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Blanc de Saint-Bonnet constate : «Il a d'abord les agneaux, Il lui donne maintenant les brebis, parce qu'Il retrouve en
lui la même foi que le jour où il Lui dit : «Vous êtes le Fils du Dieu vivant !» (L'infaillibilité, p. 210)
Pierre est constitué par le Christ «prince de tous les Apôtres — isolés ou réunis — et tête visible de toute l'Eglise mili-
tante. Il ne s'agit donc pas d'une simple «primauté d'honneur», mais d'une «véritable et propre juridiction», d'un pouvoir
reçu «directement et immédiatement» du Christ, primauté effective et de droit divin.
Dès lors, revêtu de la plénitude des pouvoirs du Christ, Pierre va les exercer. Dès qu'il devient le Chef de l'Eglise, le
Vicaire du Fils de Dieu, Son image, Son représentant, nous voyons éclater son courage, sa force dans sa prérogative du
commandement, son infaillibilité dans la proclamation de la vérité. Il est le CHEF de tous, Apôtres et disciples, évêques et
fidèles.
Les Evangélistes reconnaissent cette primauté de Pierre ; ils le placent toujours en tête et le plus souvent ne nomment
pas les autres Apôtres : «Dites à Pierre et aux disciples...» — «Pierre avec les onze»... «Pierre et les Apôtres...» etc...
Cette primauté de Pierre est attestée également par le constant exercice qu'il en a fait sans qu'aucun des autres Apôtres
la contredise.
C'est Pierre, et Pierre SEUL, qui, aussitôt après l'Ascension, et comme pour débuter dans sa charge de Vicaire du
Christ, complète le nombre des Apôtres et remplace le traître Judas. C'est lui qui, le Jour de la Pentecôte, est le premier
prédicateur de l'Evangile, les autres ne font que le suivre. C'est lui qui opère le premier miracle en guérissant le cul-de-
jatte à la grande porte du Temple ; lui qui prend la parole, au nom de tous, quand les Apôtres sont traînés devant le
Grand Conseil ; lui qui, en présence des autres Apôtres, juge Ananie et Saphire ; lui qui, le premier, accueille les Gentils
au sein de l'Eglise, lors de la conversion de Corneille ; lui qui agit en Chef de tous et parle le premier au Concile de Jéru-
salem ; lui que Paul va trouver avant de commencer son ministère ; lui, Pierre, qui, pour fortifier leur foi, visite les églises
naissantes ; lui, enfin, qui confond Simon le Magicien.
Pierre ne tardera pas à se fixer dans la capitale du Monde, à Rome, où il subira le martyre et attachera à son Siège
les droits de primauté dont il était revêtu.
Les Conciles, les Pères, les Saints, tous sont unanimes pour dire avec saint Ambroise : «Là où est Pierre, là est
l'Eglise». Et l'Histoire prouve que, depuis saint Pierre jusqu'à nos jours, son Successeur, légitimement, canoniquement
désigné, est le Chef Suprême de l'Eglise et jouit de toutes les prérogatives du Chef des Apôtres1. Ce que reconnaissaient
les Empereurs Romains encore païens2.
Non seulement tous les décrets des Pontifes Romains, de saint Pierre à nos jours ont souverainement décidé en ma-
tière de foi et leurs décisions ont reçu la pleine soumission de l'Eglise Universelle, mais quand des cas graves et difficiles
à résoudre se présentaient, les Conciles, les Evêques - même ceux d'Orient jusqu'au schisme - avaient recours à
l'Evêque de Rome pour qu'il tranchât le débat ; sa décision a toujours été considérée comme définitive et irréformable, et,
quand il le fallût, les Papes n'hésitèrent pas à lancer l'anathème et l'excommunication contre ceux qui refusaient de s'in-
cliner.
Citons seulement - entre la plupart d'entre eux - quelques-uns des principaux Conciles ; et, ce faisant, nous répon-
drons en même temps à ceux qui ont la prétention de soumettre le Pape au Concile3 :
1 Il n'est peut-être pas inutile d'éclairer ce point essentiel, car dans le cours des âges, il y a eu des anti-papes et il y en
aura encore qui sont annoncés. Le mode de désignation du Pontife Suprême a pu varier mais le principe canonique quel
qu'il fût devait être respecté. De nos jours les normes de cette élection sont fixées par la Constitution de Saint Pie X du
25 décembre 1904 et par le Motu-Proprio de Pie XI du 1er mars 1922. Avant l'élection de Pie X, certains souverains - tels
le Roi de France, l'Empereur d'Autriche en tant que Roi de Hongrie, et le Roi d'Espagne - avaient le droit de s'opposer à
la désignation d'un élu. A la mort de Léon XIII, le cardinal Rampolla allait être désigné. En vertu de son droit, l'Empereur
d'Autriche, François-Joseph, mit providentiellement son veto et empêcha ainsi l'un des hauts affidés du Pouvoir Occulte
de monter sur le Siège de Pierre, ce qui y fit accéder un saint. Pie X fut élu et supprima le droit de veto.
Ce n'est que plusieurs années après que le saint Pape découvrit la forfaiture du Secrétaire d'Etat de Léon XIII, dans les
papiers trouvés à la mort du cardinal félon. Il s'ensuit donc qu'aujourd'hui, aucune puissance internationale, aucun gou-
vernement ne peut prétendre ni s'opposer - directement ou indirectement - à l'Elu du Conclave, ni, à plus forte raison, im-
poser un candidat de son choix. En pareil cas, l'élection serait nulle de plano comme entachée du vice rédhibitoire de vio-
lation de la liberté du Conclave, puisque l'élection aurait été faite sous la menace, la contrainte ou la violence.
2 Fernand Hayward, Histoire des Papes, notamment «lorsque l'Evêque d'une Eglise lointaine était contesté, c'était la dé-
cision de celui de Rome qui faisait loi» (p. 53).
3 Le Concile de Nicée, en 325, déclare au Canon 6 que «le Siège de Rome a toujours eu la primauté de juridiction sur
toutes les églises».
Celui de Chalcédoine, en 451, proclame que «Pierre a parlé par Léon» et ajoute : «Nous Vous prions de glorifier notre
décision de votre sentence».
En 517, le Pape Hormisdas fait signer par l'Empereur et tous les évêques d'Orient, qui acceptent, la profession de foi sui-
vante : «La première condition du salut, c'est de garder la règle de la vraie foi et de ne s'écarter en rien de la tradition des
Pères, parce qu'on ne peut mettre en oubli la sentence de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit : «Tu es Pierre et sur
cette pierre Je bâtirai Mon Eglise». Ces paroles ont été justifiées par l'événement, car la religion catholique a toujours été
conservée sans tache, dans le Siège Apostolique. Ici sont désignées les hérésies auxquelles renonce le signataire, après
quoi le formulaire poursuit : «C'est pourquoi, suivant en toutes choses le Siège Apostolique, et proclamant tout ce qui a
été décrété par lui, j'espère mériter d'être avec Vous (le Pontife Romain) dans une même communion qui est celle de la