mières années et permettent la sur-
vie de personnes qui étaient inexo-
rablement condamnées à court
terme. Mais les responsables d’as-
sociations soulignent l’effet néfaste
d’une information insuffisante sur
les médicaments auprès des jeunes
générations qui n’ont justement
pas connu les drames que les plus
anciens ont vécu. D’où un certain
relâchement dans la prévention.
Or, on ne guérit toujours pas du
sida. Et les vaccins ne sont pas
prêts d’être mis au point, ne serait-
ce qu’en raison du caractère mu-
tant du virus. Les traitements an-
tirétroviraux sont complexes et
difficiles à prendre, alors que leur
efficacité thérapeutique nécessite
une observance supérieure à 95 %.
Par comparaison, dans les mala-
dies chroniques, le taux d’obser-
vance est d’environ 50 %. Or, les
recherches montrent que l’obser-
vance dépend d’un ensemble de
cofacteurs émotionnels, sociaux,
cognitifs et comportementaux.
Il devient donc urgent d’organi-
ser des actions spécifiques de sou-
tien à l’observance des traite-
ments dans les lieux de soin.
D’autant que l’observance n’est ja-
mais acquise. Elle est fluctuante
dans le temps et dépend des évé-
nements (affectifs, professionnels
ou sociaux) qui jalonnent la vie
des personnes.
La consultation d’observance gé-
nère certes pas mal de difficultés
dans les services. Elle remet en
cause la place et le rôle de chacun.
La prise en charge est pluridisci-
plinaire. L’infirmière y joue un rôle
fondamental. Mais lorsqu’une
consultation d’observance a été
mise en place, les bénéfices ont été
immédiats pour les patients mais
aussi pour le système de soins et
les soignants. Ceux-ci ont pu
constater l’amélioration du travail
en équipe et de la communica-
tion. Pour être efficace dans cet
enjeu que représente l’observance,
l’infirmière doit se former*. Il faut
en effet se doter de connaissances
sur la complexité des comporte-
ments, des attitudes, des affects et
des croyances en jeu dans la prise
des traitements. Il est possible
d’accompagner une personne
dans la prise de son traitement à
condition d’accepter son vécu et
d’établir une relation de confiance
et de respecter ses choix. C’est une
base essentielle pour convaincre
les personnes séropositives d’ac-
cepter des traitements respon-
sables d’effets secondaires désa-
gréables, pour les soutenir dans
leurs moments de lassitude géné-
rée par des contraintes et des pers-
pectives peu optimistes. Dans les
soins prodigués aux personnes at-
teintes par le VIH, “prendre en
charge” prend tout son sens, qui
va au-delà du soin pratique, jus-
qu’au développement personnel
du patient.
Andrée-Lucie Pissondes
* Un ouvrage sur l’aide à l’observance
élaboré par des professionnels a été édité
avec le soutien de Abbott : Mettre en place
une consultation d’observance théra-
peutique aux traitements contre le
VIH/sida : de la théorie à la pratique.
Souvent
une co-infection
Une campagne de publicité invite
la population à un dépistage de
l’hépatite C. Or, les personnes in-
fectées par le VHC présentent par-
fois une co-infection avec le VIH.
L’hépatite C a été longtemps né-
gligée par les autorités sanitaires.
La conférence mondiale sur le
VIH à Barcelone en juillet dernier
soulignait les co-infections. Le
nombre de cas augmentant chez
les mono-infectés comme chez les
co-infectés, aujourd’hui, la prise
de conscience s’accélère. Le trai-
tement contre le VHC existe mais
accompagné d’effets secondaires
assez lourds. Cependant, la gué-
rison est souvent au bout. Mais
comme on peut s’en douter, la co-
infection est nettement plus grave
et compliquée. Chez certains pa-
tients, la réponse au traitement
permet seulement la régression de
la fibrose et la stabilisation de la
maladie avant, parfois, la rechute.
D’autres enfin ne répondent pas
et, pour eux, peu de solutions se
présentent. Chez les co-infectés,
la durée du traitement oscille
entre 24 et 48 semaines.
Pour les mauvais répondeurs, des
protocoles ont commencé afin
d’associer à la ribavirine et à l’in-
terféron pégylé une troisième mo-
lécule : l’amantadine. Ces patients
peuvent tout de même recevoir
de l’interféron pégylé seul en rai-
son de son action antifibrosante,
sauf en cas de cirrhose décom-
pensée. Reste la greffe, délicate,
notamment à cause de l’interac-
tion des médicaments. Rappelons
que les stratégies de traitement de
l’hépatite C chez les co-infectés
VIH sont relativement récentes.
Toxicité des antirétroviraux, effets
secondaires très lourds, obser-
vance difficile : autant d’obstacles
pour mener en parallèle les trai-
tements VIH et VHC. Un nou-
veau défi pour les patients.
A.-L.P.
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Sida Hépatite C
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No40 - octobre 2002
Définitions
pour 20 ans d’épidémie
•L’acronyme SIDA signifie syndrome
d’immuno-déficience acquise.
•Un syndrome est une association
de plusieurs symptômes, signes ou
anomalies constituant une entité cli-
nique reconnaissable, soit par l’uni-
formité de l’association des manifes-
tations morbides, soit par le fait
qu’elle traduit l’atteinte d’un organe
ou d’un système bien défini.
•L’immuno-déficience est une in-
suffisance fonctionnelle du système
immunitaire.
•Le terme “acquise” signifie que le
sida n’est pas une maladie hérédi-
taire mais due à un agent avec lequel
le malade entre accidentellement en
contact. Cet agent est le virus de
l’immuno-déficience humaine ou
VIH (HIV en anglais).