Actualité Profession Responsabilité professionnelle De l’intérêt d’une bonne garantie Bien que l’établissement soit garant vis à vis des victimes de la réparation du dommage subi du fait des fautes commises par ses agents, ceux-ci ont intérêt à souscrire une garantie Responsabilité civile professionnelle à titre personnel. Pour les libéraux cette assurance est obligatoire. A lors qu’il va de soi, pour un infirmier libéral, de souscrire un contrat de responsabilité professionnelle, il n’en est pas de même pour un infirmier salarié d’un établissement public. Or, de récentes affaires montrent la nécessité d’une bonne garantie. En effet, parfois en cas de poursuites pénales, l’agent doit répondre personnellement par rapport aux autres membres de l’équipe médicale ou de l’établissement, voire pour un manquement aux soins hors de ses fonctions hospitalières. Nous avons posé quelques questions à Nathalie Jegu, Juriste. La loi du 4 mars 2002 n’a pas rendu obligatoire l’assurance pour les infirmiers salariés ou agents publics. Les infirmiers ne voient pas la nécessité de souscrire un contrat. Nathalie Jegu : En effet, l’infirmière salariée, ou l’agent public, est en principe couverte à ce titre par l’assurance de son employeur. Par exemple, dans l’hypothèse où la procédure introduite par le patient se limite à une demande de dommages et intérêts. Cependant, certains accidents ne sont pas couverts par l’assurance de l’employeur. Ainsi, cette dernière ne garantit pas les dommages et intérêts alloués au patient en cas de faute détachable du service (c’est-à-dire en cas de faute particulièrement grave et inadmissible). De même, l’infirmière peut être amenée à pratiquer des soins en dehors de l’établissement, par exemple en cas d’accident sur la voie publique. Or, dans ce cas de figure si des dommages sont causés, l’assureur de l’établissement refusera de prendre en charge le sinistre en invoquant le fait que celui-ci ne relève pas des actes réalisés pour le compte de l’établissement. Dès lors, dans toutes ces hypothèses, c’est l’assureur personnel de l’infirmière qui dédommagera la victime. A défaut d’assurance personnelle souscrite par l’infirmière, il lui appartiendra de régler elle-même non seulement les frais inhérents à la procédure, notamment les frais d’avocat, mais également les éventuels dommages et intérêts alloués à la victime et mis à sa charge par un tribunal. La victime peut également choisir de déposer une plainte pénale. Or, contrairement à l’hypothèse précédente de simple demande de dommages et intérêts, l’employeur et son assureur n’interviennent pas systématiquement pour assurer la défense de leurs salariés ou agents devant une juridiction pénale. L’infirmière aura dès lors tout intérêt à souscrire sa propre assurance afin d’avoir la certitude d’être garantie en cas de procédure à son encontre. Quelquefois les intérêts de l’établissement ne sont pas compatibles avec ceux de l’infirmière. Le fait de souscrire une assurance personnelle lui assure-t-elle une indépendance ? N.J. : En effet, les intérêts de l’établissement peuvent être différents de ceux de l’infirmière, en particulier en cas de plainte pénale. Par ailleurs, il ne faut pas oublier les honoraires d’un avocat qu’il vaut mieux être spécialisé en droit médical. De plus, quelle que soit la procédure engagée par la victime ou le mode d’exercice de l’infirmière, celle-ci a besoin d’être assistée par une équipe compétente, c’est-à-dire composée d’un médecin et d’un juriste rodés à ce type d’affaires, qui peuvent la conseiller et l’accompagner tout au long de la procédure. Certains contrats d’assurance responsabilité professionnelle proposent une garantie complémentaire de Protection Juridique. Qu’entendon par ce type de garantie ? N.J. : La garantie complémentaire de protection juridique a vocation à intervenir pour assurer la défense de l’infirmière dans les litiges tant de la vie professionnelle (exemple : litige avec l’établissement employeur, procédure disciplinaire) que de la vie privée (notamment en fiscalité, droit de la consommation, immobilier…) afin de tenter un règlement amiable du conflit et à défaut, de prendre en charge les frais et honoraires relatifs à une procédure. Si l’on parlait de l’infirmière libérale ? N.J. : Depuis la loi du 4 mars 2002, l’assurance de responsabilité civile professionnelle (qui prend en charge les dommages et intérêts alloués à un patient victime d’une faute de l’infirmière) est obligatoire pour tous les professionnels de santé libéraux, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 45 000 euros, et d’une interdiction d’exercer. L’infirmière libérale devra par conséquent obligatoirement souscrire cette assurance, sous peine de poursuites pénales. Par ailleurs, la loi du 4 mars 2002 a également créé un conseil des professions paramédicales exerçant à titre libéral. Or, ce conseil a vocation à terme à recevoir les plaintes des patients et à statuer sur la responsabilité disciplinaire de l’infirmière libérale. L’assurance souscrite par cette dernière lui permettra par conséquent d’être également défendue devant cette nouvelle juridiction. La défense de l’infirmière en cas de plainte pénale sera également prise en charge par l’assureur. Propos recueillis auprès de Nathalie Jégu, juriste au Sou Médical, Groupe MACSF Professions Santé Infirmier Infirmière N° 57 • août-septembre 2004 5