L'ÉPERLAN ARC-EN-CIEL
SITUATION ACTUELLE
Ce poisson est caractéristique des
régions côtières de l'est du Canada.
Certaines populations passent toute
leur vie en eau
douce et d'autres vivent
en eau salée et migrent en rivière pour
se reproduire. Au Québec, l'espèce est
anadrome
et se répartit en
quatre
groupes distincts, le premier étant
associé à la Baie-des-Chaleurs,
le
second à la rive sud de l'estuaire
du
Saint-Laurent, le troisième à sa rive
nord et le quatrième au fjord
du
Saguenay.
Les données historiques font état de
l'abondance passée de ce poisson qui
migrait régulièrement en amont de
Québec jusqu'au lac Saint-Pierre.
Depuis la fin des années '60, ces
migrations ont cessé et l'espèce ne se
rencontre plus qu'en aval de Ille
d'Orléans, où le volume des
débarquements est en diminution
constante. Elle est donc reconnue
comme étant en difficulté dans le
Saint-Laurent.
L'Éperlan arc-en-ciel est l'une des
espèces dominantes des commu-
nautés
ichtyennes
intertidales
de
l'estuaire du Saint-Laurent. Des
pêches expérimentales confirment sa
présence régulière en rives nord et sud
et mettent en relief l'importance des
marais côtiers pour cette ressource.
Des rendements de pêche intéressants
ont été enregistrés, en 1989, près du
Cap Tourmente et de ne aux
Coudres,
en rive nord, et à
Montmagny
et
à
Cacouna en rive sud. •
Les rivières Quelle et
Boyer
qui se
jettent en rive sud de l'estuaire sont les
deux sites connus de fraye. Lespèce
se reproduit toujours
dans la
rivière
Quelle alors qu'aucun signe de fraye
n'a été rapporté dans la
Boyer
depuis
1983. Les larves se concentrent sur-
tout entre Ille d'Orléans et Ille aux
Coudres.
BIOLOGIE DE
L'ESPÈCE
L'Éperlan se nourrit principalement de
petits crustacés
zooplanctoniques,
de
vers aquatiques, de larves de poisson
et de petits poissons. Sa croissance
est relativement rapide et les
jeanes
âgés de quelques mois peuvent me-
surer de 2 à 4 cm. Elle varie d'un
groupe à l'autre et est influencée par
la
température de l'eau et la compéti-
tion
intraspécifique et interspécifique.
À deux ans, l'Éperlan est sexuellement
mature. Au printemps, les géniteurs se
rassemblent en bancs et migrent en
rivière pour frayer. Les déplacements
n'excèdent guère quelques centaines
de kilomètres. Cette
montaison a lieu
après la débâcle, de la fin avril à la mi-
mai. La frayère idéale est un tronçon
de rivière ou de ruisseau à écoulement'
rapide et au substrat de graviers.
LEperlan peut toutefois s'accommo-
der d'un large éventail-de conditions
d'écoulement, de substrat et de
pro-
fondeur d'eau et peut même
frayer
dans le fleuve.
Les mâles accèdent aux frayères avant
les femelles et leurs écailles se re-
couvrent alors de petites aspérités,
appelées tubercules nuptiaux. Ceux-
ci leur permettraient de reconnaître
les
femelles au contact, les écailles de
ces
dernières demeurant lisses. Chez
l'Éperlan,
la fraye est une activité
crépusculaire et nocturne. Deux ou
plusieurs mâles se placent au-dessus
d'une femelle et la poussent vers le
fond où elle pond une cinquantaine
d'oeufs qui sont aussitôt fécondés.
Comme la femelle est très prolifique,
produisant de 7 000 à 60 000 oeufs,
la fraye peut s'étaler sur quelques
nuits.
Les oeufs fertilisés sont adhésifs et se
fixent au premier objet solide qu'ils
touchent. Ils
demeurent alors sta-
tionnaires dans le courant jusqu'à
l'éclosion. L'incubation dure
8
à
10
jours lorsque la température de
l'eau est de 18°C
et de
16
à
21
jours à
10°C.
