Quelles sont les carac-
téristiques communes
aux plantes de cette
famille? Pour le botaniste,
il s'agit essentiellement d'un
type particulier d'inflores-
cence appelée «capitule».
Mais nous allons découvrir
que les plantes de cette
famille ont, bien au-delà de
la structure de la fleur et
des fruits de nombreux
autres caractères communs
qui nous permet de caracté-
riser, le «geste» du type des
Astéracées.
Le capitule-bouquet
Ce que le néophyte prend
pour une fleur unique, par
exemple une fleur de mar-
guerite, qu'on effeuille, est
en fait un véritable bouquet.
En fait, on n'effeuille pas la
marguerite, on retire à
chaque fois une fleur spécia-
lisée appelée ligule (=lan-
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ART DU JARDIN
Les astéracées,
une famille solaire
Cette grande famille de plantes à laquelle appartiennent le salsifis et
la scorsonère est l'une des plus évoluées et récentes. Elle recouvre un
grand nombre d'espèces si différentes par leur port et leur appa-
rence végétative que le néophyte est souvent surpris. Ainsi, la petite
pâquerette de nos gazons comme l'immense bardane aux amples
feuilles, ainsi que l'edelweiss des sommets alpins appartiennent à
cette famille.
Une fleur de salsifis sauvage
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guette). Un exemple : sur un capitule de
marguerite on a compté 33 fleurs en ligules
et 425 fleurs en tubules, soit un total de
458 fleurs entourées de feuilles étroites
transformées en écailles, les bractées, au
nombre de 48. (1)
Le fait que chaque capitule soit un bou-
quet d'un nombre plus ou moins impor-
tant de fleurons contribue peut-être à
donner cette impression de fleur très
dense, typique des Astéracées,
Les «capitules» d'Astéracées s'expriment
de différentes manières. Classiquement,
on distingue trois types de capitules
d'après le type de fleurs (appelées aussi
fleurons) les composant :
Les Liguliflores dont les capitules sont
uniquement composés de ligules (lan-
guettes comme les pissenlits, chicorées,
etc.)
Les Tubuliflores dont les capitules sont
uniquement composés de tubules (petits
tubes comme chez les chardons).
Les Radiées : en faisant la synthèse des
deux types de fleurons on obtient les
radiées dont le capitule est composé de
ligules imitant les pétales à la périphérie
et de tubules imitant les étamines et le
pistil au centre.
Cette classification, qui peut paraître très
scientifique, peut nous aider à esquisser
la palette des possibilités de cette famille
en suivant ces trois tribus dans l'année.
Au début du printemps, c'est la tribu des
Liguliflores qui ouvre vraiment l'année
avec le pissenlit et de très nombreuses
autres astéracées jaunes (picrides, crépides,
épervières et autres porcelles) jusqu'en été,
voire en automne avec le liondent d'au-
tomne. On trouve dans ce groupe la plupart
des salades sauvages très appréciées dans le
Sud de la France (dénommées ensalada
champanéla en occitan) aux rosettes de
feuilles tendres et un peu amères consom-
mées en début de printemps en cure dépu-
rative. La plus connue est bien sûr le pis-
senlit. Les salsifis dont les cousins sauvages
fleurissent au printemps dans les prés font
partie de cette tribu.
Ces plantes ont toutes des feuilles très
plastiques, de forme variable avec souvent
du latex blanc aussi qui renforce ce carac-
tère liquide-plastique. Les capitules sont le
plus souvent de couleur claire et lumi-
neuse : jaune à orangé, très rarement bleu
et dans ce cas d'un bleu très doux comme
la chicorée sauvage. Ce sont les couleurs
du printemps exprimant l'augmentation
croissante de l'intensité de la lumière.
Cependant, après la floraison qui trans-
forme souvent la prairie en un tapis de
petits soleils, le capitule forme des fruits
secs dotés de parachutes. On pourrait qua-
lifier les Liguliflores de plantes-feuilles de
la famille des Astéracées.
La deuxième tribu qui débute aussi tôt
dans l'année mais va suivre toute l'année
avec un apogée vers mai-juin est celle
des Radiées. On y trouve les plantes à
huiles grasses (tournesol), à huiles essen-
tielles et les plantes d'ornement au carac-
tère floral très marqué : ce sont les plus
achevées du point de vue de la forme
pourrait-on dire. On pourrait qualifier
cette tribu de plantes-fleur de la famille.
