mot du mois Mot du mois Microsatellites T. Lecomte* accumulation d’erLe motif de base le es microsatellites sont des séquences d’ADN, plus courant est reurs qui se traduit généralement non codantes, constituées une répétition de par l’apparition de de la répétition en tandem d’un motif de 1 à 4 nucléotides. CA (ou de GT), nouveaux allèles Ils sont remarquablement abondants et dont il existe n’existant pas à plusieurs dizaines uniformément distribués dans l’ensemble du génome humain. l’état constitutionde milliers d’exemnel. Ce phénomèplaires dans notre ne est appelé génome. Chaque microsatelliL’amplification par PCR d’un instabilité des microsatellites. te est présent en un point prémicrosatellite, à l’aide Dans les pathologies tumocis du génome, le même chez d’amorces reconnaissant les rales humaines, l’instabilité tous les individus ; mais le séquences spécifiques qui des microsatellites est le nombre de répétitions du l’encadrent, produira un fragtémoin d’un mécanisme de motif de base varie énormément d’ADN dont la taille carcinogenèse correspondant ment d’un individu à l’autre. variera d’un allèle à l’autre du à une instabilité génétique au De ce fait, le polymorphisme microsatellite, révélant ainsi le cours de la réplication de des microsatellites est très polymorphisme qui permet l’ADN (ou phénotype RER + élevé, et ils constituent des l’étude génétique. [replicative error]). C’est ce outils d’une extraordinaire Les microsatellites, du fait de qui est observé dans les celpuissance pour l’analyse du leur structure répétée, sont diflules tumorales des cancers génome humain (établisseficiles à répliquer. Au cours colorectaux sur venant dans ment de la carte génétique de la réplication de l’ADN, les familles présentant un synhumaine, recherche de gènes ces séquences sont des cibles drome HNPCC (hereditary nouveaux, diagnostic de privilégiées d’erreurs de non polyposis colorectal canmaladies génétiques, identifil’ADN-polymérase (ajout ou cer, ou syndrome de Lynch). cation génotypique des indiviélimination d’une partie des Des mutations germinales de dus…). Le caractère hautemotifs répétés) responsables gènes codant pour des proment polymorphe des de mésappariements de téines impliquées dans les microsatellites est facilement l’ADN. Mais ces erreurs sont mécanismes de réparation de détecté par la méthode PCR normalement corrigées par les l’ADN (gènes MSH2, MLH1, (polymerase chain reaction). enzymes du système de répaPMS1, PMS2 et MSH6) sont ration des erreurs de réplicaresponsables de la majorité tion de l’ADN (DNA mismatch des cas d’HNPCC et confèrent * Fédération médico-chirurgicale repair). En cas de défaillance aux tumeurs une instabilité de pathologie digestive et d’oncologie de ce système, on observe au des microsatellites. En dehors digestive, hôpital Ambroise Paré, niveau des microsatellites une du syndrome HNPCC, une Boulogne-Billancourt. L Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 5, mai 2000 158 mot du mois Mot du mois instabilité des microsatellites est retrouvée dans 15 % des cancers sporadiques du côlon et, dans ce cas, ils ont des caractéristiques anatomocliniques proches des cancers HNPCC (âge jeune, situation proximale, faible différenciation, composante mucineuse et infiltrat lymphoïde important). Sur le plan pronostique, les patients porteurs d’une tumeur colique avec une instabilité des microsatellites semblent présenter une meilleure survie. En pratique, la recherche d’une instabilité des microsatellites est un examen complémentaire utile au diagnostic des tumeurs du spectre HNPCC. Dans l’avenir, elle pourrait donner une indication pronostique quant à l’évolution du cancer colique. Un exemple de microsatellite Sujet 1 : (CA) x 24 Sujet 2 : (CA) x 26 Sujet 3 : (CA) x 21 Séquence microsatellite (répétition de CA) Amplification par PCR puis analyse des produits d'amplification par électrophorèse qui permet de distinguer les variants du microsatellite étudié. Sujet : 1 2 3 Typage d’un microsatellite dans l’ADN tumoral Il nécessite généralement la comparaison de l’ADN normal et de l’ADN tumoral (N = ADN normal, T = ADN tumoral). L’analyse des pro- Pour en savoir plus : Boland C.R. et coll. A National Cancer Institute Workshop on Microsatellite Instability for cancer detection and familial predisposition : development of international criteria for the determination of microsatellite instability in colorectal cancer. Cancer Res 1998 ; 58 : 5248-57. ● Gryfe R. et coll. Tumor microsatellite instability and clinical outcome in young patients with colorectal cancer. N Engl J Med 2000 ; 342 : 69-77. ● Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 5, mai 2000 Microsatellite non altéré N T 159 duits d’amplification par électrophorèse permet de séparer les allèles paternel et maternel du microsatellite en fonction de leur taille. Instabilité du microsatellite N T