Personnes Handicapés: Analyse comparative et prospective du système de prise en charge.
2. La seconde est la difficulté d’écoute et de perception des demandes émanant de ces
personnes. Ces demandes sont en effet, presque par essence, ambivalentes : je
souhaite vivre comme tout le monde, je souhaite être aidée pour pouvoir vivre
comme tout un chacun. Et l’on entend rarement ces deux « faces » de la demande
d’une même oreille, dans un même temps. Tantôt on s’empresse d’abaisser
quelques trottoirs, de transformer quelques autobus, d’entrouvrir les portes de l’école
ou l’atelier ; tantôt, on répond par des allocations, des emplois réservés ou protégés,
des établissements d’enseignement ou de formation adaptés, des institutions
spécialisées. Mais rarement cet ensemble de dispositions et de mesures est
présenté, en particulier par les pouvoirs publics, de façon cohérente aux personnes
et familles concernées.
3. La troisième est la connaissance par trop insuffisante, dans un pays comme le nôtre,
des données concrètes concernant les populations concernées. Cette insuffisante
connaissance est régulièrement dénoncée. Les raisons en sont multiples : absence
de critères consensuels pour identifier les personnes ; diversité des sources, des
milieux, ordinaire ou institutionnel ; difficultés méthodologiques et ampleur de la
tâche. Les estimations faites, par extrapolation, à partir des personnes reconnues
comme handicapées et indemnisées comme telles, montre l’étendue de la population
concernée. On manque cependant cruellement de données précises, actualisées, sur
les différents « ensembles » de personnes aux capacités réduites ou différentes
aussi bien dans la vie quotidienne que professionnelle (2).
A ces trois raisons générales, je voudrais apporter deux catégories de motifs plus actuels à
cette insatisfaction persistante :
1. La persistance d’un décalage trop important entre les discours, les textes et la réalité.
Les délais de promulgation des lois, de sortie des décrets, sont toujours très longs.
Certaines dispositions législatives ne franchissent même pas cette étape. Que dire
des délais pour obtenir des réponses des commissions administratives compétentes,
des difficultés d’être entendu en cas de recours, des distances kilométriques entre le
domicile et les établissements de placement ou de réadaptation, des insuffisances de
l’aide à domicile, des difficultés (et souvent les coûts supplémentaires) pour voyager,
aller au cinéma, entrer dans un musée…
2. L’existence d’un décalage souvent visible ou perceptible entre notre pays et les pays
voisins. Les frontières s’estompent, les distances se réduisent, les moyens de
communication s’accroissent de façon explosive… On sait aujourd’hui, en France,
qu’il est des pays européens tout proches où les enfants sont admis de droit dans les
écoles de leur quartier ; où les feux rouges sont sonorisés ; où les quais de gare ou
de métro sont accessibles ; où les centres commerciaux, les musées sont
accueillants. On sait que dans ces pays si proches, des possibilités importantes de
recours sont données aux personnes lorsqu’elles se considèrent comme victime
d’une quelconque discrimination abusive en terme d’école, d’emploi, d’accès aux
moyens de communications….
Réfléchir à l’ensemble du système mis en place en France, et le comparer à celui mis en
place dans des pays a priori comparables au nôtre ; examiner dans quelle mesure notre
système est compatible, ou doit évoluer, pour se mettre en phase avec les résolutions de la
Commission Européenne ; tenter de dégager des pistes ou des lignes directrices pour une
évolution de notre système, identifier les mesures prioritaires qu’appelle l’évolution de notre
« modèle » de gestion du handicap constitue une tâche d’une étendue et d’une difficulté
http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/handicapes/avant.htm (2 sur 4) [19/06/03 14:54:09]