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Revue Ezzaitouna
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11 (2), 2010
LA MYCORHIZATION : UNE METHODE BIOTIQUE POUR
AMELIORER LA CROISSANCE ET CONTOURNER LE STRESS
ABIOTIQUE CHEZ L’OLIVIER (Olea europaea L.)
W. khabou
1
, H. Nacer
2
et A. Fortin
3
Résumé
L'inoculation en pépinière par une mycorhyze à vésicules et
arbuscule (MVA) (Glomus intraradices) de jeunes plantes d’oliviers a
montré une meilleure installation de la symbiose mycorhzienne chez les
variétés Chemlali et Meski soldée par une amélioration de la croissance, de
la ramification du système racinaire et de la biomasse végétative et
racinaire.
En terme de ce travail, les résultats obtenus ont montré que
l’inoculation des plantules en pépinière a permis la réduction du stress
salin, chez les cultivars étudiés, quand les doses NaCl de l’eau
d’irrigation sont inférieures à 75 mM.
Mots clés : Olivier, mycorhize, Glomus intraradice, Croissance, salinité.
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MYCORRHIZATION: A BIOTIC METHOD TO IMPROVE
GROWTH AND MITIGATE ABIOTIC STRESS IN OLIVE
(Olea europaea L.)
Abstract
The inoculation in nursery by arbuscular myccorhizal fungus
(Glomus intraradices) of young plants of olive trees showed a better
installation of the of symbiosis at Chemlali and Meski varieties balanced
by an improvement of the growth, root system ramification and the
vegetative and root biomass.
In terms of this work, the obtained results showed that the AMF
Glomus intraradices inoculation of the plants in nursery allowed the
attenuation of the salt stress in studied cultivar when the Na Cl water rate’s
less than 75 mM.
Key words: Olive tree, mycorrhize, Glomus intraradices, growth, salinity
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1
: Institut de l’Olivier, BP 1087 ; 3000 Sfax (Tunisie)
2
: INRGREF (Tunisie)
3
: Premier Tec (Canada)
2
I. Introduction
L'utilisation des mycorhizes revêt une importance particulière sous
des climats arides et semi arides la salinité des sols réduit l’apport pour
la plante des fertilisants phosphaté et azoté. Ainsi, certains travaux ont pu
montrer que la tolérance des plantes à la salinité peut être améliorée par les
symbiotes (Dixon et al. 1993). L’efficience de ces symbioses entre le
champignon et l’hôte reste toutefois liée, en plus des conditions
pédoclimatiques, aux espèces symbiotiques mises en jeu.
En dépit de leur rareté, les études ont montré que l'olivier est parmi
les espèces qui peuvent être infectées par les endomycorhizes (MVA).
Inoculée par Glomus mosseae les racines des jeunes plantes d'oliviers des
cultivars Moraïolo, Leccino et Frantoï sont devenues plus ramifiées
permettant aux plantules une meilleure croissance (Citernesi et al. 1998).
L'inoculation des plantules de différents cultivars avec des champignons
mycorhiziens a montré une efficacité importante à surmonter les
contraintes de culture (Hayman et al., 1976; Roldan–Fajero et Barea, 1986).
Des études plus récentes (Porcel et al., 2006) ont montré que les endophytes
engendrent chez les plantes des transformations morphologiques et
physiologiques pour tolérer les contraintes du milieu. La colonisation
mycorhizienne diminue les effets osmotiques chez les plantes occasionnés
par la toxicité de Na+ (Ruı´z-Lozano and Azcon, 2000 ; Rabie and
Almadini , 2005). Cette étude vise l’étude en pinière de la réponse des
plantules de quelques cultivars locaux inoculés avec une endomycorhize
(Glomus intraradices) et irrigués avec de l’eau contenant différentes
concentrations de NaCl.
