Insectes 10 n°151 - 2008 (4)
de l'eau. Là, elle se met à l’affût et at-
tire ses proies en faisant vibrer l’eau
avec ses pattes antérieures. Elle
chasse également à la course, y com-
pris sur l’eau où elle pénètre parfois,
en marchant sur un support pour y
capturer quelques proies y compris
de très petits poissons, de jeunes tê-
tards ou de petites grenouilles. Du
reste, inquiétée ou se sentant mena-
cée, elle n’hésite pas à plonger, pou-
vant rester immergée plusieurs mi-
nutes grâce à l’air retenu par ses
poils hydrofuges. Elle consomme
notamment des mouches mais
n’hésite pas, à l’occasion, à s’emparer
de proies de grande taille comme les
demoiselles.
Le mâle séduit sa partenaire en agi-
tant ses pattes antérieures, l’une
après l’autre. Après un bref accou-
plement, la femelle pond plus de
1 000 œufs, en deux à trois pontes
au cours de la saison. Chaque ponte
est conservée dans un cocon ver-
dâtre qu’elle porte sous son corps en
le tenant à l’aide de ses chélicères.
Lorsque l’éclosion est proche, le co-
con est suspendu dans la végétation
sous un dôme de soie et la femelle
défend les araignées nouveau-nées
en se tenant au bord de l’édifice.
Puis les nombreuses jeunes
Dolomèdes cherchent refuge dans
les arbres et arbustes avant de reve-
nir, adultes, mais beaucoup plus
rares, vers les lieux humides.
Tetragnatha extensa L.
(Tétragnathidés)
Mâle 6-9 mm ; femelle jusqu’à 12 mm
Les Tétragnathes s’observent princi-
palement en été. À la différence des
Dolomèdes, T. extensa construit
La Dolomède. Cliché R. Coutin
Tétragnathe. Cliché R. Coutin
chambre inférieure où se tient la
femelle. Au bout de 3 semaines, les
jeunes sortent du cocon ; ils restent
ensemble et effectuent leur pre-
mière mue sous la cloche qu’ils
quittent après quelques jours.
Certains sortent de l’eau, étendent
un long fil de soie et s’envolent
pour coloniser d’autres milieux. Le
cycle de vie dure environ deux ans.
Dolomedes fimbriatus
Latreille (Pisauridé)
Mâle 10-13 mm ; femelle jusqu’à
22 mm
En France, il y a deux espèces de
Dolomèdes très proches l'une de
l'autre : Dolomedes fimbriatus et D.
plantarius, qui est plus rare, et qui
toutes deux se trouvent toujours
dans les endroits humides. D. fim-
briatus est une très belle espèce,
puissante, dont la taille pattes éti-
rées peut atteindre 70 mm. La
couleur est brun foncé, avec deux
bandes latérales jaunâtres qui
s’étendent de la tête à l’extrémité
du corps.
Elle est familière des berges des ma-
rais. Elle chasse à terre ou en surface
l’eau, dans la végétation. Elle vient
alors en surface, faisant émerger
une partie de son abdomen et les
pattes postérieures : dans cette pos-
ture, l’air qui était prisonnier des
soies abdominales est renouvelé.
Elle s’immerge alors à nouveau,
acheminant une bulle qu’elle vient
libérer, en brossant ses poils, sous
les fils de soie qui retiennent pri-
sonnière cette première livraison.
Après plusieurs allers-retours, la
structure est renforcée autour de la
bulle, avec une entrée à la face infé-
rieure. L’appartement est prêt. Pour
s’y maintenir, notre sirène articulée
renouvelle l’air régulièrement, se-
lon son activité et la saison.
L’Argyronète colonise les eaux
douces et non polluées, stagnantes
ou avec peu de courant et une végé-
tation aquatique assez abondante
ancrée au fond. L’hiver, elle s’isole
dans une cloche, entièrement fer-
mée et renforcée. Ses proies sont
des invertébrés aquatiques, parfois
de petits poissons, qu’elle chasse
sous les eaux et maîtrise à l’aide de
ses fortes chélicères. La mue a lieu
le plus souvent en surface, ce qui
est sans doute nécessaire au durcis-
sement de la cuticule, mais parfois
aussi sous la cloche.
La couleur générale est brun-oli-
vâtre, le sternum et les chélicères
sont plus foncés. Le mâle est plutôt
plus grand que la femelle, ce qui
est rare chez les araignées. Le bref
accouplement (une minute) a lieu
sous la cloche. Les œufs rassem-
blés en cocons sont parfois pondus
dans une chambre supérieure, sé-
parée par une nappe de soie de la