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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 5, mai 2000
Le motif de base le
plus courant est
une répétition de
CA (ou de GT),
dont il existe
plusieurs dizaines
de milliers d’exem-
plaires dans notre
génome. Chaque microsatelli-
te est présent en un point pré-
cis du génome, le même chez
tous les individus ; mais le
nombre de répétitions du
motif de base varie énormé-
ment d’un individu à l’autre.
De ce fait, le polymorphisme
des microsatellites est très
élevé, et ils constituent des
outils d’une extraordinaire
puissance pour l’analyse du
génome humain (établisse-
ment de la carte génétique
humaine, recherche de gènes
nouveaux, diagnostic de
maladies génétiques, identifi-
cation génotypique des indivi-
dus…). Le caractère haute-
ment polymorphe des
microsatellites est facilement
détecté par la méthode PCR
(polymerase chain reaction).
L’amplification par PCR d’un
microsatellite, à l’aide
d’amorces reconnaissant les
séquences spécifiques qui
l’encadrent, produira un frag-
ment d’ADN dont la taille
variera d’un allèle à l’autre du
microsatellite, révélant ainsi le
polymorphisme qui permet
l’étude génétique.
Les microsatellites, du fait de
leur structure répétée, sont dif-
ficiles à répliquer. Au cours
de la réplication de l’ADN,
ces séquences sont des cibles
privilégiées d’erreurs de
l’ADN-polymérase (ajout ou
élimination d’une partie des
motifs répétés) responsables
de mésappariements de
l’ADN. Mais ces erreurs sont
normalement corrigées par les
enzymes du système de répa-
ration des erreurs de réplica-
tion de l’ADN (DNA mismatch
repair). En cas de défaillance
de ce système, on observe au
niveau des microsatellites une
accumulation d’er-
reurs qui se traduit
par l’apparition de
nouveaux allèles
n’existant pas à
l’état constitution-
nel. Ce phénomè-
ne est appelé
instabilité des microsatellites.
Dans les pathologies tumo-
rales humaines, l’instabilité
des microsatellites est le
témoin d’un mécanisme de
carcinogenèse correspondant
à une instabilité génétique au
cours de la réplication de
l’ADN (ou phénotype RER +
[replicative error]). C’est ce
qui est observé dans les cel-
lules tumorales des cancers
colorectaux survenant dans
les familles présentant un syn-
drome HNPCC (hereditary
non polyposis colorectal can-
cer, ou syndrome de Lynch).
Des mutations germinales de
gènes codant pour des pro-
téines impliquées dans les
mécanismes de réparation de
l’ADN (gènes MSH2, MLH1,
PMS1, PMS2 et MSH6) sont
responsables de la majorité
des cas d’HNPCC et confèrent
aux tumeurs une instabilité
des microsatellites. En dehors
du syndrome HNPCC, une
Les microsatellites sont des séquences d’ADN,
généralement non codantes, constituées
de la répétition en tandem d’un motif de 1 à 4 nucléotides.
Ils sont remarquablement abondants et
uniformément distribués dans l’ensemble du génome humain.
* Fédération médico-chirurgicale
de pathologie digestive et d’oncologie
digestive, hôpital Ambroise Paré,
Boulogne-Billancourt.
mot du mois
Microsatellites
T. Lecomte*
Mot du mois