II. Matériels et condition d'inoculation et de stress salin
Les boutures semi ligneuses enracinées et ayant le même âge et
relativement le même nombre de racines adventives, des variétés Chemlali,
Zalmati Meski et Zarrazi, sont repiquées dans des pots de 1.5 l remplis de
substrat préalablement stérilisé. Le substrat est composé de sable grossier
et de tourbe à des proportions 2:1.
Pour chaque cultivar deux lots de 10 plantules sont choisis, l’un
mycorhizé (M) au niveau de chaque plantule par 3 g de substrat infecté par
une souche améliorée de Glomus intraradices (Premier Tec, Quebec,
Canada), l’autre lot, non mycorhizé (NM), est pris comme témoin. Les pots
sont placés en serre d'acclimatation durant deux mois. Puis ils ont été
transférés sous ombrière à l'abri des pluies. Les plantules reçoivent
périodiquement et équitablement de l'eau courante stérilisée. Chaque mois
la longueur totale des pousses végétatives est mesurée.
Après 9 mois, des plantules des deux lots sont séparées de leurs
substrats par un lavage soigneux. La biométrie des différents types de
3
racines: racines adventives, ordre 1 (R1), ordre 2(R2) et ordre 3 (R3) ainsi
que les poids frais et secs de la partie végétative et racinaire de chaque
plantule ont été évalués. Le rendement en matières sèches (%MS) qui est
égale à PS/PF *100 dans les feuilles, le bois et les racines a été obtenu
après dessiccation des organes dans une étuve à 74°C pendant 48 heures.
Le pourcentage de colonisation des racines par G. intraradices est
déterminé par la méthode de coloration et d’observation de Phillips et
Hayman (1970).
Pour étudier l'effet du stress salin sur les plantules mycorhizées
comparées à un témoin (plantules non mycorhizées), des plantules âgées de
6 mois des 4 cultivars sont repiquées dans les mêmes conditions citées
précédemment. Durant un mois toutes les plantules (inoculées et témoins)
sont irriguées avec l'eau de robinet stérilisée. Un mois après l'inoculation,
un traitement salin est réalisé en irriguant les plantules avec de l'eau
contenant les concentrations suivantes de NaCl 25, 50, 75 et 100 mM
durant 11 mois. Pour éviter le choc de l'accumulation excessive de NaCl,
les doses NaCl sont fractionnées en les répartissant entre les irrigations.
Les deux essais sont conduits en dispositif expérimental aléatoire
avec deux traitements (mycorhizé: M et non mycorhizé: NM) et dix
répétitions pour chaque traitement. La signification entre les résultats est
réalisée avec une analyse de la variance (ANOVA) et la comparaison entre
les moyennes est faite moyennant le test de Duncan.
III. Résultats et interprétations
A. Effet de Glomus intraradices sur la ramification racinaire
Les résultats obtenus (fig.1) montrent que le champignon a provoqué
chez leurs hôtes une amélioration de la ramification du système racinaire.
En effet, si le nombre des racines adventives n'a pas beaucoup changé,
celui des racines latérales du 1
er
, 2
ème
et 3
ème
ordre a augmenté, de même
pour les longueurs totales. Ayant des diamètres variant entre 1 et 2 mm ces
racines sont les sites préférentiels des endomycorhizes. Concernant le taux
de répartition des racines, la figure 1 montre qu’une dominance des racines
d'ordre 3 (85% du système racinaire) chez les plantes M de Chemlali et
Meski (70%). Cette répartition est au profit des racines d'ordre 1 et 2 de
Zalmati M (30% et 60%) et de Zarrazi M (35% et 50%).
4
Fig. 1: Répartition du nombre des racines RA, R1, R2 et R3 des plantes
Mycorhizées (M) et non mycorhyzées (NM) avec, RA : racines adventives ;
R1, R2 et R3 : racines d’ordre 1, 2 et 3.
