La Lettre du Rhumatologue - n° 247 - décembre 1998
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La polyarthrite rhumatoïde (PR) peut se compliquer d’une
ostéoporose, localisée ou généralisée. Les différentes études
qui se sont intéressées aux marqueurs du remodelage osseux dans
la PR donnent des résultats souvent contradictoires, en raison
notamment de différences de sexe et de statut ménopausique chez
les patients(es) explorés(es).
Cette étude japonaise a évalué l’influence de la ménopause et de
l’activité de la maladie sur les marqueurs biochimiques du remo-
delage osseux chez des femmes, ménopausées ou non, suivies
pour PR.
Soixante-dix-huit PR (39 ménopausées [post-PR] et 39 non méno-
pausées [pré-PR]) et 54 témoins (femmes d’âge équivalent ; 26
ménopausées [post-T] et 28 non ménopausées [pré-T]) ont été
explorées. Les paramètres biochimiques mesurés sont l’ostéo-
calcine (OC), la phosphatase alcaline osseuse spécifique (PAO),
les pyridinolines et déoxypyridinolines urinaires totales (PyrT,
DpyrT), la déoxypyridinoline urinaire libre (Dpyr). La VS, la CRP
et l’indice de Landsbury sont utilisés pour évaluer l’activité de la
maladie.
Tous ces marqueurs sont élevés chez les femmes ménopausées
(PR et témoins) par rapport à celles non ménopausées. Quel que
soit le statut ménopausique, les marqueurs de formation (OC,
PAO) sont plus élevés chez les témoins comparés aux PR, alors
que ceux qui évaluent la résorption sont augmentés dans le groupe
PR. Chez les femmes préménopausées, les pyridinolines (PyrT,
DpyrT et Dpyr) sont significativement plus élevées au sein du
groupe pré-PR par rapport au groupe pré-T. Chez les femmes
ménopausées, dans le groupe post-PR comparé au groupe post-
T, les marqueurs de formation (OC et PAO) sont significative-
ment diminués, alors que les pyridinolines sont significativement
augmentées. Enfin, une corrélation positive est trouvée entre OC,
PyrT et Dpyr et les indices d’activité de la maladie (CRP et indice
de Landsbury).
Cette étude montre l’effet de la ménopause sur les marqueurs bio-
chimiques du remodelage osseux, aussi bien chez des témoins
sains qu’au cours de la PR. On peut observer que les marqueurs
de formation osseuse sont diminués uniquement chez les PR
ménopausées, alors que les molécules évaluant la résorption
osseuse sont augmentées chez les PR, ménopausées ou non. En
outre, l’influence de l’activité de la maladie sur le turnover osseux
est confirmée une nouvelle fois, comme l’attestent les relations
entre l’OC, les pyridinolines et les indices d’activité. Le méta-
bolisme osseux diffère selon le statut ménopausique des femmes
atteintes de PR :
– pour les PR non ménopausées, la perte osseuse résulte d’une
stimulation de la résorption ;
– les PR ménopausées présentent une stimulation de la formation
et de la résorption osseuse, avec cependant une résorption osseuse
plus importante et un découplage entre les deux mécanismes.
Cette étude a pour défaut l’absence d’évaluation de la masse
osseuse par ostéodensitométrie.
Dr E. Toussirot, PH, service de rhumatologie,
CHU hôpital J.-Minjoz, Besançon
Influence de la ménopause et de l’activité de la maladie sur les marqueurs du méta-
bolisme osseux chez des femmes atteintes de polyarthrite rhumatoïde
The effects of menopausal status and disease activity on
biochemical markers of bone metabolism in female patients
with rheumatoid arthritis.
Suzuki M., Takahashi M., Miyamoto S., Hoshino H., Kushida
K., Miura M., Inoue T.
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Br J Rheum 1998 ; 37 : 653-8.
A
NALYSES
Ce cas clinique rappelle la possibilité d’infections ostéo-
articulaires à mycobactérie atypique chez des sujets immu-
nodéprimés, et notamment au cours de l’infection par le VIH.
Il s’agit d’une femme de 41 ans suivie pour sida, stade C3 com-
pliqué d’un sarcome de Kaposi, qui développe une spondylodis-
cite cervicale C4-C5. La biopsie disco-vertébrale ramène un
liquide puriforme et permet la mise en évidence de bacilles acido-
alcoolo-résistants, dont la culture identifiera des colonies de
Mycobacterium xenopi. Malgré une antibiothérapie associant iso-
niazide, rifampicine, clarithromycine et ciprofloxacine, la patiente
décédera.
Les infections ostéoarticulaires à Mycobacterium xenopi sont peu
fréquentes et consistent en des arthrites, ténosynovites et spon-
dylodiscites. Elles surviennent sur un terrain prédisposant (insuf-
fisance respiratoire, éthylisme, cancers, diabète et infection par
le VIH). Des spondylodiscites ont été décrites aux trois étages du
rachis. Ces spondylodiscites soulèvent le problème de l’identifi-
cation de la mycobactérie (qui nécessite plusieurs mois de cul-
ture), puis de la thérapeutique. Mycobacterium xenopi est en effet
le plus souvent résistant aux antituberculeux classiques et le trai-
tement d’une infection à cette mycobactérie fait appel le plus sou-
vent aux fluoroquinolones, à la clofazimine et aux nouveaux
macrolides, clarithromycine et azithromycine.
Dr E. Toussirot, PH, service de rhumatologie,
CHU hôpital J.-Minjoz, Besançon
Spondylodiscite à mycobactérie atypique chez un sidéen
Infection ostéoarticulaire à
Mycobacterium xenopi.
Ollagnier E., Frésard A., Guglielminotti C., Carricajo A.,
Mosnier J.F., Alexandre C., Lucht F.
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Presse Med 1998 ; 27 :
800-3.