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Ensuite, il est indispensable de garder à l’esprit que les politiques économiques ne
sont pas neutres, et qu’elles tendent même à reproduire les inégalités entre
hommes et femmes de même qu’entre générations. Les politiques fiscales
austères, par exemple, ont un impact considérable sur les femmes. Les
compressions budgétaires publiques dans les secteurs des services, comme la
santé ou l’éducation, entraînent, et cela a été largement documenté par les
économistes féministes, une charge de travail non rémunéré pour les femmes et les
filles, ou engendrent directement un manque d’accès aux services qui ne sont alors
plus fournis ou sont privatisés.
De plus, la mise en œuvre d’impôts régressifs comme l’impôt sur la valeur ajoutée
est profondément injuste, puisque les pauvres subissent une plus forte pression
fiscale que ceux qui sont plus fortunés. Et bien que ces résultats soient connus de
tous, les solutions à la crise de la dette européenne nous proposent le même
remède : plus d’austérité et un secteur privé moins régulé.
Enfin, citons l’exemple du chômage des jeunes. Il s’agit de l’un des grands sujets à
l’échelon mondial, qui est toujours analysé depuis la perspective de l’offre d’emploi.
C’est à dire qu’on analyse le chômage des jeunes femmes à travers des variables
comme le niveau d’éducation ou la discrimination de la part des entreprises
(puisque l’on soupçonne toujours les jeunes femmes de pouvoir tomber enceintes).
Il est pourtant nécessaire d’envisager la question du point de vue de la demande
d’emploi. La mondialisation néolibérale, avec l’impulsion des exportations et
l’attraction d’IDE comme stratégie clé du développement dans le sud, a créé des
postes de travail à faible qualification et quelques postes pour les personnes très
diplômées. Ce modèle présente toutefois un problème : il ne crée pas suffisamment
de postes de travail. C’est pour cette raison qu’il convient de mettre l’accent sur les
façons qui existent de diversifier les structures productives afin de générer des
emplois de qualité, et non sur les taux de croissance en soi.
Les pays du cône sud sont un cas très représentatif. En entretenant l’illusion
développementaliste qui préconise le maintien de taux de croissance économique
élevés, les États cherchent à attirer les IDE par le nivellement vers le bas et offrent
ainsi toutes sortes d’incitatifs aux entreprises, comme l’exonération d’impôts et la
dérégulation du travail et de l’environnement. Dans certains cas, ils assument
directement leurs coûts environnementaux et sociaux, et parviennent à peine à
engendrer des mesures spécifiques visant à compenser les impacts négatifs les
plus graves (Gudynas 2009, 8).
Il est frappant de constater qu’aussi bien les gouvernements de gauche que
progressistes, et ce contrairement aux gouvernements néolibéraux précédents,
débattent sur la taille des unités de production, le pourcentage des sommes
retenues par l’État ou encore l’importance de prévenir les conflits belliqueux
engendrés par les puissances qui cherchent à s’emparer des ressources. Les