À l'éclosion, les larves mobiles
sont entraînées
par le courant jusque
dans l'estuaire. La période larvaire se
poursuit jusqu'en juillet où le jeune
Eperlan acquiert alors progressive-
ment les caractéristiques externes de
l'adulte. À l'automne, ces derniers
effectuent des déplacements un peu
en amont de Québec pour s'alimenter.
L'Éperlan est un poisson-fourrage par
excellence pour les bélugas,les pho-
ques, les morues, les saumons et
certains oiseaux marins. À l'époque où
le Bar rayé était abondant dans l'es-
tuaire du Saint-Laurent, il s'en nour-
rissait également. La baisse d'abon-
dance de l'Éperlan pourrait d'ailleurs
avoir contribué à réduire les popula-
tions de Bar rayé.
Le
Glugea hertwigi
est
un parasite bien
connu chez l'Éperlan qui peut causer
une mortalité massive des jeunes de
l'année et même des adultes. Des
maladies
de types virales affectent
également l'espèce. En
1989,
l'exa-
men
de plusieurs centaines de spé-
cimens révélait qu'environ un quart
d'entre eux était parasité par la larve
d'un cestode (ver plat), enkystée sur la
paroi externe de l'estomac et celle
d'autres viscères.
UTILISATION PAR
L'HOMME
À l'époque où l'Éperlan était très
abondant dans l'estuaire, les pêcheurs
sportifs surveillaient la remontée des
géniteurs en rivières et en prélevaient
alors de grandes quantités. L'abon-
dance de l'espèce était telle que cer-
tains soirs on pouvait voir l'eau
«bouillonner». Dans la rivière
Boyer,
la limite était alors de 7 kg par pêcheur.
L'épuisette, le carrelet, la nasse et
plusieurs engins de fortune étaient
alors utilisés avec succès. liperlan
faisait aussi la joie des pêcheurs
sportifs qui se massaient, le soir, sur
presque tous les quais en bordure du
fleuve, depuis le comté de Portneuf
jusqu'en Gaspésie.
Dans la rivière Bayer, qui accueillait
jusqu'à 500 pêcheurs par nuit durant
la fraye, la pêche est interdite depuis
1977. La pêche sportive ne se pratique
plus de façon notable que sur les
quais du comté de Charlevoix.
Pour les pêcheurs commerciaux,
l'Éperlan était une prise secondaire
dans les pêches à anguilles. En rive
sud, c'est dans la région de l'Isle-Verte
qu'étaient enregistrés les débarque-
ments les plus élevés, lesquels étaient
de 55 tonnes en 1964. Cette valeur a
diminué à moins de 5 tonnes en 1977
et en
1983,
la pêche commerciale a été
abandonnée dans cette région.
Avant
1967,
les pêcheurs commer-
ciaux des
comtés de Portneuf, de
Québec et de Charlevoix se parta-
geaient jusqu'à 60 tonnes
de captures
annuellement. Cette
année-là,
les
débarquements ont chuté à zéro dans
Portneuf,
à moins d'une tonne à
Québec et à près de
4
tonnes
dans
Charlevoix. Depuis, seuls les pê-
cheurs de ce dernier comté exercent
encore cette activité.
De 1 960 à 1965, les ventes commer-
ciales se chiffrent à 100 000 $
dont
25 000 $
dans
le comté de Montmo-
rency et à 40 000 $ dans celui de Ri-
vière-du-Loup. En 1977, a été évalué
à l'effort de pêche sportive quelque
30 000 jours sur les quais de
Charlevoix, ce qui représentent envi-
ron 800 000 captures.
L'Éperlan est destiné au marché de la
consommation locale et régionale sous
forme de produit frais ou congelé.
HABITATS
PRÉFERENTIELS
LE LONG DU
SAINT-LAURENT