DIAGNOSTIC AMINATA :
CYTOSTÉATONÉCROSE
NÉONATALE
La cytostéatonécrose du nouveau-né
(CSN) est une hypodermite aiguë se dé-
veloppant durant les premiers jours de
vie. Elle survient chez un nouveau-né
en pleine santé, né à terme ou postma-
ture, au décours d’un accouchement
compliqué. Elle apparaît après un inter-
valle libre, dans les quinze à trente pre-
miers jours de vie.
Sa physiopathologie est encore mal
connue. Elle résulterait de l’association
de facteurs d’origine maternelle (hyper-
tension artérielle gravidique et pré-
éclampsie, diabète gestationnel, prise
d’inhibiteurs calciques ou de cocaïne
pendant la grossesse), de facteurs d’ori-
gine constitutionnelle (hypoxie péri-
phérique due à une anémie ou à une
thrombocytose néonatales), mais aussi
de facteurs obstétricaux (travail prolon-
gé, hypothermie, hypoxie, infection ma-
ternofœtale, utilisation d’outils conten-
dants).
La CSN débute par un érythème qui
évolue rapidement vers des placards
d’hypodermite rouge violine plus ou
moins diffus, douloureux dans 25 % des
cas. Cette inflammation s’atténue en
quelques semaines pour laisser place à
une atrophie du tissu sous-cutané qui
persistera plusieurs années, sans reten-
tissement fonctionnel particulier.
La CSN est le plus souvent localisée au
niveau du dos, du cou et des membres
supérieurs. Une souffrance néonatale
sévère s’accompagnera de lésions dif-
fuses, alors que les traumatismes locali-
sés, comme ceux dus à l’utilisation de
forceps, induisent en général des lé-
sions focales.
Le diagnostic est le plus souvent cli-
nique, mais, en cas de doute, il peut être
confirmé par une cytoponction qui trou-
ve des cellules multinucléées avec inclu-
sions vides correspondant à des cristaux
lipidiques.
L’hypercalcémie est la complication
la plus souvent rencontrée (30 à 75 %
des cas) et elle est plus fréquente dans
les formes disséminées. Elle est le plus
souvent asymptomatique mais impose
une surveillance régulière de la calcé-
mie (dosage hebdomadaire pendant
deux à trois mois). Elle peut apparaître
jusqu’à deux mois après le début des
signes cutanés et peut générer des dé-
pôts calciques viscéraux (néphroalcino-
se, lithiases rénales), le plus souvent
asymptomatiques et régressifs en
quelques mois.
Les complications locales sont domi-
nées par la douleur et l’atrophie sous-
cutanée.
Des hypertriglycéridémies majeures,
des thrombopénies sévères ou des cas
d’hypoglycémie ont été décrits pendant
la CSN. Le plus souvent asymptoma-
tiques, ces anomalies, qui peuvent ap-
paraître avant les signes cutanés, ré-
gressent avec la CSN.
Lors de la prise en charge d’un nou-
veau-né présentant une CSN, il est im-
portant de rassurer les parents sur la ré-
gression spontanée des lésions tout en
les prévenant des risques de dépression
cutanée sans conséquence esthétique
ou fonctionnelle. Le traitement de la
douleur, qu’il ne faut pas sous-estimer,
peut nécessiter l’utilisation de morphi-
niques. L’hypercalcémie doit être prise
en charge spécifiquement, et il est im-
portant de sensibiliser les parents aux
signes la faisant suspecter (vomisse-
ments, constipation, irritabilité, retard
de croissance). Dans les formes dissémi-
nées, il est recommandé de ne pas sup-
plémenter ces nourrissons par vitamine
D et d’interdire l’exposition solaire pen-
dant les premiers mois de vie.
DIAGNOSTIC RÉDA :
APLASIE CUTANÉE
CONGÉNITALE
L’aplasie cutanée congénitale corres-
pond à un défaut de développement du
tissu cutané, visible dès la naissance,
sur une surface de taille variable. C’est
une affection rare (0,03 % des nais-
sances), le plus souvent sporadique,
mais quelques cas familiaux à transmis-
sion autosomique dominante ont été
rapportés.
L’étiologie de l’aplasie cutanée
congénitale n’est pas univoque et diffé-
rents facteurs sont probablement intri-
qués dans sa pathogénie. Des facteurs
intra-utérins : rupture du tégument lors
de la forte croissance céphalique entre
la dixième et la dix-huitième semaine
de grossesse, traumatisme intra-utérin,
adhérences amniotiques, problème vas-
culaire (diabète maternel, épisodes
d’hypotension). On retrouve parfois un
facteur tératogène : antithyroïdiens de
synthèse, acide valproïque, IEC. Enfin,
une cause génétique est suspectée de-
vant des cas familiaux.
Cliniquement, on observe une absen-
ce de revêtement cutané d’une zone de
peau bien limitée. La localisation au
vertex, à proximité de la fontanelle pos-
térieure, est la plus fréquente (85 % des
cas). Elle est le plus souvent unique
(75 % des cas), mais il existe parfois des
lésions doubles (20 %), voire multiples
(5 %). En cas de localisation médiane,
on recherchera une anomalie de ferme-
ture pariétale. Plus rarement, cette lo-
calisation peut aussi s’associer à des
anomalies des extrémités (syndrome
d’Adams-Olivier) ou s’intégrer à un syn-
drome polymalformatif (syndrome de
Bart, de Johanson-Blizzard, syndrome
EEC, trisomie 13). Les lésions sont le
plus souvent superficielles et ne concer-
nent que l’épiderme, mais dans 15 à
20 % des cas le défaut de développe-
ment du cuir chevelu peut toucher la
voûte crânienne, voire la dure-mère.
Des complications infectieuses et hé-
morragiques sont alors à craindre, avec
une mortalité dans 20 à 55 % des cas.
Le diagnostic est clinique. L’IRM per-
met d’apprécier la profondeur de l’at-
teinte dans les formes étendues.
Il n’y a pas de consensus sur le traite-
ment. Les lésions superficielles limitées
à l’épiderme sont traitées par panse-
ments et antibiothérapie locale. Une
alopécie cicatricielle est alors constante.
En revanche, les formes étendues avec
atteinte du tissu sous-cutané nécessi-
Médecine
& enfance
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