillaise de T. Brue a présenté ses premiers résultats obtenus à l’aide d’une technique de radiochirurgie de type Gamma Knife. Le taux de cortisol a été normalisé chez 42 % des patients traités. Traitement du cancer de la corticosurrénale J.P. Luton (Paris) a présidé une table ronde très animée sur la prise en charge du corticosurrénalome. À titre d’introduction, il a rappelé que, dans son expérience, l’Op’DDD permettait, dans environ 25 % des cas, d’obtenir une régression transitoire des métastases des corticosurrénalomes malins et avait, en outre, l’intérêt de contrôler l’hypercorticisme associé. M. Schlumberger (Villejuif) a présenté les résultats obtenus avec différentes approches thérapeutiques, chez des patients atteints de corticosurrénalome. Dans les cas de corticosurrénalome métastasé, le taux global de réponse à l’Op’DDD a été évalué à 14 %. Les réponses thérapeutiques n’étaient observées que chez les patients dont le taux sérique d’Op’DDD était supérieur à 14 mg/l. Il faut noter que ce taux n’est atteint qu’au bout de trois mois de traitement. La toxicité de l’Op’DDD n’apparaissant qu’à des taux supérieurs à 20 mg/l, la zone thérapeutique recommandée se situe par conséquent entre 14 et 20 mg/l. L’étude de l’équipe de Villejuif montre également que l’Op’DDD n’a pas d’effet significatif en traitement préventif de l’apparition secondaire de métastases chez des patients dont la tumeur a fait l’objet d’une exérèse chirurgicale apparemment complète. Lorsque l’Op’DDD s’avère inefficace, il peut être associé, en deuxième ligne, à du cis-platine et à du VP 16. Dans ce cas, les taux de réponses observés évoluent de 30 à 50 %. Malheureusement, il s’agit de réponses toujours transitoires. Enfin, I. Dogliotti (Turin, Italie) signale des taux de réponses atteignant 53 % avec une association d’Op’DDD, étoposide, cis-platine et doxorubicine. Enfin, les métastases hépatiques peuvent faire l’objet d’une chimio-embolisation qui permet, dans certains cas, des stabilisations significatives. H. Lefebvre, service d’endocrinologie et maladies métaboliques, CHU, Rouen. 120 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IV, n° 3, juin 2000