Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume III, n° 1, mars 1999
●Quand traiter ?
LÕeffet bŽnŽfique du traitement antihyper-
tenseur agressif a ŽtŽ mis en Žvidence dans
les stades de protŽinurie clinique. La
reconnaissance de stades plus prŽcoces de
lÕatteinte rŽnale diabŽtique a permis
dÕinstaurer des traitements plus t™t dans
lÕhistoire naturelle de la maladie. LÕeffet
bŽnŽfique du traitement au stade de
microalbuminurie est clairement dŽmontrŽ
chez les diabŽtiques de type 1. Un traite-
ment par des inhibiteurs de lÕenzyme de
conversion de lÕangiotensine (IEC) chez
des patients diabŽtiques de type 1 au stade
plus prŽcoce de normoalbuminurie nÕa pas
fait la preuve de son efficacitŽ dans lÕŽtude
EUCLID (9).
Ë la question : ÒQuand traiter ?Ó, il faut
rŽpondre : ÒD•s le stade microalbuminurie.Ó
●Qui traiter ?
Le traitement ˆ visŽe antihypertensive
sÕadresse bien sžr en premier lieu aux sujets
hypertendus. On rappellera ici que les
chiffres de tension artŽrielle recommandŽs
pour un patient diabŽtique sont de 130/85
dÕapr•s les donnŽes du JNC-VI (The VIth
Report of the Joint National Comittee on
Prevention, Detection, Evaluation, and
Treatment of High Blood Pressure).
Cependant, le bŽnŽfice dÕun traitement ˆ
visŽe antihypertensive a ŽtŽ montrŽ au stade
de microalbuminurie chez des diabŽtiques
insulinodŽpendants non hypertendus.
Ë la question : ÒQui traiter ?Ó, il faut
rŽpondre : ÒTout patient diabŽtique de type
1 microalbuminurique, en respectant les
contre-indications de cette classe mŽdica-
menteuse (notamment la grossesse).Ó
●Comment traiter ?
La question est de savoir si les IEC sont plus
particuli•rement rŽnoprotecteurs chez les
diabŽtiques de type 1. LÕensemble des
Žtudes placebo versus IEC permet dÕaffir-
mer que les IEC sont efficaces dans la
nŽphropathie diabŽtique. LÕeffet des IEC
pourrait •tre mŽdiŽ non seulement par leur
bonne efficacitŽ antihypertensive, mais
aussi par leur mode dÕaction spŽcifique de
blocage de lÕenzyme de conversion de lÕan-
giotensine. Un polymorphisme dÕinser-
tion/dŽlŽtion dans le g•ne de lÕangiotensine
convertase, responsable de taux variables de
cette enzyme, est, du reste, impliquŽ dans la
physiopathologie de la nŽphropathie du dia-
b•te de type 1 (avec un effet dŽlŽt•re du
gŽnotype associŽ aux taux dÕenzyme de
conversion les plus forts). LÕinhibition de
lÕenzyme de conversion de lÕangiotensine
serait une modalitŽ thŽrapeutique plus spŽci-
fique de la nŽphropathie diabŽtique que les
autres traitements antihypertenseurs, en
jouant sur un des mŽcanismes du dŽvelop-
pement de cette pathologie.
Au stade de microalbuminurie, lÕeffet des
IEC sur lÕEUA est obtenu chez des sujets
non hypertendus. La supŽrioritŽ des IEC
sur les autres modes de traitement anti-
hypertenseur a ŽtŽ mise en Žvidence dans
un essai randomisŽ en double aveugle
Žnalapril versus hydrochlorothiazide, chez
des diabŽtiques insulinodŽpendants normo-
tendus microalbuminuriques (10).
La rŽponse concernant le mode de traite-
ment le plus appropriŽ chez les diabŽtiques
de type 2 est dÕimportance. Dans lÕŽtude
UKPDS, la recherche dÕun contr™le ten-
sionnel strict (objectif < 150/85 mmHg) est
bŽnŽfique sur les ŽvŽnements rŽnaux, par
rapport ˆ un moindre contr™le tensionnel
(objectif < 180/105 mmHg). Mais il nÕy a
pas de bŽnŽfice particulier de lÕatŽnolol ou
du captopril, lorsque ces deux traitements
sont comparŽs entre eux (11).
On rappellera aussi que les inhibiteurs
calciques chez les diabŽtiques de type 2
pourraient •tre dŽlŽt•res en termes de
morbi-mortalitŽ.
Ë la question : ÒComment traiter ?Ó, il faut
rŽpondre : ÒEfficacement en cas dÕHTA, et
avec un IEC chez tout patient diabŽtique
de type 1 au stade de microalbuminurie.Ó
Pour ce qui est des diabŽtiques de type 2, la
rŽponse est encore une fois de traiter effi-
cacement, mais aussi avec des mŽdica-
ments qui ne soient pas dŽlŽt•res pour ces
patients. ■
Références
1. Friedlander M.A., Hricik D.E. Optimizing
end-stage-renal disease therapy for the patient
with diabetes mellitus. Semin Nephrol 1997 ;
17 : 331-45.
2. Pergener T.V., Brancati F.L., Whelton P.K.,
Klag M.J. End-stage-renal disease attributable
to diabetes mellitus. Ann Intern Med 1994 ;
121 : 912-8.
3. Zmirou D., Benhamou P.Y., Cordonnier D. et
coll. Diabetes mellitus prevalence among dialy-
zed patients in France (UREMIDIAB Study).
Nephrol Dial Transplant 1992 ; 7 : 1092-7.
4. Mogensen C.E., Chachati A., Christensen
C.K. et coll. Microalbuminuria : an early mar-
ker of renal involvement in diabetes. Uremia
Invest 1985 ; 9 : 85-95.
5. Mogensen C.E. Microalbuminuria as a pre-
dictor of clinical diabetic nephropathy. Kidney
Int 1987 ; 31 : 673-89.
6. Schmitz A., Vaeth M. Microalbuminuria : a
major risk factor in non-insulin-dependent dia-
betes : a 10-year follow-up study of 503
patients. Diabetic Med 1988 ; 5 : 126-34.
7. The DCCT Research Group. Effect of inten-
sive therapy on the development and progres-
sion of diabetic nephropathy in the Diabetes
Control and Clinical Trial (DCCT). Kidney Int
1995 ; 47 : 1703-20.
8. UK Prospective Diabetes Study Group.
Intensive blood-glucose control with
sulphonylureas or insulin compared with
conventional treatment and risk of complications
in patients with type 2 diabetes (UKPDS 33).
Lancet 1998 ; 352 : 837-53.
9. The EUCLID Study Group. Randomized pla-
cebo-controlled trial of lisinopril in normotensi-
ve patients with insulin-dependent diabetes and
normoalbuminuria or microalbuminuria.
Lancet 1997 ; 349 : 1787-92.
10. Hallab M., Gallois Y., Chatelier G. et coll.
Comparison of reduction in microalbuminuria
by enalapril and hydrochlorothiazide in normo-
tensive patients with insulin-dependent dia-
betes. BMJ 1993 ; 306 : 175-82.
11. UK Prospective Diabetes Study Group.
Efficacy of atenolol and captopril in reducing
risk of macrovascular and microvascular
complications in type 2 diabetes : UKPDS 38.
BMJ 1998 ; 317 : 713-20.
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Dossier