80 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012
Dépistage gériatrique pour tous les patients âgés atteints de cancer
etautres actualités
RÉTROSPECTIVE 2011
Deux outils de dépistage peuvent être proposés dès
aujourd’hui aux pratriciens oncologues, aux spécia-
listes d’organes ou aux chirurgiens, dans le cadre
du bilan initial d’un patient âgé atteint de cancer :
le G8 et le VES-13.
EPOG 2011 :
actualités urologiques
Avec plus de 60 000 nouveaux cas par an en France,
le cancer de la prostate a eu la part belle aux journées
EPOG durant lesquelles ont échangé oncologues,
gériatres, urologues et équipes paramédicales.
Cancer de la prostate du sujet âgé :
actualités chirurgicales,
radiothérapiques, médicales
La chirurgie est le seul traitement curatif prouvé
du cancer de la prostate, comme l’a rappelé
P. Mongiat-Artus ; elle améliore la survie globale et
spécifique (+ 7 % à 10 ans). La mortalité spécifique
reste, avec l’âge, une menace, qui pèse d’autant plus
si le grade est élevé.
Les pratiques de prise en charge évoluent chez les
patients de plus de 70 ans, en particulier dans la
tranche d’âge 70-74 ans. L’hormonothérapie reste
fréquemment proposée. La fréquence de prosta-
tectomie a triplé au cours des 10 dernières années
(selon l’Observatoire des pratiques en urologie).
La comparaison des 3 techniques chirurgicales (voies
rétropubienne, laparoscopique ou chirurgie robo-
tisée) ne retrouve pas de différence significative en
termes d’efficacité ; davantage de saignements sont
signalés avec la voie rétropubienne. La récupération
de la continence dans tous les cas est un peu plus
longue chez le patient de plus de 70 ans (2-4).
L’âge est un facteur de risque de mortalité péri-
opératoire de faible importance (5, 6). Les études
sur la mortalité postchirurgicale restent difficiles
d’interprétation du fait des biais de sélection (popu-
lation âgée opérée avec survie spontanée favorable).
La radiothérapie reste bien souvent la meilleure
indication chez les patients âgés, selon D. Azria.
Les méthodes nouvelles, et plus particulièrement
la radiothérapie conformationnelle avec modula-
tion d’intensité (RCMI), permettent de traiter de
façon quasi anatomique les volumes tumoraux que
constituent la prostate et les vésicules séminales.
Ainsi peut-on délivrer des doses plus élevées, donc
thérapeutiques, et protéger les organes sensibles.
L’équipe de Montpellier a traité 850 patients
T3N0M0 par RCMI entre mars 2001 et juillet 2011.
L’analyse des 373 premiers patients (dont 62 avaient
plus de 75 ans), avec un suivi médian de 47 mois,
retrouve une survie sans récidive biochimique à
5 ans de 82 % chez les patients jeunes versus 93 %
après 75 ans. La survie globale est comparable, de
l’ordre de 95 %, et les toxicités rectales tardives
de grade 2 ainsi que les toxicités urinaires sont de
l’ordre de 10 % quel que soit l’âge. La mise en place
initiale pour un traitement de cette qualité néces-
site 30 minutes pour s’assurer de la reproductibilité
ultérieure. Cela justifie une compliance physique
du patient.
Les progrès dans le traitement du cancer avancé
de la prostate ont été rapportés par S. Culine.
Dix pour cent des malades diagnostiqués le sont
au stade avancé. Le traitement de premier choix
reste l’hormonothérapie. Le docétaxel toutes les
3 semaines est la chimiothérapie de première ligne
chez les patients hormonoréfractaires. L’étude pivo-
tale n’a pas retrouvé de différence d’efficacité du
traitement en fonction de l’âge, mais elle portait
sur une population d’au moins 75 ans, ultrasé-
lectionnée (7). La SIOG a émis des recommanda-
tions pour cette situation intégrant les paramètres
gériatriques définissant la vulnérabilité et la fragi-
lité (8). L’étude GERICO 10, en cours, compare le
docétaxel hebdomadaire au docétaxel toutes les
3 semaines chez les patients vulnérables et fragiles
de 75 ans et plus. Une deuxième ligne de chimio-
thérapie est possible avec le cabazitaxel, mais les
adaptations thérapeutiques au patient âgé ne sont
pas connues (9). L’acétate d’abiratérone, nouvel
antiandrogène, allonge la survie en deuxième
ligne après le docétaxel (10). La tolérance de ces
2 dernières thérapeutiques n’a pas pas encore été
évaluée chez les personnes âgées. Il faut garder en
tête que, dans ces situations avancées, l’objectif
principal reste la qualité de vie. Dans ce contexte,
le dénosumab vient rejoindre l’acide zolédronique
dans les thérapies ciblées osseuses (11). Le choix
thérapeutique dépendra aussi du profil de tolérance
de ces molécules.
Cancer du rein du sujet âgé :
une révolution thérapeutique
L’incidence du cancer du rein augmente : 8 000 nou-
veaux cas ont été recensés en 2000 et plus de
10 000 en 2009. Sur le plan chirurgical, 3 attitudes
peuvent être envisagées dans le cas des petites