Les chevelures racinaires les plus intenses sont observées chez les
plantules mycorhizées de Chemlali, Meski (fig.1) L’analyse statistique
montre des différences hautement significatives au seuil de 1% pour le
même cultivar entre les plantes mycorhizées et non mycorhizées. Des
résultats identiques sont obtenus sur le cultivar Frantoïo et Leccino
inoculée avec G. mosseae. Chez ces cultivars la symbiose a augmenté la
longueur et le nombre du 1
er
, 2
ème
et 3
ème
ordre. Les racines adventives ne
sont pas affectées par G. mosseae (Citernesi et al. 1998). D'autres études
ont montré aussi que les mycorhizes, par le développement de leur
mycélium, modifie l'architecture des racines (Smith et Read, 1997; Berta et
al. 1995). L'analyse morphométrique du système racinaire chez Vitis
vinifera (Schellenbaum et al. 1991), Populus sp. (Hooker et al. 1992),
Platanus acerifolia (Tisserant et al. 1992) et Prunus ceracifera (Fortuna et
al. 1998) a montré une amélioration de la ramification du système racinaire
des plantes mycorhizées.
B. Effet de Glomus intraradices sur la biomasse végétative et
racinaire
Dans le but de quantifier l'effet de G. intraradices sur la croissance
des plantes, nous avons déterminé le rendement en matières sèches (%MS)
au niveau de tous les organes de la plante. L'examen du Tableau I montre
que les biomasses racinaires et végétatives sont plus importantes chez les
plantes mycorhizées. Positivement Corrélés avec le poids frais et sec du
matériel végétal, les rendements en matière sèche (MS) sont nettement
améliorés avec la mycorhization. L’analyse statistique a révélé des
différences hautement significatives au seuil de 1% entre organes de
certains cultivars.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
M NM M NM M NM M NM
Chemlali Zalmati Meski Zarrazi
Répartition du nombre
des racines sur la plante (%)
R3
R2
R1
RA
5
Tab.I: Effet de Glomus intraradices sur le rendement en matières
sèches (%)
Matière sèche (%)
Racine Bois Feuille
Chemlali M 37,83
a
50,50
b
51,24
b
NM 26,78
c
43,77
d
44,45
d
Zalmati M 28,90
c
44,36
d
41,21
d
NM 37,66
a
44,59
d
41,72
d
Meski M 47,24
b
55,71
b
45,23
d
NM 34,35
a
45,94
d
42,88
d
Zarrazi M 33,33
a
42,87
d
40,60
d
NM 36,99
a
43,64
d
41,64
d
M : plante mycorhizée ;
NM : plante non mycorhizée
(Les moyennes ne portant pas la même lettre sont statistiquement
différentes).
En effet, Chez le cultivar Chemlali, la MS des feuilles, du bois et des
racines passe de 26,78 ; 43,77 et 44,45% chez le témoin à 37,83 ; 50,5 et
51,24% chez les plantes inoculées. Pour le même parmètre (MS%), en
comparant les plantules mycorhizées et témoins (NM) l’analyse statistique
révèle une différence significative au seuil 5%. De même pour Meski la
teneur en MS est plus importante chez les plantes mycorhizées (Tab.1). La
diminution dans les biomasses végétatives et racinaires chez les plantes
mycorhizées de Zalmati et Zarrazi est probablement liée à l'absence de
racines tertiaires chez ces dernières.
C- Colonisation mycélienne des racines
Les observations microscopiques périodiques des racines chez les
plantes mycorhizées ont montré que la colonisation mycélienne a concerné
exclusivement les racines d'ordre 2 et 3 ayant des diamètres variant entre
0,5 et 1 mm.
En se basant sur le nombre de racines colonisées par rapport aux
racines observées, un taux de colonisation mycorhizienne du système
racinaire a été calculé pour chaque cultivar. Les résultats consignés dans le
tableau II montrent que les systèmes racinaires des cultivars Chemlali et
Meski détiennent les taux les plus importants de colonisation
mycorhizienne avec respectivement 62% et 49%. Les résultats obtenus
révèlent que les taux de colonisation sont en étroite relation avec la
morphologie racinaire des cultivars (tab.II). En effet, les cultivars Chemlali
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