Avril 2009 PHARMACIEN, MEDECIN, PATIENT : UN NOUVEAU

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Avril 2009
PHARMACIEN, MEDECIN, PATIENT :
UN NOUVEAU TRIO DANS LA PREVENTION ET LA PRISE EN CHARGE
DU SURPOIDS ET DE L’OBESITE
Interview du Pr Michel Krempf,
Médecin nutritionniste endocrinologue, CHU de Nantes
Comment qualifier le surpoids ?
Pour qualifier le surpoids, on utilise un index que l’on appelle « Index de Masse Corporelle » qui est une donnée
qui a été obtenue à partir d’études épidémiologiques et que nous utilisons tous les jours pour évaluer et traiter
les patients.
Il s’agit d’une formule mathématique dans laquelle on utilise le poids (pris en kilos) divisé par la taille (en
mètres) qui est élevée au carré. Tout cela est un peu compliqué, mais globalement on définit que quand vous
avez un Index de Masse Corporelle au-dessus de 25, vous êtes en surpoids. Au-dessus de 30, vous atteignez le
seuil de l’obésité.
A titre d’exemple : vous mesurerez 1,65m, vous pesez 70kg. Vous entrez dans le surpoids, votre IMC devient
supérieur à 25. Vous pesez plus de 80kg-82kg, vous êtes obèse.
Parmi les patients qui ont un excès pondéral, certains ont un excès de risques. Pour l’évaluer, on mesure le tour
de taille. Quand le tour de taille est supérieur à 1 mètre pour les hommes et 90 cm pour les femmes, on est
dans une zone de sur-risques en plus de ceux apportés par le surpoids.
En quoi consiste le traitement du surpoids ?
Le point essentiel du traitement de la prise de poids est la modification de l’alimentation si elle n’est pas
adaptée et la pratique d’une activité physique très régulière.
Deuxièmement, nous avons à notre disposition aujourd’hui plusieurs molécules, développées par l’industrie
pharmaceutique avec tous les essais thérapeutiques adaptés qui ont permis de leur reconnaître une efficacité et
de leur donner le statut de médicament et qui permettent surtout, à très long terme, de perdre du poids et
surtout de le maintenir.
Quels sont les bénéfices de la perte de poids ?
Il y a deux éléments qui entrent en jeu : il y a effectivement l’aspect santé.
On s’aperçoit qu’une perte de poids relativement modérée, de 5 à 10% du poids de départ permet, en terme de
santé, la réduction des perturbations biologiques : la glycémie, le diabète, les problèmes de lipides, la tension
artérielle… Tout cela est très rapidement amélioré et évite, souvent, de prendre des médicaments pour traiter
spécifiquement ces problèmes-là avec une réduction pondérale relativement modérée.
La motivation des patients, au-delà de ce problème médical, est aussi personnelle, c’est-à-dire que l’on se sent
mieux quand on a quelques kilos de moins. En général, c’est cette motivation-là qui est la plus forte pour eux.
Un médicament pour la perte de poids délivré sans ordonnance arrive en pharmacie, quel rôle est amené à
jouer le pharmacien ?
Le rôle du pharmacien dans la prise en charge, dans le suivi et l’organisation des soins des patients en surpoids
est un élément nouveau puisque, jusqu’à maintenant, il n’y avait pas de médicament directement disponible.
Son rôle, que ce soit lors de la première délivrance du traitement ou lors de son renouvellement, m’apparaît
extrêmement important, ne serait-ce que pour rappeler au patient que le surpoids, l’obésité est une maladie qui
entraine des problèmes de santé.
D’autre part, il s’agit d’un moment privilégié, puisque le patient est en face d’un professionnel de santé, où l’on
peut répéter les règles essentielles de la prise en charge de l’excès pondéral.
Un autre élément qui, je pense, sera intéressant : c’est peut-être de modérer les ardeurs des patients qui
pensent avoir systématiquement des solutions « magiques » pour perdre du poids en quelques jours. Là, je
pense que le message sera extrêmement important pour modérer leurs ardeurs.
Le dernier point, pour ces très nombreux patients qui, souvent, ont suivi plusieurs régimes, ont vu beaucoup de
médecins pour essayer de traiter le problème, c’est peut-être de les remotiver pour retrouver le chemin d’une
prise en charge mieux structurée et mois anarchique.
Le rôle du médecin évoluera-t-il dans ce nouveau contexte de prise en charge du surpoids ?
Si un patient vient me consulter à la suite d’un achat de ce traitement auprès de son pharmacien et que
finalement, il estime qu’il a besoin d’une prise en charge beaucoup plus structurée, nous serons bien sûr là pour
l’aider et l’accompagner dans cette démarche. D’autre part, conseiller ce traitement aux patients qui voudront
l’acheter directement sans prescription ne me paraît pas être quelque chose d’étonnant.
Le rôle du médecin dans la prise en charge des patients en surcharge pondérale, avec le nouvel acteur qu’est le
pharmacien, est une question qui a beaucoup animé notre communauté et va continuer à l’animer. Mais je crois
qu’aujourd’hui, nous sommes en face d’un mode de fonctionnement qui va impliquer, vis-à-vis d’un problème
de santé publique majeur, l’excès pondéral, pour lequel plus de 40% de la population française est touchée.
Tous les acteurs de santé doivent être mobilisés autour de ce problème, je crois que personne ne discute ce
point et que les pharmaciens ont effectivement leur rôle à jouer dans ce réseau de soins.
***
Source : www.presstvnews.fr, salle de presse surpoids et obésité
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