COUP D’ŒIL Médecine & enfance EXAMEN AMINATA Aminata, huit jours, est adressée aux urgences pédiatriques par la PMI pour une tuméfaction axillaire gauche découverte par la maman le matin même. Elle est née à terme, eutrophe, au terme d’un travail prolongé. A l’examen, c’est un bébé tonique avec un comportement normal, qui boit bien. Elle présente une tuméfaction axillaire gauche postérieure, de 1,5 cm de diamètre, d’aspect inflammatoire, mobile, dont la palpation est dure et semble sensible (photo ci-dessous). Le reste de l’examen est sans particularité. Quel est votre diagnostic ? EXAMEN RÉDA Le petit Réda, trois ans, originaire de Tunisie vient d’arriver en France. Vous le voyez pour la première fois et constatez cette lésion du cuir chevelu (photo ci-dessous). Le reste de l’examen est sans particularité et le car- net de vaccination est à jour. La maman vous dit que cette lésion est visible depuis la naissance. Quel est votre diagnostic ? C. Guillaumat, A. Mosca, service de pédiatrie, centre hospitalier Sud francilien, Evry Rubrique dirigée par A. Mosca, alexis.mosca@ ch-sud-francilien.fr Voir les diagnostics page suivante ➝ mai 2010 page 249 Médecine & enfance DIAGNOSTIC AMINATA : CYTOSTÉATONÉCROSE NÉONATALE La cytostéatonécrose du nouveau-né (CSN) est une hypodermite aiguë se développant durant les premiers jours de vie. Elle survient chez un nouveau-né en pleine santé, né à terme ou postmature, au décours d’un accouchement compliqué. Elle apparaît après un intervalle libre, dans les quinze à trente premiers jours de vie. Sa physiopathologie est encore mal connue. Elle résulterait de l’association de facteurs d’origine maternelle (hypertension artérielle gravidique et prééclampsie, diabète gestationnel, prise d’inhibiteurs calciques ou de cocaïne pendant la grossesse), de facteurs d’origine constitutionnelle (hypoxie périphérique due à une anémie ou à une thrombocytose néonatales), mais aussi de facteurs obstétricaux (travail prolongé, hypothermie, hypoxie, infection maternofœtale, utilisation d’outils contendants). La CSN débute par un érythème qui évolue rapidement vers des placards d’hypodermite rouge violine plus ou moins diffus, douloureux dans 25 % des cas. Cette inflammation s’atténue en quelques semaines pour laisser place à une atrophie du tissu sous-cutané qui persistera plusieurs années, sans retentissement fonctionnel particulier. La CSN est le plus souvent localisée au niveau du dos, du cou et des membres supérieurs. Une souffrance néonatale sévère s’accompagnera de lésions diffuses, alors que les traumatismes localisés, comme ceux dus à l’utilisation de forceps, induisent en général des lésions focales. Le diagnostic est le plus souvent clinique, mais, en cas de doute, il peut être confirmé par une cytoponction qui trouve des cellules multinucléées avec inclusions vides correspondant à des cristaux lipidiques. L’hypercalcémie est la complication la plus souvent rencontrée (30 à 75 % des cas) et elle est plus fréquente dans les formes disséminées. Elle est le plus souvent asymptomatique mais impose une surveillance régulière de la calcémie (dosage hebdomadaire pendant deux à trois mois). Elle peut apparaître jusqu’à deux mois après le début des signes cutanés et peut générer des dépôts calciques viscéraux (néphroalcinose, lithiases rénales), le plus souvent asymptomatiques et régressifs en quelques mois. Les complications locales sont dominées par la douleur et l’atrophie souscutanée. Des hypertriglycéridémies majeures, des thrombopénies sévères ou des cas d’hypoglycémie ont été décrits pendant la CSN. Le plus souvent asymptomatiques, ces anomalies, qui peuvent apparaître avant les signes cutanés, régressent avec la CSN. Lors de la prise en charge d’un nouveau-né présentant une CSN, il est important de rassurer les parents sur la régression spontanée des lésions tout en les prévenant des risques de dépression cutanée sans conséquence esthétique ou fonctionnelle. Le traitement de la douleur, qu’il ne faut pas sous-estimer, peut nécessiter l’utilisation de morphiniques. L’hypercalcémie doit être prise en charge spécifiquement, et il est important de sensibiliser les parents aux signes la faisant suspecter (vomissements, constipation, irritabilité, retard de