Les couleurs des capitules recouvrent
toute la palette des couleurs florales : du
blanc de la pâquerette jusqu'au violet des
asters en passant par le jaune des tourne-
sols, l'orange des soucis, le mauve des
asters et le bleu des bleuets.
C'est chez elle que l'on trouve les plantes
d'ornement comme les asters, les soucis,
les marguerites, les rudbeckias, et cer-
taines plantes alimentaires comme les
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tournesols, les topinambours, etc.
On trouve aussi plusieurs grandes médi-
cinales vulnéraires contre les chocs, les
blessures, les contusions par exemple la
pâquerette, l'arnica, l'achillée millefeuille
ou des digestives comme les camomilles
et matricaires, etc.
La troisième tribu des Tubuliflores réunit
de grandes plantes aux fleurs allant du
rose magenta au violet, donc plutôt dans
une gamme de couleur d'été et d'automne
qui expriment la chaleur, la maturation de
l'été avec la baisse de la lumière (cou-
leurs moins lumineuses). Ces plantes aux
capitules restant assez fermés, assez com-
pacts, comme les chardons, bardanes,
carlines, centaurées, fleurissent en été et
début d'automne. Leurs capitules ressem-
blent à des fruits à la fois par leur couleur
et leur forme souvent ronde; d'ailleurs la
base du capitule, le réceptacle, est sou-
vent charnu et peut servir d'aliment au
goût fruité comme le cœur d'artichaut.
Ces plantes ont souvent de hautes tiges
rigides, ligneuses, voire épineuses et por-
tent des feuilles aussi souvent fortement
structurées, découpées, ou épineuses. On
pourrait qualifier cette tribu de plantes-
fruit de la famille. L'artichaut dont on
mange les futures graines, le réceptacle et
les bractées (feuilles entourant le capi-
tule) est un légume de cette tribu.
On trouve un certain nombre de bons
remèdes pour le cœur et le foie dans cette
tribu, parmi les chardons en particulier.
Celui qui essaie de goûter différentes feuilles
d'Astéracées y retrouvera de manière plus
ou moins marquée une certaine similitude
de goût qui va du sucré doux, aromatique à
l'amer le plus fort (par exemple chez les
armoises de l'estragon à l'absinthe). Les
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Une fleur de chardon : les bractées périphériques imitent des pétales
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odeurs sont souvent douces, sucrées ou aro-
matiques, parfois même assez violentes
comme certaines armoises (aurone,
absinthe).
On pourrait résumer le caractère de cette
famille en disant qu'elle réunit des forces
végétatives très puissantes qui sont péné-
trées de forces florales (réunissant de
nombreuses fleurs en un capitule) tout
aussi puissantes. Le caractère médicinal
général de la famille découle de ce geste :
il s'agit souvent de plantes pouvant aider
quand il faut être à la fois revitalisé, régé-
néré tout en étant «recentré». On y trou-
vera à la fois des plantes soutenant l'im-
munité comme la célèbre Echinacée des
Amérindiens, des vulnéraires aidant à
cicatriser ou à limiter des effets des contu-
sions : pâquerette, arnica, hélichryse, etc.
et de bonnes digestives (matricaire, achil-
lée, etc.).
Par contre, comme
on peut s'en douter,
il n'existe quasi-
ment pas de
drogues (à l'excep-
tion de la laitue
vireuse qui a des
propriétés somni-
fères mais reste
beaucoup moins
violente que le
pavot) ni de
grandes toxiques
dans cette famille
foncièrement
«saine».
Les plantes ali-
mentaires de cette
famille gardent
ces propriétés
médicinales de
manière adoucie.
Ainsi les chicorées, endives, pissenlit à
l'amertume stimulante ont un caractère
dépuratif stimulant la sphère hépatobi-
liaire tout à fait agréable au printemps
après la lourdeur de l'alimentation hiver-
nale. La laitue garde un léger caractère
somnifère de son ancêtre la laitue vireuse;
c'est donc un bon légume pour le soir ou
pour aider à digérer un plat un peu lourd
par sa légère amertume (une chicorée
sera encore plus efficace pour cette
deuxième propriété).
L'huile des Radiées comme le tournesol
et tout particulièrement le carthame a un
caractère solaire et lumineux très marqué.
Dans les tubuliflores on profitera des pro-
priétés de la famille avec les cardons
(légume à redécouvrir) et les artichauts
entre autres. JEAN-MICHEL FLORIN
1) Plante et cosmos, E.-M Kranich, Ed. Triades
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Centaurea Montanea, le bleuet des montagnes
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