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EXPOSÉ DES MOTIFS
1. Contexte
1.1. Historique et objectifs
L’exposition aux rayonnements ionisants engendre un détriment sanitaire. En situation
normale, les doses sont très faibles, de sorte qu’il n’y a pas d’effet tissulaire cliniquement
observable, mais il reste un risque d’effets tardifs, et notamment de cancer. On part de
l’hypothèse que cet effet n’est pas lié à une dose seuil: toute exposition, aussi faible soit-elle,
peut être la cause d’un cancer qui se déclarera ultérieurement. Une hypothèse supplémentaire
est que la probabilité de survenance d’un effet tardif est proportionnelle à la dose. C’est sur
cette base qu’apparaît le besoin d’une approche spécifique en radioprotection, fondée sur les
trois principes de justification, d’optimisation et de limitation des doses, qui sont les piliers du
système de protection établi il y a des décennies par la Commission internationale de
protection radiologique (CIPR).
La législation Euratom s’est toujours conformée aux recommandations de la CIPR. Cette
organisation scientifique très respectée a récemment émis de nouvelles recommandations sur
le système de radioprotection (publication 103 de 2007). Tout en préservant les trois piliers du
système, la CIPR expose de manière plus détaillée l’application des principes dans toute
situation d’exposition et indépendamment du fait que la source de rayonnements soit
artificielle ou naturelle. La radioprotection couvre en effet non seulement les expositions
résultant de l’exploitation de sources de rayonnements (situations d’exposition planifiée) mais
aussi les situations d’exposition d’urgence, résultant par exemple d’un accident nucléaire, et
tout un éventail d’autres situations, notamment celles impliquant une exposition à des sources
naturelles de rayonnement, dénommées «situations d’exposition existante». La CIPR a aussi
actualisé, à la lumière des informations scientifiques les plus récentes, la méthode
d’évaluation de la dose efficace, ainsi que l’application des limites de dose.
Une proportion élevée de travailleurs actifs dans des secteurs qui traitent des matières
radioactives naturelles, (NORM, Naturally Occuring Radioactive Materials) reçoivent des
doses supérieures à la limite de dose pour les personnes du public, mais ne bénéficient
toujours pas d’une protection en tant que travailleurs exposés professionnellement. Cette
anomalie ne peut perdurer, c’est pourquoi les nouvelles recommandations de la CIPR visent à
intégrer les sources naturelles de rayonnement dans le système global. Dès 1996, la législation
Euratom de l’époque1 avait été enrichie d’exigences applicables aux activités professionnelles
impliquant des sources naturelles de rayonnement. Elles avaient été regroupées sous un titre
distinct, et non intégrées dans le cadre général de la radioprotection. En outre, les États
membres bénéficiaient d’une souplesse maximale pour décider, par exemple, quels secteurs
NORM devaient retenir l’attention. Il en a résulté d’importantes différences dans le contrôle
des secteurs NORM et la protection de leurs travailleurs. Cette situation n’est pas compatible
avec le rôle d’Euratom consistant à établir des normes uniformes.
1 Directive 96/29/Euratom du Conseil du 13 mai 1996 fixant les normes de base relatives à la protection
sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers résultant des rayonnements ionisants (JO
L 159 du 29.6.1996, p. 1).