croissance). Dans les formes disséminées, il est recommandé de ne pas supplémenter ces nourrissons par vitamine D et d’interdire l’exposition solaire pendant les premiers mois de vie. DIAGNOSTIC RÉDA : APLASIE CUTANÉE CONGÉNITALE L’aplasie cutanée congénitale correspond à un défaut de développement du tissu cutané, visible dès la naissance, sur une surface de taille variable. C’est une affection rare (0,03 % des naissances), le plus souvent sporadique, mai 2010 page 250 mais quelques cas familiaux à transmission autosomique dominante ont été rapportés. L’étiologie de l’aplasie cutanée congénitale n’est pas univoque et différents facteurs sont probablement intriqués dans sa pathogénie. Des facteurs intra-utérins : rupture du tégument lors de la forte croissance céphalique entre la dixième et la dix-huitième semaine de grossesse, traumatisme intra-utérin, adhérences amniotiques, problème vasculaire (diabète maternel, épisodes d’hypotension). On retrouve parfois un facteur tératogène : antithyroïdiens de synthèse, acide valproïque, IEC. Enfin, une cause génétique est suspectée devant des cas familiaux. Cliniquement, on observe une absence de revêtement cutané d’une zone de peau bien limitée. La localisation au vertex, à proximité de la fontanelle postérieure, est la plus fréquente (85 % des cas). Elle est le plus souvent unique (75 % des cas), mais il existe parfois des lésions doubles (20 %), voire multiples (5 %). En cas de localisation médiane, on recherchera une anomalie de fermeture pariétale. Plus rarement, cette localisation peut aussi s’associer à des anomalies des extrémités (syndrome d’Adams-Olivier) ou s’intégrer à un syndrome polymalformatif (syndrome de Bart, de Johanson-Blizzard, syndrome EEC, trisomie 13). Les lésions sont le plus souvent superficielles et ne concernent que l’épiderme, mais dans 15 à 20 % des cas le défaut de développement du cuir chevelu peut toucher la voûte crânienne, voire la dure-mère. Des complications infectieuses et hémorragiques sont alors à craindre, avec une mortalité dans 20 à 55 % des cas. Le diagnostic est clinique. L’IRM permet d’apprécier la profondeur de l’atteinte dans les formes étendues. Il n’y a pas de consensus sur le traitement. Les lésions superficielles limitées à l’épiderme sont traitées par pansements et antibiothérapie locale. Une alopécie cicatricielle est alors constante. En revanche, les formes étendues avec atteinte du tissu sous-cutané nécessi- Médecine & enfance tent une chirurgie précoce pour éviter les complications infectieuses et hémor- ragiques. Il pourra s’agir de la réalisation de lambeaux de greffe cutanée, voi- re de véritable chirurgie de reconstruction. Pour en savoir plus né », Ann. Dermatol. Vénéréol., 2007 ; 134 : 494-8. BURDE A.D., KRAFCHIK B.R. : « Subcutaneous fat necrosis of the newborn : a review of 11 cases », Pédiatr. Dermatol., 1999 ; 16 : 384-7. MAHÉ E., GIRSZYN N. et al. : « Subcutaneous fat necrosis of the newborn. A systematic evaluation of risk factors, clinical aspects, complications and evolution in 16 children », Br. J. dermatol., 2007 ; 156 : 709-15. Sur l’aplasie cutanée congénitale : ALOULOU H., CHAARI W., KHANFIR S. et al. : « Aplasia cutis congenita du vertex (5 observations) », Arch. Pédiatr., 2008 ; 15 : 382-7. Sur la cytostéatonécrose néonatale : MAHÉ E., DEPROST Y. : « La cytostéatonécrose du nouveau- 14e Journée de pathologie infectieuse pédiatrique ambulatoire ☞ le samedi 9 octobre 2010 à la Maison de la Chimie 28 bis, rue Saint-Dominique, 75007 Paris Journée organisée par la revue Médecine et enfance sous la direction scientifique de Robert Cohen avec Infovac-France l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (ACTIV) et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) Voir le programme page 215 BULLETIN D’INSCRIPTION A LA 14e JOURNÉE DE PATHOLOGIE INFECTIEUSE PÉDIATRIQUE AMBULATOIRE à envoyer à Médecine et enfance, 23 rue Saint-Ferdinand, 75017 Paris, accompagné de votre règlement Frais de participation : 130 euros NOM, Prénom Adresse Code postal, Ville Courriel Je joins un chèque de 130 euros à l’ordre de Médecine et enfance Une confirmation d’inscription et un reçu vous seront envoyés par mail ou par courrier dès réception de votre bulletin d’inscription mai 2010 page 251